9 mai 1915 (suite). Le ciel du pauvre biffin n'est jamais bleu...
L’offensive se déclenche…
Le ciel est clair, peu avant 10 h 00, débute l’attaque que doivent mener les 1ère et 3e compagnies. Franchissant le parapet, elles sortent des tranchées des bois 7 et 8. Cette attaque est soutenue par les 2e et 4e compagnies qui sont en arrière. Les éléments proches du 149e R.I. qui appartiennent à la 13e D.I. ne parviennent pas à progresser en même temps qu’elles. Ces compagnies ont été prises d’enfilade par un barrage d’artillerie très violent et par le feu d’une section de mitrailleuses allemandes qui sont installées à la borne nord-est du bois. La progression se retrouve enrayée un moment de ce côté.
Vers la gauche, le 3e bataillon sort en même temps de la parallèle 5-7 du bois 5 et se porte à l’attaque du chemin des Vaches, de la haie IV et de la sape en Y. Il l’occupe, d’un seul bond malgré le feu terrible d’artillerie lourde allemande. L’artillerie française tarde un peu à allonger son tir. Les éléments de la 13e D.I. font une avancée nouvelle…
10 H 30 : Le 1er bataillon subit de fortes pertes. Le capitaine Prunier, le sous-lieutenant Letourney, l’adjudant de bataillon Gabarre sont blessés. La compagnie de droite du 2e bataillon (5e compagnie) est poussée jusqu’au chemin des Vaches pour appuyer le 1er bataillon.
10 H 45 : Sous la poussée de cette compagnie et probablement en raison des quelques progrès de la 13e D.I., cette droite parvient à atteindre la sape I et la parallèle nord, pendant que les compagnies du centre remontent la haie II et le boyau partant de la haie G.
Le 3e bataillon quant à lui, progresse dans la haie 3 et les sapes T2 et T3.
11 h 20 : Toute la ligne d’attaque occupe l’ancienne 1ère ligne allemande. Elle va du point V à la sape T3. Le 3e bataillon en arrivant à l’angle formé par la sape T3 et cette ancienne 1ère ligne allemande est pris d’enfilade par un barrage d’artillerie lourde et par une section de mitrailleuses placée vers le point h2. En quelques minutes, le capitaine Panchaud qui commande le 3e bataillon, son adjudant de bataillon et un certain nombre de sous-officiers et d’hommes de troupe de la compagnie de gauche sont fauchés. Un ordre est donné au peloton de réserve du bois 6 de se porter à la lisière est du bois 5 pour renforcer le 3e bataillon. Des renforts allemands importants sont signalés au bois Carré.
12 h 30 : Arrivée du sous-lieutenant Jauffret du 3e bataillon qui rend compte de la mort du capitaine Gruneissen. Il signale également la blessure du lieutenant Wichard. Il fait savoir l’état des pertes qui sont considérables. Le bataillon est pris d’enfilade à la sape T3 par les Allemands du bois 10 et de la tranchée intermédiaire h1 h2.
12 h 45 : Le capitaine Gérardin de la compagnie de mitrailleuses doit prendre le commandement de ce bataillon. Il doit remettre de l’ordre dans les unités et organiser solidement les tranchées conquises.
13 h 20 : Un reçu provenant du commandant du 1er bataillon fait avis que l’ancienne tranchée de 1ère ligne allemande est tenue solidement. Il fait savoir qu’il est en liaison avec des sections du 21e B.C.P. vers la parallèle Bruckert. Mais il n’a aucune autre nouvelle de la 13e D.I. et il n’est pas fixé sur ce qui se passe sur sa droite.
13 h 40 : Le commandant Bichat rend compte par téléphone qu’il est en liaison à sa droite avec 1 ½ du 21e B.C.P. mais que ceux-ci n’ont pas encore retrouvé la liaison avec la 13e D.I.. Il y a donc un trou sérieux à notre droite.
14 h 05 : Le commandant du 1er bataillon rend compte que les fractions qui avaient pu descendre dans le fond de Buval n’ont pu s’y maintenir, qu’il ne peut pour le moment que se fortifier dans les tranchées conquises. Le terrain est complètement bouleversé et les tranchées sont à refaire.
15 H 05 : Les Allemands tiennent encore T1 et T3.
15 h 30 : Le 149e R.I. stoppe son avance et s’organise sur sa position avant de se lancer dans une 2e attaque.
19 h 00 : La 2e phase de l’opération est reportée.
22 h 00 : La division transmet l’ordre aux unités engagées de s’organiser solidement sur les positions conquises.
Les pertes pour cette journée sont de 111 tués au combat et de décédés des suites de leurs blessures, de 277 blessés et de 3 disparus.
Tableau des tués pour la journée du 9 mai 1915
Tableau des blessés et des disparus pour la journée du 9 mai 1915
Graphiques et brefs commentaires.
La compagnie hors rang (C.H.R.), les compagnies de mitrailleuses (C.M.) et le 2e bataillon (symbolisé par la couleur verte) ne sont pas vraiment exposés, il y a peu de tués et de blessés. Il n’en est pas de même pour le 1er bataillon (couleur rouge) et le 3e bataillon (couleur bleue) qui lancent l’attaque du 9 mai 1915. Les pertes les plus importantes sont au 1er bataillon.
Références bibliographiques :
Les archives du S.H.D. ont été consultées, ainsi que le J.M.O. de la 85e brigade, série 26 N 520/10.
Historique du régiment « 149e Régiment d’infanterie » Epinal. Imprimerie Klein, 1919.
Pour en savoir plus :
« Les combats de Lorette » du Capitaine J.Joubert. Éditions Payot. Paris, 1939.
« Lorette. Une bataille de 12 mois » d’Henri René. Éditions Perrin et Cie. Paris, 1919.
Un très grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à V. Le Calvez, à T. Cornet, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».