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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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24 août 2018

Armand André (1893-1914).

Armand_Andr_

Armand André voit le jour le 29 avril 1893 dans la petite commune vosgienne de Portieux. Les parents, tous deux originaires de Damas-aux-bois, sont venus s’installer dans cette agglomération quelque temps après leur mariage. Le père, Léon Émile, est employé à la verrerie pexéenne, une entreprise locale qui emploie une bonne partie des villageois. Émile a 28 ans lorsque la sage-femme lui présente son aîné. La mère, Marie Sidonie Dubas, est âgée de 21 ans. Elle n’exerce pas de profession.

En 1896, Marie Sidonie décède quelques semaines après avoir donné naissance à une petite fille, prénommée Germaine Aimée Constance en 1896.

Le père ne semble pas s’être remarié. A-t-il élevé seul ses enfants en bas âge ? Les a-t-il confiés à la famille ? A-t-il été aidé par des proches ? L’histoire ne nous renseigne pas sur ce qui est advenu à la famille André après ce drame familial.

La fiche signalétique et des services d’Armand nous fait savoir qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3. L’instituteur républicain de Pouxeux lui a donc fait intégrer les rudiments de la lecture, du calcul et de l’écriture. Armand travaille comme employé de commerce après avoir quitté l’école communale.

Comme pour la presque totalité des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche d’Armand André ne nous renseigne que sur son état civil, sur son signalement et sur la décision prise à son égard par le conseil de révision. Aucune autre information ne filtre sur ce document.

Malgré ces blancs, nous pouvons aisément confirmer que ce jeune homme blond aux yeux gris bleu est allé signer un engagement volontaire avec l’armée. Il y a même de fortes chances pour qu’il ait effectué ses mois sous l’uniforme, au sein du 149e R.I.. En effet, ce jeune conscrit de la classe 1913 sert comme sergent dans une des compagnies de cette unité lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Seul un engagement volontaire peut lui avoir permis d’accéder à ce grade. Il a pu s’engager dès l’âge de 18 ans, c’est-à-dire en 1911. Contrairement à sa classe, il aurait alors eu plusieurs années de service actif, un temps cohérent avec son grade. Sa classe, celle de 1913, n’étant appelée qu’en novembre 1913, il n’aurait pu devenir sergent au cours des quelques mois qui séparent le début de l’instruction et la mobilisation d’août 1914.

Lorsque le régiment quitte Épinal pour se rendre à la frontière, Armand André fait partie des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I. qui est sous les ordres du capitaine Souchard.

Le baptême du feu du 149e R.I. a lieu le 9 août 1914. La compagnie du sergent André ne participe pas à ce combat. Celle-ci est positionnée au sud-est du col de Sainte-Marie, avec la quasi-totalité des éléments du bataillon Didierjean. Elle a pour mission de surveiller la route qui mène à Sainte-Marie-aux-Mines. Sa compagnie reste donc assez éloignée de la zone du premier engagement du régiment, protégée par les arbres du bois du Breuil.

Les sections du capitaine Souchard subissent l’épreuve de leur première attaque le 21 août 1914, au nord d’Abreschviller.

Le nom du sergent André est inscrit dans la liste des blessés du J.M.O. du régiment pour cette date. Dans l’obligation de retraiter rapidement, le régiment est amené à laisser sur place un bon nombre de ses hommes touchés par les balles ennemies. Plusieurs décèderont faute de soins rapides. Armand André fait partie du nombre.

Pour en savoir plus sur ce qui s’est passé durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_3_journee_du_21_aout_1914

N’ayant pas de nouvelles sur ce qui est réellement arrivé à son fils, Émile fait une demande auprès du Comité International de la Croix Rouge pour tenter d’en savoir un peu plus sur les circonstances de sa disparition. Les nouvelles reçues ne sont pas bonnes.

Fiche_croix_rouge__Armand_Andre

Il y a de fortes chances pour que le sergent André repose actuellement dans l’ossuaire n°1 de la nécropole nationale de « la Valette » à Abreschviller.

Un second prénom qui accompagne le nom de famille André inscrit sur la plaque du monument, ainsi que l’absence de numéro du régiment peuvent laisser un léger doute, mais les probabilités sont suffisamment importantes pour penser que c'est bien lui.

Ossuaire_Abreschvillers

Le sergent André a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (journal officiel du 19 décembre 1919).

« Très bon sous-officier, brave et énergique ; a toujours fait preuve d’ardeur et de sang-froid. Tombé mortellement frappé, le 21 août 1914, à Abreschviller »

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Dans les années 20, sa sœur fait éditer un mémento avec les portraits de son père et de son frère.

Memento_famille_Andre

Pour en savoir plus sur ce type de document, il suffit de cliquer sur l’image suivante.

Site_Arnaud_Carobbi

Le 15 septembre 1920, le tribunal civil de première instance de Mirecourt officialise le décès d’Armand André à la date du 21 août 1914.

Le nom de cet homme est inscrit sur les monuments aux morts de la commune de Portieux et de la verrerie, ainsi que sur une des deux plaques commémoratives fixées sur un des murs de l’église de Saint-Laurent.

Armand André ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

Fiche individuelle consultée sur le site « mémoire des hommes ».

L’acte de naissance et la fiche matricule du sergent Armand André ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

Une copie de son acte de décès m’a été envoyée par la mairie Portieux.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à L. Rico, aux archives départementales des Vosges et la mairie de la commune de Portieux. 

3 août 2018

Clément Louis Huc (1894-1917)

Clement Louis Huc

 

Clément Louis Huc est né le 27 octobre 1894 au Masnau, une commune du Massif central située dans les monts de Lacaune.

 

Le jour même, son père Louis, et les deux témoins, l’instituteur Joseph Paul Peyrastre et le forgeron Pierre Jean, comparaissent à la mairie du village tarnais pour faire consigner dans le registre d’état civil la venue au monde de l’enfant. Louis Huc exerce le métier de tailleur d’habits. Il a 30 ans. La mère, Claire Adélaïde Cavallès, âgée de 28 ans, travaille comme ménagère. De cette union est également née une petite fille  prénommée Léticia Rose.

 

Clément fait de brillantes et sérieuses études au petit séminaire de Valence qui lui permettent d’obtenir son baccalauréat ès lettres. Il passe ensuite deux années au grand séminaire d’Albi.

 

Le premier conflit mondial du XXe siècle est proche. Il a tout juste le temps de recevoir la tonsure cléricale, acte qui valide son entrée dans l’état ecclésiastique, le 24 juin 1914. Le directeur du grand séminaire d’Albi écrit ceci à son sujet : « Âme d’élite, conscience des plus délicates et volonté de fer de plus en plus attachée à sa vocation, vie toujours montante, tel est le graphique de son trop court passage parmi nous. »

 

Lorsque sa classe de mobilisation est appelée en septembre 1914, Clément Huc est ajourné pour faiblesse. Quelques semaines plus tard, il passe devant un deuxième conseil de révision qui, cette fois-ci, le déclare « bon pour le service armé ».

 

Clément Louis Huc se retrouve incorporé au 58e R.I. le 18 décembre comme jeune soldat de la subdivision de Carcassonne. Il arrive au dépôt d’Avignon ledit jour. Nommé soldat de 1ère classe par décision du 9 avril 1915, le jeune homme est affecté à la 29e compagnie du régiment avant d’être envoyé au 9e bataillon de marche le 24 mai.

 

L’ancien clerc tonsuré est muté au 149e R.I. le 21 juin. Dans cette unité, Clément Huc grimpe très vite les échelons hiérarchiques. Nommé caporal le 23 juillet 1915, puis sergent le 8 mars 1916, il rejoint le centre d’instruction des élèves aspirants de Saint-Cyr le 15 mai 1916.

 

Le 3 septembre 1916, le chef de bataillon Margot, responsable du centre d’instruction, rédige la note suivante : « Très énergique. Doué d’un commandement excellent qui lui donne beaucoup d’autorité. A beaucoup travaillé et beaucoup appris, sans peut-être avoir assimilé tout l’enseignement reçu. Mais très dévoué, très zélé, il est dès maintenant capable d’exercer convenablement le commandement de sa section. »

 

Deux jours plus tard, le sergent Huc est de retour au dépôt du régiment pour y recevoir ses galons d’aspirant. Clément passe sous-lieutenant à titre temporaire le 21 novembre de la même année.

 

Ce nouveau grade lui permet de prendre le commandement d’une section de la 6e compagnie du 149e R.I..

 

Durant cette période, Clément Huc a participé à plusieurs actions de combat. La première a eu lieu en Artois dans le secteur du bois en Hache en septembre 1915. La seconde s’est déroulée à Verdun en mars - avril 1916 et la troisième dans la Somme, à Ablaincourt en novembre 1916.

 

Le 1er janvier 1917, le lieutenant-colonel Pineau écrit dans le feuillet individuel de campagne de son subordonné : « Nouvellement nommé officier, possède de réelles qualités militaires. Très énergique, d’un courage et d’un sang-froid à toute épreuve, est considéré, par ses camarades et ses chefs, comme un modèle d’une haute valeur morale et apte à remplir remarquablement son rôle d’officier. »

 

Sous_lieutenant_Huc_non_loin_des_tranch_es_de_1ere_ligne_juillet_1917

 

Fin septembre 1917, Clément Louis Huc est toujours à la tête de sa section de la 6e compagnie du 149e R.I.. Son régiment se prépare pour la future offensive qui doit se dérouler dans le secteur du chemin des Dames, autour du fort de la Malmaison, durant la deuxième quinzaine du mois d’octobre. L’entraînement qui se déroule sur plusieurs semaines est contraignant.

 

Sa compagnie n’est pas engagée directement dans l’attaque. En effet, le 2e bataillon du 149e R.I. est désigné pour être le bataillon de réserve durant la 1ère phase de l’opération, avant de devenir bataillon de soutien durant la 2e phase.

