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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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14 août 2015

Les premiers mois de l’année 1918 sur le front des Vosges (5e partie)

Bois de Brehaingoutte

 

Après le coup de main allemand réussi du 9 mars, les hommes du 149e R.I. essayent de faire de leur mieux pour déjouer les prochains qui ne manqueront pas de se produire.

 

La technique utilisée est simple. Les groupes de combat qui sont les plus avancés en 1ère ligne reçoivent l’ordre d’évacuer le plus rapidement possible leurs postes en cas d’attaque ennemie. Dès le début d’un bombardement annonciateur d’une sortie de l’adversaire, ceux-ci doivent se replier sur la seconde ligne. L’artillerie française a également reçu la consigne de riposter aussitôt aux tirs de l’ennemi, de manière extrêmement violente.

 

Au 149e R.I., le petit succès allemand a laissé une sensation d’amertume. Même si, au fond, cet évènement n’est pas vraiment d’une grande importance, il reste tout de même assez vexant pour les hommes du colonel Boigues qui n’eurent jamais la possibilité de réussir une action similaire.

 

Une malchance persistante et l’habileté manœuvrière des troupes ennemies ont fait échouer toutes leurs tentatives.

Cette situation à un peu gâté un séjour qui aurait pu être, par ce bel hiver, aussi agréable qu’un secteur peut l’être quand il n’est pas soumis à de violentes attaques répétitives de grande ampleur.

 

16 mars 1918

 

Les deux artilleries restent très actives tout au long de la journée. L’aviation allemande est très présente.

 

Les travaux habituels d‘entretien du réseau et des tranchées sont effectués par les équipes désignées.

 

Un sergent est tué au régiment.

 

17 mars 1918

 

 Cette journée est marquée par une grande activité de l’aviation allemande.

 

Des avions de chasse ennemis abattent un avion de reconnaissance français peu avant 19 h 00.

 

18 mars 1918

 

Le 1er bataillon du 149e R.I. qui occupe le C.R. la Cude est relevé par le 2e bataillon du 171e R.I..

 

19 mars 1918

 

La journée reste assez calme dans l’ensemble. Seule une activité moyenne des deux artilleries rappelle que la guerre est bien là.

 

20 mars 1918

 

La météo se dégrade. Le temps est pluvieux, ce qui rend la visibilité très mauvaise. En raison de ces conditions climatiques, la journée est encore plus calme que les jours précédents.

 

 

21 mars 1918

 

Les tirs de l’artillerie allemande sont  légèrement plus nourris que la veille.

 

Des mouvements de relèves intérieures ont lieu dans le secteur du C.R. Violu.

 

22 mars 1918

 

Mis à part les travaux quotidiens, il ne se passe rien de particulier dans le secteur du 149e R.I..

 

23 mars 1918

 

Le beau temps est de retour. De nouveau, les deux artilleries vont se montrer actives. Plusieurs obus tombent sur le C..R. Violu et sur le C.R. la Cude.

 

Les patrouilles habituelles font leurs sorties pour vérifier l’état des défenses. Une d’entr’elles trouve, vers B 49.68 dans le secteur du C.R. Grande Goutte, une proclamation datant du 28 novembre 1917,évoquant une proposition d’armistice et de paix immédiate du gouvernement russe. 

 

Le 1er bataillon du 149e R.I., qui était au repos depuis le 18 mars, relève le 2e bataillon du 171e R.I. au C.R. la Cude.

Le caporal Victor Bernichon de la 10e compagnie est tué. Un sergent est blessé.

24 mars 1918

Le canon tonne violemment sur le secteur du C.R. Violu à partir de 5 h 30. Durant 90 minutes, les deux artilleries vont se déchaîner dans cette zone. Le calme revient progressivement vers 7 h 00.

 

L’aviation ennemie est présente une bonne partie de la journée dans le ciel vosgien.

 

Un aspirant et six hommes du 149e R.I. sont blessés. Plusieurs décèdent après avoir reçu les premiers soins.

 

                         Les décédés des suites de leurs blessures pour la journée du 24 mars 1918

 

25 mars 1918

 

De nombreux tirs de réglage sont effectués par les deux artilleries tout au long de la journée

 

Les patrouilles habituelles effectuent leurs tâches.

 

Un soldat du 149e R.I. est blessé.

 

26 mars 1918

 

Le secteur occupé par le 149e R.I. reste tranquille.

 

Aumonier Vosges mars 1918

 

27 mars 1918

 

Les canons français et allemands sont peu sollicités.  Comme à l'accoutumée, les patrouilles du régiment font leurs sorties journalières.

 

28 mars 1918

 

La journée est très calme.

 

29 mars 1918

 

Toutes les compagnies de réserve du sous-secteur A sont sollicitées pour effectuer des exercices d’alerte.

 

Les patrouilles du 149e R.I. assurent leurs missions habituelles.

 

30 mars 1918

 

Une demi-section du 149e R.I. relève des cavaliers qui se trouvent au  P.A. Ravin.

 

31 mars1918

 

Le 3e bataillon du 174e R.I. relève le 3e bataillon du 149e R.I. au C.R. Violu.

 

Des exercices de port de masque ont lieu aux C.R. Grande Goutte et la Cude.

 

Deux hommes sont blessés au 149e R.I..

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes Réf : 26 N 344/7 et 26 N 344/8

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.

 

 Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à É. Mansuy, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

7 août 2015

Alexandre Henry Fournier (1879-1929).

Alexandre_Henry_Fournier

 

Enfance et adolescence 

 

Originaire de la ville de Briançon, Alexandre Henry Fournier voit le jour dans le domicile de ses parents le 19 septembre 1879.

 

À sa naissance, son père, Henry, est un homme âgé de 39 ans qui exerce la profession de médecin major à l’hôpital militaire de la petite ville des Hautes-Alpes. Sa mère, Julie Louise Teyssier est une jeune femme âgée de 24 ans.

 

Fils de militaire, il est amené à changer plusieurs fois de ville au cours de son enfance et de son adolescence. Durant cette période il vit à Briançon, à Lyon, et à Angoulême. Le jeune Fournier termine ses études en obtenant son baccalauréat ès lettres et ès mathématiques. Il parle couramment l’allemand et a une bonne connaissance de la langue de Shakespeare.

 

Les études militaires 

 

Le 19 octobre 1899, Alexandre Fournier signe un engagement volontaire de trois ans à la mairie de Tours. Le 25 octobre 1899, il intègre la promotion « In Salah » de l’école spéciale militaire.

 

Saint_Cyr_2e_compagnie_promotion_In_Salah

 

Nommé caporal le 1er novembre 1900, le futur officier sort de l’école le 24 août 1901 avec le numéro 75 sur 546 élèves classés.

 

Alexandre Fournier est promu sous-lieutenant au 131e R.I. par décret du 24 septembre 1901 ; il doit se rendre dans la préfecture du Loiret pour intégrer son régiment d’affectation. Deux ans plus tard, jour pour jour, le jeune Saint-Cyrien est nommé au grade supérieur.

 

Il est détaché du régiment orléanais pour aller effectuer un premier stage au 32e R.A.C. du 8 avril au 7 juillet 1907, et un second stage au 20e chasseurs à cheval du 8 juillet au 8 octobre 1907, avant d’entrer à l’école de guerre.

 

Reçu 12e, le lieutenant Fournier est classé 3e à la fin de la première année de cours. Il termine à la 4e place de sa promotion lorsque sa formation théorique s’achève.

 

Suite à une décision du 13 octobre 1909, il est envoyé comme stagiaire à l’état-major du 9e C.A.. Il est considéré par ses supérieurs comme étant un officier de tout premier ordre, dans les exercices sur la carte et dans les voyages d’état-major. Ses connaissances militaires sont étendues. Malgré son jeune âge, il faut preuve d’une grande maturité d’esprit.

 

Il suit l’enseignement complémentaire de hautes études militaires organisé à titre d’expérience en 1909-1910.

 

Le 26 juin 1911, c’est la nomination au grade de capitaine.

 

Carrière d’officier supérieur 

 

Rayé des contrôles du 9e C.A. en octobre 1911, le capitaine Fournier est dans un premier temps, muté au 142e R.I. pour effectuer son temps de troupe. Mais il n’ira jamais dans cette unité puisqu’il est affecté, avant d’avoir rejoint, au 4e B.C.P., suite à une décision datant du 10 octobre 1911.

 

Ce bataillon de chasseurs est en garnison dans la commune de Saint-Nicolas-du-Port située dans le département de la Meurthe-et-Moselle.

