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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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24 avril 2015

Les premiers mois de l'année 1918 sur le front des Vosges (2e partie)

Le_Violu_3

 

Depuis qu’ils sont arrivés dans les Vosges, les 158e et 149e R.I., ainsi que les bataillons de chasseurs de la 43e D.I., fournissent de gros efforts pour améliorer leurs positions, mais la situation reste très précaire. En réalité, le secteur se trouve toujours à la merci d’une offensive bien organisée que l’ennemi aurait tout loisir de préparer en secret, à la faveur des couverts boisés et des profonds défilements des vallées.

 

Sous_secteur_A

 

L’éventualité d’une telle attaque n’est pas si invraisemblable que cela. Au cours des premières semaines de l’année 1918, l’armée française reste plutôt sur la défensive sur l’ensemble de la zone des combats du front de l’ouest. La signature du traité de Brest-Litovsk approche et l’Allemagne aura bientôt la possibilité de réinjecter un très grand nombre de ses régiments sur le théâtre des opérations de l’ouest. De plus, les troupes américaines n’ont pas encore atteint leur plein développement sur le terrain des combats.

 

Il est inenvisageable, pour l’état-major français, de se lancer dans une offensive de grande envergure qui pourrait avoir des chances de succès immédiat. Même si les Vosges ne semblent pas être un secteur très tentant pour lancer une vaste opération militaire, les hommes du 149e R.I. doivent, plus que jamais, rester vigilants.

 

Dès la fin du mois de janvier, l’ennemi adopte une attitude beaucoup plus mordante en face des hommes du colonel Boigues.

 

La région de Saint-Dié, calme depuis si longtemps, devient un peu plus agitée.

 

Amélioration et organisation du secteur du 149e R.I. 

 

Le 149e R.I., secondé par des fractions du génie, travaille d’arrache-pied sur sa première position. Les défenses accessoires sont renforcées. Des nids de résistance sont créés, échelonnés en largeur et en profondeur et susceptibles de se flanquer réciproquement. La construction d’abris solide se poursuit. Tout est fait pour essayer d’économiser au maximum les services de garde. C’est la seule solution qui permettra de constituer, à chaque échelon du commandement, une petite réserve de soldats, qui pourra être fort utile en cas d’attaque ennemie.

 

 

Au fil des jours…

 

1er février 1918

 

Une patrouille de vérification de réseaux et de reconnaissances, composée d’hommes du  2e bataillon du 149e R.I., fait une sortie entre 7 h 00 et 10 h 00. Sur son parcours, elle découvre une longue ficelle posée à même le sol, qui suit la lisière du bois Ta 11 ter (40 - 62,5) en direction de la ferme Gretschy (42 – 64). Les hommes de la patrouille enlèvent un bon 150 m de cette cordelette, ce qui devrait fortement gêner l’ennemi pour retrouver son chemin.

 

Bois_Ta_11_ter

 

Des guetteurs allemands sont clairement repérés dans un P.O. de la tranchée de Constantinople. Quelques coups de feu sont échangés avec les fantassins du 149e R.I..

 

Des travaux de réfection de tranchées sont effectués tout au long de la journée. Des réseaux de fils de fer sont posés devant la tranchée de Constantinople, pour consolider les défenses.

 

Tranchee_de_Constantinople

 

2 février 1918

 

Une patrouille de surveillance de réseaux et de liaison est envoyée entre 36-65 et 38-63, près de la place Mandray.

 

Place_Mandray

 

Des éléments du 149e R.I. s’apprêtent à relever la section de gauche du 174e R.I.. Les limites entre la 167e D.I. et la 43e D.I. vont être légèrement modifiées. La séparation entre ces deux divisions doit être fixée officiellement dans les jours à venir.

 

La 1ère compagnie du bataillon du commandant de Chomereau de Saint-André doit relever la 3e compagnie qui occupe le secteur de la rotonde Regnault.

 

Rotonde_Regnault

 

Dans la nuit du 2 au 3, la C.M. 1 du 149e R.I. vient relever au C.R. la Cude la C.M. 2 du 1er B.C.P. qui doit rejoindre son bataillon.

