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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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31 juillet 2015

Les premiers mois de l'année 1918 sur le front des Vosges (4e partie)

Violu_8

 

L’ennemi devient de plus en plus agressif dans les premiers jours du mois de mars 1918. Son artillerie, riche en calibres en tout genre, procède à des concentrations de tirs particulièrement violents. Les défenses accessoires de la 43e D.I. vont être régulièrement bousculées.

 

Ces bombardements ennemis préparent la voie à des petites attaques d’infanterie qui sont menées par les « sturmtruppen », des unités allemandes spécialisées dans ce type d’action.

 

1er mars 1918

 

Une garnison de sécurité, qui doit prendre en charge la ligne de dernière résistance, est en cours de création. Les travaux, effectués depuis plusieurs semaines dans le secteur de la 43e D.I., permettent maintenant une meilleure utilisation des effectifs. Cette unité est constituée de deux compagnies du 31e B.C.P., d’une compagnie du 143e R.I.T., de plusieurs sections de mitrailleuses issues de ces deux unités et d’une section du 149e R.I..

 

Des mouvements de relèves ont lieu dans le secteur occupé par le 149e R.I..

 

Un exercice de port de masque est effectué par les unités qui se trouvent dans le P.A. Grande Goutte

 

2 mars 1918

 

Les Allemands profitent d’un épais brouillard pour accentuer leurs efforts concernant les travaux d’aménagement de leurs tranchées.

 

Il y a une grande activité réciproque des deux artilleries sur tout le front de la 43e D.I..

 

Vers 12 h 00, les canons français ripostent violemment en tirant sur les batteries et minen qui bombardent la région du Violu. Ceux-ci concentrent leurs tirs sur les points sensibles de l’ennemi qui ont été repérés.

 

Des mouvements de relèves intérieures se déroulent dans le C.R. la Cude.

 

Un homme est blessé au 149e R.I..

 

3 mars 1918

 

Les tirs d’artillerie allemands et français sont encore plus violents que les jours précédents. Le secteur du Violu, occupé par le 3e bataillon du 149e R.I., subit des tirs puissants de concentration. Ils sont accompagnés de tirs d’interdiction sur les arrières immédiats des points visés.

 

Les patrouilles de surveillance et de vérification des réseaux parviennent tout de même à faire leur travail dans ce secteur. Pour les hommes qui sont de corvée, il n’y a pas le choix, il faut remettre à neuf les tranchées et les boyaux qui ont été éboulés par les obus ennemis.

 

Un homme est blessé au 149e R.I..

 

4 mars 1918

 

Une alerte aux gaz est donnée dans les lignes ennemies vers 3 h 00. Les klaxons sont entendus pendant un bon quart d’heure.

 

L’artillerie française vient de donner une réponse identique aux Allemands qui leur ont envoyé des obus toxiques.

 

Dans la matinée, les artilleurs français effectuent un tir de barrage en utilisant des obus de 75 et de 95 dans le secteur allemand du C.R. Violu.

 

La pluie et la neige sont au rendez-vous. La visibilité reste particulièrement mauvaise jusqu’à 15 h 00. Ce qui rend l’artillerie moins virulente. Quelques tirs de concentration de la part de l’artillerie allemande ont tout de même lieu dans le secteur du Violu.

 

Le_violu_9

 

Les dommages causés par les obus doivent être aussitôt réparés. Il faut vite remettre en état les réseaux qui viennent de subir des brèches importantes.

 

Des mouvements de relève intérieure s’effectuent dans le C.R. Grande Goutte.

 

5 mars 1918

 

L’artillerie allemande effectue des tirs de harcèlements continus sur les premières lignes, les batteries, et les arrières immédiats des premières lignes de la 43e D.I.. Ces tirs causent de sérieux dégâts dans les tranchées qui finissent par retarder l’avancement des travaux.

 

Quelques hommes du bataillon Schalck effectuent une reconnaissance du côté de la ferme Gretschy. Ils sont vite repérés par l’ennemi. Une douzaine d’obus de gros calibre est envoyée en direction de la ferme.

 

ferme_Gretschy

 

L’artillerie française répond aussitôt par des tirs de contre préparation d’offensive et des tirs de  concentration en utilisant des obus ordinaires et des obus spéciaux.

