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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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5 mai 2023

Victor Marie Voirin (1887-1937)

Victor Marie Voirin

 

Victor Marie Voirin voit le jour le 6 juillet 1887 à Champlitte, dans le département de la Haute-Saône.

 

Son père, Emmanuel, 44 ans, est marchand de chiffons. Sa mère, Benoite Goutte, âgée de 39 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Victor est le benjamin d’une fratrie composée de 2 filles et de quatre garçons (ses deux sœurs sont toutes les deux décédées en bas âge). Son père meurt lorsqu’il a 8 ans.

 

Genealogie famille Voirin

 

La fiche matricule de Victor Voirin mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale. Pour lui, il n’est pas question de poursuivre ses études. Il doit rapidement gagner sa vie pour subvenir aux besoins de la famille.

 

En 1903, Victor vit avec sa mère et son frère Louis, cordonnier né avec un pied bot (ses deux autres frères, Émile et Auguste, sont mariés alors que lui-même fête ses 16 ans). Tout comme son père et son frère Auguste, Victor devient chiffonnier.

 

Peut-être lassé par un métier peu lucratif ou par une existence qu’il juge trop ennuyeuse, Victor Voirin profite de l’arrivée des obligations militaires pour contracter un engagement volontaire avec l’armée (article 50 de la loi du 21 mars 1905).

 

Le 29 février 1908, il se rend à la mairie de Champlitte pour signer son contrat. Désireux de mettre de la distance avec son ancienne vie, il choisit de servir durant 3 ans au 1er régiment de Zouaves, une unité qui tient garnison à Alger (un bataillon et une compagnie cantonnent à la caserne d’Orléans, deux compagnies au fort national et une compagnie à Koléa).

 

Victor Voirin arrive au corps le 9 mars 1908. Nommé zouave de 2e classe le 1er novembre 1909, il n’ira pas plus loin dans la hiérarchie militaire. Ses supérieurs ne l’autorisent pas à suivre la formation des élèves caporaux.

 

Le moment venu, le zouave Voirin ne souhaite pas signer de nouveau contrat. Sa carrière sous l’uniforme s’arrête officiellement à la fin du mois de février 1911. De retour en France avec son certificat de bonne conduite validé, il retourne vivre dans sa commune natale. Le 1er mars, il passe dans la réserve de l’armée active.

 

Victor Voirin trouve un emploi de garçon brasseur. Le 26 octobre 1912, il épouse Marie Amélie Joséphine Parfait à Champlitte. Trois filles naîtront de cette union.

 

Son ancien statut d’engagé volontaire le dispense d’effectuer sa 1ère période d’exercice.

 

Victor Boivin travaille dans l’administration des postes ; il est classé non affecté entre le 7 mai 1914 et le 1er septembre 1914.

 

Une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer. L’ancien zouave Voirin est affecté au 149e R.I. C’est un régiment qui tient habituellement garnison à Épinal, mais qui a vu son dépôt déplacé à Jorquenay puis à Rolampont, près de Langres. Victor Voirin arrive dans sa nouvelle unité le 28 août 1914.

 

Il rejoint le régiment actif en Belgique le 12 décembre 1914.

 

Si sa fiche signalétique et des services ne donne pas d’indication précise sur son parcours de combattant, elle laisse tout de même supposer sa présence sur le front d’Artois en 1915 et à Verdun durant les mois de mars et avril 1916.

 

Sa fiche matricule mentionne une blessure à la tête suite à l’effondrement d’un abri, à la date du 9 novembre 1916. À cette période de sa vie, le soldat Voirin fait partie des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I.. Son régiment est engagé dans la Somme depuis le début du mois de septembre.

 

Pour en savoir plus sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Du cote de Deniecourt-novembre 1916

 

Le soldat Voirin est dans un premier temps soigné à l’ambulance 7/21  S.P. 116. Le 10 novembre,  il est pris en charge à l’ambulance 7/13 S.P. 142.

 

Le 13 décembre, il bénéficie d’une permission de 7 jours. Le 22, il est de retour au 149e R.I.. Le numéro d’affectation de sa nouvelle compagnie n’est pas connu.

 

Une citation à l’ordre du régiment confirme sa présence sur le champ de bataille au cours de l’attaque allemande du 15 juillet 1918. Il est impossible d’en dire plus sur ce qu’il a fait après, jusqu’à la signature de l’armistice, le 11 novembre 1918.

 

Victor Voirin est mis en congé illimité de démobilisation le 19 mars 1919 par le dépôt divisionnaire du 21e R.I. à Langres.

 

Du 2 mars 1921 au 23 février 1927, il est classé dans l’affectation spéciale en tant que facteur rural à l’administration des postes et télégraphes.

 

Le 10 novembre 1928, l’ancien combattant Voirin passe dans la 2e réserve (ancienne réserve territoriale).

 

Son nouveau fascicule de mobilisation conservé à l’intérieur du duplicata de son livret militaire permet d’en savoir un peu plus sur ses obligations militaires en cas de nouveau conflit. Le réserviste Voirin, devenu infirmier, aurait dû se présenter à la mairie de Champlitte, quatre jours après l’ordre de mobilisation générale où il aurait été employé à la conduite des animaux de réquisition.

 

Fascicule de mobilisation de Victor Voirin

 

Fin 1935, Victor Voirin fait appel au Chanoine Pierre Henry et à l’ancien vicaire de Champlitte, Urbain Nurdin pour leur demander une attestation écrite prouvant les circonstances de sa blessure à la tête du 9 novembre 1916.

 

Dans quel but fait-il cette demande ? Endure-t-il des douleurs qui pourraient -être en rapport avec son ancienne blessure ? Souffre-t-il de séquelles physiques ou psychiques qui justifieraient un passage devant la commission de réforme ? Souhaite-t-il faire valoir un éventuel pourcentage de handicap ? Il est difficile de se prononcer sur le sujet. Il est vrai que contrairement à des plaies provoquées par balle ou par éclats d’obus, cette blessure n’a probablement pas laissé de trace corporelle.

 

Victor Voirin a peut-être tout simplement eu besoin d’une preuve écrite, signée par deux témoins oculaires « fiables », pour justifier d’éventuels symptômes post-traumatiques en lien avec la guerre. Ceci n’est, bien sûr, qu’une supposition.

 

Le chanoine Henry, ancien aumonier du 149e  R.I., lui rédige le compte-rendu suivant : 

 

« Le poste de secours des brancardiers divisionnaires est installé dans un ancien abri boche, abri bétonné, solidement construit dans l’ancien fossé du château. Il n’a qu’un inconvénient, c’est d’avoir ses ouvertures assez étroites, heureusement tournées du côté de l’ennemi.

 

8 novembre

 

C’est la soirée des émotions pour notre P.S.. Nuldin vient d’arriver avec 12 hommes pour enterrer les morts du 158e R.I..

 

19 h 00

 

Qu'est-ce qui prend aux Boches ? C’est à nous, à notre P.S. qu’ils en veulent. Voilà que ça tombe plus près, trop près !  Une équipée du 149e R.I. qui vient de se faire sonner dans le village se précipite en trombe dans notre abri qui se remplit. Pan, cette fois, ça y est ! En plein dessus le P.S.. On entend des cris. Les bougies se sont éteintes. On sent une forte odeur de poudre. Il y a des blessés, des tués peut-être ? Quelque chose s’écroule ; une minute d’affolement dans le noir, les hommes se précipitent à l’aveugle dans toutes les directions, au risque de marcher sur les blessés !

 

Il faut se jeter au-devant d’eux et crier : « attention aux blessés ! » et ponctuer pour cela de mots énergiques, ce que ne manquent de faire Ducuing et Legrand (aides-majors).

 

La lumière se fait, on se précipite, personne de tué.

 

Un trou dans la voûte ; l’obus, un gros, a frappé l’angle de la fenêtre, atteignant la voûte qui s’est comme vidée sur la tête de ceux qui étaient en dessous. Un homme qui a reçu les plus gros morceaux a la tête en sang. On dirait qu’il est comme scalpé, le crâne ne paraît pas entamé.

 

Ce blessé n’est pas de notre groupe. C’est un nommé Henri Voirin du 149e R.I. (9e compagnie). Il est de Champlitte et causait avec son compatriote Nuldin qui lui, en est quitte pour l’émotion.

 

Relisant ces lignes écrites en ce temps là, il m’est facile de certifier, et ceci ne sera certes pas un certificat de complaisance, que Voirin Henri, alors soldat au 149e R.I. (9e compagnie) a été blessé à Deniécourt, le 8 novembre 1916, par les blocs de ciment armé détachés de la voûte par l’éclatement d’un obus de gros calibre. Chanoine P. Henry chancelier de l’Évêché à Langres. 2 janvier 1936 »

 

L’ancien vicaire de Champlitte Urbain Nurdin témoigne à son tour :

 

 « Je connaissais très bien Monsieur Henri Voirin avant la guerre puisque lui était de Champlitte et moi vicaire de cette paroisse. Je l’avais revu souvent durant la guerre, puisqu’il était dans la même Division que moi. Lui au 149e R.I. et moi au G.B.D. 43.

 

Le 8 novembre 1916, nous devions nous revoir dans des circonstances qui auraient pu être plus tragiques, mais où néanmoins, il reçut en ma présence, une blessure à la tête que je suis bien en mesure de certifier.

 

Avec douze hommes dont on m’avait donné la direction, j’avais procédé dans cette journée du 8 novembre à l’inhumation sur le terrain, derrière nos lignes, de morts restés sur le sol ou insuffisamment enterrés. Nous étions rentrés à notre poste de secours de Deniécourt où je fus heureux de saluer mon confrère l’abbé Henry, notre aumônier divisionnaire.

 

Nous goûtions, depuis un moment, un repos bien gagné quand un bombardement acharné du village commence, puis, tout d’un coup, une corvée de soupe du 149e R.I. dont faisait partie Henri Voirin s’enfourne dans notre P.S..

 

De suite, je reconnais Voirin et avec lui, je taille une petite partie de blague. On était bien en train de rire des Boches qui se fâchaient quand tout à coup un de ses maousses nous tombe en plein dessus alors que la voûte s’effondre sur nous.

 

Nos chandelles s’éteignent. On crie : moi je n’ai rien, mais il y en a sûrement qui sont blessés. Quand une bougie s’allume, je vois mon pauvre Voirin, la tête toute en sang et le corps à moitié enseveli dans les débris. Je l’aide à se relever pour que nos majors puissent lui faire un premier pansement. Ensuite, il a été évacué vers l’arrière.

 

C’est un témoin oculaire qui certifie l’exactitude de tous ses détails comme aussi, je peux certifier le fait de la blessure de Monsieur Henri Voirin et la nature du projectile : un obus de gros calibre qui a défoncé la voûte bétonnée de notre poste de secours. Mornay, 8 janvier 1936 (il est à noter que ces deux hommes d’Église l’appellent Henri Voirin et non Victor Voirin).

 

L’ancien soldat du 149e R.I. est définitivement libéré de toutes obligations militaires le 29 février 1936.