 

Le 12 février 1912, Alexandre Fournier épouse une Parisienne Anne Marie Gabrielle Jeanne Foch dans la ville de Chaumont. Il devient ainsi le gendre du maréchal Foch. De cette union naîtront quatre enfants, Henry, Geneviève, Ferdinand et Jeanne.

 

Le capitaine Fournier assume ses fonctions d’officier au 4e B.C.P. jusqu’au 4 novembre 1913, date à laquelle il doit rejoindre le 4e bureau de l’état-major d’armée, pour y occuper un poste jusqu’au 31 juillet 1914. La guerre le retrouve à la commission régulatrice de concentration de la gare de Laon.

 

Le 20 octobre 1914, il est affecté comme adjoint au commandant en chef, au 3e bureau de l’état-major du groupe d’armée du nord qui se trouve sous les ordres du général Foch. Au cours de la bataille de l’Yser en octobre et novembre 1914, il est agent de liaison.

 

De la fin de l’année 1914 au mois de septembre 1915, il occupe toujours la même fonction à la Xe armée pendant les affaires d’Artois.

 

Le 16 mai 1916, le capitaine Fournier est victime d’un grave accident de voiture automobile, l’homme est sérieusement blessé au visage.

 

Le capitaine Fournier est nommé commandant le 26 juin 1916, il n’a pas encore 37 ans.

 

 De juillet à novembre 1916, il retrouve sa place d’officier de liaison, mais cette fois-ci, c’est à la VIe armée qui combat dans le secteur de la Somme.

 

Le 19 mai 1917, il travaille au 3e bureau de l’état-major de l’armée.

 

Un bref passage au 149e R.I. 

 

Le 7 décembre 1917, Alexandre Fournier est muté au 149e R.I. pour prendre le commandement du 3e bataillon. Avec ses hommes, il occupe le secteur vosgien du Violu durant les mois de janvier et de février 1918.

 

Le lieutenant-colonel Charles Pierret évoque sa rencontre avec cet officier dans un témoignage inédit. Voici ce qu’il écrit :

 

« … Le commandant Fournier, très jeune, est au régiment depuis deux mois ; ancien capitaine du 4e B.C.P. avant la guerre, a l’air très bien ; a été victime d’un accident d’auto avec le général Foch, en 1916, près du Plessis-Belleville, en allant à une réunion de grands chefs à Châlons-sur-Marne où il accompagnait son beau-père ; produit bonne impression de chef jeune et vigoureux, énergique ; porte encore son ancienne tenue de chasseur à pied avec le n° 149. »

 

Alexandre Fournier n’a pas vraiment le temps de s’illustrer au cours de son court passage dans le régiment spinalien. En effet, le secteur occupé par le 149e R.I. reste relativement au calme durant toute cette période.

 

Il est à noter que cet officier a conservé son uniforme de chasseur a pied. C’est un état de fait peu commun ! Comme s’il avait su, dès le début de son arrivée au 149e R.I., que cette situation serait temporaire. Prendre le commandement d’un bataillon sous les ordres d’un officier supérieur est peut-être une étape obligée dans la carrière. En effet, il n’était que capitaine lorsqu’il était au 4e B.C.P., et  il n’a encore jamais commandé d’unité. A-t-il été au 149e R.I., supervisé par le colonel Boigues pour « se faire la main »,  avant d’être lancé dans « le grand bain » ? À savoir commander un B.C.P. qui est un corps indépendant et non un bataillon qui reste une partie d’un régiment.

 

L’après 149e R.I. 

 

Une décision du général en chef n° 30524 en date du 26 février 1918 le nomme à la tête du 15e B.C.P..

 

Le 2 mars 1918, il remplace le commandant Schweisguth à la tête du bataillon de chasseurs à pied qui occupe un secteur du Monté Fenera, dans la région piémontaise italienne.

 

Le 27 juin 1918, Alexandre Fournier est nommé chef d’état-major de la 26e D.I.. Il doit se mettre directement sous les ordres du général Pauffin de Saint-Morel qui couvre, avec ses unités, un secteur situé entre Grugies et Sélency, dans le département de l’Aisne.

 

Le 6 juillet 1918, le lieutenant-colonel commandant le 3e groupe de chasseurs, rédige la note suivante à son sujet :

 

« Pendant le temps trop court passé au 15e B.C.P., le commandant Fournier, s’est montré un chef de corps excellent, aussi bien par l’esprit élevé et ardent qu’il a maintenu dans son bataillon que par son souci des questions d’organisation et d’instruction. Sous ses ordres, le 15e B.C.P. constituait une unité d’élite à qui les circonstances n’ont pas permis, pendant ces quatre derniers mois, de donner la mesure complète de sa valeur. Néanmoins, les secteurs occupés par le commandant Fournier le mettent suffisamment en relief ; soit en Italie, où il a eu à pousser des reconnaissances hardies, soit dans les Flandres où, dans une région dure, il a eu à rétablir une situation devenue désavantageuse à la suite d’une offensive sur les précédents occupants. Cet officier supérieur a montré qu’il réussissait aussi bien à la tête d’une troupe qu’il l’avait fait dans le service de l’état-major. Je viens d’ailleurs de le proposer pour être inscrit sur la liste d’aptitude pour lieutenant-colonel. »

 

En octobre 1918, le commandant Fournier participe à une attaque du côté du bois des Caures et de la Wavrille, sur la rive droite de la Meuse près de Verdun.

 

Après l’armistice

 

Il travaille à l’état-major de la Xe armée du 18 juillet 1919 au 10 novembre 1919 puis à l’état-major du maréchal commandant en chef des armées alliées du 11 novembre 1919 au 9 janvier 1920, puis a l’état-major du maréchal, président du comité militaire allié de Versailles.

 

Alexandre Henry Fournier devient lieutenant-colonel le 25 mars 1921, puis colonel le jour de Noël de l’année 1927.

 

Mis en congé pour raison de santé, Alexandre Henry Fournier décède le 9 avril 1929 dans le 12e arrondissement de la ville de Paris. Il repose dans la 15e division du cimetière de Passy.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 1 palme, 2 étoiles de vermeil et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de l’armée, ordre n° 2 du général commandant le groupement Foch du 12 février 1917 :

 

«  Officier de premier ordre se dépensant sans compter à l’état-major auquel il appartient depuis deux ans. A déjà rendu au cours des actions de l’Yser et de l’Artois, les meilleurs services, notamment dans les transports intensifs de troupe, par son intelligence, son activité, son jugement, sa conscience. S’est particulièrement distingué dans des reconnaissances effectuées en première ligne pendant la bataille de la Somme. »

 

Citation à l’ordre du 2e C.A.C. n° 221/R du 28 septembre 1918 :

 

« Chef d’état-major de premier ordre. A fait  ses preuves comme chef de corps. Au cours de la préparation de la dernière offensive, s’est montré plus qu’un collaborateur pour son chef, menant de front le travail de bureau et les reconnaissances, avec une haute intelligence, un dévouement complet et un profond mépris du danger. »

 

Rectificatif à l’ordre général n° 96 de la 46e D.I. du 19 octobre 1918. :

 

Est cité à l’ordre de la division, le 15e bataillon de chasseurs alpins :

 

« Superbe bataillon, à qui une tradition parfois chèrement payée, permet de s’enorgueillir de n’avoir pas de prisonniers au-delà du Rhin. Vient d’affirmer à nouveau ses qualités d’abnégation, d’endurance et d’élan dans la période de fin mai à fin août 1918. Commandé successivement par les chefs de bataillon Fournier et Boucomont, sur trois théâtres d’opérations différents, dans les conditions les plus dures, malgré de grosses pertes et des tirs d’obus toxiques qui font des ravages dans ses rangs. A toujours mené à bien les tâches qui lui ont été confiées, notamment en juin, en occupant pendant trois semaines un secteur particulièrement dur dans lequel il rétablit une situation amoindrie par une attaque récente ; les 26 et 31 juillet, en reprenant à l’ennemi certains points avancés dont la garnison est faite prisonnière ; les 19 et 20 août, en atteignant ses objectifs malgré l’arrêt des corps voisins, et se maintenant, pendant une semaine, en coin entre deux organisations ennemies intactes grâce à une lutte incessante qui ne s’est terminée que par la retraite de l’ennemi. »

 

Cité à l’ordre du 17e C.A. n° 148 du 4 novembre 1918 :

 

« Chef d’état-major de premier ordre, menant de front le travail de bureau et les reconnaissances. A été la cheville ouvrière de la préparation et de l’exécution de l’attaque qui a amené la conquête de la Wavrille et du bois des Caures, la prise de 1400 prisonniers et d’un butin considérable ».

