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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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13 mai 2022

Gédéon Charles Noël Saléry (1887-1916)

Gedeon Charles Noel Savery

 

Gédéon Charles Noël Saléry est né le 25 décembre 1887 à Metgès, un petit hameau rattaché à la commune de Sumène, dans le département du Gard.

 

Son père, Eugène, âgé de 37 ans, exploite des terres agricoles. Sa mère, Marie Valérie Toureille, âgée de 31 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Deux filles sont déjà nées de cette union. Un quatrième enfant naîtra en 1891.

 

Genealogie famille Salery

 

La fiche signalétique et des services de Gédéon Saléry indique un degré d’instruction de niveau 3. L’adolescent sait lire, écrire et compter lorsqu’il laisse son pupitre d’écolier derrière lui.

 

Sumene

 

Après sa période de scolarité obligatoire, Gédéon travaille sur les terres familiales en tant que cultivateur. Le registre de recensement de la commune de Sumène de l’année 1906 confirme sa présence au domicile parental en tant que travailleur de la terre.

 

Inscrit sous le n° 49 de la liste de la classe 1908, Gédéon Saléry est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision réuni à la mairie de Sumène.

 

Début octobre 1908, le jeune homme quitte la vallée de Recodier pour effectuer son temps de conscription au 55e R.I., un régiment qui tient garnison à Pont-Saint-Esprit et à Aix.

 

L’année suivante, Gédéon est nommé soldat de 1ère classe. Le 1er octobre 1910, il passe dans la réserve de l’armée active après avoir obtenu son certificat de bonne conduite.

 

Le 24 avril 1912, Gédéon Saléry épouse Julia Augusta Marie Antoinette Sauzet à Saint-Roman-de-Codières.

 

Il effectue sa 1ère période d’exercice dans son ancien régiment entre le 25 août et le 17 septembre 1912.

 

Rappelé à l’activité militaire à la déclaration de la guerre, il réintègre le 55e R.I. le 3 août 1914.

 

Les informations fournies par sa fiche signalétique et des services ne permettent pas de reconstruire son parcours militaire au sein de ce régiment. Il est simplement indiqué une affectation au 149e R.I. à la date du 18 mars 1916.

 

Le soldat Saléry a peut-être  été envoyé, avec un groupe de renfort, du  dépôt du 55e R.I. au 149e R.I., pour combler les pertes de ce régiment liées à la bataille de Verdun.

 

Hélas, les citations et les blessures éventuelles reçues par ce soldat n’ont pas été inscrites sur son registre matricule ;  nous resterons donc dans l’incertitude.

 

Arrivé dans la Meuse, le soldat Saléry est affecté à la 10e compagnie du 149e R.I..

 

Le 4 septembre 1916, Gédéon Saléry est tué au cours d’une attaque visant la reprise du village de Soyécourt, dans le département de la Somme.

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Photo aerienne Soyecourt

 

Le soldat Saléry a été enregistré au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume en 1922 (J.O. du 11 août).

 

« Brave soldat, tombé glorieusement pour la France le 4 septembre 1916 en accomplissant son devoir à l’attaque du village fortifié de Soyécourt. »

 

Cette inscription lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de la commune de Surème et sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Saint-Roman-de-Codières.

 

La descendance et le lieu de sépulture du soldat Saléry n’ont pas été retrouvés. Une plaque « in memoriam » a été déposée sur la tombe familiale au cimetière de Sumène.

 

Sources :

 

Les actes d’état civil concernant la famille Saléry, la fiche signalétique et des services du soldat Gédéon Saléry et les registres de recensement de la commune de Sumène correspondant aux années 1896, 1901 et 1906 ont été consultés sur le site des archives départementales du Gard.

 

Le portrait du soldat Saléry a été trouvé sur le site « MémorialGenWeb »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et aux archives départementales du Gard.

29 avril 2022

Camille Albert Poirot (1889-1916)

Camille Albert Poirot

 

Camille Poirot naît le 25 juin 1889, à Basse-sur-le-Rupt, dans le département des Vosges.

 

Son père, Jean, âgé de 44 ans, est absent du domicile le jour de sa naissance. Sa mère, Marie Antoinette Aubert, est âgée de 40 ans lorsqu'elle accouche. Les parents exercent le métier de tisserand.

 

Camille est le dernier-né d’une fratrie composée de 5 garçons et de 7 filles. Une de ses sœurs est mort-née. Une autre est décédée prématurément.

 

Camille Poirot sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Le niveau scolaire de niveau 3 est confirmé par sa fiche matricule.

 

Futur soldat de la classe 1910, il est inscrit sous le n° 108 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision de Saulxures-sur-Moselotte. Camille peut bénéficier d’une dispense familiale qui retarde momentanément son départ pour la caserne.

 

Une petite notice avec portrait trouvée dans un livre d’or nous apprend qu’il a travaillé à la blanchisserie et teinturerie de Thaon-les-Vosges durant plus de cinq ans.

 

Le 7 avril 1913, Camille Poirot épouse Marie Euphémie Fay à Thaon-les-Vosges. La descendance de ce couple n’est pas connue.

 

L’absence d’informations sur la fiche matricule de ce jeune vosgien empêche toute reconstruction de son parcours de conscrit et de mobilisé. Seule l’indication « service auxiliaire » est mentionnée sur le document.

 

De nombreuses questions restent donc en suspens. À partir de quelle date Camille Poirot a-t-il effectué ses obligations militaires ? Étant affecté au service auxiliaire, a-t-il seulement été appelé à faire son service actif ? Dans ce cas, était-il au 149e R.I. durant sa période de conscription ?

 

Au moment de la mobilisation générale, en août 1914, il est très probablement resté dans un dépôt en attendant la révision de son statut de service auxiliaire qui sera modifié en « bon pour le service armé ».

 

A-t-il suivi alors une instruction de fantassin ? Quand est-il parti en renfort ? Le soldat Poirot a-t-il été blessé au cours d’un combat ? A-t-il été évacué vers l’arrière pour une hospitalisation ? Il est impossible de répondre avec certitude à toutes ces questions sans tomber dans l’arbitraire.

 

Nous pouvons simplement dire que ce soldat servait comme clairon à la 9e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il a été tué le 4 septembre 1916.

 

Ce jour-là, son régiment est engagé dans le département de la Somme. Cette unité avait l’ordre de reprendre le village de Soyécourt.

 

Mortellement blessé par des éclats de grenade au cours de l’attaque, Camille Poirot décède à l’âge de 27 ans,à proximité de la ferme sans nom.    

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le plan suivant.

 

Secteur du 149e R

 

Camille Poirot est enregistré au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume en 1920 (J.O. du 28 décembre).

 

« Excellent soldat, ayant toujours fait preuve des plus belles qualités.Tombé glorieusement pour la France le 4 septembre 1916 à Soyécourt. »

 

Cette inscription lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Decorations Albert Camille Poirot

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

 

Pour avoir accès à la généalogie de la famille Poirot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du soldat Poirot ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

« Livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. »  Imprimerie Berger-Levrault, Nancy-Paris-Strasbourg.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, et aux archives départementales des Vosges.

15 avril 2022

Louis Roche (1883-1914).

Louis Roche

Louis Roche est né le 17 mai 1883, dans la petite commune de Gleizé située au cœur du Beaujolais, dans le département du Rhône.

Son père, François, travaille comme journalier. Il est âgé de 39 ans. Sa mère, Marie Champagnon, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle a 29 ans lorsqu’elle donne la vie à son 3e fils.

Marie et François se sont mariés en juin 1879. Pour le père, ce sont des secondes noces. Sa 1ère épouse, Marie Augustine Virginie Collin, est décédée en 1873, quelques jours après avoir accouché. François Roche a perdu tous les enfants nés de ce mariage (une fille et de deux garçons).

La famille Roche s’est installée à Chervinges,une ancienne commune rattachée à Gleizé depuis 1809.

Huit enfants naissent de cette nouvelle union. Trois d’entre eux ne survivront pas à leur 1er anniversaire. Louis est le 3e de la fratrie.

La fiche matricule de Louis Roche indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire,écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale.

Sa mère meurt lorsqu’il a 13 ans.

Tout comme son père et son frère Jean, Louis part travailler dans le milieu viticole après sa période de scolarité obligatoire.

En 1901, il est employé comme ouvrier agricole par le vigneron Claude Large au lieu-dit Chervinges.

À l’approche de sa majorité, Louis doit se présenter devant le conseil de révision qui le déclare « bon pour le service armé ». Il est cependant classé dans la 2e partie de la liste du recrutement cantonal. Louis vient de bénéficier d’une dispense pour raison familiale. Son frère Jean étant encore sous les drapeaux, ses obligations militaires ont été repoussées pour une durée d’un an.

Louis quitte sa commune natale pour effectuer son temps de conscription à compter du 14 novembre 1904. Il a été affecté au 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

Sa période passée sous les drapeaux est assez brève. Louis Roche est envoyé dans la disponibilité le 23 septembre 1905.

Bon soldat, il obtient son certificat de bonne conduite sans aucune difficulté. Louis quitte la caserne Courcy sans être devenu caporal.

L’année suivante, il travaille chez le vigneron Étienne Remuet. Louis est employé comme viticulteur au lieu-dit Machon-Noilly.

Le 1er octobre 1907, il passe dans la réserve de l’armée active.

Louis Roche effectue sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. entre le 25 octobre et le 23 novembre 1908.

En 1911, il est salarié chez le maître de vins Claude Gandoger. Louis vit maintenant à Arnas, une petite commune située au nord-est de Gleizé.

Le jeune homme retourne à la caserne Courcy du 4 au 20 décembre 1913 pour accomplir sa 2e période d’exercice.

Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. Louis Roche est rappelé à l’activité militaire par décret du 1er août. Trois jours plus tard, il retrouve la caserne Courcy.

Le magasin d’habillement lui fournit un uniforme portant  le n° 349. Louis vient d’être affecté à la 31e compagnie du régiment de réserve en même temps que son frère Jean.

La caserne Courcy est bien trop petite pour accueillir la totalité des réservistes. Dès le lendemain, le 349e R.I. est envoyé à la caserne Haxo. Le régiment de réserve est mis à l’entraînement et à l’instruction jusqu’au 11 août 1914. Les frères Roche ne partiront pas avec cette unité lorsqu’il sera l’heure du départ pour la ligne de front.

Si la date exacte de leur arrivée en 1ère ligne n’est pas notée sur leurs fiches signalétiques et des services, une autre source, trouvée sur le site du Comité international de la Croix Rouge, permet la reconstruction du parcours combattant de ces deux hommes.

Louis Roche a probablement quitté le dépôt de son régiment le 23 août 1914. Ce jour-là, un renfort de 250 hommes fourni par le 349e R.I. quitte la ville d’Épinal pour rejoindre le 149e R.I. dans la zone des combats. Son frère Jean fait également partie de ce groupe.

Dès leur arrivée, les deux hommes sont affectés à la 7e compagnie, sous les ordres du capitaine Coussaud de Massignac.

Le 149e R.I. est rapidement engagé dans le secteur du petit village de Souain, situé au nord de Suippes, dans le département de la Marne. Les combats sont violents, les attaques et les contre-attaques nombreuses. Le village est pris, perdu et repris à plusieurs occasions. Louis ne survit pas à ces évènements. Son nom, tout comme celui de son frère, est inscrit sur la liste des disparus de l’état des pertes du 149e R.I. à la date du 14 septembre 1914.

