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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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1 février 2019

Raymond Clément David (1874 - ....).

Raymond_Clement_David

Raymond Clément David est né le 23 novembre 1874 dans le Haut-Rhin. Son père, Jean Baptiste, accompagné d’Étienne Ernest Freschet et de Charles Marie du Crest, se sont rendus le jour même à la mairie de Belfort pour se présenter devant l’adjoint au maire, François Juteau. Ces trois officiers sont venus apposer leurs signatures sur le registre d’état civil qui officialise ainsi la naissance de Raymond.

Le père a 44 ans, il exerce les fonctions de capitaine d’habillement au 42e R.I.. La mère, Catherine Roland, est originaire de Corse. Âgée de 25 ans, elle vient, avec la naissance de Raymond, de donner vie à son troisième enfant.

Le couple David s’est marié le 19 octobre 1868 à Bastia. Cinq enfants sont nés de cette union. La sœur ainée n’a pas survécu à sa 10e année.

Genealogie famille David

Raymond perd son père à l’âge de 11 ans. La lecture de sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3. Le jeune David fait des études au Prytanée de la Flèche. Plus tard, probablement après son engagement dans l’armée, il suit les cours de l’institut de chimie de Lille.

À sa sortie de l’école militaire, Raymond a la ferme intention de faire une carrière de soldat.

Le 17 mars 1893, il se rend à la mairie du Mans pour y signer un engagement volontaire d’une durée de 4 ans. Il n‘a pas encore fêté ses 19 ans. Raymond doit se rendre à Caen pour rejoindre le dépôt du 36e R.I..

Le soldat David est nommé caporal le 1er octobre 1893, puis sergent le 14 octobre 1894.

L’ancien élève du Prytanée ne va pas aller jusqu’au bout de son contrat. Il est envoyé en congé le 28 août 1896 en attendant son passage dans la réserve. Un de ses frères vient de mourir sous les drapeaux. Cette situation lui donne le droit d'interrompre son engagement.

Raymond se retire à Lille. Le 29 août 1896, il est rattaché au régiment d’infanterie de réserve stationné au Mans.

Le 20 avril 1900, Raymond passe au recrutement de Lille. Il appartient maintenant au régiment d’infanterie de réserve stationné à Arras. Il vit avec une Lilloise avec qui il a deux enfants.

En 1903, il est rattaché au  régiment de réserve de Bar-le-Duc-Lerouville.

Sa compagne et lui se marient en 1905, reconnaissant et légitimant comme issus de leur œuvre leurs deux enfants.

Le 17 mars 1906, Raymond David a l’âge de passer dans l’armée territoriale. Le 1er octobre  il est affecté au 5e R.I.T..

Six ans plus tard, il est l’heure pour lui de rejoindre la réserve de l’armée territoriale rattachée à la place forte de la ville de Lille.

À cette période de sa vie, il pense peut-être en avoir presque terminé avec la question militaire, mais les évènements européens qui se profilent à l’horizon vont en décider tout autrement.

Le sergent David est rappelé à l’activité par décret de mobilisation générale du 1er août 1914. Il doit rejoindre, le 2 septembre 1914, le dépôt du 5e R.I.T. qui se trouve à Jarnac.

Envoyé au bataillon de Calais le 14 septembre, il arrive dans la ville portuaire du nord de la France le 19 septembre pour intégrer les effectifs de la 8e compagnie de cette unité.

Le 28 décembre 1914, Raymond David se porte volontaire pour passer à la section des autos mitrailleuses de la place de Calais.

Le 20 novembre 1915, il retrouve son ancien régiment pour intégrer la 7e bis compagnie du 5e R.I.T.. Pourquoi a-t-il demandé à quitter un poste à l'écart des dangers du front ?

La suite de son parcours plaide en faveur d’un besoin d'être actif dans le conflit, de ne pas rester « embusqué ».

Le 1er décembre 1915, le sergent David est affecté à la 2e compagnie de mitrailleuses du régiment.

Il est nommé dans le grade supérieur le 10 janvier 1916.

Avec cette unité, il fait campagne aux tranchées de Nieuport du 26 novembre 1915 à la fin avril 1915.

Du 1er mai au 26 juin 1916, il est à Verdun, puis en Haute-Alsace.

Prenant goût au commandement, l’adjudant David informe ses supérieurs qu’il souhaiterait devenir officier. Pour cela, il va devoir suivre les cours d’élèves officiers de la 7e armée à partir du 15 octobre 1916.

Il  a été photographié avec une partie de sa promotion.

Stage officiers David

À la fin de la formation, il ne reste plus que 72 candidats sur 108. Raymond Clément David  termine 3e. Très bien noté, il est jugé apte à faire un excellent officier d’active, voire même à commander une compagnie. 

Début janvier 1917, il retrouve son poste à la 2e compagnie de mitrailleuses du 5e R.I.T..