 

Clement_Louis_Huc_fusil_mitrailleur_au_Toty_juillet_1917

 

Le 25 octobre 1917, le sous-lieutenant Huc est envoyé en reconnaissance offensive dans le bois Dherly, situé au nord du bois de la Belle-Croix sur les bords de l’Aillette. Cernée par les Allemands, au débouché d’une corne du bois, sa petite troupe est écrasée sous le nombre. Blessé lui-même à l’aine par le feu d’une mitrailleuse, il a la présence d’esprit et la force d’envoyer un homme demander du renfort au poste de commandement, avant d’être tué, d’une balle dans la tête, par un Allemand à qui il a refusé de se rendre.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Reconnaissances_du_25_octobre_1917

 

Le 9 novembre, le sous-lieutenant Auguste Fourneret, l’officier d’état civil du régiment, enregistre officiellement la mort du sous-lieutenant Huc après avoir reçu les témoignages des soldats Alfred Piteux et Octave Françon. Son acte de décès est transcrit à la mairie du Masnau le 20 février 1918.

 

Le sous-lieutenant Huc fut inhumé dans le petit cimetière militaire de Condé-sur-Aisne dans une sépulture qui porte le n° 310 par les brancardiers divisionnaires.

 

Le 31 octobre, le 2e bataillon, son commandant en tête, est allé se recueillir sur sa sépulture avant de descendre vers l’arrière.

 

Son corps fut restitué à la famille dans les années 1920.

 

Clément Louis Huc a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 176 en date du 21 novembre 1916 :

 

« Jeune aspirant du plus grand mérite, d’un dévouement à toute épreuve. A brillamment entraîné sa section à l’attaque, le 7 novembre 1916, en la portant à découvert, de la tranchée de soutien à la 1ère ligne allemande, malgré un violent tir de barrage d’artillerie et de mitrailleuses. »

 

Citation à l’ordre de l’armée en date du 11 décembre 1917 (J.O du 17 janvier 1918) :

 

« Officier énergique autant que brave, très aimé de ses inférieurs comme de ses supérieurs. Chargé avec sa section d’effectuer une reconnaissance en avant de nos lignes, le 25 octobre 1917, n’a pas hésité à attaquer un ennemi supérieur en nombre. Blessé dès le début de la prise de contact, a conservé le commandement de sa section et est tombé glorieusement au milieu de ses braves. »

 

Le sous-lieutenant Huc est fait Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume le 5 mars 1920, avec le même texte que ci-dessus.

 

Le nom de cet homme est inscrit sur les plaques commémoratives de la cathédrale Sainte-Cécile et de l’évêché d’Albi ainsi que sur les monuments aux morts de la ville d’Albi et de la commune de Masnau-Massuguiès.

 

Clement_Huc_monuments_aux_morts_et_plaques_commemoratives

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Livre d’or du clergé et de congrégations (1914-1922). Éditions Paris bonne presse. 1925.

 

Revue « la semaine religieuse de l’archidiocèse d’Albi » du 24 novembre 1917 n° 47 de la 44e année lisible sur le site « Gallica ».

 

Les photographies représentant le sous-lieutenant Huc ont été réalisées en juillet 1917 dans le secteur de la ferme le Toty.

 

Les photographies des monuments aux morts de la ville d’Albi, de la commune du Masnau-Massuguiès et des plaques commémoratives de la cathédrale Sainte-Cécile et de l’évêché d’Albi proviennent toutes du site « MémorialGenWeb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie du Masnau-Massuguiès.

13 juillet 2018

Louis Albert Hantz (1889-1917).

Louis_Albert_Hantz

Né de Louis Cyrille et de Marie Honorine Poirot, Louis Albert Hantz voit le jour au domicile de ses parents, le 27 novembre 1889, à la section D de la Brayatte ; celle-ci est située à proximité de la commune vosgienne de la Bresse. Le père de Louis Albert Hantz est cultivateur. Il a 22 ans le jour où son fils voit le jour. Sa mère, également cultivatrice, est un peu plus âgée, elle a 24 ans.

Nous ne saurons que peu de choses concernant l’enfance d'Albert, si ce n'est qu’il a quitté l’école communale en ayant les bases de l’écriture, de la lecture et du calcul.

Après une courte scolarité, il apprend le métier de graniteur dans une des nombreuses carrières de la région. Un de ses oncles maternels pratique cette profession.

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, il est inscrit sous le numéro 66 de la liste de Gérardmer. Albert Hantz est déclaré « bon pour le service » par les autorités compétentes du conseil de révision. Il est classé dans la 1ère partie de la liste de la classe 1910.

Comme pour la plupart des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche de Louis Albert Hantz reste muette concernant les détails sur ses états de services.

Le régiment dans lequel il a effectué son service militaire n’est donc pas identifié, pas plus que son parcours de combattant durant le premier conflit mondial qui durera plus de trois ans ! La frustration reste donc entière…

Pourtant, plusieurs questions viennent à l’esprit ! Ce soldat a-t-il été blessé ? A-t-il changé plusieurs fois d’unité au cours de ses nombreux mois passés à la guerre ? En l'absence d'autres sources, ces interrogations restent sans réponses pour l'instant.

Tout ce que nous savons de manière certaine c’est que cet homme était affecté à la 2e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il fut blessé durant la 1ère phase de la bataille de la Malmaison, le 23 octobre 1917. Le soldat Hantz a reçu un éclat d'obus dans la région spinale qui lui paralyse les jambes.

Pour en savoir plus sur ce qui s’est passé durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_149e_R

Malgré l’intervention rapide des médecins, la blessure d' Albert Hantz est vraiment trop grave pour lui laisser une infime chance de survie ; il décède le lendemain à l'hôpital d’évacuation n°18 de Couvrelles.

Le clairon Hantz a probablement été enterré, dans un premier temps dans le cimetière militaire de Couvrelles avant d’en être exhumé quelques années plus tard. Il repose actuellement dans une tombe d’une nécropole nationale. Sa sépulture se trouve à Vauxbuin dans le carré C. Elle porte le n° 959.

Sepulture_Louis_Albert_Hantz

Le soldat Hantz a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume. (Décret du 11 avril 1920 paru dans le journal officiel du 8 septembre 1920).

« Agent de liaison d’un courage et d’un sang-froid remarquables, blessé mortellement le 23 octobre 1917, en se portant en avant, sous un feu violent.  A été cité. »

Le nom de ce soldat est gravé en lettres d’or sur le monument aux morts de la commune de Rochesson où se trouvait son dernier lieu de résidence.

Monument_aux_morts_de_Rochesson

Louis Albert Hantz ne s’est pas marié et n'a pas eu de descendance.

Pour connaître sa généalogie, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Sources :

Fiche individuelle consultée sur le site « mémoire des hommes ».

Copie de son acte de décès envoyée par la mairie de Rochesson.

L’acte de naissance et la fiche matricule du soldat Hantz ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 Le portrait du clairon Hantz provient de la collection personnelle de M. Vassal.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Vassal, aux archives départementales des Vosges et la mairie de la commune de Rochesson. 

15 juin 2018

Fernand Camille Aubry (1896-1917).

Fernand_Camille_Aubry

Originaire du département des Vosges, Fernand Camille Aubry voit le jour le 5 novembre 1896 dans la petite commune de Chavelot.

Ses parents se sont mariés à Bayecourt en 1892. Son père, Alcide Lucien, 33 ans, travaille comme manœuvre. Sa mère, Marie Adeline Houot, ancienne ouvrière âgée de 28 ans, n’exerce plus d'activité professionnelle depuis qu'elle a épousé Alcide. Elle élève déjà un garçon.

Les oncles de Fernand, Augustin et Félicien accompagnent leur frère Alcide à la mairie du village pour y signer l’acte d’état civil.

Fernand est embauché à la blanchisserie et teinturerie de Thaon-les-Vosges,après avoir appris à lire, écrire et compter à l’école communale. L’adolescent rejoint ainsi son père et son frère aîné déjà employés dans cette entreprise. 

 Une courte note biographique accompagne son portrait dans le livre d’or de l’établissement. Elle nous indique qu’il a été ouvrier durant 4 ans et cinq mois. 

Les parents et les deux frères vivent toujours sous le même toit en 1911. La famille Aubry reste implantée à Chavelot jusqu'au déclenchement de la Première Guerre mondiale. 

Fernand Camille Aubry fait toujours partie des membres du personnel de la Blanchisserie et Tannerie de Thaon-les-Vosges lorsque le tocsin de la petite église du village annonce l’heure de la mobilisation générale, au début du mois août 1914. Futur soldat de la classe 1916, cet évènement ne l’implique pas directement. Peut-être même qu'il se dit que la guerre sera probablement terminée avant même qu’il ne soit mobilisable. Il ne sait pas encore que le conflit va s’inscrire dans la durée…

Le 16 juin 1915, son frère est tué en Artois.

La fiche matricule de Fernand Camille Aubry nous fait savoir qu’il a été inscrit sous le numéro 11 du canton de Chatel. Son nom  a été enregistré dans la 1ère partie de la liste en 1915, ce qui veut dire qu’il a été déclaré « bon pour le service » par les médecins du conseil de révision.

La classe 1916 aurait dû être théoriquement appelée en octobre 1916. Elle rejoint les casernes aux alentours du mois d’avril 1915.

Fernand Camille Aubry doit se rendre au dépôt du 149e R.I. à Épinal. Il est formé comme clairon, probablement à l’école des clairons et des tambours de la préfecture vosgienne.

En l’état des connaissances, il  est impossible de connaître la date exacte de son arrivée au régiment et encore moins celle à laquelle il a rejoint la zone des armées.

L’absence totale d’informations sur son parcours militaire de sa fiche signalétique et des services ne permet pas d’en dire davantage, ce qui laisse un vide magistral pour tenter d'étoffer sa biographie.

Tout ce que nous savons de manière sûre c’est qu’il servait à la 3e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il a trouvé la mort le 23 octobre 1917.

C’est au cours de la première phase de la bataille de la Malmaison que ce soldat a été tué, touché à la tête par plusieurs éclats d’obus.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_149e_R

Fernand Aubry est enterré dans un premier temps par les soins des brancardiers de la 43e D.I. dans le cimetière militaire de Billy-sur-Aisne, dans une tombe numérotée 258.

Le soldat Paul Leval et le clairon Camille Bolot témoignent de son décès. Le lieutenant Auguste Fourneret, l’officier d’état civil du régiment, valide administrativement la mort de cet homme. L’acte est transcrit à la mairie de Chavelot le 8 mars 1918.

