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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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16 décembre 2022

Du 18 au 19 octobre 1916

Bois de deniecourt-anciennes positions allemandes-17 octobre 1916

 

Le 14 et 15 octobre, l’attaque sur la sucrerie de Génermont a été menée par les 20e et 21e B.C.P. et par le 17e R.I.. Elle a considérablement désorganisé la1ère ligne allemande.

 

L’ennemi, désorienté, sans liaison fiable avec l’arrière, a dû abandonner une large zone de terrain devant la nouvelle ligne française.

 

Dans la nuit du 15 au 16 octobre, le 1er bataillon du 149e R.I. relève le 1er bataillon du 17e R.I., en fin de combat, sur des positions extrêmement défavorables. 

 

Une grande partie de la pente nord du vallon de la sucrerie est occupée par les compagnies du capitaine de Chomereau de Saint-André. Cette pente se trouve placée sur un glacis très exposé à la vue de l’ennemi et constamment battu par le tir des batteries allemandes.

 

Rester sur ce glacis, ne fut-ce que pour tenir le secteur, occasionnerait d’énormes pertes aux troupes d’occupation.

 

Les compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. n’ont pas le choix. Pour éviter des morts inutiles, elles doivent impérativement contrôler une partie de la zone neutre pour y construire une 1ère ligne beaucoup plus sécurisée.

 

Les 1ère et 3e compagnies du 149e R.I. sont chargées de cette opération. L’action se déroule dans la nuit du 16 au 17 octobre. Elle est conjointement menée avec une compagnie du 20e B.C.P.. L’intervention est une réussite totale.

 

Le 3e B.C.P. relève le 20e B.C.P. après cette progression.

 

Les hommes du 149e R.I. commencent à creuser de nouvelles tranchées.

 

18 octobre 1916

 

Le 1er bataillon du 149e R.I. occupe la ligne 916c, bois Bauer, 6389, 6590, 914.

 

Carte 1 journee du 18 octobre 1916

 

Les différents travaux engagés sont fortement gênés par la pluie. Les tranchées réalisées à la hâte s’effondrent en de nombreux endroits.

 

La section disciplinaire de la 43e D.I. est détachée au 3e B.C.P.. Elle s’installe dans le talus organisé entre 6294 et 6694.

 

Dans la nuit du 18 au 19 octobre, la 3e compagnie du 3e B.C.P. relève la 3e compagnie du 149e R.I. établie entre 6389 et 914c

 

Des éléments du 149e R.I. remplacent le 31e B.C.P. dans la tranchée Pêle-Mêle et la tête de sape vers 916j. Les chasseurs conservent la tranchée des Germains.

 

Il y a 4 blessés au 149e R.I. pour cette journée.

 

                                           Tableau des tués pour la journée du 18 octobre 1916

 

19 octobre 1916 

 

Dans la matinée, cinq avions allemands survolent et mitraillent à basse altitude les lignes françaises.

 

Carte 1 journee du 19 octobre 1916

 

 

 Les compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. améliorent les tranchées de 1ère ligne.

 

Les travaux concernant la tranchée allant de 912 à la tranchée des Germains se poursuivent.

 

Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. occupent toujours les mêmes positions.

 

Le boyau reliant la sucrerie à la tranchée des Bavarois est amélioré. Le boyau C4 est prolongé entre 93 et 93a. Les boyaux c4 entre les Tilleuls et 93a et entre les Tilleuls et 5008 sont perfectionnés.

 

Il y a 6 blessés au 149e R.I. pour cette journée.

 

                                       Tableau des tués pour la journée du 19 octobre 1916

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/27

 

La photographie provient du fonds Valois Réf : val 452/070

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les deux cartes présentées ici ont été réalisées à partir de plusieurs plans à échelles différentes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 décembre 2022

Pierre Achille Quinot (1874-1958)

Pierre Achille Quinot

 

Jeunesse

 

Pierre Achille Quinot voit le jour le 27 janvier 1874 aux Moncets, un hameau rattaché à la commune de Guérard, dans le département de la Seine-et-Marne.

 

Sa mère, Marie Rosalie Chevallier, tisserande manouvrière, est âgée de 23 ans. Son père, Hubert Anatole, 28 ans, travaille comme manœuvre.

 

La famille Quinot quitte la Seine-et-Marne pour venir s’installer dans le Val-de-Marne. Hubert Anatole a trouvé un emploi de cocher à La Queue-en-Brie.

 

La Queue-en-Brie

 

Le couple Quinot donne encore la vie à deux garçons. Le plus jeune, Georges Anatole, décède avant de fêter son premier anniversaire. 

 

 

Achille Quinot est un élève brillant. Probablement soutenu par ses enseignants, il a la possibilité de poursuivre sa scolarité jusqu’au baccalauréat, ce qui est peu commun pour une personne de cette position sociale.

 

Après avoir obtenu son diplôme, le jeune homme décide d’entreprendre une carrière dans l’armée. Le 3 avril 1895, il fait une demande écrite pour s’inscrire au concours d’entrée de l’école spéciale militaire. Avec son baccalauréat en poche, il en a tout à fait le droit.

 

Les parents Quinot, peu fortunés (le père et la mère travaillent maintenant comme domestiques), sollicitent, auprès du conseil municipal, une demande de bourse entière avec trousseau complet. Au vu du parcours scolaire effectué par le fils Quinot, le maire et ses conseillers estiment qu’il peut, sans problème, bénéficier de cette faveur. Le préfet de Versailles valide le choix fait par la mairie de Queue-en-Brie.

 

En contrepartie, le père s’engage par écrit à rembourser l’État si son fils ne revêt pas l’uniforme au moins durant les dix années qui suivent la fin de ses études militaires.

 

Le jeune Quinot réussit l’examen d’entrée de l’école de Saint-Cyr. Il est un soldat appelé de la classe 1894 de la subdivision de Versailles au n° 124 de tirage dans le canton de Boissy-Saint-Léger. Il intègre la promotion de « Tananarive » le 29 octobre 1895. Les études sont difficiles, il est très loin de faire partie des meilleurs éléments. Achille Quinot termine sa formation d’officier le 1er octobre 1897 en obtenant le numéro 521 sur 539 élèves classés.

 

Sous l’uniforme d'officier

 

Nommé sous-lieutenant, il est, à sa sortie d’école, envoyé au 145e R.I., un régiment à 4 bataillons qui tient principalement garnison à Maubeuge. Achille Quinot est affecté au 4e bataillon installé à Montmédy.

 

Le 4 septembre 1900, le colonel Lacroisade, lui inflige 15 jours d’arrêts de rigueur pour le motif suivant : « A tenu dans son logement une réunion bruyante au cours de laquelle des dames passant en plein jour devant sa maison ont été interpellées par la fenêtre. »

 

Il est nommé lieutenant le 1er octobre 1899.

 

Achille Quinot est muté au 37e R.I. le 24 mai 1907, après avoir occupé les fonctions d’officier de détail durant plusieurs années au 145e R.I..

 

Une décision ministérielle du 10 juin 1908 entraîne sa nomination de porte-drapeau du régiment. À partir de cette période, il est noté comme peu à la hauteur des fonctions administratives qui lui ont été confiées. Une amélioration est cependant constatée l’année de son mariage.

 

Le 2 mai 1910, il épouse Marie Clotilde Désoudin, une veuve âgée de 29 ans, déjà mère d’un garçon de 9 ans. Le couple n’aura pas d’enfant.

 

Genealogie famille Quinot (2)

 

Achille Quinot reprend son poste de lieutenant de compagnie le 9 novembre 1911.

 

Il est cité au bulletin officiel du 22 février 1912 pour son zèle et sa capacité dans le fonctionnement du service de l’armement au cours de l’année 1911.

 

Achille Quinot est nommé capitaine le 24 mars 1912. Muté au 162e R.I., il arrive dans cette nouvelle unité au mois de mai.

 

Apprécié par ses nouveaux supérieurs, il commande et administre sa compagnie correctement. Aux manœuvres d’automne, il fait preuve de vigueur en menant ses hommes de façon satisfaisante.

 

Discipliné et consciencieux, il manque tout de même d’expérience dans l’art du commandement d’après ses supérieurs.

 

Il fait une demande écrite pour obtenir le poste d’officier trésorier. Son chef de corps accepte de lui confier les comptes du régiment à partir du 24 mai 1913.

 

Le capitaine Quinot conserve son poste administratif lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Il redevient officier de compagnie le 13 juillet 1915.

 

Le 8 août 1915, Pierre Quinot est affecté au 421e R.I., un régiment nouvellement créé, composé au ¾ de jeunes recrues de la classe 1915. Le lieutenant-colonel Simoni lui confie le commandement de la 4e compagnie.

 

Le chef de corps du régiment le décrit de la manière suivante :

 

« Bon commandant de compagnie, administrant bien son unité. Venait, au moment de la formation du 421e R.I. de quitter les fonctions de capitaine trésorier. Avait besoin de se perfectionner au point de vue des manœuvres. A fait des progrès. Intelligent, très vigoureux et très actif, s’occupe beaucoup de ses subordonnés de qui il sait se faire obéir. Bonne tenue. N’a pas été au front, très apte à faire campagne. »

 

Très rapidement le lieutenant-colonel Simoni modifie son jugement :

 

« J’ai acquis la conviction que le capitaine Quinot s’adonne à la boisson ; mais comme il a été presque toujours plus ou moins éloigné de moi, je n’ai jamais été à même de constater personnellement qu’il se soit enivré. À surveiller de près.

 

A pris, au mois d’avril, le commandement provisoire du 1er bataillon au départ du titulaire promu lieutenant-colonel et l’a conservé jusqu’à ces jours derniers. N’a pas su le maintenir à son niveau. Ce bataillon qui était remarquablement tenu aurait fini, s’il en avait préservé le commandement, par lui laisser perdre toute sa valeur.

 

Inapte, pour le moment du moins, surtout s’il ne corrige pas ses habitudes d’intempérance que, je le crois fermement, il a contractées. »

 

Le 421e R.I. est dissous sans avoir été envoyé au front le 19 août 1916. Le capitaine Quinot n’est toujours pas monté en 1ère ligne.

 

Suite à une décision du  général commandant la 3e armée en exécution de l’ordre du général commandant en chef en date du 14 août 1916, le capitaine Quinot est affecté au 228e R.I.. Rayé des contrôles du 421e R.I, il se met en route le 28 août pour rejoindre sa nouvelle unité. Il est affecté au commandement de la 16e compagnie du dépôt divisionnaire, chargé de l’instruction des sous-officiers et des chefs de section.

 

En 1917, le lieutenant-colonel Drouin note ceci dans le relevé de notes de son subordonné : « Mon attention avait été appelée sur le capitaine Quinot par les notes que lui avait données un des officiers sous lesquels il avait servi. J’ai donc spécialement surveillé cet officier. Je l’ai fait venir à différentes reprises chez moi, à des heures différentes, je n’ai jamais rien remarqué d’anormal.

