Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

Archives
7 novembre 2014

Capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André, en direction d'Abreschviller...

Une_demi_section_de_la_8e_compagnie_du_149e_R

Les hommes du capitaine de Chomereau de Saint-André viennent de subir le baptême du feu le 9 août.

Les pertes de la 8e compagnie sont importantes. À peine le temps de se remettre de ses émotions qu’il faut déjà penser à reprendre la route. De longues marches attendent ces hommes les jours suivants.

Un nombre conséquent de soldats du 149e R.I. est obligé de récupérer des sacs allemands sur le champ de bataille pour remplacer ceux qui ont été perdus. Une grave faute que l’ennemi leur fera durement payer !  

Un très grand merci à T. de Chomereau pour son autorisation de publier ici la suite du témoignage laissé par son grand-père.

Bandeau_Wisembach

10 août 1914

Réveil au petit matin. Les officiers ras­semblent leur unité. Toute la nuit des isolés ont rejoint. Appels.

J’ai perdu cinquante-deux hommes et ma compagnie est la plus éprouvée après la 1ère, du moins comme soldats. De Sury d’Aspremont, Dezitter, Bedos, de Gail, Laval, etc. tués et cinq cent cinquante hommes tués, blessés, disparus.

Revue et félicitations de Legrand-Girarde qui commande le 21e Corps d’Armée. Grand’halte sur place. Rentrée musique en tête, drapeaux déployés dans le village, superbe !

Le 14e Corps va nous remplacer. Installation à l’entrée du village. Vers une heure, j’ai le temps de télégraphier à Yvonne. Aux environs de deux heures, départ du 2e bataillon pour la Sausse. Le cantonnement est tran­quille.

11 août 1914

 Rien le matin : repos. Le soir, vers trois heures, départ. Cantonnement à un kilo­mètre au sud de Bertrimoutier. On se bat au nord vers Provenchères-sur-Fave, à l’est vers Sainte-Marie.

12 août 1914

Départ de nuit. Première position de rassemblement à un kilomètre au nord-est de Herbaupaire. Vers sept ou huit heures, le régi­ment se ras­semble autour de l’église de Lusse. Avec Coussaud de Massignac, je couvre, face à l’est. Recherche de l’emplacement, installation. Chaleur torride. Le 158, lui, surveille,à notre gauche les débouchés du col d’Urbeis.

Vers dix heures, je suis rappelé. Paisible grande tablée auprès de l’église. Canon vers Sainte-Marie. Notre artille­rie brûle Nouveau-Saales, qui n’est pas tenu. Cantonnement à Colroy-la-Grande. L’ennemi qui, avec une brigade de Landwehr, avait la veille ou l’avant-veille atta­qué Provenchères-sur-Fave, a été bous­culé.

Quartier_de_l_eglise_de_Lusse

13 août 1914

 Repos le matin. Une division du 14e Corps traverse vite, file sur Urbeis et nous avons l’impression d’un fleuve qui coule vers l’Alsace. Départ vers treize ou quatorze heures pour Provenchères-sur-Fave. Cantonnement, Legrand-Girarde y est.

Carte_1_temoignage_G

14 août 1914

Offensive générale. Le 14e C.A. à droite par Urbeis, le 21e par Saales, le 13e vers Cirey. Ma division suit la route de Saales. Les chasseurs à pied sont à l’avant-garde, le 149 est derrière (1er et 2e bataillons, le 3e garde à droite).

Le 3e bataillon es­carmouche et perd le commandant Didierjean. Le 109 est à gauche, il marche sur Plaine et sur le Donon avec le reste de l’autre division. On bute sur le barrage Plaine – Diespach – Saint-Blaise-la-Roche. Le 109, laissé sans artillerie contre Plaine, est abîmé. Notre avant-garde s’engage. Le 149/1 et deux ba­taillons sont en réserve du débouché du col. Quelques coups longs arrivent sur nous, entas­sés dans la gorge. Heureusement, l’ennemi est occupé ailleurs. Notre artillerie, péniblement, prend position et alors c’est un écrasement de l’ennemi qui se sauve affolé et se rend en masse, laissant tout.

Nous oublions vite l’impression violente produite par quelque 105 Allemands. Nous la retrouvons trop tôt ! Les 1er et 2e ba­taillons gagnent Saint-Blaise-la-Roche. Je reste, soutien d’ar­tillerie,et arrive à nuit noire à Saint-Blaise-la-Roche. Brillant succès.

Vers neuf heures du matin, pourtant cela n’allait pas, paraît-il ! Et le 14e Corps est aussi en retard par la faute de son chef, Pouradier-Duteil. Ma compagnie cantonne au­tour d’une usine, près de la mairie. Je cause avec des officiers prisonniers.

Carte_2_Temoignage_G

15 août 1914

Rassemblement vers cinq ou six heures. Vu et touché le premier drapeau pris aux Allemands (ou bien le 16 août, c’est indiqué dans mes lettres). On va s’installer à quelques kilomètres à l’ouest, le long et au sud de la route de Saales. Rien d’autre. À la fin de la journée, retour à Saint-Blaise-la-Roche. Cantonnement devant la mairie : il pleut.

Saint_Blaise_la_Roche

16 août 1914

Vue du butin, mitrailleuses, etc. Rassemblement avec, comme la veille, une grand’halte, au sud-ouest assez près du village. Attente. Temps pluvieux et arrivée de cinq cent cinquante réservistes et officiers saint-cyriens qui viennent boucher les trous du 9. Ils n’ont ni outils ni campement, pas même de manchons.

On envoie, par compagnie, cinquante hommes et un officier chercher le nécessaire sur le champ de bataille. Il manque aussi beaucoup de sacs perdus à Sainte-Marie et qu’on remplace par des sacs pris à l’ennemi : résultats, les porteurs blessés ou prisonniers seront massacrés par les Allemands. Cantonnement à Diespach. L’ennemi aurait évacué Schirmeck.

Carte_3_Temoignage_G

17 août 1914

Diespach, repos, visite du champ de bataille du 14. Pluie continuelle. Répartition des nouveaux réservistes. Un piano déniché chez l’institutrice nous permet à Coussaud de Massignac et à moi de chanter, accompagnés par les troupiers qui re­prennent en chœur. Nous tenons le Donon. Matinée splendide.

18 août 1914

 Départ à une ou deux heures du ma­tin. Nuit noire, pluie. Arrêt interminable au bout d’une heure. Traversée à Rothau, Schirmeck où nous faisons face au nord. Depuis Saulcy-sur-Meurthe, beaucoup d’entre nous savent par un officier qui est "École des hautes études mi­litaires" que, masquant Molsheim et Strasbourg, toute l’armée fonce sur l’Alsace, puis sur Mayence et le flanc Sud de l’armée allemande de Belgique !

Carte_4_Temoignage_G

Café vers sept ou huit heures à Grandfontaine. Escalade du Donon qui est fortifié : au sommet le 21e Chasseurs. Je retrouve Zuber et Francillart. Grand’halte sur la pente nord. Longue marche par le vallon de Blancrupt et arrêt dans les bois de Turquestein au bord de la Sarre blanche.

Rassemblement. Les hommes sont éreintés, surtout les réservistes arrivés le 16. Canonnade violente au nord. Vers sept heures, ordre de cantonner à Turquestein même. Je suis de jour et pars. Il n’y a pas de village à l’endroit indi­qué !

J’ai du me tromper. Je cherche et finis par m’égarer complètement (je n’ai pas de carte). J’ai donné la mienne à P…, et n’en aurai une autre que le 19, pour la perdre le 21 ! J’arrive enfin à Lafrimbolle, très ennuyé. Je cherche le maire, réquisitionne un guide. À travers les bois, il me précède, la lanterne à la main.

Cette marche, en pays ennemi, perdu dans la forêt, der­rière un in­connu, est fort impressionnante. J’ai l’œil et l’oreille aux aguets. Derrière mon dos, je tiens mon revolver prêt. Mon guide, pourtant, est un vrai Lorrain, tout pareil à ceux de France et qui me dit détester les Allemands. Seulement, il me raconte que Turquestein « ce n’est rien ». Il n’y a que des ruines ! Et moi je pense qu’il ne com­prend pas. J’insiste, lui aussi.

À neuf heures, je crois, nous arrivons sur une route. Je désespère de trouver le village de Turquestein ! Et le régiment qui doit attendre. Misère de sort ! Avant tout, il faut le retrouver… Sur la route : des voitures ! Je cours, les jambes lasses, der­rière eux : c’est du 158 ! D’autres sont plus loin. Je cours tou­jours et, anéanti, à bout de souffle, grimpe sur l’une de ces voitures. C’est du 149 !