Le clairon Aubry repose actuellement dans la nécropole nationale de Vauxbuin. Sa sépulture, située dans le carré D, porte le numéro 959.

Sepulture_Fernand_Camille_Aubry

Le nom de cet homme et celui de son frère sont gravés sur le monument aux morts de la commune de Chavelot.

Les_freres_Aubry

Tout comme son frère, Fernand ne s’est pas marié. Alcide et Marie Adeline ne sont jamais devenus grands-parents.

La généalogie de la famille Aubry peut se consulter en cliquant une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Sources :

Le portrait de Fernand Camille Aubry est extrait du livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon, morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918.

Le cliché de la sépulture du soldat Aubry a été réalisée par J. Baptiste.

La photographie du monument aux morts de la commune de Chavelot a été trouvée sur le site « monuments aux morts France-Belgique ».

Les registres de recensement des années 1896, 1901, 1906 et 1911 de la commune de Chavelot et la fiche signalétique et des services de du clairon Aubry ont été lus sur le site des archives départementales des Vosges.

Les sites « Mémoire des hommes » et « Généanet » ont également été consultés pour construire cette courte notice biographique.

Un grand merci à M. Bordes, à J. Baptiste, à A. Carrobi, à la mairie de Chavelot,  au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges. 

18 mai 2018

Ferdinand Dupuy-Gardel (1885-1917).

Ferdinand_Dupuy_Gardel

Ferdinand Dupuy-Gardel est né le 21 décembre 1885 à Viscomtat dans la maison paternelle puydomoise. À sa naissance, son père, Jean-Marie, âgé de 40 ans, travaille dans un atelier de cordonnerie. Sa mère, Jeanne Bassot, âgée de 35 ans, n’exerce pas d'activité professionnelle. Elle s’apprête à élever son deuxième enfant.

Le degré d’instruction de Ferdinand n’est pas inscrit sur sa fiche matricule. Malgré ce manque, nous pouvons affirmer sans aucun souci qu’il a poursuivi ses études bien au-delà de sa période de scolarité obligatoire. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de l’école normale de Chamalières, ce qui permet de dire que ce jeune homme avait les connaissances requises pour être enseignant.

Le 27 septembre 1905, Ferdinand Dupuy-Gardel est incorporé au 105e R.I. de Riom, immatriculé sous le numéro 6641. Il vient tout juste de valider un engagement volontaire d’une durée de trois ans, dans les conditions de la loi du 11 juillet 1892. Cette loi lui offre « la faculté d’être renvoyé au bout d’un an ».

Cette clause lui permet de rompre son contrat en toute légalité. Le soldat Dupuy-Gardel est envoyé dans la disponibilité de l’armée active avec l’octroi de son certificat de bonne conduite le 18 septembre 1906.

Ferdinand travaille ensuite comme instituteur public à Saint-Rémy-sur-Durolle.

Durant les années suivantes, il accomplit plusieurs périodes d’exercices dans son ancien régiment. La première a lieu du 24 août au 20 septembre 1908, la seconde se déroule du 29 août au 20 septembre 1910 et la troisième du 29 mai au 14 juin 1913.

Entre-temps, il a épousé Angélina Bion une jeune institutrice originaire du village de Fayet-Ronaye. Le couple s’est marié le 3 août 1909 à Viscomtat. De cette union est né un petit garçon prénommé Jean René Alphonse.

Genealogie_famille_Dupuy_Gardel

Lorsqu’il franchit le portail de la caserne d’Anterroche le dernier jour de sa 3e période d’exercice, Ferdinand Dupuy-Gardel est loin de s’imaginer qu’il sera, de nouveau, obligé de laisser ses élèves, pour partir à la guerre.

Caserne_d_Anterroche_Riom_105e_R

En juillet 1914, les tensions politiques entre la France et l’Allemagne sont extrêmes. Le 1er conflit mondial du 20e siècle est sur le point de voir le jour.

Ferdinand Dupuy-Gardel est rappelé à l’activité militaire en vertu du décret de mobilisation générale du 1er août 1914.

De retour au 105e R.I., l’ex-instituteur retrouve son uniforme de soldat le 4 août. Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’entraînements…

Son régiment quitte Riom trois jours plus tard. Les hommes embarquent dans les trains qui se tiennent prêts à partir en gare de Gray pour prendre la direction des Vosges. Le 105e R.I. combat dans le secteur d’Abrechviller avant de retraiter.

Le 14 septembre 1914, le soldat Dupuy-Gardel est blessé près de Fontenay. Touché par une balle à la cuisse gauche, il est évacué vers l’arrière.

La date exacte de son retour sur la ligne de front n’est pas connue. Elle a probablement lieu en janvier 1916.

Tout ce que nous savons de manière sûre, c’est qu’il fait partie des effectifs de la 28e compagnie du dépôt du 105e R.I. à la date du 12 août 1915. Ce jour-là, Ferdinand Dupuy-Gardel rédige un courrier à son supérieur. Il souhaite être nommé au grade de sous-lieutenant en vertu de la circulaire ministérielle n° 4753 c/1 du 31 juillet 1915.

Son commandant de compagnie donne son aval avec l'appréciation suivante : « Très bon soldat, dévoué et intelligent, a fait campagne et a été blessé. Instituteur public. Rentre dans la catégorie des candidats visée par la circulaire du 31 juillet 1915. Avis très favorable. »

Le 29 septembre, il est nommé caporal. Ses nouveaux galons et son savoir d’enseignant lui permettent d’exercer les fonctions de fourrier avant d’être promu dans le grade convoité pour la durée de la guerre à compter du 28 décembre 1915.

Une nouvelle affectation l’attend. Il a ordre de rejoindre le 17e R.I..

Arrivé sur le front le 23 janvier 1916, son récent passage au grade de sous-lieutenant l’amène en Artois, dans un secteur compris entre Houdain et Gouy-Servins. Il prend le commandement d’une section du régiment.

Comme le laisse supposer une annotation laissée sur son feuillet du personnel, rédigé par le lieutenant-colonel Paitard, responsable du 17e R.I., sa période passée au sein du régiment n’a pas laissé que des bonnes impressions.

Début septembre 1916, il écrit ceci : « Officier très calme et quelque peu effacé, s’occupant respectueusement de ses fonctions, mais ne semble pas en état, au moins pour le moment, d’exercer le commandement d’une unité supérieure à la section. »

Le 19 septembre 1916, Ferdinand Dupuy-Gardel est blessé du côté de Berny-en-Santerre.

Lorsqu’il revient dans son ancienne unité après sa convalescence, il est affecté à la 10e compagnie.

Le 7 août 1917, le sous-lieutenant Dupuy-Gardel est sévèrement puni par ses supérieurs. Le lieutenant-colonel Paitard lui inflige 8 jours d’arrêt de rigueur avec le motif suivant : « Étant en permission et ayant un motif légitime de demander une prolongation, en a adressé la demande au chef de corps, malgré l’interdiction, mainte fois répétée, d’agir ainsi. A considéré sa prolongation comme accordée bien qu’il n’eut pas reçu de réponse, et est, de ce fait, rentré quatre jours en retard. »

Le chef du 17e R.I. donne son appréciation sur les compétences de son subordonné : « Il n’avait, jusqu’ici, donné lieu à aucune plainte au sujet de sa conduite. Officier ayant de la bonne volonté, mais fort peu de moyens. Ne paraît pas s’être encore rendu compte de la gravité de la faute qu’il a commise. C’est pourquoi je ne le punis pas plus sévèrement et que je ne demande pas d’augmentation. »

Sa hiérarchie ne l’entend pas de cette façon. Elle impose une sanction beaucoup plus sévère. La punition est vite portée à 20 jours d’arrêt de rigueur, par le général commandant le 21e C.A. avant de passer à 30 jours par ordre du général responsable de la VIe armée. 

Cette faute entraîne une pénalisation supplémentaire. Sa prochaine permission devra être réduite de quatre jours tout en étant retardée de deux mois. De plus, le général commandant le 21e C.A. estime que cet officier ne doit pas rester au 17e R.I.. Pour lui, c’est un mauvais exemple pour la troupe. Un changement de corps s'impose.

Le lieutenant-colonel Peitard rédige une note très dure dans le feuillet individuel de campagne du sous-lieutenant Dupuy-Gardel : « A reçu deux blessures au cours de la campagne ce qui lui a fait perdre quelque peu de son activité. Consciencieux pendant les périodes de calme, mais perd tous ses moyens sous le feu. En somme, à peu près inutile au combat. À surveiller à tout point de vue. Moyens limités. »

C’est dans ces conditions qu’il reçoit sa mutation pour le 149e R.I.. Le 25 août 1917, il arrive au C.I.D. de la 43e D.I.. Le 22 septembre, Ferdinand Dupuy-Gardel intègre la 10e compagnie du régiment, placée sous l’autorité du lieutenant Monnoury. Le régiment est sur le point de commencer un entraînement préparatoire en vue de la future attaque de la Malmaison.

Peu de temps avant le déclenchement de cette offensive, le sous-lieutenant Dupuy-Gardel est immortalisé par l’objectif du photographe parmi tous les officiers du 3e bataillon à Ancienville.

Photographie_des_officiers_du_3e_bataillon_du_149e_R

La bataille de la Malmaison a lieu le 23 octobre 1917. La 10e compagnie est engagée en tête d’attaque durant la 2e phase de l’opération avec le reste du 3e bataillon après avoir été en soutien durant la 1ère phase.

La section du sous-lieutenant Dupuy-Gardel est dans le secteur du bois de Belle Croix lorsque celui-ci trouve la mort.

Sa fin est violente et instantanée, plusieurs éclats d’obus lui arrachent une partie du visage et du crâne.

Le sergent Alfred Marquand évoque sa rencontre avec le corps sans vie de cet officier dans l’ouvrage « Et le temps à nous est compté » :

«…Le deuxième cadavre est celui du sous-lieutenant Dupuy-Gardel que je reconnais péniblement malgré la boursouflure du visage à la courte barbe en pointe. Le cou n’est plus qu’une masse broyée de caillots hideux. Les jambes dépouillées des leggins offrent la pitrerie macabre des chaussettes tombant sur le cou-de-pied. Les infâmes détrousseurs ont déjà glané leur butin… »

Le passage de cet officier au sein des effectifs du 149e R.I. a vraiment été trop bref pour que ses chefs puissent se faire une opinion sur lui.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 23 octobre 1917, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Tranchee_de_la_Loutre__bois_de_Belle_Croix

Ferdinand Dupuy-Gardel est inhumé dans le cimetière de Condé-sur-Aisne, par les soins du groupe de brancardiers de la 43e D.I., dans une sépulture qui porte le n° 313.

