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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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5 novembre 2010

Secteur sud-est d'Ypres, journée du 9 novembre 1914.

             Carte_journ_e_du_9_novembre_1914

                                 L_gende_carte_de_la_journ_e_du_9_novembre_1914

 Avec le 2e bataillon du 149e R.I. :

 Le groupement Vidal se trouve dans le secteur depuis la veille. Il est composé pour l’infanterie des unités suivantes :

 

2 bataillons du 32e R.I..

2 bataillons du 160e R.I..

2 bataillons du 81e R.I..

1 bataillon du 122e R.I..

J.M.O. de la 33e brigade d’infanterie.

L’ordre pour le 9 novembre prescrit de prendre l’offensive dans la direction de Klein-Zillebeke. Mais l’offensive du secteur de droite ne peut repérer les Allemands au-delà du canal. Elle ne réussit pas à rétablir notre liaison face au front d’Hollebeke et dans le bois triangulaire, dans l’angle, entre le canal et la voie ferrée.

La répartition des troupes dans le secteur est faite de la façon suivante.

Secteur de droite :

Commandant du secteur : colonel Aubert du 81e R.I..

Il dispose de :

2 bataillons du 90e R.I. : 850 hommes.

1 bataillon du 149e R.I. : 700 hommes  (2e bataillon).

1 bataillon du 122e R.I. : 800 hommes.

1 bataillon du 81e R.I. : 800 hommes.

Ce secteur s’étend, depuis le long du canal de l’écluse n° 7 bis inclus jusqu’à la voie ferrée incluse en liaison à droite avec le groupement Alexis.

Secteur de gauche :

Commandant du secteur : lieutenant-colonel Michel du 53e R.I.. Il dispose de :

12 compagnies du 53e R.I..

2 bataillons du 68e R.I. : 500 hommes.

1 bataillon du 268e R.I. : 230 hommes.

Ce secteur s’étend de la voie ferrée exclue à la droite anglaise.

Réserve générale : 1 bataillon du 81e R.I..

J.M.O. du 53e régiment d’infanterie.

5 h 30 : L’attaque ne progresse pas, mais toutes les positions sont maintenues.

J.M.O. du 81e régiment d’infanterie.

1er et 3e bataillons du 81e R.I. :

 Le secteur de défense affecté au 81e R.I. qui va du canal sur l’Yser à la voie ferrée, est tenu par les 1er et 3e bataillons du 81e R.I., par le 2e bataillon du 122e R.I., par deux bataillons du 90e R.I. et un bataillon du 149e R.I.. Le groupement doit profiter de toutes les occasions pour chercher à  progresser dans la direction de Klein-Zillebeke. Il ne doit pas nuire à la relève de 1ère ligne. Les bataillons doivent travailler à rendre le front inviolable et à améliorer la 2e ligne. Le front est divisé en trois secteurs. Le P.C. du colonel est à la ferme Blauwe-Poort.

Du côté des Allemands :

 

Historique de l’I.R. 105.

Une section de la 3e compagnie est engagée pour couvrir le flanc du 3e bataillon qui est lui-même engagé à l’aile gauche, tandis que le reste de la 1ère compagnie occupe une brèche entre les 2e et 3e bataillons. Les 2/3 restant de la 3e  compagnie s’enterrent comme réserve du régiment au versant est du talus de la voie ferrée, à peu près à hauteur du grand virage du canal. Au soir arrive l’ordre de restituer l’I.R. 105 à la 30e D.I..  Il occupe un secteur dont l’aile droite s’appuie au coin sud du bois au sud de Verbranden-Molen. Son aile gauche au virage du canal. Au début de la nuit, la 2e compagnie, le 2e bataillon et 1/3 de la 1ère compagnie sont relevés par l’I.R.99. L’effectif de combat de l’I.R.105 est encore de 15 officiers, de 15 aspirants et de 1200 hommes de troupe.

Historique de l’I.R. 126.

Après avoir reçu de nouveaux renforts, le corps combiné Plettenberg (XVe C.A., 2e D.I. de la garde et 4e D.I.) constitue le groupe von Linsingen. Le groupe von Fabeck (avec les bavarois)  reçoit l’ordre de poursuivre l’attaque à l’ouest du canal de l’Yser à la Lys. La 30e D.I. est remplacée, à la droite du C.A., par la 4e D.I.. Elle est placée à l’aile gauche du corps où elle doit progresser entre la voie ferrée et le canal, pour soutenir l’attaque de la 39e D.I. contre Zillebeke.