 

Chevalier de la Légion d’honneur (J.O. du 14 juillet 1917) avec le motif suivant :

 

« A rendu les services les plus distingués et les plus dévoués depuis le mois d’octobre 1914, comme agent de liaison du groupe d’armée du nord, pendant la bataille de l’Yser, les attaques de l’Artois et l’offensive de la Somme en 1916. »

 

Officier de la Légion d’honneur le 28 décembre 1928.

 

Autres médailles :

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Médaille de la Victoire

 

Médaille anglaise : Ordre des services distingués

 

Médailles belges : Chevalier de l’ordre de Léopold avec croix de guerre

 

Médaille italienne : Officier des saints Maurice et Lazare. Insigne de guerre

 

Médaille serbe : Aigle blanc 4e classe

 

Médaille belge : médaille de l’Yser

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

J.M.O. de la 43e D.I. sous-séries 26 N 344 /7

 

Historique du 149e R.I.. Épinal Klein 1919

 

Historique du 15e B.C.P. Nancy, Berger-Levrault

 

Témoignage inédit du général Pierret (avec l’aimable autorisation d’A. Pierret)

 

Une grande partie des informations concernant la famille d’Alexandre Henry Fournier ont été trouvées sur le site « Généanet ».

 

Le commandant Fournier possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter sur le lien suivant.

 

Site_base_Leonore

 

Pour en savoir plus sur le 15e B.C.P. il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Gallica

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à P. Baude, à A. Carobbi, à A. Pierret, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

31 juillet 2015

Les premiers mois de l'année 1918 sur le front des Vosges (4e partie)

Violu_8

 

L’ennemi devient de plus en plus agressif dans les premiers jours du mois de mars 1918. Son artillerie, riche en calibres en tout genre, procède à des concentrations de tirs particulièrement violents. Les défenses accessoires de la 43e D.I. vont être régulièrement bousculées.

 

Ces bombardements ennemis préparent la voie à des petites attaques d’infanterie qui sont menées par les « sturmtruppen », des unités allemandes spécialisées dans ce type d’action.

 

1er mars 1918

 

Une garnison de sécurité, qui doit prendre en charge la ligne de dernière résistance, est en cours de création. Les travaux, effectués depuis plusieurs semaines dans le secteur de la 43e D.I., permettent maintenant une meilleure utilisation des effectifs. Cette unité est constituée de deux compagnies du 31e B.C.P., d’une compagnie du 143e R.I.T., de plusieurs sections de mitrailleuses issues de ces deux unités et d’une section du 149e R.I..

 

Des mouvements de relèves ont lieu dans le secteur occupé par le 149e R.I..

 

Un exercice de port de masque est effectué par les unités qui se trouvent dans le P.A. Grande Goutte

 

2 mars 1918

 

Les Allemands profitent d’un épais brouillard pour accentuer leurs efforts concernant les travaux d’aménagement de leurs tranchées.

 

Il y a une grande activité réciproque des deux artilleries sur tout le front de la 43e D.I..

 

Vers 12 h 00, les canons français ripostent violemment en tirant sur les batteries et minen qui bombardent la région du Violu. Ceux-ci concentrent leurs tirs sur les points sensibles de l’ennemi qui ont été repérés.

 

Des mouvements de relèves intérieures se déroulent dans le C.R. la Cude.

 

Un homme est blessé au 149e R.I..

 

3 mars 1918

 

Les tirs d’artillerie allemands et français sont encore plus violents que les jours précédents. Le secteur du Violu, occupé par le 3e bataillon du 149e R.I., subit des tirs puissants de concentration. Ils sont accompagnés de tirs d’interdiction sur les arrières immédiats des points visés.

 

Les patrouilles de surveillance et de vérification des réseaux parviennent tout de même à faire leur travail dans ce secteur. Pour les hommes qui sont de corvée, il n’y a pas le choix, il faut remettre à neuf les tranchées et les boyaux qui ont été éboulés par les obus ennemis.

 

Un homme est blessé au 149e R.I..

 

4 mars 1918

 

Une alerte aux gaz est donnée dans les lignes ennemies vers 3 h 00. Les klaxons sont entendus pendant un bon quart d’heure.

 

L’artillerie française vient de donner une réponse identique aux Allemands qui leur ont envoyé des obus toxiques.

 

Dans la matinée, les artilleurs français effectuent un tir de barrage en utilisant des obus de 75 et de 95 dans le secteur allemand du C.R. Violu.

 

La pluie et la neige sont au rendez-vous. La visibilité reste particulièrement mauvaise jusqu’à 15 h 00. Ce qui rend l’artillerie moins virulente. Quelques tirs de concentration de la part de l’artillerie allemande ont tout de même lieu dans le secteur du Violu.

 

Le_violu_9

 

Les dommages causés par les obus doivent être aussitôt réparés. Il faut vite remettre en état les réseaux qui viennent de subir des brèches importantes.

 

Des mouvements de relève intérieure s’effectuent dans le C.R. Grande Goutte.

 

5 mars 1918

 

L’artillerie allemande effectue des tirs de harcèlements continus sur les premières lignes, les batteries, et les arrières immédiats des premières lignes de la 43e D.I.. Ces tirs causent de sérieux dégâts dans les tranchées qui finissent par retarder l’avancement des travaux.

 

Quelques hommes du bataillon Schalck effectuent une reconnaissance du côté de la ferme Gretschy. Ils sont vite repérés par l’ennemi. Une douzaine d’obus de gros calibre est envoyée en direction de la ferme.

 

ferme_Gretschy

 

L’artillerie française répond aussitôt par des tirs de contre préparation d’offensive et des tirs de  concentration en utilisant des obus ordinaires et des obus spéciaux.

 

6 mars 1918

 

L’artillerie allemande continue de manifester une grande activité tout au long de la journée. Le secteur du Violu est particulièrement visé et les bombardements causent à nouveau d’importants dégâts. Ceux-ci doivent être réparés au plus vite.

 

L’homme de troupe du 149e R.I. est à la peine ; en plus des corvées de réparations à effectuer, il lui faut aussi déblayer la neige qui est abondante.

 

Des mouvements de relève intérieure se produisent dans le C.R. la Cude. Un soldat du 149e R.I. est blessé au cours de cette relève.

 

Un exercice de port de masque a  lieu dans le C.R. Grande Goutte.

 

7 mars 1918

 

L’artillerie allemande est devenue moins virulente que les jours précédents. Elle effectue quand même un fort tir de concentration sur les premières lignes qui se trouvent dans le secteur du Violu. L’artillerie française répond par des tirs de contre préparation d’offensive en envoyant des obus de 75, 90, 95 et 120.

 

Des mouvements de relève intérieure se réalisent dans le C.R. la Cude.

 

Le soldat Pierre Garreau de la 9e compagnie est tué, trois autres soldats du régiment sont blessés.

 

8 mars 1918

 

L’artillerie allemande retrouve toute sa vitalité. L’ennemi concentre ses tirs sur les C.R. de la Cude et du Violu. Les 1ère et 2e lignes françaises subissent d’importants tirs de harcèlement.

 

La riposte des canons français ne tarde pas à se faire entendre. Les tranchées allemandes et les batteries qui viennent d’être vues en action sont aussitôt prises pour cibles.

 

Les travaux en cours effectués par les équipes de « terrassiers » se poursuivent.

 

9 mars 1918

 

La matinée du 9 mars est marquée par une série de vives actions d’artillerie et d’infanterie dans le secteur du 149e R.I..

 

Un groupe d’hommes du bataillon Fournier doit effectuer un coup de main dans la tranchée de Constantinople à 5 h 30. Le détachement prévu pour le mener à bien est en position au P.A. Violu sud. Un puissant bombardement de 15 minutes doit précéder cet évènement.

 

Mais ce sont les Allemands qui vont créer l’effet de surprise ! Un violent pilonnage ennemi débute à 5 h 00, devançant d’un quart d’heure l’action qui doit être menée par les Français.

 

Les obus et les minen tombent dru sur un front d’environ 3 km. La zone bombardée se situe entre le nord de l’observatoire Pacchiodo et le sud de l’observatoire du Clésio. Le tir est particulièrement intense sur le P.A. Violu nord et sur la partie nord du P.A. Regnault.

 

observatoire_Pacchiodo

 

Suivant le programme préalablement établi, le tir de préparation d’artillerie de la 43e D.I. commence, comme prévu, à 5 h 15. Un quart d’heure plus tard, le détachement d’assaut du 149e R.I. se dirige sur la tranchée de Constantinople. Malheureusement pour lui, celle-ci n’est plus occupée. La tranchée a été évacuée quelque temps auparavant. Cette mission est un échec. Les hommes font rapidement demi-tour. Deux soldats sont légèrement blessés dans cette opération.