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Souain septembre 1914

Sans nouvelles, sa sœur Amélie entreprend une recherche auprès du Comité International de la Croix  Rouge. Tout comme pour son frère Jean, elle ne semble pas connaître le numéro du régiment dans lequel servait Louis.

Fiches C

L’acte de décès du soldat Roche est officialisé le 28 avril 1920. Une décision prise par le tribunal de Villefranche valide la date de sa mort au 14 septembre 1914.

Louis Roche a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaireà titre posthume (J.O. du 10 mai 1922) :

« Soldat brave et dévoué. Est mort au champ d’honneur le 14 septembre 1914 à Souain en faisant vaillamment son devoir. »

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Decorations Louis Roche

Son nom et celui de son frère Jean ont été inscrits sur le monument aux morts de commune de Gleizé et d’Arnas ainsi que sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Gleizé.

Deux plaques émaillées avec portraits ont été fixées sur une tombe familiale du cimetière de Gleizé. Il est difficile de dire si les corps de ces deux soldats, longtemps considérés comme disparus, reposent actuellement dans cette sépulture.

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Roche, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet - Copie

Louis Roche ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.    

Pour prendre connaissance de la biographie de son frère Jean, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Jean Oscar Roche

Sources :

La fiche signalétique et des services de Louis Roche, les registres d’état civil, les registres de recensement des années 1901, 1906 et 1911 de la commune de Gleizé et le registre de l’année 1911 de la commune d’Arnas ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

J.M.O. du 349e R.I.. S.H.D. de Vincennes : Réf : 26 N 758/9

Un grand merci à M. Bordes, à C. Roche Gaget à A. Carrobi, et aux archives départementales du Rhône. 

1 avril 2022

Jean Oscar Roche (1881-1914).

Jean Oscar Roche

Jean Oscar Roche voit le jour le 2 octobre 1881, dans la petite commune de Gleizé située au cœur du Beaujolais, dans le département du Rhône.

Son père, François, est un journalier âgé de 37 ans. Sa mère, Marie Champagnon, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle a 27 ans à la naissance de son fils.

Les parents de Jean se sont mariés en juin 1879. Ce sont des secondes noces pour le père. Sa 1ère épouse, Marie Augustine Virginie Collin, est décédée en 1873, quelques jours après avoir accouché. François Roche a perdu tous les enfants nés de ce mariage (une fille et de deux garçons).

Huit enfants naissent de cette nouvelle union. Trois d’entre eux ne fêteront pas leur 1er anniversaire.

La fiche matricule de Jean Roche indique un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise les bases de l’écriture, de la lecture et du calcul.

L‘adolescent a tout juste 15 ans lorsqu’il perd sa mère en 1896.

Cinq ans plus tard, Jean travaille comme ouvrier agricole chez Claude Desnoyer, vigneron, au lieu-dit Saint-Fonds.

À l’approche de sa majorité, il se présente devant le conseil de révision. Jean est ajourné pour faiblesse en 1902, avec obligation de se représenter l’année suivante. Cette fois-ci, il sera déclaré « bon pour le service armé».

Jean Roche délaisse les vignes pour effectuer son temps de conscription à Belfort. Le 15 novembre 1903, il intègre les effectifs d’une compagnie du 35e R.I..

Il ne fait que deux ans sous les drapeaux, au lieu des trois imposés par son tirage au sort. À l'issue des manœuvres d'automne, le jeune conscrit termine sa formation militaire le 23 septembre 1905.

Il est envoyé dans la disponibilité après avoir obtenu son certificat de bonne conduite. Jean quitte la caserne Friederich sans avoir pris du galon.

Le soldat Roche passe dans la réserve de l’armée active à compter du 1er novembre.

De retour à la vie civile, il est employé par le vigneron Claude Remuet, en tant que viticulteur et domestique, au lieu-dit Machon-Noilly.

Rattaché militairement à la réserve du 149e R.I.., il effectue, à Épinal, une 1ère période d’exercice entre le 5 et le 29 octobre 1909.

Le 4 janvier 1910, Jean Roche épouse Antoinette Bibet à Villefranche. Une fille, prénommée Marcelle Françoise naît de cette union l’année suivante. Elle sera l’unique enfant du couple. Entretemps, Jean est devenu son propre patron. Il travaille comme métayer vigneron au lieu-dit Chervinges.

Il doit de nouveau porter l’uniforme du 1er au 17 décembre 1911 pour accomplir sa 2e période d’exercice.

Une guerre contre l’Allemagne est sur le point de débuter en été 1914. Jean Roche est rappelé à l’activité militaire par décret du 1er août. Trois jours plus tard, il retrouve la caserne Courcy.

Son statut de « vieux réserviste » entraîne son affectation à la 31e compagnie du 349e R.I..  Son frère, Louis, est versé dans la même compagnie.

Le dépôt est bien trop petit pour accueillir l’ensemble des hommes mobilisés. Dès le lendemain, le 349e R.I. part s’installer dans les bâtiments de la caserne Haxo.

Le régiment de réserve spinalien est mis à l’entraînement et à l’instruction jusqu’au 11 août 1914. Les frères Roche ne partiront pas avec cette unité lorsqu’il sera l’heure de rejoindre la ligne de front.

Si la date exacte de leur arrivée en 1ère ligne n’est pas indiquée sur leurs fiches matricules, une autre source, trouvée sur le site du Comité international de la Croix Rouge, permet la reconstruction du parcours combattant de ces deux hommes.

Jean Roche a probablement quitté le dépôt de son régiment le 23 août 1914. Ce jour-là, un renfort de 250 hommes du 349e R.I. quitte la ville d’Épinal pour rejoindre le 149e R.I. dans la zone des combats.

Son frère Louis fait également partie du voyage. Dès leur arrivée, les deux hommes sont affectés à la 7e compagnie sous les ordres du capitaine Coussaud de Massignac.

Le 149e R.I.est rapidement engagé dans le secteur du petit village de Souain, situé au nord de Suippes, dans le département de la Marne. Les attaques sont violentes, le village est pris, perdu et repris à plusieurs occasions. Jean ne survit pas à ces combats. Son nom et celui de son frère sont inscrits sur la liste des disparus de l’état des pertes du 149e R.I. à la date du 14 septembre 1914.

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Souain septembre 1914

Sa sœur Amélie, très inquiète de ne pas recevoir de nouvelles, entreprend une recherche auprès du Comité International de la Croix Rouge. Elle ne semble pas connaître le numéro du régiment dans lequel se trouve son frère.

Fiche C

L’acte de décès du soldat Roche est officialisé le 28 avril 1920. Une décision prise par le tribunal de Villefranche valide la date de sa mort au 14 septembre 1914.

Decorations Jean Oscar Roche

Jean Oscar Roche a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaireà titre posthume (J.O. du 10 mai 1922) :

« Soldat brave et dévoué. Est tombé au champ d’honneur le 14 septembre 1914 à Souain en faisant vaillamment son devoir. »

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Son nom et celui de son frère Louis ont été gravés sur le monument aux morts de commune d’Arnas et de Gleizé ainsi que sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Gleizé.

Pour prendre connaissance de la biographie de son frère Louis, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Louis Roche

 Deux plaques émaillées avec portraits ont été fixées sur une tombe familiale du cimetière de Gleizé. Il est difficile de dire si les corps de ces deux soldats, longtemps considérés comme disparus, reposent actuellement dans cette sépulture.

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Roche, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet - Copie

Sources :

La fiche signalétique et des services de Jean Oscar Roche, les registres d’état civil et  les registres de recensement des années 1901, 1906 et 1911 de la commune de Gleizé ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

J.M.O. du 349e R.I.. S.H.D. de Vincennes : Réf : 26 N 758/9

Un grand merci à M. Bordes, à C. Roche Gaget à A. Carrobi, et aux archives départementales du Rhône.

18 mars 2022

René Lobjoy (1887-1971).

Rene Lobjoy

Enfance et jeunesse

René Lobjoy naît le 11 février 1887 à Asnières, dans le département de la Seine.

Ses parents, tous deux originaires de Paris, ont quitté le 9e arrondissement pour aller s’installer en banlieue, peu de temps avant sa naissance.

Sa mère, Jeanne Caroline Bezet, est âgée de 24 ans. Elle élève déjà une fille et un garçon.

Son père, Georges, âgé de 29 ans, est alors associé à un négociant de dentelles. Il aura plusieurs métiers dans différents secteurs : commerce de chaussure, banque...

La famille continue de s’agrandir avec 5 naissances supplémentaires. Les Lobjoy s’installent à Versailles en 1898, au 38 avenue de Saint-Cloud, à proximité du lycée Hoche réputé pour sa qualité d'enseignement. Leurs 6 fils y feront leurs études.

Versailles lycee Hoche

René termine sa primaire dans cet établissement public et y fait toute sa scolarité jusqu'à la terminale. Bon élève il est jugé excellent dessinateur.

Il perd sa mère à l’âge de 16 ans. Le benjamin de la fratrie n’a pas encore fêté son 5e anniversaire. Le père ne se remariera pas.

En 1914, Georges et ses plus jeunes enfants reviennent sur Paris. Ils s'installent au 201 rue de la Convention, à Paris.

Détenteur du baccalauréat, René tente et réussit, en juillet 1904, le concours d’entrée de l’école de céramique annexée à la manufacture nationale de Sèvres. Il effectue des études brillantes. Quatre ans plus tard, il obtient son diplôme d’ingénieur ainsi que la médaille d’argent des beaux-arts.

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui est une erreur. Celui-ci est en fait de niveau 5.

La conscription

René Lobjoy est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision de la subdivision de Vincennes en 1907.

Appelé sous les drapeaux le 6 octobre 1908, le jeune conscrit est incorporé au 101e R.I., un régiment qui tient garnison à Dreux, dans le département de l’Eure-et-Loir.

Caserne de Billy (101e R

Le soldat Lobjoy est admis à suivre les cours du peloton d’instruction des élèves caporaux. Il est nommé dans ce grade le 16 février 1909. Le Lebel n’a plus de secret pour lui. René Lobjoy est considéré comme étant un excellent tireur.

Son niveau de formation élevé lui permet d’assurer les fonctions de secrétaire du trésorier du régiment à partir du 30 septembre 1909. Il assume cette charge jusqu’à la fin de ses obligations militaires.

Le 25 septembre 1910, René est envoyé dans la disponibilité. Il quitte la caserne de Billy pour retourner dans sa famille à Versailles. Il est rattaché militairement au 28e R.I. d’Évreux avant d’être versé dans la réserve de cette unité.

Après les obligations militaires

René Lobjoy commence sa carrière professionnelle en Allemagne en octobre 1910. Il s’installe en Bavière pour exercer ses talents d’ingénieur dans l’atelier de décoration de la prestigieuse manufacture royale de Nymphenburg à Munich. Il est intégré dans une équipe franco-allemande.

Le jeune homme vit toujours en Allemagne lorsque l’ordre de mobilisation générale est affiché dans toutes les communes de France en août 1914.

Les premières années du conflit au 228e R.I..

Caserne Amey (28e R

Rappelé à l’activité militaire, René Lobjoy doit rejoindre le dépôt du 28e R.I., le 4 août 1914, pour revêtir l’uniforme de caporal du régiment de réserve. Il y retrouve son frère Jean arrivé la veille. Les deux hommes n’ont pas été affectés dans la même unité. Jean partira avec le 28e R.I..

