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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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1 novembre 2010

Secteur sud-est d'Ypres. Journée du 8 novembre 1914.

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 Avec le 2e bataillon du 149e R.I. : 

J.M.O. de la 33e brigade d’infanterie.

Dans le secteur de droite, le commandant de la Bastide et le capitaine Pretet (2e bataillon du 149e R.I.) viennent rendre compte vers 21 h 00 du fait que les Allemands se sont infiltrés dans le bois au sud du canal et que la ligne de défense a du être reportée en arrière.

Une attaque de nuit ne réussit pas.

J.M.O. du 53e régiment d’infanterie.

0 h 25 : L’attaque a continué sa progression et la 1ère ligne arrive à 100 m environ de la lisière nord-ouest du bois de Klein-Zillebeke.

Le groupe de maisons de Zwarteleen est occupé par des fantassins ennemis qui prennent d’écharpe les troupes d’attaques. Une compagnie de renfort est chargée d’enlever ce groupe de maisons.

9 h 30 : Les premières lignes sont arrêtées à 100 m environ, par des tranchées ennemies depuis deux heures environ, sans pouvoir arriver à progresser davantage, par suite de la violence du feu ennemi. Ordre leur est donné de s’installer et de s’organiser, avant de pousser plus loin.

4 h 10 : La situation est la suivante : Le bataillon Saisset tout entier est déployé et est arrivé à 100 m de la lisière nord-ouest du bois de Klein-Zillebeke et il y creuse des tranchées à sa gauche, le reliant aux Anglais. Les deux compagnies du bataillon Dufor (la 9e compagnie est toujours restée à Voormezelle) renforcent la 1ère ligne des tranchées anglaises derrière le bataillon Saisset. Les 2 compagnies du bataillon Laffiteau sont en réserve et creusent des tranchées.

7 h 40 : L’ordre arrive de reprendre à 8 h 30 le mouvement offensif. Le 53e R.I. progresse dans la direction du château d’Hollebeke. Ce mouvement sera soutenu par des fractions du 90e R.I. et du 149e R.I. qui sont placées le long de la voie ferrée.

 

Malgré son extrême fatigue, le régiment, qui n’a pas eu une minute de repos depuis le 30 octobre, reprend le mouvement en avant. La progression est bientôt arrêtée de front par des feux de l’infanterie et des mitrailleuses, et en enfilade par des feux venant du nord-est de Klein-Zillebeke.

Les Anglais ont évacué toutes les tranchées entre le chemin de fer et la route.

10 h 00 : L’attaque n’a pu progresser, les tranchées anglaises ont été améliorées et réunies les unes aux autres. La progression est fortement renforcée par des travaux, mais malgré tous les efforts, il est impossible de pousser plus en avant.

12 h 00 : Les tranchées sont soumises depuis le matin à un violent bombardement, il est impossible de se montrer hors des tranchées.

12 h 00 : Le bombardement devient de plus en plus violent sur les tranchées de 1ère ligne qui sont démolies et les hommes ont les plus grandes peines à s’y maintenir.

Étant donné l’état d’épuisement des hommes, il ne peut plus être question d’attaque, si ce n’est avec des troupes fraîches ;

13 h 00 : Néanmoins, le régiment qui vient de recevoir un nouvel ordre d’attaque essaie encore une fois de se jeter en avant. Les Anglais inquiets font demander si nous tenons alors que le régiment va attaquer. Le colonel leur demande leur appui, mais ils répondent qu’ils ne peuvent attaquer et nous souhaitent « un heureux événement ».

14 h 00 : Un bombardement plus violenta complètement détruit les tranchées de 1ère ligne. Quelques hommes de ces tranchées ont reflué en arrière, par la voie ferrée, mais ils sont bientôt ramenés à leur place et la situation un instant compromise est rétablie. L’attaque est reprise.

15 h 15 : Le bataillon Dufor débouche lentement sur la gauche, en liaison avec les Anglais qui ne bougent toujours pas.

18 h 30 : Le bataillon Dufor gagne du terrain, il progresse dans le bois. Il arrive à une cinquantaine de mètres de mitrailleuses allemandes qu’il se dispose à enlever à la baïonnette, lorsque les Anglais, voyant un mouvement dans le bois, ouvrent sur lui un violent feu de mitrailleuses. Sous ce double feu, le bataillon Dufor est obligé de refluer et perd ainsi la partie du bois qu’il avait conquise.

Il se cramponne au village de Zwarteleen dont il tient les lisières, ayant à sa gauche une fraction, en liaison directe avec la droite anglaise. Sur le reste du front, la situation n’a pas changé, mais les hommes sont de plus en plus fatigués, tant par le bombardement ininterrompu, que par le manque total de sommeil depuis 4 jours.