 

Carte de combattant et livret militaire de Victor Voirin

 

Le soldat Voirin a été décoré de la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 66 en date du 5 décembre 1918 :

« Bon soldat, très consciencieux, s’est distingué en maintes circonstances, particulièrement le 15 juillet 1918, en Champagne où il fit preuve d’un grand sang-froid dans une mission de reconnaissance qui lui avait été confiée. »

 

Victor Marie Voirin est décédé chez lui, à Champlitte, le 10 février 1937 à l’âge de 49 ans.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

La généalogie de la famille Rallier a été réalisée à partir des informations trouvées sur le site Généanet associée à la lecture des registres de recensement de la commune de Champlitte.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, aux archives de la Saône-et-Loire, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie de Champlitte. 

21 avril 2023

Charles Élie Marcel Depierre (1892-1916)

Charles Elie Marcel Depierre

 

Charles Élie Marcel Depierre est né le 14 août 1892, aux Granges Michel, un hameau dépendant de la commune de Verrières-de-Joux, dans le département du Doubs. Élie est le 6e enfant d’une fratrie composée de 4 filles et de 5 garçons.

 

Son père, Louis Narcisse, 38 ans, et sa mère, Marie Philomène Myotte, 29 ans, exercent tous les deux le métier de cultivateur.

 

La fiche matricule d’Élie Depierre mentionne un degré d’instruction de niveau 2, ce qui laisse supposer une maîtrise moyenne de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique.

 

Ce degré d’instruction est probablement dû à des périodes d’absentéismes prolongés, liées aux travaux agricoles. Élie devait régulièrement aider sa famille avant même la fin de ses obligations scolaires.

 

Une fois sa scolarité terminée, Élie est contraint d’aller gagner sa vie malgré son jeune âge. Tout comme ses parents, il rejoint le milieu agricole pour aller travailler la terre. Élie pratiquera ce métier difficile jusqu'à son départ pour la conscription.

 

Solide comme un roc, il est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision du canton d’Ornans, qui l’inscrit dans la 1ère partie de la liste de l’année 1913.

 

Le 10 octobre, Élie Depierre intègre les effectifs de la 4e compagnie du 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Sa section se fait photographiée avec l’ensemble de ses cadres, peu de temps après son arrivée dans cette unité.

 

Une section de la 4e compagnie du 149e R

 

Le 30 octobre 1913, le conscrit Depierre donne des nouvelles à ses parents.

 

Texte rédigé par Elie Depierre

 

Élie Depierre porte toujours l’uniforme lorsque l’Allemagne entre en conflit avec la France en août 1914. Son régiment, qui fait partie de la réserve des troupes de couverture, doit gagner la frontière dès le 31 juillet.

 

Le 9 août, c’est le baptême du feu pour le 149e R.I.. L’attaque a lieu au Renclos des Vaches près de Wisembach. La 4e compagnie, sous les ordres du capitaine Altairac, est une des toutes premières à être engagée. Le soldat Depierre est touché par une balle à la jambe droite. Il doit être évacué vers l’arrière.

 

La période et le lieu où il est soigné ne sont pas connus. Il en est de même pour la date de son retour au sein du 149e R.I.. Sa fiche matricule indique simplement qu’il a été de nouveau blessé au cours de l’offensive allemande du 3 mars 1915, dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cette fois-ci, c’est un éclat d’obus qui lui a généré une plaie dans la région pectorale droite.

 

Une nouvelle fois, sa fiche signalétique et des services ne mentionne pas la date et le lieu concernant sa prise en charge médicale. Il est donc impossible de dire à quel moment le soldat Depierre a rejoint son unité après sa période de convalescence.

 

A-t-il participé aux combats de mai, de juin et de septembre 1915 ? A-t-il pris part à la bataille de Verdun en mars-avril 1916 ? Il est difficile de l’affirmer avec aussi peu d’informations à disposition.

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme. Le 4, il doit prendre le village de Soyécourt. L’attaque est une réussite totale. Le mois suivant, le régiment contrôle une zone comprise entre la sucrerie d’Ablaincourt et le bois Bauer. C’est un secteur particulièrement dangereux. Chaque imprudence peut-être fatale.

 

Une offensive prévue depuis le 24 octobre 1916 débute le 7 novembre. Ce jour-là, Élie Depierre, devenu pionnier à la C.H.R., meurt suite à ses blessures (il n’est fait aucune mention des circonstances de sa mort sur son acte de décès).

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journée du 7 novembre 1916

 

Le soldat Depierre repose actuellement dans la nécropole nationale de Maucourt. Sa tombe porte le n° 1564.

 

 

Son acte de décès a été transcrit à la mairie de Voires le 25 février 1919.

 

Charles Élie Marcel Depierre ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de la commune de Durnes.

 

Pour consulter la généalogie de la famille Depierre, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Le pionnier Depierre a été décoré de la croix de guerre avec deux étoiles de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 107 en date du 10 mai 1916

 

« Très bon soldat courageux et discipliné. Deux blessures. »

 

Citation à l’ordre du régiment n° 28 en date du 1 décembre 1916

 

« Pionnier d’une grande bravoure, d’un zèle et d’un dévouement à toute épreuve. Blessé le 7 novembre 1916 à Gomiécourt, plaies multiples par éclat d’obus. »

 

 Il a reçu la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 4 septembre 1920).

 

« Pionnier d’une bravoure, d’un zèle et d’un dévouement à toute épreuve. Tué glorieusement, le 7 novembre 1916, à Gomiécourt, en s’élançant à l’attaque des positions ennemies malgré une vive fusillade. A été cité. »

 

Sources :

 

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche matricule consultée sur le site des archives départementales du Doubs et de sa fiche individuelle lue sur le site « Mémoire des Hommes ».

 

La photographie de sa sépulture a été réalisée par B. Étévé.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à B. Étévé, à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Gard.

7 avril 2023

Georges Poncelet (1892-1916)

Georges Poncelet

 

Georges Poncelet naît « au hasard des garnisons » le 18 février 1892 à Vendôme, dans le département du Loir-et-Cher.

 

Son père, Louis Jules, 47 ans, est officier de cavalerie au 7e régiment de Chasseurs. Sa mère, Marie Marguerite Dumont, 35 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Georges est le neuvième enfant du couple. Paul, le benjamin de la fratrie, voit le jour l’année suivante.

 

Genealogie famille Poncelet

 

Attiré très tôt par les chevaux et probablement initié aux bases de l’équitation, Georges ne rêve que d’une chose, s’engager dans un régiment de cavalerie.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui est une erreur. En effet, le jeune Poncelet a passé le concours d’entrée de l’école de Saint-Cyr, ce qui implique qu’il a obligatoirement suivi un enseignement secondaire complet avec obtention du baccalauréat.

 

Georges Poncelet est reçu à l’école spéciale militaire, mais il ne fait pas partie des meilleurs admis. Son numéro d’entrée ne lui laisse aucun espoir pour une intégration dans un régiment de cavalerie. Il préfère démissionner plutôt que de se former dans l’infanterie.

 

Toujours dans l’idée de servir dans un régiment de cavalerie, Georges Poncelet se rend à la mairie de Château-Thierry, le 11 octobre 1911, pour y signer un engagement volontaire de trois ans.

 

Trois jours plus tard, il intègre, comme simple cavalier, le 6e régiment de cuirassiers, une unité qui tient garnison à Sainte-Menehould. Son instruction militaire débute le 15 octobre 1911. Elle s’achève le 14 août 1912.

 

Sainte-Menehould - entrée du quartier du 6e Cuirassier

 

Son niveau d’études et son statut d’engagé volontaire lui permettent d’accéder rapidement aux premiers grades de sous-officier. Il est nommé brigadier le 22 février 1912 puis maréchal des Logis le 27 septembre.

 

Deux petits accrocs au règlement en lien avec du matériel militaire lui valent 6 jours d’arrêts simples en décembre 1912.

 

 

Les manquements à la discipline sont un peu plus nombreux l’année suivante.

 

 

Le 5 décembre 1913, le maréchal des logis Poncelet signe un nouveau contrat d’une durée d’un an. Cet engagement prendra effet à compter du 11 octobre 1914,  lorsque le précédent arrivera à échéance.

 

Georges Poncelet occupe les fonctions maréchal des logis fourrier du 1er octobre 1913 au 6 mai 1914. Le jeune homme continue de se former avec tout ce qui lui est proposé au sein de la caserne.

 

Son livret matricule d’homme de troupe indique un brevet de maître de gymnastique et mentionne des épinglettes d’honneur ; celles-ci ont probablement été obtenues grâce à d’excellentes performances au tir.

 

Le maréchal des logis Poncelet prend part aux grandes manœuvres de la 4e D.I. de cavalerie entre le 29 août et le 15 septembre 1913.

 

Le 21 décembre, il obtient son brevet d’aptitude à l’emploi de chef de peloton.

 

Un dernier manquement à la discipline lui vaut 3 jours d’arrêts simples en février 1914.

 

 

Le 7 avril 1914, Georges Poncelet se rend à Verdun pour passer les épreuves écrites du concours d’admission à l’école d’application de cavalerie de Saumur. C’est une nouvelle chance de devenir officier.

 

Reçu, il n’aura malheureusement pas la possibilité de suivre la formation. Cette fois-ci, il est rattrapé par les évènements internationaux. Un conflit armé contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Le maréchal des logis Poncelet entre en campagne contre l’Allemagne et l’Autriche dès le 31 juillet 1914.

 

Son régiment est envoyé au sud de Montmédy en tant que troupe de couverture. Il fait partie des unités qui doivent assurer la protection frontalière le temps que la nation termine la mobilisation de ses troupes.

 

Le 6e régiment de cuirassiers prend part à la bataille des Ardennes, du côté de Neufchâteau et d’Étalle en Belgique. Georges Poncelet est nommé aspirant le 10 août 1914. Fin août, son régiment protège la retraite de l’armée française près de Vervins.

 

Descendu jusqu’aux environs de Provins, le régiment de l’aspirant Poncelet participe à la bataille de la Marne. En octobre, il prend la direction de Lens avant de se diriger sur Béthume.

 

Fin 1914, la ligne de front se stabilise. La majorité des régiments de cavalerie abandonne ses chevaux devenus inutiles. Le 6e régiment de cuirassiers met pied à terre pour aller combattre dans les tranchées des Flandres, à Nieuport.

 

Début 1915, le 6e régiment de cuirassiers  est en Artois dans le secteur d’Arras.

 

Le 24 mars 1915, Georges Poncelet est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Il est enfin devenu officier.

 

Ce changement de statut entraîne aussitôt son affectation au 149e R.I.. Ce régiment combat du côté d’Aix-Noulette. Le chef de corps de cette unité lui confie le commandement d’une section de la 6e compagnie.

 

Le 4 mai 1915, le lieutenant-colonel Gothié lui inflige 8 jours d’arrêts simples pour le motif suivant : « Chargé de diriger une corvée de travailleurs au boyau de Saint-Nazaire, a quitté son poste sans motif et n’a pu arrêter une panique momentanée parmi ses hommes qui se sont réfugiés dans les tranchées de 1ère ligne. Le travail a été repris une heure après. Cette punition commencera le 4 mai. ». Ce sera sa dernière punition.

 

Le sous-lieutenant Poncelet participe aux attaques de mai, de juin et de septembre 1915 sur le front d’Artois.

Le 18 octobre, il est cité à l’ordre du 21e C.A. pour avoir assumé le commandement de sa compagnie après la mort de son supérieur, le lieutenant Damideau,  tué au cours d’une attaque menée le 26 septembre.