Après un instant, je vois des feux à ma gauche et y allant après, je trouve François et Menvielle. C’est le régiment ! Je m’excuse, dis m’être égaré, et Menvielle de répondre : « Ce n’est pas éton­nant, mon pauvre ami ! Turquestein n’existe pas ! l’état-major, à l’aveuglette, a donné des ordres d’après la carte, et Turquestein ce n’est qu’un nom et rien de plus ! Nous y sommes al­lés et le régiment après une heure et demie de marche vaine est re­venu ici ».

Je regarde autour de moi et,malgré l’obscurité, reconnais mon point de dé­part ! Mon guide m’avait mené, par les bois sur le chemin Donon – Turquestein et j’avais refait un peu du trajet de l’après-midi, dans le noir et sans m’en apercevoir.

Ce déplacement inutile du ré­giment (ou plutôt des 1er et 2e bataillons, car le 3e, dont Laure a pris le commandement, est vers Rothau et rejoindra le 19) a achevé l’épui­sement des hommes qui s’endorment — et moi aussi — la cuisine faite à moitié, sous des abris sommaires de sapin, insuffisants contre l’humi­dité (j’ai détaillé ce qui précède, n’ayant, je pense, pu le faire par lettre).

Carte_5_Temoignage_G

Legende_carte_5_temoignage_G

19 août 1914

Réveil de nuit, départ. Marche pas très longue, mais dure pour les hommes exté­nués. Chaleur vive.

À Vasperviller, j’apprends que nous allons donner. C’est fait d’ailleurs. Suivant la voie ferrée, les 1er et 2e bataillons se rassemblent pas loin de la gare durant un ins­tant. P…, détaché auprès du divisionnaire Lanquetot, m’apprend que « tout va bien ». L’armée occupe Sarrebourg. Nous sommes ré­serve générale de l’armée.

Bientôt, après installa­tion (deuxième rassemblement) au nord d’Abre­schwiller, derrière une crête, journée entière de re­pos. Cuisine de ma popote dans les premières maisons le soir.

Moral merveilleux. Pourtant le soir, le canon, très lointain, se rapproche. Des avions allemands survolent sans relâche. Bivouac sur place. Le 3e bataillon rejoint. J’apprends, par un journal allemand trouvé dans une maison, l’échec à Mulhouse.

20 août 1914

 La nuit a été froide. Le canon ap­proche de plus en plus et une vague inquiétude remplace notre sécurité triomphante. Des avions toujours. Dans l’après-midi (on a envoyé les hommes la­ver leur linge) il y aura un brusque départ pour prendre deux positions de rassemblement à proximité. Puis ce sera le départ vers la Valette et le bois de Voyer.

Journée passée en réserve générale d’armée der­rière la crête au nord d’Abreschwiller. La ligne de contact qui, la veille, était au-delà de Sarrebourg, venait insensiblement à nous. Dans l’après-midi, le régiment quitte tout à coup l’em­placement occupé depuis le 19 au matin (des corvées sont organisées pour faire laver le linge à la Sarre et les hommes sont rappelés en hâte, ils re­joignent en tordant leurs chemises).

Après avoir pris un peu à l’est du village diverses positions d’attente, j’assiste au repli des fractions de colo­niaux de la brigade de Lyon très éprouvées, j’ap­prends que le 158 était fortement engagé à droite vers le Soldatenthal. Je vois filer de ce côté le 1er bataillon du 149.

À la nuit, traversée de la crête et marche sur la Valette. Aucune anicroche. Au loin, Biberkirch flambe. Arrêt à la Valette où le 1er bataillon de chasseurs nous croise. Il paraît que nous al­lons le relever.

Nuit noire et entrée à tâtons dans le bois de Voyer. Ordre de garnir la lisière qui sera sûrement attaquée au jour. Déjà une compagnie est déployée, c‘est la 5e compagnie.

Je reconnais à sa droite l’emplacement de deux sections environ, et mène les hommes un à un. Je trébuche dans les ronces. Le reste est à qua­rante pas en arrière. Alerte vers dix heures. On me signale des ombres suspectes qui approchent.

J’ai défendu de tirer sans motif sérieux et j’at­tends aplati par terre, tâchant de distinguer un profil de casque à pointe. Il me semble que le premier bonhomme a une silhouette allemande et je vais lui brûler la cervelle à bout portant. Pourtant, par excès de précaution, je pousse à mi-voix un « Qui vive ! » bref, je constate que j’ai affaire à de malheureux chasseurs égarés et affolés.

Gabriel posant son sac sur ma jument « Égyptienne » a décroché mon tyrolien et nous dînons sans rien y voir, Dargne, lui, moi et le cuisinier Ferrier. Une bouteille de Moselle corse heureusement notre menu. Rien pour mes pauvres troupiers ! Les distributions se font à la Valette, à un kilomètre en arrière et il faut attendre la fin de la nuit, pour que la soupe soit prête.

Pendant ce temps, les Allemands dor­ment,sans doute le ventre plein grâce aux cui­sines roulantes étu­diées chez nous et adoptées chez eux !

Nuit très calme. Au début, les hommes, énervés par le quasi-contact avec l’en­nemi, bavardent et jacas­sent sans que les gradés puissent les faire taire. Ces gaillards-là se croient aux manœuvres et l’indiscipline, base du caractère français, se mani­feste par une belle in­souciance. C’est peut-être très joli à l’occasion, mais dans bien des cas la rigide discipline des Allemands serait préférable. Il faudra quelques le­çons sanglantes pour leur don­ner du sérieux. Je dois en gendarmer dans les broussailles, me re­levant plusieurs fois pour surveiller mes senti­nelles. Vers Biberkirch, on entend des roule­ments, des coups de trompe d’auto. Sûrement qu’il y aura du nouveau au petit jour.

Carte_6_Temoignage_G

À suivre…

Sources :

Témoignage inédit du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André.

La photographie représentant un groupe de soldats est antérieure à août 1914.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau de Saint-André et à É. Mansuy.

31 octobre 2014

Charles Jacques Philippe Coussaud de Massignac (1875-1950).

Charles_Coussaud_de_Massignac

Charles Jacques Philippe Urbain Coussaud de Massignac voit le jour le 1er juillet 1875, dans l’appartement familial qui se trouve au 9 boulevard Flandrin du 16e arrondissement parisien. Son père, Jacques, est un ancien ministre plénipotentiaire âgé de 60 ans. Sa mère, Marie Eugénie Kremer, est une femme âgée de 34 ans.

Appelé sous les drapeaux en 1895, c’est comme simple soldat qu’il va débuter sa carrière militaire.

Le jeune Charles dépend du 3e bureau de la subdivision de la Seine, enregistré sous le n° 458 de tirage du 6e arrondissement de la capitale.

Ayant fait des études supérieures, Charles Coussaud de Massignac peut rentrer à l’école spéciale militaire le 30 octobre 1896. Élève de la promotion dite « Première des Grandes-Manœuvres », il est nommé caporal le 16 septembre 1897. Ce jeune saint-cyrien termine sa formation d’officier en octobre 1898. Fraîchement diplômé, il doit prendre la direction de l’ouest de la France pour intégrer le 135e R.I. à Angers.

Le sous-lieutenant Coussaud de Massignac est nommé dans le grade supérieur, deux ans plus tard.

Une décision ministérielle du 24 février 1905 le fait muter dans un bataillon de chasseurs. Il vient faire ses adieux aux camarades du 135e  R.I., régiment qu’il quitte le 13 mars 1905. Direction la ville de Nice pour rejoindre le 6e B.C.P. et revêtir son nouvel uniforme de chasseur.

Le 23 janvier 1906, il est présent à la 2e compagnie du bataillon. Le 29 mai 1907, il est rattaché à la 5e compagnie.

Le 4 août 1909, il épouse Catherine Marie Germaine Denys dans la petite ville lorraine de Malzéville,située dans le département de la Meurthe-et-Moselle. Cinq enfants naîtront de cette union, Noël, Françoise, Élisabeth, Geneviève et Marie-Thérèse.

Promu capitaine au 145e R.I. par décret et décision ministérielle du 24 septembre 1912, il ne rejoindra jamais cette unité. Une seconde décision ministérielle du 9 octobre 1912, annulant la précédente, lui fait savoir qu’il est muté au 149e R.I..

Il abandonne les douceurs climatiques subtropicales de la baie des Anges pour venir faire connaissance avec les rudesses hivernales de l’est de la France en rejoignant Épinal. Au régiment, il a la surprise de revoir le capitaine Micard, un ancien de sa promotion Saint Cyrienne.

