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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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24 janvier 2020

Pierre Marie Étienne Henry (1870-1941)

Pierre Marie Etienne Henry

 

Pierre Marie Étienne Henry voit le jour le 14 septembre 1870 dans le petit village du Pailly, situé sur le canton de Longeau, dans le département de la Haute-Marne. Issu d’une famille nombreuse très catholique, Pierre est le 6e d’une fratrie composée de 12 enfants.

 

À sa naissance, son père, Joseph, est un instituteur âgé de 33 ans. Sa mère, Appoline Chaillot, approche de ses 31 ans.

 

Pierre est un enfant quelque peu turbulent. Des bêtises de gamin poussent ses parents à prendre une décision énergique. Ils l’envoient au séminaire sans se douter que ce choix aura un impact énorme sur son avenir.

 

Pierre accomplit ses obligations militaires aussitôt après avoir terminé ses études au petit et grand séminaire. Il fait ses apprentissages de soldat au 21e R.I. de Langres.

 

Le 10 novembre 1891, le jeune homme intègre une des compagnies du régiment installées à la caserne Turenne. Moins d’un an plus tard, il quitte son unité avec son certificat de bonne conduite accordé ; il a probablement été formé comme infirmier.

 

Le 23 septembre 1892, Pierre est mis en disponibilité en attendant son passage dans la réserve, passage devenu effectif à la date du 1er novembre 1894.

 

Il accomplit sa première période d’exercice au sein de la 7e section d’infirmiers militaires à Dôle entre le 27 août et le 23 septembre 1894.

 

Pierre accède à la prêtrise le 29 juin 1895. Un mois plus tard, il est envoyé comme vicaire à la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Chaumont.

 

L’année de ses 26 ans, il informe l’armée qu’il est maintenant pourvu d’un emploi rétribué. L’administration de la Haute-Marne le classe comme non disponible (administration des cultes). En théorie, ce statut le dispense d’effectuer ses prochaines périodes d’exercices.

 

L’abbé Henry occupe son poste de vicaire jusqu’en 1912. Cette année-là, il apprend qu’il vient d’être nommé professeur de morale au grand séminaire de Langres.

 

Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne approche. L’ordre de mobilisation générale est décrété le 1er août 1914. Pierre Henry a 24 heures pour rejoindre son unité. Il est attendu à la 24e section territoriale d’infirmiers militaires, section à laquelle il est rattaché depuis le  1er novembre 1904.

 

Il apprend qu’il va devoir rester au fort de la Bonnelle. Cette situation ne lui convient pas. Il veut absolument partir avec la troupe. À force d’insistance, les autorités militaires finissent par lui donner satisfaction. Pierre a la possibilité de permuter avec un confrère bien moins motivé que lui et forcément content de ce changement.

 

Une décision prise par le général commandant de la place de Langres le fait nommé aumônier titulaire du groupe de brancardiers de la 43e D.I. à partir du 4 août.

 

La division est envoyée en couverture dans la région de Saint-Dié, de Fraize à Senones, avant d’être engagée dans le secteur de Saint-Blaize-la-Roche.

 

Le 20 d’août 1914, Pierre est fait prisonnier durant les combats qui eurent lieu autour de Bieberskirch. Ne voulant pas abandonner les blessés, il se laisse capturer par les Allemands.

 

Pierre Henry est rapidement envoyé à Dreibrunnen (Trois-fontaines en Moselle) puis à Strasbourg. Sa vie de captif est courte. Conformément aux articles 9 et 12 de la convention de Genève de 1906, il est rapidement libéré et renvoyé vers son armée.

 

Article 9 : Le personnel exclusivement affecté à l'enlèvement, au transport et au traitement des blessés et des malades, ainsi qu'à l'administration des formations et établissements sanitaires, les aumôniers attachés aux armées, seront respectés et protégés en toute circonstance ; s'ils tombent entre les mains de l'ennemi, ils ne seront pas traités comme prisonniers de guerre.

 

Article 12 : Les personnes désignées dans les articles 9, 10 et 11 continueront, après qu'elles seront tombées au pouvoir de l'ennemi, à remplir leurs fonctions sous sa direction. Lorsque leur concours ne sera plus indispensable, elles seront renvoyées à leur armée ou à leurs pays dans les délais et suivant l'itinéraire compatibles avec les nécessités militaires.

 

L’aumônier Henry est rapatrié en France le 30 août 1914.

 

Après bien des déboires, il retrouve ses anciennes fonctions au sein de la 43e D.I. qui combat dans le secteur de Souain, un petit village de la Marne.

 

En octobre 1914, la division participe à la 1ère bataille d’Artois. Le mois suivant, elle est en Belgique, d’abord au sud de Wytschaete, puis au sud de Saint-Éloi et pour finir au sud de Broodseinde.

 

De retour en France à la fin de l’année 1914, elle s’installe en Artois pour occuper des tranchées vers Ablain-Saint-Nazaire et Notre-Dame-de-Lorette.

 

La division reste dans le Pas-de-Calais pendant plus d’un an. Les pertes y sont considérables.

 

Pierre Henry se dépense sans compter. Il accompagne et réconforte les blessés tout en leur apportant un soutien moral et spirituel. Lorsque la division est au repos, il célèbre les offices religieux. L’abbé Henry procède également au ramassage et à l’enterrement des morts. Il est aussi chargé de l’organisation et de l’entretien des cimetières.

 

La 43e D.I. est engagée  à Verdun et dans la Somme en 1916.

 

La photographie suivante a été réalisée au cimetière du Casino. Ce lieu de sépultures se trouve à proximité des localités d’Estrées et de Deniécourt dans le département de la Somme. 

