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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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28 juin 2019

Ouest du bois en Hache, 25 septembre 1915 (1ère partie).

Artois_1915_d_part_pour_la_rel_ve

Conformément au plan initial, le dispositif d’attaque de la 43e D.I., en préparation secrète depuis un mois, est en place au matin du 25 septembre 1915.

Les éléments de la  43e D.I. ont pour mission de progresser à l’intérieur du bois en Hache et de le déborder par le nord et par le sud. Ils doivent, par la suite, s’emparer des corons au sud d’Angres et de la lisière sud du village avant de poursuivre sur le moulin Buquet et sur le moulin de l’Hirondelle pour déborder par le nord jusqu’au bois de Givenchy.

Objectifs 43e D

Les 8 compagnies des 1er et 31e B.C.P. et les 3 bataillons du 149e R.I., qui étaient encore au repos, ont rejoint leurs positions la veille au soir.

L’effectif de la division est maintenant au complet. Les troupes d’attaque et de réserve sont toutes installées sur leurs emplacements de départ, prêtes à combattre.

Elles occupent le secteur de la manière suivante, de la gauche à la droite :

10e B.C.P. : 3 compagnies et 2 sections de mitrailleuses en 1ère ligne de la sape 1 à la sape 3.

1er B.C.P. : 6 compagnies et 2 compagnies de mitrailleuses de la sape 3 à la sape 4’ entre le chemin creux et la parallèle de départ.

31e B.C.P. : 6 compagnies et 2 compagnies de mitrailleuses de la sape 4’ exclue à la sape 6’ exclue entre le chemin creux et la parallèle de départ.

158e R.I. : 2 bataillons de la sape 6’ inclus à la sape 9 incluse entre le chemin creux et la parallèle de départ. Un bataillon à la tranchée Dulys, au boyau m1-m2 et T.D.A. entre e3 et h10.

Carte 1 journee du 25 septembre 1915

Legende_carte_1_journee_du_25_septembre_1915

Le 149e R.I. constitue la réserve d’offensive. Le régiment est en position d’attente, réparti au fossé aux loups, à la tranchée des Saules, à la tranchée en V, aux bois 5 et 6 et au ravin.

carte 2 journee du 25 septembre 1915

Legende carte 2 journee du 25 septembre 1915

Au petit matin, les deux brigades de la 43e D.I. attendent toujours l’ordre de passer à l’assaut. L’heure de l’attaque n’est pas encore fixée. L’angoisse monte… L’attente est longue…

Les conditions météorologiques sont exécrables. Une pluie incessante débute le 23 au soir et détrempe le terrain. Les tranchées et les boyaux sont imbibés d’eau. Ils sont en si piteux état qu’ils mettent à la peine les hommes à chacun de leur déplacement.

L’artillerie française arrose copieusement le secteur ennemi depuis plusieurs jours.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/4

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

J.M.O. de la 86e brigade S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/13 et 14.

Fond de carte du secteur de Noulette construit par V. le Calvez.

Le dessin intitulé « Artois 1915, départ pour la relève » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il est extrait du fascicule « Hippolyte Journoud, imprimerie de la maison des deux-collines, XXXII phototypies MCMXIX.

Concernant la 1ère carte, une nouvelle fois, il n’a pas été possible de faire un travail de grande précision. L’échelle du calque utilisé pour sa réalisation est différente de la carte dessinée par V. Le Calvez. Ceci peut expliquer les dissemblances importantes avec la réalité du terrain. Cette carte n’a donc qu’une valeur indicative.

La carte qui donne les emplacements des compagnies des 2e et 3e bataillons et celle du 1er bataillon au début de l’attaque du 25 septembre 1915 est encore moins précise. Les positions données ont été simplement déduites à partir de la lecture des  comptes-rendus rédigés pendant l’attaque par les officiers qui commandaient ces unités.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, à M. Porcher, à la famille Aupetit,  au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

21 juin 2019

Ferdinand Edmond Dubourg (1891-1972).

Ferdinand edmond Dubourg

Edmond Dubourg voit le jour le 12 août 1891 à Vieilley, une petite commune située dans le département du Doubs. Sa mère, Marie Clémence Berthet, alors âgée de 34 ans a déjà donné vie à une petite fille prénommée Jeanne. Son père, Jean Charles, a 44 ans à la naissance de son fils. Edmond fut baptisé à l’église Saint-Léger.