22 h 30 : Malgré cela, un nouvel ordre d’attaque est reçu pour 23 h 30.

Le 1er bataillon devra se maintenir dans ses tranchées, et soutenir par un feu violent les 3 compagnies du bataillon Dufor, qui reçoivent l’ordre de déboucher de Zwarteleen. À la même heure, une contre-attaque sera tentée sur notre droite, entre la voie ferrée et le canal, pour repousser des infiltrations ennemies qui se sont produites dans les bois.

23 h 30 : L’attaque est tentée, mais elle ne peut pas débouchée.

J.M.O. du 81e régiment d’infanterie.

En exécution d’un ordre du général commandant l’armée, le 3e bataillon dans les tranchées de Strombeck, est mis à la disposition du général Moussy. Il se rend par Wielje, Saint-Jean, Potyze dans la direction nord de Zillebeke. Le 2e bataillon tient seul les tranchées de Stombeck.

Au matin, le 1er bataillon en réserve de division à Saint-Jean se porte également dans la région nord de Zillebeke.

Ces deux bataillons sont au bivouac, en attendant de nouveaux ordres. Le 3e bataillon est remis à la disposition du colonel commandant le 81e R.I. qui reçoit l’ordre de se porter dans la direction de la ferme Blawe-Poort, avec mission d’organiser une ligne de défense entre la voie ferrée et le canal.


Du côté des Allemands :

 

Historique du I.R. n° 105. 

À cette date le groupe d’assaut von Linsingen est constitué. Il est sous les ordres du général commandant le IIe C.A.. Ce groupe est composé du XVe C.A. et du corps combiné Plettenberg ( ?) (Garde prussienne). Le I.R. n° 105 reçoit l’ordre d’attaquer les positions ennemies dans le bois nord du grand virage du canal, à l’ouest de la voie ferrée. Pour cela, 3 compagnies du I.R. n° 132 et 2 compagnies du 15e bataillon de génie sont placées sous ses ordres.

À 13 h 15 arrive l’ordre de  déclencher l’attaque à 14 h 00. Les unités trop mélangées ne peuvent pas être réorganisées si vite. L’attaque est donc ajournée jusqu’à 15 h 00. Le régiment dépasse le talus de la voie ferrée aux roulements de tambours, tandis que sa musique placée derrière la clique joue la « marche d’attaque ». Simultanément, les mitrailleuses, qui sont engagées en position surélevée d’un talus, tirent par-dessus les troupes d’assaut, sur les positions ennemies dans le bois.

Les attaquants essuient déjà de lourdes pertes en franchissant le talus. Celui-ci est sous le feu des mitrailleuses ennemies qui tirent de flanc depuis les cotes 59 et 60. Les compagnies des 2e et 3e bataillons réussissent à pénétrer dans le bois et gagnent 200 m de terrain. Elles prennent plusieurs bouts de tranchées et font quelques prisonniers. L’attaque s’enraye en raison des pertes élevées, notamment à la suite des tirs de flanc depuis les cotes 59 et 60. Au 3e bataillon, ce tir a eu des effets les plus meurtriers. Sa 12e compagnie a réussi  à franchir le talus de la voie ferrée. Les compagnies qui sont à sa droite sont clouées sur place sur les positions de départ, par le tir de flanc ennemi. Elles ne sont pas parvenues à franchir le terrain dégagé devant leur secteur, dominé par le feu des mitrailleuses ennemies.

Pour protéger le flanc ouvert du 2e bataillon, la 2e compagnie avance et nous nous replions un peu sur cette aile. Une section de la 1ère compagnie relance l’attaque enrayée du 2e bataillon. Nous parvenons ainsi à prendre la tranchée la plus avancée de la nouvelle ligne de défense ennemie. Nous faisons des prisonniers. Puis l’attaque prend définitivement fin, suite aux pertes importantes.

Dans l’après-midi, nous engageons encore toutes les mitrailleuses du régiment en 1ère ligne ainsi qu’un canon de 77 du F.A.R. 66 à hauteur du virage du canal, sur la route reliant le château de Hollebeke à Verbranden-Molen. Il faut porter l’attaque plus loin. Mais cela reste irréalisable pour l’instant, à cause du tir ennemi très violent.

Historique du I.R. n° 126. 

Le I.R. n° 105 a pris d’assaut plusieurs tranchées françaises dans le bois entre la voie ferrée et la route de Verbranden-Molen. La 30e D.I. qui est à la droite de la 39e D.I., repousse une attaque anglaise avec de lourdes pertes pour l’assaillant.


Historique du I.R. n° 132. 

