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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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13 octobre 2023

Joseph Antoine Boffocher (1891-1918)

Joseph Antoine Boffocher

 

Joseph Antoine Boffocher voit le jour le 9 juin 1891 à Collage, un petit village administrativement affilié à la commune de Marsac, dans le département du Puy- de-Dôme.

 

Son père, Antoine, âgé de 31 ans, est cultivateur dans une exploitation familiale dirigée par le grand-père paternel. Sa mère, Léonie Élisa Boffocher, 27 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle est cependant régulièrement sollicitée pour effectuer certaines tâches quotidiennes à la ferme. Joseph est son deuxième enfant. Il n’y aura pas d’autre naissance dans cette famille.

 

Genealogie famille Boffocher

 

La fiche matricule de Joseph Boffocher mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait compter, lire et écrire lorsqu’il quitte définitivement l’école communale.

 

En 1911, Joseph travaille avec son père. L’année suivante, il comparait devant le conseil de révision, réuni à la mairie d’Ambert, qui le déclare apte aux obligations militaires.

 

Le 10 octobre 1912, Joseph Boffocher rejoint les rangs de la 11e compagnie du 149e R.I., une unité cantonnée à Épinal.

 

En août 1914, la France entre en conflit avec l’Allemagne. Joseph Boffocher est toujours « sous les drapeaux ». Il appartient à la fameuse classe 1911 qui devait être libérée en septembre 1914.

 

Compte tenu de la situation en Europe il n’est plus question pour lui et ses camarades de chambrée, de retourner à la vie civile. Le 149e R.I., unité de réserve des troupes de couverture, quitte son dépôt quelques heures avant l'ordre de mobilisation générale, pour se diriger vers la frontière.

 

Le 9 août, le 149e R.I. subit le baptême du feu au Renclos des vaches près de Wisembach.

 

La 11e compagnie, seule unité du 3e bataillon du régiment à être engagée, entre dans la lutte avec les 1er et 2e bataillons. Joseph Boffocher sort indemne de cette épreuve.

 

Le 21 août, il participe aux combats près d’Abrechvillers. Fin août 1914, sa compagnie est de nouveau en première ligne. Les troupes allemandes attaquent dans le secteur de Bazien près de Ménil-sur-Belvitte. Cette fois-ci, le soldat Boffocher a un peu moins de chance, il est fait prisonnier. Joseph Boffocher est loin de se douter qu’une longue période de captivité l’attend.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Carte 5 journee du 25 aout 1914

 

Une fiche individuelle portant son nom peut se consulter sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

 

Fiche C

 

Cette fiche référence cinq cotes, ce qui permet de reconstruire, dans les grandes lignes, son parcours de captif.

 

 

Joseph Boffocher est initialement interné au camp de Lechfeld. Début janvier 1915, il tombe malade. Le jeune homme est soigné au Lazaret de Munchenb. Le 17 juin 1916, il est envoyé au camp de Dilligen. Le 10 janvier 1918, le soldat Boffocher est interné à Pucheim, puis à Landsberg à compter du 8 février.

 

Carte des camps de prisonniers en Allemagne

 

Fragilisé par plus de quatre années de captivité et gravement malade, il décède d’une pneumonie le 28 novembre 1918 au lazaret de Steingaden, en Haute-Bavière ; il a 27 ans.

 

Son corps est restitué à la famille en 1926. Une cérémonie religieuse a lieu le 26 mai dans l’église de Marsac. Joseph Boffocher est ensuite inhumé dans le cimetière communal.

 

Aucune citation, aucune décoration n’ont pu être retrouvées pour cet ancien soldat du 149e R.I..

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de Marsac-en-Livradois et sur la plaque commémorative située à l’intérieur de l’église du village.

 

Joseph Antoine Boffocher est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Joseph Antoine Boffocher, les registres d’état civil et les registres de recensement de la commune de Marsac des années, 1896, 1901, 1906 et 1911 ont a été consultés sur le site des archives départementales du Puy-de-Dôme.

 

La carte indiquant les camps de prisonniers français en Allemagne a été réalisée par Robert Broisseau en 2006. Elle provient du site « Stenay 14-18 » :

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Vallé et aux archives départementales du Doubs.

29 septembre 2023

Charles Horace Robert Lemailloux (1891-1915)

Charles Horace Robert Lemailloux

 

Charles Horace Robert Lemailloux voit le jour le 10 décembre 1891 à Saint-Denis, dans le département de la Seine. Son père, Nicolas Charles Julien, 27 ans, est comptable. Sa mère, Alexandrine Dégardin, 25 ans, ancienne gantière, n’exerce plus d’activité professionnelle.

 

Les parents de Charles se sont mariés en 1885. Ils ont déjà eu trois enfants. En 1898, la famille s’agrandit à nouveau avec l’arrivée d’une petite fille. À cette époque, les Lemailloux exercent le métier de peaussier.

 

Charles perd son père à l’âge de 9 ans. Après la mort de son mari, Alexandrine Dégardin se retrouve seule avec ses quatre enfants à charge. Elle doit vite trouver un emploi mieux rémunéré. Elle revient à son métier d’origine.

 

En 1905, la mère de Charles est à nouveau enceinte. L’année suivante, elle épouse Victor Ernest Lugand, un veuf de 47 ans qui reconnaît l’enfant.

 

Genealogie famille Lemailloux

 

Charles quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait correctement lire, écrire et compter à la fin de sa période de scolarité obligatoire.

 

Devenu coureur cycliste, il participe au Tour de France des indépendants en 1911 (il a été impossible de retrouver d’autres informations sportives dans la presse locale pour tenter de reconstruire sa carrière de cycliste).      

 

Déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision réuni à la mairie de Saint-Denis, Charles Lemailloux est incorporé au 149e R.I., un régiment stationné à Épinal à partir du 9 octobre 1912.

 

Excellent soldat, il est rapidement repéré par sa hiérarchie. Ses supérieurs lui offrent la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux. Le soldat Lemailloux est nommé à ce grade le 11 novembre 1913.

 

Le 11 avril 1914, le jeune homme est promu sergent. Fin juillet 1914, le traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, est en passe d’être rompu. Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne est sur le point de commencer.

 

Le 149e R.I. revient précipitamment des manœuvres organisées au Valdahon. Il doit se tenir prêt à rejoindre ses emplacements définis par le plan XVII (plan de mobilisation et de concentration des troupes françaises).

 

Le 3 août, le 149e R.I. entre officiellement en campagne. L’Allemagne vient de déclarer la guerre à la France.

 

Charles Lemailloux participe à toutes les batailles que son régiment a menées au cours des quatre premiers mois du conflit. Il s’est battu au col de Sainte-Marie, à Abreschviller, à Ménil, Thiaville et Saint-Benoît, à Souain, à Notre-Dame-de-Lorette et enfin en Belgique.

 

Sa vaillance au feu et les pertes considérables en sous-officiers lui permettent d’accéder au grade d’adjudant à partir du 5 décembre 1914. Le colonel Boyer, chef de corps du 149e R.I., lui confie le commandement d’une section de la 3e compagnie.

 

Le régiment spinalien quitte la Belgique deux jours après cette nomination. De retour en France et après avoir effectué une période d’instruction, le bataillon de ce soldat se relaye avec le reste du régiment, pour occuper la ligne de front située au nord du bois de Berthonval. Le 15 janvier 1915, l’adjudant Lemailloux reçoit une balle dans la tête. Sa mort est instantanée.

 

 Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Le bois de Berthonval

 

Décorations :

 

Sa fiche matricule mentionne une citation qui n’indique pas son ordre :

 

« Au cours d’un combat de nuit livré par sa compagnie, dans des conditions particulièrement difficiles dans un sous-bois touffu et obscur, alors que des fractions voisines venaient d’être repoussées par une contre-attaque ennemie, a assuré la progression offensive de sa dernière section et sa liaison avec les unités continuant à gagner du terrain en avant. »

 

Citation à l’ordre de l’armée à titre posthume (publication dans le J.O du 8 mars 1915).

 

« Sous-officier d’élite qui, en toutes circonstances, dans les cinq mois de campagne, a toujours montré les plus brillantes qualités et le plus bel entrain. Tué d’une balle au front dans les tranchées de 1 ère ligne, le 15 janvier 1915. »

 

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume (publication dans le J.O. du 29 octobre 1920).

 

L’adjudant Lemailloux repose actuellement dans le carré militaire des corps restitués n° 2, dans le cimetière communal de Saint-Denis.