Nous ne saurons rien de plus de l’enfance et de l’adolescence de ce petit Doubiste si ce n’est qu’il a toujours vécu dans son village natal. Sa fiche signalétique et des services nous informe simplement qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 et qu’il a travaillé comme cultivateur. La scolarité d’Edmond s’est sans doute arrêtée très vite pour qu’il puisse aller travailler la terre de manière définitive.

Village de Vieilley

1912, Edmond doit abandonner la ferme un court instant pour aller se présenter devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Marchaux. Aucune maladie particulière, susceptible d’empêcher son intégration dans une caserne, n’a été détectée par la médecine militaire. Il ne peut lui être proposé aucun statut spécifique qui pourrait lui faire bénéficier d’un report de temps concernant ses obligations à porter l’uniforme durant deux années. C’est donc sans surprise qu’il est informé, par les responsables du conseil de révision, de sa classification dans la 1ère partie de la liste.

Au 149e R.I.

Le jeune homme apprend qu’il doit se préparer à quitter son département d’origine pour une autre région. Dans quel état d’esprit est-il lorsqu’il prend connaissance de cette nouvelle ? Le 8 octobre 1912, il est incorporé au 149e R.I., un régiment caserné à Épinal. Sa rude existence de cultivateur est remplacée par la vie éprouvante de soldat. Exercices, marches, instruction, manœuvres, maniement et tir avec le Lebel, deviennent son lot quotidien. Peu importe, la condition physique est là !

1914, l’Europe est en crise. Au fil des mois, la diplomatie internationale perd de son efficacité. L’attentat de Sarajevo du 28 juin sert de détonateur à l’embrasement de l’Europe. Cet évènement finit par déboucher sur une guerre mondiale. La mobilisation générale débute aux tout premiers jours du mois d’août 1914. Elle ne concerne pas Edmond Dubourg puisqu’il est toujours tributaire de ses obligations militaires. Selon le plan XVII, son régiment, qui est une unité frontalière, doit s’approcher le plus possible de l’Allemagne bien avant la fin de cette mobilisation générale.

Le soldat Dubourg est sous les ordres directs du capitaine Crepet, l’officier qui commande la 2e compagnie du 149e R.I.. Sa compagnie doit quitter la caserne Coursy en premier. Elle a été désignée pour assurer la garde de la voie ferrée qui s’étend du village d’Arches au pied du tunnel de Bruyères. C’est la seule compagnie du régiment qui ne prend pas le train pour s’approcher de la frontière allemande. Il faut user les godillots…

Edmond se bat ensuite au Renclos des Vaches près de Wisembach, puis au nord Abrechviller et dans la région de Ménil-sur-Belvitte.

Fin août 1914, son régiment quitte la région des Vosges pour aller combattre dans le secteur de Souain. C’est la bataille de la Marne. Octobre 1914, le 149e R.I. est envoyé en Artois du côté du bois de Bouvigny. En novembre et en décembre 1914, c’est la Belgique. Fin décembre, le régiment spinalien retrouve la terre française pour combattre de nouveau en Artois.

Le soldat Dubourg a la chance de sortir sans « accrocs » de tous ces combats.

Première blessure

Le 4 février 1915, il est blessé pour la première fois dans le secteur d’Aix-Noulette.

Edmond Dubourg est d’abord pris en charge par l’ambulance de Bruay avant d'être envoyé vers l’arrière. L’éclat de bombe qui s’est logé dans la région lombaire nécessite plusieurs semaines d’hospitalisation.

Il a été soigné dans une des structures de l’hôpital temporaire n° 40 de Sablé entre le 19 février et le 31 mars 1915. 

Sablé église et château

Le cliché suivant est réalisé dans cette commune. Edmond le poste la veille de son départ. Il est adressé à sa sœur Jeanne.

