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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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12 août 2013

Du 6 au 7 mars 1916.

                  Le_general_Joffre_a_Souilly

                                                                  6 mars 1916

Pendant que le 149e R.I. se prépare à rejoindre le secteur de Verdun, la 13e division poursuit l’aménagement de ses positions en première ligne. Durant toute cette journée, les tirs de l’artillerie ennemie font rage sur l’ensemble de la rive gauche de la Meuse.

                 Seigneulles_Regret

Le 149e R.I.,qui n’a toujours pas quitté la commune de Seigneulles, doit se rendre peu avant 7 h 00 aux points d’embarquement situés sur la route reliant Hargeville à Rosnes. Un bataillon se trouve à la sortie nord-est du village, un autre à la sortie ouest, le dernier attend derrière le précédent. Le régiment prend la route qui deviendra bientôt « la voie sacrée ». À Souilly, il passe devant le général Joffre, qui est salué par les acclamations des poilus.

Les hommes du 149e R.I. laissent les véhicules dans le petit village de Regret. Il y a de fortes probabilités pour qu’ils empruntent l’itinéraire dit de « la route stratégique ». Louis Cretin, brancardier-musicien de la C.H.R. du 149e R.I. écrit ceci dans son témoignage :

« Nous débarquons à Regret tout près de Verdun. La canonnade est terrible. Nous passons à pied par petits paquets près de la citadelle et nous allons nous reformer le long du canal aux abords d’Haudainville. 

À partir de cet instant, la 85e brigade passe sous l’autorité du général Balfourier qui commande le 20e C.A.. Le régiment va cantonner à Haudainville.

                                                                7 mars 1916

Dans la nuit du 6 au 7 mars, le 20e B.C.P. du commandant Godfroy et le 21e B.C.P. du commandant Craplet relèvent les troupes de la 95e brigade. Ces bataillons de chasseurs prennent place à la gauche du 17e R.I. jusqu’au bois qui limite le secteur de la division à l’ouest.

De Regret au bois de l'hopital

Legende carte intineraire Verdun

Toutes les unités de la 13e D.I. sont maintenant en place, le P.C. du général Martin de Bouillon se trouve à  Fleury-devant-Douaumont à partir de 8 h 00. La 13e D.I. est encadrée à sa droite par la 120e D.I., avec qui elle forme le groupement Maistre et à sa gauche par la 42e D.I. qui,elle, appartient au groupement Guillaumat.

L’artillerie allemande recommence à tirer dans la soirée. Il est d’une intensité exceptionnelle sur l’ensemble de ce secteur du front.

Le 149e R.I. qui est, depuis la veille, dans la commune d’Haudainville, doit se préparer à monter en ligne. La route ouest-est qui passe devant le cimetière est réservée aux hommes du lieutenant-colonel Abbat de 16 h 00 à 17 h 00. Le régiment suit la route de Verdun jusqu’au carrefour à 800 m est des casernes Bévaux. Il quitte la route pour suivre un itinéraire qui passe par la cote 218, la cote 222, le cabaret, le carrefour 325 et la ferme Bellevue. Le 149e RI bivouaque dans le bois des Hospices. Le 3e et le 10e B.C.P. s’installent à Saint-Airy.

Sources :

J.M.O. de la 13e D.I.. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 120e D.I.. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/8.

Témoignage inédit de Louis Cretin.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

Pour en savoir plus :

 « Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928. 

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carobbi, à T. de Chomereau,  à P. Lehue, à J. Nicolas, à A. Orrière, à M. Porcher, à F. Radet,  au Service Historique de la Défense de Vincennes.

29 juillet 2013

Du 1er au 5 mars 1916.

                  Seigneulles

1er mars 1916

Les hommes du 149e R.I. embarquent dans les camions pour prendre la direction de Verdun. Ils quittent la commune de Fains à 9 h 00. Les bataillons du régiment suivent l’itinéraire suivant : Fains-Venise-Chardogne-Hargeville-Seigneulles.

                  De_Fains_V_el_a_Seigneulles 

Dans un premier temps, le 149e R.I. s’installe dans la petite commune meusienne de Seigneulles. 