 

Sepulture du sous-officier Lemailloux

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant Lemailloux a été consultée sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Le portrait de Charles Lemailloux est extrait de la revue « illustration » de 1915-1919. Il a également été publié dans le journal hebdomadaire « Pages de gloire » n° 39 du dimanche 29 août 1915.

 

La photographie de sa sépulture provient du site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porchet, à T. Vallé et aux archives de la ville de Paris.

15 septembre 2023

Jules Constant Rose (1886-1914)

Jules Constant Rose

 

Jules Constant Rose est né le 10 décembre 1886, à Thaon-les-Vosges, dans le département des Vosges.

 

Son père, Hippolyte Nicolas, 38 ans, est ouvrier d’usine. Sa mère, Marie Angélique Mangeolle, 42 ans, travaille comme couturière.

 

Jules est le dernier-né d’une fratrie composée de 2 filles et de 5 garçons.

 

Genealogie famille Rose

 

La fiche matricule de Jules Rose indique un degré d’instruction de niveau 2, ce qui signifie que son niveau scolaire est considéré comme moyen.

 

Futur conscrit de la classe 1907, le jeune homme est inscrit sous le n° 130 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision réuni à la mairie de Châtel. En bonne condition physique, il est logiquement déclaré « bon pour le service armé ».

 

Une petite note avec portrait trouvée dans un livre d’or indique qu’il a travaillé pendant 14 ans comme ouvrier à la blanchisserie et teinturerie de Thaon-les-Vosges.

 

Le 2 avril 1910, Jules Constant Rose épouse Jenny Eugénie Vincent dans sa ville natale. La descendance de ce couple n’a pas été retrouvée.

 

Il a été impossible de reconstituer la carrière de conscrit et de mobilisé de ce Vosgien, faute d’informations inscrites sur sa fiche matricule.

 

Tout ce que nous pouvons dire, c’est que le réserviste Rose a d’abord fait son service actif au 149e R.I. avant d'être rappelé à l’activité militaire quelque temps après l’ordre de mobilisation générale publié en août 1914.

 

Son numéro de compagnie et la date de son arrivée dans la zone des armées n’ont pas pu être identifiés.

 

En septembre 1914, le soldat Rose est grièvement blessé au cours des combats qui se sont déroulés dans et autour du village de Souain. Le 15, il est pris en charge à l’ambulance 6/21 installée à Suippes.

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Souain

 

Le lendemain, il est évacué par voie de chemin de fer à l’hôpital de la Marine de Rochefort, en Charente-Maritime. Les soins attentifs nécessaires au grand blessé sont peut-être arrivés trop tard. Le long voyage en train sanitaire entre Suippes et Rochefort n’a probablement pas aidé les médecins à réussir à le sauver. Le soldat Rose succombe à ses blessures le 19 septembre 1914.

 

Le corps de ce soldat n’a pas été réclamé par la famille dans les années 1920. Jules Rose repose actuellement dans le carré A du cimetière de la Marine de Rochefort. Sa sépulture porte le n° 136.

 

Sepulture du soldat Rose

 

Le soldat Rose a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 11 août 1922).

 

« Brave soldat, mort pour la France, le 19 septembre 1914, des suites de glorieuses blessures reçues près de Souain. »

 

Cette inscription lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Decorations du soldat Rose

 

Le nom de ce soldat est gravé sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

 

Sources :

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du soldat Rose ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

« Livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. »  Imprimerie Berger-Levrault, Nancy-Paris-Strasbourg.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1914 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires, détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

La généalogie de la famille Rose a été reconstituée à partir de plusieurs arbres trouvés sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et aux archives départementales des Vosges.

1 septembre 2023

Pierre Louis Antoine Genevoix (1884-1915)

Pierre Louis Antoine Genevoix

 

Jeunesse

 

Pierre Louis Antoine Genevoix est né le 21 mars 1884, à Blanzy, dans la Saône-et-Loire. Son père, Philibert, âgé de 27 ans, est charcutier. Sa mère, Fany Jonnier, 22 ans, n’exerce aucune activité professionnelle. Le couple Genevoix donne de nouveau la vie à deux enfants, François et Mariette, respectivement nés en 1885 et 1889.

 

Genealogie famille Genevoix

 

La fiche signalétique et des services de Pierre Genevoix mentionne un degré d’instruction de niveau 5, ce qui signifie qu’il est titulaire du baccalauréat.

 

Au 27e R.I..

 

Après avoir terminé ses études à Lyon, Pierre Genevoix choisit de s’engager dans l’infanterie. Le 29 septembre 1905, il signe un contrat de trois ans à la mairie du Creusot. Il a 21 ans. Le 1er octobre, il se présente à la caserne Vaillant, à Dijon, pour être incorporé dans une des compagnies du 27e R.I..

 

Caserne Vaillant - Dijon (27e R

 

Son statut d’engagé volontaire lui permet de suivre la formation des élèves caporaux. Pierre Genevoix est nommé dans ce grade le 1er mars 1906. Il est promu sergent le 21 juillet 1907. Le 13 février 1908, il occupe les fonctions de sergent fourrier.

 

Le 23 avril 1908, Pierre Genevoix, ne souhaitant pas interrompre sa carrière militaire à la fin de son contrat, signe à nouveau pour une durée de 2 ans. Ce nouvel engagement prendra effet à partir du 29 septembre 1908, date butoir du précédent contrat.

 

Le 19 juin 1908, il quitte son poste de comptable au sein de sa compagnie pour reprendre ses fonctions de chef d’escouades.

 

Le 21 septembre 1910, le sergent Genevoix appose sa signature sur un troisième contrat d’une durée de dix-huit mois.

 

Son haut niveau d’étude et sa bonne tenue militaire au cours des cinq années passées sous l’uniforme ont été très appréciés de ses supérieurs. Ses chefs l’autorisent à suivre les cours dispensés par l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent (décision ministérielle prise le 10 octobre 1910). Le 13, le sergent Genevoix rejoint son lieu de formation avec le grade d’aspirant.

 

Le 11 février 1911, Pierre Genevoix est placé hors cadre par décision ministérielle. À partir de ce jour, le sous-officier Genevoix n’est plus rattaché au 27e R.I.. Trois jours plus tard, il dépend administrativement de l’école de Saint-Maixent.

 

Le 18 mai 1911, l’aspirant Genevoix fait une chute au cours d’une séance de gymnastique, exécutée conformément aux prescriptions du tableau de service. Il se plaint d’une vive douleur à la jambe droite. Le lieutenant instructeur Béjard rédige un rapport détaillé.

 

Pierre Genevoix quitte la promotion du Maroc avec le n° 75 obtenu à la fin de sa formation.

 

Au 149e R.I.

 

Promu sous-lieutenant le 1er octobre 1911, Pierre Genevoix est affecté au 149e R.I., un régiment frontalier qui tient garnison à Épinal. Le colonel Clause lui confie le commandement d’une section de la 4e compagnie.

 

Album régimentaire - année 1911 - 4e compagnie

 

Le colonel Menvielle, chef de corps du 149e R.I. depuis le mois de mars 1912, évalue son subordonné de la manière suivante :

 

« Jeune officier sérieux, réfléchi, vigoureux, intelligent, a rempli tous ses devoirs d’officier de peloton d’une façon élogieuse. A grandement secondé son commandant de compagnie à l’instruction des recrues »

 

L’année 1913 débute mal pour le sous-lieutenant Genevoix. Il est soigné à l’hôpital mixte d’Épinal du 28 janvier 1913 au 13 mars 1913. Maladie ? Accident ? Séquelles de sa blessure à Saint-Maixent ? Les raisons de ce long séjour à L’hôpital ne sont pas connues.

 

Le 10 avril 1913, le colonel Menvielle rédige une nouvelle note : « Officier intelligent et consciencieux. S’est occupé avec zèle de l’instruction des recrues. Discipliné, ayant une belle tenue, promet de devenir un très bon officier. Fréquente la salle d’armes par goût, tire très bien à l’épée. »

 

Pierre Genevoix est de nouveau hospitalisé du 13 juillet au 9 août 1913.

 

Le 25 septembre, son chef de corps écrit : « Toujours très bien intentionné ; a eu une indisponibilité assez longue au printemps, mais paraît bien rétabli. A fait les manœuvres d’automne avec vigueur et entrain. Donne toute satisfaction à son capitaine. Continue à cultiver l’escrime à l’épée de combat. Officier sympathique pouvant très bien réussir. »

 

Le 1er octobre 1913, Pierre Genevoix est promu au grade de lieutenant.