 

Le capitaine Quinot est nerveux, il est même impulsif, a-t-il eu autrefois des habitudes d’intempérance qui l’ont conduit à cet état ? C’est possible, mais je n’ai personnellement rien à lui reprocher.

 

Il est profondément regrettable que cet officier n’ait pas été au front. Son influence sur ses cadres et sur la troupe en est diminuée. Il y aurait lieu de le faire venir, dans le plus bref délai possible dans un régiment de guerre. Dans tous les cas, il ne peut-être, à mon avis, l’objet d'aucunes propositions, soit pour le grade soit pour la croix.

 

Au point de vue commandement, c’est un chef moyen qui a passé sa vie dans les bureaux et qui en a conservé la mentalité. »

 

Le capitaine Quinot quitte le centre d’instruction de la 158e D.I. le 5 août 1917 avec un renfort de 418 hommes. Il prend le commandement de la 17e compagnie du 228e R.I., une unité combattante.

 

Le chef de bataillon Roussel, le commandant provisoire du régiment, écrit ceci à son sujet :

 

« Officier de carrière intelligent et rigoureux. Affecté le 5 août au commandement d’une compagnie du régiment. Venant du C.I.D. 158, n’a pris part, depuis le début de la campagne, à aucune action de guerre et ne peut être noté sur ce qu’on peut attendre de lui au combat. Le caractère nerveux et impulsif de cet officier signalé dans les notes précédentes s’est affirmé dans le commandement de sa compagnie, en particulier dans les détails de la discipline. Les punitions qu’il inflige doivent être revues avec soin. »

 

Le capitaine Quinot est affecté au C.I.D. 43 à la dissolution de son régiment en novembre 1917.

 

Au 149, enfin au front !

 

Capitaine Quinot, sous-lieutenant Loubignac et le chien Flambeau

 

Le 11 novembre, il est envoyé au 149e R.I.. Achille Quinot rejoint cette unité installée dans une zone plutôt tranquille, loin des combats, à proximité de la frontière suisse. Le chef de corps du régiment lui confie le commandement de sa 1ère compagnie.

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe des tranchées autour du Violu, dans le département des Vosges. Son manque d’expérience se fait vite ressentir.

 

Le 24 février 1918, il commet une faute importante qui lui vaut 25 jours d’arrêt de rigueur donnés par le général Michel, le responsable de la 43e D.I..

 

« Malgré les consignes et les ordres les plus formels plusieurs fois répétés, a détaché des sentinelles doubles isolées d’une grande distance du groupe de combat et a été ainsi la cause de la perte de cinq hommes, enlevés par un coup de main de l’ennemi, sans que le gros du groupement de combat ait eu à intervenir. »   

                   

Le lieutenant-colonel Boigues rédige le texte suivant dans le feuillet individuel de campagne du capitaine Quinot :

 

« Rien ne m’autorise à attribuer au capitaine Quinot des habitudes d’intempérance, boit généralement de l’eau, mais il est évidemment nerveux et un peu impulsif avec le verbe un peu élevé.

 

Il a besoin, d’autre part, en raison de cette inégalité d’humeur, d’être surveillé de près. Cela dit, il me paraît être un brave homme à moyens limités, prêt à faire honorablement son devoir partout. Je ne l’ai vu encore toutefois que dans un secteur calme. »

 

Photo de groupe - Copie

 

Le 27 mai 1918, le 149e R.I. quitte le secteur de Compiègne qu’il occupe depuis une dizaine de jours. Le régiment est appelé d’urgence dans le secteur de Braine, une petite commune du département de l’Aisne. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive près du Chemin des Dames. Pour le capitaine Quinot, c’est le baptême du feu. Il se montre peu brillant au cours de cette épreuve.

 

Pour en savoir plus sur les combats d’Arcy-Sainte-Restitue, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue

 

Les notes données par son chef de corps ne sont vraiment pas très élogieuses après cette première expérience du feu !

 

Le 19 juillet 1918, le lieutenant-colonel Vivier rédige ceci dans le feuillet du personnel du capitaine Quinot :

 

« Après avoir paru, pendant une période de repos et d’instruction, faire des efforts pour se mettre à hauteur de sa tâche, s’est montré, au cours des combats, incapable de commander une compagnie. D’une santé chancelante, d’un moral peu élevé, paraît avoir, en outre, un penchant pour l’alcool. Officier à ne pas renvoyer au front, paraît avoir quelques connaissances administratives qui peuvent être utilisées à l’intérieur. »

 

Fin du bref séjour en unité combattante

 

Achille Quinot tombe malade. Il est soigné dans un hôpital de Saint-Étienne avant de bénéficier d’une convalescence de 45 jours. Il rejoint son dépôt le 25 août 1918.

 

Une décision ministérielle du 20 septembre 1918 (J.O. du 26 septembre 1918) l’affecte au 162e R.I., son ancien régiment, où il est détaché au recrutement.

 

Les années après le conflit

 

Le 27 février 1920, le capitaine Quinot est traduit devant le conseil de guerre de Limoges. Il est accusé de vol militaire comptable, faux en matière d’administration militaire et usage de ces faux lorsqu’il occupait les fonctions de capitaine trésorier dans ce même régiment entre le 23 mai 1913 et le 16 juillet 1915. Il est acquitté de tous ces chefs d’inculpations.

 

Le 21 avril le capitaine Quinot est muté au 45e R.I..

 

Il est affecté au 94e R.I. en tant que commandant de compagnie à Commercy, suite à une décision ministérielle du 19 avril 1923 (J.O. du 15/ avril 1923).

 

Achille Quinot est désigné pour effectuer un stage d’instruction prévu pour les officiers susceptibles d’être promus au grade de chef de bataillon à titre définitif au cours de l’année 1923. (J.O. du 5 avril 1923). Il effectue ce stage du 16 avril au 7 juin 1923.

 

Le 23 décembre 1923, il est promu au grade de commandant.

 

Une fois de plus, il ne se montre pas à la hauteur de sa tâche. Le 30 décembre 1924, le colonel Détrie rédige un long rapport à son sujet :

 

« J’ai l’honneur de rendre compte du défaut de capacité du chef de bataillon Quinot, commandant le 3e bataillon du 94e R.I..

 

Cet officier supérieur avait, au moment de sa promotion au grade de chef de bataillon, fait auprès de la direction de l’infanterie, une démarche pour être, à raison de sa longue spécialisation antérieure affecté à un emploi de major. Promu chef de bataillon au 94e R.I. après avoir accompli son stage de franchissement de grade, il a pris le commandement du 3e bataillon, après avoir provisoirement commandé un bataillon pendant 3 mois.

 

Dans ses fonctions qu’il exerce depuis un an, le chef de bataillon Quinot s’est montré complètement au-dessous des triples tâches d’éducateur, d’instructeur et de commandant d’unité.

 

L’examen suivi des travaux de toute sorte fournis par cet officier supérieur, de son tableau de travail, de ses programmes d’instruction, des thèmes d’exercices de combat de son bataillon, des ordres donnés par lui au cours des manœuvres, a accusé constamment une inexpérience de la conduite tactique du bataillon, une inexpérience complétée d’une réelle absence de méthode et d’une ignorance des buts et des moyens de l’instruction.

 

Ainsi s’explique le manque d’initiative qui caractérise le commandement de cet officier supérieur, les lacunes importantes relevées dans les ordres à son bataillon, la tendance à perdre de vue et à négliger des opérations dont l’importance lui a été soulignée par son chef.

 

L’examen des services antérieurs du commandant Quinot montre qu’il s’est tenu trop longtemps en dehors de la troupe et du commandement, soit en temps de paix, soit en campagne et, de ce fait, se trouvent les raisons de l’incapacité de cet officier supérieur, soit comme instructeur, soit comme chef d’une unité tactique si importante.

 

D’autre part, la lecture de ses notes de 1916 à 1923 fait ressortir déjà dans le commandement, soit de la compagnie soit du bataillon, au feu, à l’arrière, cette incapacité.

 

Cette incapacité mise en évidence dans les notes de 1920, 1921 et 1923, n’est pas attribuable à l’usure ou aux fatigues de la dernière guerre, puisque les services de guerre de ce chef de bataillon se limitent à moins de sept mois de front et à sa participation à une seule attaque, a la suite de laquelle il a été évacué malade et noté comme : «  incapable de commander une compagnie, moral peu élevé. »

 

Deux ans auparavant, le 28 août 1916, il avait déjà mérité des appréciations très défavorables.

 

Ce défaut de capacités du chef de bataillon maintes fois exprimé dans ses notes antérieures est malheureusement de ces défauts qui ne peuvent échapper aux cadres qui le voient journellement à l’œuvre. Il s’ensuit que non seulement cet officier supérieur n’a pas la confiance indispensable de ses cadres, mais que son autorité morale est forcement très diminuée. C’est d’autant plus fâcheux que le commandant Quinot est à la tête d’un bataillon détaché.

 

Mais ce n’est pas tout, ce chef de bataillon, même après les dernières affectations, se trouve être le plus ancien chef de bataillon partant en cas de mobilisation avec le régiment. Le commandement du régiment peut donc ainsi échoir, dans des circonstances très difficiles à un officier supérieur qui a été nettement jugé incapable d’exercer le commandement d’un bataillon et même celui d’une compagnie.

 

J’estime donc, pour toutes ces raisons, que le chef de bataillon Quinot ne doit pas être maintenu à la tête d’un bataillon et je propose que, pour défaut de capacités et par application de l’article 257 sur le service courant, alinéas 4 et 6, il soit mis en non-activité par retrait d’emploi. »

 

Le commandant Quinot conserve son poste, malgré cette demande de mise à l’écart de son chef de corps. 

 

Le 2 décembre 1925, le général Lemaire, commandant de l’I.D. 40, lui donne 15 d’arrêt simple pour la raison suivante : «  Commandant le détachement du 94e R.I. à Commercy, n’a donné aucune suite aux avis que la commission de réforme avait émis dans trois séances différentes, au sujet de militaires du 94e R.I. et a négligé d’établir, ou à défaut, de provoquer de la part du chef de corps, les propositions de changement d’armes que comportaient réglementairement ces avis. Ces négligences ont eu pour résultat de maintenir dans l’infanterie ses militaires inaptes au service de cette arme. »

 

Quelques jours plus tard, le général commandant la 40e D.I. transforme cette punition en 15 jours d’arrêt de rigueur. »

 

Le commandant Quinot est admis à faire valoir ses droits à la retraite pour ancienneté de services par décret du 30 mars 1926.

 

Il est rayé des contrôles de l’armée active le 30 avril 1926 sans affectation dans la réserve.

 

L’ancien capitaine du 149e R.I. décède à l’âge de 84 ans le 15 février 1958 à Coutevroult dans le département de la Seine-et-Marne. Il repose dans le cimetière de cette commune auprès de son épouse.