                 Tableau_prise_d_armes_du_1er_mars_1916

Les  unités des brigades de la 43e D.I. stationnent dans les communes suivantes : 

85e brigade :

Le 3B.C.P. est sur la commune de  Marats-la-Grande.

Le 10e B.C.P. est sur la commune d’Hargeville.

Le 149e R.I. est sur la commune de Seigneulles. 

86e brigade :

Le 1er B.C.P. est à Génicourt-sous-Condé.

Le 31e B.C.P. est à Louppy-le-Petit

Le 158e R.I. est à Condé-en-Barrois. 

                  Seigneulles 85e brigade

2 mars 1916

Les lieux de stationnements pour les hommes de la 43e D.I. restent identiques à la veille. 

À partir de maintenant, pour mieux comprendre les déplacements des bataillons du 149e R.I., il nous faut suivre les différents mouvements des brigades de la  13e D.I..  

La 13e D.I. entre en action dans un secteur en pleine crise, au lendemain des combats soutenus par le 20e C.A. autour du fort de Douaumont. L’ennemi a pris pied dans le fort dans la journée du 25 février, d’où il n’a pas pu être délogé. Les principales positions de résistance de la rive droite de la Meuse (position du bois des Caures, position de Beaumont, positions de Bezonvaux-Louvemont) ont été perdues et la position côte du Poivre, fort de Douaumont, fort de Vaux est très sérieusement entamée par l’établissement de l’ennemi dans le fort de Douaumont. Celui-ci domine par sa masse l’ensemble du secteur. Un vallonnement profond, qui part de sa corne sud-est et descend vers l’étang de Vaux, abrite le gros des unités de première ligne allemandes, faisant face à la 26e brigade déployée près  de l’étang et dans le bois de la Caillette.

Le fort de Souville, bien que violemment bombardé depuis le 21 février, est resté intact. Sa tourelle,  équipée de deux 155 L, fonctionne toujours. Il est occupé et en cours de réapprovisionnement conformément aux ordres donnés par le général Pétain. Le commandant Courteilles du 143e R.I.T., est nommé commandant de fort. 

3 mars 1916  

Dans l’après-midi  du 3 mars 1916, la 13e D.I., la division sœur de la 43e D.I. avec qui elle forme le 21e C.A., cantonne autour de Vaubécourt. Celle-ci est mise à la disposition du général Balfourier, l’officier responsable du  20e C.A.. Ce dernier occupe avec son corps d’armée le secteur de Souville-Douaumont. 

En fin d'après-midi, les différentes unités de la 13e D.I sont, en camions, transportées jusqu’à Regret. 

4 mars 1916  

Dans la nuit du 3 au 4 mars, la 13e division bivouaque dans la zone d’Haudainville. Pendant que les troupes s’installent, les responsables de la division partent faire les reconnaissances nécessaires au bon fonctionnement de la future relève, dans le secteur occupé par la 153e D.I. du général Deligny. La 13e D.I. doit relever cette dernière entre le  4 et le 7 mars 1916, sur le front situé entre l’ouest du village de Vaux-devant-Damloup et à 1000 m à l’ouest du village de Douaumont. 

5 mars 1916 

                  Carte_Verdun_num_ro_1

                                      Legende_carte_Verdun_1

La 26e brigade du colonel Schmidt entre en ligne dans la nuit du 4 au 5 mars. Le 21e R.I. du lieutenant-colonel Lecoanet est à l’est, aux abords immédiats de Vaux-devant-Damloup, avec deux bataillons en première ligne et un bataillon en soutien.

Le 109e R.I. du lieutenant-colonel de Roincé quant à lui se positionne à l’ouest, dans les bois de la Caillette, avec six compagnies en première ligne et six compagnies en soutien. À partir du 5 mars au matin, le P.C. de la brigade est à la caverne de Souville (500 m à l’est du fort de Souville). 

Dans la soirée du 5 mars, le général Martin de Bouillon, responsable de la 13e D.I. prend contact, avec le général Deligny qui se trouve à la caverne de Souville située à 500 m du fort. Ce dernier va conserver le commandement du secteur jusqu’au matin du 8 mars. 

