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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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3 avril 2015

Paul Marie Gustave Boigues (1864-1950).

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Paul Marie Gustave Boigues voit le jour le 27 mai 1864 dans la ville portuaire du Havre. Il naît dans une chambre du domicile de son aïeul maternel, qui est situé au n° 65 de la rue de la Côte. À sa naissance, son père Pierre Gabriel est un jeune propriétaire qui est âgé de 28 ans et sa mère, Esther Marie Quesnel, une femme âgée de vingt ans. Ses parents vivent au n° 12 de la rue Roquepine dans le 8e arrondissement parisien. Pierre Gabriel et Esther auront également deux filles, Claire et Édith.

Après avoir obtenu son baccalauréat ès lettres complet, le jeune homme poursuit ses études. Élève au collège Stanislas de l’université de France, il tente et réussit le concours d’entrée de l’école spéciale militaire. Le 27 octobre 1883, Paul Marie Gustave Boigues se rend à la mairie de Nevers pour venir signer un engagement volontaire, d’une durée de cinq ans, avec l’armée.

Saint-Cyrien de la promotion Madagascar, l’élève Boigues débute sa formation d’officier au début du mois de novembre 1883. Nommé caporal le 1er avril 1885, il sort de l’école avec le n° 62 sur 411. Une fois son diplôme obtenu, le sous-lieutenant doit rejoindre la Haute-Normandie où il est attendu au 74e R.I. en octobre 1885.

Une carrière militaire bien remplie

Le 7 mars 1889, Paul Marie Gustave Boigues est nommé lieutenant. Il doit passer au 5e R.I. qu’il ne rejoint pas, ayant été maintenu au 74e R.I. quelques jours plus tard. En 1887, il suit les cours de l’école de tir de Châlons, obtenant à la sortie le n° 9 sur 63 élèves et la 6e mention honorable, avec citation au bulletin officiel.

Très bien noté dans son régiment, il est admis à suivre les cours de l’école supérieure de guerre ; il s’apprête à quitter la ville de Rouen, où il est resté 9 ans, pour rejoindre Paris où il débute sa nouvelle formation le 1er novembre 1892.

Le 31 octobre 1894, les cours théoriques s’achèvent. Élève brillant de la 18e promotion, il obtient son brevet d’état-major avec la mention « très bien ».

Le lieutenant Boigues va devoir maintenant effectuer son stage pratique. La veille de Noël 1894, il est promu au grade de capitaine. Après ses trois mois de congé de fin de cours, il se retrouve comme stagiaire à l’état-major du gouvernement militaire de Paris, pour une durée de deux ans.

Au cours de cette période, il doit effectuer deux stages de trois mois. Le premier, du 1er juillet au 30 septembre 1895 à la 1ère batterie du 13e R.A.C, le second en 1896 dans un régiment de cavalerie.

Pendant ces deux années, il est rattaché successivement aux 93e, 65e et 101e régiments d’infanterie (des unités où il n’a très vraisemblablement jamais mis les pieds, car ce type de rattachement s’apparentait plutôt à une organisation administrative).

Une fois son stage terminé, il est muté au 24e R.I. de Bernay à partir du 3 novembre 1896. Le capitaine Boigues prend le commandement d’une compagnie pendant une durée de deux ans.

Le 13 janvier 1898, il épouse Louise Adrienne Laure Jonquoy qu’il conduit à la mairie parisienne du 8e arrondissement. De cette union naîtront 7 descendants et descendantes, André, René, Simone, Gérard, Pierre, Jacqueline et Monique. André et Simone ne survivront pas à la petite enfance.

Le 26 décembre 1898, le capitaine Boigues est rattaché au 8e R.I. à Saint-Omer. Il y a de fortes probabilités pour que cet officier ne soit pas passé réellement par ce régiment ; il y a été probablement affecté pour libérer une place au 24e R.I. et pour en combler une au 8e R.I. en attendant qu’un poste soit disponible au 6e C.A..

Fort de son expérience et de sa formation d’officier supérieur, il  intègre l’état-major du 6e C.A qui se trouve à Châlons-sur-Marne, le 25 janvier 1899. Il est aussitôt mis hors cadre. Le 16 octobre 1900, l'homme gagne la ville d’Amiens pour devenir l’officier d’ordonnance des généraux de Torcy puis Gillet, qui commandent successivement la 3e division d’infanterie. Le 24 juin 1906, le capitaine Boigues est mis hors cadre à l’état-major de cette division.

Le 24 décembre 1907, il peut fixer un quatrième galon sur sa vareuse d’officier. Cette promotion l’amène à Béthune, une commune du Pas-de-Calais qui approche les 14 000 habitants. Il pose sa cantine de soldat au 73e R.I où il va devoir accomplir son temps de troupe à la tête d’un bataillon durant trois années complètes. Le 24 décembre 1910, le commandant Boigues, qui vient d’être mis hors cadre à l’état-major du 1er C.A. qui se trouve à Lille, prend la direction de la section territoriale.