« Garde cette carte comme souvenir. Guerre 1914-1915. Photographié à Sablé le 15 mars. Blessé le 4 février 1915 à Aix-Noulette. »

Souvenir de guerre Sablé 1915

Le 16 mars 1915, Edmond transmet une carte postale à son ami Henri Cavoigne, un agriculteur de Vieilley également soldat :

« Cher copain,

Je suis forcé de partir cette semaine attendu que mon oncle est gravement malade. Alors, je ne pense pas te dire le jour où j’irai te rendre visite. En attendant, je te serre très affectueusement la main. Ton copain, Ed. Dubourg. »

Retour au 149e R.I.

Edmond rejoint la zone des armées le 7 avril ; il intègre les effectifs de la 1ère compagnie du 149e R.I.. Le régiment combat toujours dans le terrible secteur d’Aix-Noulette.

Le 16 juin 1915, Edmond Dubourg participe à une attaque qui se déroule dans le secteur du fond de Buval. Ce jour-là, il est blessé pour la seconde fois.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

16 juin 1916

L’éclat d’obus qui a pénétré dans son épaule droite l’envoie tout droit à l’hôpital maritime de Brest. Le soldat Dubourg est pris en charge par l’équipe médicale de cet établissement du 20 juin au 16 juillet 1915.

Durant cette période Edmond n’oublie pas de donner des nouvelles au copain du pays Henri.

Il lui envoie un premier courrier le 8 juillet 1915.

« Je t’écris ces quelques lignes pour te donner de mes nouvelles. Je vais très bien à présent. Je te dirai que je pensais déjà sortir ce matin. Je suis à moitié guéri. Cela a encore suppuré toute la nuit. Seulement, depuis, les débris de drap sont sortis de la plaie. Je sentais beaucoup d’amélioration chaque jour. L’éclat est toujours dedans, mais à présent, je ne le sens plus. S’il me faisait mal d’ici quelques jours, je me le ferai arracher au dépôt. A bientôt le plaisir de te revoir et de te la serrer. En attendant, je te quitte, mon cher vieux, en t’envoyant mes meilleures amitiés et un grand bonjour de Brest. J’ai eu des nouvelles de Julien, il a eu la croix de guerre. Martin est du côté d’Arras à présent et plus à Soissons. »

Trois jours plus tard, il lui écrit de nouveau.

« Cher Henri,

Je fais réponse à ta carte lettre du 11. En même temps, je te dis que je pars en permission demain. Je suis vidé. Je ne sais pas comment cela se fait, ça suppurait encore ce matin. Il y a du louche là-dedans. En permission, je n’ai pas peur. Si cela se remet à couler, je vais à Besançon, me faire panser dans un hôpital militaire. À bientôt le plaisir de te voir. En attendant, je te quitte par une cordiale et affectueuse poignée de main. Ton copain qui pense souvent à toi. Ed. Dubourg. Le bonjour à tes parents. »

Le 8 août 1915, Edmond est au dépôt d’Épinal. L’éclat d’obus qu’il a reçu en Artois n’a pas pu être extrait à l’hôpital de Brest. Il expédie un nouveau courrier à Henri Cavoigne qui évoque des travaux effectués par des hommes de sa compagnie de dépôt.

« Je fais réponse à ta carte lettre du 4. Je te disais qu’hier on m’a nommé pour partir pour aller en remplacer d’autres  qui font des retranchements aux cols de Schlucht et du Bonhomme pour travailler. Alors, sitôt nommé, j’ai dit au chef que je voulais la visite avant de partir.

Cela fait que nous avons passé hier à deux heures et, au lieu d’aller là-bas, travailler peut-être 15 jours, avant de partir sur la rame de plomb, je descends à l’hôpital mercredi matin, pour être opéré de cet éclat.

Quand tu recevras cette carte, je serai déjà à l’hosto. Il y en a qui partent. Il y a huit jours qu’ils sont là et des mecs atigés qui veulent se faire évacuer une fois arrivés.

Ce n’est pas l’heure à présent de passer dans les dépôts. On n’y reste pas longtemps. J’ai parlé mariage à une gonzesse là-bas, manière de rire. Elle l’a pris, je suis sûr au sérieux. Je rigole. Je te parlerai de la réponse. Je n’ai pas assez de place. Je te quitte, mon cher Henri par une affectueuse poignée de main et reçois de ton copain ses meilleures amitiés. Ed. Dubourg. Devine qui c’est la gonzesse ? »

La date exacte de son retour au front au 149e R.I. n’est pas connue. Il en est de même pour le numéro de sa compagnie d’appartenance.