La 25e brigade du général Menvielle monte dans le secteur. Dans la nuit du 5 au 6 mars, le 17e R.I. du lieutenant-colonel Mareschal va s’installer sur les pentes sud-ouest du fort de Douaumont. 

Sources : 

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 120e D.I.. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les différents emplacements approximatifs de la première ligne française, provient du  J.M.O. du 407e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 767/10.

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. des 13 et 120e D.I.. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments risque d’être assez importante. Cette carte n’est  donc là que pour se faire une idée approximative des positions occupées par les 13e et 120e D.I..

Legende_photographie_SeigneullesLa légende de la photographie qui provient de la collection personnelle de T. de Chomereau a été réalisée le 1er mars 1916 dans la commune Seigneulles. Plusieurs officiers du 149e R.I. sont clairement identifiés.

De gauche à droite : sous-lieutenant Brosse, lieutenant Canon, Commandant de Chomereau de Saint-André, nom illisible, sous-lieutenant Gaudin, nom illisible et Ferry. 

Pour en savoir plus :

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau,  à P. Lehue, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 juillet 2013

Préparatifs et arrivée du 149e R.I. dans le secteur de Verdun.

                  Saint_Riquier__Somme_

 La 43e D.I. est installée dans le secteur du camp de Saint-Riquier depuis le 2 février 1916.

Durant cette période, le 149e R.I. cantonne sur les communes de Saint-Riquier, de Neuf-Moulin et de Caours.

Le régiment et les autres unités de la division sont en train de se mettre en état pour être de nouveau opérationnels. Tout au long des deux premières décades de ce mois le plus court de l’année, les manœuvres et les formations diverses sont à l’ordre du jour. 

                  Saint_Riquier_fevrier_1916

                                     Legende_Saint_Riquier

Dans la matinée du 19, la 85e brigade doit se mettre en mouvement par voie de terre. 

Ses éléments se dirigent et s’installent dans les communes suivantes : 

Le 3e B.C.P. est à Gueschart.

 Le 10e B.C.P. est  à Tollent et à Bas-Tollent.

Le 149e R.I. est au Boisle, à Labroye et à Boufflers. 

                  De_Saint_Riquier___Boufflers          

Au moment où les Allemands déclenchent leur offensive sur Verdun, une attaque de grande envergure qui a débuté le 21 février 1916, le 149e R.I. et les bataillons de chasseurs de la 85e brigade cantonnent toujours dans ce secteur. Ils se consacrent essentiellement à l’instruction individuelle et à la formation des petites unités depuis le 20 février. 

                 Du_cote_d_Auxi_le_Ch_teau

Cet entraînement s’achève dans la journée du 25. Le lendemain,  les hommes de la 85e brigade sont de nouveau sur le départ. Ils embarquent à la gare d’Auxi-le-Château pour débarquer à l’ouest de Bar-le-Duc sur les quais des gares de  Mussey, de Revigny et de Saint-Eulien, des communes qui sont situées dans le département de la Marne. Le 149e R.I. arrive à la gare de Saint-Eulien le 26 à 20 h 00. 

                  Gare_Saint_Eulien

Les derniers éléments de la 43e D.I. parviennent dans le secteur le 29 février. Toutes les unités se rassemblent dans la soirée pour aller cantonner dans la zone de Fains, de Combles, de Behonne et de Varney. Le 149e R.I. s’installe sur la commune de Fains. 

                 Autour_de_Bar_le_Duc

Durant cette période, le 20e C.A. résiste toujours aux multiples attaques menées par les Allemands dans le secteur de Verdun. Le fort de Douaumont est tombé aux mains de l’ennemi depuis le 25 février. La situation est devenue critique pour les Français puisque la prise du fort de Douaumont fragilise fortement les environs du fort de Vaux. 

 Il faut envoyer de toute urgence de nouvelles divisions dans cette partie du territoire meusien. La 43e D.I. est du nombre. 

Le lieutenant-colonel Abbat, promu à la tête du 149e R.I. depuis le 15 janvier, et ses hommes, vont se trouver plongés au cœur de la bataille de Verdun durant une courte période qui s’échelonne entre le 7 mars et le 7 avril 1916. 