 

 

Décorations obtenues :

 

Pierre Quinot est probablement le seul officier passé au 149e R.I. à ne pas avoir été décoré de la croix de guerre.

 

Il est fait chevalier de la Légion d’honneur pour avoir porté l’uniforme durant 28 ans et pour avoir effectué 5 campagnes (J.O. du 10 juillet 1924).

 

Autres décorations :

 

Médaille commémorative de la Grande Guerre

 

Médaille interalliée

 

Pierre Quinot possède un dossier sur la base Léonore. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

J.M.O. du 421e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 772/8

 

J.M.O. du 228e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/8 et 26 N 721/9

 

La photographie de groupe représentant des officiers du 149e R.I. est extraite du fonds Bonnefous, propriété de N. Bauer.

 

La photographie de la sépulture de la famille Quinot a été trouvée sur le site « Généanet ». 

 

Un grand merci  à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

2 décembre 2022

17 octobre 1916

Des gars de la C

 

Le 149e R.I. couvre une zone de combat à l’est et au sud-est de Foucaucourt depuis la veille. Son 1er bataillon occupe la sucrerie de Génermont et la tranchée Poypoy en 1ère ligne. Son 3e bataillon est en position de soutien à l’est de Déniécourt. Son 2e bataillon est en réserve de division, au sud-est de Fay.

 

Carte 1 journee du 17 octobre 1916

 

1er bataillon du 149e R.I.

 

Au cours de la nuit du 16 au 17, une compagnie du 20e B.C.P. et deux compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. mènent conjointement une action sur le point 914 et sur le bois Bauer. Ces unités ont reçu l’ordre de pousser en force jusqu’au contact immédiat de l’ennemi. Elles sont accompagnées de sections de mitrailleuses.

 

Le 20e B.C.P., sur le point d’être relevé, reste hésitant. Le commandant Richier s’interroge. Le responsable du sous-secteur, le lieutenant-colonel Pineau, l’informe qu’une de ses compagnies doit impérativement contribuer à la progression avant la relève et que ses chasseurs devront passer la nouvelle ligne conquise à son successeur, le 3e B.C.P..

 

Le bois Bauer est un point stratégique important. Il faut absolument l’occuper avant les Allemands, c’est donc une course contre la montre.

 

Le but de l’opération est d’établir une 1ère ligne solide sur le front : 916c – bois Bauer – 6389 – 6590 – 914.

 

La compagnie de droite du 1er bataillon du 149e R.I., sous les ordres du lieutenant de Parseval, marche sur le bois Bauer.

 

La zone de progression de cette compagnie est limitée à l’ouest par la tranchée Pêle-Mêle, occupée par le 31e B.C.P., à l’est par la corne nord-est du bois Bauer (6389).

 

Elle s’échelonne, à gauche, en avant, sous la protection de patrouilles de grenadiers. Trois sections et demi de la compagnie de Parseval marchent en ligne d’escouades une par une. Une section reste à la voie ferrée pour couvrir un éventuel repli.

 

La section de gauche rencontre une vive résistance à la corne nord-est du bois Bauer. Des grenadiers allemands tiennent le point 6389. L’ennemi se replie après un court, mais assez vif combat à la grenade.

 

Une fois son objectif atteint, la 1ère compagnie creuse une tranchée partant des lisières est et sud du bois Bauer en direction de 916c, à la rencontre du 31e B.C.P..

 

À l’est, la 5e compagnie du 20e B.C.P. s’étire tout le long du chemin Creux, au sud de 6694. Elle pousse une section à 914, une autre au talus 6699. Elle installe un peloton à 6694. Cette compagnie s’organise sur ces nouvelles positions face à l’est et au sud-est.

 

La 3e compagnie du 149e R.I., commandée par le capitaine Chauffenne depuis le 1er octobre, a été placée au centre.

 

Elle assure la liaison entre la compagnie du bois Bauer et la compagnie du 20e B.C.P.. Elle prend une formation échelonnée, son centre en avant. Les sections du capitaine Chauffenne avancent en ligne d’escouades une par une. Des patrouilles de grenadiers précèdent les deux sections de tête. Les deux sections d’ailes sont reliées par des patrouilles aux compagnies voisines.

 

La 2e compagnie, en soutien, couvre ses arrières. Cette compagnie assure le repli en envoyant une section à la voie ferrée. Elle occupe également la ligne de départ.

 

Le capitaine Chauffenne voit le point 914 occupé par le 20e B.C.P.. Il n’y a pas la moindre présence allemande à l’horizon. Il pousse ses deux sections de gauche jusqu'à 6590, en avant du 20e B.C.P..

 

Ses hommes s’installent sur ce point. Les deux autres sections de la compagnie creusent un début de tranchée en avant du point A (objectif de la mission de la 3e compagnie).

 

La 3e compagnie du 149e R.I., renforcée d’une section de mitrailleuses, se retranche sur son nouvel emplacement. Elle prend position sur les points A et 6590. Les hommes du capitaine Chauffenne se mettent au travail. Ils creusent une tranchée de 1 m 60 de profondeur sur 200 m de long tout en assurant la liaison avec la 1ère compagnie arrivée au bois Bauer ; ceci n’est pas une mince affaire !

 

Le 1er bataillon du 149e R.I. occupe maintenant une zone comprise entre le point 916c et le point 6590.

 

Carte 2 journee du 17 octobre 1916

 

Des patrouilles allemandes d’exploration approchent les lisières du bois vingt minutes à peine après l’occupation du bois Bauer par les hommes du lieutenant de Parseval. La 1ère compagnie du 149e R.I. est arrivée juste à temps. Le lendemain matin, il aurait été trop tard.

 

Le peloton de pionniers du 149e R.I. entame une voie de communication par un boyau passant par 6190 entre la tranchée Poypoy et le bois Bauer. Des abris sont creusés le long de la voie ferrée.

 

Comme prévu, le 3e B.C.P. relève le 20e B.C.P. après ces évènements. Le 3e B.C.P. place une de ses compagnies au sud du point 914.

 

L’ancienne tranchée de 1ère ligne encerclant la sucrerie, occupée par la 2e compagnie du 149e R.I., a été fortement abîmée à l’est. Elle doit absolument être réparée. Il existe encore dans ce secteur une zone sans tranchées de 70 m environ.

 

Les voies de communication à l’intérieur de la sucrerie sont constamment marmitées.

 

Le capitaine de Chomereau fait savoir que ses compagnies sont matériellement isolées du reste de bataillon de soutien en journée.

 

Il fait également une demande pour obtenir du désinfectant. Une dizaine de cadavres allemands sont en état de décomposition avancée dans le couloir qui accède à son P.C..

 

3e bataillon du 149e R.I..

 

Les positions occupées par les 9e et 10e compagnies du 3e bataillon sont identiques à celles de la veille. La 9e est au boyau du valet entre 93a et 93, la 10e à la tranchée Sans-Gène.

 

Le secteur est calme. Les hommes construisent un boyau allant de la tranchée des Peupliers à la tranchée de la Comédie (5999). Il faut améliorer les abris tout en poursuivant l’entretien des boyaux.

 

La 11e compagnie, arrivée la veille dans le secteur de 1ère ligne, prête main-forte au 1er bataillon. Elle remet en état la partie nord de la tranchée des Germains. La partie sud de cette tranchée, bouleversée dans la soirée du 16, particulièrement dans le secteur du point 912, doit également être reconstruite. Il faut aussi la prolonger vers le sud.

 

Le chemin Estrée-Ablaincourt est copieusement marmité au nord de la croisée des chemins et à l'intérieur de la sucrerie.

 

2e bataillon du 149e R.I..

 

Plusieurs obus tombent sur le secteur du 2e bataillon à Bram Satyre. Les hommes nettoient les abris et les tranchées.

 

L’aviation ennemie reste très active tout au long de la journée (avions de chasse et de réglage de tir aérien).

 

Les hommes ont reçu deux repas chauds composés de soupe, de viande fraîche, de légumes frais et de café. Les sections touchent de l’alcool solidifié pour réchauffer les aliments.

 

Au cours de la nuit suivante, l’ennemi essaye de reprendre pied à la lisière du bois Bauer sans y parvenir.

 

Les pertes de la journée sont extrêmement faibles. Le 149e R.I. enregistre deux tués et douze blessés.

 

                                           Tableau des tués pour la journée du 17 octobre 1916

 

 Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Le fond de la 1ère carte a été réalisé par A. Carobbi.

 

Le plan indiquant la nouvelle position du 1er bataillon du 149e R.I., à  la date du 17 octobre 1916, a été réalisé à partir de plusieurs cartes du secteur. Son tracé varie un peu en fonction des documents consultés. Il n’a donc qu’une valeur indicative.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf :

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf :

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

25 novembre 2022

Jean Pierre Hippolyte Lerouge (1870-1939)

Jean Pierre Lerouge

 

Jean Pierre Hippolyte Lerouge est né le 5 avril 1870 à Saint-Menges, dans le département des Ardennes.

 

Son père, Alfred, 31 ans, travaille comme tisseur. Sa mère, Antoinette Rosalie Roux, mère au foyer, est âgée de 22 ans.

 

Jean Pierre est l’aîné d’une fratrie de 5 enfants composée d’une fille et de quatre garçons.

 

Genealogie famille Lerouge

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait parfaitement lireécrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Jean Pierre a également appris la musique.

 

Il exerce, durant une courte période de sa vie, la profession de clerc d’avoué, avant de se lancer dans une carrière militaire. Âgé de 18 ans, il est obligé d’obtenir l’accord de son père pour signer son premier engagement. Il n’y a pas d’opposition de la part du père.

 

Muni de son autorisation paternelle, le jeune homme se rend à la mairie de Charleville pour souscrire un contrat de 5 ans.

 

Le 25 octobre 1888, il intègre une compagnie du 14e R.I., une unité qui tient garnison à Brive, dans le département de la Corrèze. La raison pour laquelle il a choisi un régiment aussi éloigné de son village natal reste inconnue.

 

Le 29 décembre, Jean Pierre fait partie intégrante du groupe de musiciens de la section hors rang.

 

Le 21 novembre 1889, le chef de musique du régiment lui donne 4 jours de consigne pour une inattention au cours de la répétition.

 

Jean Pierre Lerouge est envoyé en congé le 23 septembre 1891. Il se retire à Saint-Mendes. Le 25 octobre, il se retrouve rattaché à la réserve du régiment stationné à Mézières.

 

Suite à une décision prise par le général commandant le 12e C.A., il réintègre le 14e R.I. le 9 décembre 1891 avec le statut de commissionné.

 

Le 3 mai 1893, Jean Pierre Lerouge se marie avec Marie Coste, une jeune femme originaire de Brive, âgée de 20 ans. Un fils naît de cette union en 1894.