Mais ce n’est pas pour longtemps. L’adjudant est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 29 janvier 1917. Malgré son âge, il a demandé à partir dans un régiment d’active.

Une note provenant du G.Q.G. numérotée 25 258 et datée du 5 février 1917 l’affecte au 149e R.I.. Il arrive au corps le 8 février 1917, pour être affecté à la 2e compagnie du régiment.

À cette époque du conflit, le 149e R.I. occupe en alternance plusieurs secteurs du côté de la Malmaison, à proximité du chemin des Dames. Le secteur est assez instable, mais il n’y a pas d’attaque majeure avant l’offensive du 23 octobre 1917.

Durant cette période, Raymond David a la possibilité de parfaire ses connaissances avec les nouvelles tactiques de combat et les nouveaux armements.

Il suit les cours du fusil R.S.C. du 1er au 8 mai 1917 inclus puis du 12 au 21 juillet 1917, il entreprend un stage sur le canon de 37 mm au dépôt divisionnaire 43. Ces deux formations ont lieu au dépôt divisionnaire de la 43e D.I..

Le sous-lieutenant David est promu dans son grade à titre définitif par décret du 16 novembre 1917. Ce titre prend effet à partir du 29 janvier 1917.

Une nouvelle fois il se rend au dépôt divisionnaire pour effectuer un stage d’obusier Stocke du 5 au 13 octobre  1917.

Raymond David prend ensuite le commandement de la section de discipline de la 43e D.I. entre le 1er décembre 1917 et le 28 février 1918.

En février 1918, le colonel Boigues écrit dans le feuillet individuel de campagne de Raymond David «  A montré dans le commandement de la S.D. de réelles qualités de tact et d’intelligence. C’est un très bon officier qui a fait ses preuves dans les attaques de l’Aisne. Très méritant»

Groupe d'officiers du 149e R

Réaffecté à la 2e compagnie du 149e R.I.,le lieutenant David bénéficie d’une permission du 26 mai au 4 juin inclus. Durant sa permission, son régiment est envoyé d’urgence dans la région d’Arcy-Sainte-Restitue. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive qui  pourrait faire une brèche dans la ligne de front. Le sous-lieutenant David ne participe pas aux évènements.

Le 9 juin 1918, il est affecté à la 1ère compagnie.

Le 149e R.I. est engagé plusieurs fois en Champagne en juillet 1918. Cette fois-ci, Raymond combat avec ses hommes.

Sous-lieutenant David petit groupe d'officiers

Le 29 juillet 1918, il est nommé lieutenant d’infanterie territoriale par décret présidentiel, directement à titre définitif. (J.O. du 31 juillet 1918).

Fin septembre 1918, le 149e R.I. participe à une attaque en Champagne qui va durer trois jours. Le lieutenant David s’y fait particulièrement remarquer puisqu’il sera décoré de la Légion d’honneur à la suite de ces évènements.

Le 2 octobre 1918, le lieutenant David est évacué pour intoxication par les gaz. Il obtient une permission de convalescence de 10 jours qui commence le 15 octobre.

Raymond David est de retour au corps le 2 novembre 1918.

Le 3 novembre 1918, c’est au tour du lieutenant-colonel Vivier d’y aller de sa plume pour noter son officier. Voici ce qu’il écrit :

« Très belle figure de soldat, le lieutenant David est venu sur sa demande au 149e R.I., alors que, par son âge, il pouvait servir dans l’A.T.. Très bon commandant de compagnie, possédant, avec la maturité qui lui donne son âge, un cœur et un tempérament d’officier. Très bel exemple pour le régiment, proposé plusieurs fois pour la croix. Je regrette de quitter le commandement du régiment sans avoir pu lui faire obtenir cette récompense si justement méritée. »

Excepté au cours d’une attaque dans laquelle son capitaine a été blessé, Raymond David n’avait encore jamais commandé de compagnie. Le 15 août 1918, c’est chose faite. Il prend la tête de la 1ère compagnie.

La fin de la guerre approche, il faut maintenant penser à l’avenir, mais la situation est loin d’être simple malgré la signature de l’armistice.

Le 26 décembre 1918, le lieutenant David rédige une lettre à son colonel :

« Mon colonel,

Lors de ma dernière permission, il m’a été donné de constater la situation vraiment désastreuse de Lille. Notamment au point de vue industriel.

Cette situation d’après un article du «Matin», paru avant-hier, ne semble nullement s’être améliorée.

Dans ces conditions, je serais heureux d’obtenir mon maintien provisoire aux armées dans les conditions de la dernière circulaire concernant les officiers de complément (jusqu’au décret mettant fin à l’état de guerre).

Je vous serais très reconnaissant de me faire maintenir également au 149e R.I. qu’il me serait très pénible de quitter  quelques mois avant ma démobilisation. »

Cette demande remonte la voie hiérarchique et obtient une réponse favorable.

