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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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3 avril 2020

Félix Chazal (1895-1929)

Felix chazal

 

Années de jeunesse

 

Félix Chazal voit le jour le 26 novembre 1895 au domicile de ses parents, au numéro 132 de la route de Vienne, dans le 3e arrondissement de la ville de Lyon.

 

Le père, Antoine, est alors âgé de 39 ans. Il a travaillé comme veloutier, puis comme cultivateur, avant d’être embauché par la compagnie de chemin de fer de la ligne Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles.

 

La mère, Jeanne Marie Bodoy, est originaire de Saint-Laurent-d’Agny. Elle a également 39 ans. Cette femme travaille comme ménagère. En plus de sa charge professionnelle, elle élève aussi deux garçons, Philippe et Jean Pierre, respectivement âgés de 16 et 14 ans.

 

 

Félix quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il fait ensuite un apprentissage chez un bijoutier avant de devenir ouvrier dans cette profession. En 1914, son salaire journalier est de 4 francs. Son frère Philippe travaille comme comptable. Jean Pierre a suivi les traces paternelles.

 

Le 1er août 1914, le gouvernement Viviani ordonne la mobilisation générale. La guerre contre l’Allemagne est sur le point d’être déclenchée. Il est demandé aux réservistes de rejoindre au plus vite leurs dépôts d’affectation. Les territoriaux sont également sollicités. Les classes 1912 et 1913 sont déjà dans les casernes.

 

Félix Chazal est passé devant le conseil de révision qui l’a classé, avant la déclaration du conflit, dans la 1ère partie de la liste du 7e arrondissement de Lyon.

 

Conscrit de la classe 1915, il doit encore attendre quelques mois avant être incorporé. Ses frères, plus âgés, sont de suite mobilisables.

 

Formation au métier de soldat

 

Le 15 décembre 1914, Félix se rend à la caserne de Chabran, boulevard Limbert, à Avignon. Il est affecté à la 27e compagnie du 58e R.I..

 

Sa formation militaire dans ce régiment se termine le 1er avril 1915. Elle est plutôt expéditive comparée à celles qui ont été suivies par les classes d’avant-guerre, mais elle se poursuit après son incorporation dans un nouveau régiment.

 

Après avoir intégré les premiers rudiments de la vie de soldat, Félix est affecté au  415e R.I, une unité nouvellement créée au camp de Carpiagne, au sud de la ville de Marseille. Ce régiment est en majorité composé d’éléments qui appartiennent à la classe 1915. Tous proviennent des différents dépôts du 15e C.A..

 

Le 415e R.I. quitte le camp de Carpiagne le 31 mars pour prendre place au camp de la Valbonne, près de Meximieux, dans le département de l’Ain. Le 1er février, Félix intègre la 7e compagnie du régiment qui cantonne à Pérouge pour une quinzaine de jours.

 

L’ancien bijoutier  a tout juste le temps de donner quelques nouvelles à sa famille avant de partir pour le front dans la Somme.

 

« Chers parents,

 

Je vous envoie deux mots pour vous dire qu’au lieu de partir lundi comme je vous l’avais écrit, nous partons mercredi à 5 h du matin pour le front. On ne va pas aux Dardanelles. Nous allons dans l’est. Si tu ne te rappelles pas où je serai, je te le mettrai dans ma prochaine lettre. Je pars avec l’espoir de revenir tout au plus blessé, mais avec rien si je peux. Probablement qu’à la fin de la semaine, j’aurai déjà vu les Allemands. Tâchez de ne pas vous en faire, car, d’un côté, si je suis blessé, je pourrai être évacué dans un hôpital et après, j’aurai 8 à 15 jours à passer à la maison.

 

Enfin, tout va pour le mieux. Espérons que ça n’ira pas plus mal que maintenant.

 

Votre fils affectueux qui vous aime et vous embrasse. Félix »

 

Première blessure

 

Son régiment vient s’installer en Champagne à partir du mois d’août 1915. Il occupe une zone comprise entre Souain et Perthes.

 

Le 25 septembre 1915, le 415e R.I. lance une attaque dans ce secteur. Félix est blessé au talon gauche.

 

Le soldat Chazal rejoint le dépôt du 141e R.I. après avoir été soigné. Il est inscrit dans les effectifs de la 9e escouade de la 26e compagnie.

 

Le 14 février 1916, le jeune homme envoie une carte postale aux siens.

 

« Chers parents,

 

J’ai reçu votre lettre, mais il ne faut pas compter sur une permission de 15 jours. C’est impossible.

 

Je vous demande de m’envoyer 3 gros paquets de tabac. Nous faisons que fumer et l’on n’en a pas assez. Je compte sur vous pour me les envoyer, car, si je partais, ils me couvriraient après. Je vais toujours très bien. Je ne pense pas remonter à mon ancien régiment, car aujourd’hui, il y a eu un départ. Je ne vois rien d’autre à vous dire, si ce n’est que j’attends le tabac. Votre fils Félix. »

 

Il bénéficie encore d’un mois de relative tranquillité au dépôt.

 

Une note de service rédigée par le général commandant la 15e région, datée du 15 mars 1916,  lui apprend qu’il est versé au 149e R.I..

 

Au 149e R.I.