 

Le bombardement allemand prépare, en fait, trois attaques d’infanterie distinctes les unes des autres.

 

La première a pour objectif le G.C. du nord du P.A. Regnault qui se trouve devant le Bernhards Stein. Cette attaque, qui est soutenue par des lance-flammes, est rejetée par les grenadiers et les V.B. du 149e R.I.. Les Allemands ne sont même pas parvenus au contact.

 

La seconde se porte sur le G.C. du centre du P.A. Violu nord en 50 92.

 

Une troisième attaque est lancée sur le G.C. sud du P.A. Violu nord. (G.C. Alger au débouché du boyau Violu nord sur la parallèle principale).

 

Secteur_du_Violu

 

Cette action ennemie est menée par un groupe composé d’une petite centaine d’hommes.

 

Le G.C. français est occupé par une section de mitrailleuses et par une section de soldats. Tous ces hommes se retrouvent vite encerclés par les fractions ennemies. Complètement isolés du reste de leur compagnie, ils demeurent à leur poste de combat et tentent de se défendre à la grenade.

 

Le lieutenant de Villepoix, un aspirant, deux sergents, un caporal fourrier, 4 caporaux et 28 soldats sont faits prisonniers. Deux hommes sont également blessés au cours de cette opération.

 

Tous les abris ont été effondrés et incendiés après le passage de l’ennemi dans ce secteur.

 

Une contre-attaque française est menée à partir du G.C. Agen. Elle met en fuite les Allemands qui étaient en train d’emporter les mitrailleuses. Les pièces sont récupérées et le terrain est réoccupé. Malheureusement pour eux, les prisonniers qui ont été capturés n’ont pas pu être libérés. Ces derniers vont bientôt devoir prendre la direction de l’Allemagne…

 

Le calme revient vers 7 h 00.

 

L’artillerie reste très active tout au long de la journée.

 

Des mouvements de relève intérieure ont lieu dans le secteur du Violu.

 

10 mars 1918

 

Il y a une activée d’artillerie réciproque tout au long de la journée. De nombreux réglages de tir sont effectués. Les travaux habituels sont menés à bien.

 

Deux hommes du 149e R.I. sont blessés au cours de cette journée.

 

 

 

11 mars 1918

 

Une activité allemande importante est observée du côté de la tranchée de Constantinople, laissant présager une possible opération. Plusieurs avions ennemis survolent les lignes françaises.

 

Les patrouilles de surveillance et de vérification des réseaux font leurs sorties journalières. Les canons français effectuent quelques tirs de réglages, de harcèlements et de représailles. L’artillerie allemande reste peu active.

 

Des mouvements de relève intérieure se déroulent au C.R. la Cude.

 

Le soldat Eugène Pinget-Gay se tue accidentellement. Il faisait partie de la 5e compagnie.

 

12 mars 1918

 

L’artillerie et l’aviation se montrent actives, de part et d’autre, tout au long de la journée. De nombreux tirs de réglage ont lieu sur l’ensemble du front de la 43e D.I..

 

Les patrouilles habituelles d’infanterie exécutent leurs tâches quotidiennes.

 

Des mouvements de relève intérieure se produisent au C.R. Grande Goutte.

 

13 mars 1918

 

Une note de service fait savoir qu’il faut mettre en retrait les P.C. de commandement de compagnie pour les mettre à l’abri des coups de main ennemis. Cet ordre arrive certainement à la suite des évènements qui eurent lieu le 9 mars.

 

Les deux artilleries exécutent des tirs de réglages et de harcèlements, de représailles et de ripostes.

 

Les patrouilles de surveillance et de vérification des réseaux sont de nouveau sollicitées.

 

L’espace aérien français est survolé par de nombreux avions.

 

Des mouvements de relèves intérieures se passent dans le C.R. la Cude.

 

14 mars 1918

 

L’aviation reste active toute la matinée.

 

Les tirs de l’artillerie allemande sont supérieurs à la normale. Les canons allemands effectuent de très nombreux tirs de harcèlement et de barrage.

 

Un homme du 149e R.I. est blessé.

 

15 mars 1918

 

La journée est beaucoup plus calme que la veille. Six pièces de 90 et 8 pièces de 95 vont être installées à l’arrière de la ligne de résistance. Ces batteries reçoivent l’ordre de la défendre en cas d’attaques ennemies.

 

Les tranchées occupées par le 149e R.I. sont survolées par quelques avions.

 

Le soldat François Deborde de la 1ère compagnie du régiment est tué. Onze soldats sont également intoxiqués, mais ils ne seront pas évacués vers l’arrière.

 

Grâce à son travail de recherche sur le site des prisonniers de la Première Guerre mondiale du C.I.C.R., E. Surig a pu identifier 5 personnes qui ont été capturées au cours de l’opération allemande qui s’est déroulée dans la journée du 9 mars 1918.

 

                                   Liste des hommes du 149e R.I. qui ont été capturés le 9 mars 1918

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes Réf : 26 N 344/7 et 26 N 344/8.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.

 

Le fond de carte utilisé pour toutes les illustrations provient du J.M.O. du 112e R.I.T.. Celle-ci peut se consulter sur le site « Mémoire des Hommes ». Référence du J.M.O. du 112e R.I.T. : 26 N 796/15. 

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à É. Mansuy, à E. Surig, au Service Historique de la Défense de Vincennes et au Comité International de la Croix Rouge.

24 juillet 2015

Les premiers mois de l'année 1918 sur le front des Vosges (3e partie)

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L’état-major français n’a plus vraiment de raison de craindre une attaque d’envergure ennemie dans le département des Vosges. Cependant, pour donner le change sur ses véritables intentions, le commandement allemand impose une vive activité à ses hommes qui se trouvent dans les nombreuses zones de front, autres que celles sur lesquelles il projette d’effectuer ses prochaines offensives.

 

Les Allemands essayent également de « construire une carte » donnant la répartition géographique des différentes divisions alliées, à partir des prisonniers capturés dans les différents secteurs.

 

Certains terrains d’activité de la 43e division sont encore insuffisamment protégés des tirs d’artillerie. Les coups de main effectués par l’infanterie adverse restent également une menace sérieuse et constante.

 

Malgré les rudes conditions climatiques hivernales, des corvées de travail sont effectuées par les fantassins du 149e R.I. dans le sous-secteur A, depuis plusieurs semaines. Quotidiennement, les fantassins s’activent à la pelle et à la pioche pour consolider, améliorer et renforcer leurs positions.

16 février 1918

 L’ennemi œuvre du côté de la tranchée de Constantinople depuis deux nuits. Il semblerait que celle-ci ait été camouflée et recouverte pour la rendre moins visible aux observateurs du commandant Fournier. Les Allemands renforcent également leurs réseaux de barbelés dans ce secteur.

 

Les patrouilles de reconnaissance et de vérification du système de protection du 149e R.I. effectuent leurs missions quotidiennes.

 

Plusieurs avions français survolent le sous-secteur A en fin de matinée.

 

Les travaux, débutés il y a maintenant plusieurs jours sur le terrain occupé par le régiment du colonel Boigues, se poursuivent :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

Les abris de bombardement du P.C. la Cude et le boyau qui relie les baraquements de la Cude à la position de combats sont toujours en état de construction.

 

C

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Les emplacements de G.C. prévus dans la ligne de doublement et la ligne de repli en 48-85 et en 48-87 commencent à se mettre en place.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

De nouveaux abris sont érigés au Clésio, à Coq de Bruyère et à la Roche du Diable, en 42-72, en 41-68 et en 1007. Des postes de mitrailleuses sont aménagées en avant de 1022,  en 27-57  et en 38-71.

 

Des mouvements de relève intérieure ont lieu dans le secteur du C.R. Grande Goutte.

 

17 février 1918

 

Rue_d_Alsace_caserne_Kellermann

 

La compagnie vosgienne, qui occupe des bâtiments de la caserne Kellermann, se prépare à quitter Saint-Dié pour monter en 1ère ligne. Un peloton de cette compagnie doit venir s’installer dans le secteur du 149e R.I..

 

Il règne toujours une animation importante aux abords de la tranchée de Constantinople, particulièrement du côté de B 50-84. Des bruits de terrassement sont perçus. Les Allemands camouflent un trou à 30 m en avant du bois carré tout en poursuivant le renforcement de leurs réseaux. Il semblerait qu’un ouvrage bétonné soit en cours de construction à 30 m au sud-ouest de L 93-68.

 

L’activité de l’aviation ennemie est importante. L’artillerie allemande en profite pour effectuer quelques tirs de réglage dans le secteur du Violu.