 

3 février 1918

 

Une patrouille allemande, qui est un peu bruyante, est entendue à 0 h 45 par quelques sentinelles du 149e R.I. au moment même où elle longe les réseaux qui se trouvent devant le P.A. Grande Goutte.

 

Le commandant du sous-secteur A soupçonne une relève des troupes allemandes devant le Violu. Cette impression est confirmée par les hommes qui ont effectué les réglages d’artillerie au cours des jours précédents, et par la circulation importante remarquée autour des observatoires de la région du Chipiant.

 

Une section du 149e R.I. remplace les éléments du 174e R.I. suite à l’extension du front sur la droite du sous-secteur A.

 

Des mouvements de relèves intérieurs ont lieu dans le secteur occupé par le 149e R.I..

 

La 4e compagnie du 149e R.I. du C.I.D. quitte Taintrux pour venir s’installer à Saint-Dié. Elle a pour mission d’assurer le service de garde du Q.G.. Elle devra, dans les jours à venir, effectuer de nombreuses patrouilles avant de partager cette tâche avec les deux autres compagnies du C.I.D. qui les rejoindront plus tard. Cette compagnie reçoit également la charge du piquet d’incendie. Elle assume cette tâche pendant une semaine en alternance avec la 170e D.I..

 

4 février 1918

 

Des tirs de harcèlement d’artillerie de petits calibres se déroulent sur les tranchées et sur la rotonde dans le secteur du C.R. la Cude.

 

Les Allemands travaillent activement en face des lignes occupées par les hommes du colonel Boigues.

 

Des fantassins du 3e bataillon du 149e R.I. sortent de leur tranchée pour aller poser du fil de fer dans le secteur de Violu centre. Au même moment, les Allemands lancent des fusées éclairantes. Soudain, ils se mettent à siffler et à rire très fortement, certainement par provocation, laissant supposer qu’ils sont parfaitement au courant de ce que font les Français. Mais aucun coup de feu n’est échangé.

 

Un exercice aux gaz est effectué dans le sous-secteur A. Les dispositions d’alerte ont été prises dans des conditions satisfaisantes.

 

Il y a quelques échanges de tir entre les deux artilleries dans le secteur du col du Bonhomme vers 22 h 00.

 

5 février 1918

 

La matinée reste calme. De 12 h 00 à 14 h 30, l’artillerie ennemie envoie 150 minen de moyens et gros calibres sur le Violu et sur le P.A. Regnault. Plusieurs patrouilles de vérification et de surveillance sont envoyées pour vérifier l’état des réseaux et les mouvements éventuels effectués par l’ennemi.

 

Des boyaux sont remis en état. L’organisation défensive de groupe s’effectue en même temps que la pose de fil de fer, le camouflage et l’aménagement des positions restent la priorité absolue.

 

Des exercices d’alerte aux gaz ont lieu dans le C.R. Violu.

 

Les 8e et 12e compagnies du 149e R.I. du C.I.D. sont sur le départ. Elles s’apprêtent à quitter Taintrux pour rejoindre la 4e compagnie qui se trouve à Saint-Dié.

 

Il y a deux blessés au 149e R.I. au cours de cette journée.

 

6 février 1918

 

L’artillerie de tranchée française effectue des tirs de destruction sur les organisations adverses de 1ère ligne. L’ennemi riposte vivement.

 

Dans l’après-midi, les Allemands envoient une cinquantaine de petits minen sur le secteur de Violu nord.

 

Plusieurs patrouilles de surveillance et de vérification sont envoyées tout au long de la journée.

 

7 février 1918

 

Contrairement à ce qui s’est passé la veille, l’activité des deux artilleries reste faible sur l’ensemble de la journée. Mais dans la soirée, il y a quelques tirs sur 907, le Violu et la place Mandray.

 

907

 

Au fil des heures, les hommes s’affairent à leurs tâches, ils posent des réseaux, entretiennent les tranchées et achèvent l’aménagement des G.C..

 

Des exercices d’alerte aux gaz se déroulent au G.C.3 (49-77) et au G.C.4 (48-79).

 

Les 8e et 12e compagnies du C.I.D. du 149e R.I., qui se sont mises en mouvement la veille, s’installent dans des bâtiments de la caserne Kellermann à Saint-Dié.   