 

Les deux clichés suivants représentent la section, probablement au complet, sous les ordres de l’officier Genevoix. Ils ont été réalisés après le 1er octobre 1913, date de sa nomination au grade de lieutenant.

 

4e compagnie du 149e R

4e compagnie du 149e R

 

Pierre Genevoix se marie le 14 janvier 1914, à Épinal, avec Lucie Marguerite Rohmer. Le couple n’aura pas de descendance.

 

Période de guerre 1914-1915

 

Fin juillet 1914, on craint un nouveau conflit contre l’Allemagne. Le 149e R.I. qui manœuvrait au Valdahon  rentre précipitamment à la caserne Courcy. En cas de guerre, et avant même son début, il doit rejoindre ses emplacements définis par le plan XVII (plan de mobilisation et de concentration des troupes françaises).

 

Les régiments frontaliers ont pour mission de contenir l’ennemi durant toute la période de mobilisation de l’armée française.

 

Le 3 août, le 149e R.I. entre officiellement en campagne. L’Allemagne vient de déclarer la guerre à la France.

 

Le 9 août, jour où le régiment vit son baptême du feu, la 4e compagnie du 149e R.I. se bat au Renclos des Vaches, à proximité de Wisembach. La première expérience de combat du lieutenant Genevoix se termine par une blessure au pied. Il a eu beaucoup de chance.

 

Pour en savoir plus sur le vécu de la 4e compagnie du 149e R.I. au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante pour avoir accès au témoignage du sergent Paul Monne.

 

Carte journee du 9 aout 1914

 

Pierre Genevoix est évacué vers l’arrière (le lieu de son hospitalisation n’a pas été retrouvé). Le 27 septembre 1914, tout juste sorti de convalescence, il retourne au 149e R.I..

 

Le 1er octobre, le chef de corps, le colonel Boyer, lui confie le commandement de la 2e compagnie. Le 149e R.I., combat ensuite en Artois, puis en Belgique.

 

Le 30 novembre 1914, le lieutenant Genevoix est  nommé capitaine à titre temporaire. Début décembre 1914, son régiment revient en Artois.

 

Le capitaine Genevoix, reconnu comme officier de grande bravoure, a une grande influence sur ses hommes.

 

Le 3 janvier, sa compagnie occupe une tranchée de 1ère ligne au nord du bois de Berthonval. Pierre Genevoix, concentré sur sa mission, est tué pendant l’exécution des travaux de défense.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Bois de Berthonval

 

Le capitaine Genevoix est d’abord inhumé dans le cimetière communal de Béthonsart.

 

 Quelques jours plus tard, le commandant Laure évoque ses funérailles dans une lettre à son épouse.

 

« Nous avons éprouvé une perte émouvante, celle du capitaine Genevoix : après qu’on ait réussi à ramener son corps, nous lui avons fait de tristes obsèques, avec messe et absoute de deux prêtres – infirmiers dont les pantalons rouges passaient sous les soutanes trop courtes ; je crois que nous avons tous pleuré et cependant nous sommes tous maintenant des durs à cuire. Le petit discours funèbre du colonel Boyer a été en même temps l’occasion de ses adieux au régiment, car il nous quitte pour aller commander une brigade… »

 

Sepulture du capitaine Genevoix

 

Le corps du capitaine Genevoix est ramené à Nancy le 16 février 1922. Son épouse qui ne s’est jamais remariée est enterrée avec lui dans une concession du  cimetière de Préville depuis 1961.

 

Decorations du capitaine Genevoix

 

Décorations obtenues à titre posthume :

 

Croix de guerre avec une palme

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 37 en date du 20 janvier 1915 (J.O. du 19 février 1917) :

 

«Blessé, à rejoint son corps à peine guéri. Est tombé glorieusement, blessé à mort, au moment où il s’assurait de l’exécution des travaux de défense dont était chargée sa compagnie. »

 

Pierre Genevoix a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 4 mai 1916 (J.O. du 25 janvier 1922).

 

Le nom de cet officier est inscrit sur les monuments aux morts de Blanzy et d’Épinal et sur l’anneau de mémoire de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Les actes d’état civil de la famille Genevoix et la fiche signalétique et des services du capitaine Genevoix ont été consultés sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

 

Deux guerres en un siècle : la Grande Guerre (lettres d’Émile Laure à son épouse) Éditions de Sauvebonne.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à G. Genevoix, à M. Porcher, à Y. Thomas, à la famille descendant du commandant Laure, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Saône-et-Loire. 

18 août 2023

Gaston François Honoré Fleutiaux ( 1897-1918)

Gaston François Honoré Fleutiaux

 

Gaston François Honoré Fleutiaux est né le 26 mars 1897, à Bourguignon-lès-la-Charité, dans la Haute-Saône.

 

Son père, Jean Jules, 30 ans, est instituteur. Sa mère, Marie Renaud, âgée de 26 ans, n’exerce aucune activité professionnelle. Gaston est le deuxième et avant- dernier enfant du couple.

 

Jean Jules Fleutiaux obtient un poste d’enseignant à Neuvelle-lès-la-Charité. Gaston apprend à écrire, lire et compter dans la classe de son père. Après avoir obtenu son certificat d’études, il poursuit ses études à Vesoul. Gaston entre au lycée Gérôme en octobre 1909. Il découvre l’internat à l’âge de 12 ans.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui ne correspond pas exactement à ses acquisitions scolaires, puisqu’il a obtenu son premier baccalauréat.

 

Gaston Fleutiaux a 17 ans lorsque l’ordre de mobilisation générale est placardé dans toutes les communes de France.

 

Trop jeune pour se sentir concerné par cet évènement qui débouche sur la Première Guerre mondiale, il s’imagine probablement avoir le temps nécessaire pour aller au bout de sa scolarité et se présenter à la 2e partie de son baccalauréat ; cela ne sera malheureusement pas le cas. La classe 1917, à laquelle il est rattaché, est appelée par anticipation dès 1915.

 

En parfaite condition physique, le jeune homme est déclaré apte aux obligations militaires par le conseil de révision réuni à la mairie de Scey-sur-Saône ; cette déclaration met fin à ses études.

 

Gaston Fleutiaux rêve de devenir aviateur, mais son père s’oppose fermement à cette option. Il n’est pas du tout question de combat aérien ! Aux yeux de ses proches, c’est vraiment trop risqué ! Il doit abandonner ce projet. Sa famille souhaiterait le voir intégrer un régiment d’artillerie, une arme beaucoup moins exposée que les autres.

 

Gaston reste déterminé : s’il ne peut pas rejoindre l’aviation, il n’ira pas dans l’artillerie, mais dans l’infanterie. De toute façon, l’armée décidera pour lui.

 

Sa feuille de route répond à ses attentes ; le 8 janvier 1916, le conscrit Fleutiaux doit se présenter à la caserne Courcy, dépôt du 149e R.I. installé à Épinal.

 

Son niveau scolaire lui permet de suivre la formation des caporaux. Nommé dans ce grade le 15 août 1916, il est promu sergent dès le mois suivant. Gaston Fleutiaux est ensuite envoyé au centre d’instruction de Saint-Maixent en tant qu’élève aspirant. Une fois sa formation terminée, il est promu au grade d’aspirant le 15 octobre 1916.

 

La date exacte à laquelle il a rejoint le régiment actif n’est pas connue. Une citation à l’ordre du 21e C.A. qui lui donne droit au port de la croix de guerre,  nous apprend qu’il a participé à la bataille de la Malmaison comme responsable d’un des canons de 37 mm du 149e R.I..

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Les officiers du 149e R

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe un secteur vosgien du côté de la Cude et du Violu. Gaston Fleutiaux est maintenant à la tête d’une section de la 10e compagnie.

 

Le 24 mars 1918, ses hommes sont pris sous un violent feu d’artillerie allemand. Grièvement blessé par plusieurs éclats d’obus, l’aspirant Fleutiaux est rapidement évacué sur l’ambulance 7/21 installée à la Croix-aux-Mines. Les soignants ne peuvent rien pour lui. Il meurt sur la table d’opération.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Bois de Brehaingoutte

 

Son acte de décès est transcrit à la mairie de Neuvelle-lès-la-Charité le 2 septembre 1918.