Malgré des offensives répétées, menées avec de gros moyens, le secteur du fort de Vaux et de ses avancées résiste. Les troupes françaises qui sont en première ligne depuis plusieurs jours ont besoin d’être relevées. C’est là que, par deux fois, les 9-10 mars et le 2 avril 1916, le 1er bataillon du 149e R.I. va se distinguer, il reprend et essaye de conserver le village de Vaux-devant-Damloup. 

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

Google earth. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

8 août 2011

Témoignage de Louis Cretin : rencontre avec les troupes russes.

                    Les russes

 

De nouveau tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet. Suite du témoignage de Louis Cretin intitulé « Le camp de Mailly, repos et permission».

  

 De mon séjour passé avec les Russes, je garde de multiples souvenirs. Ces hommes différaient totalement de nous autres français. Toutes leurs sorties et marches se faisaient en chantant une sorte de mélopée plutôt triste. Je veux parler de l’air, car nous ne comprenions pas les paroles !  Pendant une revue, on eût juré voir des statues tant ils étaient immobiles. Les punitions étaient dures et souvent ils recevaient un « passage à tabac » sérieux, sans broncher. Dans le camp ; leur drapeau était toujours sur deux faisceaux, un garde en permanence à côté. Tout homme qui passait devant devait le saluer en criant quelques mots. S’il oubliait de le faire, immédiatement il était empoigné sans ménagement. Au réveil et au coucher, ils étaient rassemblés par compagnie et tête nue, ils faisaient tous ensemble leurs prières. La journée terminée, ils remplissaient les cafés et buvaient jusqu’à l’ivresse. Chaque soir, une voiture passait et ramassait ceux qui ne pouvaient pas rentrer. Ils possédaient tous beaucoup d’argent. Ayant fait un long voyage depuis Archangel, ils n’avaient rien pu dépenser et leurs poches étaient pleines de billets et de coupures des chambres de commerce. Ignorants de la valeur qu’ils représentaient, ils étaient les bienvenus dans la maison de tolérance du camp qui ne désemplissait pas. Les gaillardes qui s’y trouvaient ont du ramasser gros ! Leurs bas servaient de coffres-forts, ils étaient toujours pleins de papiers. Quand ils avaient bu, ils étaient querelleurs, fanatiques, ils l’étaient autant que nos troupes de couleur. Voilà un tableau imparfait de ce que j’ai vu et connu du peuple slave.  Après être rentré dans le secteur qui est occupé par le régiment, je pars en permission de détente. J’amène avec moi un camarade.  Cette permission dure du 6  au 17 juillet. À notre retour, nous retrouvons les compagnies toujours au même endroit. Le régiment est relevé le 25 juillet. Nous partons en camions automobiles, toujours au repos, à Mairy-sur-Marne qui se trouve à dix kilomètres de Châlons. Les répétitions et les concerts reprennent à Sagny-aux-Moulins et à Mairy-sur-Marne. Le 29, il y a une revue de la division faite par le général Gouraud avec remise de décorations. Trois musiciens reçoivent la croix de guerre pour leur brillante conduite à Verdun. Le soir, elles sont arrosées copieusement. Deux de ces hommes seront tués par la suite. Le dimanche 30, il y a un concert et une représentation théâtrale dans le parc du château de Mairy-sur-Marne. Nous demeurons au repos jusqu’au 10 août. Le 11, nous faisons les préparatifs de départ pour la Somme.

 

Sources : « Souvenirs de Louis Cretin soldat musicien au 149e R.I. ». 

 

 La traduction de la phrase inscrite sur le drapeau russe  « Съ нами Богъ » signifie  « Dieu avec nous ». Les photos des bouteilles de vodka ont été trouvées par « Poutine » qui intervient régulièrement sur le forum Pages 14-18. Une des cartes postales utilisées sur le montage provient de la collection de « Poutine », l’autre de ma collection personnelle. 

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Browarsky, à A. Carobbi, à A Chaupin, à T. Cornet., à l’association « Collectif Artois 1914-1915 » et, pour « la partie russe » à « Poutine » du forum Pages 14-18. 

 

10 juillet 2011

Témoignage de Louis Cretin : après Verdun, la troupe se lâche...