Son acte de décès est envoyé pour transcription sur le registre d’état civil de la commune de Saint-Rémy-sur-Durolle, le 26 mars 1918.

Le corps de cet homme a certainement été rendu à la famille dans les années 1920.

Son nom est inscrit sur les monuments aux morts des communes de Saint-Rémy-sur-Durolle et de Viscomtat ainsi que sur celui de l’école normale de Chamalières.

Cet officier a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre n° 201 de la 13e D.I. :

« A constamment donné l’exemple du courage et de l’énergie. Blessé le 19 septembre 1916 en surveillant, malgré un violent bombardement, l’organisation d’une tranchée récemment enlevée à l’ennemi. »

Citation à l’ordre de l’armée (publication dans le J.O. du 17/01/1918)

« Officier brave et courageux, joignant aux plus brillantes qualités militaires, le sentiment du devoir poussé jusqu’à l’abnégation. Tué à … au moment où il se portait à l’attaque du fortin ennemi qui opposait une résistance acharnée. »

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales du Puy-de-Dôme.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

J.M.O. du 105e R.I.. S.H.D. de Vincennes.  Réf : 26 N 676/1

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588/2

La photographie de groupe est extraite du fonds Paul Douchez, un témoignage en trois volumes. Ce volumineux travail a été déposé par le fils de cet officier, aux archives du Service Historique de la Défense de Vincennes en 1983. Fond Douchez ref : 1K 338.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, à F. Barbe, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Puy-de-Dôme. 

20 avril 2018

Gaston Louis Adrien Faure (1880-1946).

Gaston_Louis_Adrien_Faure

Né de Jean Marie Faure et de Léonie Modeste Charrasse, Gaston Louis Adrien voit le jour le 29 juillet 1880 à Carpentras, la sous-préfecture du Vaucluse ; cette naissance a lieu dans le logement de fonction de ses parents situé à l’intérieur de la caserne de la gendarmerie. À l’arrivée de Gaston, son père, un ancien zouave pontifical devenu brigadier, est âgé de 39 ans. Sa mère qui élève déjà 3 enfants est âgée de 32 ans. 

Nous ne savons rien de l’enfance de Gaston, si ce n’est que sa fiche signalétique et des services mentionne un degré d’instruction de niveau 3, il a donc quitté l’école communale en sachant lire, écrire et compter.

Le 5 mars 1899, le jeune homme, qui n’a pas encore vingt ans, se rend à la mairie de Salon-de-Provence pour y signer un contrat de trois ans avec l’armée. Étant mineur, il doit obtenir l’autorisation paternelle pour mener à bien son projet.

Un long voyage en train l’attend. Trois jours plus tard, Gaston est installé dans un des bâtiments de la caserne Mac Mahon du 150e R.I., un régiment qui possède son dépôt à Saint-Mihiel dans le département de la Meuse.

Le soldat Faure ne va pas mener son contrat à terme. Sa formation militaire est interrompue un an plus tard. Envoyé en congé le 5 mars 1900, il semble avoir fait valoir l’article 21 de la loi sur le recrutement, ayant un frère appelé postérieurement à son incorporation.

De retour à la vie civile, il rentre chez lui avec son certificat de bonne conduite.

Gaston Faure accomplit une 1ère période d’exercice, du 21 août au 17 septembre 1905, au 141e R.I., le régiment auquel il a été rattaché et qui a ses quartiers à Marseille. La 2e période d’exercice, pourtant obligatoire, n’est pas mentionnée sur sa fiche matricule.

En 1908, Gaston est installé dans la cité phocéenne. Il gagne maintenant sa vie comme négociant.

Cet homme vit toujours à Marseille lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Les événements qui vont précipiter le monde dans une terrible guerre l’obligent à rejoindre son corps d’affectation dès le lendemain de la mobilisation.

Vieux soldat de la réserve, il a été fraîchement rattaché au régiment territorial du 141e R.I.. Il est maintenant inscrit dans les rangs du 115e R.I.T.. Les premières semaines du conflit, Gaston Faure les passe à La Turbie à une quinzaine de kilomètres, au nord-ouest de Nice, puis dans la région de Dijon, au fort d’Hauteville.

La déclaration de neutralité italienne rend le risque d’ouverture d’un front dans les Alpes complètement caduc. Elle permet donc de piocher dans ce réservoir d’hommes pour envoyer des renforts sur le front. Un gros contingent d’hommes provenant de son régiment est prélevé dès le 20 septembre 1914, pour être acheminé dans un régiment d’active. Gaston Faure fait partie du nombre. Il s’agit d’une application de la loi du 4 août 1914 qui permet de mettre un homme, quel que soit son âge, dans un régiment d’active ou de réserve, enfonction des besoins.

Ce groupe doit servir à compléter une partie des effectifs qui fait défaut au 149e R.I., un régiment qui a été particulièrement éprouvé durant les deux premiers mois du conflit.

Tous ces soldats sont envoyés, dans un premier temps, au dépôt du 149e R.I. qui a été installé dans la région de Langres à partir du 4 août 1914.

Le 28 novembre 1914, Gaston quitte Rolampont avec un groupe de renfort. Le soldat Faure utilise le transport ferroviaire en direction de Dunkerque avant de rejoindre son régiment qui combat en Belgique depuis le début du mois. Comparativement à tout ce qu’il a vécu depuis le début de la guerre, c’est une période moins rude pour le régiment spinalien. Gaston Faure est aussitôt affecté à la 2e compagnie du 149e R.I., sous le commandement du capitaine Genevoix.

Fin décembre 1914, le 149e R.I. quitte la Belgique pour se rendre dans le Pas-de-Calais. C’est à pied que les trois bataillons du régiment vont devoir rejoindre leurs nouvelles positions. Les étapes se font de nuit, sur les routes pavées du Nord. Le repos a lieu dans les fermes et les granges locales au fur et à mesure du chemin parcouru.

Le 18 janvier 1915, la compagnie Genevoix est en cantonnement à Béthonsart au nord d’Arras.

Le 31 janvier, c’est le baptême du feu pour Gaston. Sa compagnie, qui exécute des travaux de défense, subit un violent tir d’artillerie de la part des Allemands. Le capitaine Genevoix est tué au cours de cette journée.

La 2e compagnie est maintenant sous les ordres du capitaine Crepet. Elle retrouve ainsi son ancien chef du début de la guerre. Cet officier avait été retiré de ce commandement pour être mis à la tête du 1er bataillon du régiment au début du mois de septembre.

Durant le mois de février, les 1ère, 2e, 3e et 4e compagnies du 1er bataillon occupent les tranchées de première ligne en alternance. Il en est de même pour les deux autres bataillons du régiment.

Les Allemands lancent, dans ce secteur, une grande offensive le 3 mars 1915. Une partie du 149e R.I. est prise au dépourvu. Après une explosion de mines et un tir d’artillerie extrêmement violent, l’infanterie ennemie se lance à l’attaque. Gaston Faure est fait prisonnier du côté du bois 7 au nord de la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_journee_du_3_mars_1915

Il y a de fortes probabilités pour que le soldat Faure fasse partie des effectifs de la section qui se trouvait, ce jour-là, sous l’autorité du sous-lieutenant Darracq. La quasi-totalité des hommes constituant cette unité, surprise par la fulgurance de l’attaque allemande, s’est faite piéger au cours de l’assaut.

Une longue captivité débute pour Gaston Faure.

Le 11 mars, il a la chance de pouvoir rassurer les siens. Il adresse un courrier à sa famille pour lui faire savoir qu’il a été fait prisonnier et qu’il est maintenant détenu au camp de Celle, à proximité d’Hanovre.

Il reste interné dans ce lieu durant une année. L’homme se dit bien traité en compagnie de plusieurs camarades du midi. Chaque quinzaine, Gaston Faure écrit à ses proches. Il reçoit en retour des courriers et des colis, qu’il numérote précautionneusement pour bien en accuser réception. Il correspond également avec de nombreux amis.

Les bonnes conditions de détention commencent à se dégrader à partir de la fin du mois de mars 1916. Le soldat Faure traverse une partie en chemin de fer, une partie à pied, l’Allemagne d’ouest en est, pour rejoindre la Russie.

Il va de camp en camp, principalement dans le nord de l’actuelle Pologne autour de Gdańsk. Il fait de longues marches dans le froid et la neige avec très peu de nourriture, probablement avec un équipement rapiécé de toute part, et de surplus, peu adapté aux conditions climatiques.

Le 15 juin 1916, il écrit : « Pourquoi nous traiter de la sorte ? C’est honteux pour ceux à qui incombent les causes de notre séjour ici, de s’en prendre à nous pour des différents qu’ils ont entre eux. Vous pourriez en dire quelques mots à notre député, Monsieur Girard. »

Il survit à toutes ces épreuves.

Le 10 octobre 1916, Gaston Faure quitte la Russie. Trois jours plus tard, l’ancien soldat du 149e R.I. est envoyé au camp de Guben, près de Berlin. S’ensuivent alors de nombreux changements de lieu d’internement. Le 4 novembre, il est à Berger Damm. La veille de Noël 1916, Gaston se trouve au camp de Spandau puis à celui de Brandenburg à partir du 15 janvier 1917.

De retour dans la Basse-Saxe, cette fois-ci, il est, à compter du 1er février, en captivité au camp de Hameln à proximité d’Hanovre. Il quitte provisoirement cet endroit, entre le 20 février et le 24 avril 1917, pour aller travailler en forêt du côté de Bexten-Listrup. De retour au camp de Hameln, il rassure ses proches sur ses conditions de captivité qui sont bien meilleures que celles qu’il avait en Russie. En mai, Gaston travaille en ville à l’entretien des jardins de particuliers.

Le cliché le représentant parmi un groupe de prisonniers a été fait au printemps de l’année 1917.