 

Le 10 juillet, il est nommé sous-chef de musique. Ce changement de grade entraîne une mutation au 139e R.I. cantonné à Aurillac.

 

L’adjudant Lerouge signe un nouveau contrat de 5 ans avec prime, le 12 mai 1897. Il retourne dans son ancienne unité pour y seconder le chef de musique.

 

Le 14e R.I. est transféré à Toulouse en 1907. Il remplace le 126e R.I. qui vient occuper la caserne Brune de Brive.

 

Le 13 février 1912, son capitaine inflige à Jean Pierre Lerouge 1 mois de salle de police avec sursis pour avoir présenté un revolver insuffisamment dégraissé. Il est averti, il doit prendre soin de son arme aussi bien que des instruments de musique !

 

L’adjudant Lerouge occupe toujours les fonctions de sous-chef de la musique du 14e R.I., lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. À cette époque, il est sous l’autorité du chef de musique Reynaud.

 

Son unité quitte la caserne Niel, le 6 août. Le régiment participe à des combats en Belgique et sur la Marne. En 1915, il se bat en Champagne, en Artois et en Argonne. En 1916, le 14e R.I. est à Verdun. Quelles que soient les conditions, le sous-chef de musique Lerouge relève les blessés sur le champ de bataille à la tête de ses brancardiers.

 

Il est promu chef de musique de 3e classe par décret du 17 janvier 1917 sur une proposition datant du 31 décembre 1916.

 

Suite à cette promotion, le général commandant en chef décide de le faire affecter au 149e R.I. le 10 février 1917. Le poste de chef de musique de cette unité est resté vacant depuis le départ du capitaine Porte en septembre 1916, l’intérim étant assuré par le sous-chef de musique Drouot.

 

Le lieutenant-colonel Boigues évalue son subordonné peu de temps après son arrivée dans le régiment :

 

« Maintient la musique du 149e R.I. dans une excellente voie tant au point de vue technique qu’au point de vue tenue et discipline. En a fait une unité d’élite aussi bien au cantonnement qu’au travail et au combat. »

 

La photographie suivante a été réalisée à Chézy-sur-Marne, place de la mairie, le 16 avril 1917. L’homme vu de dos au centre des musiciens est peut-être le sous-lieutenant Lerouge.

 

Chezy-sur-Marne - musique du 149e R

 

Le 3 novembre 1917, le successeur du lieutenant-colonel Boigues, le lieutenant-colonel Vivier, ajoute ceci dans le relevé des notes de Jean Pierre Lerouge :

 

« Notes antérieures confirmées, Monsieur Lerouge est un digne serviteur et un excellent chef de musique qui a su faire de la musique du 149e R.I. une unité parfaitement tenue et très disciplinée. »

 

Le 31 décembre 1917,  Jean Pierre Lerouge est nommé chef de musique de 2e classe (J.O. du 26 janvier 1918).

 

Ce changement de grade n’a aucune conséquence concernant sa position au sein du régiment. N’ayant pas de mutation en vue, il préserve son poste de chef de musique au 149e R.I..

 

Le cliché suivant représente probablement une séance de théâtre aux armées. La photographie montre un petit ensemble instrumental dévolu à un accompagnement musical "léger" ou d'appoint. Un homme assis derrière le chef de musique Lerouge tient un violoncelle artisanal fabriqué à partir de caisses (style violoncelle des tranchées). Les personnes montées sur la scène ressemblent plus à des choristes, à des acteurs ou à des intervenants pour sketches qu’à des musiciens.

 

Le chef de musique Lerouge avec une partie de ses musiciens

 

Le 5 mars 1919, le lieutenant-colonel Bourgine écrit : «  Chef de musique d’un dévouement à toute épreuve ayant une très grande autorité sur la musique dont il a fait un élément de premier ordre tant pour l’exécution de la musique  que pour la tenue et la discipline. Modèle de conscience et légendaire dans le régiment à ce point de vue. Des plus méritants. »

 

Une décision ministérielle du 27 septembre 1919. (J.O. du 24 octobre 1919), le fait rester au 149e R.I. avec la mention «  service » au titre de la 1ère garnison. il s'agit là d'un maintien pour service dans une 1ère garnison "après-guerre" (les régiments sont en pleine restructuration, certains vont disparaître. Cette mesure est "transitoire".

 

Le 149e R.I. fait partie des troupes d’occupation de la Rhénanie après la signature du traité de Versailles. Jean Pierre Lerouge est envoyé dans les territoires Rhénans à deux occasions ; une première fois, du 8 avril 1920 au 14 mai 1920, une seconde fois, du 10 mai 1921 au 15 septembre 1921. Il a été photographié avec ses musiciens à Wermelskirchen.

 

La musique du 149e R

 

Le chef de musique Lerouge se retrouve également dans la Ruhr entre le 10 janvier et le 16 novembre 1923.

 

Le 149e R.I. est dissous le 10 novembre 1923. Tous les hommes sont versés dans les autres corps de l’armée française du Rhin.

 

Une décision ministérielle du 24 décembre 1923 (J.O. du 25 décembre 1923) affecte le lieutenant Lerouge au 126e R.I. de Brive à compter du 15 novembre 1923.  

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer sur l’image suivante.

 

 

Il occupe, dans un premier temps, le poste d’adjoint au C.M. (centre de mobilisation) avant de retrouver les fonctions de chef de musique.

 

Le 5 avril 1926, le chef de musique est atteint par la limite d’âge. Admis à faire valoir ses droits à la retraite d’ancienneté de services, il est rayé des contrôles de l’armée active le 5 avril 1926.

 

Le 1er décembre 1928, Jean Pierre Lerouge passe au centre de mobilisation d’infanterie n° 123 suite à la décision ministérielle du 28 novembre 1928 (J.O. du 2 décembre 1928).

 

Non pourvu d’emploi dans les réserves, il est rayé des contrôles à la date du 5 avril 1931 (article 102 de l’instruction du 10 février 1908). C’est le retour à la vie civile.

 

Decorations chef de musique Lerouge

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile de bronze

 

Citation à l’ordre du régiment n° 64 en date du 14 novembre 1918 :

 

« Lors des batailles de Belgique et de la Marne, de Champagne et d’Artois en 1915, a fait preuve d’un dévouement et d’un courage dignes d’éloges en allant à la tête de ses brancardiers, relever les blessés sous les bombardements les plus violents et jusqu’en avant des premières lignes.

 

Comme chef de musique du 149e R.I. s’est distingué par la haute conscience qu’il apporte dans la préparation morale et matérielle de ses brancardiers à leurs dures fonctions et par l’entrain qu’il a contribué à maintenir dans le régiment du fait de son sens musical très averti. »

 

Autres décorations :

 

Médaille militaire par décret du 30 décembre 1912.

 

Légion d’honneur attribuée par arrêté ministériel du 12 juillet 1918 (J.O. du 13 juillet 1918).

 

Jean Pierre Lerouge décède à Brive en 1939 à l’âge de 69 ans.

 

Pour en apprendre davantage sur les commissionnés, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

L’arbre généalogique de la famille Lerouge a été construit à partir de plusieurs arbres consultés sur le site « Généanet ». Il a été complété par différentes sources trouvées sur le site des archives départementales des Ardennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Ardennes.

 

J.M.O. du 149e R.I. (période allant du 24 octobre 1919 au 15 novembre 1923). S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/9.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F. Durand, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales des Ardennes, à  la mairie de Saint-Mendes et à  la mairie de Brive. 

25 novembre 2022

Jean Loubignac (1894-1957)

Jean Loubignac

 

Jean Loubignac voit le jour le 31 juillet 1894 à Montrouge, dans le département des Hauts-de-Seine.

 

Son père, André, 29 ans, travaille comme doreur. Sa mère, Marie Amélie Gégout, 25 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Le couple Loubignac, marié à Paris en 1891, a déjà donné la vie à un garçon qui n’a pas survécu à sa première année. Il n’y aura pas de nouvelle naissance dans la famille.

 

Les Loubignac déménagent à Brive en 1899 avant de venir s’installer à Bègles en 1905.

 

En 1911, la mère de Jean travaille comme brodeuse. Elle vit avec son fils à Xertigny, le village vosgien qui l’a vu naître. Son époux ne vit pas au domicile familial. Trois femmes logent chez elle en tant que pensionnaires.

 

Genealogie famille Loubignac

 

L’année de ses vingt ans, Jean est étudiant en lettres. Il a reçu sa convocation pour se présenter devant le conseil de révision réuni à la mairie de Xertigny. Le médecin l’ajourne pour faiblesse.

 

La guerre contre l’Allemagne débute quelques mois plus tard. Cette situation impose aux ajournés un nouveau passage devant le conseil de révision. Cette fois-ci, le jeune Loubignac est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Il est incorporé au 149e R.I. le 19 décembre 1914 avec la classe 1915. Ce régiment frontalier qui, en temps de paix, tient garnison à Épinal a transféré son dépôt à Rolampont, après un bref passage à Jorquenay, quelque temps après le déclenchement des hostilités. C’est dans ce petit village haut-marnais que le conscrit Loubignac débute son instruction.

 

Affecté à la 26e compagnie du dépôt, il s'y fait remarquer rapidement et devient 1ère classe le 1er avril 1915. Suite à une décision du G.Q.G. il dut suivre l'école des caporaux sans pouvoir obtenir le grade au dépôt. L'obtention de la distinction de la 1ère classe est tout ce qui peut être octroyé à une jeune recrue.

 

Le 11 avril 1915, il est affecté à la 31e compagnie du dépôt.

 

Le 9 juin, Jean Loubignac part avec un renfort destiné au régiment actif. Cette unité occupe un secteur particulièrement exposé depuis la fin décembre 1914, à proximité d’Aix-Noulette, dans le Pas-de-Calais. Le groupe doit combler les pertes liées à l’attaque du 29 mai 1915.

 

Le régiment, à son arrivée, n'est pas au calme. Jean Loubignac participe aux combats du Fond de Buval et du chemin Creux.

 

Il est nommé caporal le 23 juillet.

 

Une offensive de grande envergure, menée par la 43e D.I., est déclenchée le 25 septembre 1915. Le 149e R.I. est chargé de prendre le bois en Hache au sud d’Angres. C’est une mission difficile.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Les joueurs d'echecs

 

Le caporal Loubignac est blessé au cours d’une des attaques de la journée. Touché par une balle à l’épaule droite, il est soigné à l’ambulance 16/9 du 21e C.A.. Sa blessure impose une évacuation vers l’arrière. Les médecins de l’hôpital de l’arsenal de Brest le prennent en charge.

 

Rétabli, il passe la journée du 17 octobre à l’hôpital-dépôt de Kervallon, avant de bénéficier d’une permission de 7 jours qu’il passe à Xertigny. Ses parents vivent à Bordeaux, 44 avenue Thiers, depuis le début de la guerre.