 

Le 6 janvier 1916, le chef de corps du 149e R.I. rédige la note suivante dans le feuillet individuel de Georges Poncelet : «  Sous-lieutenant à titre temporaire provenant des sous-officiers de cavalerie ancien démissionnaire à Saint-Cyr. Officier très sérieux, admissible à Saumur en 1914, ayant bien commandé une section et même une compagnie. Proposé pour le maintien à titre définitif. »

 

Suite à une décision prise par le général commandant en chef du 8 avril 1916, le sous-lieutenant Poncelet est promu lieutenant à titre temporaire. Cette nomination est ratifiée par une décision ministérielle du 15 avril. Georges Poncelet est en même temps nommé sous-lieutenant à titre définitif dans la cavalerie (J.O. du 17 avril 1916).

 

Le lieutenant Poncelet a été photographié à Somme-Tourbe, le 21 mai 1916. Il partage sa chambre avec le sous-lieutenant Robinet.

 

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme, au sud-est de Péronne. Le 4, il attaque le village de Soyécourt. Le lieutenant Poncelet est cité à l’ordre de la division pour ses actions.

 

Le 149e R.I. occupe ensuite un secteur de 1ère ligne allant de la sucrerie d’Ablaincourt au bois Bauer par roulement de bataillons.

 

Les conditions de vie sont très dures. La zone occupée est sans cesse bombardée par les Allemands et les conditions météorologiques sont particulièrement exécrables.

 

Le 7 novembre, une attaque prévue depuis le 24 octobre est sur le point d’être déclenchée. Les hommes du 2e bataillon du 149e R.I. se préparent à partir à l’assaut. L’artillerie fait rage. Le lieutenant Poncelet est déchiqueté par l’explosion d’un obus sur la parallèle du départ où sa compagnie est installée.

 

Trois heures plus tard la 6e compagnie, sous les ordres du sous-lieutenant Kolb passe à l’attaque. Elle sera citée à l’ordre de l’armée.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Carte 1 journée du 7 novembre 1916

 

Georges Poncelet est inhumé dans un premier temps à Harbonnières. Sa tombe portait le numéro 1644.

 

Il n’existe pas de sépulture individuelle militaire portant son  nom. Le corps de cet officier a probablement été restitué à la famille dans les années 20.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une palme, une étoile de vermeil et une étoile d’argent

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 63 en date du 18 octobre 1915. 

 

« Le 26 septembre devant Angres, a entraîné brillamment sa section à l’attaque des tranchées ennemies sous un bombardement et une fusillade des plus violents, son commandant de compagnie ayant été mortellement frappé, a maintenu sa compagnie sous le feu en donnant l’exemple du plus grand calme. Officier d’une bravoure, d’un entrain, d’un sang-froid remarquables, s’est toujours signalé par sa belle attitude dans toutes les actions auxquelles il a pris part. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 155 en date du 10 septembre 1916 :

 

« A commandé sa compagnie avec beaucoup de sang froid et d’énergie pendant les attaques des 4, 5, 6 septembre 1916, tenant des positions de soutien successives sous des tirs de barrage des plus violents et faisant preuve des plus belles qualités de commandement.  »

 

Citation à l’ordre de la Xe Armée  n° 242 en date du 3 décembre 1916 :

 

« Commandant de compagnie de premier ordre, officier brillant, d’une conscience, d’un entrain et d’un courage merveilleux. Calme et réfléchi dans le danger, a donné dans toutes les actions auxquelles il a participé sans interruption d’avril 1915 à novembre 1916, la plus haute mesure de sa valeur et de ses qualités militaires.

 

Mortellement frappé le matin du 7 novembre 1916 alors qu’il parcourait la parallèle du départ où il avait installé sa compagnie en premier élément d’assaut (était titulaire de deux citations). »

 

Légion d’honneur à titre posthume avec le même texte que sa citation à l’ordre de l’Armée (publication dans le J.O. du 25 janvier 1920).

 

Le nom de cet homme est gravé sur le monument aux morts, sur une des plaques commémoratives de l’Hôtel de Ville et sur le tableau commémoratif de l’église Saint-Crépin de la ville de Château-Thierry.

 

Georges Poncelet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales de l’Aisne.

 

La photographie présentée dans le montage est légendée : « chambre d’officiers - Poncelet et Rob - Somme-Tourbe – 21 mai 1916. »

 

Un grand merci à M. Bordes, à N. Tricat, à A. Carobbi, à M. Porcher à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de l’Aisne.

24 mars 2023

Marie Georges Chaxel (1896-1966)

Marie Georges Chaxel

 

Marie Georges Chaxel voit le jour le 28 octobre 1896 à Saulcy-sur-Meurthe, dans le département des Vosges.

 

Né de père inconnu, il est l’unique enfant de Marie Hortense Chaxel. Cette femme, âgée de 23 ans, travaille comme bobineuse dans l’usine de textile N. Géliot et Fils.

 

Saulcy-sur-Meurthe

 

En 1901, Hortense Chaxel vit avec ses deux sœurs, Rosine et Mathilde, son fils et ses neveux André et René.

 

En 1907, Prosper Chaxel, le grand-père de Georges, revient à Chaulcy-sur-Meurthe. Il s’installe au domicile de ses filles Hortense et Mathilde. Son fils, Camille, en plein préparatif de mariage,demeure quelque temps avec eux en attendant de créer son propre foyer. Rosine a quitté le groupe familial.

 

Genealogie famille Chaxel

 

Georges possède un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter lorsqu’il laisse derrière lui l’école communale. Une fois sa scolarité obligatoire terminée, il se fait engager dans l’usine de textile où travaillent sa mère et sa tante Mathilde.

 

En 1915, le jeune Chaxel se présente devant le conseil de révision de Saint-Dié. En bonne forme physique, il est déclaré apte aux obligations militaires. Conscrit de la classe 1916, Georges est appelé par anticipation pour cause de guerre.

 

Il quitte son métier de tisserand pour une incorporation au 149e R.I. à compter du 10 avril 1915. Georges Chaxel rejoint le dépôt du régiment deux jours plus tard. Évacué sur l’hôpital de Gérardmer le 7 septembre, il est envoyé le jour même à l’hôpital temporaire de cette commune qu’il quitte le 3 octobre. La raison de cette hospitalisation n’est pas connue.

 

Le 22 avril 1916, il part avec un groupe de soldats au 9e bataillon pour terminer son instruction.

 

Une fois sur place, il est inscrit dans les effectifs de la 35e compagnie.

 

Le 11 septembre 1916, Georges Chaxel est affecté à la 33e compagnie. Le 25, il rejoint la 8e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire 43.

 

Le 10 novembre 1916, le soldat Chaxel intègre la 5e compagnie du 149e R.I.. Ce régiment combat dans le département de la Somme depuis le début du mois de septembre. Les conditions de vie y sont épouvantables. La dernière attaque datant du 7 novembre a été un échec total. Le gain de terrain fut dérisoire par rapport aux pertes.

 

Georges Chaxel devient rapidement agent de liaison.

 

 

Les photographies suivantes représentent la liaison de la 5e compagnie. Elles ont été réalisées aux Vervins en 1917.

 

La liaison de la 5e compagnie aux Vervins

 

 

Les clichés présentés ci-dessus proviennent tous d’un album ayant appartenu à un officier non identifié de la 5e compagnie.

 

Le 23 octobre 1917, Georges Chaxel prend part à la bataille de la Malmaison.

 

Il est cité à l’ordre du régiment, pour avoir mené à bien sa mission et pour avoir participé à une attaque contre un nid de mitrailleuses. Il peut désormais porter la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 23 octobre 1917 1er objectif

 

Le 149e R.I. s’oppose à des offensives allemandes à deux occasions : la première fois dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue, la seconde fois dans le secteur du trou Bricot en Champagne.

 

Georges Chaxel obtient une seconde citation à l’ordre du régiment pour son dévouement durant cette période.

 

L’agent de liaison Chaxel participe ensuite à la bataille de Champagne et d’Argonne qui s’est déroulée du 25 septembre au 4 octobre 1918.

 

Le 3 octobre 1918, il est touché par des éclats d’obus devant le village d’Orfeuil. Blessé à la main gauche et au talon gauche, Georges Chaxel est envoyé à l’arrière pour être soigné à l’hospice civil S.M. (ancien couvent du Sacré-Cœur) de Chambéry du 8 au 29 octobre 1918.

 

Cette fois-ci, il est cité à l’ordre de la Division.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Orfeuil depuis le bois la Croix

 

Complètement rétabli de ses blessures, il rejoint la 4e compagnie du C.I.D. le 1er décembre 1918. Le 3, il part avec un groupe de renfort retrouver ses anciens camarades de la 5e compagnie du 149e R.I..

 

Démobilisé le 1er septembre 1919, Georges Chaxel retourne vivre à Chaulcy-sur-Meurthe. Le 26 avril 1924,  il épouse Lucie Georgette Marguerite Gaxatte, une tisserande originaire de Sainte-Marguerite.

 

À cette époque de sa vie, Georges Chaxel est employé à la compagnie des chemins de fer de l’Est. Le couple s’installe à Sainte-Maguerite. Il sera cheminot jusqu’à la fin de sa carrière professionnelle.

 

Durant le second conflit mondial, l’ancien soldat du 149e R.I. est « affecté spécial » à la S.N.C.F. à compter du 2 septembre 1939. Il sera rendu à la vie civile le 20 juin 1943, complètement libéré de toutes obligations militaires.

 

Georges Chaxel est décédé le 9 février 1966, rue Ernest Charlier, à Sainte-Marguerite.

 

Il repose dans le cimetière de cette commune.

 

Decorations Georges Chaxel

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 76 en date du 6 novembre 1917 :

 

« A assuré parfaitement son service d’agent de liaison pendant les combats du 23 octobre 1917 au Chemin des Dames. S’est ensuite distingué dans l’attaque d’un nid de mitrailleuses ennemies. »

 

Citation à l’ordre du régiment n° 37 en date du 8 juillet 1918 :

 

« Agent de liaison d’un grand dévouement, s’est toujours présenté pour accomplir des missions de liaison les plus périlleuses. »

 

Citation à l’ordre de la division n° 385 en date du 26 novembre 1918 :

 

« Agent de liaison plein de courage, d’initiative et de dévouement. S’est acquitté de sa mission dans les circonstances les plus délicates et les plus périlleuses pendant les combats du 26 septembre au 30 octobre 1918. Blessé dans l’accomplissement de sa mission. »

 

Décoré de la Médaille militaire par décret du 7 juin 1928.

 

Autres décorations :

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Le registre de recensement de la commune de Sainte-Marguerite de l’année 1936 n’indique pas de descendance pour le couple Chaxel.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Marie Georges Chaxel, le registre de recensement d’Anould de l’année 1896, les registres de recensement de Saulcy-sur-Meurthe des années 1901, 1906 et 1911, les registres de recensement de Sainte-Marguerite des années 1931 et 1936 ont été consultés sur le site des  archives départementales des Vosges.

 

Album photographique ayant appartenu à un officier du 149e R.I. (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Pierre, à A. Carrobi, à T. Vallé, aux archives départementales du Vaucluse et à la mairie de Sainte-Marguerite. 

3 mars 2023

Jean Mempontel (1892-1970)

Jean Mempotel

 

Jeunesse

 

Jean Mempontel voit le jour le 24 septembre 1892 à Ussel, dans le département de la Corrèze.

