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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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1 novembre 2011

Premières lettres du caporal Marcel Perret (1896-1915).

                    Marcel__Perret

De nouveau un très grand merci à toute l’équipe de l’association « collectif Artois 1914-1915 ».

Richerenches, le 28 janvier 1915 

 Bien chers parents,

Cette fois, ça y est ! Je suis sur mon départ. On nous a prévenus ce matin, avez-vous reçu ma carte ? Je rentre ce soir à Romans. Y resterai-je longtemps ? Où partirai-je de suite pour le front ? Je ne sais, mais peu importe. Je suis assez content de partir, j’espère avoir la chance d’échapper aux balles allemandes, je reviendrai, je l’espère, victorieux et indemne, couvert de gloire et sans doute, possesseur de beaux galons d’or.

Plus que jamais, le compte sur vos prières, espérant que grâce à elles, le bon Dieu me gardera. Si vous voulez, vous donnerez une messe pour votre Marcel. Priez aussi pour que j’aie le bonheur d’aller vous embrasser avant le départ.

Je viens de ficeler un paquet que Mr Fraçon, le propriétaire de la ferme où je suis cantonné, vous enverra dans quelques jours. Il contient la paire de souliers de repos qu’on m’a donné, ils ne sont pas épatants. Je ne veux pas m’embarrasser ; 3 paires de chaussettes en coton, les bouquins par vous envoyés, une brosse à cheveux et 2 chemises du régiment pas fameuses, dont une sert d’enveloppe.

Au revoir bien chers tous, priez bien pour moi et ayez confiance. Votre fils qui vous aime tendrement et qui vous prie d’oublier tout ce qu’il a pu vous faire souffrir.

Je vous embrasse bien affectueusement.

Marcel

Le 4 février 1915 au soir 

Bien chers parents,

Je reçois à l’instant la lettre de Marie-Louise du 30 janvier. Je vois que bien que surpris de mon départ un peu précipité, vous n’êtes pas trop en soucis. Vous avez raison, confiez-vous à la Divine Providence et tout ira bien.

Malheureusement, il est impossible obtenir une permission. Je le regrette bien, si je n’étais pas si loin, je vous prierais de venir me voir à Montluel. Ce me ferait grand plaisir, mais je crois bien qu’il n’y faut pas compter, tant pis, je me fais à cette idée de ne pas vous revoir avant la fin de cette guerre maudite.

Je n’ai besoin de rien pour le moment et gardez-vous bien de m’envoyer quelque chose en fait d’habit. Je ne saurais qu’en faire, en ayant presque plus que je ne puis en porter. Ce sera pour plus tard. J’ai tout ce qu’il me faut pour le moment. Bien content de pouvoir compter sur vos prières, je ne le suis pas moins de savoir que vous avez donné pour une messe pour moi. Je suis en ce moment légèrement fatigué, maux de dents et maux de gorge aussi. Je me suis fait porter malade ce matin, je passe de nouveau la visite demain matin, mais ce ne sera sûrement rien.

Encore rien de décisif quant à la date du départ, je crois que sans tarder beaucoup, ce n’est pas encore pour ces jours. J’attends avec patience, le courage ne me fait pas défaut, de même que la confiance. Je tâcherai de me faire photographier un de ces jours. Que vous dire d’autre ? Le major m’a porté grippé et m’a donné 2 cachets de quinine.

Avez-vous des nouvelles de l’oncle Léon et de l’oncle Alfred, des autres parents et amis qui sont au front ?

Je pense bientôt recevoir une longue lettre de vous. Au revoir chers et bons parents. Je vous embrasse affectueusement. Votre tout dévoué.

Marcel 

Le 1er mars 1915 

Mes chers parents,

En rentrant du tir, je reçois votre lettre du 25. Je suis bien content de savoir que mes correspondances vous parviennent maintenant. Moi de même je les reçois assez bien, quoique tardivement. Mais mieux vaut tard que jamais.

Ce matin, exercice, l’après-midi, tir. On nous a exercés ensuite à lancer des grenades. On va former une section de grenadiers au bataillon.

Je n’ai rien reçu ni de l’oncle Léon, ni de l’oncle Alfred, ni de la tante Maria, mais j’espère qu’ils vont bien.

J’ai bien reçu votre paquet d’hier et j’attends le suivant, ça vient assez bien ici et ça fait bien plaisir, car nous n’avons pas trop à manger et bien assez d’occasions de dépenser. Je n’ai toujours pas de détails au sujet du départ. Les Anglais qui cantonnaient à proximité sont partis hier pour le front. À quand notre tour ?

Bien content que vous ayez des détails sur le patelin. Je n’ai pas de nouvelles depuis longtemps des amis et copains, et je suis bien content des détails que vous me donnez, les concernant. Toujours plein de courage et de confiance, j’attends les évènements avec patience et je me confie à la divine providence.

Au revoir, je vous embrasse bien affectueusement tous trois. Bonjour cordial aux parents et amis. Votre tout dévoué.

 Il neige à gros flocons. Vive la neige. Cette nuit, il pleuvait, la pluie me tombait sur la figure. 

Marcel Perret

Référence bibliographique :

Tome 1 du livre d’or des morts du front d’Artois. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Chaupin, à T. Cornet, à F. Videlaine, à l’association « collectif Artois 1914-1918 », à l’association Notre-Dame-de-Lorette et à la garde d’honneur de l’ossuaire de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

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