 

Jean Loubignac est de retour au dépôt du 149e R.I. le 27 octobre 1915. Il est, dans un premier temps, affecté à la 28e compagnie. Le 21 novembre, il passe à la 29e compagnie avant de rejoindre la 26e compagnie le 6 décembre.

 

Jean a le profil d’un futur bon officier. Son niveau d’études est élevé, mais il est bien trop jeune et sans expérience militaire solide pour être directement nommé sous-lieutenant.  Il doit donc se former.

 

Le caporal Loubignac est admis comme élève aspirant en exécution de la circulaire ministérielle du 20 décembre 1915 n° 8742. Il  est mis en subsistance au centre de Joinville-le-Pont à compter du 18 janvier 1916. Jean Loubignac est nommé sergent le 1er avril 1916. Il  termine sa formation le 5 mai avec cette note du commandant du centre d’instruction :

 

« Intelligent et travailleur, Loubignac a tiré grand profit de l’enseignement donné au centre. Très sérieux, il a fait preuve de ténacité, de volonté dans l’accomplissement de sa tâche. Il possède des qualités de sang-froid et de bon sens. Bonne constitution et grande endurance. Très apte au commandement d’une section. »

 

Parti en renfort le 21 mai 1916, il retrouve son ancienne unité en Champagne. Le régiment occupe un secteur situé entre les buttes de Tahure et de Mesnil.

 

 

En août 1916, le 149e R.I. est envoyé dans la Somme après une période d’entraînement effectuée du côté de Châlons-sur-Marne.

 

 

Le 4 septembre 1916, L’aspirant Loubignac participe à la prise du village de Soyécourt dans le département de la Somme. Il est cité à l’ordre de la division pour sa belle conduite au feu.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Barricade devant l'eglise de Soyecourt à la veille de l'attaque du 4 septembre 1916

 

Une décision ministérielle du 8 décembre 1916 entraîne sa nomination de sous-lieutenant à titre temporaire dans l’armée active à compter du 1er décembre 1916.

 

Le 13, le lieutenant-colonel Gothié lui confie le commandement d’une section de sa 1ère compagnie. Début janvier 1917, cette compagnie passe sous les ordres du lieutenant Illhé.

 

 

Jean Loubignac doit à nouveau se former. Il effectue un premier stage sur la manipulation et l’utilisation du fusil mitrailleur du 10 au 17 janvier 1917. Il effectue un second stage consacré au fusil R.S.C. (fusil automatique modèle 1917) du 1er au 8 mai, puis un dernier autour du F.M. du 12 au 21 juillet 1917.

 

Le 29 septembre 1917, le lieutenant-colonel Boigues évalue son subordonné :

 

« Jeune officier qui a de l’allant, de la bonne volonté et paraît susceptible de très bien faire. »

 

Une décision ministérielle en date du 13 novembre 1917 le fait passer dans la catégorie des officiers de réserve à titre temporaire à compter du 1er septembre 1917.

 

Le 23 octobre, c’est la bataille de la Malmaison ; Jean Loubignac assure, avec sa section, la liaison avec la division voisine. Il est cité à l’ordre du C.A. pour ses actions. Son chef de compagnie, le lieutenant Illhé, a trouvé la mort au cours des combats.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la bataille de La Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Bataille de la Malmaison

 

Le sous-lieutenant Loubignac est noté par son chef de corps de la manière suivante : « S’est très bien montré, le 23 octobre et a beaucoup gagné en jugement et en maturité d’esprit. Fait, en résumé, un très bon chef de section donnant toute satisfaction. »

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe des tranchées autour du Violu, dans le département des Vosges. La 1ère compagnie est sous l’autorité du capitaine Quinot. Jean Loubignac obtient une seconde étoile d’argent sur sa croix de guerre pour avoir tué, au corps à corps, un officier allemand au cours d’une embuscade le 19 février.

 

Le 28 mai 1918, le 149e R.I. est appelé de toute urgence dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive dans le département de l’Aisne. Les combats sont violents, l’ennemi réussit sa percée, il faut à tout prix la stopper.

 

Jean Loubignac est blessé au cours d’une action menée près de Cuiry-Housse. Une balle lui a traversé la cuisse à proximité du genou.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 28 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Cuiry Housse 2013

 

D’abord soigné à l’hôpital auxiliaire n° 5 d’Orléans, Jean Loubignac est ensuite envoyé à l’hôpital complémentaire n° 95 de Chamalières, dans le Puy-de-Dôme (au regard des informations disponibles, il est impossible d’en dire plus sur cette période de sa vie).

 

Jean Loubignac est promu sous-lieutenant à titre définitif par décret présidentiel du 18 août 1918 (J.O. du 22 octobre 1918).

 

Début novembre 1918, le lieutenant-colonel Vivier écrit ceci : « Bon chef de section, beaucoup d’entrain et de commandement. Blessé le 28 mai, n’a pas reparu. »

 

Le sous-lieutenant Loubignac est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire par décision ministérielle du 5 décembre 1918 et par application de la loi du 10 août 1918 à compter du 1er décembre 1918 (J.O. du 19 décembre 1918).

 

Le lieutenant Loubignac est détaché à la légion d’Orient. Il est chargé de l’encadrement des nouvelles unités arméniennes. Embarqué à Marseille, il rejoint la base française de Beyrouth. En mars 1919, il est au 415e R.I. à Beyrouth.

 

Arrivee du 415e R

 

En juin 1919, il est affecté à la compagnie de dépôt du 4e arménien, provisoirement chargé du détachement des résiliés arméniens internés au "fondouk de la marine" par mesure de discipline. Il s’embarque avec eux pour Port-Saïd.

 

La date de son retour en France n’est pas connue. Le lieutenant Loubignac est envoyé en congé illimité de démobilisation le 14 octobre 1919 (9e échelon). Il se retire à Xertigny.

 

Fin février 1920, il vit à Paris, rue Albert de Lapparent. Ce changement d’adresse le rattache au dépôt divisionnaire du 23e R.I.C..

 

La commission de réforme de Boulogne-sur-Seine du 26 mars 1920 lui propose une pension temporaire de 20 % pour les séquelles de ses blessures de guerre.

 

Un avis du gouverneur de Paris en date du 4 septembre 1920 le fait réaffecter au 149e R.I..

 

Le 9 septembre, le lieutenant Loubignac est évalué par le chef de corps du régiment, le lieutenant-colonel Lecoanet : «  A montré au cours de la campagne des qualités d’initiative et de courage qui se sont spécialement affirmées lors d’une embuscade d’où, par son sang-froid, il est sorti vainqueur. A ramené le corps d’un officier ennemi dans nos lignes, ce qui a permis une précieuse identification. »

 

Jean Loubignac est nommé lieutenant à titre définitif par décret en date du 6 décembre 1918 à compter du 1er décembre 1918.

 

Il est proposé pour une pension temporaire d’invalidité à 50 % pour séquelles de séton épaule droite, rudesse respiratoire des deux côtés, séquelle de balle en séton à la cuisse droite (décision de la commission spéciale de réforme d’Épinal en date du 29 juillet 1921).

 

Le lieutenant Loubignac est temporairement inapte au service. Il vit a Paris 29 rue Palonceau en décembre 1922.

 

Le 149e R.I. est dissous le 10 novembre 1923. Jean Loubignac est rattaché au 27e régiment de Tirailleurs (décision ministérielle du 7 décembre 1923 -J.O. du 9 décembre 1923) avant d’être muté au 17e régiment de Tirailleurs (décision ministérielle du 21 décembre 1923 -J.O. du 22 décembre 1923).

 

Il est mis hors cadres fin octobre 1924 (décision ministérielle du 28 octobre 1924 et application de l’article 2 § 2 du décret du 31 août 1878).

 

Le 4 mars 1926, Jean Loubignac épouse Marguerite Marie Magné de Lalonde à Saint-Mandé, dans le département du Val-de-Marne. Le couple ne semble pas avoir eu de descendance.

 

Les anciennes blessures de guerre de Jean Loubignac sont de nouveau examinées par la commission de réforme. Un procès verbal très détaillé de la commission de Paris, datant du 7 mai 1926, valide une pension d’invalidité permanente à 50 % pour les raisons suivantes :

 

Séquelles de blessure de l’épaule droite par balle avec atteinte de l’hémithorax correspondant. Entrée du projectile au niveau de la partie moyenne du deltoïde, cicatrice de sortie partie moyenne du bord externe de l’omoplate. Craquements articulaires ; limitation à 90° des mouvements d’abduction et d’élévation de l’épaule. Légère amyotrophie des muscles de l’épaule.

 

Au point de vue pulmonaire : signes de sclérose du sommet droit, respiration rude et légère.

 

Au membre inférieur droit : cicatrice de blessure par balle au 1/3 inférieure de la cuisse, face interne, mesurant 5 centimètres sur 4, avec petite perte de substance musculaire. Hyperesthésie au dessous de la cicatrice. Fatigabilité.

 

Reliquats d’entérocolite, accuse des alternatives de diarrhée prédominantes et de constipations. 

 

Sa carrière militaire prend fin le 18 octobre 1926. Il a 32 ans.

 

Decorations Jean Loubignac

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 155 en date du 7 septembre 1916 :

 

« Au cours de l’attaque d’un village, le 4 septembre 1916, a fait preuve des plus belles qualités de chef. A entraîné brillamment sa section à l’assaut et a puissamment contribué à l’organisation des positions conquises. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 175 en date du 8 novembre 1917 :

 

« Jeune officier d’un allant superbe, le 23 octobre 1917, chargé d’une mission des plus délicates, s’en est acquitté avec une énergie et une intelligence, au-dessus de tout éloge, contribuant largement à assurer la liaison avec sa division et de la division voisine, déjà blessé et cité. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 287 en date du 23 février 1918 :

 

« Le 19 février 1918, à la faveur d’une embuscade audacieuse et habilement préparée en plein jour et à 20 mètres de l’ennemi, a tué un Allemand en corps à corps et a permis une précieuse identification. »

 

Citation à l’ordre de la VIe  Armée n° 587 en date du 10 juin 1918 :

 

« Officier d’un calme et d’un sang-froid étonnant. S’est tout particulièrement distingué le 28 mai 1918, au cours de l’attaque d’un point d’appui ennemi, en progressant sous un feu violent et capturant des prisonniers et des mitrailleuses. A gagné son objectif sur lequel il fut blessé. »

Chevalier de la Légion d’honneur du 16 juin 1920 :

 

« A montré au cours de la campagne des qualités d’initiatives et de courage. S’est particulièrement distingué le 28 mai 1918, au cours de l’attaque d’une position ennemie, deux blessures, plusieurs citations. »

 

Jean Loubignac et Marguerite Marie Magné de Lalonde divorcent le 1er mai 1939.

