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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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9 septembre 2016

Ernest Jules Fabre (1894-1983).

Ernest_Jules_Fabre

Ernest Jules Fabre voit le jour le 28 mars 1894, dans le petit village de Saint-Étienne de Tinée situé dans le département des Alpes-Maritimes. Son père se prénomme Augustin Joseph. Cet homme a 35 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Catherine Madeleine Fabre, est une femme âgée de 31 ans. Les parents exercent tous deux le métier de cultivateur. C’est accompagné du préposé des douanes Éléazar Fulconis et du garde champêtre Alexis Ferraison que le père s’est rendu à la mairie du village, pour venir y déclarer la naissance du nouveau-né.

Ernest est l’avant-dernier d’une fratrie de cinq enfants, qui est composée de deux filles et de trois garçons. Le premier de ses frères, Albert Joseph Benjamin, décède dans sa première année de vie, le second Théophile Émile à l’âge de 12 ans.

Quittant l’école très tôt, l’adolescent est amené à pratiquer la même profession que ses parents. Il va exercer ce métier jusqu’au tout début du mois de septembre 1914, moment où sa classe d’incorporation est appelée pour cause de guerre.

Ernest Fabre doit se présenter devant le conseil de révision deux mois avant la date prévue. Il se retrouve classé dans la 5e partie de la liste. Les médecins viennent de l’ajourner pour faiblesse.

Le jeune homme peut maintenant retourner dans son village natal sans se préoccuper de savoir où il lui faudra se rendre avant d’être envoyé sur le front. Mais dans quel état d’esprit se trouve-t-il lorsqu’il quitte la salle du conseil de révision ? Ce n’est certainement pas très facile de devoir dire aux camarades de classe, qui vont bientôt rejoindre leur régiment d’affectation, qu’il ne peut pas partir pour l’instant, surtout en cette période de début de conflit ! En attendant, quel que soit l'humeur du moment, il va lui falloir reprendre le métier à la ferme. Comme tout le monde, Ernest ne sait pas encore que le sort de son pays est en train de basculer dans un chaos international qui va durer plusieurs années. Certains s’imaginent encore que tout sera probablement terminé avant la fin de l’année 1914.

Ernest se voit de nouveau convoqué devant le conseil de révision un peu moins de quatre mois plus tard. Cette fois-ci, il se retrouve classé dans la 1ère partie de la liste. En raison de la pression sociale réelle qui existait, on peut imaginer qu'il a certainement été soulagé par cette décision. Il est incorporé à compter du 17 décembre 1914. Deux jours plus tard, il rejoint le dépôt du 58e R.I., un régiment du 15e C.A. qui se trouve à Avignon, où il revêt l’uniforme de fantassin.

Ernest Fabre est ensuite envoyé au dépôt du 149e R.I. à Épinal, après avoir reçu les bases élémentaires du métier de soldat. Nous sommes le 24 mai 1915. Le 8 juin, il arrive dans la zone des armées, avec un renfort, pour intégrer une section de la 2e compagnie du régiment spinalien.

Cette compagnie a été malmenée au cours d’une attaque qui s’est déroulée le 29 mai et il faut, maintenant, reconstituer les effectifs avec les nouveaux arrivants.

Le 149e R.I. combat en Artois, près d’Aix-Noulette, depuis la fin du mois de décembre 1914. Il va rester dans ce secteur jusqu’au mois de janvier 1916.

Mars 1916, le régiment doit se rendre à Verdun. Les Allemands sont particulièrement virulents sur cette partie du sol meusien. Ils ont lancé une offensive d’envergure commencée le 21 février. Ernest Fabre est blessé à la cuisse droite par un éclat d’obus le 2 avril 1916. Sa compagnie se trouve, à ce moment-là, engagée dans un combat qui a lieu dans le secteur de Vaux-devant-Damloup. 

Le jour même de l’attaque, il parvient à rejoindre l’arrière avant d’être évacué vers un hôpital situé en dehors de la zone des armées. Cette blessure lui évite la capture qui fut le sort de bon nombre de ses camarades de section partis à l'assaut.

Le 22 mai 1916, il peut réintégrer son régiment qui se trouve maintenant en Champagne du côté des buttes de Tahure.

Il est nommé caporal le 10 octobre 1918. La 1ère guerre mondiale touche presque à sa fin.

Le caporal Fabre a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 217 du 25 juillet 1918 :

« F.M. Courageux et énergique, le 15 juillet n’a pas hésité, malgré le feu des mitrailleuses, à se mettre debout sur le parapet pour tirer sur les groupes ennemis qui cherchaient à s’infiltrer par un boyau et a réussi à arrêter net la progression, en causant des pertes sérieuses à l’ennemi. »

Citation à l’ordre de la division n° 385 du 26 octobre 1918 :

« Le 28 septembre 1918, sous un violent tir de mitrailleuses ennemies, a tiré jusqu’à la dernière extrémité pour repousser une contre-attaque allemande occasionnant des pertes à l’ennemi. »

Un peu moins d’un an plus tard, c’est le retour à la vie civile. Ernest Fabre est mis en congé illimité de démobilisation le 18 août 1919, par le dépôt du 163e R.I.. Il va pouvoir enfin retourner vivre chez lui à Saint-Étienne de Tinée. Une fois l’uniforme quitté, le Caporal Fabre reste maintenu au service armée. Il essaye d’accéder à une pension d’invalidité qu’il ne parvient pas à obtenir. Les séquelles de son ancienne blessure, reçue à Verdun, sont évaluées à moins de 10 % par la commission de réforme de Nice qui prend cette décision le 29 mai 1920.

Le 14 août 1920, il épouse Rosa Honorine Marie Rivière à Salernes ; de cette union naitront deux filles, Simone et Paulette.

Ernest Fabre est maintenant classé dans l’affectation spéciale de la 10e section des chemins de fer de campagne, une subdivision complémentaire, en qualité de poseur de la compagnie sud-France, du 24 janvier 1921 au 10 janvier 1926. Il vit maintenant à Montauroux dans le Var.

Il est ensuite reclassé dans l’affectation spéciale à la 2e section des chemins de fer, subdivisions complémentaires, comme cantonnier, à la compagnie des chemins de fer P.L.M. à Goufaron à partir du 5 mai 1926.

Ernest Fabre est maintenu affecté spécial avec la même qualification professionnelle dans cette compagnie au service de la voie, jusqu’au 1er août 1927. Il passe en domicile à Toulon à la fin du mois de novembre 1927.

Le 28 mars 1953, Ernest Fabre épouse en secondes noces Anne Marie Peduzzi à Golfe Juan.

Ernest Fabre est décoré de la Médaille militaire le 12 décembre 1965. (J.O. du 11 mai 1966) puis de la Légion d'honneur le 30 octobre 1979 (J.O. du 4 novembre 1979). Cet évènement a fait l’objet d’un article qui a été publié dans la presse locale en janvier 1980. Celui-ci montre l’ancien poilu du 149e R.I. entouré de sa famille après la remise de sa décoration.

article_de_presse

Le cliché est accompagné du texte suivant :

« Entouré de ses deux filles Simone et Paulette, accompagnées de leurs gendres, de ses six petits-enfants et de ses sept arrière-petits-enfants, M. Ernest Fabre, 86 ans, retraité de la S.N.C.F., à reçu à la Bocca, au club Michel-Jourdan du troisième âge, en présence de ses nombreux amis, la croix de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur qui lui a été récemment décernée à titre militaire.

M. Jacques Susini, adjoint, représentant M. Georges Charles Ladevèze, maire, devait déclarer dans son allocution : « Cette distinction qui vous est décernée vient, bien des années après, récompenser votre action courageuse lors de la 1ère guerre mondiale et en particulier à Verdun. C’est un hommage à votre courage, mais aussi à la mémoire de tous vos camarades tombés dans un combat pour la liberté. »

Sous les applaudissements, M. Gilbert Fort, président de l’U.F.A.C., conseiller municipal, épinglait ensuite sur le revers de la veste de M. Ernest Fabre, la décoration valeureuse.

