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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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7 décembre 2018

Eugène Maurice Bénard (1896-1918)

Eugene_Maurice_Benard

 

Originaire de l'ancien département de la Seine-Inférieure, actuellement nommé Seine-Maritime, Eugène Maurice Bénard voit le jour le 30 décembre 1896. Ses parents, mariés à Mélamare, vivent depuis quelques années à Saint-Nicolas-de-la-Taille, une commune avoisinante. Son père, Séverin Édouard, ouvrier potier, est âgé de 38 ans. Sa mère, Palmire Eugénie Renault, journalière, est âgée de 34 ans. Ce jour-là, elle donne naissance à deux enfants. Le jumeau est prénommé Paul André.

 

Eugène Maurice quitte l’école communale en sachant lire et écrire. Embauché dans une usine de la région, il y travaille comme simple ouvrier. 

 

Trop jeune au moment de la déclaration de guerre contre l’Allemagne, il n’est pas concerné par la mobilisation générale, n'étant ni réserviste ni sous l’uniforme.

 

Son frère ainé, Séverin Auguste est tué au bois de la Gruerie en janvier 1915. Le père, qui ne se remet pas de la mort de son fils, décède en septembre. Cette même année, les jumeaux se présentent devant le conseil de révision chargé d'examiner les hommes du canton de Lillebonne. Ces deux frères étant fragilisés par des problèmes de santé, le conseil les classe tous deux dans la cinquième partie de la liste. Ils sont ajournés, en attendant un nouvel examen médical. Eugène Maurice bénéficie de plusieurs mois supplémentaires de vie civile avant d'être déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision chargé d'examiner la classe 1917.

 

Paul André Bénard est incorporé beaucoup plus tard, au 24e R.I., en avril 1918.

 

Le 10 août 1916, Eugène Maurice Bénard intègre, avec les jeunes de la classe 1917, une compagnie du dépôt du 28e R.I. pour être formé au maniement des armes et instruit des rudiments de la vie et de discipline militaire. Après avoir assimilé les premiers apprentissages militaires, il est envoyé dans la zone des armées. Nous ne saurons ni où, ni quand. Sa fiche signalétique et des services, lacunaire sur cette période, reste muette sur le sujet, comme presque toujours dans le cas d’un soldat qui n’est pas revenu. Ce document nous permet simplement d’apprendre qu’il a été envoyé au 149e R.I. le 19 novembre 1917.

 

Cependant, une observation minutieuse de son portrait permet d’en savoir davantage sur son parcours de soldat. Nous pouvons lire le numéro 228 sur l'encolure de sa veste.

 

En consultant le J.M.O. de cette unité, nous apprenons que la date de dissolution de ce régiment précède seulement de neuf jours son arrivée à la 6e compagnie du 149e R.I.. Cette information augmente fortement la probabilité de son appartenance au régiment de réserve du 28e R.I..

 

Le soldat Bénard rejoint sa nouvelle unité qui, depuis le 1er novembre 1917, est au repos dans des cantonnements situés à l’ouest de Montmirail. Le 149e R.I. se remet doucement de l’attaque de la Malmaison qui a eu lieu le 23 octobre.

 

Au début du mois de décembre, les trois bataillons du régiment partent s’installer dans la région d’Hérimoncourt, près de Montbéliard, pour y effectuer des travaux de deuxième ligne.

 

Herimoncourt

 

À la mi-janvier 1918, Eugène Maurice Bénard est envoyé dans les Vosges. Sa compagnie occupe un secteur proche du Violu, une zone de combat relativement calme à cette période du conflit.