En_captivit__avec_les_camarades

Fin juin 1917, impatient de recevoir du courrier il écrit : « Sachez chers parents que les nouvelles, c’est tout, c’est tout pour un prisonnier. » Il envoie une photographie le représentant avec deux soldats russes ; tous les trois sont, selon ses dires, « habillés à la bonne franquette ».

Avec_deux_camarades_russes

Quelque temps plus tard la famille reçoit le cliché suivant réalisé au camp de Hameln.

Camp_de_Hameln

Entre le 5 décembre et 5 février 1918, il se plaint de ne plus recevoir de courrier.

Le 30 avril 1918, Gaston Faure quitte Hameln pour Softau, un camp situé plus au nord, du côté de Bremen.

En juillet, il parle du rapatriement des prisonniers dans un de ses courriers. Il calcule la date approximative de son éventuelle libération qui pourrait, selon lui, avoir lieu en septembre en fonction des 10 000 soldats libérés par mois et selon son rang chronologique.

Cette perspective plutôt réjouissante n’a pas lieu. Le 30 octobre 1918, il est toujours interné à Softau, ne pouvant plus compter sur le rapatriement, mais plutôt sur la fin du conflit.

Gaston_Faure_en_captivit_

Le 11 janvier 1919, il envoie sa dernière carte d’Allemagne depuis Dordrecht. C’est ici qu’un grand nombre de prisonniers français a été rassemblé en vue du retour au pays. Il vient de faire un voyage en péniche, sur le Rhin, depuis Wesel jusqu’à Dordrecht. Le 3 mars 1919, il est rattaché au 141e R.I..

Revenu à la vie civile après presque quatre années de captivité, Gaston Faure retourne à Salon où il va travailler comme représentant de commerce pour sa société d’huile, de savon et de café « Les fils de Jean-Marie Faure ».

Le soldat Gaston Faure possède une fiche sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Fiche__du_Comite_International_de_la_Croix_Rouge_de_Gaston_Faure

Le 17 janvier 1920, il épouse Marie Louise Crousnillon, dite Malou, dont il eut deux enfants, Gérard né en 1920 et Robert né en 1924.

Il est définitivement libéré des obligations militaires en novembre 1929.

Gaston Faure décède le 16 mai 1946 à l’âge de 65 ans.

Il aura laissé une correspondance de 170 lettres et de nombreuses photographies

La généalogie de Gaston Louis Adrien Faure se trouve sur le site « Généanet ». Pour la lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Sources :

La fiche signalétique et des services de Gaston Louis Adrien Faure a été consultée sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône et son acte de naissance sur celui des archives départementales du Vaucluse.

La plupart des informations figurant dans cette biographie a été fournie par Bernard Faure, le petit-fils de Gaston Louis Adrien Faure.

L’ensemble des photographies proviennent de la collection personnelle de Bernard Faure.

Le morceau de pain qui se trouve sur le 2e montage a été ramené de captivité par Gaston Faure. Il est toujours conservé dans la famille.

Un grand merci à M.F. Affaton, à M. Bordes, à A. Carobbi, à B. Faure et aux archives départementales des Alpes de Haute-Provence.

 

13 avril 2018

Roger Georges Berteville (1892-1917).

Roger_Georges_Berteville

Roger Georges Berteville voit le jour le 26 juillet 1892 dans la maison de son grand-père maternel, située au 11 rue Saint-Nicolas dans la commune de Gonesse.

Son père, Auguste Maurice, est un rentier âgé de 36 ans. Sa mère, Berthe Eugénie Simon, est une femme âgée de 31 ans.

C’est tout ce que nous connaîtrons sur l’enfance et l’adolescence de Roger Georges et sur sa famille.

Jeune adulte, il vit à Paris avec sa mère dans le 8e arrondissement, au 44 rue François 1er. Son père est décédé. Roger Georges Berteville travaille comme brodeur.

L’année de ses vingt ans, il est déclaré « bon pour le service armé » de la classe 1912 par le personnel militaire du conseil de révision du 6e bureau de la subdivision de la Seine.

Lorsqu’il reçoit sa convocation accompagnée d’un titre de transport ferroviaire, il apprend que son incorporation va avoir lieu dans un régiment d’infanterie vosgien.

Affecté au 149e R.I., il se rend à la gare de l’est le 8 octobre 1913, pour rejoindre la ville d’Épinal. Le jeune homme arrive au corps le lendemain. Il intègre les effectifs de la 11e compagnie. Les apprentissages sous l’uniforme peuvent commencer, marches, séance de tir, exercices physiques en tous genres, deviennent son lot quotidien.

Repéré par ses supérieurs, il a la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux. Il est nommé dans ce grade le 11 avril 1914.

Fin juin… attentat de Sarajevo... les relations avec l’Allemagne s’enveniment très rapidement, l’embrasement est proche…

Le 149e R.I. fait partie des troupes de couverture. Il quitte la caserne Courcy le 1er août 1914. Le régiment gagne la frontière avant même que la déclaration de guerre ne soit officialisée. Le caporal Berteville fait toujours partie des effectifs de la 11e compagnie, sous les ordres du capitaine Erhard.

L’homme est blessé le 9 août 1914, au cours du baptême du feu du régiment. Sa compagnie, un peu à l’écart des premiers engagements, est envoyée en renfort dans la zone des combats dans l’après-midi.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante :

Renfort_capitaine_Ehrard_9_aout_1914

 A-t-il quitté le front pour être soigné vers l’arrière ? Est-il revenu quelques heures plus tard, après avoir été pansé à l’ambulance à la 11e ? Il n’y a pas de réponses claires pour ces questions. En effet, aucune information détaillée n’a pu être retrouvée dans les différents documents consultés. Celles-ci auraient permis un éclairage beaucoup plus précis sur cette période de sa vie.

Tout ce dont nous sommes sûrs, comme l’atteste sa première citation, c’est qu’il a participé à un engagement majeur du 149e R.I. à la date du 9 mai 1915. Le 24 mai, il passe dans le grade supérieur.

Le régiment poursuit la guerre en Artois. Le sergent Berteville participe aux attaques du mois de septembre du côté du bois en Hache près d’Aix-Noulette.

En mars 1916, son régiment est engagé dans la bataille de Verdun. Il combat dans le secteur du fort de Vaux et du village de Vaux-devant-Damloup.

Roger Georges Berteville est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire pour la durée de la guerre, à partir du 5 mai 1916. Cette décision a été prise par le général en chef seulement quelques jours après le départ du 149e R.I. de la zone des combats meusiens.

Il réintègre l’armée active, le jour même de sa nomination, conservant ainsi sa place au sein du 149e R.I..

Sans doute proposé par ses supérieurs directs, son nom est venu remplir un des blancs laissés sur la liste des cadres touchés par les derniers affrontements.

Cinq jours plus tard, une seconde blessure le retire du front pour plusieurs semaines. Les circonstances qui ont entraîné une plaie à sa cuisse gauche ne sont pas connues. Tout ce que nous savons de manière sûre, c’est que le 149e R.I. est  positionné en Champagne, dans un secteur plutôt calme, du côté des buttes de Tahure et que le jeune officier est allé à Pau pour y être soigné.

De retour de convalescence, il est envoyé au centre des bombardiers-grenadiers de Langres pour y suivre une formation qui débute le 3 septembre 1916. Il retrouve le dépôt le 13 septembre.

Six jours plus tard, le sous-lieutenant est dirigé sur le dépôt divisionnaire de la 43e D.I.. Il ne tarde pas à retrouver son ancien régiment.

Le 1er octobre 1916, il est affecté à la 9e compagnie du 149e R.I. qui est engagé dans la Somme.

Le lieutenant-colonel Pineau laisse une note peu flatteuse dans le feuillet de campagne de cet officier. Le 2 janvier 1917, il écrit ceci : « Nouvellement promu, était un excellent sous-officier. Paraît vouloir se relâcher un peu depuis qu’il est officier, un peu mou, a besoin d’être poussé, peut bien faire. »

Commander une section cela n’est pas donné à tout le monde, il faut être bien formé et avoir de l'expérience, ce qui est loin d'être le cas du sous-lieutenant Berteville.

Lorsqu’elle est comparée aux autres années du conflit, l’année 1917 est plutôt clémente pour le 149e R.I., c’est une  période qui va sans doute permettre au sous-lieutenant Berteville de prendre en main sa section, de s’aguerrir en faisant autorité sur ses hommes.

Le régiment occupe durant de nombreux mois des positions situées à l’ouest du fort de la Malmaison, du côté d’Aizy, de Jouy, de Billy-sur-Aisne et des fermes du Toty et de Hameret.

Fin septembre, le régiment se prépare pour une future attaque qui doit se dérouler dans le secteur du fort de la Malmaison.

Le cliché suivant a été pris quelque temps avant le déclenchement de la bataille de la Malmaison. Le sous-lieutenant Berteville figure parmi tous ces officiers.

Photographie_des_officiers_du_3e_bataillon_du_149e_R

Après avoir été reportée plusieurs fois pour des raisons de mauvais temps, l’attaque de la Malmaison est déclenchée le 23 octobre 1917.

Roger Georges Berteville commande une des sections de la 9e compagnie qui fait partie des troupes de soutien, derrière le 1er bataillon, au cours de la première phase de l’opération.

Le sous-lieutenant Berteville trouve la mort durant la 2e phase du combat, quelque temps après que son bataillon ait reçu l’ordre de passer en tête d’attaque, laissant le 1er bataillon derrière lui.

Touché à la poitrine par plusieurs éclats d’obus, le sous-lieutenant Berteville décède à 8 h 00 sur le champ de bataille.

Le sergent Émile Pierron et le caporal Adrien Claudel confirmeront son décès au moment de la rédaction de son acte de décès, rédigé par l’officier d’état civil du 149e R.I., le sous-lieutenant Auguste Fourneret.

Roger Georges Berteville a été inhumé dans le cimetière militaire de Condé-sur-Aisne, lieu où a été enterrée une partie des officiers et des soldats du régiment qui ont été tués ce jour-là. Sa sépulture porte le numéro 275.

Son corps est restitué à la famille dans les années 1920.

Le sous-lieutenant Berteville repose actuellement dans la division 6 du cimetière Montparnasse à Paris.