Puis au nom des membres du club Michel-Jourdan, M. Santini félicitait le récipiendaire dont il retraçait un des faits d’armes : « En 1916, dans les très durs combats qui se sont déroulés près de l’étang de Vaux, notre camarade Ernest Fabre est resté seul vivant de sa compagnie. Son comportement lui valut d’être cité à l’ordre de l’armée. »

Déjà titulaire de la Médaille militaire, de la croix de guerre, de la médaille de Verdun, de la médaille des cheminots et de la valeur militaire, M. Ernest Fabre devait sabler le champagne non sans une réelle émotion avec ses amis et les personnalités parmi lesquelles, outre celles déjà citées, MM. Tournet, Cerri, Buytet, Renaudo, Cerri, adjoints ; Perotto, et Paoli, conseillers municipaux, M. Duranti, vice-président de l’A.C.I.A.C., M. Falleri, représentant l’association des cheminots anciens combattants, Mme Baume, directrice de l’office municipal du troisième âge ; Mme Montariol, responsable du club Michel-Jourdan, les responsables de clubs de troisième âge ; Mme Michel, Norman, Beauquier et Mmes Kahl et Egé, animatrices.

Nous adressons à M. Ernest Fabre nos vives félicitations et nos compliments aux membres de sa famille. »

Ernest Jules Fabre décède le 28 octobre 1983 à Cannes.

Sources :

Le portrait d’Ernest Jules Fabre provient du site « MémorialGenWeb ».

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services et de son acte de naissance qui ont été consultés sur le site des archives départementales des Alpes-Maritimes. Le site « MémorialGenWeb » a également été regardé.

L’article de presse concernant la remise de la Légion d'honneur d’Ernest Jules Fabre ainsi que la photographie de son poignard personnel utilisé sur le montage ont été fournis par son arrière-petit-fils, T. Goume.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Goume, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département des Alpes-Maritimes. 

2 septembre 2016

Edmond Lauvernay (1895-1916).

Edmond_Lauvernay

Le 26 juin 1895, Edmond Lauvernay voit le jour dans la demeure de son grand-père maternel, à Nanton, une commune du département de la Saône-et-Loire. À sa naissance, son père Étienne, qui est un homme âgé de 26 ans, exerce la profession d’employé. Sa mère, Marie Louise Barbier, est couturière. Elle a 25 ans. Les parents vivent et travaillent à Lyon.

Edmond se fait embaucher comme dessinateur aux chantiers Schneider de Chalon-sur-Saône, après avoir terminé ses études à l’école professionnelle de cette ville.

Le conflit contre l’’Allemagne débute en août 1914. Edmond Lauvernay n’est pas concerné par la mobilisation. En effet, il fait partie de la classe 1915 qui sera, cependant, obligée de passer la visite médicale du conseil de révision, onze mois avant la date officielle d’incorporation.

Appelé à l’âge de 19 ans et demi, Edmond Lauvernay se retrouve classé dans la 1ère partie de la liste. Il doit quitter la ville de Châlon-sur-Saône pour rejoindre le 158e R.I. à compter du 19 décembre 1914, pour y être formé aux bases du métier de fantassin. Il est ensuite muté au 149e R.I., le régiment frère de brigade. Le 8 juin 1915, le soldat Lauvernay doit rejoindre sa nouvelle affectation pour aller bientôt combattre en Artois.

Le jeune homme est nommé caporal le 25 juin 1915. Il va rester durant six mois dans la région d’Aix-Noulette. Son régiment est ensuite appelé à combattre près de Verdun en mars 1916.

Le 2 avril 1916, sa compagnie, la 2e, se retrouve engagée dans une attaque qui est censée reprendre la partie du village de Vaux-devant-Damloup fraîchement perdue. Le caporal Lauvernay est tué au cours de cette tentative qui était vouée à l’échec.

Il n’y a pas de sépulture connue pour ce caporal. Edmond Lauvernay est resté célibataire.

Le caporal Lauvernay est inscrit au tableau spécial de la médaille militaire à titre posthume dans le J.O. du 11 août 1920 « Tombé glorieusement, le 2 avril 1916, en entraînant ses hommes à l’assaut du village de Vaux, devant Verdun. A été cité. »

Décoré de la croix de guerre avec étoile de vermeil.

Sources :

La fiche signalétique et des services du caporal Edmond Lauvernay a été consultée sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

Livre d’or de l’école professionnelle de Chalon-sur-Sâone. Éditions Imprimerie Générale Administrative de Chalon-sur-Sâone.

Le J.O. du 11 août 1920 a été lu sur le site « Gallica ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à C. Fombaron et aux archives départementales de la Saône-et-Loire.

26 août 2016

Marcel Daufresne de la Chevalerie (1893-1916).

Marcel_Daufresne_de_la_Chevalerie

Marcel Daufresne de la Chevalerie voit le jour le 2 janvier 1893 dans la ville italienne de Naples. Son père se prénomme Auguste, sa mère Julia Ruchitti. C’est tout ce qui est connu pour l’instant de son histoire familiale et de sa jeunesse.

Nous savons simplement que les parents de Marcel vivent à Marseille peu de temps avant que le jeune homme ne signe un engagement volontaire, le 5 septembre 1914, pour la durée de la guerre.

Marcel possède certainement un très bon niveau d’équitation ; il débute sa carrière de soldat dans un régiment de cavalerie. Le futur cavalier doit rejoindre la ville de Vouziers pour intégrer le dépôt du 3e régiment de cuirassier. Marcel Daufresne de la Chevalerie est envoyé sur le front entre le 9 et 10 septembre sans véritable formation.

Le 12 janvier 1915, il est blessé. La nature et le lieu de sa blessure ne sont pas connus, mais celle-ci ne semble pas être très grave.

Marcel conquiert tous ses grades sur le champ de bataille. Il est nommé brigadier le 18 janvier 1915 puis maréchal de logis le 9 février 1915. Une semaine plus tard, le général commandant en chef signe sa promotion au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.

Cet avancement dans le rang des officiers l’oblige à changer d’affectation. Marcel rejoint un régiment d’infanterie qui se trouve en Artois, pour y prendre le commandement d’une section de la 1ère compagnie du 149e R.I.. Il arrive sur le front le 16 avril 1915.

Le 10 mai 1915, il est de nouveau blessé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cette fois-ci, la blessure est plus sérieuse, un éclat de bombe lui fait une plaie à l’épaule droite qui nécessite une évacuation vers l’arrière.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 10 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

journee_du_10_mai_1915

Pas tout à fait remis sur pieds, le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie demande à repartir dans son régiment. Le 18 juillet 1915, il est versé dans une compagnie du 9e bataillon d'instruction de la 43e D.I.. Sa blessure n’est toujours pas cicatrisée. Le jeune homme ne consent à prendre le repos nécessaire à son rétablissement que sur les fermes injonctions de son chef de bataillon. Il lui faut maintenant prendre son mal en patience en attendant de pouvoir reprendre à nouveau la tête d’une section du 149e R.I..

Le colonel Gauthié, responsable du régiment, note l’observation suivante dans son feuillet individuel :

 « Homme vigoureux, intelligent, débrouillard. Son éducation militaire reste très incomplète, il connaît peu l’infanterie, a donc besoin de perfectionner son instruction technique. Blessé en mai, revenu non guéri, plein de bonne volonté et d’entrain, mais peu militaire. Il paraît modifier peu à peu son attitude dans le sens qui lui est conseillé et fera plus tard un excellent officier.

Il vient d’être puni par le général commandant le 21e C.A. pour une intervention maladroite dans la discipline d’un corps voisin. »

En effet, le 15 décembre 1915 le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie écope de 4 jours d’arrêts simples pour avoir, au cours d’une ronde dans un cantonnement, outrepassé sa mission en s’engageant dans une discussion qui a dégénéré en altercation avec un commandant de compagnie d’un corps étranger au sien.

Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Verdun. Le 9 mars 1916, la section qui est sous les ordres du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie se fait tout particulièrement remarquer dans une l’attaque lancée sur le village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 9 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Ravin_des_Fontaines_2

Quelques semaines plus tard, il faut de nouveau attaquer. Cette fois-ci la chance ne sera pas au rendez-vous. L’action d’éclat du 9 mars n’est pas renouvelée. Marcel Daufresne de la Chevalerie disparaît au cours de l'attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le même secteur. Il a 23 ans.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Journee_du_2_avril_1916

Le 17 avril 1916, le commandant Magagnosc qui commande le 1er bataillon du 149e R.I. dit de lui :

« Très intelligent, plein d’initiative, d’une bravoure à toute épreuve, s’est particulièrement fait remarquer devant Verdun, notamment aux combats de Vaux-devant-Damloup les 9 et 10 mars 1916 et le 2 avril 1916. Disparu à cette dernière affaire. Sa section a été citée à l’ordre de l’armée pour sa vaillante conduite devant Vaux, le 9 mars 1916. »

Une enquête est menée pour tenter de connaître les circonstances exactes de la disparition du sous-lieutenant.

Un inspecteur du commissariat du quartier du 7e district de la ville de Paris rédige le courrier suivant à l’attention du procureur de la République.

« Madame Daufresne, 10 rue du faubourg Montmartre, mère adoptive du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, consultée, a déclaré qu’elle ne pouvait révéler aucune circonstance de nature à faire douter de la réalité de cette mort, ou, au contraire, à la confirmer.

Elle ajoute que des soldats du 149e R.I., prisonniers en Allemagne, lui ont fait connaître que le sous-lieutenant avait été mortellement blessé aux abords d’une ferme, près de l’étang de Vaux, mais qu’ils ne l’avaient pas vu inhumé.

D’autre part, la Croix Rouge lui a fait parvenir les mêmes renseignements, mais sans affirmer qu’il était décédé et qu’il n’était pas connu dans les camps de prisonniers en Allemagne. (au moins, sous son véritable état civil)

Le défunt était célibataire. La dame, veuve Merlin, 11 rue Debaq, à Calais, institutrice à l’école rue Delaroche et qui était la maîtresse du sous-lieutenant fournirait peut-être des renseignements utiles au sujet de cette affaire. »

Le jugement de décès de Marcel Daufresne de la Chevalerie est rendu le 4 mai 1917 par le tribunal de la Seine. Il est transcrit à la mairie du 9e arrondissement de Paris le 11 juin.

Décorations obtenues :

Cité à l’ordre du 3e régiment de cuirassiers en décembre 1914.

Citation à l'ordre de l'armée :

« Officier très jeune, dont la bravoure était légendaire au régiment, A toujours été un entraîneur d'hommes hors pair. Est tombé bravement pour la France, le 2 avril 1916 à Vaux-devant-Damloup. »

Marcel Daufresne de la Chevalerie à été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.

La section qu'il commandait à Verdun est citée à l’ordre de la 2e armée n° 83 du 3 avril 1916.

(Première section de la 1ère compagnie du 149e R.I.)

«  Brillamment enlevée par son chef de section (sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, est entrée le 9 mars 1916 dans un village occupé par les Allemands ; a chassé ces derniers des maisons qu’ils occupaient et à coopéré efficacement au rétablissement de la situation dans cette partie du secteur.

Par son attitude ultérieure, a interdit à l’ennemi toute progression. Est allée chercher sous le feu, et a rapporté dans nos lignes 52 caisses de grenades abandonnées en terrain découvert. A perdu le 1/5e  de son effectif. »

Le nom du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie est gravé sur le monument aux morts du 9e arrondissement de Paris.

Pas de sépulture connue. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Tableau d'honneur, morts pour la France : guerre 1914-1918. Paris 1921.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

19 août 2016

Michel Louis Laurent (1886-1916).

Sous_lieutenant_Laurent

Michel Louis Laurent voit le jour le 6 février 1886. Le lendemain, la sage femme, qui a aidé à l’accouchement, présente l’enfant à la mairie de Nantes pour y faire enregistrer son acte de naissance. Le père Henri Auguste, un négociant âgé de 45 ans, est éloigné du domicile familial durant cette période. Sa mère, Berthe Marie Mahaud, est une rentière âgée de 33 ans.

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision classe Michel Laurent dans la 1ère partie de la liste de l’année 1907. Il est bon pour le service armé en attente de sa convocation et de son affectation.

Le 7 octobre 1907, le futur soldat arrive au 116e R.I., un régiment qui occupe la caserne de La Bourdonnaye et la caserne des trente dans la ville de Vannes.

Le soldat Laurent prend du galon très rapidement. Il est nommé caporal le 19 mars 1908, puis sergent le 21 novembre 1908. À peine 8 mois pour devenir sergent ! Ce qui n’est pas si courant. En toute logique, le certificat de bonne conduite lui est accordé lorsqu’il quitte le régiment à la fin de son service militaire. Michel Laurent est envoyé en disponibilité le 25 septembre 1909.

L’histoire de la jeunesse de Michel n’est pas connue. Nous savons simplement qu’il a vécu à La Roche-sur-Yon et qu’il a exercé le métier de linotypiste après son retour à la vie civile. Le 23 septembre 1911, il abandonne son clavier alphanumérique pour conduire sa future épouse à la mairie et à l’église de La Roche-sur-Yon. Il se marie avec Joséphine Henriette Constance Abellard, une libraire âgée de 27 ans originaire du Maine-et-Loire.

Le couple déménage à Poitiers. Ce changement de domicile le fait passer dans la subdivision de Poitiers le 19 décembre 1911. Désormais, il est affecté au régiment le plus proche de sa résidence, le 125e R.I..

C’est comme sergent de réserve qu’il commence la campagne contre l’Allemagne en août 1914. Rappelé à l’activité le 1er août 1914 au 325e R.I., il part avec le 125e R.I.. Michel Laurent est blessé le 8 février 1915 par une balle en séton à la partie postérieure du cou. Sa compagnie se trouve alors en Belgique, du côté de Zonnebeke. Il est évacué vers l’arrière.

Sa blessure est assez sérieuse. En septembre 1915, il est au dépôt du 125e R.I. à la 30e compagnie.

Le sergent Laurent a toujours été très bien noté par ses supérieurs. Le 28 du mois, il rédige une demande pour tenter d’obtenir le grade de sous-lieutenant. Son courrier est directement envoyé au ministère de la guerre.

« J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir accepter la présente demande formulée en vue de l’obtention du grade de sous-lieutenant (prescription de la circulaire ministérielle du 15 septembre 1915). Je suis marié depuis le 23 septembre 1911, et je n’ai pas d’enfant. Ma femme n’occupe pas un emploi de l’état, elle habite Poitiers. »

Cette requête est acceptée. Le sergent Laurent, alors âgé de 29 ans, est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire, par décision ministérielle en date du 20 octobre 1915. Cette promotion publiée au journal officiel l’oblige à changer de régiment. Il quitte Poitiers pour se rendre à Épinal où il doit se présenter au dépôt du 149e R.I. le 7 novembre 1915. Dès le lendemain, il part avec un renfort qui rejoint le régiment à Aix-Noulette en Artois. Une fois sur place, le sous-lieutenant Laurent est affecté au commandement d’une section de la 2e compagnie du régiment.

Quelques mois après son arrivée, il disparaît au cours d’une attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup. Cette attaque est un véritable échec. Dans la confusion, personne ne sait ce qu’il est advenu du sous-lieutenant Laurent. A-t-il a été tué ? A-t-il été fait prisonnier ? Personne n’est capable de donner une réponse.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_1_journ_e_du_2_avril_1916

Une enquête approfondie est lancée auprès de plusieurs soldats de la 2e compagnie du 149e R.I. qui ont été faits prisonniers après l’attaque du 2 avril 1916. Plusieurs demandes d’informations sont envoyées dans les camps de prisonniers où se trouvent certains de ces hommes.