Promu au grade de lieutenant-colonel le 23 juin 1914, il est d’abord affecté au 44e R.I., qu’il ne rejoint pas, puis le 9 juillet, au 60e R.I. où il exerce les fonctions de commandant en second.

Au 260e R.I.

Le lieutenant-colonel Boigues est à peine installé à Besançon lorsque débute le conflit contre l’Allemagne. Le 2 août 1914, cet officier prend le commandement du 260e R.I., un régiment constitué à partir des classes de la réserve.  

Avec ses 5e et 6e bataillons, il occupe un secteur à l’est de Belfort de la fin août 1914 au début du mois d’octobre 1915.

Le commandant du régiment apprend qu’il va devoir se préparer à quitter le territoire français. Le 260e R.I. prend la direction de Toulon pour être embarqué sur le Lutetia, un paquebot de la compagnie sud-atlantique, converti en croiseur auxiliaire et transport de troupes pour circonstance de guerre.

Le navire quitte le port de Toulon le 16 octobre 1915 en fin d’après-midi. Après une traversée sans histoire, le Lutétia jette l’ancre dans le port de Salonique le 20 octobre dans la soirée. Le régiment débarque le lendemain. Il est transporté à Demir-Kapou où il est chargé d’organiser la défense d’un secteur. Devant la poussée bulgare, il se replie au début du mois de décembre sur Salonique où il prend part, avec son régiment, à l’organisation et à la défense du camp retranché sur la rive gauche du Galiko.

Le 5 mai, il change de secteur pour se porter dans le Krusabalkan. Paul Marie Gustave Boigues participe à la prise de Florina en septembre 1916 et aux combats qui se déroulent devant Monastir en septembre et octobre 1916.

Épuisé, atteint de paludisme il est évacué une première fois sur l’hôpital français de Salonique du 26 août au 2 septembre 1916.

Le 2 novembre, le lieutenant-colonel Boigues est à nouveau soigné à l’ambulance alpine n° 7. Il y reste jusqu’au 14 novembre 1916. Pour lui, la campagne d’Orient est terminée. Avant de retourner en France par voie de mer, il est pris en charge par les médecins de l’hôpital temporaire de Salonique n° 6 du 15 au 21 novembre 1916.

Arrive le temps d’une longue convalescence. Celle-ci va durer jusqu’à la fin du mois de mars 1917. De nouveau en état de travailler, Paul Marie Gustave Boigues dirige les dépôts divisionnaires du 7e C.A. du 20 avril 1917 au début du mois de mai 1917, cela en attendant d’être totalement rétabli et de pouvoir prétendre à un nouveau commandement de régiment.

Au 149e R.I.

Nommé au commandement du 149e R.I. par décision du général en chef numéro 5589 en date du 6 mai 1917, il se met en route le 10 mai pour rejoindre son nouveau régiment, qui se trouve dans le secteur de Villersexel. Le 12 mai, il remplace le lieutenant-colonel Paul Francis Pineau.

Pendant plusieurs mois, il occupe, avec son régiment, un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison situé à l’extrême gauche du chemin des Dames, du côté de Billy-sur-Aisne, Jouy, Aizy et des les fermes Hameret et du Toty, pour ne citer que ces noms.

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Le lieutenant-colonel Boigues sur le mont des Roches en 1917

Paul Marie Gustave Boigues suit le cours spécial d’emploi militaire des gaz, qui se déroule à Paris du 12 au 14 juillet 1917.

Cet officier est promu colonel, à titre temporaire, le 25 août 1917 par décision du général commandant en chef en date du 11 août 1917.

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Il mène ses 3 bataillons à  la bataille de la Malmaison le 23 octobre 1917, avec succès. C’est la seule grande attaque qu’il conduit avec ce régiment.

Une fois les combats terminés, le 149e R.I. gagne une zone de repos à l’ouest de Montmirail. Début décembre, le colonel Boigues est informé que son régiment doit être transporté par voie ferrée dans la région de Vesoul, avant d’être dirigé vers la frontière suisse pour y effectuer des travaux de secondes lignes

Le 19 décembre 1917, le colonel Guy qui commande l’ I.D. 43 écrit ceci : « Chef de corps d’une réelle valeur personnelle, commande avec beaucoup de doigté et de fermeté grâce à son excellente éducation, actif, payant de sa personne sur le terrain du combat comme de l’instruction. A un jugement militaire très avisé et très sûr. A conduit brillamment son régiment à la bataille de la Malmaison (23 octobre) et a été cité à sa tête. Par sa valeur personnelle et son savoir militaire, le colonel Boigues est apte à rendre d’excellents services dans des fonctions supérieures à celles qu’il exerce en ce moment. »

Les hommes du colonel Boigues quittent la Franche-Comté dans la seconde moitié du mois de janvier 1918,  pour venir s’installer dans les Vosges, du côté du mont Violu et de la Cude. Le commandant du 149e R.I. s’installe au P.C. Brial.