La mobilisation le retrouve à la tête de la 7e compagnie du 149e R.I.. Il participe à tous les combats du mois d’août dans lesquels son régiment est impliqué, avant d’être blessé le 14 septembre 1914. Ce jour-là, la compagnie du capitaine Coussaud de Massignac est engagée dans le secteur du petit village de Souain. Le capitaine est atteint par une balle qui lui fracture la mâchoire. Ce projectile lui inflige deux lésions, une à la joue droite, l’autre à l’épaule droite. Sérieusement blessé, il est rapidement évacué vers l’arrière. Après avoir été soigné et envoyé en convalescence pendant plusieurs semaines, il peut rejoindre le dépôt de son régiment le 1er décembre 1914.

Incomplètement rétabli, il va devoir faire un second séjour à l’hôpital du 25 décembre 1914 au 15 février 1915.

Cette fois-ci, la guérison est complète. Au début du mois de mars 1915, une nouvelle affectation le conduit à l’état-major de la 77e D.I., sous l’autorité directe du général Stirn. Il est inscrit comme capitaine au 407e R.I. détaché d’état-major, au début de l’année 1917.

Promu au grade de chef de bataillon à titre temporaire le 25 janvier 1917, il se voit attribuer le commandement du 57e B.C.P. au mois de février 1917. Avec ses chasseurs, il occupera plusieurs secteurs de première ligne : l’Aisne, l’Ailette, Coucy-le-Château, le Chemin des Dames et l’Alsace.

Le 17 novembre 1917, Charles Coussaud de Massignac est affecté au groupe des armées d’Italie.

Cet officier rejoint l’état-major de la Xe Armée à partir du 14 février 1918, à la suite d’une décision prise quelques jours auparavant par le général commandant supérieur des forces françaises en Italie.

Il est nommé chef de bataillon à titre définitif à partir du 28 juin 1918. La fin de la guerre est proche…

Quelques semaines après la signature de l’armistice, le commandant se retrouve placé en réserve de personnel d’état-major. Il doit rallier l’état-major du général Fayolle, en exécution d’une note du grand quartier général portant le n° 32477 du 23 décembre 1918.

Le 7 juin 1919, il est nommé chef de la mission militaire française déléguée auprès de l’armée britannique du Rhin à Cologne.

Le commandant Coussaud de Massignac est détaché à l’école supérieure de guerre pour y suivre les cours à partir du début du mois de novembre 1919. Il intègre la première promotion de l’après-guerre. En effet, l’école vient tout juste de rouvrir ses portes.

Une fois sa formation théorique terminée, celui-ci est affecté comme stagiaire à l’état-major des armées, suite à une décision ministérielle du 20 octobre 1920, publiée dans le journal officiel du 22 octobre de la même année.

En 1930, il est lieutenant-colonel au  5e R.I..

Cet homme décède le 27 février 1950 dans le 7e arrondissement de la capitale.

Décorations obtenues :

Croix du mérite de guerre italien. (Lettre n° 35 du colonel commandant la délégation italienne par ordre du général Diez en date du 16 juillet 1918 n° d’ordre 378).

Compagnon de Saint-Michel et Saint-Georges (lettre du général commandant les forces britanniques en Italie, n° H.R. 80 du 8 août 1918).

Chevalier de la Légion d’honneur le 11 janvier 1916 :

« Excellent officier particulièrement méritant par sa bravoure, son dévouement absolu, les services qu’il a rendus depuis le commencement de la campagne. A déjà reçu la croix de guerre. »

Croix de guerre avec une palme, 2 étoiles de vermeil et une étoile d’argent.

Citation à l’ordre du 33e C.A. en date du 22 août 1915 :

« A différentes reprises au cours de la campagne, le 9 août 1914 à l’affaire du Renclos des Vaches au col de Sainte-Marie, pendant les combats au cours de la retraite qui fut particulièrement difficile et où il commandait l’arrière-garde au combat de Souain, où il fut blessé grièvement, a donné de continuelles preuves d’énergie et de bravoure, d’initiative rendant de constants services et entraînant ses hommes par son exemple. »

Citation à l’ordre de la 77e division n° 421  en date du 3 avril 1917 :

« A su imprimer à son bataillon un allant et une initiative qui ont obtenu d’heureux résultats au cours d’une offensive »

Citation à l’ordre du 12e C.A. n° 422 en date du 18 janvier 1919

« Officier de liaison auprès de l’E.M. des forces britanniques, a beaucoup contribué par son activité, sa connaissance approfondie des secteurs français et anglais et par l’influence que lui donnaient ses belles qualités et son beau passé militaire, à l’unité de vues et aux bonnes relations qui ont constamment existé entre les troupes anglo-françaises. »

Citation à l’ordre de l’armée n° 14391.

Même contenu que la citation obtenue le 22 août 1915.

Pour en savoir plus :

Le capitaine Coussaud de Massignac est évoqué dans un témoignage laissé par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André. Pour en savoir plus, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Ecritures

Sources :

J.M.O. du 149e R.I. : sous-série 26 N 696/8.

J.M.O. du 57e B.C.P. : sous-série 26 N 831/3.

Charles Coussaud de Massignac possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter sur le lien suivant :

Site base Leonore

Le portrait qui peut se voir sur le montage provient de la collection personnelle de F. Amélineau.

Les éléments concernant la composition familiale du commandant Coussaud de Massignac ont été trouvés sur le site « Généanet ».

Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

25 octobre 2014

20 août 1914.

Photographie_de_groupe_1_annee_1909

Le régiment est mis en alerte à partir de 4 h 00. Il reste installé dans sa formation de bivouac à Abreschviller qu’il occupe depuis le 19. Le 149e R.I. doit se tenir prêt à partir au premier signal. Les hommes du colonel Menvielle sont maintenus sur leurs positions initiales jusqu’à 14 h 00.

Des batteries françaises sont disposées sur la crête nord d’Abreschviller. Un échange de tirs oppose les artilleurs français et allemands. Les compagnies du 2e bataillon du capitaine François reçoivent l’ordre de quitter leurs positions. Elles doivent se déplacer plus à l’est, à environ 400 m.

À 14 h 40, le reste du régiment reçoit l’ordre de prendre place sur les pentes qui se trouvent au sud de la cote 429. Le 3e bataillon du capitaine Laure se portera à l’est du 2e bataillon, le 1er bataillon du capitaine Lescure à l’est du 3e bataillon.

Dix minutes plus tard, il y a une modification de mouvement pour le 1er bataillon. Celui-ci doit se diriger sur Lettembach, un petit village situé à 1200 m au sud d’Abreschviller. Le capitaine Lescure envoie plusieurs reconnaissances. Celles-ci doivent découvrir des positions favorables à la troupe, face au nord et au débouché du ravin d’Ergenthal. Le capitaine Lescure laisse sa 4e compagnie au carrefour,à 800 m au nord-ouest de l’église d’Abreschviller. Cette compagnie a pour mission de soutenir l’artillerie.

Pendant ce temps-là, les 2e et 3e bataillons reçoivent l’ordre de se porter sur la crête située sur les pentes au sud de la cote 429. Ils devront surveiller le ravin de Wolfsthal. Le général commandant le 21e C.A. demande au 3e bataillon de se positionner sur la crête à l’ouest de la cote 429, près de la Valette.

Les hommes du capitaine Laure doivent remplacer le 31e B.C.P.. Les chasseurs du commandant Tabouis avancent en direction de Munichshof. Le 3e bataillon du 149e R.I. doit établir sa gauche à la lisière sud du bois de Voyer, face à l’est, pour empêcher l’ennemi de déboucher des couloirs versant de Munichshof et de la maison forestière de Freywal.

La 10e compagnie s’installe à la Valette, la 12e compagnie s’établit à la corne sud-ouest du bois de Voyer. Les 9e et 11e compagnies se mettent dans le ravin de Basse-Valette en deuxième ligne.

Carte_1_journee_du_20_aout_1914

Legende__carte_1_journee_du_20_aout_1914

Le général Pillot fait appeler le 1er bataillon du 149e R.I. à 17 h 30. Celui-ci doit soutenir le 2e bataillon du 158e R.I. qui est chargé d’effectuer une contre-attaque sur Eigenthal, par la vallée de Kysithal. Le 1er bataillon doit appuyer la droite de cette contre-attaque. Les 1ère, 2e et 3e compagnies s’installent à Soldatenthal.

À 18 h 20, les 2e et 3e bataillons reçoivent l’ordre du général Legrand-Girarde de venir relever les 1er et 10e B.C.P. sur leurs emplacements de premières lignes. Dix minutes plus tard, le 2e bataillon est rappelé de sa position de rassemblement à  la Valette.