Le capitaine Toussaint, l’adjudant Woinetin, les sergents Lazarus et Lemoine, les soldats Génin et Durand confirment le décès du Michel Laurent. L’ensemble de leurs déclarations a été recueilli par le Comité International de la Croix Rouge ou par des courriers directement adressés à la veuve du sous-lieutenant.

Ce sont les soldats Charles Genin et J. Durand qui donnent le plus de détails sur les circonstances de la mort du sous-lieutenant Laurent.

Le premier écrit ceci :

«  La compagnie venait de prendre une tranchée allemande. En arrivant dans la tranchée, je vis le sous-lieutenant étendu sur le dos, frappé d’une balle dans la poitrine du côté droit. Il mourut à peu près une heure après. On le recouvrit d’une toile de tente et la tranchée fur reprise par les Allemands »

Le second qui faisait partie de la 2e section de la 2e compagnie note ceci.

« Je connais le sous-lieutenant Michel Laurent qui a été tué au cours du combat du 2 avril 1916 d’une balle dans la poitrine, à 500 m environ du village de Vaux, près de la ligne de chemin de fer. Le sous-lieutenant doit être enterré dans la tranchée à cet endroit. »

Il existe une fiche au nom du sous-lieutenant Michel Laurent sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Fiche_C

Le jugement déclaratif du décès est prononcé le 3 avril 1917 par le tribunal civil de 1ère instance de Poitiers.

Le commandant Magagnosc, responsable du 1er bataillon du 149e R.I., écrit dans le dernier relevé des notes de Michel Laurent :

« Officier très distingué, très brave, plein d’entrain au feu, qui s’est particulièrement distingué aux combats devant Verdun du 8 mars au 2 avril 1916. Disparu le 2 avril 1916 au moment où il entraînait vigoureusement sa section à l’attaque des tranchées allemandes au nord de Vaux. »

Cité à l’ordre de la brigade n° 39 en date du 26 mars 1916 :

«  Excellent officier à tous points de vue, s’est fait tout spécialement remarquer du 8 au 16 mars 1916 par l’exemple de son courage et de son sang froid. Ayant perdu plus de la moitié des hommes de sa section, est parvenu par son énergie et son attitude à relever le moral du faible effectif qui lui restait »

Le sous-lieutenant Michel Laurent repose actuellement dans le cimetière national français de Douaumont. Sa sépulture porte le n° 128.

Sepulture_sous_lieutenant_Laurent

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Michel Louis Laurent a été réalisée par A. Cesarini.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et au Comité International de la Croix Rouge.

12 août 2016

Léon Paul Guérin (1877-1916).

Leon_Paul_Guerin

Léon Paul Guérin est né le 15 janvier 1877, dans la demeure parentale située dans le faubourg Montbernage de la ville de Poitiers. À sa naissance, son père, Louis, est un journalier qui est âgé de 46 ans. Sa mère, Modeste Beillard, est une femme âgée de 38 ans qui n’exerce pas de profession.

Léon Paul est confronté à un drame terrible alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Son père décède deux jours avant que Léon Paul n’ait fêté ses huit ans. La vie qui ne lui fait pas de cadeau devient très vite compliquée. Les petits salaires ramenés par le chef de famille qui permettaient de faire vivre les siens ne sont plus là ! L’histoire ne le dit pas, mais nous pouvons aisément imaginer que Léon Paul a dû, très vite, se mettre en quête d’un travail pour subvenir à ses besoins. Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir qu’il a exercé le métier de domestique.

Le 28 janvier 1898, Léon Paul Guérin a tout juste 21 ans. Il se rend à la mairie de Poitiers, pour contracter un engagement volontaire de quatre ans avec l’armée.

Le futur soldat n’a pas à aller bien loin pour revêtir son uniforme flambant neuf. Il lui suffit de traverser quelques rues pour se rendre à la caserne du 125e R.I. qui se trouve dans sa ville natale. Les apprentissages de la vie de fantassin peuvent commencer.

Léon Paul peut coudre ses galons rouges de caporal à partir du 17 septembre 1898.

En février 1899, le jeune sous-officier part de Rosny en détachement,pour se rendre en Algérie. Le caporal Guérin embarque à Marseille dans la soirée du 18 février. Le lendemain, son navire accoste à Philippeville après une traversée sans histoire. Le 20 février, il est à Sétif. Il y reste plusieurs mois.

Le 6 août 1899, son séjour militaire algérien touche à sa fin, Léon Paul Guérin quitte Sétif après la soupe du matin. Il se rend pour la seconde fois à Philippeville. Le 7 août, il traverse la mer Méditerranée. Le lendemain, les clous de ses godillots martèlent le débarcadère du port de la cité phocéenne. Le caporal Guérin doit se rendre au mont Valérien le 10 août 1899.

Toujours au 125e R.I., il est nommé dans le grade supérieur le 20 septembre 1899.

Durant les années suivantes, le sergent Guérin va apposer sa signature plusieurs fois sur une multitude de petits contrats qui s'étalent sur des périodes allant d’une à trois années.

 Le 8 juillet 1901, il valide un contrat d’un an qui prend effet vingt jours plus tard. Le suivant, qui devient applicable à partir du 28 janvier 1902, est ratifié le 15 février 1902. Le sergent Guérin signe un nouveau contrat le 26 mars 1904 qui rentre en vigueur le 26 janvier 1905.

Le jeune sous-officier exerce les fonctions de sergent-fourrier dans une des compagnies du régiment, entre le 11 juin et le 1er septembre 1904, avant d’être nommé sergent-major.

Réengagé pour une durée de trois ans le 28 septembre 1906 à compter du 28 janvier 1907, puis pour deux ans, le 12 janvier 1910 à compter du 28 janvier 1910, il devient adjudant le 12 décembre 1911.

Léon Paul Guérin est commissionné à compter du 28 janvier 1912, suite à une décision prise par le général commandant la 34e brigade en date du 25 janvier 1912.

1912, 1913, la vie de caserne suit son cours au rythme des manœuvres et des nouvelles classes à prendre en charge jusqu’au moment fatidique où le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914.

Il ne quitte pas seulement cette caserne à laquelle il vient de consacrer 15 ans de sa vie. En effet, le 17 avril 1903, il a épousé à Poitiers, Amadis Éléonore Eulalie Girault, une employée de commerce alors âgée de 24 ans, native de la petite commune de Vouneuil-sous-Biard. Pour cela, Il avait dû obtenir l’autorisation du conseil d’administration du 125e R.I., une étape obligatoire pour les militaires à cette époque. Il laisse également son fils, Maurice Léon, né le 1er janvier 1905.

L’adjudant Guérin est blessé le 20 août 1914 à Nomény. Une balle s’est logée dans un de ses mollets. Le 10 novembre 1914, il est de nouveau blessé. Sa compagnie combat dans le secteur de Saint-Julien. Cette fois-ci, c’est une balle qui lui fait une plaie entre les deux épaules.

Le 17 mars 1915, il quitte le statut de sous-officier. Il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Cette promotion l’oblige à quitter son régiment. Il rejoint le 140e R.I. le jour même. Le 28 septembre 1915, il est muté au 149e R.I.. Cette unité vient de subir de lourdes pertes en Artois dans les jours précédents. Il faut reconstituer le régiment en hommes et en officiers.

C’est à la tête de la 1ère compagnie que le sous-lieutenant Guérin trouve la mort le 2 avril 1916. Sa compagnie est engagée dans une attaque qui doit permettre la reprise du village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_3_journ_e_du_2_avril_1916

Il est, dans un premier temps, considéré comme disparu. Une enquête est menée auprès de plusieurs soldats de la 1ère compagnie du 149e R.I. qui ont été envoyés en captivité en Allemagne. Ces recherches sont menées par l’intermédiaire de la Croix Rouge, par l’union des femmes de France et par le bureau de renseignements sur les prisonniers de guerre du ministère de la guerre.