Sepulture_Roger_Georges_Berteville

Cet homme est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune de Gonesse.

Citations obtenues :

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 7 en date 21 mai 1915 :

« Le caporal Berteville Roger Georges, n° matricule 7076, 11e compagnie, a organisé et défendu brillamment pendant 48 heures, une tête de sape prise à l’ennemi au cours du combat de Notre-Dame-de-Lorette, le 9 mai, a enrayé un retour offensif des Allemands

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 23 en date du 8 octobre 1915 :

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, est parti à l’assaut des lignes ennemies en entraînant brillamment sa ½ section. Déjà cité et blessé au début de la campagne. »

Citation à l’ordre de l’armée n° 543 en date du 28 décembre 1917 publiée dans le J. O. du 17 janvier 1918 :

« Officier d’une bravoure, d’un allant et d’un entrain remarquables, a entraîné sa section à l’assaut d’une position ennemie fortement organisée, blessée mortellement au cours de l’attaque, a donné à ses hommes le plus bel exemple de bravoure et de sang-froid. »

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Berteville est extrait d’une photographie qui figure dans le Fonds Douchez. Ce fonds, composé de trois volumes, a été déposé au S.H.D. de Vincennes en 1983. Réf : 1 K 338.

La photographie de la sépulture de cet homme a été trouvée sur le site "héros de Gonesse"

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

6 avril 2018

Alfred Monnoury (1892-1917).

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Natif du département du Cher, Alfred Monnoury naît le 23 août 1892. Son acte de naissance est enregistré à la mairie de Dun-sur-Auron. Hippolyte Monnoury, son père, 28 ans, employé du chemin de fer, se présente le jour même devant l’adjoint au maire Nicolas Moreau ; il est en compagnie de l'aubergiste Étienne Gauthier et du coiffeur Laurent Bonnet, les deux témoins imposés par la loi qui autorise l’enregistrement des nouveaux nés dans le registre d’état civil. 

Sa mère, Catherine Beigneux, 22 ans se repose au domicile familial, situé route de Levet. Elle n’exerce pas de profession.

L’enfance et l’adolescence d’Alfred ne semblent pas s’être complètement déroulées à Dun-sur-Auron. Le nom de cette famille ne figure pas dans les registres de recensement de la commune pour les années 1901 et 1906.

Alfred poursuit sa scolarité après l’école communale. Élève à l’école normale, il obtient le certificat d'études pédagogiques et le brevet supérieur.

Ces diplômes lui permettent d’exercer le métier d’instituteur pendant deux ans.

Nous retrouvons la trace de ses parents grâce au registre de recensement de l’année 1911 de la commune de Marçais. Le père est maintenant chef de gare. Alfred, alors âgé de 19 ans, ne vit plus au domicile parental.

La lecture de la fiche signalétique et des services de cet homme nous apprend qu’il exerce le métier « de hussard noir de la République » à Marçais, probablement quelque temps après le dénombrement de la population du village de 1911.

L’année suivante, le conseil de révision l’inscrit dans la 1ère partie de la liste du canton de Saint-Amand.

Une fois sa feuille de route reçue, il se prépare à quitter le Cher. L’enseignant laisse ses élèves pour prendre la direction d’Épinal, une place forte lorraine, proche de la frontière allemande qui accueille de nombreux régiments. Le 10 octobre 1913, il est affecté dans une des compagnies du 149e R.I.. 

Son niveau d’études lui offre la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux. Il est nommé dans ce grade le 11 avril 1914.

Alfred porte toujours l’uniforme lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. À cette date, il commande une escouade de la 8e compagnie, sous les ordres du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André.

Le caporal Monnoury participe aux combats du Renclos des Vaches, d’Abreschviller et de Ménil-sur-Belvitte en août 1914.

Le 1er septembre, il obtient ses galons de sergent. Quelques jours plus tard, le 149e R.I. est envoyé dans la Marne. Il doit reprendre le village de Souain aux Allemands. Les hommes du régiment spinalien passent l'automne 14 en Artois puis en Belgique.

Le jeune homme devient aspirant le 24 décembre 1914. Son régiment est de nouveau positionné en Artois.

Trois mois plus tard, Alfred Monnoury est promu sous-lieutenant à titre temporaire par décision du général en chef le 31 mars 1915. Ce changement de grade est ratifié par décision ministérielle le 7 avril.

L’aspirant Monnoury est décoré de la croix de guerre avec étoile d’argent, suite à son engagement dans les combats qui se sont déroulés entre le 9 et le 13 mai 1915.

Le 27 septembre 1915, il est blessé au cours d’une attaque lancée dans le secteur du bois en Hache. Alfred Monnoury est atteint d'otorragie (saignement de l’oreille) et de commotion cérébrale. Son état, jugé suffisamment grave, nécessite une évacuation vers l’arrière pour plusieurs semaines. Il est autorisé à mettre une étoile de vermeil sur sa croix de guerre.

Bois_en_Hache_vue_aerienne

L’aspirant Monnoury retrouve son régiment, toujours en Artois, le 1er décembre 1915. Affecté à la 7e compagnie, il prend le commandement d’une de ses sections.

Le 149e R.I. est expédié dans la Meuse au début du mois de mars 1916. La ville de Verdun est menacée. Les Allemands ont lancé une vaste offensive à long terme commencé le 21 février. Les compagnies du régiment sont placées dans différents secteurs du fort de Vaux et du village de Vaux-devant-Damloup au cours de deux périodes bien distinctes. La première a lieu du 8 au 17 mars, la seconde du 31 mars au 10 avril.

La 7e compagnie du régiment, sous les ordres du lieutenant Ribault, occupe les tranchées de première ligne, à partir du 4 avril, dans le secteur de l’étang de Vaux. Le 8, le sous-lieutenant Monnoury est de nouveau commotionné par l’éclatement d’une torpille. Il ne semble pas avoir été évacué vers l’arrière suite à ce traumatisme. Il peut ajouter une deuxième étoile d’argent sur sa croix de guerre.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

8_avril_1916

Le 149e R.I. quitte l’enfer verdunois pour être envoyé au repos à Landrecourt. Le régiment gagne ensuite la Champagne pour occuper une zone située  entre les buttes de Tahure et de Mesnil, près des Deux-Mamelles. C’est un secteur plutôt calme, comparé à ce qu'il a vécu dans la Meuse. 

Au cours de cette période, Afred Monnoury est détaché au centre d’instruction de fusiliers-mitrailleurs du 19 juin au 6 juillet 1916.

Le 18 août, le sous-lieutenant Monnoury rédige un courrier à ses supérieurs. Il sollicite sa nomination à titre définitif dans la réserve de la classe 1912.

Le lieutenant Ribault, responsable de la 7e compagnie, donne son opinion :

« Demande transmise avec avis favorable. Provenant des aspirants d’infanterie de la classe 1912 et promu sous-lieutenant à titre temporaire le 31 mars 1915. Monsieur Monnoury est sur le front depuis le début des opérations. Il a pris une part aussi active que brillante aux différents combats livrés par le 149e R.I. et a été cité une fois à l’ordre du C.A. et deux fois à l’ordre de la division.

Instituteur primaire, ancien élève d’une école normale, titulaire du brevet supérieur. Monsieur le sous-lieutenant Monnoury mérite à tous les points de vue d’être nommé à titre définitif comme sous-lieutenant de réserve. »

Le commandant Schalck, responsable du 2e bataillon, poursuit en écrivant :

« Le sous-lieutenant à T.T. Monnoury va compter bientôt 17 mois de grade pendant lesquels il a toujours fait preuve d’un acquis militaire sérieux, joint à beaucoup d’activité, d’intelligence et de dévouement. Excellent chef de section, a toujours donné à sa troupe l’exemple du courage, de l’entrain et du sang-froid. Blessé aux attaques de septembre 1915, revenu sur le front peu après, titulaire de la croix de guerre, il mérite, sous tous les rapports, d’être confirmé dans son grade à titre définitif, au titre de la réserve. Excellente instruction primaire (brevet supérieur), d’une bonne éducation, il fera bonne figure comme officier de complément. Demande transmise avec avis très favorable. »

C’est au lieutenant-colonel Gothié, chef du 149e R.I., que revient le droit de conclure :

« Officier très brillant, énergique, dévoué, intelligent, d’une belle tenue et d’une excellente éducation, au front depuis le commencement de la campagne, beaux états de service (une blessure et trois citations), instruction primaire supérieure (brevet supérieur), mérite à tous égards d’être titularisé. »

Suite à cette demande écrite et après avoir obtenu l’avis très favorable de ses chefs directs, il passe dans la réserve le 24 octobre 1916 avec le grade de sous-lieutenant à titre définitif. Cette nomination est publiée dans le J.O. du 20 novembre.

Devenu réserviste à titre définitif, il doit faire une nouvelle lettre pour demander sa réintégration dans l’armée active. Le lieutenant-colonel Pineau, nouveau responsable du 149e R.I., donne un avis très favorable à cette requête. Alfred Monnoury obtient son maintien au 149e R.I. sans aucun problème.

 Il participe ensuite à la bataille de la Somme. Le 4 septembre, le 149e R.I. doit reprendre le village de Soyécourt. Sa compagnie est en réserve avec les deux autres compagnies du 2e bataillon. Elle ne participe pas directement à l’attaque.

Après ces événements, Alfred Monnoury est envoyé en permission à partir du 13 octobre 1916. Il est de retour à la 7e compagnie le 26.

Début novembre, le régiment est toujours en Picardie, pas très loin du village de Génermont. Au cours de cette période, le sous-lieutenant Monnoury gagne la Légion d’honneur, après une action d’éclat.

Le jeune officier est promu lieutenant à titre temporaire dans l’armée active le 21 novembre 1916.

Cinq jours plus tard, il reçoit le commandement de la 10e compagnie.

En 1917, Le 149e R.I. occupe durant plusieurs mois un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison, dans une zone située à l’extrême gauche du chemin des Dames, du côté de Billy-sur-Aisne, Jouy, Aizy et des fermes Hameret et du Toty.