À 18 h 45, le colonel Menvielle vient reconnaitre les emplacements que vont être occupés par le 2e bataillon. Ce bataillon, conduit par le colonel, arrive à la Valette à 19 h 30. La 5e compagnie prend position à l’ouest du chemin à un trait de la cote 409, la 6e compagnie place sa gauche à ce chemin, la 8e compagnie à droite de la 6e et la 7e en virage sur le chemin.

Le 3e bataillon laisse ses 10e et 12e compagnies sur leurs emplacements de la Valette et pousse les 9e et 11e compagnies à la droite du 2e bataillon. Le colonel Menvielle reste avec la C.H.R. qui s’est établi à la Valette.

Carte_2_journee_du_20_aout_1914

Legende_carte_2_journee_du_20_aout_1914

Le poste de secours régimentaire s’est installé à Abreschviller. Vers 22 h 00, le village de Biberkirch, qui est occupé par les Allemands,est illuminé de feux. La liaison qui devait se réaliser avec le 31e B.C.P. ne peut pas se faire. Ce bataillon reste introuvable sur la droite.

Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

La photographie de groupe est extraite de l’album photo du régiment de l’année 1909.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

17 octobre 2014

19 août 1914.

Abreschviller_1

Après une longue journée de marche de près de 40 km, les 1er et 2e bataillons du 149e R.I. se sont installés à la Bréheux et à Saint-Quirin en Moselle, dans la soirée du 18 août. Le 3e bataillon quant à lui, s’est établi dans le secteur du Donon.

Une fois de plus le repos est de courte durée pour les hommes ! Les 1er et 2e bataillons du  149e R.I. viennent de recevoir l’ordre de quitter leur bivouac à 4 h 00. Ils se présentent au P.I. (cote 312)  à 4 h 10.

Vers 6 h 15, les bataillons du capitaine François et du capitaine Lescure rentrent dans le petit village d’Abreschviller. Ils prennent place sur la gauche de la route, à 800 m au nord-ouest de l’église, face au nord-est. Le 158e R.I. s’installe à droite, sur le chemin qui va de l’église à la Valette.

Carte_1_journee_du_19_aout_1914

La troupe doit encore affiner ses emplacements. Les deux bataillons du 149e R.I. se forment à l’ouest de la route. Le 2e bataillon du capitaine François à droite, le 1er bataillon du capitaine Lescure à gauche à cheval sur le ravin. Ce bataillon a également pour mission de rechercher des cheminements exploitables pour les compagnies dans la direction de la Valette et de Biberkirch. Le positionnement des bataillons s’achève à 7 h 30.

Le colonel Menvielle reçoit un compte-rendu écrit par le capitaine Laure à 8 h 10. Le texte rédigé par le responsable du 3e bataillon fait savoir que son bataillon a obtenu l’ordre de rallier le régiment à 4 h 15.

Les hommes du capitaine Laure restent bloqués un long moment au carrefour du Haut-Donon. Ce n’est que vers 6 h 00 qu’il peut être franchi. Le 3e bataillon prend l’itinéraire direction Donon-Abreschviller.

Les 9e, 10e, 11e et 12e compagnies arrivent à Abreschviller vers 14 h 45. Elles viennent se former derrière le 2e bataillon, la plus à droite est accolée au cimetière de la commune.

Carte_2_journee_du_19_aout_1914

L’ordre de stationnement de la brigade arrive vers 20 h 45. Le 149e R.I. reçoit l’ordre d’aller s’établir à Vasperviller. Mais le régiment a déjà pris toutes les dispositions nécessaires pour l’installation de son bivouac sur les emplacements occupés en fin de journée. Le colonel Menvielle décide donc que ses bataillons seront maintenus sur place.

L’approvisionnement en viande fraîche se fait à partir de 10 h 00 à Vasperviller. Pour les autres vivres, le ravitaillement des trains régimentaires a lieu dès 15 h 00 à la cote 312.

Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 octobre 2014

18 août 1914.

Photographie_de_groupe_journee_du_18_aout_1914

Le 17, le régiment était installé sur des positions défensives à Waldersbach, à Diespach et à Ranrupt. Le 18, ordre est donné à toute la 43e D.I. de se mettre en route.

Le 158e R.I. et le 149e R.I. reçoivent leur ordre de mouvement peu après minuit. La 85e brigade doit se tenir prête à quitter les secteurs occupés depuis la veille,pour prendre la direction du nord.

C’est le 158e R.I. qui est désigné pour ouvrir la marche. Pour cela, le lieutenant-colonel Houssement rassemble ses bataillons sur la route Fonday-Waldersbach. La tête de son régiment doit s’établir à la station de Fonday.

Le colonel Menvielle, du 149e R.I., doit recentrer ses effectifs pour mener à bien ce nouveau déplacement. Le 1er bataillon quitte Waldersbach pour venir s’installer juste derrière le 158e R.I..

L’état-major et le 2e bataillon du régiment abandonnent les cantonnements de Diespach. Les compagnies du capitaine François occupent la route Saint-Blaise-la-Roche-Fonday ; la tête du bataillon s’installe à la station de Fonday vers 1 h 20.

Le 3e bataillon du 149e R.I. est la dernière unité du régiment à recevoir ses ordres. À 3 h 00, il laisse derrière lui, le petit village de Ranrupt.

Au même moment, toutes les autres formations de la brigade se mettent en route. Elles prennent la direction de Schirmeck. L’ordre de marche pour les éléments du 149e R.I. est le suivant : 1er, 3e et 2e bataillon.

Les hommes du 149e R.I. entrent dans Schirmeck à 5 h 20. Au même moment, le colonel Menvielle est avisé de la direction à suivre. L’ensemble de la brigade doit se porter sur Grandfontaine pour prendre la direction du Donon.

La colonne est stoppée à hauteur de Vacquenoux à 6 h 30, à 3 km à l’ouest de Schirmeck.

Carte_1_journee_du_18_aout_1914

Legende_carte_1_journee_du_18_aout_1914

Les responsables des régiments reçoivent l’ordre de mouvement ci-après :

I) La colonne composée de la 85e brigade, d’une compagnie de génie de corps, de 4 groupes d’artillerie de campagne, d’un escadron de cavalerie doit se poster aujourd’hui sur le Donon sur la vallée de Blancrupt, Niderhoff.

II) La 86e brigade doit se diriger sur Abreschviller en suivant la vallée de Saint-Quirin.

III)  L’escadron de cavalerie doit prendre la direction de Niderhoff en passant par la vallée de Blanc Rupt.

IV) L’ordre de marche est le suivant :

Composition_de_la_colonne_de_la_85e_brigade_le_18_aout_1914

Le commandant du gros de la colonne fera encadrer l’artillerie en plaçant une section entre chaque groupe. Cette mission est remplie par le commandant de tête du 1er bataillon.

V) Le général de brigade doit marcher en tête du gros de l’avant-garde.

VI) Les T.C. suivent immédiatement les troupes.

VII) Les T.R. (sections de distributions et de réserves), après avoir été groupés à Schirmeck par les soins des chefs de corps, se dirigeront par le Donon et la vallée du Blanc Rupt sur Niderhoff

La colonne reprend sa marche à partir de 7 h 20. Une première halte est prévue 50 minutes plus tard.

Aux alentours de 10 h 00, un nouvel ordre est donné aux unités du 21e C.A..  Après leur arrivée au Donon, les 1er et 2e bataillons du 149e R.I. poursuivent leur route avec le reste de la brigade en direction de Niderhoff. Tous suivent la ligne de crête de la Malcôte, la cote 724 et la route de Saint-Quirin.

Le 3e bataillon du 149e R.I., sous les ordres du capitaine Laure, est mis à la disposition du général Barbade qui commande la 26e brigade (le mouvement est réglé par le général commandant la 43e division). Ce bataillon restera jusqu’au lendemain dans un secteur proche du Donon.

La colonne, dans laquelle se trouvent les 2 bataillons du 149e R.I., fait une grand’halte sur la route Donon-Niderhoff, à 1 km nord-ouest du haut du Bon Dieu à 10 h 20. Tous les hommes reprennent la route à partir de midi. Ils passent par la vallée du Blanc Rupt.