Plusieurs hommes se souviennent…

Les soldats Marc Cagnon et Marcel Vermande qui sont prisonniers à Münster font savoir que le sous-lieutenant Guérin est présumé tué. D’autres témoignages seront moins précis.

C’est le sergent fourrier André Devineau, en captivité à Heisberg, qui fournit les renseignements les plus détaillés.

« En ma qualité de fourrier de la compagnie, j’ai suivi le sous-lieutenant Guérin partout, nous nous sommes arrêtés dans un trou d’obus, en arrière de la 1ère section, où nous avons passé la journée. Le soir, vers 5 h 00, au moment où la contre-attaque des Allemands se déclenchait, il a voulu fuir, mais il ne fît qu’une dizaine de pas environ. Je le vis tomber, la tête en avant, dans un trou d’obus. Son casque fut projeté 5 à 6 mètres en avant, ce qui me fait croire que l’infortuné sous-lieutenant a été touché à la tête par une balle de mitrailleuse. Il ne fît plus aucun mouvement. Je n’ai pu aller le voir de près et ne puis dire s’il avait été tué sur le coup. »

Le 17 avril 1916, Léon Paul Guérin est confirmé à titre définitif dans ses fonctions de sous-lieutenant.

Quelques mois plus tard, le journal officiel du 20 décembre 1917 valide sa nomination dans le grade de lieutenant.

Plusieurs témoins ont bien vu le sous-lieutenant Guérin tomber. Le sergent fourrier André Devineau narre, avec précision, les circonstances de l’évènement. Mais aucun d’entre eux n’a pu véritablement constater le décès de l’officier. De ce fait, son statut va rester celui de disparu. Son épouse, ayant entendu parler d’une blessure suivie d’une capture, fait des démarches pour tenter de savoir s’il n’est pas décédé en captivité.

Le 17 février 1919, elle écrit la lettre suivante au ministère de la guerre :

Monsieur,

J’ai appris qu’il s’était formé un bureau chargé de la recherche des disparus et qu’il se tenait en relations constantes avec la commission française envoyée en Allemagne, il y a environ un mois, pour procéder à l’identification civile des prisonniers décédés durant leur captivité.

Je n’ai pu obtenir de nouvelles officielles concernant le sort de mon mari, le sous-lieutenant Guérin Léon Paul du 149e R.I. disparu depuis le 2 avril 1916 à Vaux.

Une note émanant des nouvelles de soldats, mentionne qu’il été blessé et prisonnier. Je vous adresse un duplicata de cette note en vous priant de vouloir bien attirer la bienveillante attention de la commission qui siège à Berlin, à seule fin que de nouvelles recherches soient poursuivies dans les hôpitaux, camps de prisonniers, centres neurologiques qui me permettent de savoir ce qu’il est devenu de mon malheureux mari.

Je vous prie d’agréer Monsieur, avec tous mes remerciements, l’assurance de ma haute considération.

E. Guérin, 2 rue du Souci, Poitiers, Vienne.

Ce n’est que le 17 juillet 1919 que le tribunal de Poitiers officialise le décès du sous-lieutenant Léon Paul Guérin.

Le lieu de sépulture de cet officier n’est pas connu.

Le nom de Léon Paul Guérin ne semble pas figurer sur les monuments aux morts de la ville de Poitiers et des communes de Biard et de Vouneuil-sous-Biard.

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec palme et étoile d’argent.

Citation à l’ordre de l’armée publiée dans le J.O. du 21 janvier 1915 :

« S’est fait remarquer par son entrain, son sang froid et sa bravoure. Deux blessures très graves »

 Citation à l’ordre de la division n° 46 du 20 juin 1915 :

« Blessé très grièvement en entraînant sa section. N’a quitté le champ de bataille qu’à la nuit tombante. »

Médaille militaire  par décret du 30 décembre 1914.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultés sur le site des archives départementales de la Vienne.

La photographie de l’étang de Vaux a été réalisée en 2012.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Vienne.

5 août 2016

Louis Nicolier (1894-1916).

Louis Nicolier

Louis Nicolier est né le 4 mai 1894 au numéro 19 de la rue Part Dieu, à Lyon. Son père, qui exerce la profession de chauffeur, se prénomme Jean Louis. Sa mère, Marie Philiberte Joulier, travaille comme ménagère.

Le niveau de vie peu élevé de ses parents n’empêche pas le jeune Louis de faire des études supérieures. Peut-être a-t-il été boursier ? Le jeune homme part étudier la chimie à l’école française de tannerie lyonnaise, après avoir obtenu son baccalauréat. Louis fait partie de la promotion 1911.

Trois ans plus tard, la déclaration de  guerre contre l’Allemagne vient mettre fin à sa vie d’étudiant.  A-t-il obtenu son diplôme d'ingénieur ? Les éléments biographiques trouvés jusqu’à maintenant ne permettent pas  de le certifier. Mais le fait qu’il ait été incorporé plus de deux mois après les autres de sa classe le laisse imaginer.

Inscrit sous le numéro 311 du 7e arrondissement de Lyon, il est classé dans la 1ère partie de la liste en 1914. Il est donc en excellente santé pour devenir soldat.

Louis est incorporé le 5 novembre 1914. Le futur combattant apprend qu’il doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. qui se trouve à Épinal,et qu’il va devoir prendre le train pour se rendre dans la cité spinalienne. Il arrive au régiment deux jours plus tard. Après avoir fait une rapide formation, le soldat Nicolier s’apprête à rejoindre le régiment qui se trouve en Artois.

Dès le 13 janvier 1915, Louis Nicolier devient soldat de 1ère classe avant d’être nommé caporal le 22 février 1915. Son parcours au sein du 149e R.I. au front est plus difficile à établir : quand y arrive-t-il en renfort ? On sait juste qu’il se trouve à la 10e compagnie du régiment lorsqu’il est blessé le 31 mai 1915 à Aix-Noulette. La gravité de sa blessure n’est pas connue, ainsi que la durée de son éloignement du front, tout comme la date de son retour au régiment. Seule certitude, une photographie le montrant bras en écharpe, nous apprend que c’est le bras droit qui a été touché.

Le caporal Nicolier occupe les fonctions d’agent de liaison à la 2e compagnie,lorsque le 149e R.I. est engagé dans le secteur de Verdun en mars 1916. Cette fonction, qui est déjà en soi particulièrement dangereuse, est encore plus difficile dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup régulièrement bombardé par les Allemands. Envoyé en mission, sa compagnie n’a plus aucune nouvelle de lui entre le 1er et le 2 avril 1916.

Dans un premier temps, le caporal Nicolier est considéré comme disparu. Il existe une fiche attestant les recherches effectuées par la famille auprès du C.I.C.R..

Louis_Nicolier_fiche_C

La réponse négative de l’organisme le 16 janvier 1917 dut éteindre un dernier espoir : Il n’était pas prisonnier.

Ce n’est que le 30 juin 1921 que son décès est officiellement prononcé, à la suite d’un jugement rendu sur requête de la chambre du conseil du tribunal civil de Lyon.

Le caporal Nicolier a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume.

« Soldat courageux et dévoué. Tombé glorieusement pour la France le 2 avril 1916 à Vaux. Croix de guerre avec étoile de bronze. »

Louis Nicolier est décédé à l’âge de 22 ans ; il est resté célibataire.

Compte tenu des circonstances de sa disparition et le contexte des évènements dans ce secteur de la bataille de Verdun, il repose certainement anonymement dans la crypte consacrée à ce secteur dans l’ossuaire de Douaumont.

Sources :

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales du Rhône.

Fiche lue sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Livre d’or « association des anciens élèves de l’école de chimie industrielle de Lyon et de l’école française de tannerie ».

Journal officiel de la République française du 1er août 1922 lu sur le site « Gallica ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

29 juillet 2016

Marcel Jules Bousquainaud (1893-1958).