Le 228e R.I. quitte Évreux le 10 août. Le caporal Lobjoy le rejoint le 3 septembre, envoyé avec un renfort. Le régiment retraite après avoir combattu en Belgique.

Le chef d’escouade Lobjoy est affecté à la 20e compagnie dès son arrivée au régiment actif. Il prend part aux combats de la Neuville près de Berry-au-Bac.

René Lobjoy est nommé sergent le 26 septembre 1914.

Sa compagnie est engagée dans la bataille d’Artois en mai et juin 1915.

En août 1915, le sergent Lobjoy est affecté au peloton des pionniers comme sous-officier bombardier. En septembre 1915, il participe à la bataille de Champagne. Cité à l’ordre du régiment, il est autorisé à porter la croix de guerre.

Le 10 octobre 1915, René Lobjoy est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire suite à une décision ministérielle (publication dans le J.O. du 25 octobre 1915).

Le chef de corps du régiment lui confie le commandement de ses pionniers bombardiers.

Le 7 janvier 1916, le lieutenant-colonel Leroux, rédige le petit texte suivant dans le relevé des notes de René Lobjoy : « Au front avec le 228e R.I. depuis le 3 septembre 1914, comme caporal, puis comme sergent. A toujours fait preuve d’intelligence, d’énergie et de courage. Nommé sous-lieutenant à titre temporaire, il commande le peloton de pionniers bombardiers du régiment et donne satisfaction.»

René Lobjoy est nommé sous-lieutenant de réserve à titre définitif par décret du 27 juillet 1916. Cette nomination prend rang à partir du 5 juillet 1916 (publication dans le J.O. du 1er août 1916).

Le sous-lieutenant Lobjoy contribue, avec ses pionniers bombardiers, à la bataille de la Somme en juillet 1916.

Il est nommé lieutenant à titre temporaire le 14 octobre 1916.

René Lobjoy effectue un stage de huit jours comme officier bombardier à la Ve armée en novembre 1916 ; puis il suit les cours concernant les engins de tranchée du 6 au 17 décembre 1916.

Le 13 décembre 1916, il est de nouveau évalué par son chef de corps. Le lieutenant-colonel Leroux écrit ceci :

« Officier dévoué, zélé, actif et payant beaucoup de sa personne dans la direction des travaux. Fera un bon officier pionnier en développant ses connaissances en fortification de campagne et en apportant plus de fermeté dans le commandement de son personnel. »

René Lobjoy participe aux opérations de poursuite en mars 1917, puis à la bataille de l’Aisne d’avril à juillet 1917. Il est cité à l’ordre de la division pour ses actions menées au cours de ces évènements.

Officier sorti du rang, ses fonctions de cadre font appel à un savoir théorique pas toujours maîtrisé. Il doit poursuivre sa formation. En octobre 1917, il fait un stage de 21 jours comme officier pionnier à la IIIe armée.

Le 10 octobre, il est nommé lieutenant à titre définitif.

Le régiment de réserve d’Évreux est dissous le 7 novembre 1917. René Lobjoy est envoyé, avec une partie du 228e R.I., au C.I.D. 43 installé à Verdelot, près de la Ferté-Gaucher.

Au 149e R.I..

Le lieutenant Lobjoy est muté au 149e R.I. le 11 novembre 1917.

Son expérience de cadre au sein du 228e R.I. entraîne son affectation à la tête du peloton des pionniers bombardiers du 149e R.I.. Le responsable de ce peloton vient d’être évacué.

Les débuts sont difficiles. Les deux tiers de ses hommes sont en permission lorsqu’il prend le commandement de sa nouvelle unité.

Le 18 novembre, il écrit à son père : « Me voici enfin définitivement arrivé au régiment où par suite de l'évacuation de mon collègue on m'a provisoirement confié le commandement de l'emploi que je remplissais au 228e. Malheureusement, pas un seul de mes hommes n'a pu me suivre. Je suis triste et dépaysé au milieu d'inconnus ; c'est pénible. »

Le lieutenant Lobjoy prend progressivement ses marques au sein du 149e R.I.. Il connaît maintenant tous ses subordonnés. Le 1er décembre, il envoie ce courrier à sa sœur : « je peux maintenant te confirmer mon affectation comme officier pionnier au 149e. J’aurai également le plaisir de voir revenir à l’état-major régimentaire notre officier téléphoniste. C’est pour moi un charmant camarade qui revient. »

René Lobjoy bénéficie d’une permission de 10 jours en décembre. Le 29, il est nommé lieutenant de réserve à titre définitif.

De nouveau envoyé en formation, il suit les cours sur l’emploi des gaz militaire entre le 15 et le 20 janvier 1918.

Le lieutenant-colonel Boigues note ceci en février 1918 : «  A repris les fonctions d’officier pionnier, par son zèle, son activité, son esprit de méthode, comme aussi par ses connaissances professionnelles, mérite amplement les bonnes notes dont il a été l’objet. »

Le lieutenant Lobjoy poursuit sa formation théorique en effectuant un stage de Flammenwerfer, au C.I.D./167, les 15 et 16 mars 1918.

Les pionniers bombardiers du 149e R

Fin mai 1918, les Allemands attaquent dans le secteur du chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et la ville de Reims. Le 149e R.I. est envoyé sur les lieux pour contenir l’offensive près d’Arcy-Restitue.

Le 30 mai, le lieutenant Lobjoy trouve le temps de rédiger une carte pour la famille :

« En pleine bagarre, les boches foncent terriblement. On a du mal à les mâter. Mais l’espoir et la confiance règnent toujours. Bons baisers pour tous. »

Arcy-Sainte Restitue

L’aumônier Henry évoque à plusieurs reprises René Lobjoy dans ses carnets.

Les deux hommes sont très proches. Fervent chrétien, le lieutenant Lobjoy occupe régulièrement les fonctions de "maître de cérémonie" pour l'organisation des messes du régiment.

Voici quelques extraits le concernant :

Vendredi 13 septembre 1918

Pogny à 8 h30

« Service solennel pour les morts du régiment. Cérémonie touchante. « En tous points réussie, a dit le colonel, grâce à la bonne volonté et au concours de tous ».

Dans le chœur au lieu du catafalque, une tombe des champs ! Idée du colonel, réalisée par Lobjoy avec un goût parfait. »

Samedi 2 novembre 1918

Cumières

« Pendant le déjeuner, le lieutenant Lobjoy a reçu une lettre lui apprenant en même temps et la maladie et la mort de son frère, lieutenant dans un C.I.D.. Épargné par la guerre, il tombe victime de la grippe. Qu'est-ce donc que cette grippe dont tout le monde parle et qui a pris, dans certaines régions surtout, les proportions d'un fléau redoutable ? »

Mercredi 13 novembre 1918

Remaucourt

« Service solennel à 9 h 00. Lobjoy s’est surpassé ; la décoration de la petite église est parfaite. Je dis petite, car si grande, soit-elle, elle s’est trouvée trop petite pour contenir la foule des soldats qui se pressait dans la nef.

Au premier rang, le général Michel et le commandant de Charry, le colonel Brenot, le capitaine Fidler, le capitaine de Parseval, puis le colonel et les officiers du 149. Le bon père Lerouge installé à la tribune s’est chargé de la partie musicale. Le général s’est déclaré très satisfait, la cérémonie l’a ému. »

Aumonier Henry et un groupe d'officiers

René Lobjoy est toujours très bien noté. Peu de temps avant la signature de l’armistice, le lieutenant-colonel Vivier écrit : «  Excellent officier pionnier. Chargé d’assurer le ravitaillement au cours des différents combats, s’est toujours parfaitement acquitté de ses fonctions avec une activité et un dévouement inlassables. »

Le 5 mars 1919, le lieutenant-colonel Bourgine, nouveau responsable du 149e R.I., enregistre ceci sur le relevé des notes du lieutenant Lobjoy : « Officier de complément qui a rendu les meilleurs services pendant la guerre, a la meilleure volonté, est doué d’un excellent naturel et est toujours disposé à agir dans le sens du commandement. A parfois besoin d’être guidé dans l’exécution en raison de sa tendance à traiter les détails un peu légèrement. Nature sympathique, enjouée, excellent camarade. Il y aurait intérêt à maintenir cet officier dans le cadre des officiers de complément affectés au régiment. »

Le lieutenant Lobjoy maîtrise parfaitement la langue allemande. Il a eu l’occasion d’exercer les fonctions d’officier de renseignement durant sa vie de soldat.

René Lobjoy est démobilisé le 28 mars 1919. Il est rayé des contrôles dès le lendemain. Il se retire à Paris, chez son père, au 201 rue de la Convention, rattaché au dépôt divisionnaire du 23e R.I.C..

Les années d’après-guerre

René Lobjoy reprend le cours de sa vie professionnelle en tant qu’ingénieur céramiste, dans différents services techniques. Il travaille un temps à Sarreguemines avant de s’installer définitivement à Paris.

Un avis du gouverneur militaire de Paris du 4 septembre 1920 le fait réaffecter au 149e R.I..

Le lieutenant de réserve Lobjoy passe dans l’armée territoriale le 11 avril 1922, il dépend maintenant du dépôt du 153e R.I..

René Lobjoy est affecté au service des chemins de fer des étapes de la 21e région en décembre 1922, puis à celui de la 20e région à partir du 26 mars 1923 comme adjoint au commissaire militaire de la commission de gare de Strasbourg.

Le 3 avril 1923, il épouse Élise Georgette Vivinis, une jeune parisienne âgée de 22 ans. Deux enfants naissent de cette union.

Il prend la direction de l’entreprise de décoration sur porcelaine de sa belle-famille. Cette entreprise basée à Paris, dans le quartier d’Auteuil, occupe une quarantaine d’employés.

Pour en apprendre davantage sur cette entreprise, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

Porcelaine d'Auteuil

Le lieutenant Lobjoy est promu capitaine de réserve par décret du 27 décembre 1927 (J.O. du 11 janvier 1928).

Père de deux enfants, l’article 58 de la loi du 1er avril 1923 le fait rattacher à la classe 1903 suite à un avis de recrutement de Versailles pris le 1er avril 1931.

René Lobjoy n’en a pas tout à fait terminé avec l’armée. Il doit encore effectuer trois périodes d’exercice en tant qu’officier réserviste.

La première a lieu au service des chemins de fer de Versailles entre le 16 septembre et le 2 octobre 1930. Le capitaine Lobjoy n’a pas encore effectué de période d’école du service militaire des chemins de fer. Ses supérieurs lui confient le commandement d’un groupe d’officiers débutants. Il s’acquitte honorablement de cette tâche.

René Lobjoy fait une seconde période d’exercice du 19 juin au 1er juillet 1933. Cette fois-ci, il l’effectue au centre des chemins de fer de Paris.

Il suit les cours de l’école de perfectionnement du service des chemins de fer en 1934 pour étoffer ses connaissances. Très assidu dans son travail, il fournit plusieurs travaux de grande qualité.

Une décision ministérielle du 13 mai 1935 l’affecte au service des chemins de fer de la 7e région.

Le capitaine de réserve Lobjoy est rayé des cadres le 20 novembre 1936. Il sera nommé chef d’îlot dans le cadre de la défense passive de Paris en 1940.