 

1ere sepulture de l'aspirant Fleutiaux

 

L’aspirant Fleutiaux a été décoré de la croix de guerre avec une palme et une étoile de vermeil :

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 176 en date du 10 décembre 1917 :

 

« Jeune aspirant, a fait preuve de sérieuses qualités de commandement au cours du combat du 23 octobre 1917, a donné un bel exemple de courage et de sang froid aux servants de la pièce de 37 qu’il commandait, suivant constamment le bataillon auquel il était attaché, et atteint le dernier objectif où il a pris position. »

 

Citation à l’ordre général  n° 77 de la 7e armée en date du 3 avril 1918 :

 

« Jeune aspirant très brave et plein d’entrain, sa section étant prise sous un violent bombardement qui faisait prévenir une attaque allemande, n’a cessé de se multiplier aux points les plus dangereux pour assurer la surveillance, a été grièvement blessé à son poste de combat. »

 

L’aspirant Fleutiaux a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 29 octobre 1920).

 

Les decorations de l'aspirant Fleutiaux

 

Le nom de ce sous-officier est gravé sur le monument aux morts de la commune de Neuvelle-lès-la-Charité. Il est également inscrit sur la plaque commémorative honorant « les morts pour la France » du lycée Gérôme de Vesoul.

 

La généalogie de la famille Fleutiaux peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Gaston François Honoré Fleutiaux est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Il repose actuellement dans le cimetière communal de Grandvelle-et-le-Perrenot.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

Un exemplaire d’une plaquette biographique concernant l’aspirant Fleutiaux, réalisée par Marie Jeanne Burthey, est conservé aux archives départementales de la Haute-Saône (10 Num26-7). Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Archives departementales de la Haute-Saone

 

Un grand merci à M. Bordes, M.J. Burthey, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Saône. 

21 juillet 2023

Henri Maxime Joseph Collin (1894-1916)

Henri Maxime Joseph Collin

 

Henri Maxime Joseph Collin est né le 29 août 1894, dans le quartier de Chalon de la petite commune de Saint-Bardoux, dans le département de la Drôme. Son père, Pierre, 35 ans, est cultivateur.

 

Sa mère, Marie Antoinette Pipat, 30 ans, une ancienne femme de ménage, n’exerce plus aucune activité professionnelle. Albert, l’aîné de la fratrie, né à Saint-Donat-sur-l’Herbasse, est âgé de 11 ans.

 

En 1906, les Collin sont installés à Marsaz. La date exacte de leur arrivée dans ce village n’est pas connue. Tout ce que nous savons, c’est que la famille vit dans le quartier Tavasse et que le père travaille comme agriculteur sur les terres de la famille Chanal. 

 

À cette époque, Henri fréquente probablement encore l’école publique du village.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 2, ce qui signifie que son niveau scolaire est assez moyen. Henri a acquis les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul. Il a peut-être été obligé de quitter l’école à plusieurs reprises pour participer aux travaux agricoles.

 

En 1911, Pierre Collin travaille toujours la terre. Ses deux fils, Albert, revenu du service militaire effectué au 13e régiment de chasseurs à cheval en septembre 1909 et Henri, âgé de 17 ans, sont tous les deux employés comme ouvriers agricoles.

 

L’année de ses 20 ans, Henri Collin passe devant le conseil de révision, réuni à la mairie de Saint-Donat. En bonne condition physique, le jeune homme est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Fin juillet 1914, une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Début août, la France affiche l’ordre de mobilisation générale dans chacune de ses communes. La classe 14 n’est pas encore « sous les drapeaux ». Elle peut toujours bénéficier de la vie civile durant quelques semaines. Cette classe est appelée par anticipation, deux mois avant la date prévue.

 

Le conscrit Collin, affecté au 22e R.I., arrive au corps le 5 septembre. Les casernes de cette unité se situent à Bourgoin et à Sathonay-Camp. Il est impossible de dire dans lequel de ces deux bâtiments militaires il a réalisé sa formation de soldat. Son passage au dépôt du 22e R.I., s'il dure de septembre 1914 à septembre 1915, est inhabituellement long. Pourtant, l'extrait de son livret matricule inséré dans sa fiche matricule ne laisse aucun doute sur le fait qu'il resta là un an : il a donc su s'y rendre indispensable.

 

Suite à une décision prise par le gouverneur militaire de Lyon le 22 septembre 1915, Henri Collin est affecté au 158e R.I., une unité qui combat en Artois depuis plusieurs mois.

 

Le 28, le régiment, durement éprouvé par les attaques des jours précédents, reçoit deux détachements de renforts : le premier du dépôt de Lyon (probablement celui où se trouve le soldat Collin) et le second du 9e bataillon du 149e R.I.. Henri Collin est affecté à la 7e compagnie du régiment.

 

Le 29 janvier 1916, il rejoint la 1ère compagnie de mitrailleuses du 158e R.I. (cette compagnie ne dépend pas du 1er bataillon du régiment. Elle reçoit ses ordres directement du responsable de la 86e brigade).

 

Cette brigade, sur le point de quitter le front d’Artois, se prépare à rejoindre le camp de Riquier, dans la Somme, avant d’être envoyée sur le front de Verdun.

 

Le 24 avril 1916, Henri Collin est affecté à la 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. (compagnie de mitrailleuses de la 85e brigade). Les sections de cette compagnie sont encadrées par les sous-lieutenants Durupt et Piéfroid sous l’autorité du capitaine Mougel.

 

La 85e brigade bénéficie d’un temps de repos à Landrecourt après son passage dans la Meuse. Début mai 1916, elle occupe des tranchées dans une zone peu exposée, près des buttes de Tahure et de Mesnil, en Champagne.

 

La 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I., sous les ordres du capitaine Prenez, participe, avec le 3e bataillon du régiment, à la prise du village de Soyécourt au début du mois de septembre 1916. Ses sections sont commandées par les sous-lieutenants Durupt et Achard.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante. 

 

Photo aerienne Soyecourt

 

L’absence de J.M.O. du 149e R.I. et la lecture du J.M.O. de la 85e brigade ne permettent pas de retrouver les déplacements et les positions occupées par la 3e compagnie de mitrailleuses du régiment spinalien durant le mois de novembre 1916.

 

Une petite phrase présente dans le témoignage d’un mitrailleur du 149e R.I. comble en partie ces lacunes.

 

«… La 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. qui se trouve à la tranchée Couverte est relevée, le 12 novembre 1916, par la 3e compagnie de mitrailleuses du régiment.»

 

Le 17 novembre 1916, jour de relève pour cette compagnie, Henri Collin est mortellement blessé par plusieurs éclats d’obus. Il décède sur le lieu même où il a été touché à l’âge de 22 ans.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante. 

 

Carte journee du 17 novembre 1916

 

Le soldat Collin est inhumé sur place par ses camarades à environ 400 mètres au sud de la sucrerie de Génermont.

 

Les soldats Victor Martin et Paul Mauroux sont les deux témoins qui permettent au lieutenant Auguste Fourneret, l’officier d’état civil du régiment, d’enregistrer le décès de cet homme. L’acte est transcrit à la mairie de Marsaz le 9 août 1917.

 

Henri Collin a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 6 octobre 1920).

 

« Soldat courageux, tombé glorieusement à son poste de combat, le 17 novembre 1916, en avant de Soyécourt. »

 

La croix de guerre avec une étoile de bronze accompagne cette décoration.

 

Decorations Henri Collin

 

Son nom est inscrit sur une plaque commémorative fixée sur un des murs du cimetière de Marsaz et sur le monument aux morts du village.

 

Henri Collin ne s’est pas marié de son vivant. Sa compagne, Berthe Marie Louise Bert, qui l'épousera par procuration en 1920, a donné naissance à une petite fille née en avril 1916 ; celle-ci acquiert ainsi le statut de pupille de la nation.

 

La généalogie de la famille Collin peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Il n’y a pas  de sépulture connue pour cet homme. Un hommage lui a été rendu  par son petit-fils, Jacques Tardi, dans une case de bande dessinée.

 

Du côté des morts

 

Sources :

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N /816/3

 

J.M.O. de la 85e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12

 

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/15

 

Les archives départementales de la Drôme ont été consultées pour retrouver l’acte de naissance et la fiche signalétique et des services du soldat Collin. Les registres de recensements des communes de Saint-Bardoux et de Marsaz des années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont également été lus.