 

Ussel

 

Son père, Antoine, 25 ans, et sa mère, Marguerite Pauty, 27 ans, sont tous les deux cultivateurs. Jean est le second d’une fratrie composée de 3 filles et de 5 garçons.

 

Les Mempotel quittent la Corrèze pour venir s’installer en Lozère. Antoine y a trouvé un emploi de bûcheron. Fin 1896, la famille est domiciliée à la Capelle, commune située à 10 km au sud-est de la Canourgue. En 1898, elle vit à Soulages, un lieu-dit rattaché au village de Saint-Georges-de -Lévéjac. En 1900, cette famille demeure à Riesses, un hameau dépendant de la commune de La Malène. Chaque changement de résidence est lié à l’activité professionnelle du père.

 

La fiche matricule de Jean Mempotel mentionne un degré d’instruction de niveau 2. Sa maîtrise de l’écriture, de la lecture et du calcul a été jugée moyenne lors de la constitution du tableau de recensement.

 

Le fait d’avoir régulièrement changé d’école tout en grandissant à proximité des forêts ne lui a probablement pas donné l’envie et la possibilité d’approfondir ses études. Jean devient apprenti bûcheron après sa période de scolarité obligatoire.

 

En 1913, Jean Mempotel vit chez ses parents à Saint-Rome-de-Dôlan.

 

Sa très bonne condition physique entraîne directement son classement dans la 1ère partie de la liste de la classe 1913 lorsqu’il se présente devant les instances militaires.

 

Jean Mempotel a été déclaré « bon pour le service armé » par le médecin du conseil de révision réuni à la mairie de Massegros.

 

Au 55e R.I.

 

Le 9 octobre 1913, le conscrit Mempotel est incorporé au 55e R.I.. Il intègre les effectifs de la 11e compagnie du 3e bataillon (le 1er et le 3e bataillon du régiment cantonnent à la caserne Miollis à Aix-en-Provence. Le 2e bataillon occupe la caserne Pépin à Pont-Saint-Esprit).

 

Caserne Miollis

 

Jean Mempotel porte toujours l’uniforme lorsque les hostilités contre l’Allemagne débutent au cours de l’été 1914. Il est nommé caporal le 22 août.

 

Quatre jours plus tard, son régiment attaque le village de Mont-sur-Meurthe sous un violent feu d’artillerie. Touché par une balle à un bras et au crâne, le caporal Mempotel est évacué vers l’arrière (la durée des soins et le nom de l’hôpital où il a été pris en charge sont inconnus).

 

Jean Mempotel est promu sergent le 22 mai 1915.

 

Au 149e R.I.

 

Ses blessures n’entraînent pas sa réforme. Il retrouve le dépôt du 55e R.I. avant d’être envoyé en renfort au 149e R.I. le 15 juin 1915.

 

Le sergent Mempotel intègre les effectifs de la 9e compagnie du régiment actif le 26. À cette époque du conflit, le 149e R.I. occupe un secteur particulièrement exposé à proximité d’Aix-Noulette, dans le Pas-de-Calais.

 

Les 25, 26 et 27 septembre 1915, le régiment de ce soldat est engagé dans une vaste offensive impliquant l’ensemble de la 43e D.I.. Le 149e R.I. a pour mission de prendre le bois en Hache. Le sergent Mempontel participe à cette attaque sous les ordres du capitaine Jean. Il sort indemne de cette expérience du feu.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Les chefs de bataillons du 149e R

 

Janvier 1916, le 149e R.I. quitte le front d’Artois. Mars-avril 1916, il combat dans le secteur du fort de Vaux près de Verdun. Le sergent Mempotel est blessé par un éclat d’obus à la jambe le 2 avril 1916. Le 5, il est soigné à l'Hôpital temporaire C à Chaumont, dans le département de la Haute-Marne. La date de son retour dans la zone des armées n’est pas connue.

 

Le 17 avril, Jean Mempotel est décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre de la division.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

L'étang de Vaux

 

Comme l’attestent les deux photographies ci-dessous, le sergent Mempotel est au 149e R.I. actif en juillet 1916. Le régiment occupe un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles, en Champagne.

 

Le premier cliché, réalisé le 8 juillet au camp Laprade, montre le sergent Mempotel en compagnie de l’aspirant Loubignac, du sergent Vincent, et d’un cuistot du régiment.

 

Jean Mempotel au camp Laprade

 

Le second cliché a été réalisé dans la tranchée de l’Avion le 20 juillet. Jean Mempotel pose à côté de l’aspirant Loubignac.

 

Tranchee de l'Avion

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme, au sud-est de Péronne. Le 4, il  doit prendre le village de Soyécourt. Le sergent Mempotel est blessé pour la troisième fois. Cette fois-ci, il est touché par un éclat de grenade à l’épaule droite. Le 9, il est soigné à l’ambulance 15/13.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Hippolyte Journoud front de la Somme septembre 1916

 

La fiche matricule de ce sous-officier ne permet pas de reconstruire son parcours de soins. Elle ne donne aucune précision sur la fin de sa convalescence.

 

Le 3 avril 1917, Jean Mempotel est envoyé au dépôt d’Épinal pour instruire la classe 1918.

 

Le 21 décembre, il retourne dans la zone des armées, étant affecté à la 35e compagnie du 9e bataillon du 149e R.I..

 

Le 1er avril 1918, il rejoint, avec un groupe de renfort, la 12e compagnie du Centre d’Instruction Divisionnaire 43. 

 

Le sous-officier Mempotel quitte le C.I.D. pour réintégrer l’unité combattante le 15 août 1918. Son chef de corps l’affecte à la 10e compagnie du régiment.

 

Le sergent Mempotel participe à la bataille de Champagne et d’Argonne qui a eu lieu du 25 septembre au 4 octobre 1918.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Journees des 25, 26 et 27 septembre et des 1er, 2 3 et 4 octobre 1918

 

La période de l’après-guerre

 

Le 10 février 1919, Jean Mempontel épouse Maria Léa Marthe Julier à Nîmes. Le couple donnera la vie à un garçon l'année suivante.

 

Le sergent Mempotel est démobilisé par le 56e R.A.C. le 7 mars 1919. La hiérarchie militaire lui a validé son certificat de bonne conduite.

 

Le jour même, Jean Mempotel est dirigé sur le dépôt de transition des isolés de la 16e région ; il est mis à la disposition des chemins de fer de la P.L.M.. Le 16 septembre, il est classé dans l’affectation spéciale en tant qu’employé de cette compagnie.

 

Le 9 décembre 1930, l’ancien sergent du 149e R.I. est rattaché à la subdivision de Nîmes pour changement de domicile. Le 10 février 1937, il dépend de la subdivision centrale de la Seine. Le 28 novembre 1944, il réintègre la subdivision de Nîmes.

 

Sa fiche matricule ne fait aucune mention concernant une éventuelle mobilisation au cours du  second conflit mondial.

 

Jean Mempontel décède le 26 juillet 1966 à Nîmes à l’âge de 77 ans.

 

Decorations Jean Mempotel

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile d’argent et deux étoiles de bronze

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. en date du 17 avril 1916 :

 

« Très courageux et très bon sous-officier, d’une conscience et d’un dévouement remarquables. Blessé une 1ère fois au début de la campagne, a été grièvement blessé de nouveau le 2 avril 1916 en organisant le travail de ses hommes dans une tranchée soumise à un violent bombardement. »

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade en date du 14 septembre 1916 :

 

« A brillamment entraîné sa demi-section à l’attaque le 4 septembre 1916. A été blessé en se portant en avant. »

 

Citation à l’ordre du régiment en date du  25 juin 1918 :

 

« Sous-officier très énergique, le 30 mai 1918 a conduit une patrouille dans des conditions très périlleuses, forçant l’ennemi à se dévoiler et rapportant ainsi de très bons renseignements à son chef de section. »

 

Décoré de la Médaille militaire le 6 juin 1920.

 

Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 5 juin 1957 (J.O. du 8 juin 1957)

 

Autres décorations :

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Pour consulter la généalogie de la famille Mempotel, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

La fiche matricule du sergent Mempontel a été consultée sur le site des archives départementales de la Lozère.

 

Contrôles nominatifs des 2e et 3e trimestres de l’année 1916 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenus par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

J.M.O. du 55e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 644/14

 

Le plan de Nîmes provient du site « Nemausensis.com histoire de Nîmes ».

 

Le dessin a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud propriété de la famille Aupetit.

 

Jean Mempotel possède un dossier dans la base de données Léonore. Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site base Leonore

 

Un grand merci à M. Bordes, à M.H. Costecalde, à A. Carobbi, à M. Porcher, à la famille Aupetit, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de la Corrèze et de la Lozère et aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

17 février 2023

Paul Chapon (1894-1916)

Paul Chapon

 

Paul Cauvet est né le 1er décembre 1894 à Salavert, un hameau situé dans le département du Gard. Sa grand-mère maternelle, Marie Pougnet,se rend à la mairie de la Grand’Combe pour y déclarer l’enfant.

 

Douze jours plus tard, Constance Philomène Cauvet, 19 ans, ouvrière des mines de la Grand’Combe, se présente devant l’adjoint au maire, Victor Fumat, pour signer l’acte de reconnaissance de maternité.

 

Le 30 octobre 1896, elle se marie avec Lucien Paul Chapon. Son époux reconnaît être le père de Paul. Le couple donne naissance à 5 filles et 6 garçons nés entre 1897 et 1919.

 

Genealogie famille Chapon

 

La fiche matricule de Paul Chapon indique un degré d’instruction de niveau 2 ; cela signifie qu’il sait moyennement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Aussitôt après sa période de scolarité obligatoire, l’adolescent se fait facilement employer par la compagnie des mines de la Grand’Combe, grande pourvoyeuse d’emplois de la région.

 

Futur soldat de la classe 1914, Paul Chapon est inscrit sous le n° 47 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision de son canton. Le fait d’être considéré comme « soutien de famille indispensable », ne lui évite pas d’être déclaré « bon pour le service armé » par le médecin militaire. L’armée a fortement besoin de nouveaux conscrits.

 

La classe de Paul Chapon est appelée par anticipation en raison du conflit mondial.

 

Début septembre 1914, il quitte la 2e division de la compagnie des mines pour intégrer les effectifs d’une compagnie du 52e R.I.. Le 6, il est à la caserne Saint-Martin de Montélimar.

 

Sa période d’instruction s’achève fin mai 1915. Son séjour au dépôt se termine bien plus tard par rapport à la majorité des conscrits de la classe 1914. Il n'est pas possible, avec les sources disponibles, d'expliquer son envoi en renfort en même temps que la classe 1915.  A-t-il su se rendre utile ? A-t-il bénéficié d’un appui ? A-t-il profité de directives particulières ?

 

Le 29, le soldat Chapon est envoyé au 158e R.I., une unité qu’il quitte rapidement.

 

Ancien mineur, il est affecté au groupe des pionniers rattaché à la C.H.R. du 149e R.I. le 21 juin. Ce groupe d’hommes est chargé des petites tâches de Génie effectuées au sein du  régiment.

 

Le 149e R.I., sous les ordres du lieutenant-colonel Gothié, combat en Artois depuis de nombreux mois. Le secteur occupé est particulièrement dur. Les pertes sont sévères chaque fois que le régiment est engagé.