 

Il meurt le 2 décembre 1957 dans son appartement parisien, situé 84 avenue de Versailles, à l’âge de 63 ans.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule du père lue sur le site des archives départementales de la Corrèze.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Carte de la Syrie « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France »

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à V. Quevaine, à A. Carobbi, à I. Holgado, à M. Porcher, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

25 novembre 2022

Paul Maurice Porte (1868-1943)

Paul Maurice Porte

 

Paul Maurice Porte voit le jour le 27 octobre 1868 aux Pennes-Mirabeau, une petite commune située dans le département des Bouches-du-Rhône.

 

Son père, Jean Baptiste Léon, 28 ans, travaille comme menuisier. Sa mère, Antoinette Rosalie Roux, mère au foyer, est âgée de 27 ans.

 

Paul est le 5e enfant d’une fratrie composée de 4 filles et de 5 garçons. Deux d’entre eux décèdent au cours de la petite enfance.

 

Paul Porte passe toute sa jeunesse aux Pennes-Mirabeau, rue de la Fontaine.

 

Les Pennes-Mirabeau

 

Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Pour gagner sa vie, l’adolescent apprend le métier de menuisier, probablement dans l’entreprise où son père est employé.

 

L’année de ses 20 ans, Paul Porte est inscrit sur la liste de recrutement de la subdivision d’Aix (n° 829 au registre matricule) avec le billet de tirage n° 47 du canton de Gardanne. Dans le cadre de la loi Cissey du 27 juillet 1872, ce petit numéro lui impose une période de cinq ans sous les drapeaux.

 

Le jeune homme ne souhaite pas passer sa vie à travailler le bois. En octobre 1888, il est en Bretagne dans la région de Vannes. La raison pour laquelle il se trouve dans un département aussi éloigné de son village natal, à l’approche de la conscription, n’est pas connue.

 

Le 27 octobre 1888, Paul se rend à la mairie de la préfecture du Morbihan, place de l’Hôtel de Ville, pour contracter un engagement volontaire. Il choisit de porter l’uniforme durant les cinq années suivantes. 

 

Le jour de ses vingt ans, Paul Porte rejoint la caserne La Bourdonnaye où cantonne le 116e R.I..

 

Le 6 avril 1889, il intègre l’harmonie du régiment. Paul a certainement appris la musique durant ses jeunes années. Malheureusement pour nous, il a été impossible d’identifier l’instrument maîtrisé par ce soldat. 

 

Son statut de musicien lui permet d’être commissionné à compter du 24 septembre 1891. Paul Porte peut rester dans l’armée sans avoir à signer de nouveau contrat durant la période où il se trouve sous ce régime.

 

Pour en apprendre davantage sur les commissionnés, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Paul Porte est nommé sous-chef de musique à compter du 19 août 1895. Cette promotion impose un changement d’affectation. Il est muté au 87e R.I. de Saint-Quentin.

 

Sa position de commissionné prend fin le 6 novembre 1895.  Pour rester dans l’armée, il signe un nouvel engagement de cinq ans avec prime. Celui-ci prend immédiatement effet.

 

Le 27 décembre 1897, Paul Porte épouse Francine Le Chevalier, une Bretonne âgée de 25 ans, originaire de l’Île aux Moines. Cette femme est déjà mère d’une fille et de deux garçons. Paul reconnaît les trois enfants.

 

Genealogie famille Porte

 

Une décision ministérielle du 5 mai 1899 entraîne son affectation à l’école d’artillerie du 2e C.A.. Paul Porte devient sous-chef de la musique du 17e R.A.C.. Il a dû passer un concours de niveau national pour obtenir ce grade.  

 

Le 12 octobre 1900, il signe à nouveau pour une durée de deux ans à compter du 6 novembre de la même année.

 

Le 23 novembre, il passe à l’école d’artillerie du 15e C.A. suite à une nouvelle décision ministérielle. Le sous-officier Porte est muté au 38e R.A.C., un régiment qui tient garnison à  Nîmes.

 

Son passage dans cette unité est marqué par plusieurs punitions.

 

 

 

 

Le contraste est net avec ses attitudes lorsqu'il change d'affectation . Son dossier ne comporte plus de sanctions jusqu’à la mobilisation en août 1914.

 

Le 27 septembre 1902, il est commissionné pour la seconde fois de sa carrière. Ce statut prend effet le jour où son dernier contrat prend fin.

 

Paul Porte est nommé chef de musique de 3e classe le 19 octobre 1903. Sa carrière se poursuit par un retour dans l’infanterie avec une affectation au  130e R.I. de Mayenne.

 

Deux ans plus tard, le sous-lieutenant Porte est promu chef de musique de 2e classe. La nomination dans ce grade est également faite après une admission à un concours de niveau national.

 

Le 14 novembre 1907, un article de presse publié à la une du quotidien  « Le Journal » évoque un fait divers impliquant le chef de musique Porte.

 

« Le lieutenant de réserve Biville qui refusa, il y a quelques semaines, à Caen, de porter le drapeau de son régiment, aurait eu une manière de précurseur, dans la personne du chef de musique du 130e R.I. en garnison à Mayenne.

 

Les faits remontent au mois de septembre dernier. Ceux qui en eurent connaissance gardèrent d’abord une discrétion prudente, puis la dénonciation d’un soldat ayant provoqué, ces jours-ci, une enquête de la part du colonel, ils durent finalement parler.

 

J’ai pu joindre un des témoins de ce nouveau scandale qui je le hâte de le dire, paraît bien plus le résultat d’un accès de mauvaise humeur passagère que la manifestation réfléchie d’un état d’esprit regrettable.

 

À la fin de septembre dernier, m’a déclaré mon interlocuteur, le 130e d’infanterie effectuait, avec le 124e, des manœuvres de brigade dans le département de la Sarthe. Un matin, après une longue étape, nous étions à Cheville, commune de l’arrondissement de La Flèche. Tandis que les hommes, harassés de fatigue, se hâtaient vers leurs cantonnements, l’ordre fut donné à la musique d’accompagner, comme de coutume, le piquet d’honneur, chargé de la garde du drapeau, jusqu’à l’endroit où l’emblème devait être déposé. C’était en l’espèce, la demeure d’un ancien officier du régiment, située à environ 1500 mètres du village.

 

La perspective de cette étape supplémentaire, après plusieurs heures de marche, fut-elle si désagréable au chef de musique, qu’il ne sut modérer l’expression de son mécontentement ? Toujours est-il que quelques-uns de ses musiciens l’entendirent proférer ces paroles : «  C’est embêtant d’avoir encore à reconduire ce chiffon ! » Nous nous regardâmes avec surprise. Personne, cependant, ne souffla mot et, au signal, on se mit en route.

 

Plus d’un mois se passa sans que les musiciens fissent, autrement qu’entre eux, allusion à l’incident de Cheville. Le 2 novembre, l’un d’eux, nommé Hourrière, originaire de la Mayenne, désirant se rendre chez ses parents, à Ernée, demanda une permission à M. Porte. Ce dernier la lui refusa, parce qu’il avait encouru une punition peu de temps auparavant.

 

Il s’ensuivit, entre le soldat et l’officier, un colloque assez vif :

 

Vous me refusez ma permission ; eh bien ! je verrai le colonel et je lui répéterai ce que vous avez dit du drapeau.

 

Vos menaces, riposta M. Porte, ne me feront pas céder, et puisque vous voulez voir le colonel, vous le verrez. J’exige que vous le voyiez !

 

 Le colonel Michel, du 130e, saisi de l’incident ouvrit aussitôt une enquête. Il entendit le sous-chef de musique, M. Lotterie, et quatre soldats musiciens qui confirmèrent que leur chef avait, en effet, à Cheville, dans un mouvement d’humeur, qualifié le drapeau de chiffon.

 

Il ne restait plus qu’à recueillir les explications de M. Porte.

 

-  Quand on nous commanda, déclara-t-il, d’aller accompagner le drapeau, j’entendis des murmures de mécontentement dans les rangs de mes hommes. Me tournant alors vers eux, je leur dis : «  Que voulez-vous, c’est embêtant, mais il faut pourtant bien reconduire le drapeau ! » Pour ce qui est du mot « chiffon », j’affirme ne pas l’avoir prononcé. Un tel langage serait en opposition avec les sentiments que j’ai professés pendant toute ma vie.

 

Le colonel jugea cependant la précision des témoignages contraires suffisamment accablante pour infliger, à la date du 4 novembre, quinze jours d’arrêt de rigueur au chef de musique et saisir de l’incident le général commandant le 4e corps d’armée au Mans. Quant à Hourrière, le dénonciateur, il fut cassé de son emploi de musicien et envoyé en disgrâce à la 4e compagnie du 130e régiment de ligne à Domfront.

 

La mesure prise contre M. Porte et les motifs qui l’ont provoquée ne sont encore connus à Mayenne que de rares initiés. Ceux-ci s’en montrèrent d’ailleurs fort étonnés.

 

Le chef de musique, qui compte vingt années de services et dont c’est la première punition, passait en effet pour un bon officier, doublé d’un excellent père de famille. Tout au plus, lui reproche-t-on, quelques accès de vivacité fantasque. Sa carrière, on l’a vu, pourrait fort bien s’en trouver compromise.

 

R. Sabatier envoyé spécial du quotidien « Le Journal ». »

 

Cet évènement est probablement à l’origine de sa mutation précipitée au 149e R.I.. En effet, une décision ministérielle datant du 25 janvier 1908 l’affecte d’office dans cette unité.

 

 Peu de temps après son arrivée à la caserne Courcy, le chef de corps rédige ceci sur le relevé de notes de son subordonné :

 

« Vient d’arriver au régiment. A pris la musique dans de bonnes conditions, la maintient dans ses traditions artistiques et de discipline. Paraît animé d’un bon esprit, très correct, artiste et militaire fera très bien.

 

Tient bien sa musique, et au point de vue artistique et au point de vue disciplinaire. Actif, énergique, bon chef de musique, le colonel peut compter absolument sur lui. Il n’a que des éloges à lui adresser. »

 

Deux ans plus tard, il écrit «Secondé parfaitement par son sous-chef de musique qui est infatigable, toujours présent, M. Porte, chef de musique, tient fort bien ses musiciens, les instruit et les éduque de façon à avoir une bonne troupe homogène constituant une bonne musique militaire. Bon administrateur, apte à faire campagne. »

 

Musique du 149e R

 

En 1913, le colonel Menvielle note ceci : «S’occupe toujours de la direction technique de la musique avec le plus grand dévouement et avec compétence, obtient de bons résultats. Déférent et discipliné, exécute consciencieusement les ordres de ses chefs. Brave homme et bon chef de musique. »

 

Le 10 octobre, il  ajoute :

 

« Le chef de musique Porte continue à mériter les bonnes notes qui lui ont toujours été données depuis son arrivée au 149e R.I.. Malgré qu’il ne possède comme personnel que des éléments très inférieurs, il arrive à avoir une musique jouant très convenablement dans les concerts et connaissant un choix assez grand de pas redoublés Travaille beaucoup et obtient des résultats satisfaisants. »

 

Paul Porte est promu chef de musique de 1ère classe le 21 mai 1914.