Decorations et sepulture de Rene Lobjoy

L’ancien officier du 149e R.I. a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre du régiment n° 69 en date du 2 octobre 1915 :

« S’est particulièrement distingué aux attaques livrées par le régiment du 25 au 30 septembre dans un secteur particulièrement battu par les mitrailleuses et l’artillerie lourde. A donné à ses camarades, un bel exemple de courage et d’abnégation. »

Citation à l’ordre de la 158e D.I. n° 263 en date du 6 novembre 1917 :

« Officier pionnier du régiment, zélé, actif, payant beaucoup de sa personne. Au cours des opérations, de mars à juillet 1917, a montré beaucoup de sang froid et la plus grande énergie, assurant le ravitaillement en matériel et dirigeant d’une façon remarquable les travaux d’organisation dans des secteurs particulièrement bombardés, notamment les 26, 27 et 28 juillet 1917.»

Citation à l’ordre de la brigade n° 35 en date du 20 juin 1918 :

« A assuré constamment son service dans les conditions les plus difficiles pendant les durs combats du 30 mai au 3 juin 1918, notamment, en portant des ordres sous le feu de l’artillerie et des mitrailleuses ennemies. »

Citation à l’ordre de la brigade n° 49 en date du 31 juillet 1918 :

« Officier d’une activité et d’un dévouement au dessus de tout éloge. A réussi, au cours des dernières opérations à triompher de toutes les difficultés pour assurer le ravitaillement des troupes en ligne. »

Citation à l’ordre de la 43e D.I.. n° 385 en date du 26 octobre 1918 :

« Au cours des opérations offensives du 26 septembre au 4 octobre 1918, a réussi à assurer d’une façon parfaite, le ravitaillement des unités en ligne, contribuant ainsi au succès des opérations.»

Autres décorations :

Le lieutenant Lobjoy est fait chevalier de la Légion d’honneur à compter du 16 juin 1920. (J.O. du 12 juillet 1921).

« Excellent officier qui a montré dans les missions qui lui ont été confiées, une grande bravoure et une activité inlassables. Nombreuses citations. »

Médaille interalliée de la victoire

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

Pour consulter la généalogie de la famille Lobjoy, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

log geneanet

René Lobjoy s’est toujours montré rassurant dans sa correspondance durant le conflit. Il savait que son père et sa grand-mère se faisaient du mauvais sang pour les enfants partis à la guerre.

Les Lobjoy ont payé un lourd tribut durant le 1er conflit mondial du XXe siècle. André, d’abord considéré comme prisonnier, a été tué le 22 août 1914 en Belgique, lors de la bataille des frontières.

Jean, blessé à Verdun en 1916, meurt de la grippe espagnole en octobre 1918 et le fiancé de sa jeune sœur Suzanne trouve la mort au cours de la bataille de la Somme en novembre 1916.

Une courte présentation de Jean Lobjoy est visible sur le site de Vincent le Calvez.

Site du 28e R

René Lobjoy décède le 24 avril 1971 à l’âge de 84 ans.

Il repose dans un caveau familial au cimetière de l’ouest de Boulogne-Billancourt.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales des Yvelines.

Carnet inédit de l'aumônier Henry

J.M.O. du 228e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/6

J.M.O. du 228e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/10

Le portrait présenté dans le montage et la photographie de groupe des pionniers bombardiers du 149e R.I. proviennent de la collection familiale.

La photographie de la sépulture du capitaine Lobjoy figure sur le site Généanet.

Un grand merci à M. Bordes, à M. Muller, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, à M. Porcher, aux archives départementales des Yvelines, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Yvelines.

4 mars 2022

Henri Placide Joseph Fréville (1880-1947).

Henri Placide Joseph Freville

 Les années de jeunesse

Henri Placide Joseph Fréville voit le jour le 9 décembre 1880 au domicile de ses parents, à Souchez, dans le Pas-de-Calais.

Son père, Benoît François, est un ouvrier cantonnier âgé de 39 ans. Sa mère, Appoline Célestine Joseph Roger, a 37 ans lorsqu’elle lui donne naissance. Henri est le benjamin d’une famille composée de 7 enfants. 

Il quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Les fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul sont bien maîtrisés. Ne pouvant prolonger sa scolarité, Henri se forme à l’horticulture en devenant jardinier.

La conscription

L’année de ses vingt ans, il est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision. Il devra accomplir ses obligations militaires au 91e R.I., un régiment qui tient garnison à Mézières, dans le département des Ardennes.

Henri Fréville rejoint la caserne du Merbion le 15 novembre 1901. Il a toutes les qualités requises pour faire un bon soldat. Ses supérieurs lui offrent la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 20 septembre 1902.

Bien noté par son capitaine, le caporal Fréville accède au grade supérieur le 26 septembre 1903. Nommé sergent fourrier, il a pour mission de tenir le magasin d’habillement de sa compagnie. Le 1er juin de l’année suivante, il est affecté à un commandement d’escouades.

Le sergent Fréville est envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1904. Cela fait plus de 34 mois qu’il porte l’uniforme. Il devient réserviste de l’armée active à partir du 1er novembre.

De retour à la vie civile

Henri Fréville s’installe quelque temps à Paris avant de se fixer définitivement dans les Vosges. La mairie d’Épinal vient de lui proposer le poste de jardinier en chef de sa circonscription. Il devra gérer les équipes qui ont en charge les espaces floraux de la ville. Il s’installe dans une des dépendances du château.

Chateau Epinal

Ce changement de région implique son rattachement militaire au 149e R.I..

Le 18 septembre 1905, Henri Fréville épouse Marie Hortense Angéline Paroche, à Son, un petit village ardennais. La descendance de ce couple n’a pas été retrouvée.

Il récupère sa tenue de sergent pour effectuer sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. entre le 22 septembre et le 21 octobre 1907.

Le 20 février 1909, il est nommé sergent-major de réserve. La même année, le jardinier en chef de la ville d’Épinal occupe le poste de secrétaire général de la société d’horticulture des Vosges

Henri Fréville effectue sa 2e période d’exercice à la caserne Courcy du 1er au 17 décembre 1911.

De nouveau sous l’uniforme pour une longue période

Été 1914 : la France est en passe de vivre un nouveau conflit armé contre l’Allemagne. Le 149e R.I. rappelle ses premiers réservistes le 2 août. Henri Fréville quitte, le lendemain, ses fonctions de directeur des promenades de la ville d’Épinal.

Le 11 août, il est promu adjudant. Le 1er octobre, il est en âge de passer dans l’armée territoriale, tout en restant affecté à son régiment.

Son départ pour le front a lieu le 10 avril 1915. C’est une date assez tardive lorsqu’on la compare à celles des autres sous-officiers réservistes rappelés au début de la guerre. Pour quelle raison est-il resté aussi longtemps au dépôt ? Il est impossible de le dire. Sa fiche matricule n’est pas suffisamment détaillée pour répondre à cette question. 

Le 11 avril 1915, l’adjudant Fréville intègre les effectifs de la C.H.R. du régiment actif. Ses fonctions au sein de cette compagnie ne sont pas connues. Sa présence en 1ère ligne, entre la date de son arrivée à la C.H.R.. et sa 1ère blessure, reste donc compliquée à quantifier : en effet, cette compagnie n’était pas, à proprement dit, une unité combattante.

Sa 1ère citation à l’ordre de la brigade, obtenue le 14 juillet 1916, nous indique qu’il se trouvait dans la zone des combats, à la suite d’une attaque effectuée quelques jours auparavant, dans le secteur des deux mamelles, au nord-est de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne.

Était-il encore à la C.H.R. à ce moment-là ? Était-il rattaché au poste de commandement d’un des 3 bataillons du régiment ? Il est difficile de répondre à ces questions.

En septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme. Le 16 novembre, Henri Fréville est blessé au bras droit par un éclat d’obus.

Il est pris en charge par l’ambulance 7/21.  Sa blessure est jugée sérieuse. Elle nécessite une évacuation vers l’arrière. Le 18 novembre, il est envoyé à l’hôpital complémentaire n° 24 à Épernay, installé au quartier Marguerite.

Le sous-officier Fréville quitte cet établissement de soin le 24 décembre après avoir obtenu une permission de 7 jours.

Un cliché réalisé le 10 avril 1917 dans le Haut-Rhin, près de Belfort, confirme sa présence au sein d’une compagnie combattante du 149e R.I.. Ce jour-là, l’adjudant Fréville est photographié en présence des sous-officiers de la 10e compagnie.

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

L’identification de cet homme a été rendue possible grâce à l’ouvrage « Et le temps, à nous, est compté » rédigé par Francis Barbe. Un cliché identique, accompagné du nom de chacun des sous-officiers, figure à l’intérieur du livre à la page 179.

Le 149e R.I. n’est pas engagé dans une vaste offensive au cours des premiers mois de l’année 1917. À plusieurs occasions, il occupe des secteurs sensibles, du côté du chemin des Dames.

Le 21 juin 1917, l’adjudant Fréville est victime de l'explosion d'un obus. Dans le cas présent, il est touché à la tête par plusieurs petits éclats. De nouveau envoyé vers l’arrière, il est soigné à l’hôpital complémentaire n° 15 du Havre à partir du 19 juillet. Trois jours plus tard, il est cité à l’ordre de l’armée.

Henri Fréville quitte l’établissement médical havrais le 5 août 1917. Il est de retour au corps pour le 17 septembre.

Le 23 octobre, le sous-officier Fréville participe à la bataille de la Malmaison.

Remarqué pour son courage et ses actions, il est cité à l’ordre de l’armée.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image ci-dessous.

La Malmaison 23 octobre 1918

Le 10 mars 1918, il est blessé pour la troisième fois. Cette fois-ci, des éclats d’obus lui occasionnent de multiples plaies pénétrantes au visage. L’ambulance 7/21 lui prodigue les premiers soins. En plus de ses lésions profondes de la face, l’adjudant Fréville est soigné pour une fracture du maxillaire supérieur. Il est pris en charge par les médecins de l’hôpital mixte d’Avignon, à compter du 26 mars 1918.

Son parcours de soins est long et douloureux. Il est renvoyé dans la zone des armées, cinq jours après la signature de l’armistice.

Le 23 octobre 1918, l’adjudant Fréville est affecté au 154e R.I.. Le 4 décembre, il est nommé adjudant-chef. Ce changement de grade le fait muter au 131e R.I..

Les années après-guerre

Rue François de Neufchâteau

Henri Fréville, mis en congé de démobilisation le 9 mars 1919, retourne à ses anciennes fonctions de directeur des promenades dans la cité spinalienne. Il s’installe avec son épouse au n° 15 de la rue François de Neufchâteau.

La commission de réforme d’Épinal, réunie le 3 octobre 1919, lui propose une réforme temporaire n°1. Une plaie à la joue droite, une fracture du maxillaire et une hernie musculaire de la jambe droite légitiment une pension temporaire de 35 %.

Le 12 août 1921, il est réformé définitivement avec une proposition de pension temporaire évaluée à 55 %. Une forte diminution de l’acuité visuelle de l’œil droit s’ajoute aux complications liées à ces anciennes blessures de guerre.

Le 12 octobre 1923, la commission de réforme de Nancy diminue sa pension temporaire de 5 %. 

Le 25 juillet 1927, cette même commission lui accorde une pension définitive de 65 %.

Henri Fréville est fait commandeur de l’ordre du Mérite agricole à la fin de l’année 1932. 

L’ancien sous-officier du 149e R.I. meurt le 3 août 1947 à l’âge de 66 ans.

Decorations Henri Freville

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec une étoile de bronze, une étoile de vermeil et deux palmes.

