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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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4 janvier 2019

Paul Zéphirin Claudin (1886-1971).

Paul Zéphirin Claudin

Paul Zéphirin Claudin voit le jour le 23 novembre 1886 à Domvallier, une petite commune située à l’est de Mirecourt, en pays vosgien. Le père, Jean Éloi Zéphirin, est alors âgé de 34 ans. Travaillant comme mécanicien spécialisé dans les machines agricoles, il possède un atelier, à proximité de l’église et du ruisseau le Val d’Arol, ce qui lui permet de fabriquer des machines à battre, des tarares, des concasseurs, des coupes racines et des rouleaux squelettes. La mère, Marie Eugénie Thomas, a 26 ans. Elle élève déjà trois garçons.

La fratrie est au complet après la naissance tardive d’une sœur venue au monde en 1894.

Après avoir fréquenté l’école primaire de Domvallier, Paul obtient une bourse entière d’internat qui va lui permettre de poursuivre sa scolarité à l’école primaire supérieure de Charmes.

Au fil des ans, son orientation professionnelle se dessine.

Il obtient les connaissances suffisantes pour lui permettre de faire carrière dans l’enseignement.

Devenu élève maître, Paul doit maintenant penser à réaliser ses obligations militaires. Le 5 octobre 1905, il se décide à signer un engagement volontaire de trois ans. Deux jours plus tard, il est incorporé au 79e R.I. de Neufchâteau-Nancy.

Son contrat avec l’armée n’est pas mené à terme.

Paul Claudin a eu le droit de contracter un engagement volontaire dans le cadre de l'article 23 de la loi de recrutement de 1889. Il avait un avantage important à le faire : il s'engage, mais en échange d'un engagement d'au moins dix ans dans la fonction publique. Ensuite, il ne fait qu'un an de service actif.

Plus subtil encore, en raison de la mise en place de la nouvelle loi sur le recrutement de 1905, il n'avait que jusqu'au 9 octobre 1905 pour en bénéficier. Signant son engagement le 5 octobre, il ne s'en est pas fallu de beaucoup. Peut-être qu’il a hésité un peu !

Le jeune homme est envoyé dans la disponibilité le 18 septembre 1906 avec le grade de caporal, obtenu 3 jours plus tôt, en attendant son passage dans la réserve de l’armée active.

L’ancien soldat retourne vivre quelque temps dans sa commune d’origine avant de la quitter définitivement pour aller s’installer comme enseignant à Raon-l’Étape. Militairement parlant, il est toujours rattaché, comme caporal de réserve, au dépôt du régiment de Neufchâteau stationné à Nancy.

Ses compétences lui permettent d’être nommé, le 30 avril 1907, sergent de réserve sans porter l’uniforme.

Le 4 septembre de la même année il épouse à Marainviller Marie Berthe Adelphine Humbert, une institutrice qui enseigne à Lunéville.

L’année suivante, Paul accomplit une période d’exercice, du 23 août au 19 septembre, dans le régiment où il a effectué son service militaire.

Il fait sa seconde période d’exercices, toujours dans la même unité, au 79e R.I., du 28 août au 17 septembre 1910.

Ces deux périodes correspondent aux manœuvres d'automne.

Un changement de domicile le fait ensuite dépendre administrativement du 146e R.I. de Toul à partir du 22 décembre 1910.

Le 1er octobre 1913, le sergent de réserve Claudin est rattaché au 21e B.C.P.. Ce bataillon se prépare à quitter Montbéliard. Dix jours plus tard, ses chasseurs s’installent à la caserne Dutertre nouvellement construite à Raon-l’Étape.

Raon-l'Etape

Au moment de la mobilisation générale, évènement annonciateur d’un nouveau conflit contre l’Allemagne, le sergent Claudin rejoint le dépôt de son bataillon le 1er août 1914.

Avec les chasseurs de cette unité, il participe aux combats du Donon, à ceux qui se déroulent dans la région de Badonviller et à ceux qui eurent lieu au col de la Chipotte et dans sa région avoisinante.