 

Les patrouilles françaises de vérification de réseaux et de surveillance font leur travail habituel.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude et du C.R. Violu :

 

C

 

Les « terrassiers » du 149e R.I. continuent de travailler à la mise en état des boyaux et  des tranchées, ils renforcent les défenses accessoires, optimisent les G.C. et les emplacements des mitrailleuses.

 

Du côté du C.R. Grande goutte :

 

Les abris de Grande Goutte, Numa, Clésio et de Coq de Bruyère continuent d’être améliorés.

 

Deux guérites pour guetteurs sont construites à la Roche du Diable. Des emplacements pour tireurs sont aménagés en 51-98 et en 51-99.

 

Des mouvements de relève intérieure ont lieu dans le sous-secteur A.

 

Un homme du 149e R.I. est légèrement blessé par un éclat d’obus.

 

18 Février 1918 :

 

L’artillerie allemande effectue de nombreux réglages sur tout le secteur. Il y a une activité réciproque des deux aviations.

 

Les habituelles patrouilles de surveillance et de vérification des réseaux sortent dans le no man’s land.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

La_Cude_1

 

Les abris 50-01, 50-02 et l’abri de bombardement du P.C. de la Cude sont toujours en cours de réalisation.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Les travaux concernant les boyaux 475-85 et 48-85 se prolongent.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

 

Les travaux engagés du côté des abris G.C.5, G.C.6, de la Roche du Diable, de Numa et du Clésio se poursuivent. Des guérites pour guetteur sont édifiées à la Roche du Diable.

 

Des mouvements de relève intérieure se réalisent dans le sous-secteur A.

 

Il y a  un blessé léger par éclat d’obus au 149e R.I..

 

19 février 1918 :

 

Les deux artilleries effectuent, de part et d'autre, des tirs de réglages et de harcèlement. Les deux aviations accomplissent plusieurs sorties dans la journée.

 

Entre 15 h 10 et 15 h 15, il y a quelques échanges de tirs dans le secteur du C.R. la Cude. Durant ces cinq minutes, les Allemands qui se trouvent dans la tranchée de Constantinople lancent quelques grenades.

 

Ceux-ci poursuivent le travail de terrassement et de camouflage de cette tranchée. Les Français entendent fréquemment des bruits de pioches, de scies et de bois cassés.

 

Les patrouilles habituelles de surveillance et de vérification des réseaux exécutent leurs tâches hebdomadaires.

 

Dans le sous-secteur A, à 7 h 30, le sous-lieutenant Loubignac tend une embuscade à un allemand qui vient de sortir de ses réseaux.

 

Le boyau à l’est de 1007 et de 1022 est toujours en cours de réalisation.

 

Les travaux concernant les abris du col de Numa, de Clésio, du coq de Bruyère continuent.

 

De nouvelles guérites pour guetteurs sont construites à Coq de Bruyère et à la Roche du Diable.

 

Au cours de la journée, des exercices de port de masque sont effectués par les unités qui se trouvent en ligne dans le C.R. Grande Goutte. Cet entrainement dure 40 minutes.

 

20 février 1918

 

Des coups de feu sont échangés et quelques grenades sont lancées durant la nuit sur pentes est de 950 et sur Coq de Bruyère.

 

Après un tir d’encagement effectué par son artillerie, les Allemands font un coup de main à 6 h 15 dans le secteur du C.R. la Cude.

 

Un tir de concentration ennemi accompagne un autre coup de main commencé à 6 h 20 dans la région Regnault-Violu. Ce tir prend fin à 7 h 35. Neuf batteries semblent y avoir participé, tirant un total approximatif de 6 à 700 coups avec des obus de tous calibres.

 

Avec ses tirs de barrage, de contre-préparation, de représailles, de riposte et de réglage, l’artillerie française va se montrer très mordante tout au long de la journée.

 

Au cours d’un de ses tirs bien réglés sur la tranchée des Fayards, des Allemands vont s’enfuir par-dessus le parapet.

 

La visibilité reste médiocre pour l’aviation, une brume persistante s’est installée dans les vallées, mais quelques appareils survolent tout de même le secteur.

 

Des bruits de travaux effectués par les Allemands sont entendus toute la journée vers le blockhaus B 50-84 et B 50-86. La région de la tranchée de Constantinople est toujours en pleine activité.

 

Les patrouilles françaises de surveillance et de vérification des réseaux qui viennent de faire leurs sorties ne remarquent rien de particulier.

 

Les abris dans le secteur de Grande Goutte, 51-97, 51-99, Numa et Clésio sont toujours en cours de construction.

 

Un aménagement est prévu pour un emplacement de guetteurs en 49-78.

 

Le général commandant le 21e C.A. fait savoir à ses subordonnés qu’il pourrait y avoir des changements dans l’organisation des secteurs occupés par quelques-unes de ses unités. Le 149e R.I. n’est pas concerné.

 

Le soldat Jules Goëry de la 10e compagnie est tué. Il y a également 7 blessés, dont 1 adjudant et deux hommes touchés très légèrement qui ne sont pas évacués. Un caporal et 4 hommes sont également signalés comme disparus.

 

21 février 1918

 

À la demande du sous-secteur A, un tir de contre préparation d’offensive est déclenché sur le Violu à 5 h 45. Celui-ci dure une demi-heure. Les Allemands ripostent en envoyant des minen qui sont aussitôt contre-battus.

 

Au lever du jour, l’ennemi a lancé, en face de Regnault, un grand nombre de fusées éclairantes, ce qui est contraire à son habitude.

 

Le mauvais temps empêche les avions de décoller. L’activité des deux artilleries reste faible toute la journée.

 

Les Allemands envoient quelques grenades dans les secteurs du Violu et de Regnault. L’ennemi travaille toujours autant dans ce secteur.

 

Deux coups de mine sont entendus vers B 50-84.

 

Les Français perçoivent une activité importante de la part de l’infanterie ennemie dans la zone du bois de Menaupré. Ils entendent des bruits de pioches et des conversations.

 

Les patrouilles habituelles de surveillance et de vérifications des réseaux font leur travail.

 

 

Les défenses accessoires continuent d’être renforcées. Les aménagements des G.C. et des emplacements de mitrailleuses se poursuivent.

 

Les travaux concernant les abris 42-72, 41-68, 39-63, du Coq de Bruyère et du P.C de combat de la Cude sont toujours d’actualité.

 

Une déflagration d’un bidon de poudre blesse cinq hommes dans le sous-secteur A., trois d’entre eux ont dû être évacués vers l’arrière.

 

22 février 1918

 

L’artillerie ennemie reste calme dans le secteur du 149e R.I..

 

Les patrouilles de surveillance et de vérification n’ont rien remarqué de particulier au cours de leur sortie.

 

Les défenses accessoires sont toujours renforcées. Les travaux déjà en cours se poursuivent.

 

L’activité aérienne est nulle en raison d’une pluie persistante.

 

23 février 1918

 

Les éléments de la compagnie vosgienne qui se trouvent dans la zone du 149e R.I. sont relevés dans la nuit du 23 au 24 février.

 

Il ne se passe rien de particulier dans le secteur occupé par le régiment du colonel Boigues, si ce n’est que les hommes continuent de travailler.

 

24 février 1918

 

L’artillerie adverse est très entreprenante. Les Allemands procèdent à de nombreux tirs de barrages et de harcèlement dans de multiples points du sous-secteur A. Il y a également une importante activité téléphonique du côté de l’ennemi.

 

De très nombreux mouvements de circulation active se produisent dans la région du Chipiant.

 

L’artillerie française effectue des tirs de représailles sur les tranchées ennemies.

 

Les travaux en cours se poursuivent.

 

Des mouvements de relève intérieure s’effectuent dans les C.R. du Violu et de Grande Goutte.

Le soldat Henri Merle de la 11e compagnie est tué.

25 février 1918

L’ennemi pose des fils de fer devant ses premières lignes dans le secteur du Violu centre.

 

Une patrouille ennemie profite du brouillard pour s’approcher du point 50.93. Les hommes du 149e R.I. se rendent compte de sa présence et celle-ci doit se replier aussitôt.

 

La compagnie vosgienne vient cantonner dans les bâtiments de la caserne Kellermann qui se trouve à Saint-Dié après avoir été relevée dans la nuit.

 

L’artillerie française effectue des tirs de réglage, de représailles et de harcèlement tout au long de la journée.

Les travaux qui ont été engagés les jours précédents sont reconduits.

 

Des mouvements de relèves intérieures ont lieu dans le sous-secteur A.

 

26 février 1918

 

La compagnie vosgienne quitte Saint-Dié pour venir s’installer à Nompatelize.

 

Des changements importants se déroulent dans le secteur du 21e C.A.. Il faut à tout prix, en cas d’attaque ennemie, que la conservation de la ligne générale reste en place.