Ferme_Hameret

Au cours de cette période, il obtient plusieurs permissions, il doit également se former depuis qu’il a été nommé lieutenant. La première période de repos à l’arrière a lieu du 25 janvier au 7 février 1917, la seconde entre le 10 et le 21 mai et la troisième du 26 août au 6 septembre. Entre temps, il a effectué son stage de commandant de compagnie au C.I. du 21e C.A. du 2 au 22 avril 1917.

Au retour de sa 3e permission, il retrouve son commandement à la 10e compagnie. Le régiment est en plein préparatif pour la future bataille de la Malmaison. Pour obtenir les meilleurs résultats, il doit subir un entraînement assidu de plusieurs semaines.  

Le cliché suivant a été réalisé quelque temps avant que le régiment ne rejoigne le front. Le lieutenant Monnoury y est représenté avec la presque totalité des officiers des compagnies du 3e bataillon. 

Photographie_des_officiers_du_3e_bataillon_du_149e_R

L’attaque de la Malmaison est déclenchée le 23 octobre 1917. Le lieutenant Monnoury est tué par l'explosion d'un obus lorsque sa compagnie arrive dans le secteur du bois de Belle Croix, près de Vaudesson,

 Son visage est horriblement mutilé par un éclat d'obus. Le sergent Alfred Marquand témoigne :

«… la perspective rectiligne du chemin est soudain barrée par deux corps immobiles, étendus en travers. Pris d’un doute subit, je les examine. Leurs mains sortent comme des moulages de cire des manches boueuses de leurs capotes ; leur barbe courte tranche en sombre sur le blanc jaunâtre des joues. Deux minces galons d’or, une barrette écarlate sur la poitrine… À mes pieds gît la dépouille mortelle du lieutenant Monnoury. La tête à demi renversée laisse deviner une affreuse blessure par où la bouillie sanglante de cervelle s’est écoulée avec la vie. Le couvercle relevé, l’étui à jumelle bée, vide… »

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Tranchee_de_la_Loutre__bois_de_Belle_Croix

Le lieutenant Monnoury est  inhumé dans le petit cimetière militaire de Condé-sur-Aisne par le groupe de brancardiers de la 43e D.I.. Sa sépulture porte le n° 311.

Le colonel Boigues, chef du 149e R.I. avait écrit ceci dans son livret de campagne le 1er octobre 1917 : « Compte parmi les meilleurs officiers de compagnie du régiment. A de l’activité, de l’intelligence et beaucoup d’autorité. En résumé c’est un excellent officier. »

L’acte de décès d’Albert Monnoury est transcrit à la mairie de Marçais le 18 février 1918.

Son corps a probablement été restitué à la famille dans les années 1920.

Le nom de cet officier est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Marçais.

Alfred Monnoury est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Citations obtenues :

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 56 en date du 25 mai 1915 :

« Pendant les combats du 9 au 13 mai, sous un feu violent, a toujours conservé un grand sang-froid et a fait preuve de la plus belle bravoure. Le 12 et le 13 mai, en plein jour et en terrain découvert, a établi la liaison entre deux compagnies de 1ère ligne et a puissamment contribué à la défense d’un ouvrage important. »

Cité à l’ordre du 21e C.A. n° 63 en date du 18 octobre 1915 :

« Le 25 septembre 1915, devant Angres, a maintenu sa section dans la parallèle de départ, sous un bombardement des plus violents. A été enterré et blessé. Officier de beaucoup de courage et de sang-froid, déjà titulaire de la croix de guerre pour citation à l’ordre de la division. »

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 126 en date du 2 mai 1916 :

« Officier d’une bravoure à toute épreuve et d’un entrain communicatif. Du 5 au 6 avril 1916, a, par son exemple, maintenu sa section sous un feu violent et continu de gros obus et de torpilles. Le 8 avril, quoique très violemment commotionné par l’éclatement d’une torpille, a fait preuve du plus grand mépris du danger en continuant à secourir, sous le feu, des hommes ensevelis par des projectiles. » 

Citation à l’ordre de l’armée : (publication dans le J.O. du 17 janvier 1918) :

« Commandant de compagnie d’une bravoure à toute épreuve. A montré de réelles qualités de commandement en entraînant brillamment sa compagnie à l’attaque de positions ennemies fortement organisées. Est tombé glorieusement en s'élançant à la tête de ses troupes à l’assaut d’un fortin ennemi qui arrêtait momentanément sa progression. »

Autre décoration :

Chevalier de la Légion d’honneur (J.O. du 22 décembre 1916). Cette décoration prend rang le 24 novembre 1916) :

« Officier d’une énergie et d’un courage exceptionnel. Le 7 novembre 1916, a vigoureusement entraîné à l’attaque d’une position très fortifiée, la vague d’assaut qu’il commandait a dirigé pendant trois quarts d’heure, avec un acharnement farouche, un violent combat au cours duquel il a fait 40 prisonniers, dont 5 officiers. Déjà trois fois cité à l’ordre. »

Alfred Monnoury possède un dossier individuel dans la base Léonore. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Site_base_Leonore

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Historique du 149e R.I.. Épinal, imprimerie Klein. 1919.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

La photographie de groupe est extraite du fonds Paul Douchez, un témoignage en trois volumes. Ce volumineux travail a été déposé par le fils de cet officier, aux archives du Service Historique de la Défense de Vincennes en 1983. Fond Douchez ref : 1K 338.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à T. Cornet, à M. Porcher, à F. Barbe, au Service Historique de la Défense de Vincennes, au collectif Artois et aux archives départementales du Cher.

19 janvier 2018

Maurice Charles Jean Blot (1895-1917)

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Le 25 octobre 1895, Fréderic Isnard, adjoint délégué au maire de la ville d’Antibes, reçoit François Jules Blot, un jardinier âgé de 22 ans qui vient déclarer la naissance de son fils prénommé Maurice Charles Jean, né la veille. La mère du nouveau-né, Constance Clémentine Sainton, est âgée de 21 ans. Elle n’exerce pas de profession.

 

Le couple, d’origine parisienne, s’est marié le 25 septembre 1894 dans le XIe arrondissement. La raison de leur départ de la capitale pour venir s’installer en bordure de Méditerranée n’est pas connue. Peut-être une opportunité professionnelle ?

 

Très rapidement, la famille Blot retourne vivre à Paris. Elle s’installe dans le XIIe arrondissement. Georges Charles Alexandre naît le 30 juillet 1898 et Jeanne Eugénie le 19 février 1903 ; le premier au 15 passage du Génie, la seconde au 32 rue Montgallet.

 

Genealogie_Maurice_Charles_Jean_Blot

 

Maurice Blot fait des études secondaires au lycée Saint-Jean de Passy. Il obtient son baccalauréat sciences-langues et mathématiques.

 

Souhaitant faire une carrière militaire, Maurice prépare assidûment l’examen d’entrée de l’école de Saint-Cyr, espérant devenir un jour officier. Les évènements internationaux, qui vont précipiter la France dans un épouvantable conflit mondial, mettent fin à cette ambition.

 

C’est comme simple soldat appelé de la classe 1915, déclaré « bon pour le service », qu’il intègre l’armée le 19 décembre 1914. Le lendemain, il est à Épinal pour prendre place dans une des chambrées de la caserne du170e R.I..

 

Très rapidement, il gravit les échelons hiérarchiques. Le 15 avril 1915, Maurice Blot est directement nommé aspirant. Cette subite montée en grade est probablement due au fait qu’il a en sa possession un très bon bagage scolaire.

 

Le 23, il est affecté au 149e R.I., l’Aspirant Blot n’a que la Moselle et quelques rues à traverser pour rejoindre son nouveau dépôt qui se trouve également à Épinal.

 

Le 1er mai, le jeune sous-officier intègre la 33e compagnie du  9e bataillon du régiment, avant d’être affecté à la 8e compagnie quinze jours plus tard.

 

À cette période de l’année, le 149e R.I. combat en Artois depuis plusieurs mois, dans un secteur régulièrement exposé à de violentes attaques déclenchées alternativement par les deux belligérants.

 

Le 18 juillet 1915, Maurice Blot est blessé devant Angres. Le médecin du poste de secours constate plusieurs plaies à la tête. Maurice souffre également de surdité. Ce traumatisme est probablement lié à l’onde de choc produite par un obus explosant près de lui.

 

La remise en condition « combattante » de ce sous-officier demande plusieurs semaines.

 

Ce n’est que le 8 octobre 1915 qu’il rejoint son ancienne compagnie. Le 12 février 1916, l’aspirant Blot est muté à la 9e compagnie du régiment.

 

À l’aube de la 2e décade du mois avril 1916, le 149e R.I. est très carencé en officiers. Nous sommes à peine à quelques jours du 2e engagement d’une partie du régiment dans les combats de 1ère ligne, dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup, près de Verdun. Maurice Blot est nommé sous-lieutenant d’active à titre temporaire le 9 avril 1916. Cet officier retrouve la 8e compagnie.

 

Un peu plus tard, il envoie les lignes suivantes aux siens : « Depuis deux mois que nous sommes dans ce secteur, jamais je n’ai vu pareille chose. L’artillerie ennemie, surtout à Douaumont et à Vaux, arrosait et balayait tout ; jamais les Allemands n’ont mis en œuvre tant de forces et tant de matériel ; mais, devant eux se dressaient, impassibles, les belles figures de nos soldats. Après le recul forcé jusqu’au bord de la Meuse, ils ont attendu l’ennemi, pour lui faire subir des pertes effroyables. Mon régiment a eu l’insigne honneur de reprendre deux fois le village de Vaux. C’était magnifique, mais quelle hécatombe ! »

 

Mi-avril, le 149e R.I. quitte la Meuse. Après avoir bénéficié d’une brève période de repos à Landrecourt, le régiment doit rejoindre la Champagne pour venir occuper un secteur situé entre les buttes de Tahure et de Mesnil, près des Deux- Mamelles.

 

Le capitaine adjoint major du 2e bataillon du 149e R.I. rédige la petite note suivante le 13 mai 1916 :

 

« Le sous-lieutenant Blot est un très bon officier, très intelligent, sérieux, plein de zèle et de bonne volonté. Officier très discipliné, ayant une haute conception de ses devoirs militaires. Très belle tenue devant la troupe. Bonne aptitude au commandement. Excellente instruction générale. Bonne instruction militaire. Très estimé de ses chefs, est susceptible, avec un petit peu de pratique, de produire de très brillants résultats. »

 

Du 7 au 16 mai 1916, le sous-lieutenant Blot effectue un stage au centre d’instruction des grenadiers à Châlons-sur-Marne, avant d’être détaché à l’école divisionnaire des grenadiers de la 43e D.I. entre le 26 mai et le 2 juin 1916. Il réintègre son régiment en suivant.