Citation à l’ordre de la brigade  n° 51  en date du 14 juillet 1916 :

« Le 9 juillet 1916, est allé à plusieurs reprises, sous un violent bombardement, du poste de commandement à la ligne avancée conquise, pour veiller à l’exécution de détail des ordres donnés. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. :

« Adjudant-chef du plus grand mérite et du plus grand dévouement. Chefs des observateurs pendant le combat du 7 novembre  est resté ……….. au poste de commandement malgré le bombardement intense et trois contusions. Soldat calme et au cœur bien placé. Déjà cité à l’ordre de la brigade ( cette citation est incomplète. Une pliure sur la fiche matricule de ce sous-officier empêche la lecture intégrale du texte). »

Citation à l’ordre de l’armée n° 493 en date du 22 juillet 1917 :

« Sous-officier d’une énergie et d’un courage légendaires au bataillon. N’a cessé, comme adjudant de bataillon, de faire l’admiration de tous, par sa conduite qui lui a valu déjà deux citations et la Médaille militaire. Au front depuis novembre 1914, blessé en novembre 1916, vient d’être à nouveau blessé grièvement, à son poste de combat. »

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 4 novembre 1917) :

« Adjudant-chef d’un courage, d’une bravoure et d’un dévouement au dessus de tout éloge, s’est brillamment conduit pendant les opérations du 23 octobre 1917. Se signalant à maintes reprises, dans un mépris absolu du danger, recherchant, par tous les moyens à établir la liaison entre les unités, et ce, sous un bombardement violent de feux de mousqueterie et de rafales de mitrailleuses »

Médaille militaire (J.O. du 24 avril 1917 à compter du 1er avril 1917) :

« Sous-officier énergique et brave. A participé depuis le début de la campagne à tous les combats où son régiment a été engagé. Blessure (a déjà été cité)»

Autres décorations :

Chevalier de la Légion d’honneur par arrêté ministériel du 30 décembre 1920 pour prendre rang du 16 juin 1920.

Médaille interalliée de la victoire

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

Officier d’académie (publication dans le J.O. du 27 mars 1927

Chevalier de l’ordre du mérite agricole (J.O. du 8 février 1912)

Officier de l’ordre du mérite agricole (publication dans le journal « l’express de l’est et des Vosges » du  16 février 1922)

Commandeur de l’ordre du mérite agricole (publication dans le journal « l’express de l’est et des Vosges » du 14 décembre 1932)

À l’occasion de la remise de cette décoration, le journal « l’express de l’Est et des Vosges » du 14 décembre publie l’article suivant rédigé par François Blaudez :

« C’est avec le plus grand plaisir que tous les Spinaliens ont appris la nouvelle de la promotion de Monsieur Henri Fréville au grade de commandeur du Mérite agricole, car le directeur de nos promenades, magicien de nos jardins, a su conquérir l’estime de tous.

Cette nouvelle distinction, qui vient s’ajouter aux glorieuses croix et médailles dont s’ornait déjà la poitrine de Monsieur Fréville, est particulièrement méritée.

Henri Fréville n’est pas seulement un technicien doublé d’un artiste délicat, c’est un apôtre et un propagandiste, au dévouement inlassable, qui fit et fait chaque jour la plus utile besogne pour le développement de l’horticulture.

Depuis 1905, il a la charge de l’entretien de nos promenades et de nos jardins. Sans amoindrir la valeur de son prédécesseur, nous devons dire que sous sa baguette magique, cette fine baguette de bambou qui complète sa silhouette familière, les plus heureuses transformations ont embelli la parure de la ville.

Le cours est devenu une sorte de jardin botanique par les essences et les plantes rares qu’il y dispose. La science de l’harmonie et de la couleur y apparaît chaque été dans les parterres et les corbeilles fleuries, possédant chacune un dessin particulier et original.

L’admirable parc du château a, lui aussi, heureusement bénéficié de ses soins.

C’est à Henri Fréville que nous devons l’idée et la réalisation de la roseraie municipale, merveilleux Éden fleuri qui fait l’admiration des visiteurs et des touristes, concourt par delà même les frontières à la réputation de bon goût de la ville d’Épinal.

Monsieur Fréville a enfin créé quatre nouveaux squares et le terrain de jeu de Chantraine.

Telle est l’œuvre apparente de tous du technicien et de l’artiste.

Mais que penser de son œuvre qui demeure poursuivie dans les serres municipales pour réaliser avec la plus scrupuleuse économie, la parade chaque année renouvelée de notre cité ?

Il nous faut maintenant dire l’action de l’apôtre et du propagandiste.

Depuis 1906, comme secrétaire plus comme secrétaire général de la société d’horticulture des Vosges (fonctions qu’il assume bénévolement), Henri Fréville consacre tous ses rares loisirs à des tournées de conférence dans les plus grands centres et même dans les plus humbles bourgades. Chaque assemblée mensuelle est en outre pour lui l’occasion de donner de précieux et pratiques conseils à de nombreux amateurs de jardins.

Ainsi, grâce à lui, l’art de l’horticulture si agréable et si utile pour l’économie domestique prend, depuis nos Vosges, un merveilleux essor.

Tels sont les titres magnifiques, qui valent à Henri Fréville, la haute distinction que le gouvernement vient de lui accorder. Il nous a été agréable de les rappeler malgré la modestie de celui qui en est l’objet. Et c’est en toute sincérité que nous lui renouvelons nos plus sincères félicitations. »

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Fréville, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

log geneanet

L’adjudant-chef Fréville possède un dossier individuel dans la base de données « Léonore » sur le site des archives nationales. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et d’inscrire son nom et ses prénoms dans la rubrique appropriée pour avoir accès aux documents.

Site base Leonore

Sources :

La fiche signalétique et des services de l’adjudant-chef Fréville et les registres d’état civil de la ville de Souchez ont été consultés sur le site des archives départementales du Pas-de-Calais.

Articles de presse publiés dans le journal « l’express de l’est et des Vosges ».

« Et le temps à nous, est compté » Lettres de guerre (1914-1919) Albert Marquand. Présentation de Francis Barbe, postface du Général André Bach.

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à A. Carobbi, à F.Barbe, aux archives départementales du Pas-de-Calais et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

18 février 2022

Alexandre André Edmond Eugène de Parseval (1896-1918).

Alexandre de Parseval

Alexandre André Edmond Eugène de Parseval vient au monde le 29 janvier 1896, au domicile de ses parents, situé au numéro 1 de la rue du moulin de Saint-Étienne, à Senlis, dans le département de l’Oise.

Son père, Paul Édouard, est âgé 33 ans. Il vient tout juste d’être nommé capitaine, une promotion qui a entraîné son affectation au 153e R.I., en garnison à Toul, le 30 décembre 1895.

Sa mère, Léonie Marie Virginie Escallier, est âgée de 33 ans. Elle éduque déjà deux enfants. Les Parseval donneront encore la vie à trois garçons.

Genealogie famille de Parseval

Alexandre fait ses études au collège Stanislas à Paris. Devenu bachelier, il choisit de suivre les traces paternelles et celles de son frère aîné. Il tente le concours d’entrée de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Le jeune homme est reçu aux épreuves écrites. Toutes les chances sont de son côté.

Mais les évènements internationaux qui aboutirent à la déclaration de guerre contre l’Allemagne en août 1914 empêchent les futurs admissibles de passer la 2e partie du concours qui ne put avoir lieu.

Tout comme ses camarades de la 99e promotion, ultérieurement nommée la Grande Revanche, Alexandre fut déclaré reçu au concours avec dispense des épreuves orales. Pour cause de conflit, les élèves de cette promotion n’auront pas la possibilité de suivre les premiers cours.

Le 2 février 1915, Alexandre de Parseval signe un engagement volontaire de 8 ans à la mairie de Châteauroux pour le 90e R.I. au titre de l’école spéciale militaire.

C’est en tant que simple soldat qu’il commence ses apprentissages sous l’uniforme à la caserne Bertrand. Alexandre devient élève aspirant après avoir passé des examens les 13 et 14 mars 1915. 

Il est nommé aspirant le 25 août, puis sous-lieutenant à titre temporaire le 26 octobre 1915. Le 2 novembre, il est affecté au 149e R.I., une unité dans laquelle sert déjà son frère aîné.

Pour en savoir plus sur Georges Joseph Roger de Parseval il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Georges Joseph Roger de Parseval

Le 11 novembre, Alexandre reçoit l’ordre de se rendre sur la ligne de front. Une fois sur place, il lui est demandé de suivre le cours donné au chef de section, prévu au centre d’instruction du 21e C.A., pour parachever sa formation d’officier.

Le sous-lieutenant de Parseval effectue ce stage entre le 22 novembre et le 6 décembre 1915.

Le lieutenant-colonel Gothié, responsable du 149e R.I., lui confie ensuite le commandement d’une section de sa 5e compagnie. Alexandre n’a pas encore fêté ses 21 ans.

À  cette époque du conflit, le 149e R.I. occupe un secteur à proximité d’Aix-Noulette en Artois.

Le 31 décembre, Alexandre de Parseval est touché à l’oreille gauche et dans les jambes par plusieurs petits éclats d’obus. Les premiers soins lui sont donnés à l’ambulance de la 81e D.I., installée dans le secteur 104.

Le sous-lieutenant de Parseval est ensuite évacué par train sanitaire en direction de la Bretagne. Pris en charge par le personnel soignant de l’hôpital mixte de Lorient à partir du 5 janvier 1916, il reste dans cet établissement pendant 4 mois.

Sorti le 11 mai, il est envoyé au dépôt des convalescents de la sous-préfecture du Morbihan avant de partir se reposer à Marmande, entre le 13 mai et le 13 juin 1916.

Ce 13 juin, Alexandre de Parseval doit rejoindre le dépôt du 149e R.I.. Le retour au front n’est pas pour de suite.

Le 3 septembre, il fait un stage au centre des grenadiers de Langres. Alexandre rentre au dépôt le 13 septembre. Il part de nouveau en formation entre le 18 octobre et le 11 novembre 1916 pour suivre le cours de la série A, dans le centre de mitrailleurs de Chaumont.

Donnant pleine satisfaction à ses supérieurs, le jeune officier est maintenu au centre de mitrailleurs de Chaumont encore un mois en tant qu’instructeur auxiliaire pour le cours de la série B.

Le directeur du centre, le capitaine Péricot, l’évalue de la manière suivante : « C’est un excellent officier et un excellent instructeur. Très actif, très dévoué, très énergique et très discipliné. Il a de l’initiative, de la décision et beaucoup d’allant. Il a beaucoup travaillé et il s’est intéressé à l’instruction du personnel des équipes de son dépôt.

Excellente instruction technique, très bonne instruction pratique, très apte au commandement d’un peloton de mitrailleuses. »

Alexandre de Parseval retrouve le dépôt du 149e R.I. le 17 décembre 1916.

Le 2 janvier 1917, il est renvoyé dans une unité combattante du 149e R.I.. Cet officier fut intégré durant quelque temps à la 2e compagnie.

Le 20 février 1917, Alexandre de Parseval est affecté à la compagnie de mitrailleuses du 1er bataillon du régiment.

Il gagne ses galons de lieutenant en avril 1917.