 

6 mars 1918

 

L’artillerie allemande continue de manifester une grande activité tout au long de la journée. Le secteur du Violu est particulièrement visé et les bombardements causent à nouveau d’importants dégâts. Ceux-ci doivent être réparés au plus vite.

 

L’homme de troupe du 149e R.I. est à la peine ; en plus des corvées de réparations à effectuer, il lui faut aussi déblayer la neige qui est abondante.

 

Des mouvements de relève intérieure se produisent dans le C.R. la Cude. Un soldat du 149e R.I. est blessé au cours de cette relève.

 

Un exercice de port de masque a  lieu dans le C.R. Grande Goutte.

 

7 mars 1918

 

L’artillerie allemande est devenue moins virulente que les jours précédents. Elle effectue quand même un fort tir de concentration sur les premières lignes qui se trouvent dans le secteur du Violu. L’artillerie française répond par des tirs de contre préparation d’offensive en envoyant des obus de 75, 90, 95 et 120.

 

Des mouvements de relève intérieure se réalisent dans le C.R. la Cude.

 

Le soldat Pierre Garreau de la 9e compagnie est tué, trois autres soldats du régiment sont blessés.

 

8 mars 1918

 

L’artillerie allemande retrouve toute sa vitalité. L’ennemi concentre ses tirs sur les C.R. de la Cude et du Violu. Les 1ère et 2e lignes françaises subissent d’importants tirs de harcèlement.

 

La riposte des canons français ne tarde pas à se faire entendre. Les tranchées allemandes et les batteries qui viennent d’être vues en action sont aussitôt prises pour cibles.

 

Les travaux en cours effectués par les équipes de « terrassiers » se poursuivent.

 

9 mars 1918

 

La matinée du 9 mars est marquée par une série de vives actions d’artillerie et d’infanterie dans le secteur du 149e R.I..

 

Un groupe d’hommes du bataillon Fournier doit effectuer un coup de main dans la tranchée de Constantinople à 5 h 30. Le détachement prévu pour le mener à bien est en position au P.A. Violu sud. Un puissant bombardement de 15 minutes doit précéder cet évènement.

 

Mais ce sont les Allemands qui vont créer l’effet de surprise ! Un violent pilonnage ennemi débute à 5 h 00, devançant d’un quart d’heure l’action qui doit être menée par les Français.

 

Les obus et les minen tombent dru sur un front d’environ 3 km. La zone bombardée se situe entre le nord de l’observatoire Pacchiodo et le sud de l’observatoire du Clésio. Le tir est particulièrement intense sur le P.A. Violu nord et sur la partie nord du P.A. Regnault.

 

observatoire_Pacchiodo

 

Suivant le programme préalablement établi, le tir de préparation d’artillerie de la 43e D.I. commence, comme prévu, à 5 h 15. Un quart d’heure plus tard, le détachement d’assaut du 149e R.I. se dirige sur la tranchée de Constantinople. Malheureusement pour lui, celle-ci n’est plus occupée. La tranchée a été évacuée quelque temps auparavant. Cette mission est un échec. Les hommes font rapidement demi-tour. Deux soldats sont légèrement blessés dans cette opération.

 

Le bombardement allemand prépare, en fait, trois attaques d’infanterie distinctes les unes des autres.

 

La première a pour objectif le G.C. du nord du P.A. Regnault qui se trouve devant le Bernhards Stein. Cette attaque, qui est soutenue par des lance-flammes, est rejetée par les grenadiers et les V.B. du 149e R.I.. Les Allemands ne sont même pas parvenus au contact.

 

La seconde se porte sur le G.C. du centre du P.A. Violu nord en 50 92.

 

Une troisième attaque est lancée sur le G.C. sud du P.A. Violu nord. (G.C. Alger au débouché du boyau Violu nord sur la parallèle principale).

 

Secteur_du_Violu

 

Cette action ennemie est menée par un groupe composé d’une petite centaine d’hommes.

 

Le G.C. français est occupé par une section de mitrailleuses et par une section de soldats. Tous ces hommes se retrouvent vite encerclés par les fractions ennemies. Complètement isolés du reste de leur compagnie, ils demeurent à leur poste de combat et tentent de se défendre à la grenade.