 

Le pionnier Chapon participe aux attaques de septembre 1915. Le régiment spinalien doit reprendre le bois en Hache aux Allemands.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Bois en Hache juin 2017

 

Janvier 1916, le 149e R.I. quitte l’Artois. Mars-avril 1916, il combat dans le secteur du fort de Vaux près de Verdun. Il faut absolument contrecarrer la grande offensive allemande débutée le 21 février.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

L'étang de Vaux

 

Paul Chapon sort indemne de ces deux épreuves du feu.

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme. Le 4, ce régiment prend le village de Soyécourt. Le mois suivant, il occupe le secteur de la sucrerie d’Ablaincourt et du bois Bauer. Cette zone est extrêmement dangereuse. Il pleut quasiment tous les jours. Il faut en permanence lutter contre la boue et se protéger des incessants tirs de l’artillerie allemande.

 

Le 29 octobre, Paul Chapon est mortellement blessé par plusieurs éclats d’obus, à proximité de la sucrerie de Bovent.

 

Les soldats Joseph Louis Bartet et Jean Floquet fournissent les informations nécessaires à l’officier d’état civil du 149e R.I. pour établir son acte de décès ; celui-ci est transcrit à la mairie de la Grand’Combe le 17 février 1917.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Secteur de la sucrerie de Genermont-Ablaincourt

 

Paul Chapon ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Il repose actuellement dans la nécropole nationale de Maucourt. Sa sépulture porte le n° 241.

 

 

Le nom de ce soldat a été inscrit sur la plaque commémorative de l’église du village de la Grand’Combe.

 

 

Le pionnier Chapon a été décoré de la Médaille militaire et de la croix de guerre à titre posthume.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 26 en date du 1er novembre 1916

 

Médaille militaire (J.O. du 8 novembre 1920) 

 

« Pionnier remarquable, se dépensant sans compter dans les travaux qui lui étaient confiés.Travaillant souvent dans les circonstances les plus périlleuses, notamment dans la nuit du 28 au 29 octobre 1916. Tué le 29 octobre 1916 au moment où il se préparait à l’attaque des positions ennemies. A été cité ».

 

Sources :

 

Le portrait de Paul Chapon provient du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe. Livre d’or guerre 1914-1918. Morts et survivants 1924. Imprimerie parisienne, 111 rue du Mont Cenis, 18 »

 

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche matricule consultée sur le site des archives départementales du Gard, de sa fiche individuelle lue sur le site « Mémoire des Hommes » et du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe ».

 

La photographie de sa sépulture a été réalisée par B. Étévé.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à B. Étévé, à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Gard.

3 février 2023

Jean-Baptiste Louis Rusconi (1891-1966)

Jean-Baptiste Louis Rusconi

 

Jean-Baptiste Louis Rusconi est né le 13 août 1891 à Ornans, dans le département du Doubs, au domicile de ses parents. Son père, Jean Antoine, 38 ans, d’origine italienne, travaille comme plâtrier. Sa mère, Eugénie Striby, femme au foyer, est âgée de 27 ans. Jean Baptiste est le troisième enfant du couple.

 

Il quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 2, ce qui signifie qu’il ne sait pas très bien lire, écrite et compter.

 

Devenu cultivateur, il exerce cette profession jusqu’à son passage devant le conseil de révision.

 

C’est un jeune homme solide, sans problème de santé particulier, qui se présente devant le médecin militaire. Sa robustesse entraîne son inscription directe dans la 1ère partie de la liste du canton d’Ornans de l’année 1913. 

 

Le 8 octobre, Jean Baptiste Rusconi intègre les effectifs de la 3e compagnie du 149e R.I., un régiment en garnison à Épinal. Il sait qu’il va devoir porter l’uniforme pendant trois ans.

 

L’année suivante, le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Le régiment de ce soldat, réserve des troupes de couverture, est en partance pour la frontière dès le 1er août.

 

Le 9, c’est le baptême du feu, au Renclos des Vaches près de Wisembach. Le 18, Jean-Baptiste Rusconi est nommé caporal. Le lendemain, le 149e R.I. est engagé au nord Abrechviller puis dans la région de Ménil-sur-Belvitte les 25 et 26 août.

 

Le régiment spinalien quitte les Vosges pour combattre l’ennemi, à Souain, dans le département de la Marne. Le village est pris et perdu à plusieurs reprises, les pertes sont importantes.  Le 19 septembre 1914, le caporal Rusconi est touché par une balle à l’épaule droite. Sa blessure est très sérieuse, il est évacué vers l’arrière (le lieu et la durée de son hospitalisation ne sont pas connus).

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Souain

 

Le caporal Rusconi ne retournera plus jamais au front. La commission de réforme d’Épinal du 2 août 1915 a proposé la réforme n° 1 pour paralysie du plexus brachial droit.

 

Certificat d'origine de blessure de guerre de Jean-Baptiste Rusconi

 

Le 2 décembre, une décision ministérielle confirme le statut de réformé n° 1 pour ce caporal. Jean-Baptiste Rusconi obtient une gratification renouvelable de 3e catégorie.

 

Il est définitivement rayé des contrôles militaires. Le jeune réformé se retire à Ornans.

 

Le 16 mars 1916, il se marie avec Jeanne Joséphine Antoinette Oudot à Besançon. Neuf enfants sont nés de cette union.

 

Généalogie famille Rusconi

 

Le caporal Rusconi est décoré de la Médaille militaire.

 

Remise de la Medaille militaire au caporal Jean Baptiste Rusconi

 

En 1919, les Rusconi demeurent à Vercel-Villedieu-le-Camp.

 

Les séquelles laissées par sa blessure de guerre ne permettent plus à Jean-Baptiste Rusconi d’exercer son ancien métier. Il fait des démarches administratives pour obtenir un poste de facteur : la gravité de sa blessure lui ouvre les portes des métiers protégés. Sa demande est acceptée malgré son degré d’instruction de niveau 2.

 

Sa maîtrise de la lecture et de l’écriture a donc été jugée suffisante pour qu’il accède à cette profession. L’ancien caporal du 149R.I. était droitier. Il a pu  bénéficié d’une rééducation et d’un apprentissage de l’écriture de la main gauche.

 

Le 25 mai 1928, la commission de réforme de Besançon lui accorde une pension temporaire de 70 % pour une paralysie presque complète du bras droit.

 

Jeanne Joséphine Antoinette Rusconi est décorée de la médaille de bronze de la famille française en 1932 (J.O. du 25 février).

 

En 1928, la famille Rusconi vit à Besançon. En 1937, elle est installée au numéro 18 de la rue des papillons.

 

Carte de combattant de Jean-Baptiste Rusconi

 

Le 19 mars 1952, le médecin consultant Fontaine rédige un rapport détaillé sur les répercussions de l’ancienne blessure par balle du caporal Rusconi.

 

 

Toujours considéré comme détaché de toute obligation militaire, il se voit accorder, par la commission de réforme de Besançon du 16 septembre 1952,  une pension temporaire de 80 % pour :

 

- paralysie complète du membre supérieur droit avec ankylose de l’épaule

 

- fracture ancienne des premières côtes droites

 

- douleurs alléguées dans le territoire du plexus brachial.

 

Le 19 juin 1954, cette même commission lui concède une pension définitive de  95 %  qui lui donne droit au statut de grand mutilé de guerre pour :

 

- séquelles de blessure transfixe de la partie supérieure – hémithorax et creux sus-clavière droite par balle

 

- ankylose scapulo-humérale droite

 

- transfixion du sommet du poumon droit

 

Carte d'invalidite de Jean-Baptiste Rusconi

 

Jean Baptiste Rusconi décède le 16 octobre 1966 à son domicile, 18 rue des Papillons à Besançon. Il est inhumé au cimetière des Chaprais avec sa femme et son fils aîné, ce dernier a été déclaré mort pour la France en 1945.

 

Sepulture famille Rusconi

 

Le caporal Rusconi a été décoré de la Médaille militaire (publication J.O. du 2 août 1916).

 

« Excellent gradé, modèle d’énergie et de bravoure. A été blessé grièvement au cours de l’attaque du 18 septembre 1914. Perte de l’usage du bras droit. »

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services et acte de naissance du caporal Rusconi consultés sur le site des archives départementales du Doubs.

 

La photographie de la sépulture de la famille Rusconi a été trouvée sur le site « Généanet »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à L. Rico, à la famille Parot, aux archives départementales du Doubs, à la mairie de Besançon et au service historique de la défense de Vincennes.

20 janvier 2023

Fernand Henri Rallier (1885-1960)

Fernand Henri Rallier

 

Fernand Henri Rallier est né le 22 mai 1885 au n° 1 de la rue Fagon, dans le 13e arrondissement de Paris.

 

Son père, Henri Charles Alexis Marie, 33 ans, travaille comme charron. Sa mère, Rose Joséphine Françoise Harreau, âgée de 20 ans, exerce le métier de giletière.

 

Fernand semble être l’unique enfant du couple Rallier (les recherches effectuées pour tenter de retrouver une éventuelle fratrie sont restées infructueuses).

 

 

La fiche matricule de Fernand Rallier indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter correctement lorsqu’il termine sa scolarité obligatoire.

 

Conscrit de la classe 1906, Fernand Rallier est classé dans la 5e partie de la liste. Il vient d’être ajourné par le conseil de révision réuni place d’Italie. L’année suivante, des problèmes de bronchite l’empêchent à nouveau d’effectuer son temps de conscription. Fernand Rallié est considéré comme inapte définitif.

 

Il gagne sa vie comme comptable. En 1914, il vit à Lyon, avenue de Saxe.

 

Le 2 août, la France ordonne la mobilisation générale. La guerre contre l’Allemagne est inévitable. Exempté, Fernand Rallier, n’est pas concerné par cet évènement, mais cette situation reste temporaire. En effet, quelques mois après le début des hostilités avec l’Allemagne, tous les exemptés et tous les réformés d’avant-guerre sont dans l’obligation de repasser devant le conseil de révision. Fernand Rallier est convoqué le 10 décembre 1914.

 

Cette fois-ci, la situation n’est plus la même. Les pertes françaises du début du conflit sont telles que la médecine militaire assouplit ses critères concernant les pathologies. Fernand Rallier est reconnu « bon pour le service armé».

Il retourne vivre à Paris en attendant sa feuille de route. Fin janvier 1915, il réside 124 rue de Tolbiac, dans le 8e arrondissement.

 

Une première affectation au sein du 168e R.I. de Toul est annulée. Fernand Rallier est envoyé au dépôt du 149e R.I., à partir du 20 février 1915, en compagnie d'autres hommes devenus aptes, surnommés "les récupérés". Il doit recevoir une instruction militaire vu qu’il n'a jamais porté l'uniforme.

 

Le 19 avril 1915, il envoie une carte photo à la famille de sa fiancée avec le message suivant : « En tenue de campagne, votre futur gendre qui vous adresse ses biens sincères salutations. Fernand Rallier, 149e R.I., 26e compagnie, Épinal ».

 

Carte photo representant Fernand Rallier

 

Le 3 juillet, Fernand Rallier est envoyé dans la zone des armées avec un groupe de renfort ; il faut combler les pertes du régiment actif liées aux combats des journées précédentes.

 

Depuis la fin du mois de décembre 1914, le 149e R.I. occupe un secteur à risque sur le front d’Artois, près d’Aix-Noulette. Fernand Rallier est affecté à la 1ère compagnie du régiment.