Le 2 février 1916, le 149e R.I. quitte l’Artois. Il est envoyé au camp de Saint-Riquier dans le département de la Somme.

Le 21 février, les Allemands déclenchent une vaste offensive dans le secteur de Verdun. Le 149e R.I. doit rapidement rejoindre cette zone de combat avec l’ensemble de la 43e D.I..

Le 6 mars 1916, le régiment d’Edmond Dubourg monte en 1ère ligne. La route empruntée est longue et pénible. Le 149e R.I. bivouaque dans le bois des Hospices.

Le lendemain, Edmond Dubourg est touché au cuir chevelu par un éclat d’obus. 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 7 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

De Regret au bois de l'hopital

Les premiers soins médicaux lui sont donnés à l’hôpital mixte de Bar-le-Duc du 8 au 10 mars 1916 avant son évacuation vers l’hôpital temporaire n° 86 de Vichy. Il reste dans cette ville de cure jusqu’au 19 avril. Une fois de plus, Edmond n’oublie pas l’ami Henri. Le 17 mars, il lui expédie le mot suivant :

« Je t’écris ces deux mots pour te dire que j’ai reçu ta gentille lettre. Je te dirai que je vais bien à présent. Je suis guéri, on ne me fait plus de pansements, mais tant que le major ne me dira pas de partir, je suis bien ici. J’ai entendu dire que quand on était ici, que l’on y restait un mois, une fois entré. Alors, cela colle, si c’est comme cela. Je pense y passer encore tout au moins 8 à 15 jours.

Je vais me promener tous les après-midi, de 11 h à 5 h du soir. J’ai déjà vu beaucoup de choses, les sources, les promenades le long de l’Allier ; c’est joli.

Fais ton possible pour venir. Je te ferai visiter et cela me fera grand plaisir, ça vaut le coup.

Je te quitte cher Henri par une amicale poignée de main ton copain de pays. Ed. Dubourg »

Le 31 mars il lui envoie une nouvelle carte postale.

« Mon cher Henri,

Je viens de recevoir ta lettre qui m’a fait bien plaisir. Je m’empresse d’y faire réponse. Je te dirai que j’espère partir d’ici le 8 ou le 10 avril. Je voudrais bien, moi aussi, que l’on puisse se retrouver ensemble en permission. Tu ne me dis pas ce que tu espères avoir comme jours de permissions. Merci, mon cher Henri, pour tes conseils que tu as bien voulu me donner. Je te promets que je les suivrai. J’ai fait la commission à mes parents, merci de leur part. Fais-en de même lorsque tu écriras chez vous. En attendant le grand plaisir de te lire ou de se voir. Je te quitte par une amicale poignée de main. Reçois de ton copain ses plus sincères amitiés. Ed. Dubourg »

Le soldat Dubourg rentre au dépôt du 149e R.I. le 29 avril 1916.

Une fin de conflit dans d'autres régiments

Il reçoit une nouvelle affectation qui prend effet le 26 juillet 1916. Edmond apprend qu’il est versé au 312e R.I..  L’ex-soldat du régiment spinalien rejoint,le 27 juillet à 10 h 00, le petit dépôt divisionnaire dont dépend ce régiment. Ce dépôt fait partie d’un petit renfort constitué de 6 sergents et de 44 hommes qui, sous l’autorité du sous-lieutenant René Bellanger, ont quitté Épinal la veille. Le 312e R.I. est à Saint-Dizier. Il s’apprête à retourner dans la région de Verdun, dans le secteur du Mort-Homme.

Ce régiment est dissous le 21 janvier 1917. Edmond est affecté au 414e R.I.. Il arrive dans cette unité le lendemain avec un renfort de 406 hommes sous les ordres d’un capitaine, d’un lieutenant et de 5 sous-lieutenants. Tous ces hommes proviennent de son ancien régiment. 

Edmond Dubourg est blessé au plateau de Craonne le 1er juillet 1917, durant une journée de relève. Cette fois-ci, ce sont des éclats obus qui viennent s’incruster dans son genou droit.  Le jeune homme est soigné à l’ambulance de Romain, dans l’Aisne, du 3 juillet au 20 juillet 1917.