Vers 16 h 00, le colonel Menvielle reçoit, au carrefour de la cote 312 à 1200 m sud-ouest de Saint-Quirin, l’ordre de stationnement ci-après :

« Le bataillon de tête du 149e R.I. (le 2e bataillon et l’état-major) doit venir s’installer sur la rive gauche de la Sarre, à 800 m au sud de 312. Il détache une compagnie (la 5e compagnie du capitaine Micard) dans la direction de Turquestein pour couvrir le rassemblement qui se fait dans cette direction. Le bataillon de queue du 149e R.I. (1er bataillon) prend place sur les pentes ouest du mamelon 416 (sud de Saint-Quirin) se reliant avec le 2e bataillon du 158e R.I. Il détache une compagnie (2e compagnie, capitaine Crépet) dans la direction du Donon, en arrière des 2 groupes, pour couvrir les rassemblements vers le sud-est. »

À 18 h 45 les deux bataillons du 149e R.I. reçoivent l’ordre de s’installer en cantonnement-bivouac dans les communes suivantes :

 L’E.M. et le 2e bataillon à Turquestein ; le 1er bataillon à la Bréheux.

carte_2_journee_du_18_aout_1914

Legende_carte_2_journee_du_18_aout_1914

Il n’y a pas de problème particulier pour le 1er bataillon. Celui-ci s’installe rapidement dans les cantonnements qui lui sont assignés.

En revanche, la situation reste un peu plus délicate pour ce qui concerne le 2e bataillon. Après avoir fait une reconnaissance de Turquestein, un hameau qui ne se compose en fait que de 3 maisons distantes entre-elles de 1200 à 1500 m, le bataillon doit revenir sur ses pas pour prendre une formation de bivouac sous bois, sur les pentes à l’ouest de 312 (rive gauche de la Sarre). Les hommes du capitaine de Chomereau de Saint-André sont enfin installés à 21 h 00.

Les T.R. qui étaient dans un premier temps à Fonday, sont dirigés sur Schirmeck en direction du Donon et de la vallée du Blancrupt.

Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

La photographie de groupe représentant des soldats du 149e R.I. est antérieure à 1914.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

3 octobre 2014

Émile Laure (1881-1957).

Auguste_Laure_1

 Avant-guerre 

Auguste Marie Émile Laure voit le jour le 3 juin 1881, à Apt, une petite ville située dans le département du Vaucluse. À sa naissance, son père Joseph est un homme âgé de 36 ans,qui exerce la profession d’ingénieur. Sa mère, Marguerite Duval, une femme originaire de Draguignan, est âgée de 28 ans. La fratrie d’Auguste est composée de 4 enfants.

Après l’école primaire, Auguste poursuit sa scolarité. C’est un élève brillant ; à la fin de ses études secondaires, il est bachelier es lettres et es sciences. Engagé volontaire, le jeune homme signe un contrat de trois ans à la mairie de Versailles. Le 30 octobre 1899, il est compris sur la liste de recrutement de la classe de 1901 de la subdivision de Toulon, n° 47 de tirage dans le canton d’Hyères. Il porte le n° 2216 au registre matricule de recrutement.

Ce jeune homme ne le sait pas encore, mais une longue et féconde carrière d’officier l’attend…

Une fois son engagement signé, Émile Laure entre aussitôt à l’école spéciale militaire. Sa promotion porte le nom d’In-Salah. Cette 84e promotion a choisi ce nom pour commémorer la prise de l’oasis d’In-Salah sur les touaregs en 1899.

3e_compagnie_de_la_promotion_d__In_Shalah

Nommé caporal le 15 août 1900, puis sergent le 1er décembre 1900, il quitte l’école de Saint-Cyr avec le grade de sous-lieutenant le 1er octobre 1901. Bien noté, il porte le n° 19 d’une promotion qui compte, à la fin des cours, 546 élèves. Deux ans plus tard, il est nommé lieutenant. Cet officier sert au 7e B.C.P. depuis sa sortie de l’école de Saint-Cyr, une unité qu’il ne va pas quitter jusqu’à son entrée à l’école supérieure de guerre.

Le 23 octobre 1906, le lieutenant Laure est admis à suivre les cours de l’école supérieure de guerre. Pour cela, il doit se rendre à Paris pour intégrer la promotion n° 32. Moins de cinq années se sont écoulées entre ses deux formations.

Classé 45e avec la mention « bien », Émile Laure obtient son brevet d’état-major le 21 octobre 1908.

Le lieutenant Laure se marie le 27 octobre 1908 à Draguignan. Il épouse Eugénie de Gasquet, une jeune femme âgée de 24 ans. De cette union naîtront deux garçons et deux filles.

Sa formation d’officier d’état-major est loin d’être achevée ; il doit maintenant effectuer un stage pratique à l’état-major de la 30e D.I. à Avignon, d’une durée de 2 ans.

Au cours de cette période, il effectue deux stages d’un mois. Le premier, en 1909, au 38e R.A.C., le second, en 1910, au 9e régiment de hussards. Au cours de ce second stage, il prend part aux manœuvres d’automne avec le 1er escadron du régiment.

Le chef d’état-major de la 30e D.I. fait savoir qu'il est officier de grande valeur, remarquablement doué sous le rapport de l’intelligence et des qualités militaires et professionnelles. Le lieutenant Laure s’oriente très bien sur le terrain avec un sens tactique très prononcé. C’est un homme avec beaucoup de méthode dans l’organisation des tâches à effectuer. Toujours à la hauteur, il sait travailler vite, bien et consciencieusement.

La titularisation dans sa fonction d’officier d’état-major a lieu le 28 septembre 1910.

En 1911, le lieutenant Laure participe aux manœuvres alpines, aux manœuvres de cadres, au voyage d’état-major et aux manœuvres d’automne de la 30e D.I.. À la suite de cela, il présente un volumineux travail écrit sur la tactique offensive française. Il participe également, de manière prépondérante, à l’organisation de l’école d’instruction d’Avignon, où il donne régulièrement des conférences aux officiers de complément.

Au 149e R.I.

Le 23 septembre 1913, Émile Laure est promu capitaine. Ce changement de grade va le conduire dans la cité spinalienne. Il quitte la ville d’Avignon pour venir prendre le commandement d’une compagnie du 149e R.I..

Cet officier se trouve à la tête de la 10e compagnie lorsque le conflit contre Allemagne débute aux tout premiers jours du mois d’août 1914. Le 9 août 1914, c’est le baptême du feu pour le 149e R.I., mais la compagnie du capitaine Laure ne participe pas aux combats qui se déroulent dans le secteur du Renclos-des-Vaches.

Quelques jours plus tard, Émile Laure est amené à prendre le commandement du 3e bataillon, à la suite de la mort au combat du commandant Didierjean qui est survenue le 14 août 1914.

Le 25 août 1914, il est blessé à Bazien, une petite bourgade qui se trouve près de Ménil-sur-Belvitte où le régiment est engagé.

Suite à cette blessure, il est évacué le jour même sur l’hôpital d’Autrey, une petite commune vosgienne. Le lendemain, il quitte ce département pour être hospitalisé à l’hospice de Paray-le-Monial qui se trouve en Saône-et-Loire. Il obtient une convalescence de 8 jours en date du 29 août, qu’il passe à Avignon. Il rejoint le dépôt de son régiment avant l’expiration de celle-ci, le 2 septembre 1914.

Ce n’est seulement que le 8 février 1915 que l’adjudant de bataillon Henri Ganière, les soldats Léon Leduc de la 12e compagnie et Camille Saunier de la 10e compagnie signeront le certificat d’origine de sa blessure.

« A été blessé par une balle ennemie sur le dessus de l’épaule droite, alors qu’il se trouvait derrière le centre de la ligne de combat du bataillon et qu’il donnait des ordres à la 12e compagnie, réserve de bataillon. »

Le lieutenant-colonel Gothié, qui commande le régiment et le médecin aide-major de 1ère classe Hubert Cleu valident ce document.

Le capitaine Laure revient dans son régiment le 5 septembre 1914. À peine arrivé, il conduit son bataillon dans les combats qui se déroulent dans le petit village marnais de Souain (pour en savoir plus, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante).

Section_du_149e_R

Considéré comme un officier de tout premier ordre, il est promu chef de bataillon à titre temporaire le 13 octobre 1914. Cinq jours plus tôt, son bataillon avait reçu la mission d’enlever les hauteurs de Notre-Dame-de-Lorette (pour en savoir plus, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante).

Chapelle_de_Notre_Dame_de_Lorette

De novembre à décembre 1914, le 149e R.I. quitte la France pour aller combattre en Belgique. Le commandant Laure participe avec son bataillon à plusieurs attaques dans ce pays. Fin décembre 1914, c’est le retour dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cet officier assure toujours le commandement du 3e bataillon. Avec ses hommes, il se fait tout particulièrement remarquer dans les combats du mois de  mars 1915 qui se déroulent dans le secteur de Noulette (pour en savoir plus, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante).

