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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 décembre 2010

Derniers souffles de vie du capitaine Lescure.

                 Colonel_Menvielle

De  nouveau un grand merci au docteur Gilbert Monne. Suite du témoignage Paul Monne intitulé « Une volée de bois vert pour la 4e compagnie ».

Le capitaine et les chefs de sections, en profitèrent pour observer ce qui se passait en avant. On entendait les obus éclater et on voyait les camions allemands qui roulaient sur la route nationale qui va de Nancy vers Paris. Pas très loin de nous, nous avions vu aussi le colonel Menvielle qui observait avec ses jumelles le mouvement des troupes allemandes. Nous étions fort déçus de ne pas entendre notre artillerie tirer sur ces camions, qui se dirigeait vers Paris sans être inquiétés, pas plus par nos canons que par nos mitrailleuses. Nous ne comprenions pas. Nous avons su plus tard que les officiers l’E.M. du C 2 d’artillerie avaient été tués à proximité d’un pont, sur lequel passait la voie ferrée qui conduisait au casernement du camp. Toute la journée, nous sommes restés dans le secteur en attendant les ordres. Le lendemain, nous nous dirigions vers le signal de Sompuis. Nous avancions lentement, prudemment et nous nous arrêtions même souvent, longeant les bosquets de pins pour ne pas être vus.

Le capitaine Lescure, cette fois à pied, vint trouver le capitaine Altairac. Ils parlèrent entre eux, étudièrent probablement la situation dans laquelle nous nous trouvions et décidèrent d’aller de l’avant. Chaque section prit la place désignée et les soldats se déployèrent en tirailleurs. Je fus surpris de voir le chef de bataillon Lescure venir se placer à ma droite et à quelques mètres de moi sur la même ligne. Il donna l’ordre d’avancer et partit en même temps que nous. Nous quittions alors le bosquet de pins derrière lequel nous étions placés pour arriver en terrain découvert.

                  Carte_journ_e_du_10_septembre_1914

 

Après avoir avancé d’une cinquantaine de mètres environ, l’artillerie allemande, qui nous a certainement aperçus tira sur nous et envoya des obus 77 fusants. Le premier éclata juste au-dessus de nous à une hauteur de 40 à 50 m et blessa grièvement le commandant. Quelques secondes après, arriva un deuxième fusant 77 qui éclatacomme le premier, juste au-dessus de nous et blessa mortellement le capitaine Lescure. Aussitôt, mes soldats se couchèrent sur le sol et reculèrent en rampant pour s’abriter et se cacher sous les pins où ils se trouvaient avant le départ. Les infirmiers accoururent pour panser le chef de bataillon, mais celui-ci était mort. Après l’explosion du deuxième obus, l’artillerie allemande cessa de tirer.  

Dès cette accalmie, nous avons cherché à regrouper les soldats de la compagnie, dispersés, cachés, couchés sous les pins. Nous avons trouvé plusieurs blessés dont le sergent-major Sibille, un réserviste qui avait la cuisse presque entièrement percée par une balle de shrapnel. Nous avons trouvé plusieurs tués, Vauthier de Fontenoy-le-Château, Lullier et d’autres dont je ne me rappelle plus les noms. Les infirmiers vinrent aussitôt nous aider à panser les blessures, puisque chaque soldat avait son paquet de pansement. Ceux utilisés étaient peu résistants. Ensuite, nous avons fait l’appel, section par section et aussitôt nous nous sommes mis à la recherche des absents. Après un long repos, et n’entendant plus le canon, le capitaine Altairac et le lieutenant Gérardin, décidèrent que nous allions continuer à marcher dans la direction prévue. Après cet arrêt provoqué par le tir de l’artillerie, les soldats de la compagnie avancèrent très prudemment, lentement, sans prononcer un seul mot. 

Ils s’arrêtèrent à l’endroit fixé. Les quatre sections se placèrent, la première face à l’est dans la sapinière, la deuxième face au sud, la troisième face à l’ouest et la quatrième, la mienne, face au nord-est, à la lisière du bosquet de pins. Tous les soldats étaient couchés, déployés en tirailleurs, observant bien le terrain devant eux, prêts à tirer au premier signal. Il commençait à faire nuit et le capitaine a recommandé de bien surveiller et de ne pas nous laisser surprendre par l’ennemi. Peu après, j’aperçois des ombres qui sortent d’un bosquet à quelques centaines de mètres de nous. Je préviens alors mes soldats de ne pas tirer car, je vais reconnaître quelle est cette patrouille. Je sors du bosquet et avec mes jumelles, je reconnais les chasseurs à pied. Je leur fais signe en agitant les bras. Dès qu’ils m’aperçoivent, ils viennent nous trouver et je les conduitsau capitaine. Il les interroge. Les soldats donnent des précisions, sur l’endroit où ils se trouvent, et disent qu’ils viennent se mettre en liaison avec nous. Ensuite ils vont retrouver leur bataillon. (A suivre...)

 

Sources :

Les J.M.O. de la 85e brigade, série 26 N 520/9 et du 158e R.I., sous-série 26 N 700/10  ont  été consultés  pour la construction de la carte.

Le portrait du colonel Menvielle provient du tableau d’honneur de la guerre 1914-1918, publié par la revue « illustration ».

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Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à G. Monne.

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