 

Chef de musique en campagne

 

Le capitaine Porte est toujours à la tête de la musique du 149e R.I. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Il quitte la caserne Courcy le 1er août en direction de la frontière.

 

Le chef de musique est responsable du relèvement des blessés sur le champ de bataille. Le capitaine Porte organise au mieux avec ses musiciens leur évacuation vers les postes de secours les plus proches.

 

Totalement éreinté, il tombe rapidement malade. Le 2 septembre 1914, Paul Porte est évacué vers l’arrière quelques jours avant les attaques de Souain où le 149e R.I. s’est illustré.

 

Le chef de musique du régiment spinalien est pris en charge à l’hôpital temporaire de Nevers n° 41 du 16 au 26 septembre 1914.

 

Une fois rétabli, cet officier retrouve son unité à la fin du mois d’octobre 1914. Il passe toute l’année 1915 en Artois.

 

Le chef de musique Porte est mis à la disposition de la brigade russe installée au camp de Mailly entre le 5 et le 28 juin 1916. Le mois suivant, il bénéficie d’une permission du 21 au 29 juillet inclus.

 

Paul Porte s’apprête à fêter ses 48 ans. Les années passées à proximité de la ligne de front l’ont beaucoup diminué. Sa condition physique ne lui permet plus de commander ses musiciens-brancardiers. Totalement épuisé, il est retiré du front.

 

Le 26 septembre 1916, il est au dépôt du 149e R.I.. Le 12 octobre, il entre à l’hôpital Saint-Maurice à Épinal qu’il quitte le 22 novembre.

 

Le 5 janvier 1917, le capitaine Porte est mis en non-activité pour retrait d’emploi. Il est impossible de savoir ce qu’il a fait à partir de cette date.

 

Le 20 avril 1919, il est mis d’office à la retraite au titre de l’ancienneté de services. Le 15 mai 1919, le chef de musique est définitivement rayé des contrôles de l’armée active.

 

Domicilié à Marseille, 1 rue de l’harmonie, l’ancien chef de musique du 149e R.I. décède à Nice, 4 rue Maraldi, le 18 mars 1943 à l’âge de 75 ans.

 

Les éventuelles décorations obtenues par cet officier n’ont pas été retrouvées.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Porte, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet - Copie

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1914 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F. Durand, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

18 novembre 2022

Du 15 au 16 octobre 1916

P

 

Le 149e R.I. a quitté la région de Beauvais le 12 octobre en camions automobiles. Deux bataillons du régiment se sont installés à Démuin. Un bataillon est parti cantonner à Harbonnières, dans le sud du département de la Somme.

 

15 octobre 1916

 

Dans la nuit du 14 au 15, deux bataillons du 149e R.I. se mettent en route pour en remplacer deux autres du 158e R.I. montés en 1ère ligne. Un bataillon prend position au Bram Satyre, l’autre au bois des Fermes.

 

Secteur bois des Fermes et bois du Satyre

 

Itinéraire : Marcelcave, Wiencour-l’équipée, Guillaucourt, Harbonnières, Framerville, Foucaucourt.

 

Communes traversees par le 149e R

 

La troupe quitte Démuin à 15 h 00 et Harbonnières à 18 h 00.

 

Le 149e R.I. est sur le point de remplacer le 17e R.I. (25e brigade) dans la zone des combats.

 

16 octobre 1916

 

Le 31e B.C.P. (86e brigade) et le 149e R.I. (85e brigade)  se préparent à relever la 25e brigade. Ils ont reçu l’ordre de venir occuper un secteur divisé en quatre sous-secteurs. Le sous-secteur A est déjà tenu, depuis la veille, par un bataillon du  158e R.I..

 

Le croquis suivant, réalisé quelques jours avant les mouvements de relèves, est extrait du J.M.O. de la 25e brigade. Il indique les emplacements des sous-secteurs et le positionnement des unités de cette brigade.

 

 

Mouvements de relèves dans la nuit du 15 au 16 octobre 1916

Au 31e B.C.P.

 

Le 31e B.C.P. relève le 21e B.C.P. (25e brigade) dans le sous-secteur B (3 compagnies en 1ère ligne et 2 compagnies en soutien). Les chasseurs s’installent dans la tranchée Pèle Mèle entre les points 916c et 916e face à l’est.

 

Le 20e B.C.P. (25e brigade) reste sur place. Il occupe le talus organisé jusqu’au point 6694.

 

Au 149e R.I.

 

Le 1er bataillon du 149e R.I. relève le bataillon de 1ère ligne du 17e R.I..

 

Le 3e bataillon du 149e R.I. relève le bataillon de soutien du 17e R.I..

 

Le 2e bataillon du 149e R.I est à Bram Satyre en réserve de division.

 

La relève des compagnies de mitrailleuses a lieu en même temps que les bataillons auxquelles elles sont rattachées.

 

Le commandement du sous-secteur est confié au lieutenant-colonel Pineau, responsable du 149e R.I.. Il s’installe au P.C. du château de Deniécourt.

 

Secteurs occupés par le 149e R.I.

 

Positions approximatives des 20e, 31e B

 

Au 1er bataillon du 149e R.I.

 

Les compagnies, sous les ordres du capitaine de Chomereau, sont dans la tranchée Poypoy et dans les vergers de la sucrerie, face au sud-est. Trois demi-sections (une par compagnie) poussent jusqu’à la voie ferrée. Une forte patrouille, envoyée à la corne nord-ouest du bois Bauer, fait reculer un groupe d’Allemands.

 

Le dispositif est fragile. Les postes occupés par les trois demi-sections de la voie ferrée ne sont pas reliés entre eux. La véritable ligne de résistance va se situer entre le point 916c et le talus organisé en passant par 6192 et les vergers de la sucrerie.

 

Le contact avec l’ennemi n’a pas été établi. Les Allemands occupent le boyau 6187 – 915. Leurs patrouilles restent à la lisière sud du bois Bauer.

 

La région comprise entre la sucrerie et le boyau 6187 – 915 forme une zone neutre où les patrouilles circulent timidement.

 

De gros efforts physiques sont demandés aux hommes. La tranchée Poypoy doit être consolidée. Il faut creuser un boyau de 80 m pour relier la compagnie du centre à la compagnie de droite. Ce boyau est aménagé en tranchée sur une distance de 25 m.

 

La tranchée des Germains, à la droite du bataillon, est aménagée.

 

La mise en état défensif du secteur est difficile et pénible. Les hommes activent les pelles et les pioches pour creuser un boyau de communication allant jusqu’à la sucrerie. Les deux itinéraires possibles pour rejoindre la sucrerie, en attendant la réalisation de ce boyau, sont particulièrement exposés aux tirs de l’artillerie ennemie. Seuls quelques isolés ont l’autorisation de les pratiquer. Le marmitage est presque continu sur la sucrerie entre 16 h 00 et 20 h 00.

 

Tous ces travaux nécessitent une main-d'œuvre supplémentaire. La 11e compagnie du bataillon de soutien est envoyée pour aider aux travaux.

 

Le bois Bauer, occupé par un simple petit poste, n’est plus qu’une expression géographique. Il n’existe plus que sur la carte.

 

Au 3e bataillon du 149e R.I.

 

 

Le 3e bataillon du 149e R.I., commandé par le capitaine Beaugier, relève le 3e bataillon du 17e R.I.. Il  est en soutien.

 

Aucun mouvement suspect n’est constaté du côté de l’ennemi. Le secteur est calme. L’artillerie reste silencieuse. Le chef de bataillon s’installe dans son P.C. à 6104.

 

La 9e compagnie occupe la tranchée des Tilleuls, la 10e compagnie la tranchée Sans-Gène et la 11e compagnie la tranchée du Valet.

 

La 3e compagnie de mitrailleuses s’installe dans la tranchée du Biniou.

 

La photographie suivante nous fait découvrir les restes d’un avion français à proximité de la tranchée des Tilleuls. Les soldats du 149e R.I. ont-ils assisté à un combat aérien aboutissant à un atterrissage en catastrophe de l’appareil ? Cet avion était-il déjà sur place avant leur arrivée ? Les réponses à ces questions ne sont pas connues.

 

Avion français abattu devant la tranchée Tilleul-16 octobre 1916

 

La tranchée du valet doit être aménagée. Un éboulement est relevé dans la tranchée des Tilleuls. La tranchée Sans-Gène est nettoyée et réparée. Il faut également construire des feuillés et de nouveaux abris.

 

Dans la soirée, la 11e compagnie est envoyée en 1ère ligne. Elle apporte son aide au 1er bataillon pour les travaux défensifs.

 

Au 2e bataillon du 149e R.I.

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. s’installe à Bram Satyre en réserve de division.

 

Les abris de Bram-Satyre sont nettoyés et aménagés.

 

Une vingtaine de musiciens brancardiers rejoignent le P.S. à 15 h 00.

 

Un sergent et 8 hommes de la 5e compagnie, de service au conseil de guerre de la 43e D.I., s’égarent en voulant rejoindre leur unité. Ils  arrivent dans le secteur vers 18 h 00.

 

Le 3e B.C.P. se prépare à relever le 20e B.C.P..     

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5

 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  292/4

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12

 

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3

 

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/7

 

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2

 

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 826/27

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

La photographie représentant le P.C. du lieutenant-colonel Pineau provient du fonds Valois consultable sur le site de la Contemporaine.  

 

Le croquis et les fonds des deux dernières cartes sont extraits du J.M.O. de la 25e brigade.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

4 novembre 2022

Du 12 au 14 octobre 1916

du 12 au 14 octobre 1916

 

Les éléments de la 43e D.I., à l’arrière depuis le 23 septembre dans la région de Beauvais, se préparent à faire mouvement pour gagner la zone des combats de la 13e D.I., division sœur du 21e C.A., dans le département de la Somme.

 

12 octobre 1916

 

Le 149e R.I. quitte ses lieux de repos pour prendre la direction de Noirémont après avoir été ravitaillé par le T.R..

 

13 octobre 1916

 

Les hommes du lieutenant-colonel Pineau quittent Noirémont à 7 h 00 pour aller cantonner à Sauvillers-Mongival.

 

Carte 1 - journee du 13 octobre 1916- de Noiremont à Quiry-le-sec

 

Ils suivent l’itinéraire : Froissy, Caply, Beauvoir, Tartigny, Quiry-le-Sec, Esclainvillers, Aihval, Septroupe.

 

Carte 2 - journee du 13 octobre 1916 - de Quiry-le-Sec à Sauvillers-Mongival

 

14 octobre 1916

 

Le régiment vosgien laisse derrière lui Sauvillers-Mongival. Il passe par Moreuil pour gagner Démuin. Un bataillon du 149e R.I. va cantonner à Harbonnières.