 

Site « GénéaNetWeb »

 

Site « Mémoire des Hommes »

 

Acte de décès envoyé par la mairie de Marsaz.

 

Les dessins de Jacques Tardi sont extraits des ouvrages « Putain de guerre ! 1914-1915-1916 » et « Putain de guerre ! 1917-1918 ». Ces deux albums ont été réalisés en collaboration avec Verney. Éditions Casterman. 2008.

 

Témoignage de Paul Portier, mitrailleur du 149e R.I., inédit, collection personnelle.

 

L’extrait du plan localisant la tranchée Couverte vient du J.M.O. du 3e B.C.P..S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N /816/3 page 165.

 

Notons que le nom de famille d’Henri Collin s’écrit avec un seul l sur son acte de naissance et sur les registres de recensements.

 

Une erreur figure sur la fiche M.D.H. du soldat Collin. Celle-ci localise la sucrerie de Génermont  dans l’Aisne alors qu’elle se trouve dans le département de la Somme.

 

L’extrait du plan, qui indique le secteur dans lequel se trouve la 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.  au moment du décès du soldat Collin, provient du J.M.O. du 3e B.C.P.. Il reste à confirmer si le boyau Couvert et la tranchée Couverte (devenue tranchée Poncelet) sont bien le même lieu.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J. Tardi, à T. Vallé au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de la Drôme et à la mairie de Marsaz.  

7 juillet 2023

René Paul Chaillet (1892-1919)

Rene Paul Chaillet

 

René Paul Chaillet voit le jour le 29 juin 1892 à La Rivière, petite commune située au cœur de la vallée du Drugeon, dans le département du Doubs.

 

Son père, Léon Joseph Émile, âgé de 30 ans, est instituteur à l’école publique du village.

 

Sa mère, Marie Rosalie Baverel, 32 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle vient de donner naissance à son cinquième enfant.

 

Les deux filles aînées du couple Chaillet n’ont pas survécu.

 

Genealogie famille Chaillet

 

La fiche matricule de René Chaillet indique un degré d’instruction de niveau 3,  ce qui signifie qu’il sait lire, écrire et compter à la fin de sa scolarité.

 

En 1911, le jeune Chaillet gagne sa vie comme facteur. Il quitte cette profession qui ne lui convient pas pour devenir commis d’agent-voyer. 

 

L’année de ses 21 ans, René Chaillet se présente devant le conseil de révision réuni à la mairie de Pontarlier. En parfaite condition physique, il est déclaré apte aux obligations militaires.

 

Le 9 octobre 1913, René Chaillet intègre les effectifs de la 10e compagnie du 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal.

 

La France entre en conflit avec l’Allemagne en août 1914. Le 149e R.I., réserve de troupes de couverture, quitte la caserne Courcy quelques heures avant que l'ordre de mobilisation générale ne soit officiellement donné.

 

Le 9 août, le régiment subit son baptême du feu au Renclos des vaches,près de Wisembach. Les 9e et 10e compagnies ainsi que 3 sections de la 12e ne sont pas engagées.

 

Le 3e bataillon occupe le bois du Breuil, à 1 km au sud-ouest de Sainte-Marie-aux-Mines, sans être en contact direct avec les Allemands.

 

Le 21 août, René Chaillet participe à son premier combat près d’Abrechvillers. Sa compagnie, sous le commandement du lieutenant Michelin, est chargée de couvrir l’ensemble des mouvements de repli du régiment qui est en difficulté.

 

Le prix à payer pour protéger la retraite des camarades est élevé ! Beaucoup ont été tués ou capturés. Le soldat Chaillet réussit à rejoindre le gros du régiment avec les éléments de sa compagnie qui ont pu échapper à ce sort.

 

Fin août 1914, sa compagnie est de nouveau engagée. Les Allemands attaquent dans le secteur de Bazien près de Ménil-sur-Belvitte. Cette fois-ci, René Chaillet a eu moins de chance. Il est capturé par l’ennemi.

 

Son nom apparaît sur la liste des disparus du J.M.O. du 149e R.I. pour les journées des 25 et 26 août 1914.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Carte 5 journee du 25 aout 1914

 

La section des prisonniers de l’Union des Femmes de France de Pontarlier contacte le Comité International de la Croix Rouge. Elle souhaite connaître le lieu où le soldat Chaillet est retenu en captivité.

 

Une fiche individuelle portant son nom peut être consultée sur le site du Comité International de la Croix Rouge.   

 

Fiche C

 

Le soldat Chaillet a d’abord été envoyé en captivité à Dilligen, une petite ville située au nord-est d'Ulm, en Bavière, sur le Danube. Il est ensuite transféré à Pucheim, à l’ouest de Munich.

 

Carte de prisonniers en Allemagne 1914-1918

 

Fin décembre 1919, René Chaillet est rapatrié d’Allemagne après avoir passé plus de 4 années dans les camps de prisonniers. Gravement malade, affaibli par les privations, il meurt à l’hôpital C 43 de Belley le 4 janvier 1919, à l’âge de 26 ans.

 

Aucune citation, aucune décoration n’ont pu être retrouvées pour ce soldat du 149e R.I..

 

Monument aux morts de la commune de la Rivière-Drugeon

 

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de La Rivière-Drugeon et sur une des  plaques commémoratives de l’église du village.

 

Paul Chaillet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Le lieu où il repose n’est pas connu.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de René Paul Chaillet, les registres d’état civil et les registres de recensement de la commune de La Rivière-Drugeon des années 1906 et 1911 ont été consultés sur le site des archives départementales du Doubs.

 

Le portrait de ce soldat a été trouvé sur le site « MémorialGenWeb ».

 

La carte indiquant les camps de prisonniers français en Allemagne a été réalisée par Robert Broisseau en 2006. Elle provient du site « Stenay 14-18 ».

 

Stenay 14-18

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Broisseau, à A. Carobbi, à T. Vallé et aux archives départementales du Doubs. 

23 juin 2023

Marcel Albert Demongeot (1888-1916)

Marcel Albert Demongeot

 

Marcel Albert Demongeot est né le 21 juillet 1888 à Melay, une petite commune située au nord-est de la France, dans le département de la Haute-Marne.

 

Son père, Camille Albert, 31 ans, exerce le métier de cultivateur. Sa mère, Clémence Célina Morelle, 27 ans, travaille comme vigneronne.

 

Albert est le quatrième d’une fratrie composée de 4 garçons et de 2 filles. Ses deux sœurs n’ont pas survécu à la petite enfance.

 

Genealogie famille Demongeot

 

Albert sait parfaitement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école primaire ; il intègre ensuite l’école secondaire et technique de l'Immaculée Conception de Saint-Dizier.

 

En 1906, les Demongeot tirent profit de leurs propres terres. Le père d’Albert est devenu propriétaire exploitant après une longue période passée au service des autres.

 

Une fois sa scolarité terminée, le jeune Albert gagne sa vie comme vigneron.

 

Melay

 

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, Albert Demongeot, inscrit sous le n° 50 de la liste de la classe 1909, est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision, réuni à la mairie de Bourbonne.

 

Début octobre 1909, le jeune homme, âgé de 21 ans, quitte son village natal pour effectuer son temps de conscription au 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Resté simple soldat de 2e classe, Albert Demongeot passe dans la réserve de l’armée active le 24 septembre 1911 avec son certificat de bonne conduite validé.

 

Il s’installe quelque temps à Montrouge avant de retourner vivre à Melay.

 

Du 29 août au 20 septembre 1913, Albert Demongeot effectue sa 1ère période d’exercice dans son ancien régiment.

 

Le 1er août 1914, il est rappelé à l’activité militaire en raison d’une déclaration de guerre contre l’Allemagne qui paraît inévitable (son régiment fait partie des troupes de couverture frontalière. Le rappel de sa réserve s’est effectué 24 heures avant la date officielle de la mobilisation générale).

 

Le 14 août 1914, Albert Demongeot quitte le dépôt du 149e R.I. avec un groupe composé de 531 hommes ; ce groupe est sous les ordres de 4 officiers. Le groupe rejoint le régiment actif qui a eu des pertes sévères au cours de son baptême du feu.

 

Les informations fournies par sa fiche matricule ne permettent pas de reconstituer en détail son parcours militaire au sein du 149e R.I. ; mais il est tout à fait possible de confirmer sa présence dans toutes les batailles auxquelles son régiment a participé jusqu'à sa mort.