 

L’activité aérienne est importante des deux côtés. Les artilleries exécutent des tirs de réglage et de harcèlements.

 

27 février 1918

 

Le brouillard et la pluie rendent la journée relativement tranquille. Quelques tirs de représailles sont effectués par l’artillerie française. Malgré la dureté de la météo, les patrouilles de reconnaissance effectuent leur travail.

 

28 février 1918

 

L’artillerie française exerce des tirs de riposte et de représailles. Les travaux en cours continuent.

 

Les hommes qui se trouvent dans le secteur du C.R. Grande Goutte effectuent un exercice de port de masques.

 

Un soldat du 149e R.I. se blesse avec une grenade.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/7

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.

 

Le fond de carte utilisé pour toutes les illustrations provient du J.M.O. du 112e R.I.T.. Celle-ci peut se consulter sur le site « Mémoire des Hommes ». Référence du J.M.O. du 112e R.I.T. : 26 N 796/15. 

 

Un grand merci à  N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi et à É. Mansuy.

17 juillet 2015

Germain Bruyère (1891-1918).

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Jeanne Florentine Favier met au monde le petit Germain le 28 septembre 1891 dans la ville de Saint-Étienne. Enfant naturel, il est reconnu par Guy Bruyère qui lui donnera son nom.

Inscrit sous le n° 38 de la liste du canton de Saint-Étienne sud–ouest, Germain se retrouve classé dans la 1ère liste de l’année 1912.

Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir que son degré d’instruction est de niveau 3. Celle-ci nous apprend également que ce jeune stéphanois exerce la profession de fraiseur.

Incorporé à compter du 9 octobre 1912, le futur jeune soldat doit se rendre à Épinal pour rejoindre le 149e R.I. le lendemain.

Le 11 novembre 1912, il obtient ces galons de caporal. C’est tout du moins ce que nous indique sa fiche signalétique et des services. Mais ne faut-il pas plutôt imaginer "1913" compte tenu du temps de l’école de caporaux ?

Début août 1914, la guerre contre l’Allemagne débute. Le régiment est appelé à rejoindre la frontière allemande au plus vite. Germain Bruyère a dû faire partie des hommes qui ont quitté la caserne avant même la mobilisation. Les premiers combats du 149e R.I. sont particulièrement meurtriers, mais Germain s'en sort indemne…

Le 1er septembre 1914, le caporal Bruyère est nommé sergent. Le 6 juin 1915, il est promu au grade d’adjudant.

Enregistré comme disparu le 29 mai 1918 alors que son régiment combat dans le secteur d'Arcy-Sainte-Restitue, son décès est cependant fixé au 19 mai suite à une décision prise par le tribunal de Saint-Étienne le 17 décembre1921.

L’adjudant Germain Bruyère a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre du régiment du 18 mars 1916 :

« A fait campagne, depuis le début et s’est signalé en maintes occasions, au cours des derniers combats devant Vaux, le 11 mars 1916, a été pour son commandant de compagnie un auxiliaire intelligent, dévoué et courageux en aidant à conduire sa colonne sous un bombardement violent. »

Pas de sépulture connue.

Sources :

Le portrait du soldat Louis Lagarde a été envoyé par G. Ribbes

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales de la Loire, de sa fiche individuelle vue sur le site « Mémoire des Hommes » et du site « Généanet ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à G. Ribbes, aux archives départementales de la Loire et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

10 juillet 2015

Quelques livres d'or (4).

Livre d’or du lycée Rouget de Lisle de Lons-le-Saunier.

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Maurice Milloux est né le 27 octobre 1893 à Aumur dans le Jura. Il est adjudant au 149e R.I. au moment où il décède. Ce sous-officier est grièvement blessé le 12 octobre 1915 devant le petit village d’Angres situé dans le département du Pas-de-Calais. Il est mort pour la France le 1er novembre 1915 dans l’ambulance 5/21 qui se trouve à Barlin.

Citation à l’ordre de la 85e brigade :

« Sous-officier d’un grand sang-froid, se conduisant toujours d’une façon très brave. A reçu plusieurs éclats d’obus dans la tranchée de première ligne, le 12 octobre 1915, devant Angres, alors qu’il donnait des ordres à sa section. Avait déjà été blessé une fois. »

 

 

Livre d’or de Saint-Just-sur-Loire.Livre_d_or_de_Saint_Just_sur_Loire

 

Joannès Rivollier est né le 26 avril 1883 à  Saint-Just-sur-Loire dans le département de la Loire. Cet homme exerce la profession de passementier aux Barques de Saint-Robert avant de partir à la guerre. Soldat au 149e R.I., il est mort pour la France le 27 septembre 1915 en Artois. Il était marié et père de deux enfants.

 

 

 

 

Références bibliographiques :

Lycée Rouget de Lisle « le livre d’or de la Guerre ». Lons-le-Saunier, imprimerie L. Declume. 1921.

« Livre d’or de Saint-Just-sur-Loire pendant la Grande Guerre de 1914-1918 ». Saint-Étienne, imprimerie Dumas « la Stéphanoise » 1924.

Un grand merci à P. Baude.

3 juillet 2015

Robert de Villèle (1872-1915).

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Henry Jean Marie Joseph Michel Amédée Robert de Villèle voit le jour le 17 septembre 1872 dans la petite ville de Saint-Paul située sur l’ile de la Réunion. À sa naissance, son père Paul est un propriétaire âgé de 44 ans. Sa mère, Camille Vetch, est une femme âgée de 38 ans.

Robert quitte l’archipel des Mascareignes pour venir faire ses études dans la région lyonnaise. L’adolescent entre au collège de Notre-Dame de Mongré de Villefranche en 1887, pour en sortir trois ans plus tard.

Poursuivant ses études dans le département de la Somme à Abbeville, le jeune homme se retrouve inscrit sous le numéro 80 de tirage du canton d’Abbeville-sud, bien loin de son île natale.

À l’âge de 20 ans, il signe un engagement volontaire de 4 ans avec l’armée. Le 3 novembre 1892, Robert est incorporé au 131e R.I.. Le futur soldat doit se rendre à Orléans pour intégrer la caserne de son régiment d’affectation.

Suivant la formation classique du soldat engagé, Robert de Villèle peut coudre ses galons de caporal le 1er juin 1893, puis ceux de sergent le 28 décembre 1893.

Cet homme exerce les fonctions de sergent-fourrier du 26 décembre 1894 à la fin du mois d’avril 1895, avant de reprendre sa place de sergent le 1er mai 1895.

Le 3 mai 1896, le sous-officier fait une demande à sa hiérarchie pour être rétrogradé au rang de simple soldat de 2e classe. Le jour même, il prend un congé d’une durée de six mois pour  des raisons personnelles.

Le 3 novembre 1896, son congé vient tout juste de se terminer et son contrat de 4 ans touche à sa fin. Robert de Villèle ne souhaite pas le renouveler. Son certificat de bonne conduite lui est accordé. Robert de Villèle peut passer dans la réserve de l’armée active. Il redevient sergent après sa libération.

Après un séjour de plusieurs mois en Tunisie, Robert de Villèle travaille aux chemins de fer de P.L.M.. Ce cheminot, qui est classé non disponible le 1er mars 1898, réintègre la subdivision d’Abbeville le même jour. Il est ensuite classé aux affectations spéciales de la 2e section de chemin de fer de campagne, du 1er mai 1901 au 18 août 1904.

Le 16 avril 1904, il se marie avec Marie Madeleine Berthe Modeste le Tors de Crecy, qu’il conduit à l’église et à la mairie du 17e arrondissement de Paris. Son acte de mariage nous apprend qu’il exerce la profession de sous-chef de gare dans la ville d’Auxerre.

Son épouse s’installe au Château du Bréau, près de Villiers-Saint-Benoit, dans le département de l’Yonne.

De cette union naîtront cinq enfants, l’ainée ne survivra pas à sa 3e année.

Chateau_de_Saint_Breau

Robert de Villèle passe dans l’armée territoriale le 3 novembre 1905. Il vient d’avoir 33 ans.

Les obligations militaires ne sont pas tout à fait terminées pour lui. Il faut, à nouveau, endosser l’uniforme pour quelque temps. Le sergent de Villèle, qui est domicilié à Montargis doit accomplir une période d’exercice au 38e R.I.T. du 2 au 15 septembre 1907.

Le 3 octobre 1911, Robert de Villèle qui est devenu un « vieux  soldat » est envoyé dans la réserve de la territoriale.