                 149e_R

De nouveau tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet.

Suite du témoignage de Louis Cretin intitulé « La bouffarde de M’sieur Drouot ».

Pendant les premiers jours de notre repos à  Savonnières, les hommes étaient comme fous. Ce fut la noce après le carnage. Les officiers eurent de la peine à reprendre de l’autorité et à faire régner de nouveau la discipline. Le jour du Vendredi saint, nos cuisiniers mirent de la viande, de la morue et des patates à cuire dans la même marmite. Au moment de servir, cela faisait une bouillie sans nom qui fut impossible à avaler. Le 15 avril 1916 dans la soirée, nous partons à pied et, après trois heures de marche, nous arrivons à la gare de Nançois où nous embarquons. Le 16, à 8 h 00 nous descendons à Châlons-sur-Marne. Nous faisons une vingtaine de kilomètres pour venir cantonner à Somme-Vesle. Du 17 au 28 avril, nous sommes au repos. Nous reprenons l’instrument. Théâtre, cinéma, concerts, jeux divers occupent les hommes. Les compagnies sont renforcées. Nous sommes vaccinés, après quoi, je tombe malade et je vais à l’infirmerie. Le 1er mai, deux bataillons quittent Somme-Vesle. Le 2, je pars avec l’infirmerie régimentaire, sans sac, en raison de mon épaule endolorie. Nous allons cantonner à Lacroix-en-Champagne. Le 3, je rejoins mes camarades. Le 4 nous arrivons à Saint-Jean-sur-Tourbe où l’on trouve un bon cantonnement en dehors du pays. (À suivre…)

 

Sources :

« Souvenirs de Louis Cretin soldat musicien au 149e R.I. »

 

« La bouffarde de M’sieur Drouot » peut se lire sur le lien suivant : 

La_bouffarde_de_M_sieur_Drouot_

 Les photos utilisées pour le montage représentent une compagnie du 149e R.I. Ces photos proviennent de ma collection personnelle. Elles ont été réalisées sur la commune de Poix en Champagne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Browarsky, à A. Carobbi, à A Chaupin et à T. Cornet., ainsi qu’à l’association « Collectif Artois 1914-1915 » et aux camarades du « Forum pages 14-18 ».

2 juillet 2011

Une bien curieuse nomination !

                    Nelly Martyl

Titulaire du diplôme de l’Union des femmes de France, Madame Scott de Plagnolles était l’épouse du peintre Georges Scott. Dès le début du conflit, elle se consacra aux soins des blessés. Avant-guerre, elle était cantatrice à l’Opéra-Comique et chantait sous le nom de Nelly Martyl. En octobre 1916, elle croise le chemin du 149e R.I. qui se trouvait dans le secteur de la Somme, comme en atteste cette nomination dans le grade de sergent honoraire. Nomination signée de la main du lieutenant-colonel Pineau.

 

Aux armées le 11 octobre 1916.

Le lieutenant-colonel commandant le régiment nomme au grade de sergent honoraire au 149e R.I. : Le caporal Nelly Martyl.

 

 Le sergent Martyl sera affecté à la C.H.R. (section de liaison). Cette nomination est motivée par les brillants états de service du sergent Martyl :

«  Sur le front depuis le début de la guerre, fondatrice de plusieurs hôpitaux militaires, le sergent Martyl est allé à plusieurs reprises, sous le feu, chercher des blessés graves, qu’elle a soignés elle-même avec une admirable abnégation.

Malgré les veilles, malgré les fatigues, elle se prodigue chaque jour pour apporter à tous, sous-officiers et soldats, séduits par son charme délicieux, et pour leur faire partager la belle flamme patriotique qui anime son cœur. Se dévouant toute entière à l’œuvre splendide qu’elle s’est imposée, elle a su, par ses accents qui nous prennent, faire vibrer nos âmes à l’unisson de la sienne et exalter encore le superbe moral de nos jeunes héros. « Vive le sergent Martyl ! » Le lieutenant-colonel commandant le 149e Régiment d’infanterie. (Signé) Pineau.

 

Source :

Le portrait de Nelly Martyl a été trouvé sur le site « Gallica» :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9028979t.r=Nelly+Martyl.langFR

 

Un grand merci à M. Bordes et à A. Carrobi.