Marcel_Jules_Bousquainaud

Né de Frédéric Bousquainaud et de Marie Joséphine Vérot, Marcel Jules voit le jour le 13 juin 1893 dans le petit village ardéchois du Pouzin. Les conditions de vie restent modestes, même s’il y a deux salaires pour faire subsister la famille. À sa naissance, son père, qui est un homme âgé de 43 ans, exerce le métier de mineur. Sa mère pratique le métier de ménagère. Elle a 42 ans.

La fiche signalétique et des services de Marcel Jules Bousquainaud nous indique que son degré d’instruction est de niveau 2. Il sait donc lire et écrire lorsqu’il se lève une dernière fois du banc de l’école. Mais le niveau 2 mentionne une maîtrise insuffisante. Nous pouvons facilement imaginer qu’il faisait beaucoup de fautes et qu’il écrivait un grand nombre de mots en phonétique.

Le jeune homme quitte son métier de cimentier  à l’appel de sa classe. Il fait partie de ces hommes qui sont affectés dans un régiment de l’est de la France, loin de son Ardèche natale. Marcel Jules Bousquainaud doit se rendre à Épinal par voie de chemin de fer pour intégrer le 149e R.I. à compter du 26 novembre 1913, il arrive au régiment le lendemain.

Le soldat Bousquainaud  vient tout juste d’entamer son neuvième mois de service militaire, lorsque le conflit contre l’Allemagne éclate au début du mois d’août 1914. Il est bien loin d’avoir soldé son compte de trois années obligatoires de service militaire.

Cet homme fait partie d’une escouade de la 7e compagnie du 149e R.I. au moment où il faut quitter la caserne Courcy pour rejoindre la frontière. Cette unité se trouve sous le commandement du capitaine Coussaud de Massignac.

Marcel Jules Bousquainaud est blessé le 25 août 1914 durant les combats qui se déroulent dans le secteur de Ménil-sur-Belvitte. Laissé sur le terrain, il est fait prisonnier et soigné par les médecins allemands avant d’être envoyé dans un camp de l’autre côté de la frontière. Une très longue captivité commence pour lui…

Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il a été interné à Muntsinger, mais ce nom reste introuvable sur une carte de l’époque. Une indication trouvée au dos du cliché représentant Marcel Jules Bousquainaud est très aidante. Celle-ci nous fait savoir que le photographe qui a réalisé ce portrait, Adolph Flohr, vit à Oehringen. Un camp de prisonniers français se trouve bien à proximité de cette ville allemande avec une orthographe approchante. Il s’agit du camp de Münsingen.

Concernant son internement en Allemagne, les fiches du C.I.C.R. nous donnent de bien meilleures indications.

Fiche_C

Marcel Jules Bousquainaud a été successivement dans les camps suivants :

14/10/1914 : Ludwigsburg (C.I.C.R. P1183)

25/11/1914 : Ludwigsburg( C.I.C.R. P4834)

28/12/1914 : Hohenesperg (C.I.C.R. R555)

30/01/1915 : Hohenesperg (C.I.C.R. P14324)

24/06/1916 : Heilbronn (C.I.C.R. P41272)

 01/1917 : Münsingen, venant de Hohenesperg (C.I.C.R. P51804)

Rapatrié d’Allemagne le 6 décembre 1918, il passe ensuite au 61e R.I. à partir du 7 janvier 1919, pour être  mis en congé illimité de démobilisation le 31 août 1919.

Revenu à la vie civile et marié, il ne retourne pas à son métier de cimentier. Marcel Jules Bousquainaud devient cafetier, loin de l’Ardèche. Il vit successivement  à Fumey dans les Ardennes, puis en Savoie à Aix-les-Bains et à Saint-Michel de Maurienne. Il se retire finalement dans la commune de Tarascon où il dut être chef de chantier.

La descendance de Marcel Jules Bousquainaud n’est pas connue.

Le 20 octobre 1937, il est affecté à la 17e section d’infanterie de mitrailleuses.

De nouveau mobilisé pour le deuxième conflit mondial, le soldat Bousquainaud est renvoyé dans ses foyers le 28 décembre 1939, placé dans la position « sans affectation ».

Marcel Jules Bousquainaud décède le 21 octobre 1958  à Beaumont-sur-Oise.

Sources :

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance de Marcel Jules Bousquainaud ont été consultés sur le site des archives départementales de l’Ardèche.

Les fiches du Comité International de la Croix Rouge ont été consultées sur Internet.

Le texte suivant a permis l’identification de  Marcel Jules Bousquainaud.

Texte_au_dos_du_portrait_de_Marcel_Jules_Mousquainaud

Un grand merci à M. Bordes., à J.C Auriol, à A. Carobbi et aux archives départementales de l’Ardèche.

22 juillet 2016

Henry Bordeaux « Verdun 1916 ».

Henri_Bordeaux

L’académicien Henry Bordeaux évoque dans son ouvrage « Verdun 1916 » l’attaque du 2 avril 1916 qui a été menée par les hommes du 1er bataillon du 149e R.I.. Ce bataillon se trouvait sous l’autorité du commandant Magagnosc.

Voici ce qu’il écrit…

« Le 2 avril 1916, le 1er bataillon du 149e R.I. commandé par le commandant Magagnosc, qui occupe les abris du ravin des Fontaines, reçoit l’ordre de réoccuper le village. Au petit jour, il se porte à la digue, où il fractionne sa troupe en trois groupes formés chacun d’une compagnie, la quatrième compagnie étant en soutien. Une compagnie a pour objectif la rue principale, une autre opérera plus au nord, entre la voie ferrée et le ruisseau, en liaison avec le 31e B.C.P ; la dernière, plus au sud, opérera dans les jardins.

En quelques bonds, nos hommes ont atteint le village et se sont avancés jusqu’à l’église. Mais un barrage d’artillerie les isole et empêche les renforts de leur parvenir. Les agents de liaison qui réussissent à traverser ce barrage continu apportent des nouvelles d’abord exaltantes, puis de plus en plus inquiétantes. Les assaillants ont été contre-attaqués et sont submergés sous les colonnes d’assaut. Sur la rive droite, dans les jardins, le lieutenant Vayssière qui commandait la compagnie a été tué et ses hommes ont reflué. Dans le village on se bat au corps à corps. Tous les officiers des trois groupements sont tués, blessés ou capturés. Parmi eux se trouvait le capitaine Toussaint qui commandait la 2e compagnie et qui, gravement frappé, encourageait encore ses hommes à ne pas se rendre. Des sous-officiers prennent leur place. L’ennemi flambe les maisons avec du pétrole. Le sergent Chef a rallié les survivants et, les groupant avec une section de mitrailleuses à la sortie du côté de l’étang, il s’est barricadé dans la dernière maison, a creusé une tranchée et arrêté l’ennemi. Au nord, le sergent Chapelle tient de même jusqu’à la nuit avec quelques éléments. On travaille à deux, l’un fait le trou, tandis que son camarade tire. Les pertes allemandes sont considérables. Un soldat qui les a vues disait : « Il y en avait, chez eux, des allongés ! »

Si le village est perdu, sauf la dernière maison, le chemin de la digue est barré. Mais, sur le revers nord du ravin, les Allemands ont réussi à se rapprocher de la voie ferrée. »

Sources :

« Verdun 1916 », livre d’Henry Bordeaux. Éditions Paris Librairie Plon 395 pages

Le plan qui figure sur le montage est extrait de l’ouvrage « La bataille de Verdun expliquée sur le terrain et par les cartes » du colonel Marchal et du capitaine Forestier. Éditions H. Frémont et fils.

Un grand merci à M. Bordes et à A. Carobbi.

15 juillet 2016

2 avril 1916.

Commandant_Magagnosc_et_sous_lieutenant_Auvert

Vaux-devant-Damloup est entièrement entre les mains des Allemands depuis leurs attaques réussies du 31 mars. L’état-major de la 43e D.I. a la ferme intention de reconquérir le terrain perdu. Il est en train de préparer une action offensive avec une partie de ses troupes de réserve.