 

14 octobre 1916 - de Sauvillers-Mongival à Moreuil et Harbonnières

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

21 octobre 2022

De la Somme à l’Oise, un très bon festin entre camarades

Un bon festin

 

Le 149e R.I. vient de reprendre le village de Soyécourt aux Allemands. Le musicien brancardier Louis Cretin participe au relevage des blessés avant d’apporter son aide aux cuisiniers. Le régiment quitte la Somme pour aller au repos, à proximité de Beauvais.

 

« Le 21, le régiment descend. Le 22, nous allons à Guillaucourt rechercher nos sacs demeurés là avant de monter.

 

Un nouveau colonel arrive au régiment. Il tient à nous faire donner un concert avant d’embarquer dans les camions.

 

Nous descendons à Tillé, près de Beauvais, après avoir traversé Moreuil et Amiens. Sitôt arrivé au repos, notre nouveau colonel passe en revue la musique. Il exige que nous ayons deux tenues afin que celle avec laquelle nous donnons nos concerts soit toujours très propre.

 

Le repos dure jusqu’au 12 octobre et fut bien rempli… Répétitions, concerts (le dimanche au kiosque de Beauvais). Messe en musique, réveil en fanfare, théâtre, défilés, prises d’armes. Notre effectif est porté à 48. La clique est remontée et augmentée également.

 

Notre chef est évacué. Le sous-chef prend la direction provisoirement. Un musicien fait fonction de sous-chef avec le grade de sergent (René Arnould, un parisien). Il forme un orchestre symphonique pour les théâtres et les services religieux.

 

J’ai une petite histoire à raconter concernant cette période :

 

« Nous étions au repos. À chaque descente des lignes, nous étions quelques camarades du même pays qui, naturellement, se recherchaient, heureux chaque fois que le sort nous ramenait au complet.

 

Il y avait Albert Benjamin, un éclaireur monté du 4e chasseurs à cheval, actuellement directeur de tissage au Prey-Le Thillot dans les Vosges et François Briot dit « l’ancien », connu de tout le régiment sous ce surnom. Il était le seul poilu ayant fait toute la campagne sans évacuation ni blessure et pourtant, il n’avait jamais eu le filon, toujours en ligne à la 5e compagnie.

 

Depuis Verdun, il était entré comme mitrailleur à la 2e C.M.. Il fut tué le 4 octobre 1918 à Orfeuil, quelques semaines avant l’armistice sans avoir été touché auparavant.

 

Le troisième, Georges Griesser, un sergent de la 5e compagnie, actuellement commerçant à Saulxures-sur-Moselotte, marié avec une des sœurs de « l’ancien », et mon camarade, Camille Rêches, habitant encore à Saulcy, par la petite Raon dans les Vosges, avec lequel j’étais ami depuis notre incorporation en octobre 1912 à la même compagnie (3e) puis à la musique. Je l’estimais davantage, peut-être parce qu’il était, depuis le mois d’août 1914, sans nouvelles de chez lui. Son pays étant occupé par les Allemands.

 

Avec ce dernier, je partageais, colis, tabac, bidons de pinard. Je l’emmenai même en permission chez moi avant qu’il ne fasse connaissance d’une marraine de guerre, devenue sa femme maintenant.

 

Après les premières attaques de la Somme, nous étions heureux de nous retrouver. Nous décidâmes de faire un petit gueuleton, autrement dit, un réveillon.

 

Dans la ferme où nous étions en cantonnement, il y avait une grande quantité de volailles et de lapins, mais à chacun de nous qui se présentait pour lui acheter ce qu’il aurait bien voulu nous vendre (on n’avait pas de préférence), le patron répondait invariablement qu’il n’avait rien.

 

Sa mauvaise foi ne fit qu’aggraver notre désir ! Un soir après l’appel, on flânait dans la cour où se trouvait une mare dans laquelle se balançait au fil de l’eau un fort groupe d’oies.

 

Le camarade Albert était venu avec un de ses copains, Joseph Antoine, un autre éclaireur. Nous avons fait une manille. Nous causions de l’insuccès de notre partie projetée… quand le camarade Antoine nous dit en montrant les volailles : « Mais ! Et çà ? » sans aucune forme de procès. Il entre dans l’eau, saisit une superbe oie, un jard !, l’étouffe sous sa capote en lui serrant fortement le cou pour l’étouffer sans cris.

 

On plume la bête derrière une haie, assez loin de la ferme pour dépister les recherches s’il y en avait eu.

 

Triomphalement, le lendemain, nous demandons à la boucherie chez qui logeait le peloton des éclaireurs, de bien vouloir nous accommoder cette volaille. Nous lui avons dit, bien entendu, que nous l’avions acheté !

 

Elle ne dut pas être dupe de notre mensonge, car c’est avec le sourire que le lendemain, elle nous servit notre « extra ».

 

C’est égal, nous dit-elle, vous l’avez eu ce vieux grigou, preuve qu’il ne jouissait pas de l’entière sympathie des habitants.

 

Ce fut l’occasion pour nous d’une petite bamboula sans beaucoup de remords. En effet, notre intention première était bien de faire  emplette de ce que nous mangeons de bon appétit ! »

 

Sources :

 

Témoignage inédit du musicien brancardier Louis Cretin (autorisation de publication donnée en 2013 par D. Browarski).

 

Un grand merci à  M. Bordes, à D. Browarski, à A. Carobbi et à T. Cornet.  

21 octobre 2022

Armand Auguste Eugène Niderberger (1878-1914)

Armand Auguste Eugene Niderberger

 

Armand Auguste Eugène Niderberger voit le jour le 11 mai 1878 à Saint-Mandé, dans le département de la Seine.

 

Son père, Célestin Théophile, ancien sergent éclaireur au 1er régiment de la Seine (garde nationale), décoré de la Légion d’honneur, devenu garde forestier au bois de Vincennes, est âgé de 47 ans. Sa mère, Catherine Schmitt, 39 ans, est femme au foyer.

 

Armand est le dernier enfant d’une fratrie composée de trois filles et de deux garçons. Sa sœur aînée, Marie Rosalie, meurt à l’âge de trois ans.

 

Genealogie famille Niderberger

 

Au décès de son père, le 8 mai 1886, Armand, n’a que 10 ans. Son épouse et ses trois plus jeunes enfants obtiennent le versement par l’État d’une pension temporaire, pour la descendance. (J.O. du 16 février 1887).

 

L’avenir des enfants Niderberger s’annonce difficile. La mère n’a pas d’autre choix que de confier ses deux fils aux enfants de troupe. Armand est envoyé à l’école militaire préparatoire de Rambouillet où il bénéficie d’une scolarité encadrée, tout en étant soumis à la discipline militaire. L’adolescent a probablement été initié aux bases du clairon et du tambour durant son séjour dans cet établissement.

 

Le jour de son 18e anniversaire, Armand se rend à la mairie de Rambouillet pour y signer un contrat de cinq ans avec l’armée. Si ce choix n’avait pas été fait, sa famille aurait été dans l’obligation de rembourser à l’ État la moitié des frais d’entretien engendrés par sa prise en charge d’enfant de troupe.

 

Pour en savoir plus sur l’école militaire préparatoire de Rambouillet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Ecole militaire preparatoire de Rambouillet

 

Le 12 mai 1896, Armand intègre les effectifs du 15e B.C.P., un bataillon de chasseurs vosgien installé à la caserne Marion de Remiremont. Son ancien statut d’enfant de troupe et sa signature pour un engagement volontaire de longue durée lui permettent de suivre rapidement la formation des élèves caporaux. Il est nommé dans ce grade le 16 novembre 1896 dès l’âge de 18 ans. 

 

Caserne du 15e B

 

Armand doit maintenant prendre de la maturité pour évoluer dans la hiérarchie militaire. Il est promu sergent le 26 mars 1900.

 

Le 7 juillet, il signe à nouveau pour les cinq années suivantes. Ce contrat prend effet le 11 mai 1901. Il lui donne droit à une prime.

 

Le 25 janvier 1902, Armand Niderberger épouse Marie Jeanne Wacker, une jeune femme originaire de Mulhouse âgée de 19 ans. Marie Jeanne exerce le métier de repasseuse. Une fille, Yvonne Madeleine, naît de cette union le 16 mai 1906.

 

Le 4 avril 1906, Armand signe pour la troisième fois un contrat d’une durée de cinq ans à compter du 11 mai. Ce nouvel engagement entraîne, à partir du 14 juin, son affectation au 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal.

 

La famille Niderberger quitte Remiremont pour venir s’installer à Chantraine, une petite commune attenante à la préfecture des Vosges.

 

Le 1er septembre 1906, Amand Niderberger est nommé sergent-major tambour. Il est chargé de l’encadrement des clairons et des tambours du régiment.

 

Tambours et clairons

 

Le 1er décembre 1910, le chef de corps du 149e R.I. décide de le commissionner à compter du 11 mai 1911. Le tambour-major Niderberger ne signe plus de contrats avec l’armée à partir de cette date. Le 25 janvier 1912, il fait l'objet d'une parution au J.O. en tant qu'inscrit sur une liste de candidats aux emplois réservés.

 

Les tambours et les clairons - annee 1911

 

Armand Niderberger est nommé adjudant tambour-major le 19 avril 1913.

 

Début août 1914, la guerre contre l’Allemagne ne peut plus être évitée. Le 149e R.I., régiment de réserve des troupes de couverture, doit rejoindre au plus vite la frontière allemande. Les clairons et les tambours du régiment sont toujours sous la responsabilité du tambour-major Niderberger.

 

Sorti indemne des combats du mois d’août 1914, il ne survit pas aux attaques de septembre qui se déroulent autour et dans le village de Souain. L’adjudant de la C.H.R. Niderberger est tué sur le champ de bataille le 14 septembre 1914. Les circonstances de sa mort ne sont pas connues. Il a fallu attendre le 16 août 1917 pour que le tribunal de Joinville-le-Pont acte son décès.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Souain

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle portant le nom de ce sous-officier.

 

Son nom a été inscrit sur les monuments aux morts de la ville de Joinville-le-Pont et de la petite commune de Chantraine.

 

Decorations adjudant tambour-major Niderberger

 

Armand Niderberger a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (publication dans le J.O. du 7 juin 1921).

 

« Sous-officier énergique et dévoué. Glorieusement frappé, le 14 septembre 1914, en entraînant sa section à l’attaque du village de Souain. »

 

Cette décoration lui donne également droit au port de la croix de guerre avec étoile d’argent.

 

Sources :

 

Les actes d’état civil et la fiche matricule de l’adjudant Niderberger ont été consultés sur le site de la ville de Paris. 

 

Le registre de recensement de la commune de Chantraine pour l’année 1911 a été lu sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, J.F. Durand, aux archives départementales des Vosges et aux archives de la ville de Paris.

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