 

Cependant, une information importante n’a pas pu être retrouvée. Il est impossible de dire si cet homme a été directement placé à la 2e compagnie de mitrailleuses lorsqu'il est arrivé dans le régiment d'actif ou dans une compagnie « classique » (ce qui laisserait supposer une formation initiale effectuée au cours de sa conscription, au sein d’une des trois compagnies de mitrailleuses du régiment).

 

Une citation à l’ordre de l’armée confirme sa participation aux combats de septembre et octobre 1915 sur le front d’Artois.

 

Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé sur le front de Verdun. Le 8, la compagnie du soldat Demongeot (2e compagnie de mitrailleuses) rejoint la 1ère ligne. En cours de route, elle subit un violent bombardement, au bois des Hospices. Albert Demongeot est tué aux alentours de 16 h 00 pendant cette avancée.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Ce soldat est, dans un premier temps, inhumé à proximité du fort de Souville, sur le côté gauche du chemin menant au fort. Aucune sépulture individuelle militaire ne porte son nom.

 

Le 18 mars 1916, les deux témoins, les soldats Bruno Verwaire et Charles Perrel, confirment la mort du soldat Demongeot auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I.. L’acte de décès est transcrit à la mairie de Melay le 18 mai 1916.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une palme

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 188  en date du 23 mai 1916 :

 

« Excellent soldat, parfait mitrailleur, s’était déjà signalé par son entrain pendant les attaques de septembre et d’octobre 1915. Est tombé glorieusement le 8 mars 1916 en se portant en première ligne avec sa compagnie sous un violent bombardement. »

 

Le soldat Demongeot a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume en 1920 (J.O. du 29 octobre 1920).

 

Monument aux morts de Melay

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune de Melay et sur la plaque commémorative installée dans le hall d’entrée de l'école secondaire et technique de l'Immaculée Conception de Saint-Dizier.

 

Marcel Demongeot ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Les actes d’état-civil concernant la famille Demongeot, la fiche signalétique et des services du soldat Marcel Albert Demongeot et les registres de recensement de la commune de Melay correspondants aux années 1901, 1906 et 1911, ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Le portrait du soldat Demongeot provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l'illustration ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, et aux archives départementales de la Haute-Marne.

2 juin 2023

Jean Alfred Besson (1894-1916)

Jean Alfred Besson

 

Jean Alfred Besson est né le 2 octobre 1894 au Val-d’Ajol, dans le département des Vosges.

 

Son père, Marie Antoni, 36 ans, est instituteur titulaire adjoint. Sa mère, Joséphine Appoline Lentsch, 23 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Jean est le second et dernier enfant du couple Besson.

 

En 1906, la famille Besson vit à Senones au 51 de la Grand’ Rue.

 

Senones - la Grande Rue

 

La fiche matricule de Jean Besson indique un degré d’instruction de niveau 4, ce qui signifie qu’il détient le brevet de l’enseignement primaire.

 

En 1914, Jean Besson est classé dans la 1ère partie de la liste du canton de Senones. Apte aux obligations militaires, il obtient un sursis pour la poursuite de ses études à l’École Normale de Nancy (article 21 de la loi du 7 août 1913).

 

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale, en août 1914, ne lui permet pas d’aller au bout de sa formation d’instituteur. Le 25, Jean Besson est incorporé au 170e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Son niveau d’études l'autorise à suivre les cours donnés aux élèves caporaux. Durant cette formation, il apprend la mort de son frère René, sous-lieutenant au 3e B.C.P., tué sur le front belge.

 

Jean Besson est nommé caporal le 8 novembre 1914.

 

Le 2 janvier 1915, il est directement promu au grade d’aspirant sans être passé par le grade de sergent. Ce changement de statut entraîne rapidement sa mutation dans une nouvelle unité.

 

Seize jours plus tard, une note de service du général commandant la 21e région le fait affecter au 149e R.I..

 

Le 24 janvier 1915, l’aspirant Besson intègre la 26e compagnie du dépôt de sa nouvelle unité, installé à Rolampont depuis le mois de septembre 1914.

 

La durée de son passage dans ce dépôt reste inconnue. On sait simplement qu’il a été incorporé à la 12e compagnie lorsqu’il est arrivé au sein du régiment actif.

 

À cette époque du conflit, le 149e R.I. combat en Artois, près de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Le 26 avril 1915, l’aspirant Besson est touché par un éclat d’obus. Blessé à la hanche droite, il est pris en charge par les médecins de l’ambulance 7/21 installée à Hersin-Compigny. Le 27, le jeune sous-officier est évacué vers l’arrière.

 

Le lieu de son hospitalisation et la date de son retour au 149e R.I. ne sont pas connus. La seule certitude c’est que l’aspirant Besson a été affecté à la 3e compagnie du régiment après sa période de convalescence.

 

Le 4 novembre 1916, il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Son régiment combat dans la Somme depuis le début du mois de septembre.

 

Le 11 novembre, les Allemands effectuent une attaque nocturne sur la tranchée Poncelet. Lors d’une contre-attaque, le sous-lieutenant Besson monte sur le parapet de la tranchée pour galvaniser ses hommes.

 

Sa citation nous apprend que lors de cette contre-attaque, le sous-lieutenant Besson « a été tué d’une balle de mitrailleuse en plein cœur alors qu’il était monté sur le parapet de la tranchée pour mieux surveiller les mouvements de l’ennemi et encourager les hommes ».

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 11 novembre 1916

 

Dans un premier temps, le sous-lieutenant Besson est enterré au cimetière militaire d’Harbonnières (sépulture nº 1678).

 

Il repose actuellement dans la tombe n° 3391 de la Nécropole nationale de Lihons. Son frère est inhumé dans la Nécropole de Notre-Dame-de-Lorette (sépulture n° 10403).

 

Sepultures des freres Besson

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec palme

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 243 en date du 10 décembre 1916 :

 

« Jeune officier d’une grande bravoure, le 11 novembre 1916, au cours d’une attaque de nuit allemande, a été tué d’une balle de mitrailleuse en plein cœur alors qu’il était monté sur le parapet de la tranchée pour mieux surveiller les mouvements de l’ennemi et encourager les hommes, montrant ainsi un complet mépris du danger. »

 

Le sous-lieutenant Besson a été fait Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 17 octobre 1919).

 

René et Jean Besson sont restés célibataires et n’ont pas eu de descendance.

 

Leurs noms ont été gravés sur le monument aux morts de la commune de Senones

 

La généalogie de la famille Besson peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

La fiche matricule du sous-lieutenant Besson est vierge de toute information sur son parcours militaire et son dossier individuel du S.H.D. de Vincennes est peu épais en raison de son jeune âge. Ils n’offrent donc pas la possibilité d’aller plus loin dans ce travail.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

La fiche matricule du sous-lieutenant Besson, les actes d’état-civil de la famille Besson et les registres de recensements de la commune de Senones ont été lus sur le site des archives départementales des Vosges.

 

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Besson a été réalisée par B. Étévé.

 

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant René Besson a été réalisée par T. Cornet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à T. Cornet,  à B. Étévé, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes ainsi qu’aux archives départementales des Vosges.

19 mai 2023

Alphonse Marie Gabriel Petit (1894-1915)

Alponse Marie Gabriel Petit

 

Alphonse Marie Gabriel Petit est né le 30 septembre 1894, au 3 rue des Meules, à  Chalon-sur-Saône, dans le département de Saône-et-Loire.

 

Son père, Alphonse Jules Raoul Fernand, 35 ans, est employé des chemins de fer. Sa mère, Gabrielle Félicie Prieu, 25 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle gère la maison familiale et l’éducation des enfants.

 

Alphonse est le cinquième d’une fratrie de 7 enfants, très proches les uns des autres. Leur sœur aînée, Juliette, est décédée à l’âge de deux mois.

 

Alphonse Petit effectue sa scolarité à l’école primaire publique, au centre des garçons de sa commune natale. Il suit ensuite les cours dispensés par l’école professionnelle de Chalon-sur-Saône, mais les études sont loin d’être son fort. Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 2.

 

Il se passionne pour le dessin dès son plus jeune âge (son frère Gaston deviendra plus tard un artiste reconnu). Alphonse Petit est également un sportif confirmé spécialisé en gymnastique et en saut à la perche. En 1913, il devient champion de Bourgogne dans cette seconde discipline.

 

Quelques camarades

 

Alphonse Petit, surnommé Polo par ses proches, n’a pas encore fêté ses vingt ans lorsque le conflit contre l’Allemagne éclate en août 1914.