Le 19 septembre 1914, Paul Claudin est touché par des éclats d’obus qui le blessent sérieusement à la hanche gauche. Ce jour-là, le 21e B.C.P. est engagé dans le secteur de Souain, un petit village marnais situé au nord-est de Châlons-en-Champagne.

Les soins prodigués par les médecins au sergent Claudin durent longtemps. Le rétablissement complet de ce dernier demande plusieurs mois.

Sa convalescence terminée, il doit rejoindre les rangs de la 25e compagnie du dépôt de son bataillon le 15 mai 1915. Il est très rapidement renvoyé dans la zone des armées.

Le 19 juin, le sergent Claudin est de nouveau blessé dans le secteur de Lorette en Artois. Cette fois-ci, il est victime d’une balle qui lui blesse le 3e orteil du pied gauche.

Paul est de retour dans la zone des armées le 3 décembre 1915. Le 22 décembre, il est nommé au grade de sous-lieutenant de réserve à titre temporaire, pour la durée de la guerre.

Devenu officier il sait qu’il a de fortes chances d’être affecté dans une nouvelle unité.

Il quitte le 21e B.C.P. à la fin du mois de février 1916 pour rejoindre le dépôt du 3e B.C.P. à Langres. Il n’ira jamais combattre avec les chasseurs de ce bataillon.

Le 21 avril 1916, le sous-lieutenant Claudin est envoyé à Somme-Yèvre, à l’est de Châlons-en-Champagne, avec un groupe de renfort qui doit combler une partie des pertes du 1er B.C.P.. Cette unité a perdu beaucoup d’hommes du côté de Verdun. Un peu plus de deux mois plus tard, il apprend qu’il doit abandonner son uniforme de chasseur pour revêtir celui de fantassin.

Une décision ministérielle du 28 juin 1916 l’affecte à la 11e compagnie du 149e R.I..

Ce régiment occupe un secteur en Champagne entre les buttes de Tahure et de Mesnil.

Le 9 juillet, Paul Claudin participe à un coup de main important qui permet de prendre une tranchée de 1ère ligne aux Allemands.

Le 149e R.I. se rend ensuite dans la Somme pour une durée de quatre mois, pour participer à plusieurs attaques dans les secteurs de Soyécourt et d’Ablaincourt.

Paul Claudin est nommé à la tête de la 9e compagnie du régiment spinalien en décembre 1916.

Le 9 janvier 1917, le lieutenant-colonel Pineau inscrit dans le feuillet individuel de campagne de Paul Claudin ceci : « S’est montré, en toutes circonstances, un officier énergique ayant de très sérieuses qualités militaires, initiative, décision, sang-froid, conscience de ses devoirs de chef. Belle tenue. Commande une compagnie depuis un mois, à l’entière satisfaction de ses chefs.   »

Il devient lieutenant de réserve à titre temporaire le 14 janvier 1917.

L’année 1917 est une année assez clémente pour le 149e R.I.. Même si le régiment occupe des secteurs plutôt instables du côté de La Malmaison à proximité du chemin des Dames, il à la chance de ne pas être engagé dans un combat meurtrier avant la fin du mois d’octobre 1917.

Durant cette période, le lieutenant Claudin bénéficie d’une permission entre le 3 et le 13 juillet inclus.

Paul Claudin a pu être photographié avec l’ensemble des officiers du 3e bataillon du 149e R.I., quelques jours avant le commencement de l'offensive de la Malmaison du 23 octobre 1917.

Photographie de groupe des officiers du 3e bataillon du 149e R

Il est atteint d’une balle durant la 2e phase de l’attaque de la Malmaison. Les circonstances de sa blessure sont connues. Elles sont évoquées dans le témoignage laissé par le sous-lieutenant Douchez. Voici ce qu’il a écrit :

« …Quant au lieutenant Claudin, il est à son tour frappé d’une balle qui lui traverse la poitrine de part en part, perforant un poumon, peu de temps après avoir quitté son entonnoir. Son ordonnance courut chercher des brancardiers et le fit relever une demi-heure après.»