27 novembre 2009

Témoignage de Louis Cretin : la bouffarde de M’sieur Drouot.

                 La_bouffarde_de_M_sieur_Drouot_

Un immense merci à D. Browarski qui nous offre ici la possibilité de  lire un passage du témoignage de Louis Cretin soldat musicien de la C.H.R. du 149e R.I.

Un autre très grand merci à la famille de Jean Archenoul qui me propose d’illustrer ce texte avec une photo de groupe prise le 26 juin 1917 à Ciry-Salsogne venant de sa collection. Toute ma reconnaissance à ces personnes. Une chaleureuse poignée de main à Thierry Cornet sans qui ce qui suit n’aurait jamais été possible.

Verdun…

Le 25 février, nous embarquons à Auxi-le-Château sous une tempête de neige. Nous touchons deux jours de vivres de réserve et le soir à 16 h 00, nous démarrons. Nous traversons Abbeville. Dans la nuit du 26, nous sommes dans la banlieue de Paris. Nous continuons par Verneuil, Coulommiers… On aperçoit tout le long de ce trajet les cimetières des poilus tombés dans la bataille de la Marne en 1914. La Ferté-Gaucher, la Fère-Champenoise… Sommesous et Somme-Py. Le soir, nous débarquons à Saint-Eulien à 8 kilomètres de Saint-Dizier. Trois jours de suite, nous marchons. Mais dès maintenant nous devinons où nous allons. Du 1er au 5 mars, nous demeurons à Seigneulles. Le 5 mars au matin, nous embarquons en camions automobiles. Nous traversons Souilly (siège du G.Q.G.) et à 13 h 00, nous débarquons à Regret tout près de Verdun. La canonnade est terrible. Nous passons à pied par petits paquets près de la citadelle et nous allons nous reformer le long du canal aux abords d’Haudainville. Nous passons la nuit dans des péniches abandonnées, couché sur du minerai de fer. C’était dur !!! Le 6 mars dans l’après-midi nous montons en ligne. Colonel à cheval, musique en tête. Nous longeons le Faubourg Pavé vers 17 h 00, nous atteignons le cabaret de la Cible et touchons à la zone dangereuse. La route que nous suivons est marmitée continuellement. On est obligé de s’arrêter à quelques mètres du barrage d’obus qui tombent sans arrêt. Par paquets de 20 hommes, on attend que la rafale ait éclatée. Nous faisons un bond au pas de gymnastique et l’on se retrouve à plat ventre, trente mètres plus loin, au moment où une nouvelle série d’obus de gros calibre éclatent à nouveau 15 mètres environ derrière nous. C’est ainsi que la montée en ligne s’opère. Au bois des Hospices, la C.H.R. s’arrête pendant que les compagnies continuent dans la direction du fort de Souville, la chapelle Sainte-Fine, le bois de Vaux-Chapitre. Finalement elles prennent position entre l’étang, le village de Vaux et le fort du même nom. Les pertes sont déjà élevées quand les compagnies relèvent l’unité qui occupe ce secteur. La musique, avec la C.H.R. et le bataillon de réserve bivouaque dans le bois des Hospices. C’est effrayant ce qui tombe comme obus, à droite, à gauche, en avant, en arrière, partout ça dégringole sans arrêt.  A tout moment, ils en éclatent dans nos rangs. Sans aucun abri, nous passons la nuit à cet emplacement. A l’aube, on cherche à s’égarer de cette avalanche, avec un camarade, mon meilleur copain, un poilu Vosgien des régions envahies de Saulcy, près de Senones. Je creuse avec lui un trou, quand un gros noir arrive et qui nous enterre sous les débris de la cagna en construction. Je suis  commotionné par l’éclatement. Je descends retrouver nos cuisiniers au cabaret de la Cible, pendant que les autres montent par équipes au poste de secours installé dans le fort de Vaux. Je monte la « croûte » toutes les nuits, et c’est une besogne des plus périlleuses, combien d’arrêts imprévus, de culbutes et d’acrobaties nous faisons chaque fois. Quand nous arrivons à trouver les copains, ce qui reste dans les marmites de campement est souvent immangeable. D’ailleurs on ne se charge que du pain enfilé par boule dans un bâton, les bidons de pinard et la gniole. Pour la nourriture, c’est toujours en salade que nous accommodons les légumes. Les repas chauds sont inconnus dans ce secteur. Heureux, quand après trois heures de marche, dans des conditions impossible à décrire, nous arrivons, saufs, avec moitié de ce que nous avons emporté. Plusieurs fois, nous trouvons bouteillons et bidons troués par des éclats. Au retour, même danger qu’à l’aller…