Il faut savoir que le théâtre des opérations de la 86e brigade s’est légèrement modifié à la suite des évènements du 31 mars. Il est maintenant jalonné par la ligne des retranchements, par le boyau d’Hardaumont devenu tranchée de 1re ligne, et par la moitié ouest de la tranchée du colonel Driant qui est restée en possession française.

Les compagnies qui doivent participer à la future attaque sont prélevées sur le 31e B.C.P.  sur le 158e R.I. et sur le 149e R.I..

Zone_de_l_attaque_du_2_avril_1916

Ces unités se mettent en route dans la nuit du 1er au 2 avril. Une partie d’entre elles s’apprête à remplacer l'autre partie de la brigade qui a été malmenée durant les jours précédents.

Quatre compagnies du 31e B.C.P. relèvent les compagnies du 1er B.C.P.qui sont encore en 1ère ligne.

La 5e compagnie du 158e R.I., l’unique compagnie de ce régiment qui doit  être engagée, se rend à R1.

Le 1er bataillon du 149e R.I. quitte les abris du ravin pour venir prendre sa position d’attaque à la digue de l’étang de Vaux. Il emprunte le ravin situé au sud-ouest de la mare.

Carte_1_journ_e_du_2_avril_1916

Les compagnies restantes des 31e B.C.P., et du 158e R.I. constituent les troupes de garnison et la réserve.

Tableau_d_occupation_du_secteur_le_2_avril_1916

Toutes ces unités sont en position à 3 h 45. L’attaque qui devait avoir un caractère de surprise est devancée par les Allemands !  À 4 h 00, ces derniers engagent une offensive sur la droite du front du 31e B.C.P. tout juste installé. Heureusement, cet assaut est vivement repoussé. L’ennemi laisse beaucoup d’hommes sur le terrain.

Comme prévu, les troupes du colonel Rondeau lancent leur attaque à 4 h 30.

Carte_2_journee_du_2_avril_1916

Legende_carte_2_journee_du_2_avril_1916

Les artilleurs allemands déclenchent aussitôt un violent tir de barrage qui est associé aux feux de mitrailleuses. Ces tirs sont d’une extrême précision. Toute communication avec l’arrière est impossible. Les lignes téléphoniques ont toutes été coupées depuis longtemps.

Seuls quelques coureurs tentent l’impossible. Malgré les relais, il leur faut plus de deux heures pour parcourir la distance qui les sépare du fort de Tavannes à la 1ère ligne. Largement le temps d’y laisser sa peau !

Les deux compagnies du 31e B.C.P. qui tentent de déboucher de leur aile droite se cognent à un ennemi resté très en éveil. Les chasseurs sont attendus de pied ferme. Ce sont les mêmes unités allemandes qui les ont attaqués, une demi-heure plus tôt, qui les empêchent de progresser.

Les deux compagnies de l’aile gauche du 31e B.C.P. remplissent leur mission. La tranchée nord-sud qui passe par la carrière est de nouveau occupée.

La 5e compagnie du 158e R.I., partie de R1, est stoppée net dans son élan par un barrage à la grenade et par des tirs de mitrailleuses particulièrement meurtriers. Seule une petite quinzaine d’hommes est parvenue à la tranchée ennemie, la mort les y attendait.

Les trois compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. se lancent à la reconquête du territoire perdu de Vaux-devant-Damloup.

Carte_3_journ_e_du_2_avril_1916

Deux d’entre elles reprennent presque entièrement la partie du village qui leur avait été assignée comme objectif. La 3e compagnie du 1er bataillon du 149e R.I. s’installe dans les ruines de la dernière maison à l’ouest.

L’attaque française semble donc être une réussite. La plupart des objectifs ont été atteints même si la 5e compagnie du 158e R.I. a perdu la quasi-totalité de ses hommes.

Mais la situation va rapidement devenir intenable. Les hommes sont épuisés, les munitions manquent…

Les deux compagnies de chasseurs qui occupent la tranchée nord-sud qui passe par la carrière ne sont plus soutenues par l’artillerie. Une fois leur approvisionnement de grenades épuisé, ces compagnies cèdent à la pression des contre-attaques allemandes. Elles sont obligées de revenir à leur point de départ.

Le commandant Magagnosc rédige un billet depuis son P.C. qui est installé près de la digue de la mare de Vaux.

« Mon bataillon est exposé depuis ce matin à un bombardement des plus violents, prélude probable d’une attaque ennemie. Mes compagnies se sont avancées dès 4 h 30 très rapidement vers le village de Vaux ainsi qu’au nord et au sud.

La 1ère compagnie est dans les premières maisons à l’ouest de Vaux. Je ne sais pas exactement où. En raison du tir de barrage continu et de plus en plus violent, il m’a été impossible d’obtenir des renseignements précis sur leur situation. À la nuit, je me mettrai en relation avec elle. Trois sections d’une de mes compagnies occupent la digue où j’ai établi mon P.C..

Si l’ennemi attaque en force, il me sera difficile de tenir, mes pertes étant élevées. J’aurai besoin de renfort.

Le lieutenant Stehlin qui commande la 3e compagnie est blessé. Le lieutenant Auvert, qui commande la compagnie de mitrailleuses, malade des suites de blessures à la tête, est évacué.

Je vous prie de me faire apporter le plus tôt possible 2 ou 300 grenades, 5000 cartouches, 100 fusées rouges, 50 vertes et 50 blanches, ainsi que 500 sacs à terre.

Des groupes d’avions ennemis nous ont survolés toute la journée, réglant le tir de leur artillerie et nullement gênés par nos avions !

Il m’a semblé que notre artillerie ripostait faiblement à celle de l’ennemi !

J’ai l’honneur de vous demander de vouloir bien faire dire si possible à mon chef de corps qu’il est inutile de faire venir les cuisiniers à Vaux. Cela leur serait impossible aujourd’hui. Mes hommes mangeront des vivres de réserve. Nous recevons des gaz asphyxiants. L’attaque ennemie paraît se déclencher. »

À 16 h 00, les Allemands déclenchent une violente contre-attaque sur Vaux-devant-Damloup. Les débris des deux compagnies du bataillon Magagnosc qui se trouvent dans le village sont anéantis. La progression ennemie est tout de même arrêtée devant une tranchée creusée à la hâte à l’ouest du village, par la 3e compagnie de ce bataillon.

Les Français ont lancé près de 150 fusées rouges pour demander l’appui de leurs canons, tant de la première ligne que du P.C. de la 86e brigade. Mais les résultats sont restés nuls !

Les tirs de l’artillerie ennemie sont restés très intensifs tout au long de la journée.

Le sous-lieutenant Auvert qui commande la 2e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. résume les évènements de cette journée du 2 avril 1916 dans la note suivante.

Reçu le 2 avril 1916 à 22 h 00 au P.C. de la 85e brigade.

Le 1er bataillon a attaqué à 4 h 30 avec 3 compagnies en première ligne et une en réserve. Chaque compagnie ayant une section de mitrailleuses de la 2e C.M. du 149e R.I..

À savoir de la gauche à la droite :

La 2e compagnie, au sud de la voie ferrée, en liaison avec le 31e B.C.P. jusqu’à la lisière nord de Vaux-devant-Damloup.

La 1ère compagnie dans le village de Vaux-devant-Damloup.

La 3e compagnie de la lisière sud de Vaux-devant-Damloup à la lisière sud des Vergers.

La 4e compagnie est en réserve à la maison à  l’est de l’étang.

À droite du régiment se trouvent des éléments du 158e R.I.. Ils attaquent par vagues  en partant  des retranchements sur le chemin creux.

 L’attaque part bien. À gauche, le 31e B.C.P. progresse jusqu’aux anciennes tranchées du 1er B.C.P.

La 2e compagnie du 149e R.I. dans un terrain marécageux, battu par les mitrailleuses ennemies placées entre le village de Vaux-devant-Damloup et le fort de Vaux, a des éléments qui marchent avec la 1ère compagnie et les autres passées au nord de la voie ferrée avec le 31e B.C.P..