 

Le 27 septembre 1915, il est blessé au cours d’une offensive commencée deux jours plus tôt. Le soldat Rallier est pris en charge par l’ambulance 9/1 avant d’être envoyé vers l’arrière. Le lieu et la durée de son hospitalisation ne sont pas connus.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

journee du 27 septembre 1915

 

Le 1er juillet 1916, Fernand Rallier est affecté au 163e R.I.. Il intègre ensuite la 19e compagnie du 215e R.I.. Ce changement d'affectation fait suite à une décision prise par le général commandant la 161e D.I.. Sa fiche matricule n'est pas plus précise concernant cette mutation.

 

Le soldat Rallier est inscrit dans la liste des disparus de sa compagnie pour les journées des 6,7 et 8 avril 1918 dans le J.M.O. du  215e R.I.. Sa fiancée, inquiète de ne plus recevoir de courrier, effectue des recherches auprès de la Croix-Rouge.

 

 

Les nouvelles sont rassurantes, Fernand Rallier a été fait prisonnier le 6 avril 1918 dans un secteur situé au sud d’Amigny-Ruy, dans le département de l’Aisne. Il a été envoyé en captivité dans un camp situé à proximité de Darmstadt, dans la région de l’Hesse.

 

Camp Darmstaldt

 

De retour en France le 3 décembre 1918, il rejoint la 22e section de C.O.A. le 5 janvier 1919.

 

Le 3 avril, Fernand Rallier est mis en congé illimité par le dépôt divisionnaire de la 22e section de C.O.A..

 

L’ancien soldat se retire à Paris, dans son logement du 124 rue de Tolbiac. Il a obtenu son certificat de bonne conduite.

 

Le 8 mai 1919, Fernand Rallier se marie à La Brévine, une commune suisse, avec Louise Jeanne Matthey-Jonais. Ils auront deux enfants mort-nés en 1920 et en 1922.

 

En 1926, le couple vit au 132 avenue d’Italie à Paris.

 

Le soldat Rallier a été décoré de la croix de guerre.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 93 en date des 14 et 15 novembre 1917 :

 

« Bon soldat sur le front depuis le début de la campagne. A  été contusionné par l’éclatement d’un obus qui a détruit son emplacement de guetteur et a continué à assurer son service. A déjà été blessé en 1915. »

 

Fernand Henri Rallier décède le 24 septembre 1960 à Ivry-sur-Seine.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services du soldat Rallier consultée sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Fiche de prisonnier trouvée sur le site du Comité International de la Croix Rouge « prisonniers de la 1ère guerre mondiale ».

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires ; ce contrôle est détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

J.M.O. du 215e R.I.. Réf : 26 N

 

La généalogie de la famille Rallier est probablement incomplète. Elle a été réalisée à partir des informations trouvées sur le site Généanet et par la consultation des actes d’état civil  et de recensement de la ville de Paris.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, aux archives de Paris et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

6 janvier 2023

Marie Auguste Gabriel Vincent (1895-1950)

Marie Auguste Gabriel Vincent

 

Jeunesse

 

Marie Auguste Gabriel Vincent voit le jour le 13 mars 1895 à Saint-Étienne-lès-Remiremont, une petite commune vosgienne.

 

Son père, Marie Gabriel Anastase, âgé de 30 ans, travaille comme comptable. Sa mère, Marie Joséphine Pélagie Bontemps, 23 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Gabriel est le cadet d’une fratrie de deux.

 

Genealogie famille Vincent

 

La fiche matricule de Gabriel Vincent indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait parfaitement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’enseignement primaire.

 

Le 1er août 1914, la France décrète la mobilisation générale. Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Gabriel Vincent, devenu contremaître dans le domaine du textile, est alors âgé de 20 ans. Futur soldat de la classe 1915, il n’est pas concerné par l’évènement.

 

Les premières semaines d’hostilités causent d’énormes pertes à l’armée française. Les classes 1914 et 1915 sont présentées devant le conseil de révision bien avant l’heure de la conscription du temps de paix.

 

Inscrit sous le numéro 166 de la liste du canton du Thillot, le jeune Vincent est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Au 149e R.I.

 

Le conscrit Vincent est incorporé au 149e R.I. le 15 décembre 1914. Le 16, il est au dépôt du régiment installé à Rolampont depuis le mois de septembre.

 

Rolampont

 

Gabriel Vincent est nommé soldat de 1ère classe le 10 avril 1915. Il intègre le régiment actif au mois de juin. À cette époque du conflit, le 149e R.I. occupe un secteur très exposé à proximité d’Aix-Noulette, dans le Pas-de-Calais. Le soldat Vincent est affecté à la 9e compagnie.

 

Le 25 septembre 1915, le 149e R.I. prend part à une vaste offensive en association avec les autres unités de la 43e D.I.. Il doit reprendre le bois en Hache aux Allemands.

 

Le lendemain, Gabriel Vincent, blessé à la tête par des éclats d’obus, est évacué vers l’arrière. Il est décoré de la croix de guerre, avec une citation à l’ordre de la brigade, pour son énergie et son courage au cours des combats.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

En memoire de Merieux, impressions septembre 1915

 

Gabriel Vincent rejoint le 149e R.I. le 22 octobre 1915.

 

Le 25 janvier 1916, il  est nommé caporal.

 

Le 149e R.I. participe à  la bataille de Verdun entre le 6 mars et le 8 avril 1916. Il occupe des secteurs de 1ère ligne autour des forts de Souville et de Vaux à deux reprises.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le plan suivant.

 

 

Le 149e R.I. quitte le département de la Meuse à la mi-avril 1916. Le régiment a perdu un nombre important de ses cadres, de ses sous-officiers, et de ses soldats durant son passage à Verdun. Gabriel Vincent est nommé sergent le 29 avril.

 

Après une courte période de repos à Landrecourt, le sergent Vincent se rend en Champagne. Son régiment prend position dans un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.

 

Le 26 juillet 1916, Gabriel Vincent est photographié dans la tranchée Schiller. Il porte l’insigne des grenadiers cousu sur la manche gauche de son uniforme. Le cliché est légendé « un petit chat en 1ère ligne avec le sergent Vincent ».

 

 

Début septembre 1916, le régiment spinalien attaque Soyécourt dans le département de la Somme.

 

Le sergent Vincent est cité pour la seconde fois à l’ordre de la brigade pour avoir repoussé, avec son équipe de grenadiers, plusieurs contre-attaques ennemies après la prise du village.

 

Le 10 octobre 1916, il est photographié avec le drapeau du 149e R.I. à la main.

 

 

Gabriel Vincent est envoyé au dépôt de la 43e D.I. le 18 avril 1917. Il effectue un stage de chef de section au centre d’instruction du G.A.C. du 1er mai au 4 août 1917. Quinze jours plus tard, il est affecté à 3e compagnie du 149e R.I.. 

 

Le sergent Vincent est nommé adjudant le 1er septembre.

 

Le 23 octobre 1917, l’offensive dite de la Malmaison est lancée. La 3e compagnie y perd l’ensemble de ses cadres. L’adjudant Vincent prend d’office le commandement de la compagnie jusqu’à la fin de l’attaque.

 

Quatre jours plus tard, il est décoré de la Médaille militaire pour avoir entraîné ses hommes à l’assaut des positions ennemies fortement organisées.

 

Pour en savoir plus sur la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Les officiers du 149e R

 

Gabriel Vincent est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 19 novembre 1917. Ce changement de grade prend effet à partir du 10 novembre. (J.O. du 25 novembre 1917). Il est nommé chef de section à la 5e compagnie.

 

Le 29 décembre 1917, son chef de corps, le lieutenant-colonel Boigues, note ceci : «  Vient d’être promu, s’est très bien conduit comme sous-officier, en particulier le 23 octobre 1917 où il a fait œuvre de chef de section, courageux, énergique et intelligent. Paraît devoir bien faire. »

 

Les 15 et 16 juillet 1918, l’ennemi attaque en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. s’accroche sur sa position. Le sous-lieutenant Vincent est cité deux fois à l’ordre de l’armée pour ses actions menées durant l’offensive ennemie. Avoir deux citations publiées à son nom dans le même J.O. c’est peu commun !

 

L’abbé Henry relate les actions d’éclat du sous-lieutenant Vincent dans ses écrits : « Le capitaine Grenet est fier de ses hommes, il y a de quoi.Il est en admiration devant son lieutenant Vincent dont le coup d’œil et le sang-froid ont été remarquables et qui a sauvé la situation aux instants critiques. Il commandait les G.C. en bordure du bois. Le plus avancé ayant été pris par les Boches, plus vite qu’il n’aurait fallu, Vincent, les eût tout devant lui dès le début, avec facilité pour les Boches de se renforcer par la tranchée York.

Bientôt, il eut un autre sujet d’inquiétude : un tank s’avançait sur son flanc, suivi d’une compagnie ennemie. Que faire contre un tank ? Rien.

 

De sa mitrailleuse, il tirait sur le personnel suivant. Le tank piqua droit sur la mitrailleuse qui n’eut plus qu’à fuir ; le G.C. fut évacué ; ce que voyant, l’assaillant continua sa marche plus en avant, voulant sans doute, prendre par derrière tout le système de défense. L’instant était critique, décisif.

 

Si le tank avait réussi sa manœuvre, c’était toute la P.I. menacée. Déjà les Boches tenaient plusieurs G.C.. Heureusement, un des canons contre tank apercevant un nuage de poussière et de fumée qui avançait, devina plutôt qu’il ne vit le tank ; il le vise et le touche d’un obus en plein fouet, le monstre prend feu et n’est bientôt plus qu’un immense brasier… ainsi finit sa carrière ! Ce dont oncques ne saurons trop remercier la Providence.

 

Un peu désemparée la compagnie d’accompagnement se jette dans le G.C. voisin. Mais cette fois la lutte est possible, Genevoix et ses hommes reçoivent ordre de reprendre ce G.C. et, bon gré, mal gré, ils le reprennent. Les Boches se replient par le boyau de l’Elbe, non sans être décimés au passage par la mitrailleuse de Vincent.Genevoix leur avait fait une douzaine de prisonniers.

 

La carcasse du tank est là avec ses occupants carbonisés…. »

 

Gabriel Vincent participe à la bataille de Champagne et d’Argonne en septembre et en octobre 1918.

 

Le 3 octobre, sa compagnie effectue une attaque à proximité du village d’Orfeuil. Le sous-lieutenant Vincent est touché par une balle à l’avant-bras droit.

 

L’abbé Henri précise les circonstances de sa blessure : « Vincent a été blessé traîtreusement par un Boche faisant partie d'un groupe qui s'était rendu. Une balle lui a cassé le bras. Ils étaient une vingtaine de Boches. Inutile de dire que le châtiment ne s'est pas fait attendre. Le groupe a été aussitôt abattu, à l'exception d'un Feldwebel gardé pour le service de renseignements. Décidément ces Boches veulent pousser à bout nos soldats ! »

 

 Le jour même, il est pris en charge par l’ambulance 2/22. Le personnel soignant diagnostique une fracture avec des esquilles du radius.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Orfeuil

 

Le 7 octobre 1918, Gabriel Vincent est envoyé par train sanitaire à Cognac. Il est soigné à l’hôpital auxiliaire n° 5 installé dans la maison Martell, 8 rue de Pons.