Groupe_149e_R

Le 27 avril 1915, Émile Laure est blessé au moment où il rebrousse chemin, à la suite d’une reconnaissance effectuée en première ligne. Le commandant Laure est immédiatement pansé sur place pour une plaie en séton reçue à la cuisse droite. Il est ensuite évacué sur l’hôpital de Bruay. Après son rétablissement, il est nommé à l’état-major de la 13e D.I., juste au moment où il devait reprendre son commandement au 149e R.I..

À l’état-major de la 13e D.I. et au 3e bureau du G.Q.G. 

De juin 1915 à mai 1917, Émile Laure occupe les fonctions de chef d’état-major dans cette division. Il se retrouve directement sous les ordres du général Albert Martin de Bouillon. Pendant ces deux années, il va devoir produire une somme de travail intellectuel considérable, particulièrement au cours des combats qui eurent lieu à Notre-Dame-de-Lorette, à Verdun et dans la Somme. Ce travail le force parfois à passer plusieurs nuits d'affilée sans prendre aucun repos.

Il est, à de nombreuses reprises, très fatigué, notamment à Verdun en mars 1916 et dans la Somme en septembre 1916, engagé à prendre du repos par son supérieur direct, il refuse catégoriquement de quitter son poste. Surmené, épuisé, malmené par les efforts fournis, ce n’est qu’en mai 1917, et après de sérieux problèmes de santé, qu’il est contraint, sur ordre du médecin divisionnaire, de prendre du repos et d’aller se faire soigner à l’hôpital de Château-Thierry.

Le 24 juin 1917, il est affecté au bureau des opérations du grand quartier général. Le 6 juillet 1917, le commandant Laure est titularisé dans sa fonction de chef de bataillon.

Le commandant Laure est considéré par le lieutenant-colonel Duffour, le commandant du 3e bureau du G.Q.G., comme l’une des « chevilles ouvrières » de la bataille décisive de l’année 1918, soit comme officier de liaison auprès d’une armée, soit comme rédacteur des directives du commandant en chef.

L’après-guerre 

Au cours du premier semestre de l’année 1919, Émile Laure fournit une somme de travail considérable, soit sous forme d’études concernant les enseignements à tirer du conflit (conduite des opérations, tactique, organisation du haut commandement, des grandes unités, des différentes armes), soit sous forme de rédactions historiques

Le 26 août 1919, cet officier est muté au service historique de l’état-major de l’armée. Il participe à l’élaboration des ouvrages intitulés « les Armées Françaises dans la Grande Guerre.

Il intègre l’état-major particulier du ministre de la guerre Flaminius Raiberti à la fin de l’année 1920.

Le 21 janvier 1922, Émile Laure est devenu sous-chef du cabinet militaire. Il est nommé lieutenant-colonel le jour de Noël de cette année.

Le 23 juin 1924, il est rattaché au 5e R.I., puis titularisé dans la fonction de chef de cabinet du maréchal Pétain, qui est, à cette époque, vice-président du conseil supérieur de la guerre.

Au cours de cette période, Émile Laure est chargé par le maréchal Pétain de réaliser de nombreux travaux autour de la conduite des affaires marocaines. Il fera plusieurs séjours en Afrique.

Nommé colonel le 25 mars 1928, Émile Laure commande la 6e demi-brigade de chasseurs à Nice. Les mois de juillet, d’août et de septembre sont consacrés aux  grandes manœuvres. Profondément convaincu de l’importance des écoles de perfectionnement des officiers de réserve, il réorganise complètement l’école d’officiers de Nice et il va obtenir d’excellents résultats.

En 1929, le colonel Laure fournit de nombreux travaux personnels. L’un d’entre eux lui vaut les félicitations du ministre de la guerre P. Painlevé, le 17 juin 1929.

En 1931, il suit les cours du centre des hautes études militaires. Une fois de plus, il est très bien noté. À la suite de cette nouvelle formation, il est promu général de brigade, cette nomination est publiée au journal officiel du 2 août 1932. Il a 51 ans.

Le 11 février 1934, le général de brigade Laure est promu chef de cabinet du ministre de la guerre Philippe Pétain.

En août 1934, il dirige l’exercice des cadres de la 65e D.I.. Le général Laure connaît parfaitement bien tous les rouages du fonctionnement d’une telle unité. Considéré comme un grand spécialiste des Alpes, il maîtrise parfaitement les particularités de la manœuvre et du combat en montagne.

Une décision ministérielle du 8 mai 1935, le nomme à la tête de la division d’Alger. Cet officier doit prendre le commandement de cette unité dans le courant du mois de juin 1935. Pour cela, il doit rejoindre le port de Marseille pour s’embarquer sur le paquebot « Lamoricière », un navire de la compagnie générale transatlantique, qui va le mener tout droit en Afrique.

Émile Laure est nommé général de division le 16 décembre 1935, il reste maintenu à la tête de la division d’Alger.

Décembre 1937, c’est le retour en France. Le 24 janvier 1938, il prend le commandement de la 9e région à Tours.

1939-1940

Le 2 septembre 1939, il se retrouve, à nouveau, dans l’obligation de combattre les Allemands. C’est à la tête du  9e C.A. qu’il va retrouver l’ennemi d’antan. Son corps d’armée doit quitter la Touraine pour se rendre dans la région de Forbach. Des combats sporadiques se déroulent sur ce front de la Sarre à partir du 10 mai 1940. Le 21 mai, Auguste Laure prend le commandement de la 8e Armée, une armée qui tient le Rhin dans un secteur allant de Sélestat au Jura. Le 12 juin, celle-ci est menacée d’encerclement par les troupes allemandes. Pour éviter cette catastrophe, il reçoit un ordre de retraite. Ses effectifs se mettent rapidement en marche pour se replier sur la ligne Dijon, Dôle, Genève. Malgré ce déplacement, son armée se retrouve prise au piège le 17 juin. Il décide alors de former « un dernier carré » de résistance autour de la Bresse et il donne l’ordre à ses troupes de tenir jusqu’à la dernière cartouche. Après 24 heures de combat, il est fait prisonnier avec ses hommes. Le général Laure est dirigé vers l’Allemagne pour être interné à Königstein.

L’armistice est signé le 22 juin 1940, le gouvernement de Vichy se met en place. Celui-ci demande la libération du général Laure. Cette requête est acceptée par les autorités allemandes. Émile Laure va pouvoir quitter Königstein dès la fin du mois d’octobre 1940. Le 17 novembre 1940, il est nommé secrétaire général du maréchal Pétain. Deux mois plus tard, il est promu général d’armée.

Après 1940 

Il est limogé le 19 avril 1942, suite à la demande de Pierre Laval, qui vient tout juste de revenir au pouvoir. Émile Laure, qui est resté très proche du maréchal Pétain, est tout de même maintenu chargé de mission aux services historiques jusqu’au début du mois de juin 1943.

Toujours inscrit sur une liste de personnalités suspectes, il est arrêté par les autorités d’occupation le 24 décembre 1943. Le général Laure est emprisonné, puis déporté en Autriche. Libéré le 4 mai 1945 par les troupes américaines, il est de retour en France, quatre jours plus tard. Ayant occupé un poste de haut fonctionnaire dans le gouvernement de Vichy, il est rapidement arrêté. Puis mis en permission de captivité le 8 août 1945. L’heure de la retraite a sonné.

En août 1945, il est domicilié au 67 rue de Monceau à Paris (8e).

Le 3 juillet 1957, il décède à l’âge de 76 ans, dans la petite ville d’Hyères.

Le général d’armée Émile Laure a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre n° 3 de la 85e brigade  du 30 avril 1915 :

« Brillant officier, d’une activité et d’une bravoure au-dessus de tout éloge, d’esprit clairvoyant et d’un jugement sûr, d’une grande autorité sur sa troupe. Blessé le 25 août 1914, a été fait Chevalier de la Légion d’honneur lors de la prise de la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette. Blessé une 2e fois, le 27 avril au cours d’une reconnaissance de nuit. »

Citation à l’ordre n° 125 de la  Xe Armée  du 25 octobre 1915 :

« Aussi bon chef d’état-major qu’il a été brave officier de troupe, d’un dévouement à toute épreuve, d’un zèle inlassable. Pendant 20 jours de combats successifs a de jour et de nuit été sur la brèche prévoyant, organisant de façon à ce que les troupes soient dans de meilleures conditions à produire leur effort. A été blessé deux fois. Cité déjà à l’ordre de la brigade comme officier de troupe. »

Citation à l’ordre n° 13.823 du C.A. du 24 février 1919 :

«  Après s’être distingué comme chef de bataillon et chef d’état-major d’une D.I., a tenu une place éminente au 3e bureau de l’état-major général, par l’étendue de ses connaissances professionnelles, sa puissance de travail, l’ardeur de son tempérament militaire. Officier de liaison intrépide, plein de tact et d’une expérience consommée, a pris une part considérable dans l’établissement des instructions par lesquelles le commandant en chef a fixé les procédés de combat répondant aux conditions successives de la guerre. »

Autre citation :

Ordre n° 449/D du 31 octobre 1925 des troupes d’occupation du Maroc :

« A servi à l’état-major du maréchal de France, vice-président du conseil supérieur de la guerre, commandant en chef du Maroc, pour les opérations militaires sur le front nord-marocain d’août à novembre 1925.