De retour au 414e R.I. Edmond peut coudre son quatrième chevron de blessures sur la manche droite de sa veste de soldat. Il a maintenant trois années de guerre derrière lui.

Captivité

Le 29 avril 1918, le soldat Dubourg est fait prisonnier en Belgique, près du mont Kemmel, au cours d’une violente attaque allemande. Sa fiche du Comité International de la Croix-Rouge nous apprend qu’il servait à la 3e compagnie de mitrailleuses du 414e R.I. à cette période du conflit.

Fiche C

Edmond Dubourg est interné en Allemagne où il reste en captivité jusqu’à la fin du conflit en novembre 1918.

Les atrocités de la guerre prennent fin.  Libéré du camp de Stendal, il arrive au D.T.I. de la 7e région le 20 novembre 1918. Il sait qu’il n’en a pas pour autant terminé avec l’armée. Le 9 janvier 1919, le soldat Dubourg est rattaché au 60e R.I., puis au 13e B.C.P. mitrailleurs et enfin au 35e R.I.. Ce n’est que le 21 août 1919 qu’il est enfin mis en congé illimité de démobilisation. Il retrouve son village natal avec son certificat de bonne conduite accordé, espérant une existence bien meilleure.

La vie après la guerre

Le 18 mars 1920, il épouse Marguerite Angel, une jeune femme originaire de Bonnay, un village avoisinant. Le couple a eu 3 enfants.

Marguerite et Edmond

En avril 1927, Edmond Dubourg est classé service auxiliaire. Il passe plusieurs fois devant la commission spéciale de réforme de Besançon qui lui refuse une petite pension d’invalidité.

Une pension temporaire de 10 %, valable du 20 février 1935 au 19 février 1937, lui est enfin concédée le 22 février 1935 ; cette pension fait suite à une décision prise par la commission de réforme qui s’est réunie le 23 septembre 1934.

Edmond est rattaché au centre mobilisateur de chars de combat n° 506, le 25 janvier 1938, l’année de ses 46 ans.

La commission de réforme de Besançon du 25 novembre 1938 valide son maintien au service auxiliaire. Les médecins militaires ont constaté des séquelles de fracture du crâne imputables à un accident professionnel datant de 1930. Ce traumatisme avait nécessité une trépanation. Un syndrome subjectif allégué et une forte diminution de l’acuité auditive gauche accentuent cette prise de décision.

Rappelé à l’activité le 24 septembre de la même année en application de l’article 40 de la loi du 31 mars 1928, il est affecté au  D.A.T.. Edmond Dubourg arrive au corps le 25 septembre 1938. Il est de retour au village le 8 octobre 1938.

L’ancien soldat de la Grande Guerre est convoqué le 11 avril 1939 au C.M. Chars 506.

Le cliché suivant réalisé au camp du Valdahon le montre en présence de camarades du 506.

Camp du Valdahon

Edmond Dubourg est renvoyé dans ses foyers le 4 mai 1939. La 2e guerre mondiale est proche.

2e conflit mondial

Le 22 août 1939, Edmond est rappelé à l’activité, affecté à la compagnie de mitrailleuses 3/VII, une arme qu’il connaît bien. Il arrive au corps le jour même.

Passé au dépôt d’infanterie n° 73 le 26 septembre 1939, il a l’autorisation de retourner vivre à Vieilley le 28 octobre 1939. Il reste sans affectation à partir de cette date.

La France a perdu la guerre. Il faut maintenant vivre et subir l’occupation.

Edmond n’est pas très passionné par le travail à la ferme. C’est Marguerite, son épouse, qui fait tourner la petite exploitation agricole.

Les médecins lui ont conseillé beaucoup de calme et de tranquillité depuis sa trépanation. Edmond décide de ne plus se consacrer qu'à ses vergers et à sa vigne qui se trouvent dans les coteaux de Vieilley. Au rythme des saisons, il taille, pioche et greffe.

Un homme qui ne portait pas l’occupant dans son cœur

Edmond Dubourg ne fait pas « allégeance » au gouvernement du maréchal Pétain en 1940.

Lorsque le maquis s'installe dans les coteaux de Vieilley, il est sollicité. Les résistants savent que c'est un ancien « de la Grande Guerre » et qu’il n’a pas beaucoup de sympathie pour l’occupant.