Le capitaine Vial, le lieutenant Rejou et le sous-lieutenant de Parseval

Le lieutenant-colonel Boigues, responsable du 149e R.I. depuis le 12 mai 1917 note ceci dans le feuillet individuel de campagne du lieutenant de Parseval, à la date du 29 septembre 1917 : « Il a remplacé, pendant plusieurs semaines, son capitaine évacué pour maladie. Malgré son extrême jeunesse, il a su faire preuve d’une réelle autorité et d’une aptitude certaine au commandement. A de belles qualités morales. Actif et courageux. »

En février 1918, ce même officier supérieur écrit : «  Montre une maturité au dessus de son âge dans le commandement de sa compagnie de mitrailleuses qu’il dirige bien et avec autorité. Il s’est distingué le 23 octobre 1917 à la bataille de l’Aisne. Officier doué de belles qualités. »

Alexandre de Parseval est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire à partir du 19 mai 1918.

Dix jours plus tard, il est blessé, touché par une balle au cours des combats qui eurent lieu dans le secteur de Cuiry-Housse, au sud-est de Soissons.

Pour en savoir plus sur la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte journee du 29 mai 1918

Les lieux d’hospitalisation et de convalescence où il fut soigné ne sont pas connus, tout comme la date de son retour au sein du régiment.

Le 26 octobre 1918, le capitaine de Parseval, qui commande la 3e compagnie du 149e R.I. depuis seulement 18 jours, est mortellement blessé par une balle reçue dans la poitrine. Il meurt aux alentours de 10 h 00, durant l’attaque de la Hunding-Stellung, près d’une carrière située à environ 400 m à l’ouest de Banogne.

Pour en savoir plus sur l’attaque de la Hunding Stellung, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

26 octobre 1918

Ce jeune capitaine allait bientôt fêter ses 23 ans. Il fut le dernier des officiers du 149e R.I. à être tué durant le conflit.

Les circonstances de sa mort sont évoquées dans un des carnets rédigés par l’aumônier Henry à plusieurs reprises. Voici ce que celui-ci a écrit :

Extrait du carnet pour la journée du 26 octobre 1918 

« …Le capitaine de Parseval est tué. Un blessé nous en apporte la nouvelle. Sa compagnie était la plus avancée ; il voulut se rendre compte de ses liaisons avec les compagnies voisines ; il se leva ; ce fut un geste malheureux ; vu, il fut aussitôt visé, atteint par une balle ; il tomba en criant : « A moi ! » et s’écroula sans pouvoir dire un mot.  « Nous perdons gros, s’il est vraiment tué ! » ajoute le blessé dont le chagrin est réel et profond.

Il était fort aimé de ses hommes ; il avait pour lui la séduction de la jeunesse, de la bravoure, du dévouement à ses hommes. Sa mort mettra en deuil le régiment tout entier qui était fier de ce capitaine de 22 ans. L’état-major, où sa place semblait marquée à côté de son frère, partagera ces regrets. Capitaine à 22 ans, deux fois blessés, intelligent, soldat de race, il voyait devant lui s’ouvrir l’avenir le plus brillant. C’était trop beau ! Dieu a coupé cette fleur brillante. Pauvre frère ! Pauvres parents ! »

Extrait du carnet pour la journée du 27 octobre 1918 

« … Le corps de ce pauvre de Parseval a été ramené dans la nuit. Une balle dans la poitrine cela a suffi. La mort n’a point défiguré cette figure qui a conservé sa jeunesse. Il faut, avant de l’emmener plus loin, prévenir son frère aîné, capitaine à l’Infanterie divisionnaire. C’est le Docteur Rouquier qui s’en charge. Scène pénible, toute en larmes. »

Extrait du carnet pour la journée du 28 octobre 1918 

L’aumônier Henry rapporte dans son journal une conversation qu’il a eue avec le général Michel, chef de la 43e D.I. à propos de la mort du capitaine de Parseval.

« Mon général, nous nous doutons bien que nous jugeons mal de l’opportunité ou de l’inutilité des efforts qui sont demandés et que les chefs ont des raisons qui nous échappent. Il n’en est pas moins vrai que quand le succès immédiat couronne leurs efforts, les soldats sont plus encouragés.

Les dernières affaires ont été coûteuses. Les pertes ont été sensibles peut-être plus encore par la qualité que par la quantité ! Ah oui ! reprend le général, il y a ce petit de Parseval ; c’est une perte douloureuse, oui, ce sont les plus courageux les meilleurs qui tombent !… Je n’ai pas été surpris… Il était marqué celui-là ! »

Le médecin aide major de 2e classe Raymond Bonnefous, ami du capitaine, évoque son ressenti, dans une lettre adressée à sa mère, datée du  29 octobre 1918.

«… Mon bataillon, qui avait fourni une compagnie d’attaque, a perdu son meilleur officier, le petit de Parseval (22 ans), tué d’une balle. Jamais la mort d’un officier ne m’a été aussi pénible. Pendant la dernière période de repos, où il nous avait rejoint, nous avions passé toutes nos journées ensemble, et nous nous entendions très bien. Ses hommes l’adoraient et il avait dans l’armée un très brillant avenir. »

Alexandre de Parseval est inhumé par les soins du G.B.D. de la 43e D.I. au cimetière militaire de la ferme du Tremblot, dans une sépulture portant le numéro 46.

Son corps a été restitué à la famille dans les années 20. Le nom du cimetière où il repose actuellement n’est pas connu.

Decoration capitaine de Parseval

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec 3 palmes et une étoile d’argent

Cité à l’ordre de la 43e Division d’Infanterie n° 103 du 15 janvier 1916.

« Jeune officier, brave, énergique, plein d’allant, exemple de courage et d’abnégation pour ses hommes. Blessé le 31 décembre 1915 devant Angres en maintenant sa section sous un bombardement des plus violents. »

Cité à l’ordre de la VIArmée n° 27 en date du 30 novembre 1917.

« Jeune officier commandant la compagnie de mitrailleuses, d’une bravoure, d’un calme et d’un jugement remarquables. À l’attaque du 23 octobre 1917 est parti avec la première vague. Arrêté par un feu intense de mitrailleuses, a donné l’exemple de la plus belle bravoure, en commençant lui-même la progression, l’outil à la main pour la réduction de ses mitrailleuses. »

Cité à l’ordre de la VIArmée n° 604 en date du 15 juillet 1918.

« N’a pas hésité sous un feu violent de mitrailleuses à se porter en avant de la ligne pour reconnaître des emplacements de mitrailleuses. A été blessé au cours de cette mission en faisant preuve de la plus grande bravoure. »

Cité à l’ordre de la VArmée en date du 7 décembre 1918.

« Officier d’élite. Les 25 et 26 octobre 1918 a entraîné sa compagnie à l’assaut de positions puissamment défendues, exécutant une importante progression sous un feu de mitrailleuses et d’artillerie d’une violence inouïe. A été mortellement blessé, au moment où, parmi les éléments les plus avancés de sa compagnie, il observait le mouvement de l’ennemi. »

Pour visualiser la généalogie de cet officier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Les Parseval et leurs alliances - genealogie et souvenirs de famille - Copie

Sources :

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de l’Indre.

« Livre d’or de la promotion de la Grande Revanche, Saint-Cyr 1914. »

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

Correspondance inédite du médecin aide major de 2e classe Raymond Bonnefous.

 La carte avec les chars a été réalisée par « Tanker » un intervenant du forum « Pages 14-18 ».

La photographie de groupe présentée dans le 1er montage fait partie du fonds Raymond Bonnefous propriété de N. Bauer.

Le capitaine Alexandre de Parseval est évoqué dans le roman de Nathalie Bauer « Des garçons d’avenir » publié aux éditions Philippe Rey en 2011.

Contrôle nominatif du 4e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carrobi, à J.L.Poisot, à M. Porcher, à la famille de Parseval, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

11 février 2022

Gaston Edmond Viard (1888-1918).

Gaston Edmond Viard

Gaston Edmond Viard est né le 18 novembre 1888 à Saint-Didier, faubourg de Langres, au domicile parental, dans le département de la Haute-Marne.

Sa mère, Marie Reine Détourbet, est âgée de 25 ans. Elle vient de donner vie à son 2e fils. Son père, Alphonse Didier, a 35 ans. Alphonse et Marie travaillent tous les deux comme jardiniers.

Très bon élève, Gaston continue ses études jusqu’au lycée. Une fois son baccalauréat obtenu, ses parents l’inscrivent à l’institut national agronomique de Versailles où il suit les cours à partir de 1908.

La même année, le jeune homme est déclaré « bon pour le service armé ». Le fait de poursuivre des études supérieures lui octroie le droit de ne pas être incorporé avec les éléments de sa classe.

Le 2 avril 1909, le conseil de révision de la Haute-Marne lui accorde un sursis supplémentaire d’un an. Gaston devra effectuer ses obligations militaires à la fin de ses études.

Le 5 octobre 1910, il intègre le 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal. Le nouveau conscrit est affecté à la 5e compagnie du régiment dès son arrivée à la caserne Courcy.

5e compagnie du 149e R

Il a deux ans de plus que la plupart de ses camarades de classe. Sa maturité et son niveau scolaire très élevé lui offrent la possibilité de suivre les cours du peloton d’instruction des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 26 septembre 1911.

Gaston ne souhaite pas faire de carrière militaire. Il est envoyé dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1912, à la fin de ses deux années de service obligatoire. Une fois son uniforme restitué à l’habillement, il se retire à Brennes, où ses parents se sont installés depuis peu, avec son certificat de bonne conduite en poche.

Il passe avec succès le concours de vérificateur-rédacteur au crédit foncier de France. Devenu inspecteur à la division des prêts hypothécaires, il s’installe à Paris pour exercer ses nouvelles fonctions professionnelles.

L’équilibre politique européen est devenu instable après l’attentat de Sarajevo survenu le 28 juin 1914. Un conflit armé contre l’Allemagne est sur le point d’éclater à la fin du mois suivant.

Gaston Viard reçoit un ordre de mobilisation individuel à son domicile, situé au 29 avenue de Tourville, dans le 7e arrondissement. Il retrouve son ancien régiment le 1er  août.

Le caporal Viard reste au dépôt durant les 20 jours suivants. Il rejoint le régiment actif juste à temps pour participer aux combats dans le secteur de Menil-sur-Belvitte. Le 149e R.I. retraite, talonné par les Allemands.

Sa présence au front est de courte durée. Blessé par une balle reçue à la main droite le 25 août, il est évacué vers l’arrière pour être soigné à l’hôpital n° 57 de Saint-Amand-Montrond, dans le département du Cher.

Une fois rétabli, Gaston Viard est renvoyé au dépôt du 149e R.I. à la date du 30 septembre 1914. Les compagnies de dépôt ont été transférées depuis peu à Rolampont dans le département de la Haute-Marne.

Rolampont

Le caporal Viard ne rejoint pas la ligne de front avant plusieurs mois. Les documents consultés ne permettent pas de savoir ce qu’il a fait durant cette longue période. Ils nous informent simplement qu’il est de retour au régiment actif à la date du 21 mai 1915 pour être aussitôt affecté à la 3e compagnie.

Huit jours plus tard, le régiment attaque pour la énième fois dans le secteur d’Aix-Noulette. Gaston Viard est de nouveau blessé à la main droite. Cette fois-ci, il est touché par des éclats de bombe.

Comme le présume sa fiche signalétique et des services, il aurait probablement été soigné à proximité de la zone de front, ce qui laisserait supposer une blessure légère. La date exacte de son retour au régiment actif n’est pas connue.

Nous savons simplement qu’il occupe les fonctions de caporal fourrier à la 3e compagnie à la date du 23 juillet 1915, puis celles de sergent fourrier à partir du 9 octobre, dans la même unité.