Il faut tenir la position, mettre de l’ordre dans les unités et retirer les réserves. Dans la nuit du 8 novembre, les Anglais et les Français fortifient leurs positions, surtout  sur la cote 60 à l’ouest de Zwarteleen, dans le quartier nord du village et sur son glacis. À 11 h 40, la division ordonne au I.R. n° 105 de prendre le bois à l’ouest de la voie ferrée. Elle place pour cela sous ses ordres, 3 compagnies de notre 3e bataillon (10e, 11e et 12e compagnies) près de son aile droite.

Au terme d’une préparation d’artillerie de 2 heures, l’attaque débute à 15 h 15. Elle n’a que quelques succès à l’aile gauche du I.R. n° 105. À l’aile opposée, le 3e bataillon essuie un tir frontal et de flanc. Ce tir venant du nord-ouest est si violent, qu’en dépit des réclamations permanentes du I.R. n° 105, et des instances de commandement supérieures, l’attaque s’enraye. Notre bataillon a de lourdes pertes. Le chef de bataillon est tué, les compagnies n’ont plus d’officiers. Il avait déjà été très difficile de faire sortir les hommes de la tranchée pour les faire attaquer.

Historique du I.R. n° 171.

Pour le 8 novembre, il est ordonné de tenir la ligne atteinte et d’effectuer des reconnaissances des positions ennemies. En plusieurs endroits, il tente aussi des attaques, mais sans succès. Une patrouille de reconnaissance de la 9e compagnie est capturée en totalité par les Anglais.

Historique du  I.R. n° 172.

Dans la nuit du 8 novembre, vers 1 h 00, les Anglais essayent à nouveau une attaque par surprise. Elle est repoussée aisément.

Les 8 et 9 novembre, le tir d’artillerie se poursuit.


Avec le 3e bataillon du 149e R.I. :

 

Extraits de l’ouvrage « Jours de gloire, jours de misère Histoire d’un bataillon » de Henri René aux éditions Perrin et Cie. 1917.

«  Le 8 au matin, nous arrivons au repos à la Clytte. Voici des toits, peut-être de la paille… Hélas ! Il faut rester dehors, au bivouac dans la boue, tout est bondé. Malgré ce désenchantement, on apprécie à sa juste valeur, à défaut de confortable, le calme de l’atmosphère, la pensée que le bruit du canon restera distant de quelques kilomètres. »

Extraits de l’ouvrage « Souvenirs d’un médecin major 1914-1917.», d’Édouard Laval aux éditions Payot ((1932). 

 Souvenirs_d_un_m_decin_major« … Le 149e R.I. est au repos dans le village (La Clytte). Il l’a bien mérité, après cinq jours de tranchées.Beaucoup d’hommes ont les mains qui tremblent. Effet physique dû à l’ébranlement prolongé des centres nerveux par l’explosion des obus de fort calibre. Ces pauvres diables sont des héros. Ils circulent tranquillement, la capote toute jaune de terre, les mains gonflant les poches, la pipe au coin de la bouche. Or, en les regardant de près, on s’aperçoit que chez beaucoup d’entre eux, la capote est trouée comme des drapeaux glorieux des Invalides, que chez d’autres, c’est le képi qui est traversé, ou encore le soulier. Vestiges émouvants de la bataille dont ils ne songent guère à tirer vanité, sans doute parce qu’ils sont tous ainsi… » 

Références bibliographiques :

Pour les Allemands :

Historique du I.R. n° 105. Baensch-Stiftung. Dresden 1929.

Historique du I.R. n° 126. Belser. Stuttgart 1929.

Historique du I.R. n° 132. Berlin 1932.

Historique du  I.R. n° 171. Stalling. Oldenburg 1927.

Historique du I.R. n° 172. Sporn. Zeulenroda 1934.

 

Tous ces historiques proviennent de la collection Herman. Plote. Les traductions en français ont été réalisées par Herman Plote.

Pour les Français :

J.M.O. de la 33e brigade : Série 26 N 505/3.

J.M.O. du 53e R.I. : Sous-série 26 N 644/5.

J.M.O. du 81e R.I. : Sous- série 26 N 664/10.

Tous ces J.M.O. sont consultables sur le site « S.G.A./Mémoire des hommes».

« Jours de gloire, jours de misère. Histoire d’un bataillon », d’Henri René aux éditions Perrin (1917).

« Souvenirs d’un médecin-major 1914-1917. », d’Édouard Laval aux éditions Payot ((1932). 

Un très grand merci à M. Bordes, à  A. Carobbi, à J. Huret, à H. Plote, et à M. Porcher. De nouveau je viens remercier le Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes. 

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