 

Le 9 juillet 1916, Marcel Blot est de nouveau blessé ; il vient de participer à un important coup de main, mené par plusieurs groupes de grenadiers du 149e R.I.. Touché au bras et au visage par des éclats d’obus et de grenades, il est, pour la seconde fois, évacué vers l’arrière pour être hospitalisé durant plusieurs semaines.

 

Les fonctions occupées par cet officier à son retour au régiment ne sont pas très précises. Des états de service datant du 5 mars 1917 nous indiquent qu’il fut désigné pour assurer la charge de sous-lieutenant porte-drapeau du régiment à partir du 30 septembre 1917, avant de passer à la 5e compagnie le 6 novembre 1917. Sur son feuillet individuel de campagne, il est écrit qu’il rejoint la 5e compagnie du régiment le 19 septembre 1917. Son affectation comme sous-lieutenant porte-drapeau y est bien mentionnée, mais celle-ci est rayée. Son livret matricule d’officier ne fait pas état de cette période.

 

Durant le premier 1er semestre de l’année 1917,  le sous-lieutenant Blot accomplit plusieurs stages. Le premier qui se déroule entre le 10 et 18 janvier lui permet de faire connaissance avec le fusil mitrailleur. Le second, qui a lieu entre le 12 et le 26 mars, il le passe à comprendre le fonctionnement du canon de 37 mm. Le troisième stage, qui est effectué du 19 au 26 avril 1917, lui apprend à maîtriser le fusil R.S.C..

Marcel Blot bénéficie d’une permission du 10 au 17 juillet 1917. Il retrouve la 5e compagnie lorsqu’il revient au régiment.

 

Peu de temps avant la bataille de la Malmaison, le lieutenant Auvert prend le commandement de cette unité qui vient d’être désignée compagnie de nettoyeurs de tranchées. C’est au cours de cette attaque qui se déclenche le 23 octobre 1917 que le sous-lieutenant Blot est grièvement blessé. Sa hanche droite est perforée par plusieurs éclats d’obus.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 23 octobre 1917, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journee_du_23_octobre_1917_1er_objectif

 

Les tentatives réalisées par les chirurgiens de l’hôpital d’évacuation n° 18 de Couvrelles, pour le sauver, échouent. Il décède tard dans la nuit du 23 octobre 1917, seulement quelques heures avant de fêter son 22e anniversaire.

 

Le sous-lieutenant Blot est enterré dans un premier temps dans le cimetière militaire attenant à l’hôpital.

 

Le 22 octobre 1923, son corps est exhumé pour être placé dans le carré C du  cimetière militaire de Vauxbuin, sous une nouvelle croix qui porte le n° 436.

 

 

Le sous-lieutenant Blot a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 48 en date du 25 mars 1916 :

« A fait preuve, dans tous les combats, d’une belle insouciance, donnant à tous l’exemple du calme et du sang-froid. Une blessure. »

 

Citation à l’ordre de la IVe Armée n° 609 en date du 24 juillet 1916 : (Publication dans le J.O. du 6 mars 1915).

 

« Brave officier de grenadiers. Le 9 juillet 1916, a entraîné avec beaucoup de courage le groupe de grenadiers qui lui était confié. S’est jeté sur un petit poste ennemi pour le faire prisonnier. Blessé de nombreux éclats par une grenade, tue un de ses adversaires d’un coup de révolver et saute dans le poste. »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 543 en date du 11 décembre 1917. (publication dans le J.O. du 17 janvier 1918) :

 

« Jeune officier, d’une bravoure, d’une énergie et d’un entrain remarquables. Commandant une section de nettoyeurs de tranchées à l’attaque de la Malmaison, a brillamment entraîné ses hommes, réduisant plusieurs nids de mitrailleuses. A été mortellement blessé dans l’exécution de sa mission.  Plusieurs fois blessé et cité déjà. »

 

Une famille de récipiendaires :

 

Cet officier a également été décoré de la Légion d’honneur à titre posthume. (Publication dans le J.O. du 26 décembre 1919).

 

En marge de la recherche :

 

À l'occasion de la recherche sur Maurice Blot, j'ai découvert que son père et son frère étaient également récipiendaires de la Légion d'honneur.

 

Le père, François Jules Blot, qui a commencé sa carrière comme simple jardinier est devenu producteur de graines de semences, dirigeant la maison Vilmorin-Andrieux.

 

Il est membre honoraire ou membre actif de plusieurs associations importantes dans le domaine agricole et il travaille comme rédacteur dans divers journaux horticoles et agricoles. Il est décoré de la Légion d’honneur.

 

Pour en savoir plus sur François Jules Blot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site_base_Leonore

 

Devançant l’appel de sa classe, son frère, Georges Charles Alexandre Blot, signe un contrat d’engagé volontaire avec l’armée, le 25 juillet 1916.

 

Il termine la guerre comme sous-lieutenant au 12e régiment d’artillerie. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par arrêté du 16 mars 1921 rendu sur le rapport du ministre de la guerre. Georges Blot est ensuite promu au grade d’officier de la Légion d’honneur par décret du 5 septembre 1949 rendu sous le rapport du ministre des finances et des affaires économiques.

 

Pour en savoir plus sur Georges Charles Alexandre Blot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site_base_Leonore

 

La famille Blot repose dans un caveau familial qui se trouve dans le cimetière de Bercy.

 

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Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Base Léonore.

 

Les recherches effectuées sur le site des archives de Paris ont permis de retrouver une grande partie des actes d’état civil des parents et de la fratrie de Maurice Charles Jean Blot. Cette fratrie est peut-être incomplète.

 

« Livre d’or de Passy, à la mémoire des professeurs et des anciens élèves du pensionnat de Passy morts pour la patrie ». Typographie Firmin-Didot et Cie. Mesnil-sur-l’Estrée (Eure). 1922.

 

La photographie de la sépulture de Maurice Blot a été réalisée par J. Baptiste.

 

Le cliché de la tombe de la famille Blot a été trouvé sur le site de Généanet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à J. Baptiste, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

22 décembre 2017

Jean Baptiste Victor Christ (1888-1914).

Jean_Baptiste_Victor_Christ

Jean Baptiste Victor Christ voit le jour le 15 janvier 1888 au domicile parental, situé au n° 11 de la rue Calandre à Épinal. Il est le fils de Louis Christ qui exerce la profession de tailleur d’habits, et de Joséphine Speich, une jeune femme qui ne travaille pas. Son père est âgé de 36 ans, sa mère de 22 ans.

Enfant, Victor quitte l’école communale en sachant lire, écrire et compter.

Futur soldat de la classe 1908, il est inscrit sous le numéro 5 du canton de Bruyère.

Victor Christ est classé dans la 3e partie de la liste en 1909, ce qui veut dire qu’il est déjà engagé. Il est impossible de savoir depuis quand, mais, au moment où sa classe passe devant le conseil de révision, il est déjà sous les drapeaux.

Le 27 septembre 1910, le jeune homme se marie avec Marie Joséphine Hélène Clément à Chantraine, près d’Épinal.

Le registre du recensement de cette petite commune, réalisé en 1911, nous apprend que le sergent Victor Christ demeurait, avec son épouse, au numéro 130 de la maison Clément. Ce sous-officier avait, pour proches voisins, le sergent Léopold Rigolley, qui, plus tard, devient lieutenant, tout en survivant à la Grande Guerre, ainsi que le sergent Joseph Viguier, originaire de Saint-Affrique. Ces trois hommes font partie des effectifs du 149e R.I..

Comme pour la majorité des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche de Victor est une reconstruction réalisée à la suite de la destruction des originaux. Elle est donc vide de tout élément permettant de retrouver les étapes qui le conduisirent de simple engagé volontaire à sergent-major.

Grâce à une photographie, nous savons juste qu’il a servi comme sous-officier à la 1ère compagnie du 149e R.I., peu avant le départ du régiment pour la frontière. C’est bien peu !

Photographie_groupe_sous_officiers_1er_compagnie_149e_R

Avec sa compagnie, il participe aux combats du Renclos-des-Vaches et d’Abrechvillers avant d’être blessé dans le secteur de Saint-Benoit, près de Ménil-sur-Belvitte, à la fin du mois d’août 1914. Probablement laissé sur place par le régiment qui est obligé de battre en retraite, le sergent-major Christ décède peu de temps après.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_2_journee_du_26_aout_1914

Sa fiche « Mémoire des hommes » indique la date de sa mort au 17 octobre 1914. Il y a de fortes chances pour que celle-ci soit erronée : cette fiche reprend en fait la date d’inhumation du corps. Le sergent-major Christ est décédé des suites de ses blessures à une date inconnue. Son nom figure bien sur la liste des pertes du régiment lors des journées du 25 au 26 août 1914.

L’acte de décès de Jean Baptiste Victor Christ nous fait savoir qu’il a été inhumé à Saint-Benoît le 17 octobre 1914, son corps ayant été identifié par un médecin aide-major.

Inquiète de ne pas avoir de nouvelles, son épouse écrit à la Croix Rouge Internationale pour tenter de savoir si Victor ne se trouverait pas parmi les captifs dans un des très nombreux camps de prisonniers en Allemagne.

Fiche_individuelle_C

L’acte de décès de ce sous-officier a été transcrit le 4 octobre 1916 dans sa commune de résidence, un peu plus de deux ans après sa mort.

Il y a de fortes probabilités pour que le corps de ce sous-officier ait été rendu à la famille dans les années 1920.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Chantraine.

Son épouse ne s’est jamais remariée. Marie Joséphine Hélène Clément est décédée à Chantraine le 19 mai 1967.

Il n’y a pas de descendance connue pour cet homme.

Sources :

L’acte de naissance et la fiche signalétique et des services de Jean Baptiste Victor Christ ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à la mairie de Chantraine et aux archives départementales des Vosges. 

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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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