Edmond intègre le réseau des F.F.I. du Doubs du 6 juin au 15 septembre 1944. Il sert de "facteur". Il doit également assurer l’approvisionnement du maquis en nourriture fraîche.

Au village, personne ne se soucie de lui. Lorsqu’il est aperçu, chacun se dit : « Ah, c’est Edmond qui monte à sa vigne.... »

Il ne fut inquiété qu’une fois. Le quinze août 1944, le village est encerclé par les Allemands, c'est l'ascension, la fête de la Vierge. Son épouse demande à leur fille d'aller chercher les vaches plus tôt que prévu afin d'être à l'heure à la messe.

Les vaches sont en pâture à l'extérieur du village, la jeune fille se fait arrêter par une patrouille allemande qui lui fait savoir qu’il y a : « interdiction absolue de quitter le village ».

Les Allemands viennent de commettre une erreur grossière. L’enfant court vite avertir Georges Molle qui a juste le temps de prendre tous les documents qui pourraient mettre en péril l’existence du réseau. Il parvient à se cacher dans un égout du village avec le « capitaine Émile » dont le véritablement nom est George Millar. Plusieurs vies sont sauvées.

Durant l’occupation, le couple Dubourg a accueilli un "petit parisien"  dont les parents étaient d’origine italienne. Le garçonnet leur demandait régulièrement.  « Vous me garderez, si mes parents sont morts ? "

L’épouse d’Edmond lui répondait : « Mais, bien sûr ! » Une fois, elle lui a même dit : « D'ailleurs, tu es déjà à moitié élevé ! " alors que l’enfant avait à peine une dizaine d'années.

Devenu adulte, il est venu leur rendre visite chaque année, jusqu'à la disparition de Marguerite Dubourg.

Le temps de paix revenu, Edmond retourne à sa vie de cultivateur rythmée par les saisons.

Le 29 septembre 1949, un certificat d’appartenance aux F.F.I. lui est attribué.

Certificat d'appartenance aux forces française de l'intérieur

Jusqu’à la fin de sa vie, Edmond Dubourg a pris soin de la vigne qu’il avait héritée de son père le 18 août 1918, alors qu’il était encore prisonnier en Allemagne.

Edmond et sa vigne

Edmond Dubourg décède le 2 janvier 1972 dans son village natal dans sa 80e année. Il repose actuellement dans le petit cimetière de Vieilley auprès de son épouse Marguerite.

Décorations obtenues :

Decorations Edmond Dubourg

Citation à l’ordre du régiment n° 365 du 1er avril 1917

« Excellent soldat, exemple de courage, blessé trois fois au cours de la campagne. A toujours donné entière satisfaction à ses chefs dans les circonstances les plus difficiles ».

Un décret du 10 octobre 1930 publié dans le J.O. du 17 octobre 1930 lui attribue la Médaille militaire.

La généalogie d’Edmond Dubourg est consultable sur le site de Généanet. Il  suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour y avoir accès.

Geneanet

Sources :

J.M.O. du 312e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 747/11.

J.M.O. du 414e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 770/9.

La fiche signalétique et des services d’Edmond Dubourg a été lue sur le site des archives départementales du Doubs.

Les photographies d’Edmond Dubourg présentées ici proviennent toutes des collections de la famille descendante de cet homme.

Pour en savoir plus sur le maquis de Vieilley, il faut lire le livre de Georges Millar « Un anglais dans le maquis » aux éditions Médicis Paris.

Un grand merci à M. Bordes, à B. Cretin, à A. Carrobi, aux archives départementales du Doubs et au Service Historique de la Défense de Vincennes.  

14 juin 2019

Arrivée du casque Adrian au 149e R.I. en septembre 1915.

Compagnie_de_mitrailleuses_de_brigade_du_149e_R

Le temps des képis et des cervelières (calotte d'acier portée sous la casquettte ou le képi) est révolu. Arrivée sur le front en hiver 1915, la calotte d’acier a probablement sauvé la vie à une multitude de soldats, mais elle reste inconfortable, difficile d’utilisation et souvent inefficace lors d’un impact de projectile à la tête.