Jusqu’au 12 novembre 1914, la 61e brigade réussit à prendre les ruines du petit village de Zwarteleen. Partout les unités sont fortement mélangées. Au sous-secteur de droite, environ 200 soldats de nos 1er et 3e bataillons sont mélangés avec des hommes de l’I.R.171 et de l’I.R.172. Le nombre de soldats de l’I.R.126 dans le sous-secteur de gauche, maintenant stabilisé ne peut même pas être déterminé. La météo reste mauvaise. La boue monte jusqu’aux genoux sur les chemins et dans les champs. La route de Zandvoorde est parsemée d’entonnoirs d’obus remplis d’eau. Partout, il y a des cadavres d’hommes et de chevaux. Le ravitaillement de la 1ère ligne reste précaire en permanence. Les cuisines roulantes ne peuvent avancer que dans la nuit et seulement jusqu’à Basseville-Cabinet. La route par Calvaire-Zillebeke où toute la circulation derrière le front de 5 régiments doit se dérouler est constamment sous le feu de l’ennemi (infanterie et artillerie). Les pertes y sont nombreuses. La corvée marche alors de 3 à 4 heures dans la boue, à travers champs. La soupe arrive souvent froide.

Historique de l’I.R. 132.

 

L’ordre de la division préconise à la 61e brigade d’occuper fermement le bois à l’ouest de la voie ferrée, au nord du grand virage du canal. À 7 h 00, le brouillard est si dense que nous ne voyons rien à 10 pas. La tranchée de la moitié gauche du 2e bataillon n’a pas été creusée pendant la nuit à la même hauteur que celle de la moitié droite. Elle est à 20 à 30 pas plus loin. Il  faut donc relier les deux. Vers 12 h 00, le brouillard se lève brusquement. Dans le champ de betteraves, devant la section de droite de la tranchée, à peu près à la hauteur de la section de gauche, nous découvrons une patrouille anglaise qui s’est approchée sous couvert du brouillard. Les Anglais sont pris sous notre feu. Deux hommes seulement peuvent s’échapper jusqu’à la première ferme de Zwarteleen. Ils sont retrouvés 2 jours plus tard, grièvement blessés.

Pendant toute la matinée, l’artillerie ennemie maintient un tir très violent, en dépit du brouillard. Nous pouvons réorganiser les unités et leur faire face à l’ouest, contre le bois toujours menaçant dans le flanc gauche. Il n’est pas occupé par l’ennemi, mais seulement visité par des patrouilles. Les maisons sur la lisière ouest sont fortement occupées.

Vers 11 h 00, nous communiquons qu’une attaque de la 61e brigade qui est toujours trop mélangée, venant de l’est et orientée contre le bois, n’est pas possible. Il est proposé d’engager l’I.R.105 qui vient du sud. À 12 h 00,  a été signalée l’apparition de tirailleurs français sur le talus de la voie ferrée. Il faut orienter les compagnies de l’ouest contre celles-ci.

La brigade donne ces propositions à la division ainsi que les difficultés qui peuvent se rencontrer. Celle-ci ordonne alors à 16 h 15, que l’I.R.105 prenne la partie sud du bois, la 61e brigade son tiers nord. La division se réserve encore pour fixer l’heure de l’attaque, mais elle a finalement renoncé à son exécution. Les journées du 6 et du 7 novembre ont apporté à la division 12 officiers et 730 hommes capturés (anglais et français) et la prise de 3 mitrailleuses.

Historique de l’I.R. 171.

 

L’ennemi tente à nouveau d’ébranler notre front par des tirs-surprises de son artillerie. Il essaye ensuite de le percer avec son infanterie. Malgré nos désavantages (mélange des unités, pertes élevées, épuisement total de la troupe), cela ne réussit pas. Le front tient. L’ordre de division distribué dans la soirée préconise la reprise de l’offensive pour le lendemain.

Historique de l’I.R. 172.

L’ennemi s’est tellement renforcé que la poursuite de l’attaque pose de plus en plus de problèmes. Le temps est froid et brumeux. Durant des jours, les soldats n’ont pas pu quitter leurs uniformes mouillés. 11 jours d’attaques, un ravitaillement et un repos insuffisants ont épuisé les forces des fantassins. Il faut toute l’énergie de ses officiers encore présents pour garder les sentinelles éveillées. Le regroupement est achevé le 9 novembre. Une nouvelle attaque est ordonnée pour le 10 novembre.

Avec le 3e bataillon du 149e R.I. :

J.M.O. de la 85e brigade d’infanterie.

Le 3e bataillon du 149e R.I. et les 2 bataillons du 158e R.I. partent à 10 h 00 pour se rendre à l’ouest de Dickebuch. Ils cantonnent le 9 au soir dans les fermes de Mille-kapelle et de  Millekapelleken. L’E.M. de la brigade cantonne à Millekapelleken. Les unités du 149e R.I. et celles du 158e R.I. se renforcent d’un détachement composé en grande partie de territoriaux.