 

8 février 1918

 

Les Allemands ripostent dans le sous-secteur A en réponse aux tirs de l’artillerie française. De 13 h 00 à 15 h 00, des minen de tous calibres (une centaine, dont 25 de 240) et une quarantaine d’obus de petit et moyen calibre tombent particulièrement sur les points 50-87, 51-88, 49,83,  sur l’abri 40-65, sur 40-83, sur la tranchée de résistance entre 48-85 et 48-86 et sur le boyau central, entre la tranchée de surveillance et la tranchée de résistance.

 

Les patrouilles habituelles sortent pour vérifier l’état des défenses.

 

Violu_5

 

Les hommes posent du fil de fer. Certaines tranchées sont approfondies.

 

Il y a une sérieuse remise en état des tranchées des P.A. qui se trouvent dans les secteurs de Violu centre et de Violu nord. Celles-ci ont été particulièrement bouleversées par les bombardements ennemis.

 

Des mouvements de relèves intérieures se déroulent dans le secteur du C.R. Grande Goutte.

 

9 février 1918

 

Un tir d’artillerie allemand de minen a lieu de 11 h 00 à 12 h 00 sur le Violu, en réponse à l’artillerie de tranchée française (environ 200 coups).

 

Des patrouilles de vérification de réseaux et de surveillance sont envoyées dans le no man’sland. L’une d’entre elles qui effectue sa sortie entre 14 h 00 et 16 h 30 trouve des traces de pas récentes, ainsi que des journaux allemands, sur son itinéraire au-devant du P.A. Grande Goutte.

 

Une relève intérieure s’effectue dans le secteur du C.R. Violu.

 

10 février 1918

 

La matinée est assez calme. Dans l’après-midi, l’activité des deux artilleries se fait plus violente que celle de la veille. De très nombreux avions survolent le secteur.

 

En riposte aux tirs de l’artillerie de tranchée française, les Allemands envoient des grenades à ailette, des minen de tous calibres et des rafales d’obus de petit et moyen calibre sur le C.R. Violu et sur celui de la Cude.

 

Comme à l’accoutumée, les patrouilles de surveillance et de vérification de réseaux effectuent leurs missions de contrôle.

 

Une relève intérieure  à lieu dans le C.R. la Cude.

 

11 février 1918

 

D’importants travaux d’aménagement ont lieu dans les C.R. occupés par le 149e R.I. à partir de cette date.

Du côté du C.R. la Cude :

 

Le boyau Perrein est approfondi. L’abri 51-92 est amélioré. Une guérite blindée est installée au débouché nord-ouest du boyau Servant. Un important boyau est approfondi dans le secteur du nouveau P.C. de la Cude.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Le  boyau reliant l’abri du collet 907 aux emplacements de pièces d’artillerie est prolongé. Les hommes construisent un emplacement pour les mitrailleuses contre avions en 46-38.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Le boyau est de 1007 est décapé. Les travaux des abris en 41-68, au Clésio, en avant de 1022 et de l’abri C de 1022, se poursuivent. Les emplacements de mitrailleuses en 38-71, et ceux qui se trouvent vers la borne 2648 en 39-66 sont aménagés.

 

Une conférence sur le nouvel appareil respiratoire de sûreté contre les gaz toxiques a lieu à la caserne Kellermann de Saint-Dié.

Au cours de la journée, il y a un blessé léger non évacué au 149e R.I..

 

12 février 1918

 

Les mouvements nécessaires pour réaliser le dispositif prévu par la note n° 353/3 du 8 février (21e C.A.), fixant la nouvelle limite entre la 167e et la 43e D.I., ont été effectués dans la nuit du 11 au 12.

 

À 12 h 30, l’artillerie de tranchée allemande riposte à la nôtre sur les pentes du Violu et dans le secteur de 907 avec des tirs de minen de tous calibres. Les tirs sont tout de même moins violents que ceux qui ont eu lieu dans  les jours précédents.

 

Poursuite des chantiers commencés la veille dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Il y a une forte activité dans le secteur du boyau qui rejoint l’abri du collet 907. Les abris qui se trouvent en 32-30, 34-35, 38-36 sont consolidés.

 

Violu_6

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Le décapage du boyau 1007 (35x080x020)  est en cours. Il faut creuser un boyau à la borne 2644. Les travaux concernant les abris de la Roche du Diable, de l’abri placé en avant de 1022, de l’abri du Clésio et de l’abri du réduit 1022,se poursuivent.