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, cet homme, qui va bientôt avoir 42 ans, est affecté à un service de ravitaillement avant d’être renvoyé dans ses foyers. Malgré son âge, il n’hésite pourtant pas à se rendre à la mairie d’Auxerre le 1er septembre 1914, pour venir y signer un nouvel engagement volontaire qui couvrira la durée de la guerre. Une fois sa signature apposée sur le contrat, il demande à être affecté au 149e R.I.. En effet, Robert de Villèle a le droit, en tant qu’engagé volontaire, de choisir son régiment.

Début 1915, le 149e R.I. combat en Artois, dans une région particulièrement exposée aux combats. Le sergent de Villèle, qui n’a plus que très peu de temps à vivre, est responsable d’une section de mitrailleuses. Le 3 mars, les Allemands lancent une attaque d’envergure dans le secteur d’Aix-Noulette. Robert de Villèle trouve la mort au cours de celle-ci en essayant de repousser l’ennemi avec ses hommes.

Le sergent de Villèle a obtenu la croix de guerre avec palme pour cette action qui lui a coûté la vie.

Sa citation à l’ordre de Armée n° 59 en date du 15 avril 1915 a été publiée dans le J.O. du 28 mai 1915.

« Réserviste de l’armée territoriale, n’a pas hésité à s’engager pour la durée de la guerre. Chef de section de mitrailleuses, sous-officier d’une grande bravoure, a été tué le 3 mars 1915 à la tête de sa section en contribuant, par son action énergique, à repousser une attaque allemande »

Robert de Villèle repose actuellement dans le carré militaire du cimetière communal d’Aix-Noulette. Sa sépulture située dans le 3e rang, porte le n° 42.

Sepulture_Robert_de_Villele

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Saint-Paul dans l’ile de la Réunion.

 Références bibliographiques :

Le portrait de Robert de Villèle est extrait du livre d’or des anciens élèves du collège de Notre-Dame de Mongré pendant la guerre de 1914-1918. Villefranche (Rhône) 1921.

La fiche signalétique et des services de Robert de Villèle a été consultée sur le site des archives départementales de la Somme.

Les informations concernant l’histoire familiale de Robert de Villèle ont été trouvées sur le site « Généanet ».

 La photographie de la sépulture de Robert de Villèle a été réalisée par J.M. Laurent.

Pour en savoir plus sur la journée du 3 mars 1915, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

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Un grand merci à M. Bordes,  à A. Carobbi et à J.M. Laurent.

26 juin 2015

Commune de Morteau (25).

Commune_de_Morteau

Cinq noms de soldats du 149e R.I. sont gravés dans la pierre du monument aux morts de la commune de Morteau. Les hommes les plus âgés appartiennent à la classe 1913, et les « benjamins » à la classe 1916.

La plupart des informations concernant ces Mortuaciens, et qui vont pouvoir se lire ici, ont été trouvées sur leurs fiches signalétiques et des services pour ceux qui sont nés en 1893. Pour les plus jeunes, ces documents ne sont pas encore consultables sur le site des archives départementales du Doubs. Seule la lecture de leurs actes de décès permet pour l’instant de reconstruire une partie infime de leur courte existence.

Les plus anciens de la classe 1913

Charles Auguste Jeunot (1893-1918)

Auguste Jeunot est né le 8 juillet 1893 dans le petit village franc-comtois de Loray. Il est le fils de Jules Arthur et de Marie Joséphine Vuillemier. Son père exerce le métier de menuisier et sa mère travaille comme journalière.

L'année de ses vingt ans, il passe devant le conseil de révision qui le déclare « bon pour le service » en le plaçant dans la 1ère partie de la liste.

Auguste est incorporé le 27 novembre 1913. Il sait qu’il va devoir abandonner ses outils de mécanicien durant les trois années à venir. Le jeune homme doit se rendre à Épinal pour intégrer une compagnie du 149e R.I..

Août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le jeune Auguste, qui en est à son 8e mois de service militaire, est fantassin dans la 5e compagnie. Cette compagnie est sous les ordres du capitaine Micard. Le 149e R.I. fait partie des troupes de couverture, il doit rejoindre la frontière au plus vite…

Le 9 août, Auguste Jeunot participe au tout premier combat du 149e R.I. d’où il se sort indemne. Mais il est moins « chanceux » durant le deuxième engagement du régiment qui se déroule dans le secteur d’Abrechviller.

Le 21 août 1914, il manque à l’appel du soir. Blessé, il ne peut pas suivre sa compagnie qui est en train de se replier. L’homme est fait prisonnier par les Allemands. Auguste Jeunot est, dans un premier temps, soigné, avant d’être envoyé en captivité au camp d’Ingolstadt. Il sera par la suite transféré à Grafenwöhr. Gravement diminué par les nombreuses années de privations et atteint de tuberculose, il finit par être évacué en Suisse dans la région de Montreux. Le 11 mai 1918, Auguste Jeunot est rapatrié en France à Saint-Genis-Laval. Quelques jours plus tard, il quitte la région lyonnaise. Envoyé en convalescence, il rejoint la petite commune de Morteau où vivent ses parents.

Le 1er juillet 1918, ce jeune soldat qui allait fêter ses 25 ans décède dans le domicile familial.

Louis Valentin Lagarde (1893-1918)

Cet homme a déjà fait l’objet d’un article sur le blog du 149e R.I.. Pour en savoir plus sur la vie de Louis Valentin Lagarde, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Louis_Lagarde

Roger Lionel Lépine (1893-1914)

Roger Lionel Lépine est un Mortuacien d’adoption qui est né le 29 décembre 1893 à Lac-ou-Villers. Il est le fils de Léon Xavier et d’Irma Maria Eugénie Guinchard.

En 1913, Lionel Lépine est un jeune journalier célibataire qui vit à Morteau. Pour lui, c’est l’année où il va devoir effectuer son service militaire. Inscrit sous le numéro 74 de la liste de Morteau, il s’y  retrouve classé dans la 1ère catégorie Lionel est incorporé à la 11e compagnie du 149e R.I. qu’il intègre le 20 novembre 1913.

Le soldat Lépine quitte la caserne Courcy le samedi 1er août 1914, pour rejoindre la ligne virtuelle marquant la zone neutre qui se trouve entre elle et la frontière. Le conflit contre l’Allemagne est sur le point de commencer.

 La compagnie du soldat Lépine subit le baptême du feu le 9 août 1914, dans le secteur du Renclos-des-Vaches.

Quelques jours plus tard, il est blessé durant un combat qui se déroule au nord-est d’Abreschviller. Tout comme son camarade de classe Charles Auguste Jeunot, il ne peut pas suivre sa compagnie qui est en train de se replier sous la pression d’une attaque allemande. Le père de Lionel fait une demande auprès de la Croix rouge pour tenter de retrouver le camp de prisonniers dans lequel son fils pourrait se trouver. Cette recherche reste vaine.

 Un avis officiel de disparition est enregistré le 4 novembre 1916 sous le numéro H.J. 1662. À la fin de la guerre, il n’y a aucune nouvelle du soldat Lépine.

Le 28 octobre 1920, le décès de Roger Lionel Lépine est officialisé. Un jugement est rendu par le tribunal de première instance de Pontarlier.

Les benjamins de la classe 1916

Gaston Alix Fumey (1896-1917).

Gaston est né le 29 septembre 1896. Il est le fils d’Eugène Louis et d’Anaïs Vitaline Compagne.

Soldat de la classe 1916, ce jeune homme sert au 21e R.I. avant d’être muté au 149e R.I..

Tout comme le soldat Émile Gremmey, outre le fait qu’ils étaient de la classe 1916, ces deux hommes ont servi dans le même régiment avant de rejoindre la 1ère compagnie du 149e R.I..

Le 27 octobre 1917, sa compagnie est engagée dans la bataille de Malmaison. Le soldat Fumey est tué de plusieurs balles dans le secteur de Vaudesson.

Le 6 novembre 1917, les soldats Charles Khon et Joseph Boilot confirment le décès de leur camarade.

Ce dernier est inhumé dans un premier temps à Condé-sur-Aisne, dans une sépulture qui porte le numéro 279.

Gaston Fumey repose actuellement dans le cimetière national mixte militaire de Vauxbuin. Sa nouvelle sépulture n°25 se trouve dans le carré C.

Sepulture_Gaston_Fumey

La transcription certifiée conforme à l’original du décès de ce jeune homme est adressée à la mairie de Morteau le 4 mars 1918.

Émile Henri Gremmel (1896-1917).

Cet homme a également fait l’objet d’un texte sur le blog du 149e R.I.

Pour en savoir plus sur la vie d’Émile Gremmel, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Emile_Gremmel

Sources :

Les fiches signalétiques et des services des soldats Jeunot, Lagarde et Lépine ont été consultées sur le site des archives départementales du Doubs.