 

Classé dans la 1ère partie de la liste de l’année 1914 du canton de Chalon-Nord, il est déclaré « bon pour le service armée » par le médecin du conseil de révision. Alphonse Petit va devoir quitter son travail d’employé de commerce un peu plus tôt que prévu. En effet, l’armée française a besoin d’hommes pour alimenter ses régiments, elle appelle la classe 14 par anticipation.

 

Le 4 septembre 1914, le conscrit Petit intègre le 149e R.I. à Jorquenay, au nord-ouest de Langres. Le dépôt de ce régiment, initialement installé à Épinal, a dû quitter cette ville au début de la guerre pour venir s’installer dans ce village.

 

Les cantonnements sont effectués chez l’habitant. Ils s’avèrent être insuffisants pour loger l’intégralité de la classe 14. Le 21 septembre, les jeunes recrues nées en 1894 et l’équipe d’encadrement quittent Jorquenay pour venir s’installer à Rolampont, une commune voisine située à six kilomètres au nord.

 

La formation est dure. Les apprentissages sont faits à la hâte pour envoyer les hommes sur la ligne de front le plus rapidement possible.

 

Repéré par ses supérieurs, Alphonse Petit suit la formation des élèves caporaux durant son instruction. Le jeune homme est nommé à ce grade le 11 novembre 1914.

 

Le 23 avril 1915, le caporal Petit n’a toujours pas rejoint la ligne de front. Il écrit la lettre suivante à ses parents :

 

(Pour plus de clarté, l’orthographe et la ponctuation de cette correspondance ont été corrigées, seul le style a été conservé)

 

« Mon cher papa, ma chère maman,

 

Bien des nouvelles à vous annoncer. Je suis nommé, ainsi que tous mes camarades de la classe 14 qui n’ont pas encore été au feu, pour faire partie d’une compagnie de marche. Les caporaux et les sergents qui n’ont pas été au feu en font partie.

 

Nous allons partir pour Épinal demain afin de former la compagnie. Une fois sur le pied de guerre, nous allons nous entraîner pendant un mois et ½ à faire des manœuvres, en parfaite perfection, et de connaître tous nos hommes pour les avoir sur la main constamment et qu’ils connaissent à qui ils ont affaire.

 

Nous irons dans un grand centre, car je crois que nous resterons à Épinal. Si jamais j’avais la chance, comme la 1ère compagnie qui est déjà partie, de pouvoir aller à Lyon, je pourrais obtenir, de mon capitaine,  une permission de 48 heures, car nous ne serons plus dans la zone des armées.

 

Je suis content de partir avec lui, car c’est lui qui m’a fait mon instruction aux élèves caporaux et comme toutefois il est épatant, il s’appelle Mr de Chomereau de St André, ce n’est pas de la petite bière »

 

Alphonse Petit rejoint le 149e R.I. avec un groupe de renfort en mai 1915. Il est affecté à la 1ère compagnie du régiment. Cette unité combat en Artois, dans un secteur particulièrement exposé, près de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Correspondance famille Petit (1)

 

Alphonse Petit frôle la mort dès le jour de son baptême du feu. Le 29 mai 1915, sa compagnie, sous la direction du lieutenant Pierron, a reçu l’ordre de franchir le parapet après une longue attente dans les tranchées. L’ennemi est prêt à  recevoir cette compagnie…

 

Le fusil de notre soldat s’est brisé en deux au cours de l’attaque et une de ses cartouchières a été touchée par un éclat d’obus. Très chanceux, le jeune homme a probablement évité la blessure mortelle. Dès son retour vers l’arrière, il prend le temps de rédiger une lettre particulièrement émouvante.

 

« 1er juin 1915

 

« Chers Parents,

 

Je vais vous raconter en deux mots ma première rencontre avec les Boches.

 

Nous étions tout près des tranchées de premières lignes, prêts à relever les chasseurs à pied à 8 heures du soir. Nous voilà partis pour les relèves une fois après avoir pris position de la tranchée.

 

Nous attendons 24 heures et pendant cette nuit, nous guettions ces bandits à travers les créneaux. Le reste du temps, nous mangions et nous jouions aux cartes. Pendant ce temps, le lieutenant de la compagnie reçoit des ordres d’attaques.

 

Nous étions tous prêts à sauter la tranchée aux commandements du commandant qui était présent à nous voir partir à 2 heures du matin.

 

Trois fusées, lancées du poste de commandement, nous préviennent de partir. Nous posons tous nos sacs et le lieutenant commande en avant.  À ces mots,  tout le monde saute par dessus la tranchée. Nous n’avions pas fait 10 mètres que les mitrailleuses, les balles et les batteries d’artillerie allemandes commencent à nous canarder sans discontinuer.

 

Quel spectacle horrible ! Mes camarades commencent à tomber après avoir fait une 40ne de mètres. En avant, tout le monde est couché à terre, et surtout, dans les trous d’obus, nous laissons un instant l’élan prêt à repartir encore une fois.

 

C’est tout ! Le lieutenant tombe, le mollet enlevé par un éclat d’obus. Les 2 sous-lieutenants sons aussi tombés. Un mort et l’autre blessé au pied. Le lieutenant commande à maintes reprises pour que le suivant prenne le commandement, mais personne ne bouge.

 

Plus blottis dans nos trous d’obus, nous attendions que la fusillade finisse pour se rendre compte ou l’on se trouve. Impossible de bouger la tête, car à chaque instant, les balles boches sifflent à nos oreilles.

 

Nous attendions toute une journée, dans ces malheureux trous d’obus, que la nuit commence à venir, pour essayer de nous évader. Nous sommes dans une sale situation depuis les 2 h du matin que nous sommes à plat ventre dans la terre et rien à manger.

 

Petit à petit, avec nos outils portatifs  nous creusons une tranchée entre chaque trou d’obus. Nous sommes 3-4 par trous et nous essayons de nous réunir tant bien que mal.

 

Après avoir attendu toute la journée nous entendons creuser vers 9 du soir.

 

Nous appelons,  et à notre grande surprise, c’est le Génie français qui vient nous sortir de cette sale position. Nous n’attendions même pas qu’il soit vers nous.

 

Il leur restait une 60ne de mètres à creuser, mais tellement nous étions fatigués à être dans ce trou que d’un bond, nous sautions tous dans la tranchée qu’il creusait pour venir à nous. Quel soupir de soulagement que nous ne pouvions pas revenir, que nous étions sauvés, car nous étions prisonniers, et impossible de partir, car ces sales bêtes nous guettaient bien. Enfin, nous sommes sauvés.

 

Nous traversons toutes nos lignes. Nous allions en arrière, car sitôt que nous étions partis, nous étions remplacés par d’autres. Une fois arrivés, nous étions fourbus, vannés, car il y avait bientôt 3 jours et 3 nuits que nous ne dormions pas du tout et sur ces 3 jours, une journée sans manger. Enfin, nous voilà en repos en seconde ligne. Là, nous ne risquons pas d’attaquer, mais nous sommes assiégés par les obus.

 

Nous couchons sur la terre, dans ses anciennes tranchées prises aux Boches et nous sommes dévorés par les poux. Tout le monde en est garni.

 

Dans cette furieuse attaque, je suis passé à travers les balles, mais par contre, mon fusil a été coupé en deux et une de mes cartouchières aussi, par un éclat d’obus. J’ai perdu mes 2 musettes que j’avais sur moi ainsi que mon portefeuille et mon livret militaire. Je n’ai pas de chance, mais d’un côté, j’ai sauvé ma peau.

 

Nous avons perdu 80 hommes dans ma compagnie, dont les trois officiers. C’est par miracle que le reste en est sorti, car nous étions pris entre 3 feux.    

 

Nous ne sommes toujours pas relevés des tranchées, mais je pense que nous allons aller au repos pendant quelques jours.

 

J’avais un tas de choses boches comme souvenir, mais j’ai été obligé de les laisser, car s’y j’avais été prisonnier, les bandits m’auraient fusillé.

 

J’ai aussi un chandelier qui sort du château de Noulette. Il est parti de là, mais il sera trouvé dans une tranchée que les Boches avaient laissée, après avoir pillé le château.

 

Tu feras lire la lettre à Gaston, car j’ai sommeil et je vais me coucher.

 

Et comme je n’aime pas écrire, tu fais la même chose, tu lui feras parvenir. Sitôt que je serai en repos, je vous écrirai une pareille lettre.