 

Le 3 novembre 1918, le lieutenant-colonel Vivier évalue son subordonné de la manière suivante : « Officier d’élite, de sentiments très élevés, d’un courage superbe. Le sous-lieutenant Vincent s’est affirmé en cours de batailles des derniers mois comme un chef de section modèle, entraînant ses hommes par un magnifique exemple. »

 

Deux jours plus tard, le sous-lieutenant Vincent est fait chevalier de la Légion d’honneur.

 

Guéri, il quitte l’hôpital de Cognac le 5 décembre 1918 pour rejoindre le dépôt de son régiment. Il obtient une permission de 24 jours de convalescence-détente du 10 décembre au 2 janvier 1919 inclus ; il passe cette permission en famille à Rupt-sur-Moselle.

 

Gabriel Vincent retrouve le dépôt du 149e R.I. le 14 janvier 1919.

 

Le 15 février 1919, le lieutenant-colonel Bourgine écrit ceci : « Jeune officier qui s’est acquis au cours de la campagne une réputation de bravoure incomparable. Entraîneur d’hommes et animé du plus haut sentiment du devoir, le sous-lieutenant Vincent, médaillé militaire et chevalier de la Légion d’honneur, mérite également, par sa parfaite éducation et son instruction générale étendue, d’être titulaire dans la réserve où il est appelé à rendre encore les meilleurs services. Jeune officier à pousser. »

 

Le 10 mars 1919, Gabriel Vincent est dirigé sur le dépôt des isolés de Marseille. Il est affecté au 22e régiment de tirailleurs algériens, une unité rattachée à l’armée d’Orient.

 

Le 3 avril 1919, le sous-lieutenant Vincent est mis en congé illimité de démobilisation par le dépôt divisionnaire du 42e R.I. à Belfort. Il n’a pas souhaité rester dans l’armée.

 

Une décision ministérielle du 16 mai 1919 entraîne sa nomination de sous-lieutenant de réserve à titre temporaire pour prendre rang à partir du 26 mars 1919.

 

Le 23 août 1919, le commandant du 22e R.T.A. écrit : « Il est regrettable qu’il n’ait pas poursuivi sa carrière. Il faudrait, dans l’armée active, beaucoup de jeunes officiers comme cet officier de réserve. Rapatrié en août, en fin de démobilisation. »

 

Retour à la vie civile

 

Gabriel Vincent reprend ses études à Mulhouse à l’école supérieure de filature et tissage (études peut-être commencées avant le début de la guerre). Puis il prend la direction d’une filature de coton.

 

L’ancien officier du 149e R.I. est promu sous-lieutenant de réserve à titre définitif par décret du 16 mai 1919 (rang du 26 mars 1919 reporté au 21 janvier 1918) ; il est ensuite nommé au grade de lieutenant à titre définitif par décret du 6 juillet 1921 (rang du 5 mai 1920) rectifié par un erratum inséré dans le J.O. du 1er juillet 1923.

 

Une décision ministérielle du 2 juin 1921 le réaffecte au 149e R.I. (J.O. du 8 juin 1921).

 

Le 8 juin 1925, Gabriel Vincent épouse Marie Dessaint à Rupt-sur-Moselle. Le couple donne vie à trois enfants, Georges, Maurice et Marie Thérèse.

 

Les Vincent vivent à Darney en 1926, l’année de naissance de leur premier fils. Gabriel Vincent est directeur d’une usine de textile. 

 

Une décision ministérielle du 7 décembre 1923 l’affecte au 27e tirailleurs (J.O. du 9 décembre 1923) puis au 17e tirailleurs à partir du le 21 décembre 1923 (J.O. du 21 décembre 1923).

 

Père de deux enfants, il est rattaché à la classe 1911 selon l’article 58 de la loi de recrutement du 1er avril 1923. 

 

Le 1er juin 1928, il dépend du centre de mobilisation d’infanterie n° 206.

 

Une décision de la commission de réforme de Nancy du 19 octobre 1928 entraîne son maintien dans les cadres de l’armée avec une pension temporaire de 10 % ; cette pension est en lien avec son ancienne blessure au bras droit.

 

Gabriel Vincent passe au 125e C.M.I. n° 125 d’Épinal le 1er février 1931  puis au C.M.I. n° 12 le 21 janvier 1932 (J.O. du 24  janvier 1932).

 

La famille Vincent s’est installée à Roubaix. Gabriel Vincent a pris la direction de la filature de coton et de retordage « Motte et Blanchot » 6 rue de Babylone, une usine qui emploie 400 ouvriers.

 

Le lieutenant de réserve Vincent se rend à Lille pour accomplir une période militaire de 20 jours au 43e R.I. du 6 au 26 mars 1933. Le chef de corps évalue l’ancien officier du 149e R.I. «  Très bon officier, intelligent et vigoureux, a beaucoup travaillé. A montré qu’il était capable de commander une compagnie de fusiliers voltigeurs en campagne. Peut-être utilement proposé pour le grade de capitaine. »

 

Gabriel Vincent effectue une nouvelle période sous l’uniforme au sein du 23e R.I. du 4 au 17 mai 1934. Il est de nouveau noté par le responsable du régiment «  Excellent chef de section, aptitude physique très bonne. A fait la meilleure impression. A pris le commandement de la compagnie au cours d’un déplacement de l’unité. S’est parfaitement acquitté de sa mission. Au cours d’une manœuvre avec troupe a donné des ordres clairs, précis, parfaitement rédigés. Peut être employé aux armées dans une unité de fusiliers voltigeurs. »

 

Inscrit au tableau d’avancement (J.O. du 11 juillet 1937), le lieutenant de réserve Vincent est promu capitaine de réserve le 12 juillet 1937 (J.O. du 14 juillet 1937).

 

Nouvelle mobilisation

 

Gabriel Vincent est rappelé à l’activité militaire fin août 1939.

 

Il commande la 28e compagnie de passage du D.I. 12 du 23 août au 20 septembre 1939 puis la 23e compagnie du 20 septembre au 20 novembre 1940.

 

Du 20 novembre 1939 au 19 juin 1940, le capitaine Vincent occupe les fonctions de commandant du 30e noyau des compagnies d’instruction du D.I. 12 installé à Quintin dans les Côtes-d'Armor.

 

Gabriel Vincent est prisonnier de guerre du 19 juin au 10 août 1940.

 

Il est interné dans un premier temps à Coëtquidan jusqu’au 15 août 1940 puis à Savenay jusqu’au 4 septembre 1940. Le 10, il est envoyé en Allemagne, au Stalag XIII A, à Nuremberg. De retour en France l’année suivante, il est démobilisé à Lille le 11 août 1941.

 

Il retourne à la vie civile pour reprendre ses fonctions de directeur d’entreprise de textile.

 

Gabriel Vincent décède le 20 mai 1950 à Roubaix à l’âge de 55 ans.

 

Decorations Gabriel Vincent

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 2 palmes et deux étoiles de bronze

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 23 en date du 8 décembre 1915 :

 

« Au cours des combats des 25 et 26 septembre 1915, devant Angres, a entraîné ses camarades vers les positions ennemies. Blessé grièvement. Très bon soldat énergique et courageux. A fait preuve à plusieurs reprises de belles qualités militaires. »

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 61 en date du 14 septembre 1916 :

 

« A fait preuve du plus grand courage en défendant plusieurs jours de suite un barrage à proximité immédiat de l’ennemi. A repoussé de nombreuses et fortes contre-attaques à l’aide de son équipe de grenadiers. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1357 en date du 25 août 1918 ( J.O. du 15 décembre 1918) :

 

« Officier d’un grand mérite, s’est conduit en héros à la bataille de Champagne les 15 et 16 juillet 1918. Obligé d’abandonner momentanément son emplacement de combat attaqué par un char d’assaut et une compagnie d’accompagnement, s’est maintenu à proximité, causant de grandes pertes à l’adversaire, a repris le terrain perdu, alors fortement occupé par l’ennemi. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1365 en date du 26 août 1918 :

 

« Jeune officier animé du plus haut sentiment du devoir et du plus beau courage. Dans les journées du 15 au 18 juillet 1918, à la bataille de Champagne, n’a cessé de combattre avec une inlassable énergie et la plus superbe bravoure ; a contribué avec sa section à faire des prisonniers et à enlevé 5 mitrailleuses. »

 

Médaille militaire décernée le 27 octobre 1917

 

« Sous-officier d’un moral élevé, plein de bravoure et de sang-froid, a pris à l’attaque du 23 octobre 1917 le commandement de sa compagnie dont les officiers avaient été mis hors de combat et l’a brillamment entraînée à l’assaut des positions ennemies fortement organisées. S’est dépensé ensuite sans compter dans l’organisation du terrain conquis. Deux citations. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur par ordre du G.Q.G. n° 11204/D du 5 novembre 1918 :

 

« Officier d’élite, d’une splendide attitude au feu. Commandant de compagnie dans les combats du 26 septembre au 3 octobre 1918, a entraîné ses hommes par son exemple, les conduisant à quatre reprises au corps à corps avec une énergie farouche et triomphant de toutes les résistances. A puissamment contribué à la prise de plusieurs centaines de prisonniers et d’un important matériel. A été grièvement blessé le 3 octobre 1918 en chargeant à la baïonnette un ennemi retranché et supérieur en nombre. Médaille militaire pour fait de guerre, une blessure antérieure, quatre citations. »

 

Autres décorations :

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Sources :

 

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du capitaine Vincent, les actes d’état civil concernant sa famille, les registres de recensement des communes de Rupt-sur-Moselle, de Saint-Étienne-lès-Remiremont, de Darney et de la ville de Roubaix ont été visionnés sur le site des archives départementales des Vosges et du Nord.

 

L’original de la fiche médicale présentée sur le 1er montage se trouve dans dossier personnel du capitaine Vincent consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

 Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges et du Nord.

23 décembre 2022

Alfred Marie Alexandre Jauffret (1879-1915)

Alfred Marie Alexandre Jauffret

 

Alfred Marie Alexandre Jauffret voit le jour le 10 mars 1879, 20 boulevard du Nord,  à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône.

 

Son père, Jean Baptiste Louis, 36 ans, est entrepreneur de travaux publics. Sa mère, Marie Thérèse Bourgogne, 33 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Le couple Jauffret a déjà deux enfants. Une petite fille agrandit la fratrie en 1885.

 

Genealogie famille Jauffret

 

Alfred Jauffret est élève à l’école supérieure de commerce de Marseille lorsqu’il est en âge de passer devant le conseil de révision. Son statut d’étudiant entraîne d’office son inscription dans la 3e partie de la liste de sa classe militaire. Alfred vient de bénéficier d’un report d’incorporation en lien avec l’article 23 de la loi sur le recrutement ; cette loi date du 15 juillet 1889.

 

Le 27 août 1900, il renonce volontairement à sa dispense. Le 29 octobre 1900, il revient sur cette décision, l’acte de renonciation est annulé.

 

Le 14 novembre 1900, Alfred Jauffret est incorporé au 141e R.I. de Marseille. Il  renonce à nouveau à sa dispense le 23 janvier 1901.

 

Une fois ses obligations militaires terminées, il est  envoyé dans la disponibilité le 20 septembre 1903 avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Il devient réserviste du 341e R.I..