À 18 h 30 le général Dumezil reçoit avis de sa nomination au commandement de l’artillerie de la 10e armée. Le colonel Trouchand du 162e R.I. est nommé commandant de la brigade. Le commandement provisoire est donné au lieutenant-colonel Escallon du 149e R.I..

Extraits de l’ouvrage « jours de gloire, jours de misère. Histoire d’un bataillon » de Henri René aux éditions Perrin et Cie. 1917.

« Le 9, arrivée de renforts : des territoriaux de Seine-et-Marne. Ils sont cinq cents, destinés à l’ensemble du régiment. Ils sont à peine suffisants pour nous, après les pertes que nous venons de subir. Le colonel décide de nous les affecter momentanément. Nous les rendrons dans quelques jours aux autres bataillons, s’il en est encore temps. Amalgame. Refonte des effectifs et des cadres. Les capitaines I… et G… sont de retour du dépôt. Ils sont à peine guéris de leurs blessures d’août. Ils se mettent à la tête des 9e et 12e compagnies. » 

 
Du côté des Allemands:

 

Historique de l’I.R. 17e bavarois.

La poursuite de l’attaque est ordonnée. Il faut essayer d’occuper la ligne des collines qui va du canal jusqu’à Saint-Eloi. Il y a quelques succès partiels. Le 3e bataillon a ainsi pu prendre deux tranchées ennemies et faire 72 prisonniers. Le soir, les Français font une contre-attaque. Les deux tranchées sont de nouveau perdues.

Historique de l’I.R. 18e bavarois.

L’attaque est renouvelée. Nous sommes enfin parvenus à prendre la position ennemie dont le tir de flanquement nous a infligé tant de pertes. De nouveau 30 Français sont capturés. Le 3e bataillon est également engagé. Dans la soirée, nous avons pris d’assaut « la tuilerie » (Ziegelei), qui est située à environ 400 m au nord de la digue (Dammstrasse). Nous faisons 40 prisonniers. À cette occasion, le caporal Dreyer de la 10e compagnie s’est particulièrement distingué. Il a pénétré latéralement avec 3 hommes, dans la tuilerie. Dès l’instant où ces quelques hommes sont arrivés dans le coin par le devant, ils se sont trouvés brusquement confrontés à une tranchée qui est occupée par une trentaine de Français. Grâce à la décision spontanée du caporal, les occupants français se sont rendus, car ils sont très impressionnés. Le caporal Dreyer a été décoré de la médaille de bravoure en argent. La position de l’I.R.18 est maintenant très en pointe et la troupe n’a pas de liaison. Néanmoins, elle tient, et la ferme est fortifiée de tous les côtés.

L’état de la troupe, sa situation physique et sa valeur au combat s’amenuisent de jour en jour davantage. La discipline se relâche   également par manque de chefs, mais aussi parce que la troupe est épuisée par les éternelles attaques lourdes en pertes. De nombreuses maladies font leur apparition, même parmi les officiers. Le temps est particulièrement défavorable. Les épais brouillards des plaines des Flandres alternent avec les tempêtes de novembre et des journées entières de pluie. Les tranchées mal construites se remplissent d’eau. Les quelques chefs encore indemnes ont bien du mal à tenir en main les unités mélangées qui se désagrègent de plus en plus. Ces dernières  doivent faire preuve de toute leur dernière énergie. Dans ces conditions, il est compréhensible que la disponibilité de la troupe pour continuer à attaquer diminue. Les progrès deviennent de plus en plus minimes, les jours suivants.

Références bibliographiques :

Pour les Allemands :

Historique du I.R.  n° 17. Schick. München 1927.

Historique du I.R.  n° 18. Bayer. Kriegsarchiv. München 1926.

Historique du I.R. n° 105. Baensch-Stiftung. Dresden 1929.

Historique du I.R. n° 126. Belser. Stuttgart 1929.

Historique du I.R. n° 132. Berlin 1932.

Historique du  I.R. n° 171. Stalling. Oldenburg 1927.

Historique du I.R. n° 172. Sporn. Zeulenroda 1934.

Tous ces historiques proviennent de la collection Herman Plote. Les traductions en français ont été réalisées par Herman Plote.

Pour les Français :

J.M.O. de la 33e brigade : Série 26 N 505/3.

J.M.O. de la 85e brigade : Série 26 N 26 N 520/10.

J.M.O. du 53e R.I. : Sous-série 26 N 644/5.

J.M.O. du 81e R.I. : Sous- série 26 N 664/10.

Tous ces J.M.O. sont consultables sur le site « S.G.A./Mémoire des hommes».

« Jours de gloire, jours de misère. Histoire d’un bataillon », d’Henri René aux éditions Perrin (1917).

Un très grand merci à M. Bordes, à P. Casanova, à  A. Carobbi, à  J. Charraud, à J. Huret, à H. Plote, à M. Porcher ainsi qu’au Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes.

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