 

Félix arrive dans cette unité le 18 mars 1916. Son nouveau régiment est  engagé dans le secteur de Verdun depuis une quinzaine de jours. Le soldat Chazal est affecté à la 8e compagnie qui est installée à la caserne Bevaux. Elle vient de passer une sale période dans le secteur du fort de Souville et du bois Fumin.

 

Le 26 mars, les 3 bataillons du régiment s’établissent à Dugny. Les 1er et 3e bataillons remontent en 1ère ligne le 30 mars.  Le 2e bataillon rejoint Verdun pour aller cantonner à la caserne d’Anthouard. Félix a tout le temps de sympathiser avec les hommes de sa nouvelle escouade.

 

Le 1er avril, sa compagnie reçoit l’ordre de se rendre au fort de Tavannes. Le 2e bataillon est réserve de division. Le 3 avril, la 8e s’installe aux abris du ravin. Elle ne sera pas engagée.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

L’ensemble du régiment quitte la zone de Verdun le 11 avril 1916. Après une courte période de repos passée à Landrecourt, il se rend dans un secteur plus calme, en Champagne, entre les buttes de Tahure et de Mesnil où il reste plusieurs mois.

 

Septembre 1916, le 149e R.I. doit prendre le village de Soyécourt dans la Somme. Le 2e bataillon ne participe pas à l’attaque, il est en réserve, comme à Verdun.

 

Deuxième blessure 

 

Ablaincourt

 

Le 23 octobre 1916, Félix Chazal est grièvement blessé dans le secteur d’Ablaincourt par des éclats d’obus. Sa jambe gauche et son pied gauche sont fracturés et très abîmés. Il est impossible de les sauver, c’est l’amputation au tiers supérieur. Son pied droit est également touché.

 

Ce n’est que le 8 novembre 1916 qu’il est évacué vers l’arrière. Il est pris en charge par les médecins de l’hôpital mixte de Limoges.

 

 

Les soignants ne parviennent pas à sauver la partie inférieure de sa jambe droite. Deuxième traumatisme, il faut de nouveau amputer.

 

Les soins sont longs et douloureux, mais la guerre est terminée pour Félix. Lui qui rêvait tant d’une blessure ! À l’époque, il était loin de s’imaginer que celle-ci allait tant lui coûter.

 

Un taux d’invalidité à définir 

 

Felix Chazal photographie 2

 

La commission de vérification de Lyon, qui s’est réunie le 12 décembre 1918, fait une proposition qui lui permettrait de toucher une pension de retraite de 2e classe suite à l’amputation de ses deux membres inférieurs.

 

Le 1er février 1919, Félix Chazal épouse Victoire Faillant, une femme originaire de la Saône-et-Loire.

 

Les suggestions de pensions s’enchaînent. Le 16 avril 1921, le centre spécial de réforme de Lyon propose une pension d’invalidité temporaire de 100 % avec un surcroît de 20 % pour amputation des deux jambes au 1/3. Félix est également atteint de bacillose pulmonaire.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. est réformé définitivement par la commission de réforme du Rhône-sud réunie le 11 octobre 1921.

 

Le 8 février 1922, Félix Chazal est proposé pour une pension temporaire de 100 % avec un surcroît de 20 % au bénéfice de l’article 10 par la commission de réforme de la Seine. Cette proposition se base sur l’amputation des deux jambes et sur l’induration discrète du sommet droit.

 

Le 22 octobre 1922, Félix est admis à recevoir une pension de 3000 francs avec jouissance à partir du 12 décembre 1918. Il obtient une invalidité permanente de 100 %. Le 25 septembre 1923, il bénéficie également de l’article 10 à la suite d’une décision qui fut prise par la 2e commission de réforme de la Seine, pour l’amputation de ses deux jambes.

 

En 1923, victoire donne naissance à une fille qui fut prénommée Jeannette.

 

Félix cesse toutes activités professionnelles à partir du 1er avril 1924.

 

La commission de réforme de Mâcon du 27 février 1925 augmente de manière conséquente son supplément de pension. Elle le fait passer directement du 2e au 10e degré pour amputation des deux jambes et ramollissement du poumon droit et du 1/3 supérieur du poumon gauche.

 

De plus en plus diminué par ses problèmes de santé et par son lourd handicap, Félix décède dans la petite commune de Chânes à l’âge de 33 ans le 13 janvier 1929.

 

Decorations Felix Chazal

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre n° 39 850 du G.Q.G. en date du 2 novembre 1916.

 

« Soldat brave et dévoué, déjà blessé le 25 septembre 1915. A été atteint d’une nouvelle blessure très grave le 23 octobre 1916, amputé de la jambe gauche. »

 

Décoré de la Médaille militaire avec attribution de la croix de guerre avec palme en date du 24 octobre 1916. Q n° 3985 D du Grand Quartier Général en date du 2 novembre 1916.

 

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 21 février 1925 rendu sur la proposition du ministre de la guerre).

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Félix Chazal a été consultée sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Les photographies et les documents présentés ici proviennent tous de la collection de la famille descendante de Félix Chazal. Je remercie tout particulièrement Y. Fanise pour son aide et son autorisation de publication.

 

Merci également à M. Bordes, à A. Carobbi, à Y. Fanise, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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