A pris une part active à la préparation du plan général d’action puis à sa mise en œuvre, en exécutant les liaisons fréquentes auprès des grandes unités et des reconnaissances à régler le développement de leurs actions combinées.

Au cours de délicates missions auprès du haut commandement espagnol, a contribué à maintenir une étroite collaboration des forces des deux pays vers l’objectif commun. A poursuivi sa tâche en participant à l’établissement du programme d’ensemble des actions décisives.

Officier d’état-major de premier ordre dont la haute valeur intellectuelle et morale s’est constamment affirmée au cours de ces évènements (Croix de guerre des T.O.E.) »

Chevalier de la Légion d’honneur (Ordre n° 884-D du 8 mai 1915) :

« Le 8 octobre 1914, ayant reçu la mission de chasser l’ennemi d’un bois et de s’emparer d’une position ennemie fortement organisée, s’est acquitté de sa mission avec un coup d’œil remarquable, a occupé la position ennemie, s’y est maintenu et à montré dans cette opération de sérieuses qualités de commandement. »

Officier de la Légion d’honneur : 16 juin 1920.

Grand Officier de la Légion d’honneur : (Ordre n° 612/D le 14 août 1941.

« Commandant d’un corps d’armée en Lorraine depuis le début de la campagne, a déployé une ardeur passionnée à l’organisation de son secteur et au développement de l’esprit combatif de ses troupes.

Recevant le 22 mai 1940, le commandement de l’armée chargée de la défense de la Haute-Alsace, a, tant dans la préparation que dans la conduite de la bataille de juin 1940, fait preuve d’un jugement et d’une activité remarquables.

Attaqué en même temps de front et à revers, a fait face à la situation critique dans laquelle s’est rapidement trouvée son armée avec une ténacité et une énergie qu’aucune difficulté n’a réussie à abattre, tentant de rompre l’encerclement ennemi par une contre-action, animant de sa volonté de résistance les éléments de son quartier général avec lesquels il avait fait organiser la défense de la Bresse.

A été fait prisonnier le 22 juin, résistant jusqu’au bout, les armes à la main, comme il l’avait prescrit à toute son armée

Le présent ordre comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme.

Commandeur de la Légion d’honneur.

Autres décorations :

Officier de la Couronne d’Italie.

Croix de guerre belge. Arrêté royal du 17 avril 1920

Officier de l’ordre de la Couronne (Belgique). D.M. du 26 avril 1920.

Croix de 2e classe du mérite militaire rouge d’Espagne. (Diplôme du 5 février 1926).

Médaille coloniale, agrafe Maroc  1925 (décret officiel janvier 1926).

Médaille de la Victoire (autorisation du 8 juin 1921)

Officier de l’Instruction Publique (21 janvier 1931)

Commandeur de l’ordre du Ouissam-Alaouite chérifien (Dahir du 31 décembre 1934).

Grand-Officier Nichan-Iftikar de Tunisie (diplôme obtenu le 22 août 1934).

Grand officier de l’ordre de l’étoile de la Roumanie.

Auguste_Laure_2

Émile Laure est l’auteur de plusieurs ouvrages. Sous le pseudonyme d’Henri René il a rédigé les livres suivants :

Lorette une bataille de 12 mois (octobre 1914-octobre 1915). Éditions Perrin et Cie. 264 pages.1916.

Jours de gloire, jours de misère (histoire d’un bataillon, Alsace, Lorraine, Marne, Ypres, Artois, Verdun, 1914-1916.Éditions Perrin et Cie. 1917.

Sous son véritable nom :

Au 3e bureau du troisième G.Q.G. (1917-1919) Éditions Plon, 279 pages, 1921.

Les étapes d’une division d’infanterie (13e D.I.) Éditions Berger-Levrault Paris. 414 pages. 1928.

La victoire franco-espagnole dans le Rif par le lieutenant-colonel Laure. Éditions Plon. 272 pages. 1927.

Pétain. En collaboration avec le général Audet, le lieutenant-colonel Montjean et le lieutenant-colonel Buot de l’Épine. Éditions Berger-Levrault. 442 pages. 1941.

Autres publications :

La défense aérienne du territoire. Conférence de M. le général Laure, du 22 janvier 1934.

Le commandement en chef des armées française du 15 mai 1917 à l’armistice. Revue militaire française n° 182.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Les deux premiers  portraits du commandant Laure proviennent de la collection personnelle de F. Amélineau.

La photographie de la 3e compagnie  d’In-Salah (1899-1901) de l’école spéciale militaire provient d’un livre d’or appartenant à P. Baude.

La majeure partie des informations concernant le parcours du général Laure, au cours  de la seconde guerre mondiale, ont été fournies par F. Amélineau.

Les éléments concernant la composition familiale du général Laure ont été trouvés sur le site « Généanet ».

 François de Lannoy et Max Schiavon lui ont consacré un chapitre dans leur livre « les généraux français de 1940 » (2013).

 Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à A. Carobbi, à P. Baude, à M. Porcher, à Y. Thomas et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

26 septembre 2014

17 août 1914.

Waldersbach

Le 149e R.I. reste sur ses positions défensives. Le 1er bataillon du 149e R.I. est installé à Saint-Blaise-la-Roche depuis la veille au soir, le 2e bataillon loge à Diespach et le 3e bataillon occupe toujours ses positions du côté du Haut-de-Steige. 

Le 1er bataillon est prêt à quitter son cantonnement à partir de 4 h 00, mais il va devoir patienter encore plusieurs heures, avant de pouvoir se mettre en mouvement. 

Les hommes du capitaine Lescure quittent Saint-Blaise-la Roche vers 14 h 00. Ils viennent s’installer dans leurs nouveaux quartiers à Waldersbach, après deux heures de marche. 

À 17 h 00, le 3e bataillon reçoit un ordre téléphonique qui est donné par l’état-major de la 85e brigade. Il lui est demandé de venir s’établir à Ranrupt. Le bataillon exécute cet ordre à compter de 19 h 00. Il arrive à 20 h 00.   

Le 2e bataillon reste à Diespach. 

Carte_journ_e_du_17_ao_t_1914

Legende_carte_3_journee_du_12_aout_1914

Le ravitaillement en viande fraiche se fait à partir de 9 h 00 à Fonday. L’alimentation par la section n° 2 du C.V.A.D. est distribuée à la même heure à Vert-Pré. 

Sources : 

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9. 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

19 septembre 2014

16 août 1914.

Saint_Blaise_la_Roche

La journée du 16 août va reconduire quelques éléments du régiment sur le champ de bataille du 14 pour récuperer du matériel, tandis que les premiers renforts arrivent pour combler les pertes.

Les 1er et 2e bataillons du 149e R.I. se préparent à quitter Saint-Blaise-la-Roche.

À 5 h 40, ces bataillons viennent prendre une formation de rassemblement sur les pentes nord-ouest de l’éperon 553. Cet éperon se trouve au sud de Saint-Blaise-la-Roche. Une fois positionnés, les hommes se placent face au nord.

Le 2e bataillon du capitaine François occupe la droite de la position. Le 1er bataillon du capitaine Lescure s’installe à sa gauche. Le 158e R.I. vient se former en arrière et à droite du 149e R.I..

Le 3e bataillon du capitaine Laure reçoit un nouvel ordre,lui stipulant son maintien sur ses positions occupées, en raison d’un ralentissement dans les mouvements du 14e C.A..

Peu avant 11 h 00, le régiment obtient un premier renfort envoyé par le dépôt de Langres. Ce groupe est constitué d’environ 260 hommes qui sont sous l’autorité des sous-lieutenants de Parseval et Joannès.

Le médecin aide-major Mégnin fait partie du nombre. Tous ces hommes sont immédiatement répartis dans les compagnies carencées en effectif, depuis les combats du Renclos-des-Vaches.

