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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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23 décembre 2010

Une "volée de bois vert" sur la 4e compagnie.

                  Une_vol_e_de_bois_vert

De nouveau un grand merci au docteur Gilbert Monne. Suite du témoignage Paul Monne intitulé « Marches de nuit ».

 

Après plusieurs heures de marche et de nombreux arrêts, nos regards se dirigèrent dans le ciel vers l’est. C’est alors que nous aperçûmes des boules de fumée blanche ressemblant à de petits nuages blancs, à une cinquantaine de mètres de haut. Nous avons reconnu ces boules nuageuses lorsque les 77 allemands éclatèrent. 

Ceux-ci montraient que nous nous rapprochions des troupes allemandes et que bientôt le combat allait reprendre.

 

L’ordre fut alors donné à la troupe d’avancer le long des bosquets de pins et même de passer à l’intérieur afin d’éviter d’être aperçue de l’ennemi. Pour pénétrer dans ces sapinières nous passions entre les arbustes très serrés, nous les écartions avec nos épaules et notre sac à dos, ces pins très flexibles se courbaient sous notre pression et repartaient brusquement comme de gros ressorts en faisant tomber quantité d’aiguilles de pin dans le col de notre chemise, ce qui était très désagréable.

 

A un moment donné, le capitaine Lescure qui surveillait la marche des soldats, exigea que nous soyons alignés à travers les pins.

 

Cette exigence provoqua un incident entre lui et un soldat de la 2e compagnie qui éprouvait bien des difficultés pour circuler à travers ces bosquets, comme tous les autres soldats d’ailleurs. Après avoir cheminé ainsi pendant quelque temps, il y eut une halte, toujours à l’abri des pins. Il faisait chaud et nous avions tous soif. Les soldats furent autorisés à se rendre à l’unique source qui se trouvait pas très éloignée de nous. Mais il fallait se déplacer par petit groupes dispersés. Ils purent alors se désaltérer et rapporter un peu d’eau dans leurs bidons  pour en donner aux camarades restés sur place.

 

Après un long repos, nous avons repris la marche en avant. Nous nous arrêtions souvent. Nous ne parcourions que de petites distances car il fallait être prudents et éviter d’être vus et d’être attaqués par surprise.

  

                 De_la_ferme_d_Orgeval___la_cote_163

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De nouveau, nous entendîmes les éclatements des obus 77 allemands bien en avant de nous. Ce qui laissait prévoir des combats imminents. Le capitaine fit arrêter la compagnie, fit placer les soldats près d’un bosquet pour ne pas être vus et lut l’ordre du jour du Maréchal Joffre. Celui-ci fut écouté très attentivement et accueilli avec gravité, sans cependant trop nous émouvoir, car nous savions tous, qu’il fallait à tout prix arrêter l’envahisseur.

 

Le capitaine Altairac dit alors « Vous connaissez à nouveau votre devoir. Je compte sur vous pour le remplir. » La compagnie se remit ensuite en marche, s’arrêtant souvent et s’abritant le long du bosquet. Nous nous rapprochions du tir effectué par les batteries allemandes. Pour éviter les pertes qui pouvaient être produites par l’artillerie, le capitaine fit placer les quatre sections en forme de losange, distantes l’une de l’autre d’une cinquantaine de mètres.

La 1ère section en tête avec le capitaine Altairac, la 2e à droite, la 3e derrière la 1ère et la 4e à gauche de la 3e. Quand elles furent en place, on leur donna l’ordre d’avancer. A peine en route, le capitaine Lescure à cheval, vint  près de moi et me demanda ce que je faisais là ! Je lui répondis : «  J’exécute les ordres de mon capitaine. »

 

C’est alors que le capitaine Lescure, furieux, je ne sais pas pourquoi, prononça des menaces contre la 4ecompagnie, les gradés et les soldats. Il dit «  Compagnie de c…, compagnie de m…, vous y passerez tous nom de dieu. » Et aussitôt, il partit au galop de son cheval vers le capitaine Altairac. Une vive altercation se produisit entre les deux officiers. Ensuite, la compagnie continua sa marche et la journée fut assez calme. Au bout d’un certain temps, elle s’arrêta. (A suivre…) 

 

Références bibliographiques :

Le J.M.O. de la 85e brigade  Série 26 N 520/9 a été utilisé pour la construction de la carte.

 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Leclair et à G. Monne.

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