 

Pour en savoir plus sur ces périodes, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Le_Violu

 

Le régiment quitte cette zone à la mi-avril pour reprendre l'instruction près de Royalieu, situé au nord-ouest de la forêt de Compiègne.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

À la fin du mois de mai 1918, le régiment d’Eugène Maurice Bénard est déployé en urgence avec les autres unités de la 43e D.I. du côté d’Arcy-Sainte-Restitue, une commune située dans l’Aisne. Les éléments de plusieurs divisions tentent d’enrayer une vaste offensive allemande qui pourrait vite tourner au désastre pour l’armée française. Le soldat Bénard ne survit pas à cette attaque. Le 28 mai, un éclat d’obus lui fracture une jambe, causant vraisemblablement une hémorragie mortelle.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Son passage au 149e R.I. n’aura duré que quelques mois.  Il meurt à l’âge de 22 ans.

 

Le journal officiel du 4 septembre 1920 nous apprend que le soldat Bénard a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume.

 

« Soldat dévoué et courageux. Est tombé glorieusement frappé à mort, le 28 mai 1918, devant Branges ».

 

Cette citation lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Mélamare. Eugène Maurice Bénard ne possède pas de sépulture militaire individuelle. Il ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Son jumeau qui a survécu à la Grande Guerre, se marie en 1920 à Mélamare.

 

Sources :

 

Historique du 149e R.I. Imprimerie Klein Épinal 1919.

 

J.M.O. du 228e R.I.  ref : 26 N 721/10

 

Fiches signalétiques et des services et actes de naissance des jumeaux Bénard consultés sur le site des archives départementales de la Seine-Maritime.

 

Le portrait de Maurice Eugène Bénard a été trouvé sur le site  « MémorialGenWeb »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à D. Conseil et aux archives départementales de la Seine-Maritime. 

Commentaires
C
Très belle surprise que de découvrir hier (et tout à fait par hasard) la biographie que vous avez réalisée concernant Eugène BENARD, grand-oncle de mon épouse, soldat au 149e R. I. mort pour la France.<br /> <br /> Merci infiniment de votre réactivité suite à mes remarques qui ont permis d'en améliorer certains points et de compléter "la petite histoire" familiale.<br /> <br /> Le montage photo que vous avez réalisé est particulièrement réussi, je vais sauvegarder tout cela dans mes archives ! <br /> <br /> <br /> <br /> Il faut encore que je vous dise que l'identification visuelle des trois frères BENARD a été réalisée en urgence pour l'édition d'un livre dans lequel ils ont bien failli ne pas figurer. En effet, ayant appris l'édition prochaine d'un livre sur les "poilus" ayant, à un moment ou un autre, résidé à Saint-Nicolas-de-la-Taille, j'ai pris contact avec les auteurs en mars 2017. De nombreux échanges ont permis d'intégrer mes trois poilus (tous nés à Saint-Nicolas) avant la mise sous presse et avec des photos que j'ai scannées en haute résolution et rapidement restaurées. C'est ainsi que j'ai pu vérifier la cohérence des numéros lisibles sur l'encolure des vestes avec les fiches matricule dont je disposais. C'est à cette époque également que j'ai ajouté les photos d'Eugène et de Séverin sur le site MémorialGenWeb et que j'ai complété leurs fiches initialement issues du relevé du monument aux morts de Mélamare.<br /> <br /> Le livre a pour titre "Les scolatissiens dans la tourmente de 14-18", Liliane BENOIST et Jean DESBORDES, imprimerie La Petite Presse au Havre, il est sorti en juillet 2017. Inutile de vous dire que nous l'avons largement diffusé aux descendants !<br /> <br /> Votre biographie m'a conforté dans l'analyse que j'avais faite à l'époque sur le parcours d'Eugène, 28e et/ou 228e puis 149e ainsi que sur la situation de proximité de ces deux derniers régiments au moment du passage d'Eugène de l'un à l'autre. A ce niveau, votre site m'avait beaucoup apporté en l'absence des JMO du 149e et m'a permis de réaliser, pour la famille, un document des plus intéressants.<br /> <br /> Alors, encore une fois, merci pour cet impressionnant travail de mémoire sur le 149e, merci pour Eugène et pour sa famille !<br /> <br /> Daniel CONSEIL
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