Une décision ministérielle du 13 mars 1919 fait savoir au lieutenant David que l’application de la circulaire du 7 décembre 1918 permet son maintien en activité jusqu'à la publication du décret mettant fin à l’état de guerre.

Le 2 octobre 1919, il fait une nouvelle demande écrite pour être maintenu dans la réserve de l’armée active jusqu’à la limite d’âge fixée par la loi. Cette demande est également accordée.

Le 24 octobre 1919, le lieutenant-colonel Lecoanet rédige le texte suivant dans le relevé de note du lieutenant David : 

«  Bonne constitution physique. Très résistant à la fatigue. Élève de mathématiques spéciales. Élève au Prytanée militaire de la Flèche, institut de chimie de Lille. Tenue et conduite irréprochables. Très bonne éducation. Instructeur parfait. Très bon mitrailleur. A commandé une compagnie de la façon la plus brillante. Dégagé par son âge d’obligation militaire dans un corps d’actif, a tenu à rester avec les jeunes. D’un allant et d’un courage admirables, ayant beaucoup d'expérience et un grand tact, a toujours eu un grand ascendant sur ses subordonnés. S’impose par son service et son exemple personnel, aimé de ses hommes desquels il obtient d’excellents résultats. Demande à être maintenu comme officier de complément dans son régiment actif jusqu’à la limite d’âge. Décoré. »

Il est officiellement démobilisé le 25 octobre 1919. Envoyé en congé illimité de démobilisation le 16 novembre 1919, il se retire à Lille. Il est maintenu dans les cadres de l’armée territoriale ; ce maintien est décidé, le 14 octobre 1922, par le général commandant le 1er groupe de subdivision de la 1ère région.

Revenu à la vie civile, Raymond David travaille comme chimiste.

Il passe au 110e R.I. par décision ministérielle du 20 novembre 1922 (J.O. du 23 novembre 1922) puis est affecté au centre mobilisateur d’infanterie n°11 par décision ministérielle du 12 août 1927.

L’ancien militaire est proposé, le 30 novembre 1927, pour une mise en non-disponibilité  en raison d’un problème de tuberculose.

Son état de santé se dégrade. Il est suggéré qu’il soit radié des cadres avec une pension temporaire de 40 % par la C.R. de Lille le 24 septembre 1930.

Un décret du 30 novembre 1931, valable à compter du 23 novembre 1931, le raye des cadres. Il en a définitivement terminé avec la vie de soldat.

Raymond est placé dans la position de lieutenant honoraire le 30 novembre 1931.

Cet officier a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre de la VIe armée n° 545 en date du 28 décembre 1917 :

« A quitté sur sa demande la territoriale pour passer dans un régiment de choc de l’active. Joint les qualités d’un officier d’élite à la plus haute valeur morale. Blessé un peu avant l’attaque a refusé de se laisser évacuer. A enlevé sa section avec une fougue superbe, réduisant plusieurs nids de mitrailleuses et contribuant largement au succès de son bataillon.»

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 219 du 21 août 1918 :

« Chargé de l’exécution d’un coup de main, a entraîné ses hommes avec un élan admirable, a atteint tous ses objectifs et malgré un bombardement violent ennemi, a maintenu ses hommes sur la position conquise. Officier d’élite très courageux, fanatique, enthousiaste.»

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 220 du 28 août 1918 :

« Officier d’une haute valeur morale. Malgré son âge et sa classe, tient à rester dans un régiment actif. Au milieu de circonstances critiques, son capitaine venant d’être blessé, le 15 août 1918, a pris le commandement de sa compagnie, repoussant victorieusement une attaque violente en maintenant ses positions. »

La Légion d’honneur lui est attribuée par décision ministérielle n° 11204 « D» du G.Q.G. du 5 novembre 1918 :

« Officier d’élite, d’une bravoure incomparable et d’un sang-froid superbe. Véritable entraîneur d’hommes, n’a cessé pendant les combats des 26 et 27 septembre 1918 de manœuvrer les centres de résistance ennemis, les réduisant et capturant des prisonniers. Toujours en avant, poussant des pointes audacieuses dans les lignes ennemies pour aider la progression des unités voisines. A montré partout le plus absolu mépris du danger. Une blessure, trois citations»

Le lieutenant David parlait et écrivait l’allemand couramment.

La date exacte de décès de cet ancien officier n’est pas connue. Cependant, un courrier adressé à l’administration militaire rédigée par son épouse le 20 août 1943, en vue de constituer un dossier de pension de veuve de victime civile de guerre, laisse supposer qu’il est mort à cause de la guerre comme victime civile, peut-être au cours d’un bombardement.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

J.M.O. du 5e R.I.T.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 773/1

La fiche signalétique et des services du lieutenant David a été lue sur le site des archives départementales de la Sarthe.

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher  et au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Sarthe. 

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