C’est au cours de cette période que le colonel Boigues va devoir faire ses adieux au régiment spinalien. Le 19 mars 1918, il laisse le commandement du 149e R.I. entre les mains du lieutenant-colonel Pierre Vivier.

Au XVIe C.A., l’après-guerre et la fin de carrière

Nommé chef d’état-major du 16e C.A. par décision du général commandant en chef n° 17761, en date du 16 mars 1918. Il se met en route le 29 mars 1918 pour rejoindre le quartier général du 16e C.A. le lendemain.

Paul Marie Gustave Boigues devient colonel à titre définitif le 19 avril 1918.

Par décision ministérielle du 16 octobre 1919, le colonel Boigues est affecté comme premier poste d’après-guerre à l’état-major du 16e C.A., comme chef d’état-major, sous les ordres du général Deville.

Le 22 février 1921, il commande provisoirement la 22e brigade d’infanterie et les subdivisions de Toul et de Neufchâteau.

Nommé général de brigade le 21 mars 1922,  il cesse d’exercer son commandement le 15 mai 1922, à l’aube de ses 58 ans.

Paul Marie Gustave Boigues décède le 16 décembre 1950 à Paris.

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur le 30 décembre 1909.

Officier de la Légion d’honneur le 1er octobre 1917.

Commandeur de la Légion d’honneur le 9 novembre 1927.

Croix de guerre avec 3 palmes, une étoile de vermeil et une étoile d’argent.

Citations obtenues :

Citation à l’ordre de la place de Belfort n° 50 du 7 décembre 1914 :

« A fait preuve, au cours du combat d’Ammertzwiller, d’une énergie et d’une témérité au dessus de tout éloge, en amenant, à trois reprises différentes, sa troupe jusqu’aux réseaux de fil de fer d’un village puissamment organisé.»

Citation à l’ordre de la 57e D.I. n° 28 du 3 janvier 1916 :

« Pour le calme, le sang-froid et la méthode dont il a fait preuve dans le commandement de son régiment, arrière garde de la division battant en retraite sur le défilé de Demir Kapou et pour les bonnes dispositions qu’il a prises et exécutées jusqu’au bout, pour protéger les destructions qui ont été faites dans ce défilé et en avant, afin de retarder la marche de l’ennemi, et lui ôter tout moyen de se servir du chemin de fer après nous.»

Citation à l’ordre de l’armée n° 83 en date du 23 octobre 1916 :

« À la tête du 260e R.I. qu’il commande avec une haute autorité, a puissamment contribué à la prise de Florina et des hauteurs au nord-ouest de cette ville. A atteint tous les objectifs qui lui ont été assignés tout en réduisant ses pertes au strict minimum.»

Citation à l’ordre de la  VIe armée n° 529 en date du 13 novembre 1917 :

« Le 149e R.I., régiment d’avant-garde ayant un long passé de gloire : sous les ordres du colonel Boigues s’est distingué, une fois de plus, le 23 octobre 1917, en s’emparant, dans un élan irrésistible, de positions puissamment organisées sur plus de trois kilomètres de profondeur. Malgré de lourdes pertes en officiers, a mené le combat jusqu’au bout avec la même ardeur, la même cohésion, brisant toutes les résistances et atteignant tous les objectifs assignés, a fait sept cents prisonniers et capturé dix-neuf canons, dont dix lourds, cinquante-quatre mitrailleuses et une grande quantité de matériel.»

Citation à l’ordre de l’armée, ordre général n° 573 en date du 24 novembre 1918 :

« Chef d’état-major d’une activité inlassable et d’une belle crânerie qui a donné, en toutes circonstances, l’exemple d’abnégation, du courage et du mépris du danger ; a exécuté sur l’Ailette et dans la vallée de la Serre, au mois d’octobre 1918, dans des régions violemment bombardées et ypéritées, des reconnaissances très hardies qui ont procuré au commandement des renseignements précieux. »

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

J.M.O. de la 43e D.I. sous-séries 26 N 344/6, 26 N 344/7 et 26 N 344/8.

J.M.O. du 260e R.I. : sous-séries 26 N 730/7 et 26 N 730/8.

Historique du 149e R.I.. Épinal Klein 1919.

La photographie de la salle à manger du P.C. Caen est extraite de l’historique du 149e R.I. (version luxe).

Une grande partie des informations concernant la famille de Paul Marie Gustave Boigues ont été trouvées sur le site « Généanet ».

Pour en savoir plus :

Le lieutenant-colonel Boigues possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter en cliquant une fois sur l'image suivante :

Site_base_Leonore

J.M.O. du 16 e C.A. : sous-séries 26 N 160/5, 26 N 160/6, 26 N 160/7 et 26 N 160/8.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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