Durant cette période, ses missions, plus proches de l’intendance que du Lebel, lui ont probablement offert une protection relative lorsque sa compagnie se trouvait en 1ère ligne, notamment en Artois en septembre 1915 et à Verdun en mars et en avril 1916.

Le 9 octobre 1916, Gaston Viard est de nouveau sergent de compagnie. Il prend le commandement d’une section de la 3e. Il n’attend pas bien longtemps pour se faire remarquer par ses supérieurs. Le 17, il est cité à l’ordre du régiment.

Le 1er décembre 1916, le sergent Viard est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Le lieutenant-colonel Pineau, responsable du 149e R.I. depuis la capture du lieutenant-colonel Gothié, lui confie le commandement d’une des sections de sa 2e compagnie à partir du 13. Dix jours plus tard, il rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne du jeune sous-lieutenant :

« Venu des sergents du corps, s’est montré chef de section énergique, allant, solide, sur lequel on pouvait compter. A montré de réelles qualités militaires qui en feront, sans aucun doute, un excellent officier. »

L’année suivante, le 149e R.I. occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. La zone est très exposée, mais le régiment n’est pas engagé dans une grande offensive avant le mois d’octobre.

Le sous-lieutenant Viard est un officier fraîchement nommé, sorti du rang. Il doit être instruit à l’art du commandement. Envoyé en stages à plusieurs reprises, il effectue une 1ère période de formation sur le fusil mitrailleur du 12 au 20 février 1917, une seconde période de formation sur le fusil R.S.C. (Ribeyrolle Sutter Chauchat) du 19 avril au 26 avril puis une 3e période de formation sur les grenades du 12 au 21 juillet.

Gaston Viard est ensuite nommé responsable des cuisines et des voitures à eau. Il participe de manière indirecte à la bataille de la Malmaison du 23 octobre 1917.

Le 1er novembre 1917, le lieutenant-colonel Boigues écrit : « Rien n’a été modifié au jugement posé sur le sous-lieutenant Viard au semestre précédent. A pris la direction du T.C. à l’attaque du 23 octobre 1917. Il a très bien assuré ce commandement modeste, mais très délicat. »

Le 27 novembre 1917, Gaston Viard est de nouveau affecté à la 3e compagnie du 149e R.I..

Fin mai 1918, le 149e R.I. tente, avec toutes les unités des 4e et 43e D.I., de mettre fin à une vaste offensive allemande lancée sur le chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et la ville de Reims. Les combats sont rudes, mais l’attaque ennemie finit par être contenue. Le sous-lieutenant Viard est cité à l’ordre du corps d'armé.

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Arcy-Sainte-Restitue

Le 15 juillet 1918, les Allemands attaquent en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. résiste sur sa position. Il est impossible de dire si le sous-lieutenant Viard a participé aux combats, ou non. Les informations fournies par sa fiche matricule et par son dossier individuel, ne permettent pas de le dire.

Le 11 septembre 1918, le capitaine Kaetzel écrit ceci sur son subordonné tout juste versé à la 7e compagnie: « Quoique n’ayant que depuis peu cet officier sous mes ordres, j’ai été à même de le juger très favorablement. Excellent officier, ayant une bonne instruction générale et une excellente éducation, très énergique, possède une grande autorité sur ses hommes »

Le chef de bataillon Froment ajoute « Le lieutenant Viard paraît devoir faire un bon commandant de compagnie. Il suit dans ce but le cours fait au G.A.. Bonne éducation, belle conduite au feu. »

Gaston Viard est promu sous-lieutenant à titre définitif le 25 septembre.

Le sous-lieutenant Viard meurt à l’âge de 29 ans, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1918, durant l’attaque de la Hunding-Stellung. Une rafale d’obus de gros calibres tombe près de lui. Son corps est criblé d’éclats. La mort est instantanée.

L’aumônier Henry évoque la fin de cet officier dans un de ses carnets.

« Le lieutenant Viard est tué ! Il a été tué hier, dans la nuit. Il fait partie des cinq signalés comme tués. Il paraît que son corps était tellement abîmé qu’il était complètement méconnaissable. Dieu l’accueille dans son saint Paradis ! J’aime à me rappeler que je l’ai vu à la messe le dimanche ; c’était un bon camarade et un chef sympathique. Je n’en ai entendu dire que du bien ; en plus, c’était un modeste. »

Gaston Viard est dans un premier temps inhumé par le  G.B.D. 43, dans la tombe n° 20 du petit cimetière construit à proximité de la ferme Tremblot.

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

25 et 26 octobre 1918 bataille de la Hunding-Stellung

Le 4 juin 1920, il est exhumé puis déplacé au cimetière militaire de le Thour. Sa nouvelle sépulture est enregistrée sous le n° 568.

Le corps de Gaston Viard est à nouveau sorti de terre le 4 avril 1923. Cette fois-ci, il est définitivement enterré dans la nécropole nationale de Rethel dans une tombe portant le n° 2096.

Sepulture du sous-lieutenant Viard

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec une palme, une étoile de vermeil, une étoile d’argent et une étoile de bronze.

Citation à l’ordre du régiment n° 267 en date du 1er novembre 1916 :

« Chef de section d’un sang-froid et d’un coup d’œil remarquables. Le 17 octobre 1916, la compagnie devant occuper, pendant la nuit, une position ennemie, a conduit sa section dans un ordre parfait et a su obtenir de ses hommes, le plus grand rendement dans l’organisation de la position. Blessé deux fois au cours de la campagne. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 211  en date du 9 juillet 1918 :

« Officier au front depuis le début, s’est toujours fait remarquer par son courage, notamment le 31 mai 1918, où il est resté sur une position pendant plus d’une heure, sous un feu très intense de mitrailleuses ennemies, criant à haute voix : ʺNous tiendrons jusqu’au bout.ʺ»

Citation à l’ordre de la division n° 362 en date du 14 août 1918 :

« Chargé avec sa section d’enlever un groupe de combat ennemi, s’est montré d’une bravoure et d’une conscience exemplaires en enlevant la position et s’y maintenant malgré les contre-attaques successives. »

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 25 mars 1920) :

« Officier du plus beau courage. Au front depuis la guerre, s’est toujours fait remarquer par son entrain et sa bravoure au combat ; est tombé glorieusement le 25 octobre 1918, en se portant à l’attaque des positions ennemies. »

Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 25 janvier 1920)

« Officier du plus beau courage, au front depuis le début de la guerre, s’est toujours fait remarquer par sa bravoure et son entrain au combat. Est tombé glorieusement, le 25 octobre 1918, en se portant à l’attaque des positions ennemies. A été cité. »

Monuments aux morts de Langres et de Brennes

Le sous-lieutenant Viard a son nom gravé sur les monuments aux morts de Langres et de Brennes. Il est également inscrit sur le monument aux morts de la colline des Fourches de Langres.

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Viard, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Gaston Viard  ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du sous-lieutenant Viard ont été lus sur le site des archives départementales de la Haute-Marne. Son acte de décès a été visionné sur le site des archives de la ville de Paris.

Livre d’or « À la mémoire des anciens élèves et élèves de l’institut national agronomique morts pour la défense du sol français. »

Témoignage inédit de l'abbé Henry

Les clichés représentant les monuments aux morts de Langres et de Brennes proviennent du site « Mémorialgenweb ».

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Viard a été réalisée par J.F. Pierron.

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, à J.F. Pierron, à J.L. Poisot, à M. Porcher, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Marne.

21 janvier 2022

Maurice Henri Pichenet (1889-1961).

Maurice Henri Pichenet

Maurice Henri Pichenet voit le jour le 6 septembre 1889 au domicile parental, situé au n° 6 de la place de l’Hôtel de Ville, à Montigny-le-Roi, dans le département de la Haute-Marne. Son père, Paul Antoine Alexandre a 26 ans. Il travaille dans une épicerie.

Le 17 janvier 1889, cet homme s'est remarié avec Marie Cécile Desloges après les décès de sa première épouse et de son fils unique. Marie Cécile, également âgée de 26 ans, ne pratique pas d’activité professionnelle lorsqu’elle donne vie à son fils Henri. Le couple Pichenet n’aura pas d’autre enfant.

Montigny-le-Roi

La fiche signalétique et des services d’Henri Pichenet mentionne un degré d’instruction de niveau 3. La lecture, l’écriture et le calcul sont donc bien maîtrisés lorsqu’il quitte les bancs de l’école communale. Henri gagne ensuite sa vie comme épicier. 

L’année de ses vingt ans, il est déclaré bon pour le service armé par le conseil de révision réuni à la mairie de Montigny-le-Roi. Son départ pour la conscription est prévu en octobre 1910.

Incorporé au 149e R.I. d’Épinal, Henri Pichenet intègre la caserne Courcy le 4 octobre. Discipliné et bon soldat, il est encouragé par sa hiérarchie à suivre la formation des élèves caporaux. Il est promu dans ce grade le 26 septembre 1911. Un an plus tard, le chef d’escouade Pichenet retourne à la vie civile avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

En avril 1913, le jeune homme vit à Faverney, une petite commune située au nord de Vesoul.

L’année suivante, les relations avec l’Allemagne se dégradent à tel point que la  guerre ne peut plus être évitée. Comme des centaines de réservistes, Henri Pichenet doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. le 3 août 1914.

Son registre matricule ne fournit pas les détails nécessaires à la bonne compréhension de son parcours de fantassin pour les premiers mois du conflit.

Malgré ce manque, nous supposons qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par son régiment entre le début des hostilités et la date de son retrait du front en mars 1915.

Henri Pichenet souffre de rhumatismes, une maladie probablement à mettre sur le compte des nombreux séjours effectués dans les tranchées humides et glaciales sur les fronts de Belgique et d’Artois.

Le 15 mars 1915, il est évacué à l’hôpital n° 25bis à Lyon. Une fois soigné, le caporal Pichenet est dirigé sur le dépôt de convalescence à partir du 29 juin 1915.

Trois jours plus tard, il est envoyé en congé de convalescence pour une durée de 15 jours. Le 18, c’est le retour au dépôt du 149e R.I..

Henri Pichenet rejoint la zone des combats le 2 octobre 1915 pour être versé à la 7e compagnie du 149e R.I.. Son régiment vient de subir d’énormes pertes après des attaques menées durant plusieurs jours dans le secteur du bois en Hache, en Artois.

Mars 1916, le régiment spinalien doit se rendre dans la Meuse. Les Allemands viennent de lancer une grande offensive commencée le 21 février. Ils veulent prendre la ville de Verdun.

Durant cette période de la guerre, les compagnies du 149e R.I. vont effectuer deux séjours distincts en 1ère ligne : le premier du 8 au 17 mars, le second, du 31 mars au 10 avril.

Henri Pichenet quitte la 7e compagnie au cours du 2e séjour pour être, temporairement, affecté à la 10e compagnie.

Le 4 avril 1916, le caporal Pichenet est blessé à proximité du fort de Vaux. Un éclat d’obus frôle la carotide avant de finir sa course à proximité de la clavicule. La mort est évitée de peu.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

Carte 1 journee du 4 avril 1916

Du 7 au 30 avril 1916, il est soigné à l’ambulance des armées n° 10/13. Henri Pichenet bénéficie ensuite d’un congé de convalescence d’une semaine.

De retour dans la zone des armées, il est nommé sergent le 19 juin 1916. Sa santé, devenue fragile, lui impose une évacuation à l’ambulance n° 12/1 à partir du 29 août 1916. Une longue période de soins commence.

