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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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8 mai 2015

Les brancardiers du 149e R.I..

Groupe_de_brancardiers_149e_R

La photographie ci-dessus a été réalisée en juin 1915. Celle-ci représente les « infirmiers-brancardiers » du 3e bataillon du 149e R.I.. Outre la bonne qualité du cliché qui a su traverser le temps, un petit bonus accompagne l’image. Quelques lignes rédigées au verso permettent d’en savoir un petit peu plus sur ce groupe d’hommes. En voici la retranscription…

Souvenir de campagne 1914-15

Le 18 juin 1915

« Mes biens chers,

Je vous adresse une photo du groupe infirmiers-brancardiers du 3e bataillon du 149e de ligne. Vous pouvez juger par ma binette que je suis en bonne santé. Cette photo a été prise le 13 de ce mois dans le Pas-de-Calais.

Couché au premier plan, Folzer de Xertigny. À gauche du major Duplessis, Christian mine rangée, par la gauche, le 1er fils Ignace d’Épinal. À droite, debout, près de votre Louis, Julien.

De tous ces camarades, amicaux bonjours et de votre Louis, les meilleurs baisers. »

Ce petit texte nous donne quelques noms et prénoms, mais cela reste malheureusement insuffisant pour essayer de les identifier. Nous pouvons également regretter une absence de signature en bas du texte. Celle-ci aurait certainement pu nous aider à en savoir un petit plus sur son auteur ou  tout du moins nous aiguiller dans les recherches.

Essayons maintenant de mieux comprendre l’organisation des groupes « infirmiers-brancardiers » d’un régiment…

Le travail réalisé par ces hommes reste avant tout une tâche « noble et généreuse ». Il faut tenter de sauver le plus de vies possible, parfois au péril de la sienne, souvent dans des conditions extrêmes…

Comment sont constitués ces groupes ?

Si les brancardiers et les infirmiers du régiment sont rattachés administrativement à la C.H.R., c’est avant tout, à l’intérieur des compagnies qu’ils exercent véritablement leur fonction. En effet, ces compagnies disposent en permanence de brancardiers et d’infirmiers, ce qui facilite leurs interventions qui sont ainsi plus rapides et plus efficaces en cas de nécessité.

La C.H.R., quant à elle, gère les soldes et l’emploi. Il en est de même pour les perceptions d’effets et pour la discipline.

Il y a de nombreux musiciens dans cette compagnie, mais pas seulement… Il peut y avoir également des cordonniers, des architectes, des mineurs ou bien encore des cultivateurs…

Généralement, il y a une moyenne de quatre infirmiers et seize brancardiers par bataillon. Au cours des attaques, ces hommes sont souvent soutenus par leurs homologues divisionnaires.

Comment fonctionnent ces groupes ?

La plupart du temps, les postes de secours du régiment ou du bataillon ne peuvent pas être installés à proximité de la zone de feu.

Les équipes de brancardiers doivent alors accomplir un trajet qui est souvent long de plusieurs centaines de mètres. Elles ont à traverser des terrains accidentés, à sillonner des terres labourées par les obus et à se déplacer dans des tranchées étroites qui sont parfois très endommagées par les bombardements. Tout cela accroît fortement les difficultés du transport.

Le métier de brancardiers régimentaires est particulièrement pénible et dangereux. Dès l’instant où ces hommes interviennent, en plus des risques directement liés aux attaques et aux bombardements, qui sont le lot de tout homme qui se trouve en première ligne, ceux-ci peuvent être rapidement exténués par la charge de travail qui leur incombe. Les nombreux allers-retours qu’il faut effectuer entre le moment où le blessé est récupéré sur le terrain et l’instant où il est déposé au poste de secours du régiment ou du bataillon imposent une dépense d’énergie colossale.

Le travail de relève des blessés est tout aussi difficile... Dans un premier temps, les brancardiers doivent panser rapidement et sommairement les hommes sur place. Ensuite, il faut tenter au maximum de ne pas trop faire souffrir le camarade allongé sur la civière au cours du déplacement. Les secousses trop vives dans les mouvements de portages doivent être évitées le plus possible. Il faut se dire que les infirmiers et les brancardiers ne disposent pas de morphine pour soulager les souffrances dues aux blessures qui sont souvent terribles.

L’évacuation du blessé n’est possible que durant les périodes d’accalmies, car, à moins de se trouver dans des conditions exceptionnelles de « protections naturelles », les brancardiers seraient obligés de marcher debout sous la mitraille. Les difficultés peuvent être encore accentuées par d’autres facteurs. La nuit, il ne faut,sous aucun prétexte, faire usage d’un éclairage quelconque, sous peine d’être salué par un feu de salve. Souvent, il faut se guider exclusivement sur les gémissements et les cris des blessés qui sont tombés entre les deux lignes et au retour, il ne faut surtout pas s’égarer dans le no man’s land…

Toutes les précautions nécessaires doivent être prises pour éviter de devenir visibles à l’ennemi. Au cours des recherches sur le terrain, les brancardiers repérés peuvent aisément devenir la cible d’un tireur zélé. Il serait puéril et bien naïf de croire que la croix de Genève portée sur le bras assure une protection totale !

Sources :

« Études sur l’organisation et le fonctionnement des groupes de brancardiers pendant la guerre actuelle » Thèse pour le doctorat en médecine présentée et soutenue publiquement le 15 mai 1915 par Antoine Célestin Étienne Fabry. Bordeaux Imprimerie de l’université Y. Cadoret. 1915. 51 pages.

Pour en savoir plus sur les brancardiers :

« Considérations sur l’organisation d’un groupe de brancardiers divisionnaires pendant les premiers mois de la guerre (1914) » Thèse pour le doctorat en médecine présentée et soutenue publiquement le lundi 19 février 1917 par Gabriel Jean-Baptiste Joseph Bayle. Bordeaux Imprimerie de l’université Y. Cadoret. 1917. 33 pages.

« La Grande Guerre des soignants, médecins, infirmières et brancardiers de 1914-1918 » de Patrick Loodts et d’Isabelle Masson-Loodts aux éditions de la mémoire. 414 pages. 2014.

Un grand merci à M. Bordes, à A. carobbi et  à « Achache » et  « Laurent 59 » qui interviennent tous deux sur le forum « pages 14-18 ».

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