La 1ère et la 3e compagnie disparaissent dans la fumée au-delà de l’issue ouest de Vaux-devant-Damloup et la 1ère compagnie parvenant jusqu’à l’ancienne barricade française. À 4 h 40, les compagnies paraissent avoir atteint leurs objectifs.

Un peloton de la 4e compagnie est envoyé en soutien de la 2e compagnie.

Il ne reste plus au commandant Magagnosc, dans la réserve, qu’un peloton et 1 section de mitrailleuses.

De  8 h 50 jusqu’à cette heure très violent marmitage sur les positions du 149e R.I..

Devant la contre-attaque allemande, à gauche le 31e B.C.P. revient à sa ligne de départ sur laquelle il se tient avec des éléments de la 2e compagnie du 149e R.I. et y reçoit l’attaque en tirant debout.

Du côté de Vaux-devant-Damloup, les Allemands auraient contourné par la voie et occupé la lisière ouest du village cernant les 1ère et 3e compagnies dans  Vaux-devant-Damloup.

Pendant longtemps on entendit les mitrailleuses françaises dans Vaux.

Le commandant Magagnosc qui a reçu une grosse pierre a quitté son commandement. Le sous-lieutenant Auvert, ancien trépané, a dû quitter sa compagnie de mitrailleuses.

Cette attaque un véritable désastre. Le village de Vaux-devant-Damloup est perdu.

carte_4_journee_du_2_avril_1916

Les deux autres bataillons du 149e R.I. n’ont pas été engagés durant cette journée. Le 2e bataillon qui se trouve sous les ordres du commandant Schalk s’est installé au fort de Tavannes. Le 3e bataillon qui est sous le commandement du capitaine de Chomereau de Saint-André occupe toujours le secteur du fort de Vaux.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 43e et 70e D.I., provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7.

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments des 43e et 70e D.I. risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par ces unités durant la journée du 2 avril 1916.

La carte qui indique la zone de d’attaque du 2 avril 1916 est extraite du J.M.O. du 22e R.A.C. 1er groupe 26 N  942/9.

La photographie aérienne provient de la collection de P. Lehue.

Le portrait du sous-lieutenant Auvert est extrait du livre d’or de la faculté de droit de Paris qui a été édité en 1925.

Le portrait du commandant Magagnosc provient du tableau d’honneur de la guerre 1914-1918 publié par la revue « l’illustration ».

Le plan qui figure sur le montage est extrait de l’ouvrage « La bataille de Verdun expliquée sur le terrain et par les cartes » du colonel Marchal et du capitaine Forestier. Éditions H. Frémont  et fils.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à P. Lehue, à A. Orrière, à M. Porcher, aux intervenants du forum « Pages 14-18 » qui m’ont apporté leur aide et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

8 juillet 2016

Joseph Émile Bihr (1892-1954).

Joseph_Bihr

Joseph Émile Bihr est né dans le canton de Delle, dans la petite commune de Réchesy, le 31 janvier 1892. Son père, qui exerce la profession de maçon, porte le prénom de François, sa mère  se nomme Madeleine Fleury.

Engagé volontaire, le jeune Joseph signe avec l’armée un contrat d’une durée de 4 ans qui prend effet à partir du 23 septembre 1911. Il abandonne son métier d’agriculteur. C’est au 13e régiment de dragons qu’il débute sa carrière militaire. Nommé brigadier en avril 1914 puis maréchal des logis en février 1915, Joseph Bihr est promu sous-lieutenant à titre temporaire avant d’être affecté au 21e B.C.P. en mai 1915. Devenu officier sans être passé par les écoles de formation, il va devoir travailler énormément pour se mettre à la hauteur de ses fonctions de chef de section.

Joseph Bihr rejoint la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. au mois de juillet 1916. À cette période de l’année, le régiment est dans un secteur relativement calme en Champagne, mais cela ne va pas durer bien longtemps. Cet officier va participer aux attaques qui vont se dérouler dans le département de la Somme, lorsque son régiment se retrouve engagé dans le secteur de Soyécourt en septembre 1916. Le sous-lieutenant Bihr se montre très brillant et très efficace au cours de ces combats. Ses supérieurs ne se sont pas trompés sur ses qualités de meneur d'hommes lorsqu’il a été proposé dans le grade d’officier.

En 1917, Joseph Bihr se retrouve instructeur grenadier au C.I.D. de la 43e D.I. ; il est sous les ordres du chef de bataillon Dufor.

Toujours très bien noté, cet officier est nommé lieutenant à titre temporaire en mai 1918.

Le 10 juin 1918, ses chefs lui donnent le commandement de la 3e compagnie du 149e R.I..

Pendant une pause, au cours des évènements tragiques que Joseph est en train de traverser, se glisse un de ses évènements de la vie qui nous est encore plus mal connu que les faits militaires. À l'occasion d'une permission, à la fin du mois de septembre 1918, Joseph accompagne Marthe Demange à la mairie puis devant l’autel de l’église du village de Joncherey. Marthe est une jeune bonnetière âgée de 24 ans. Elle est née dans le même village que Joseph. Est-elle une amie d’enfance ? Est-ce que Joseph et Marthe ont eu l’occasion de se rencontrer à Réchesy avant le début du conflit ? Se sont-ils tout simplement rapprochés en découvrant mutuellement qu’ils sont originaires du même village ? Est-elle une correspondante depuis le début de la guerre ? La réponse à ces questions n’est pas connue, tout comme la descendance de ce couple de jeunes mariés qui doivent se quitter, laissant Joseph retourner à sa dangeureuse mission.

Joseph Bihr reprend la tête de sa compagnie jusqu’au moment où il est  blessé au mollet et au pied droit par un éclat d’obus le 3 octobre 1918.  Nous sommes au beau milieu des combats qui ont lieu dans le secteur d’Orfeuil dans les Ardennes. Son pied est complètement délabré. Les chirurgiens sont dans l’obligation de l’amputer d’une partie de sa jambe. Il ne retournera jamais dans son régiment. Cette situation met fin à sa carrière militaire en février 1920. Le centre spécial de réforme de Lyon lui accorde une pension définitive d’invalidité de 3e classe.

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 287 du 12 septembre 1915.

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 208 du 5 juin 1918.

« Chef de section d’une haute valeur morale et d’un courage de lion. Sous des feux de mitrailleuses extrêmement violents a entraîné sa section à l’assaut avec une énergie et une bravoure incomparable et a infligé à l’ennemi des pertes considérables. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 219 du 21 août 1918.

« Officier de tout premier ordre, d’un courage, d’un sang froid et d’un cran incomparables. A dirigé lui-même plusieurs coups de main à la tête de sa compagnie, montrant à ses hommes,presque tous jeunes soldats, un mépris du danger et un exemple de bravoure superbe. Au cours des combats des 15 et 16 juillet 1918, est parti sous un bombardement d’une très grande violence sur les lignes les plus avancées, plaçant tous ses hommes à leur poste de combat et maintenant par son énergie l’intégrité de sa fonction. Un de ses officiers étant tombé grièvement blessé, est allé le rechercher, seul, et a réussi à le ramener sur ses épaules. Type magnifique du soldat de métier. »

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1551 du 24 décembre 1918.

« Officier d’élite d’un courage et d’un calme extraordinaires. A été grièvement blessé le 3 octobre 1918 alors qu’il entraînait sa compagnie sous des feux violents de mitrailleuses à l’attaque des positions ennemies. »

Joseph Bihr est fait chevalier de la Légion d’honneur le 16 juin 1920.

Il décède le 7 mai 1954 à Bonny-sur-Loire dans le Loiret.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie représentant le lieutenant Joseph Bihr provient de la collection personnelle de N. Bauer.

Le lieutenant Bihr possède un dossier dans la base Léonore. Pour le lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Site_base_Leonore

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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