Le sergent Pichenet est, dans un premier temps, pris en charge à l’hôpital n° 16 de Royallieu, près de Compiègne.

Le 1er octobre 1916, il est transféré à l’hôpital temporaire n° 54, au château de Beaudiment, dans le département de la Vienne.

Le 20 novembre 1916, le sous-officier est envoyé à l’hôpital temporaire n° 12 à Châtellerault. Deux jours plus tard, il obtient un congé de convalescence de 15 jours.

Le sergent Pichenet rentre au dépôt le 7 décembre 1916. À partir de cette date, il est impossible de reconstruire son parcours militaire.

Sa fiche matricule indique simplement une mutation au 146e R.I. à compter du  2 août 1918.

Combien de temps est-il resté au dépôt du 149e R.I. ?  A-t-il été affecté au C.I.D. de la 43e D.I. durant une longue période ? Est-il retourné dans le régiment actif ? Il est difficile de répondre à ces questions.

Le dépôt divisionnaire du  21e R.I. de Langres le met en congé illimité de démobilisation à partir du 5 août 1919.

Henri Pichenet entre au petit séminaire de Bourbonne-les-Bains juste après le conflit.

Il est maintenu au service armé avec un taux d’invalidé inférieur à 10 % pour troubles digestifs, suite à une décision prise par la commission de réforme de Chaumont réunie le 21 juin 1921.

Henri Pichenet n’est pas devenu prêtre. Le 7 juin 1927, il épouse Léontine Hélène Delacure à Langres. Le couple aura deux enfants.

Le 15 octobre 1930, l’ancien sergent du 149e R.I. passe dans la 2e réserve. Le 10 août 1934, il est inscrit, en tant que père de famille, dans la classe de mobilisation la plus ancienne de la 2e réserve (article 58 de la loi du 31 mars 1928).

Dégagé de toutes obligations militaires, il doit tout de même rester à la disposition du ministre de la guerre pour servir, en cas de nécessité, dans la défense passive.

Henri Pichenet a exercé les fonctions de secrétaire de la section cantonale des anciens combattants de Montigny-le-Roi durant plusieurs années.

Au début des années trente, Jacques Péricard, journaliste et écrivain français, souhaite rédiger un ouvrage consacré à la bataille de Verdun, uniquement construit à partir des témoignages d’anciens combattants. Le 4 octobre 1931, Henri Péchinet lui adresse le courrier suivant :

« Mon cher camarade,

J’ai lu à plusieurs reprises votre appel en faveur d’une « histoire de Verdun » écrite par les seuls anciens combattants. J’applaudis à votre initiative, mieux encore, je souscris à votre vœu.  C’est, sans doute, une bien faible contribution que la mienne. Je puis du moins affirmer que les deux récits, narrés bien simplement, que je vous communique, ont été vécus en mars-avril 1916, en des heures où l’on faisait bon marché de soi.

Si « Jacques des Gachons » dont j’envie tout à la fois et les œuvres et les contes alertes que publie « La Victoire » peut-être satisfait de mon petit grain de sable apporté à son édifice, c’est encore moi qui l’en remercierai. 

Agréez, mon cher camarade, l’expression de mes sentiments bien cordialement dévoués.

H. Pichenet ex-sergent du 149e R.I. »

Deux extraits de ses récits seront publiés dans l’ouvrage de Jacques Péricard.

Maurice Henri Pichenet décède le  30 janvier 1961 à Montigny-le-Roi.

Il a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

Citation à l’ordre de la division n° 437 en date du  4 mai 1916 :

« Pendant les combats d’avril 1916, sous un feu violent, a toujours conservé un sang-froid remarquable, et fait preuve de la plus belle bravoure. A puissamment contribué à la défense d’un ouvrage important où il fut blessé. »

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Pichenet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Sources :

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services, de son acte de naissance et du registre de recensement de la ville de Montigny-le-Roi de l’année 1906. Tous ces documents ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

La lettre rédigée par Henri Pichenet à l’adresse de Jacques Péricard fait partie du fonds Péricard enregistré sous la  cote 179 J 78 aux archives départementales de Somme.

Archives départementales de la Somme

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski,  aux archives départementales de la Somme et de la Haute-Marne et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

7 janvier 2022

Gaston Samuel (1881-1918).

Gaston Samuel

Gaston Samuel voit le jour le 7 octobre 1881, à Baccarat, une ville située à l’extrême sud du département de la Meurthe-et-Moselle. Son père, Prosper, alors âgé de 29 ans, exerce le métier de commerçant. Sa mère, Caroline Alexandre, a 31 ans. Elle ne pratique pas d’activité professionnelle. Gaston est le second enfant du couple. Une sœur, prénommée Fernande, est née l’année précédente. Un frère, André, viendra au monde en 1884.

Genealogie famille Samuel

Le jeune Gaston quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise parfaitement la lecture, l’écriture et le calcul lorsqu’il rejoint le milieu du travail.

En 1901, ses parents vivent alors à Rambervillers. Le registre de recensement correspondant à cette année nous apprend que son père était marchand de bestiaux.

Comme pour la quasi-totalité des registres matricules du bureau de recrutement du département des Vosges, il n’y a aucune inscription enregistrée dans la case « détail des services et mutations diverses » sur la fiche signalétique et des services de Gaston Samuel. Cette absence de renseignements rend impossible la reconstruction de son parcours militaire.

Nous savons simplement qu’il a été déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Rambervillers l’année de ses vingt ans.

Gaston a probablement effectué ses obligations militaires durant l’année 1902, puis quitté la caserne trois ans plus tard, avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. C’est tout ce que nous pouvons dire concernant cette période.

De retour à la vie civile, il retrouve son poste d’employé de commerce.

Le 1er août 1914, la France rappelle ses réservistes. Un nouveau conflit contre l’Allemagne est sur le point d’éclater. Les classes en âge de revêtir l’uniforme ont ordre de rejoindre leurs dépôts d’affectation, ce qui est le cas de Gaston Samuel.

Comme il a été dit précédemment, sa fiche matricule reste obstinément muette sur son vécu de soldat.

Il est donc impossible de dire quoi que ce soit sur ce qu’il a fait durant les premières années du conflit. Était-il déjà caporal au moment de la mobilisation, un grade qu’il aurait pu obtenir durant sa conscription ? Rien dans les documents disponibles ne permet de répondre à cette question.

Le texte qui accompagne sa Médaille militaire nous apprend qu’il a été blessé entre le début des hostilités et le mois d’avril 1917. Il n’y a pas plus de précision sur cette blessure.

En effet, son nom ne figure sur aucun état des pertes du 149e R.I. couvrant la période d’août 1914 à septembre 1915. Il n’est pas plus inscrit dans les registres des contrôles nominatifs des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires de ce régiment ; ces registres sont détenus par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges. Cela voudrait-il dire qu’il servait dans un autre régiment avant cette blessure ? C’est une éventualité.

Mais où et quand a-t-il été blessé ? Encore un blanc dans son parcours qu'un document permettra peut-être un jour de combler.

Une citation à l’ordre du 149e R.I. gagnée en septembre 1916 lui accorde le droit de porter la croix de guerre. Cette citation valide sa participation aux combats menés par ce régiment dans la Somme. Sa présence dans ce département, en tant que sous-officier, est confirmée par le texte qui accompagne sa Médaille militaire obtenue quelques mois plus tard.

Mais à quelle période a-t-il été nommé sergent ? L'absence de sources empêche de le savoir.

Le 10 avril 1917, un groupe de sous-officier du 149e R.I. est photographié loin de la zone des combats.

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

Grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté », il est tout à fait réaliste d’associer un visage à un nom pour ce cliché. Un tirage similaire, reproduit à la page 179 de l’ouvrage, est accompagné des 17 noms des hommes représentés. Le sergent Samuel est dans la liste. Tous ces sous-officiers appartiennent à la 10e compagnie.

À quel moment le sergent Samuel a-t-il été affecté dans cette compagnie ? Il n’est pas possible de répondre à cette interrogation.

Le régiment qui a pour devise « Résiste et mord » occupe plusieurs secteurs particulièrement exposés, à proximité du chemin des Dames. Mais il ne sera pas engagé avant l’offensive de la Malmaison du 23 octobre 1917.

Le sergent Samuel a-t-il participé à cette attaque ? Il est difficile de l’affirmer.

Un acte de décès permet de retrouver sa trace à la fin de l’année 1917.

Gaston Samuel est témoin de la mort accidentelle du 1ère classe Claude Luc survenue le 26 décembre 1917. La lecture de l’acte de décès de ce soldat nous apprend qu’il servait à la 12e compagnie du 149e R.I., une compagnie non combattante rattachée au centre d’instruction de la 43e D.I. le jour de sa disparition. Même si nous n’en connaissons pas les raisons, cette information est d’une grande importance, puisqu’elle confirme la présence du sergent Samuel au sein du C.I.D. à cette période de la guerre.

Le sergent Samuel est ensuite affecté au 31e B.C.P. puis au 67e R.I.. À quel moment et pour quel motif a-t-il été affecté dans ces unités ? Il est impossible de donner une réponse satisfaisante à ce questionnement.

Gaston Samuel est tué en Belgique le 8 novembre 1918 près du village de Zingem, que l'on trouve parfois écrit "Synghem". 

Un article de presse, publié dans le journal « le télégramme des Vosges », nous indique que le corps de ce sous-officier a été rapatrié par convoi ferroviaire à Rambervillers le 4 juillet 1922.

Le nom du sergent Samuel est gravé sur la plaque commémorative de la Synagogue de Saint-Dié-des-Vosges. Il n'est pas inscrit sur les monuments aux morts de sa ville de naissance (Baccarat), de sa ville de résidence (Saint-Dié-des-Vosges), et encore moins sur celui de Rambervillers où son corps repose. 

Les décorations du sergent Samuel

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec une étoile de bronze :

Citation à l’ordre du régiment du 26 septembre 1916 :

« A, par beaucoup d’initiative et de dévouement, aidé son chef de section dans l’organisation des positions conquises. A fait preuve d’un grand courage. »

Médaille militaire (J.O. du 24 avril 1917) :

« Sergent de la territoriale au 149e R.I.. Sous-officier dévoué et brave qui s’est distingué, comme chef de demi-section aux attaques de septembre 1916.  Une blessure (a déjà été cité). »

Le fil conducteur reliant la fiche individuelle figurant sur le site « Mémoire des hommes » à la fiche matricule et au portrait de la photographie a été très difficile à établir. Les citations trouvées dans le livre d’or des Israélites dans l’armée française, la lecture du registre matricule de son frère André, souffrant également d’une très forte myopie et l’acte de décès du soldat Luc, ont beaucoup aidé à tisser le lien identitaire.

La destruction intégrale des registres d’état civil de la ville de Saint-Dié-des-Vosges, durant le 2conflit mondial du XXe siècle, ajoute un blanc supplémentaire à l’histoire du sergent Samuel. Une recherche généalogique approfondie est inenvisageable. Gaston Samuel a-t-il été marié ? A-t-il eu une descendance ? Il est impossible de le dire.

Sources :

Fiche signalétique et des services du sergent Samuel lue sur le site des archives départementales des Vosges.

Livre d’or des Israélites dans l’armée française.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à A. Samuel, à F. Barbe, à A. Carobbi, à O. Gaget, à T. Vallé, aux archives départementales de la Meurthe-et-Moselle et des Vosges  et au Service Historique de la Défense de Vincennes.  

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