La blessure est très grave. Évacué pour la 3e fois depuis le début du conflit, il ne reviendra jamais sur le terrain des opérations.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant la bataille dite de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_2_journee_du_23_octobre_1917__2e_objectif_

Cet officier est promu lieutenant à titre définitif le 22 décembre 1917.

Il est envoyé en congé de démobilisation le 21 mars 1919, pouvant ainsi se retirer à Raon-l’Etape au n° 60 de la rue Jules Ferry.

Paul part ensuite s’installer à Gérardmer au n° 53 de la Grande Rue ; il retrouve ses fonctions d’enseignant à l’école primaire supérieure de cette ville le 2 août 1919.

Ecole primaire superieure de Gerardmer

Par application de la loi du 30 mars 1920, son rang d’ancienneté de sous-lieutenant est fixé au 22 décembre 1915 et celui de lieutenant au 22 décembre 1917 (J.O. du 29 janvier 1922).

En tant que réserviste, il dépend toujours du dépôt du 149e R.I.. Paul Claudin passe dans l’armée territoriale le 11 avril 1922 (J.O. du 13 avril 1922).

Le 7 décembre 1923, le lieutenant de réserve Claudin est rattaché au 27e Régiment de Tirailleurs. Le 21 décembre de la même année, il est inscrit au 17e Régiment de Tirailleurs.

Un avis du commandant de recrutement de Neufchâteau datant du 3 août 1929 nous apprend qu’il est détenteur d’un permis de conduire d’autos.

Durant quatre années consécutives, entre 1928 et 1931, il fut proposé pour le grade de capitaine, une promotion qu’il n’obtint jamais. 

Le 1er février 1931, Paul Claudin passe au C.M.I.R. n° 205 d’Épinal.

Rayé des cadres par décret du 17 octobre 1933 en application de l’article 10 de la loi du 8 janvier 1925, il peut ranger de manière définitive ses papiers militaires. Il s’apprête à fêter son 47e anniversaire.

Paul Zéphirin Claudin a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 123 en date du 8 décembre 1916.

« Officier très énergique, très actif et d’un sang-froid remarquable. Pendant la période du 13 au 16 novembre 1916, a admirablement organisé son secteur de première ligne nouvellement conquis, dirigeant lui-même nuit et jour le travail sous un très violent bombardement et malgré des pertes importantes, a fait preuve, en toutes circonstances, des plus brillantes qualités militaires. Sur le front depuis le début de la guerre. Blessé deux fois et proposé pour la Médaille militaire alors qu’il était sous-officier. »

Chevalier de la Légion d’honneur ordre numéro 8229 D, prend rang le 2 juillet 1918 (publication au J.O. du 09/09/1918).

« Commandant de compagnie qui a fait preuve le 23 octobre 1917 au chemin des Dames, de brillantes qualités de commandement, de bravoure et d’entrain, à l’assaut d’un fortin qui opposait à notre avance une résistance acharnée. A été blessé grièvement au cours de l’opération. 2 blessures antérieures, 1 citation.»

Ce texte a d'abord été une citation à l’ordre de l’armée du 9 novembre 1917. Celle-ci a été annulée après l’attribution de la Légion d’honneur.

Paul Zéphirin Claudin est décédé le 6 janvier 1971 à Marainviller en Meurthe-et-Moselle.

Deux enfants sont nés de l'union de Paul Zéphirin Claudin et de Marie Berthe Adelphine Humbert. Robert Georges Émile et Paulette sont décédés avant d'avoir pu fêter leur troisième anniversaire.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Une grande partie des informations concernant la généalogie de cet officier a été trouvée sur le site « Généanet ».

Geneanet

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Collin, à D. et B. Crochetet, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges. 

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