La photographie du monument aux morts de la ville de Morteau a été réalisée par S. Michel.

Les portraits du soldat Lagarde et  du soldat Gremmel ont été photographiés par P. Baude.

Les photographies des sépultures d’Émile Gremmel et de Gaston Fumey ont été réalisées par J. Baptiste.

Un grand merci à M. Bordes, à J. Baptiste, à P. Baude et à la mairie de Morteau.

17 juin 2015

17 juin 1915, une bien tragique journée pour la famille Delort !

Jean_et_Joseph_Delort

C’était il y a tout juste 100 ans…

Le 3e bataillon du 149e R.I. est engagé dans des attaques successives qui se déroulent, depuis la veille, dans le secteur de Noulette. Elles ont pour but  de prendre le fond de Buval aux Allemands.

Ces offensives sont réalisées en lien avec les deux autres bataillons du régiment, épaulées par quelques compagnies du 158e R.I. et un bataillon du 109e R.I..

Celles-ci sont toutes des échecs. Hélas pour les hommes, les pertes sont importantes.

L’officier supérieur de la Forest-Divonne, responsable du 3e bataillon, est blessé le 16 juin. Le commandement des  quatre compagnies de cette unité ne peut pas rester vacant, il est aussitôt attribué au capitaine Girard qui en assure « l’intérim ».

Le 17 juin 1915, les vagues d’assauts se préparent pour de nouvelles attaques. Elles vont encore laisser sur le terrain un nombre important d’officiers et de fantassins...

Parmi les victimes, un drame familial, peut-être encore plus poignant que les autres, vient de se dérouler.

Deux jeunes frères, âgés de 23 et 25 ans trouvent la mort au cours de cette journée.

À partir des quelques éléments trouvés sur leurs fiches signalétique et des services, essayons de faire émerger du « grand livre de l’oubli » une petite partie de la courte existence de ces deux soldats.

Joseph, l’aîné, est un niçois qui est né le 21 décembre 1893. Il est le fils d’Achille Lucien et de Marie Madeleine Gastaud. Avant la guerre il travaille comme employé de bureau.

Inscrit sous le n° 177 de la liste du canton de Nice ouest, le jeune homme est ajourné pour faiblesse cardiaque. Il se retrouve classé dans la 5e partie de la liste de l’année 1913. Le 10 novembre 1914, quelques mois après la déclaration de guerre contre l’Allemagne, il doit de nouveau se présenter devant le conseil de révision qui, cette fois-ci, le déclare bon pour le service armé.

Joseph est incorporé au 58e R.I. d’Avignon à compter du 17 décembre 1914. Il passe au 149e R.I. le 24 mai 1915.

Joseph_Delort

Jean Guillaume, le benjamin, est né le 1er janvier 1895.  Avant d’être mobilisé, il exerce la profession d’employé de commerce. Il est inscrit sous le n° 196 de la liste du canton de Nice-ouest. Jeune conscrit de la classe 1915, il doit, pour cause de guerre, se présenter devant le conseil de révision avant d’avoir l’âge réel d’incorporation. Les médecins ne lui trouvent rien de particulier qui pourrait l’empêcher d’être mobilisé. Jean est classé dans la 1ère partie de la liste en 1914.

Le jeune homme doit rejoindre le 58e R.I.. Le 17 décembre 1914, il se rend à Avignon en même temps que son frère avant d’être muté au 149e R.I. le 8 juin 1915.

Joseph et Jean sont restés célibataires.

Ces deux niçois sont arrivés quelques jours avant leurs disparitions à la 12e compagnie du 149e R.I..

Ils  n’ont donc pas vraiment eu le temps de tisser des liens d’amitié très forts avec les autres hommes de leur compagnie. Ont-ils été affectés à la même escouade ? Étaient-ils ensemble au dépôt ?

Nous pouvons aisément nous imaginer le sentiment de réconfort et de sécurité qu’ils ont dû éprouver l’un pour l’autre en se retrouvant tous les deux dans la même compagnie alors qu’ils ne connaissaient personne.

Au moment des attaques, Joseph et Jean ont-ils eu le temps d’échanger quelques mots avant de franchir le parapet ? Se sont-ils donné l’accolade fraternelle avant de rencontrer la « grande faucheuse » ? Ces questions resteront certainement, à jamais, sans réponses.

Quelle inquiétude pour la famille lorsque, tout d’un coup, celle-ci ne va plus recevoir de nouvelles de Joseph et de Jean ! Cela, jusqu’au moment où elle va apprendre, le même jour, la mort de l’aîné et la disparition du benjamin.

Imaginons un seul instant la « double peine », le « double chagrin », la « double souffrance » ressentis par leur mère !

Une annonce publiée dans la revue « le tir national organe officiel de l’union des sociétés de tir de France » datant du 15 juillet 1916 nous apprend que Joseph était un excellent tireur. Une petite précision est également apportée concernant les circonstances des derniers instants de vie de son frère Jean. Celui-ci aurait été blessé le 16 juin 1915.

Cette dernière information nous montre à quel point se lancer dans un travail d’imagination de ce qu’on pu être les derniers moments de ces frères est aléatoire, voire impossible, faute de témoignages et même faute d’informations précises. Seule certitude, il n’y a pas de sépultures connues pour ces deux hommes. Il y a de fortes probabilités pour qu’ils reposent dans l’un des ossuaires qui se trouvent dans le cimetière national français de Notre-Dame-de-Lorette.

Sources :

Les fiches signalétiques et des services de Jean et de Joseph Delort ont été consultées sur le site des archives départementales des Alpes-Maritimes.

La photographie du monument aux morts de Nice provient de l’encyclopédie « Wikipédia ».

Le portrait du soldat Joseph Delort a été trouvé sur le site web des archives municipales de Nice  « centenaire de la première guerre mondiale à Nice. »

Pour en savoir plus sur la journée du 17 juin 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_journ_e_du_17_juin_1915

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet et à la ville de Nice.

 

12 juin 2015

Louis Valentin Lagarde (1893-1918).

Louis_Lagarde

Louis Valentin Lagarde voit le jour le 14 octobre 1893 dans la petite commune de Morteau située dans le département du Doubs. Son père se prénomme Joseph et sa mère Élise Allembach.

En 1913, le jeune Lagarde est inscrit sous le numéro 71 de sa commune de naissance.

La loi lui permet d’obtenir un sursis d’une année étant donné que son frère se trouve déjà sous les drapeaux. C'est la raison pour laquelle Il est placé dans la 7e partie de la liste de son année de classe.

Louis exerce la profession d’horloger. Le 14 mai 1914, il épouse Louise Julie Victorine Petit, une jeune femme qu’il conduit à l’église et à la mairie de Montlebon. De cette union naitra un petit garçon qu’ils prénommeront Gilbert.

Quelques jours après la déclaration de guerre contre l’Allemagne, Louis Lagarde est appelé à l’activité militaire le 12 août 1914. N'ayant aucune formation militaire, il doit être instruit.  

Dès le lendemain, il rejoint le dépôt du 149e R.I. Souffrant d’une néphrite chronique, il est, classé « service auxiliaire » le 18 janvier 1915. Cette décision a été validée par le colonel commandant la subdivision de Langres à la suite d’une proposition faite par la commission de réforme siégeant dans la même ville.

Le 28 janvier 1915, la commission de réforme d’Épinal classe le soldat Lagarde dans le service armé.

Cet homme est maintenu au corps par une décision émanant du général commandant la 2e subdivision du 21e C.A. en date du 28 juin 1915.

Hélas, sa fiche signalétique et des services ne nous indique pas quand Louis Lagarde est parti au front. Elle ne donne pas le moindre détail  sur son parcours jusqu'au 26 septembre 1918.

L’année 1918 le retrouve soldat à la 7e compagnie du 149e R.I..

Le 26 septembre 1918, son régiment est engagé dans la bataille de Somme-Py, dite bataille de Champagne et d’Argonne.

Deux jours plus tard, Louis Lagarde est grièvement blessé. Atteint de plusieurs balles dans la région de l’abdomen et au poignet gauche, le jeune homme qui allait fêter ses 25 ans, ne survivra pas à ses blessures.

Dans un premier temps, le soldat Lagarde est inhumé dans le cimetière militaire du tunnel de la voie ferrée de Somme-Py à Challerange dans une sépulture qui porte le numéro 29.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Morteau

Références bibliographiques :

Sources :

Le portrait du soldat Louis Lagarde a été photographié par P. Baude.

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales du Doubs, de sa fiche individuelle vue sur le site « Mémoire des Hommes », de son acte de décès et du site « Généanet ».

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, à la mairie de Morteau et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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