 

Alfred Jauffret accomplit sa première période d’exercices au dépôt du 141e R.I. du 4 au 31 mai 1907. Il effectue la seconde au même endroit, du 1er au 17 juin 1910.

 

Le 27 août, il dépend du 15e escadron du train. Il est ensuite rattaché à la 15e section de secrétaires d'État major en tant qu’automobiliste poids lourds.

 

En 1913, Alfred Jauffret fête ses 34 ans. En âge de passer dans l’armée territoriale, il est inscrit dans les registres du 115e R.I.T. à compter du 1er octobre.

 

Les relations diplomatiques avec l’Allemagne s’enveniment l’année suivante. L’ordre de mobilisation générale est décrété le 2 août 1914. Alfred Jauffret rejoint le dépôt du 141e R.I. pour y revêtir l’uniforme du 115e R.I.T..

 

Son régiment séjourne dans un premier temps à Nice avant de rejoindre la région de Dijon. Le 115e R.I.T. reste à la disposition du G.Q.G. en cas de déclaration de guerre avec l’Italie. Celle-ci choisit de rester neutre. Les troupes mises à disposition pour protéger la frontière peuvent être utilisées autrement.

 

Les terribles pertes de l’armée française du mois d’août et du début de septembre 1914 doivent être compensées. Il faut puiser dans les plus jeunes classes de l’armée territoriale pour combler une partie de ces pertes.

 

Le 18 septembre 1914, un contingent de 800 soldats du 115e R.I.T. est prélevé dans les effectifs des 1er et 3e bataillons. Ce groupe rejoint la fraction du dépôt du 149e R.I. installé à Langres. À cette époque de l’année, les 25e, 26e, 27e et 28e compagnies de ce régiment cantonnent à Rolampont, une petite commune proche de la sous-préfecture de la Haute-Marne.

 

Le 27 septembre, un renfort de 500 hommes, essentiellement composé d’anciens du 115e R.I.T., prend la direction de Suippes pour rejoindre le régiment actif. Le soldat Jauffret fait partie de ce groupe. Ami du capitaine Laure, il est probablement affecté dans une des compagnies de son bataillon.

 

Le 149e R.I. combat en Artois en octobre 1914. Alfred Jauffret est nommé caporal fourrier le 31. Le mois suivant son régiment rejoint le front belge. Il occupe les fonctions de sergent fourrier à partir du 23 novembre. Le 10 décembre, il devient adjudant. Deux jours plus tard, il est promu sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre.

 

Alfred Jauffret n’a pas d’expérience du commandement ; son chef de corps lui confie la direction d’une demi- section de la 9e compagnie.

 

Fin décembre 1914, le 149e R.I. est envoyé sur le front d’Artois, dans le secteur de Noulette.

 

Les capitaines Baril et Panchaud, le lieutenant Jean et le sous-lieutenant Jauffret au moulin de Bouvigny en fevrier 1915

 

Le 14 février 1915, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci à propos du sous-lieutenant Jauffret :

 

« Soldat territorial au début de la campagne, a conquis tous ses grades au 149e actif où il a rendu d’excellents services autour d’Arras et en Belgique, fera un excellent chef de section. » 

 

Le 3 mars 1915, les Allemands lancent une violente attaque dans la zone occupée par le 149e R.I..

 

La 9e compagnie exécute une contre-attaque. Le capitaine Barril et le sous-lieutenant Larnac sont fauchés par les tirs des mitrailleuses ennemies. Le sous-lieutenant Jauffret, pris sous les rafales des mêmes mitrailleuses, est obligé de s’aplatir dans la boue durant des heures. Il attend la nuit  pour se replier. Alfred Jauffret est décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre du régiment.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

 

Durant l’attaque du 9 mai 1915, le sous-lieutenant Jauffret, devenu chef de section, entraîne ses hommes sur les pentes de Lorette en terrain découvert. Il obtient une citation à l’ordre du C.A. pour cette action.

 

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9 mai 1915

 

Le 25 mai 1915, le lieutenant-colonel Gothié lui confie le commandement du peloton des pionniers-grenadiers.

 

Par décret en date du 27 mai 1915 (J.O. du 29 mai 1915) Alfred Jauffret est promu sous-lieutenant à titre définitif à compter du 10 mai 1915.

 

Sous-lieutenant Jauffret en Artois

 

Le sous-lieutenant Jauffret est toujours à la tête de ses pionniers-grenadiers durant les attaques des 25, 26 et 27 septembre 1915. Le 149e R.I., encore positionné en Artois, est engagé dans une vaste offensive pour tenter de reprendre aux Allemands le bois en Hache au sud d’Angres.

 

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Les chefs de bataillons du 149e R

 

Alfred Jauffret a activement participé à tous les combats du régiment depuis son arrivée, et a gagné tous ses galons de sous-officier en très peu de temps. Le 9 octobre 1915, il se blesse très grièvement pendant une période de repos, aux abris du ravin, au cours d’une activité en lien avec sa fonction au sein des pionniers-grenadiers.

 

Les médecins ne peuvent rien faire. Il décède le lendemain à l’ambulance 5/17 à Houdain.

 

Son ami, le capitaine Laure, décrit le contexte de l’accident. : «  Il s’est tué lui-même, en expérimentant une « grenade à fusil » que son ingéniosité voulait achever de mettre au point. »

 

 

Les circonstances exactes de sa mort sont confirmées le 27 octobre 1915. Le lieutenant-colonel Gothié inscrit cette note posthume dans le feuillet individuel de son subordonné :

 

« Chef de section, puis de peloton des grenadiers, a donné les preuves de son énergie et de sa bravoure aux combats du 3 mars devant Noulette et du 9 mai devant N.D.de Lorette. Officier de pionniers remarquable, a été blessé mortellement en dirigeant des expériences de lancement de grenades au fusil. »

 

Sous le pseudonyme de Henri René, le commandant Laure évoque la mort de son ami dans son livre « Jours de gloire, jours de misère ».

 

« G… m’écrit le 10 octobre : « Nous sommes inconsolables : à son tour, lorsque l’heure impitoyable a sonné, « Notre Alfred » s’en est allé ! Tu sais qu’il avait défié l’ennemi de l’abattre jamais, et sa fin ne l’a pas fait mentir. Après avoir traversé indemne les semaines et les mois de sang, de meurtres, de tueries, que nous avons vécus aux attaques de mai, de juin ou de septembre, il s’est tué lui-même, en expérimentant une « grenade à fusil » que son ingéniosité voulait achever de mettre au point. Ah ! quand la mort veut quelqu’un, elle le veut bien, la gueuse !

 

Alfred était depuis trois mois à la tête des grenadiers du régiment.Tu n’es pas sans savoir que cette situation, avec la forme qu’ont pris définitivement nos combats, compte parmi les plus importantes et qu’elle est sans conteste la plus dangereuse de toutes. Il y avait atteint une haute maîtrise et l’exemple de son inlassable bonne humeur, de son entrain endiablé, de son sang-froid imperturbable soutenait dans nos rangs, même aux jours les plus difficiles, l’esprit d’entreprise de tous et la foi dans le succès. Il était plus encore : on le considérait à l’occasion comme « le bon juge » et « le bon apôtre » ; il tranchait les différends par un bon mot, il réveillait par la vertu du rire les énergies quelquefois défaillantes, il élevait à la hauteur des siens les sentiments que d’autres influences auraient pu rabaisser.

 

Derrière lui, toujours, les hommes chantaient et agissaient. Nul ne fut plus aimé. Nul ne sera tant pleuré… et cependant, nous avons désappris les larmes.Tu reviendras peut-être quelque jour en Artois, pendant la guerre ou après elle. Tu chercheras les tombes des nôtres : la sienne est à Houdain, dans le plus humble et le moins décoré de nos cimetières, mais pour nous tous resplendit autour d’elle une gloire très pure. Nos souvenirs pieux l’y entourent à jamais, sur cette hauteur dominant la vallée de Baraffles et d’Olhain, où se sont écoulés les jours heureux goûtés de temps en temps au cours de notre si rude campagne. Là, nous venions dépouiller la lourde boue et les pesants soucis de nos tranchées. La jovialité de « notre Alfred » nous y créait le délicieux bien-être d’une popote où l’on s’entendait comme des frères et où l’on rénovait en soi la force du sentiment familial, si bien que nous en repartions quelques jours plus tard toujours plus vaillants, toujours plus décidés à mener jusqu’àu bout l’âpre lutte où nous sommes engagés. Et son souvenir, qui plane au-dessus de ces lieux, est comme une fraîche oasis dans le désert de feu, de boue et de sang où notre caravane est enroutée ! ».

 

Decorations sous-lieutenant Jauffret

 

Le sous-lieutenant Jauffret a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 46 en date du 22 avril 1915 :

 

« A fait preuve du plus beau courage en entraînant sa demi-section pour une contre-attaque en avant des tranchées, sous des feux convergents extrêmement violents d’artillerie et de mitrailleuses au combat du 3 mars au soir devant Noulette. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 48 en date du 8 juin 1915 :

 

« Au cours de l’attaque du 9 mai, sur les pentes de Lorette, a entraîné très courageusement sa section en terrain découvert, sous les feux d’infanterie et d’artillerie et a accompli une mission de renseignement dans des conditions périlleuses. »

 

Citation à l’ordre de l’Armée en date du 24 octobre 1915 :

 

« A dirigé, depuis mai 1915, le service des pionniers du régiment et de la brigade avec une compétence, un zèle et une activité dignes des plus grands éloges. »

 

Une étoile supplémentaire figure sur sa croix de guerre. Le portrait présenté sur le mémento, en noir et blanc, ne permet pas de distinguer le rang de cette citation non mentionnée dans son dossier individuel du S.H.D. de Vincennes. Elle correspond probablement à une citation reçue à titre collectif.

 

Légion d’honneur décernée à titre posthume (date d’attribution non retrouvée).

 

Cimetiere d'Houdain

 

Inhumé dans un premier temps à Houdain, il est rapatrié à Marseille en 1921. Une messe a lieu, en présence du corps, le 24 février en l’église Saint-Vincent-de-Paul. Le sous-lieutenant Jauffret repose actuellement dans une concession perpétuelle au cimetière Saint-Pierre.

 

Sepulture famille Jauffret

 

Le nom de cet officier a été gravé sur la plaque commémorative de la basilique du Sacré-Cœur à Marseille.

 

Alfred Jauffret ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel provenant du Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche matricule et les actes d’état civil concernant le sous-lieutenant Jauffret et sa famille ont été consultés sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône.

 

J.M.O. du 115e R.I.T.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 797/1.

 

« Deux guerres en un siècle - 1 – la Grande Guerre – lettres d’Émile Laure à son épouse ». Livre de René Laure. Éditions de Sauvebonne.

 

« Jours de gloire, jours de misère », livre de Henri René. Éditions Perrin. 1917. 

 

La photographie représentant la sépulture du sous-lieutenant Jauffret a été réalisée par F. Pech du « Collectif Artois ».

 

La photographie du cimetière d’Houdain provient du fonds Valois consultable sur le site de la Contemporaine.

 

La généalogie de la famille Jauffret a été reconstituée à partir de plusieurs arbres consultés sur le site « Généanet ».

 

Journal  « Le Petit Marseillais » du 23 février 1921.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à F. Pech, à M. Porcher, à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Bouches-du-Rhône. 

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