 

Le lieutenant de Villepoix, un aspirant, deux sergents, un caporal fourrier, 4 caporaux et 28 soldats sont faits prisonniers. Deux hommes sont également blessés au cours de cette opération.

 

Tous les abris ont été effondrés et incendiés après le passage de l’ennemi dans ce secteur.

 

Une contre-attaque française est menée à partir du G.C. Agen. Elle met en fuite les Allemands qui étaient en train d’emporter les mitrailleuses. Les pièces sont récupérées et le terrain est réoccupé. Malheureusement pour eux, les prisonniers qui ont été capturés n’ont pas pu être libérés. Ces derniers vont bientôt devoir prendre la direction de l’Allemagne…

 

Le calme revient vers 7 h 00.

 

L’artillerie reste très active tout au long de la journée.

 

Des mouvements de relève intérieure ont lieu dans le secteur du Violu.

 

10 mars 1918

 

Il y a une activée d’artillerie réciproque tout au long de la journée. De nombreux réglages de tir sont effectués. Les travaux habituels sont menés à bien.

 

Deux hommes du 149e R.I. sont blessés au cours de cette journée.

 

 

 

11 mars 1918

 

Une activité allemande importante est observée du côté de la tranchée de Constantinople, laissant présager une possible opération. Plusieurs avions ennemis survolent les lignes françaises.

 

Les patrouilles de surveillance et de vérification des réseaux font leurs sorties journalières. Les canons français effectuent quelques tirs de réglages, de harcèlements et de représailles. L’artillerie allemande reste peu active.

 

Des mouvements de relève intérieure se déroulent au C.R. la Cude.

 

Le soldat Eugène Pinget-Gay se tue accidentellement. Il faisait partie de la 5e compagnie.

 

12 mars 1918

 

L’artillerie et l’aviation se montrent actives, de part et d’autre, tout au long de la journée. De nombreux tirs de réglage ont lieu sur l’ensemble du front de la 43e D.I..

 

Les patrouilles habituelles d’infanterie exécutent leurs tâches quotidiennes.

 

Des mouvements de relève intérieure se produisent au C.R. Grande Goutte.

 

13 mars 1918

 

Une note de service fait savoir qu’il faut mettre en retrait les P.C. de commandement de compagnie pour les mettre à l’abri des coups de main ennemis. Cet ordre arrive certainement à la suite des évènements qui eurent lieu le 9 mars.

 

Les deux artilleries exécutent des tirs de réglages et de harcèlements, de représailles et de ripostes.

 

Les patrouilles de surveillance et de vérification des réseaux sont de nouveau sollicitées.

 

L’espace aérien français est survolé par de nombreux avions.

 

Des mouvements de relèves intérieures se passent dans le C.R. la Cude.

 

14 mars 1918

 

L’aviation reste active toute la matinée.

 

Les tirs de l’artillerie allemande sont supérieurs à la normale. Les canons allemands effectuent de très nombreux tirs de harcèlement et de barrage.

 

Un homme du 149e R.I. est blessé.

 

15 mars 1918

 

La journée est beaucoup plus calme que la veille. Six pièces de 90 et 8 pièces de 95 vont être installées à l’arrière de la ligne de résistance. Ces batteries reçoivent l’ordre de la défendre en cas d’attaques ennemies.

 

Les tranchées occupées par le 149e R.I. sont survolées par quelques avions.

 

Le soldat François Deborde de la 1ère compagnie du régiment est tué. Onze soldats sont également intoxiqués, mais ils ne seront pas évacués vers l’arrière.

 

Grâce à son travail de recherche sur le site des prisonniers de la Première Guerre mondiale du C.I.C.R., E. Surig a pu identifier 5 personnes qui ont été capturées au cours de l’opération allemande qui s’est déroulée dans la journée du 9 mars 1918.

 

                                   Liste des hommes du 149e R.I. qui ont été capturés le 9 mars 1918

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes Réf : 26 N 344/7 et 26 N 344/8.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.

 

Le fond de carte utilisé pour toutes les illustrations provient du J.M.O. du 112e R.I.T.. Celle-ci peut se consulter sur le site « Mémoire des Hommes ». Référence du J.M.O. du 112e R.I.T. : 26 N 796/15. 

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à É. Mansuy, à E. Surig, au Service Historique de la Défense de Vincennes et au Comité International de la Croix Rouge.

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