 

L’abri 3871 et l’emplacement de mitrailleuses au point 1025 sont terminés.

 

Des mouvements de relève intérieure sont effectués.

 

Des exercices de port de masque et de vérification des appareils de protection contre les gaz sont réalisés pour les unités du 149e R.I. qui se trouvent dans le C.R. Grande Goutte.

 

Un soldat de la 10e compagnie du 149e R.I. est blessé accidentellement par une grenade.

 

13 février 1918

 

Des patrouilles de reconnaissances et d’embuscades sont envoyées dans le sous-secteur A.  Celles-ci n’empêchent pas les habituelles patrouilles de surveillance et de vérifications des réseaux d’accomplir leurs missions quotidiennes.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

Le boyau 50-93 reliant le boyau Servant est approfondi. Le boyau de la Cabane est déblayé. Le P.C. Violu nord est remis en état. L’abri à munitions du P.C. Masséna est aménagé. Les travaux concernant l’abri de bombardement de la Cude continuent.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Des réparations importantes sont nécessaires pour pallier aux dommages causés par les bombardements allemands.

 

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Le boyau est de 1007 continue d’être creusé. Un autre boyau reliant l’abri C à l’emplacement de mitrailleuses est en construction. L’abri  « Coq de Bruyère » est refait.  De nouveaux abris sont réalisés à la Roche du Diable, au Clésio et à 1022. L’emplacement de tir contre avions en 26-45 est en voie d’édification.

 

 L’emplacement de mitrailleuses prévu en 37-71 est terminé ainsi que le boyau qui donne accès à l’abri C en 1002.

 

Il y a deux blessés au 149e R.I..

 

14 février 1918

 

La journée reste calme. La visibilité est quasiment nulle suite à un brouillard très épais qui empêche l’artillerie de faire son travail.

 

L’ennemi s’active une bonne partie de la nuit dans le secteur de la tranchée de Constantinople, vers 51-81.

 

Les patrouilles habituelles de surveillances et de vérification de réseaux ne remarquent rien de particulier. Une d’entre elles a tout de même trouvé quelques grenades allemandes vers 46-67, à proximité du P.A. Grande Goutte, laissant supposer une visite inopinée de l’ennemi dans le secteur.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

Continuation des abris aux ouvrages à l’ouest de R.88  du  P.C. de combat de la Cude.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Les hommes creusent pour commencer un boyau qui doit relier la tranchée 21 bis (47-79) à l’emplacement de pièces d’artillerie 8 bis.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Les travaux de construction des abris qui se trouvent dans le secteur de Coq de Bruyère et de la Roche du Diable continuent d’avancer.

 

Le boyau situé vers 26-44 est allongé de 15 m.

 

Continuation d’un boyau vers l’emplacement  de pièces en avant de 1022. Il faut également aménager deux emplacements de pièces à la côte 1007.

 

15 février 1918

 

Quelques minen tombent sur le Violu peu avant 6 h 00.

 

Vers 8 h 00, des petits groupes de deux ou trois Allemands en casquette sont aperçus devant le C.R. la Cude. Quelques coups de fusil les font rapidement disparaître.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

Les travaux engagés dans le boyau Perrein et dans les boyaux reliant le camp de la Cude aux positions de combat sont toujours en cours. Un abri est construit sur les deux pentes nord-ouest de R 88 (45-98) du P.C. de bombardement de la Cude.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Les emplacements des mitrailleuses prévus au collet 907 sont toujours en cours de réalisation.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Les travaux concernant les abris en 50-96., au P.C. Grande Goutte, à Coq de Bruyère, à la Roche du Diable, au col Nima, au Clésio et en 1022,continuent.

 

De nouveaux aménagements d’emplacements de mitrailleuses sont prévus en 38-71, en 27-57 et 33-57.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes Réf : 26 N 344/7.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.

 

Le fond de carte utilisé pour toutes les illustrations provient du J.M.O. du 112e R.I.T.. Cette carte peut se consulter sur le site « Mémoire des Hommes ». Référence du J.M.O. du 112e R.I.T. : 26 N 796/15. 

 

Un grand merci à  M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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