Le 9 mars des obus atteignent la ferme Bellevue, dans la soirée et mettent le feu au dépôt de grenades et de fusées qui se trouvait à cet endroit. Pendant plusieurs heures, vu d’un peu loin, ce fut un spectacle impressionnant. Des centaines de fusées de toutes sortes et de différentes couleurs firent un vrai feu d’artifice. La corvée de soupe dure jusqu’au 17 mars où le régiment est relevé. Pendant cette période, les Allemands ont attaqué chaque jour les différentes compagnies du régiment. Presque à chaque assaut, ils  sont repoussés avec des pertes énormes. Nos pertes sont grandes également, certaines unités descendent réduites à une vingtaine d’hommes. Et encore, sur ce nombre pas beaucoup sont indemnes. Les habits sont déchiquetés, couverts de sang. Ce sont de vrais fantômes, hébétés, meurtris. Ils n’ont plus souvenir de ce qu’ils ont vu, ont fait, et pourtant ils ont tenu et combattu sans arrêt pendant dix jours et autant de nuits. Ecrasés, asphyxiés, l’enfer de Verdun les a retourner et briser de toutes parts. Les journées les plus dures furent les 8, 9 et 10 mars où, sous un marmitage effroyable nos poilus ne bronchèrent pas et repoussèrent les assauts allemands. Leurs attaques furent brisées par la magnifique résistance des poilus du 1er bataillon dans le village et aux abords du fort de Vaux. Pendant ces trois jours, le village fut pris et repris huit fois de suite, pour finalement rester aux mains des Allemands. Nous tenions quelques maisons et la lisière est. Les Allemands ne purent en sortir. Le régiment descend prendre quelques repos à Dugny et aux environs. Nous recevons des renforts et le 1er avril nous remontons dans le même secteur. Pendant les journées passées à Dugny, presque journellement les avions allemands viennent nous jeter des bombes. Le 30 mars, une torpille tombe au milieu d’un rassemblement sur la route. Plus de cinquante personnes furent tuées par cet engin. Au repos, le spectacle paraissait plus terrible que sur le champ de bataille. Des corps déchiquetés, mêmes des civils, femmes et enfants périrent, victimes de ce bombardement aérien. Le 31 mars nous quittons ce pays et nous venons cantonner aux casernes du quartier d’Anthouard avant de continuer le lendemain sur Vaux.

Cette journée du 1er avril, je suis planton au poste de police. A chaque instant, je vais porter les notes de service dans les différentes compagnies du régiment. C’est sous un marmitage presque aussi serré qu’en ligne que mes déplacements se font. Le 1er avril au soir, le régiment est de nouveau engagé. Le 2, nos équipes montent à Vaux et à Souville. Mais moi, je reste comme agent de liaison à Verdun. Les lignes téléphoniques étant toujours coupées, c’est par coureur que se font et se transmettent les ordres. Je suis désigné pour faire le service du tunnel de Tavannes à la citadelle. Les obus à gaz lacrymogènes tombent sans arrêt dans la vallée et le long de la route, ainsi que sur le chemin de fer. On souffre, on pleure, on crache. C’est pénible la marche dans ces conditions. Le 3 avril dans l’après-midi, je suis surpris dans le quartier d’Anthouard où je venais d’aller porter des ordres, sous un bombardement terrible. Je me refugie au poste de police où une marmite éclate dans le caniveau. La fenêtre vole en éclats. A 200 m de là, sur les bords de la Meuse, un bâtiment occupé par des territoriaux a son escalier broyé par un obus. Le feu prend à l’immeuble et les hommes occupant le premier étage périssent asphyxiés ou brulés. Le bombardement est si violent que le quartier est évacué. Les différents services  occupant ce cantonnement viennent s’installer en dehors de la ville. Au café du « Clair de Lune » et ses environs, où je continue le même service avec la place, la division et la citadelle. J’y reste jusqu’au 9 avril, date où le régiment descend des lignes. Que dire de cette nouvelle période ? Ce fût encore plus terrible si on ose dire et surtout plus meurtrier. Les premiers jours d’avril furent aux dires des rescapés quelque chose d’impossible à raconter. Relevé le 9 nous passons deux jours à Dugny. Le 12 nous partons à pied pour aller embarquer à Lempire. Mais en cours de route, un contre-ordre nous fait revenir sur nos pas. Nous revenons  de nouveau à Dugny et Belleray. Les hommes acceptent sans murmurer. Allons-nous encore remettre çà ? Mais non heureusement ! Dans la soirée, nous partons à Lemmes et Lempire, embarquer en camions-automobiles, et vers minuit, nous arrivons à Bar-le-Duc. Nous descendons et allons cantonner 2 km plus loin, dans un faubourg de Bar-le-Duc appelé la Savonnière.