 

Mille baisers à toute la famille. Ton fils qui t’embrasse bien fort. »

 

Dans ce courrier, Alphonse Petit n’a pas tout raconté concernant les conditions de sa vie de soldat. Quand il écrit à son frère, il est beaucoup plus clair. Il raconte certains repas pris à proximité de cadavres à moitié décomposés qui font parfois office de chaise ; une telle scène aurait probablement rempli d’effroi sa mère si elle avait été informée de cette situation peu ragoûtante !

 

« Copie d’une lettre de Polo datée du 7 juin 1915,

 

Mon cher Gaston,

 

Sans prendre le temps de recevoir ton colis, je réponds à ta lettre aussitôt. J’ai envoyé à maman une grande lettre ou je lui raconte ma première attaque contre les Boches. Je lui ai dit qu’elle te la communique et tu jugeras un peu quelle veine j’ai eue de m’en sortir. Je suis aussi proposé sous-off pour la première place qu’il y aura à la compagnie, pour mon courage et ma fermeté que j’ai eus envers les hommes à réoccuper une tranchée que les Boches avaient abandonnée.

 

Il est vrai que personne ne voulait s’aventurer à la réoccupation de cette tranchée. Je fis une patrouille, puis une fois sûr qu’il n’y aurait pas de danger, toute la section entre en sa possession.

 

Le commandant me fit des félicitations devant toute la compagnie en me disant que la prochaine fois,  je serai cité à l’ordre du jour.

 

Pour le moment, nous sommes au repos à 8 km en arrière où nous faisons un petit exercice matin et soir.

 

Je me porte toujours très bien. J’oubliais de te dire que le soir, une fois la tranchée réoccupée, le x régiment devait attaquer.

 

Nous étions soutien à notre gauche. Une fois l’heure de l’attaque, nous formions une équipe de grenadiers, mais pas un n’a voulu marcher, car c’est la plus sale place. Ils sont placés à l’endroit où doit partir l’attaque, de manière à arroser les Boches de grenades dans leurs tranchées. Alors, je fais ni une ni deux, à l’heure juste de l’attaque, je me place derrière le pare-éclats qui nous sépare des Boches et je commence à les arroser de grenades en tout genre, cela m’a valu encore une bonne note.

 

Pour la 1ère fois que je montais aux tranchées, mes chefs me feront bien des félicitations. C’est tout ce que j’avais à te dire pour le moment et sitôt que j’aurai reçu ton paquet je t’écrirai à moins que je ne sois remonté aux tranchées.

 

C’est la plus sale vie qu’un homme peut mener. Nous sommes remplis de poux, nous restons pendant 8 jours sans nous laver même les mains. Nous mangeons autour des cadavres à moitié pourris, parfois même ils nous servent de chaise.

 

Toi qui es minutieux, je ne voudrais pas te voir avec nous. Ta lettre, que je viens de recevoir, a mis deux jours et celles de Chalon mettent vingt jours. Tu vois d’ici la correspondance que je peux avoir chez nous. À peine deux lettres par mois, alors tu me feras plaisir d’écrire un peu plus souvent. Ton frère qui t’embrasse bien fort. »

 

Le 25 juin, le général Guillemot le fait citer à l’ordre de la brigade pour son courage au cours d’un violent bombardement dans le secteur du fond de Buval. Le caporal Petit a le droit de porter la croix de guerre avec une étoile de bronze. Le jour même, il peut coudre ses galons de sergent sur sa Poiret.

 

Le 25 septembre 1915, le 149e R.I. participe à une attaque d’envergure impliquant l’ensemble de la 43e D.I.. Il faut absolument prendre le bois en Hache à l’ennemi.

 

Cette fois-ci, la chance n’est pas au rendez-vous. Le sergent Petit est tué le lendemain au cours d’une charge menée par sa compagnie. Ses hommes l’enterrent sur place.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

En memoire de Merieux, impressions septembre 1915

 

Le 4 octobre 1915, les deux témoins oculaires, les sergents-fourriers André Devineau et André Gérardin, confirment la mort du sergent Petit auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I.. L’acte de décès est transcrit à la mairie de Chalon-sur-Saône le 20 mars 1916.

 

Correspondance famille Petit (2)

 

Le 16 octobre 1915, le sous-lieutenant Guyon rédige une lettre adressée au frère du sergent Petit.

 

« J’ai bien reçu votre lettre du 8 octobre. J’étais en effet en bonne amitié avec votre frère, le sergent Petit.

 

Malheureusement depuis quelque temps nous étions séparés, lui étant au 1er  bataillon et moi au 3e.

 

Je n’ai su ainsi sa mort qu’accidentellement ; elle m’a fort peiné, car je considérais Petit comme un brave garçon et un ami sincère.

 

Je ne sais pas grand-chose sur les circonstances de cet accident ; mais je suis bien certain qu’il est tombé en brave, et bien face à l’ennemi, en accomplissant tout son devoir.

 

Il a toujours été un exemple d’énergie et de bravoure à ses camarades et il a été toujours très estimé de ses chefs. 

 

Son avancement avait été rapide et il pouvait espérer monter encore.

 

Le 149e R.I. perd beaucoup en lui ; ses camarades et ses chefs le regretteront toujours.

 

Monsieur Baverey qui est au 1er bataillon va s’enquérir des circonstances qui entourèrent sa mort. Dès qu’il saura quelque chose, il vous en fera part.

 

Recevez, Monsieur, avec mes plus sincères condoléances, mes salutations très distinguées 

 

R. Guyon » 

 

La réponse du sous-lieutenant Baverey ne se fait pas attendre. Le 21 octobre 1915, il écrit ceci à  Gaston Petit.

 

« Cher ami,

 

Après renseignement pris auprès des camarades qui ont assisté aux derniers instants de votre malheureux frère, je puis vous dire qu’au moment de l’attaque, il n’a pas été possible de ramener le corps à l’arrière.

 

Ses camarades ont creusé au-devant du parapet de la tranchée une fosse qui conservera les restes de celui que le devoir a perdu. Il sera extrêmement douloureux pour vous de ne pas avoir d’autres détails, mais il m’est absolument interdit de vous décrire d’une façon précise cet endroit ; que le hasard me permette de revenir et de pouvoir vous donner tous les renseignements désirables.

 

De tout cœur avec vous, je vous envoie mes affectueuses salutations.

 

Henri Baverey. 4e compagnie du 149e R.I.. »

 

Aphonse Petit- le bois en Hache

 

Les restes mortuaires du sergent Petit, s’ils ont été retrouvés, n’ont pas été identifiés. Il y a de fortes probabilités pour qu’ils reposent dans un des ossuaires de la Nécropole de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Alphonse Petit a été décoré  de la Croix de guerre avec une étoile de bronze et une étoile d’argent

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 11 en date du 25 juin 1915

 

« Le 16 juin 1915 a montré sous le bombardement d’une extrême violence du fond de Buval, un sang froid et un mépris du danger qui en ont imposé à ceux qui l’entouraient et les a maintenu sur place. »

 

Le sergent Petit a obtenu la Médaille militaire à titre posthume.

 

« Sous-officier d’une bravoure réputée. Toujours au premier rang dans les moments difficiles. Tombé glorieusement le 26 septembre 1915, devant Angres. Croix de guerre avec étoile d’argent. »

 

Sepulture famille Petit

 

Le nom de ce sous-officier a été gravé sur le monument aux morts de la ville de Chalon-sur-Saône. Il a également été inscrit sur la tombe familiale au cimetière communal de Mellecey.

 

Alphonse Petit  ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Pour consulter la généalogie de la famille Petit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Quelques années plus tard, Gaston Petit se rend en Artois avec des indications très précises fournies par des vétérans du 149e R.I. sur l’endroit où son frère est tombé. Malheureusement pour sa famille, il n’a trouvé aucune trace de sépulture.

 

Sources :

 

La fiche matricule du sergent Petit et les registres d’état civil  de sa fratrie ont été consultés sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

 

La correspondance du sergent Petit avec sa famille, les lettres des sous-lieutenants Baverey et Guyon, le cadre avec son portrait et les photographies présentées ici sont la propriété de K. Isker, petit neveu du sergent Alphonse Petit.

 

La photographie du bois en Hache a été réalisée par T. Cornet.

 

Le cliché de la sépulture familiale a été réalisé par K. Isker.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet,  à K. Isker, à M. Porcher, aux archives départementales de la Saône-et-Loire et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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