À 13 h 30, un détachement du 149e R.I. est envoyé sur le champ de bataille du 14 août, sur les hauteurs 593 au sud-ouest de Diespach. Ce détachement a pour mission de rassembler tout le matériel, l’armement, l’équipement et le harnachement qui ont été abandonnés par l’ennemi. Il en profite également pour compléter les déficits et les pertes en sacs, musettes et bidons…

Au cours de l’après-midi, l’état-major du régiment reçoit l’ordre de cantonnement. Le 1er bataillon doit retourner à Saint-Blaise-la-Roche. L’état-major, le 2e bataillon du régiment ainsi que deux groupes d’artillerie de C.A., viennent s’installer à Diespach.

Un deuxième détachement venu de Langres arrive à 16 h 30. Ce groupe est composé d’environ 260 hommes qui sont accompagnés par les sous-lieutenants Fèvre et Petermann.

Les quatre sous-lieutenants, qui sont arrivés en renfort dans la journée, proviennent tous de l’école de Saint-Cyr.

Le 149e R.I. doit se diriger vers ses nouveaux cantonnements à partir de 17 h 00. Il doit laisser passer l’artillerie du 21e C.A. avant de se mettre en route.

L’état-major et le 2e bataillon du régiment arrivent à Diespach vers 18 h 00.

Carte_journee_du_16_aout_1914

Legende_carte_journee_du_16_aout_1914

Le ravitaillement en viande fraiche se déroule à Bourg-Bruche à partir de 8 h 30. L’alimentation par la section 1 du C.V.A.D. se fait au col du Las vers 6 h 00.

                                           Tableau des tués pour la journée du 16 août 1914

 Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

12 septembre 2014

15 août 1914.

Groupe_149e_R

Après une courte nuit de sommeil, le 15 août 1914 va être relativement calme pour le 149e R.I.. Calme, mais pas sans activité et déplacements.

L’état-major et le 2e bataillon du 149e R.I. quittent les cantonnements de Saint-Blaise-la-Roche à 6 h 45. Ils viennent prendre une formation de rassemblement articulée sur les pentes boisées situées à l’est de la station de Saulxures.

Le 1er bataillon du régiment vient de recevoir l’ordre de maintenir ses positions occupées depuis la veille. Celles-ci sont situées au nord de Saint-Blaise-la-Roche, à hauteur de Poutay. Une compagnie est en place à l’ouest de la route Saales-Schirmeck, les 3 autres sont postées à l’est de cette route. Ces quatre compagnies doivent conserver ce secteur jusqu’à ce qu’elles soient relevées par des unités de la 13e division.

Carte_journee_du_15_aout_1914

Legende carte 3 journee du 12 aout 1914

En début d’après-midi, le 1er bataillon peut enfin quitter ses emplacements. Il vient prendre sa formation de rassemblement à l’arrière et à la droite du 2e bataillon.

 Vers 17 h 00, tous ces éléments sont envoyés en cantonnement dans le village de Saint-Blaise-la-Roche. Un groupe d’A.D. les accompagne. L’installation dans les lieux de repos est terminée à 19 h 00.

Le 3e bataillon du commandant Laure est obligé de se maintenir au Haut-de-Steige en raison du retard apporté dans son mouvement offensif par le 14e C.A., avec lequel il n’a toujours pas pu entrer en liaison.

Le ravitaillement en viande fraîche se fait à Bourg-Bruche à partir de 8 h 30. L’alimentation par train régimentaire a lieu à Senones à partir de 15 h 00.

                                 Tableau des blessés pour la journée du 15 août 1914

 Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

La photographie de groupe représentant des soldats du 149e R.I. est antérieure à 1914.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

5 septembre 2014

Marie Charles François Didierjean (1868-1914).

Marie_Charles_Fran_ois_Didierjean

Marie Charles François Didierjean est né le 18 janvier 1868 dans la petite ville de Baccarat. Son père, Marie Eugène, 32 ans est ingénieur. Il est administrateur des cristalleries de Saint-Louis. Sa mère, Marie Joséphine Mangin, originaire de Nancy, est âgée de 22 ans.

Le jeune Didierjean effectue sa scolarité chez les jésuites au collège Saint-Joseph de Reims, puis au lycée Sainte-Geneviève de Versailles durant les années scolaires 1885, 1886 et 1887.

Une fois ses études secondaires terminées, il se rend à la mairie du 8e arrondissement de Paris pour signer un engagement volontaire de 5 ans avec l’armée. Marie Charles François Didierjean réussit le concours d’entrée de l’école spéciale militaire. À la fin du mois d’octobre 1887, il entre à l’école de Saint-Cyr pour prendre sa place dans la promotion de Tombouctou.

Nommé sous-lieutenant le 1er octobre 1889, juste après l’obtention de son diplôme de Saint-Cyrien, il doit rejoindre la ville de Gérardmer pour incorporer le 152e R.I..

En avril 1895, il devient lieutenant instructeur à l’école militaire d’infanterie. Ce rôle de pédagogue ne semble pas lui convenir puisqu’il fait rapidement une demande écrite pour quitter ce poste. Un an après, il est réintégré dans son ancien régiment.

En octobre 1897, Marie Charles François Didierjean épouse Marguerite Maguin, une Nancéienne âgée de 25 ans.

Le 12 juillet 1900, c’est la promotion ; aussitôt nommé capitaine, cet homme est immédiatement muté au 30e R.I. et il doit gagner la ville d’Annecy. Dans un premier temps, le capitaine Didierjean travaille au bureau de la mobilisation, une fonction qu’il occupe durant trois années consécutives. En 1903, il prend le commandement d’une compagnie du régiment.

Le 25 mars 1906, il est de nouveau sur le départ, quittant la région de la Haute-Savoie. Cet officier doit intégrer le 113e R.I.. Le 24 septembre 1911, il devient capitaine adjoint major du régiment.

Peu de temps avant d’accéder au grade de chef de bataillon, Marie Charles François Didierjean doit suivre les cours de tir pratique au camp de Châlons durant une période qui s’échelonne entre le 20 et le  31 mai 1913.

Trois semaines plus tard, il obtient ses galons de commandant. Ce nouveau chef de bataillon quitte la ville de Blois et prend la direction de l’est pour rejoindre la ville d’Épinal. Il est maintenant responsable du 3e bataillon du 149e R.I..

Le commandant Didierjean est très bien noté par ses supérieurs. Il est considéré comme étant un officier de grande qualité. Qualifié de très intelligent, il possède une grande érudition et maitrise parfaitement l’allemand, l’anglais et l’italien. C‘est également un excellent cavalier et un très bon escrimeur.

Il est toujours à la tête de son bataillon lorsque la déclaration de guerre contre l’Allemagne est officialisée le 2 août 1914.

Le commandant Didierjean trouve la mort le 14 août 1914 au Haut-de-Steige dans la vallée de la Bruche. La guerre est commencée depuis seulement 12 jours. Cet homme âgé de 46 ans, veuf depuis 1913, laisse 5 orphelins, Antoinette, Hélène, Marie-Louise, Antoine et Madeleine.

Sepulture_commandant_Didierjean

Il repose dans le caveau familial du cimetière de Préville de Nancy.

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur le 11 juillet 1914.

Citation à l’ordre de la 10e armée n° 53 du 4 mars 1915 : 

«  A été tué le 14 août 1914 à Haut de Steige (Alsace) à la tête de son bataillon au moment où il se portait avec les premiers éléments de la compagnie d’avant-garde pour reconnaitre la situation et le terrain avant de donner son ordre d’engagement. A donné les ordres jusqu’au dernier souffle de sa vie avec un courage de tout éloge. »

Henri René évoque le commandant Didierjean dans son ouvrage "jours de gloire et de misère".  Voici ce qu’il écrit à son sujet :

 6 août 1914. En Alsace, le baptême du feu.

… Le commandant Didierjean éteint sa pipe, son inséparable.  Il en secoue les cendres d’un geste machinal sur le croc de sa canne, son autre inséparable. Il incline un peu sur l’oreille son grand képi haut formé et, très ému sans vouloir le paraître, il assigne les objectifs à ses capitaines… …Le commandant Didierjean, avec l’excessive bravoure qui lui était coutumière, a été frappé le 13 août, à Haut-de-Steige sur la ligne d’éclaireurs au « champ d’honneur » de cette Alsace où il avait si ardemment rêvé de reconquérir lui-même ses parchemins de famille. Nous avions pour lui un véritable culte et il n’est pas de mots pour traduire les regrets qu’il laisse parmi nous.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

 « Jour de gloire, jour de misère… » d’Henri René. Éditions Perrin et Cie, 1917.

La photographie de la sépulture du commandant Didierjean à été réalisée par E. Mansuy.

Un grand merci à M. Bordes, à C. Didierjean, à E. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 835 198
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.