 

L'abbé Henry au cimetière du Casino dans la Somme

 

En 1917, la division occupe plusieurs secteurs au chemin des Dames. Le 27 juin 1917, Pierre Henry est blessé au pied droit par un éclat d’obus en se rendant, sous un violent tir d’artillerie, au poste de secours du groupe. Sa blessure ne nécessite pas une évacuation vers l’arrière.

 

Sa fonction d’aumônier divisionnaire lui pèse de plus en plus. Il aimerait bien être au plus près de la ligne de front, mais pour cela, il lui faudrait être nommé aumônier régimentaire.

 

L’occasion finit par se présenter. Une place est devenue vacante au 149e R.I suite au décès de l’aumônier Stanislas Galloudec, tué  le 23 octobre 1917 au cours de  la bataille de la Malmaison.

 

Pierre Henry rejoint le régiment spinalien le 5 février 1918. À cette époque, le 149e R.I. se trouve dans les Vosges, installé à la Cude et au Violu, dans un secteur plutôt calme. Ses vœux ont été exaucés, l’aumônier peut maintenant accompagner un régiment dans tous les coups durs, au plus près de la 1ère ligne.

 

En mai 1918, le régiment prend part à la 3e bataille de l’Aisne.

 

En septembre, il participe à la bataille de Somme-Py où les combats se poursuivent durant trois jours, Pierre Henry est encore aux premières loges.

 

La fin du conflit approche. L’armistice est signé le 11 novembre. Pendant ces quatre années de guerre, l’abbé Henry a consacré sa vie à porter secours aux blessés, à donner assistance aux mourants, à rechercher les cadavres des soldats en prenant d’énormes risques. Il est démobilisé 20 décembre 1918.

 

L’homme retrouve sa vie d’ecclésiastique comme professeur de morale jusqu’au 24 septembre 1922, date à laquelle il reprend le chemin de la paroisse de Saint-Jean-Baptiste en tant que curé-archiprêtre. Nommé chanoine titulaire, il fait ses adieux à cette paroisse le 21 septembre 1930.

 

Il clôture sa carrière pastorale en devenant chancelier de l’évêché en 1932. Cette fonction est mieux adaptée à son état de santé très affaibli par les années de guerre.

 

Il meurt à Langres le 28 août 1941 après une longue anémie consécutive à une intoxication au gaz de ville, un paradoxe pour lui qui avait échappé plusieurs fois aux gaz mortels durant le conflit. Il repose au cimetière du Pailly.

 

Decorations de l'abbe Henry

 

L’aumônier Pierre Henry a obtenu les citations suivantes.

 

Citation à l’ordre n° 118 de la 43e division en date du 8 avril 1916 :

 

«  A accompagné le médecin auxiliaire du bataillon dans toutes ses recherches, prodiguant ses soins auprès des blessés en toutes circonstances, avec le plus grand des mépris du danger. »

 

Citation à l’ordre n° 248 de la 43e division en date du 30 août 1917 :

 

« Modèle de courage et de fermeté, joignant une grande bonté à une extrême énergie. A été blessé le 27 juin 1917, en se rendant, sous un violent tir d’artillerie, au P.S. du groupe. »

 

Citation à l’ordre de l’armée en date du 15 juillet 1918 (J.O. du 12 décembre 1918) :

 

« D’un courage et d’un dévouement sans bornes, n’a cessé pendant sept jours de combat ininterrompu de parcourir les premières lignes, prodiguant ses soins aux blessés et apportant aux combattants le réconfort de sa présence sous les bombardements les plus violents et jusque sous les balles des mitrailleuses. »

 

Cité à l’ordre n° 232 du 21e C.A. en date du 4 novembre 1918 :

 

« Aumônier d’un dévouement et d’un zèle au-dessus de tout éloge. Exerce les devoirs de son ministère dans les circonstances les plus critiques du combat avec un courage particulier, un calme et un sang-froid admirables. Pendant les rudes combats du 26 septembre au 5 octobre 1918, a forcé l’admiration de tous, chefs et soldats, en se portant jusqu’aux premières lignes, malgré les bombardements les plus violents, pour prodiguer ses soins et réconforter les blessés et les mourants. »

 

Cité à l’ordre du régiment le 23 décembre 1918 :

 

« Aumônier d’une bravoure incomparable et d’un sang-froid superbe, a continué à montrer pendant les durs combats de Banogne, en octobre 1918, les plus beaux sentiments de courage et de dévouement dont il avait fait preuve depuis 1914. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur le 19 avril 1919.

 

Pour consulter la généalogie de l’abbé Henri, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

 

Geneanet

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Livre d’or « La preuve du sang, livre d’or du clergé et des congrégations, 1914-1922 » paru aux Éditions de la Bonne Presse en 1925.

 

La majorité des informations concernant la vie de l’abbé Henry ont été fournies par J.L. Poisot.

 

La photographie de l’aumônier Pierre Henry qui accompagne le montage présentant ses décorations a été réalisée par Raymond Bonnefous en septembre 1915. Elle provient de la collection personnelle de Nathalie Bauer.

 

La photographie du deuxième montage provient du fonds Gérard qui fait partie de la collection personnelle de D. Delavois.

 

La carte utilisée sur ce montage provient du J.M.O. du 112e R.I.T.. Elle peut se consulter sur le site « Mémoire des Hommes ». Référence du J.M.O. du 112e R.I.T. : 26 N 796/15.

 

Tous les autres clichés proviennent du fonds Henry, propriété de J.L. Poisot.

 

À lire également : « Des garçons d’avenir » roman écrit par Nathalie Bauer, aux Éditions Philippe Rey. Août 2011.

 

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à S. Agosto, à J.C. Auriol, à É. Mansuy, à J.L. Poisot et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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