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                 Sous_chef_Drouot


 

Copie__2__de_sous_chef_de_musiqueIci se place une histoire dont fut « le héros », notre sous-chef de musique. C’était un très fort fumeur. En permanence une énorme bouffarde était suspendue à ses lèvres. Il était connu dans le régiment entier, mais surtout à la compagnie hors rang, à laquelle nous appartenions. Les hommes de train de combat, signaleurs, téléphonistes, éclaireurs montés et train régimentaire étaient très familiers avec lui. C’était un brave homme. Mais bien que n’étant pas de Marseille, il eut enfoncé Tartarin et rendu des points à Marius et Olive. Or, il advint que dans le camion qui nous descendait de Verdun pour aller au repos à la Savonnière, il laissa échapper sa pipe qui tomba sur la route. Impossible de s’arrêter pour la ramasser. Arrivé au cantonnement on le vit le lendemain errer à l’aventure, tout marri et l’air ennuyé. Les premiers qui l’aperçurent  sans son ornement habituel, lui demandèrent le motif de l’absente.

- Ma pipe ? leur dit-il, je l’ai laissée là-haut !!! Oui la dernière fois que je suis allé visiter mes hommes au fort de Vaux, une balle me l’a brisée en deux.

Vous pensez si l’histoire fut vite ébruitée. Peu d’instant après un signaleur, un « pince-sans-rire » lui dit :

- Je ne crois pas qu’une balle vous ai attrapé là, car il n’en sifflait pas beaucoup à cet endroit, ça ne serait pas plutôt un obus ?

- Il est bien probable, reprend-il je n’ai pas pu me rendre compte, il faisait nuit. En effet, je crois me rappeler maintenant. C’était un 77 ou un 88 autrichien. Il en tombait tellement !!

C’est le premier pas qui coûte. Il ne devait pas s’arrêter en si bon chemin. Dans la journée, les hommes qui l’entendirent raconter son aventure, s’aperçurent que le calibre de l’obus avait considérablement augmenté. Le soir, on le retrouva dans un café du cantonnement, une pipe encore plus volumineuse que la précédente, avait repris sa place habituelle. Il avait été en acheter une nouvelle à Bar-le-Duc. Il expliquait avec force gestes à la tenancière ébahie, entouré d’un cercle de poilus qui se tordaient, qu’une batterie allemande de 305 avait pris son briquet comme point de repère et pulvériser sa pipe au moment où il s’apprêtait à l’allumer. A un auditoire plus naïf il eut affirmé sans sourcilier que les 420 allemands furent construits pour lui casser ses pipes.

L’histoire devient populaire dans le régiment. Aussi, chaque fois après une halte, quand on reprenait la marche et que notre « clique » sonnait le refrain du régiment suivi de la « Casquette », les poilus fredonnaient la dernière strophe avec une variante : « As-tu vu la pipe à Monsieur Drouot ?»

 

Merci monsieur Cretin, merci monsieur Drouot pour cette belle anecdote.

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