Trop d’hommes perdent encore la vie suite à un éclat d’obus ou à une balle reçue dans la partie supérieure de leur corps. S’ils avaient été mieux protégés, nombre d’entre eux aurait pu éviter la mort directe ou la blessure causant des dégâts irréparables. Il est temps pour l’armée française de trouver une solution à ce problème majeur.

Le casque Adrian fait son apparition dans la zone des armées à la 43e D.I. à la mi-septembre 1915.

Casques__kepis_et_cerveliere

La lecture des carnets de campagne de la sous-intendance de la 43e D.I. permet de connaître de manière extrêmement précise la date de leur réception.   

Le tableau suivant indique les quantités fournies à la troupe.

Tableau_concernant_la_distribution_des_casques_Adrian___la_43e_D

Le nombre de casques destiné au 158e R.I. est bien supérieur à l’effectif de cette unité. Les casques fournis le 12 septembre ont-ils été remis à une autre unité telle que le 149e R.I. ? Y a-t-il eu erreur de retranscription dans le carnet de campagne de la sous-intendance ? Les réponses à ces questions ne sont pas connues.

Rien n’est laissé au hasard ; la distribution est faite juste avant le déclenchement d’une vaste offensive dans le secteur du bois en Hache près de Noulette en Artois.

Le témoignage inédit d’un sous-officier du 149e R.I. évoque cet évènement.

«  24 septembre 1915 : on distribue les casques ! Ces coiffures nouvelles nous paraissent lourdes et ridicules ! Nous nous tordons tous de nous voir ainsi déguisés. Mais notre hilarité se termine lorsque le capitaine réunit tous les gradés de la compagnie pour leur annoncer que le 2e bataillon remonte en ligne ce soir même et qu’un mouvement en avant de grandes envergures se prépare. »

Le 158e R.I. et les bataillons de chasseurs sont intégralement équipés en casques.

Il n'en a pas été de même pour le 149e R.I.. Les autorités supérieures ont peut-être considéré que le régiment du lieutenant-colonel Gothié, qui constituait la réserve de secteur de la future attaque, serait moins exposé.

Ce ne fut pas le cas…

Sources :

Carnets de campagne de la sous-intendance de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 345/18 et 26 N 345/19.

Témoignage inédit de Julien Hardy sergent à la 7e compagnie du 149e R.I..

Fond de carte du secteur de Noulette construit par V. le Calvez.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

7 juin 2019

Antoine Benoît Allognet (1882-1915).

Antoine Benoit Allognet

Natif du département du Rhône, Antoine Benoît Allognet voit le jour le 9 avril 1882 au Petit-Saint-Bonnet, un lieu-dit dépendant de Saint-Pierre-la-Palud.

Le couple parental s’est marié le 2 février 1878 à Bibost, un petit village avoisinant.

La mère, Félicité Debourg, exerce le métier de ménagère et a déjà donné vie à un garçon. Elle a 30 ans à la naissance d’Antoine. Le père, Jean Marie Allognet, cultive la terre. Il est âgé de 39 ans.

Le 9 avril 1882, deux camarades de travail, Laurent Frédollière et Claude Blein, accompagnent Jean Marie à la mairie de Saint-Pierre-la-Palud. Ensemble, ils viennent signer le registre d’état civil. Les trois hommes sont reçus par l’adjoint Étienne Dubost.

Genealogie famille Allognet

Plus tard, la famille Allognet achète une ferme au lieu-dit « le Mollon » à Sourcieux-sur-l’Arbresle. Un 3e garçon naît en 1890.

Antoine suit une instruction primaire rendue obligatoire depuis la loi du 28 mars 1882 ; il va y acquérir les bases de la lecture, de l’écriture et du calcul. Ce n’est encore qu’un enfant lorsqu’il quitte l’école communale pour rejoindre le monde du travail. Il se met rapidement au service de l’agriculture, profession dans laquelle œuvrent déjà ses parents.

Sourcieux-sur-l'Arbresle

Devenu adulte, il est toujours employé à la ferme parentale. En 1903, Antoine Allognet doit se présenter devant le conseil de révision. Celui-ci prend la décision de l’ajourner pour faiblesse.

Un an plus tard, il comparaît à nouveau devant la médecine militaire qui, cette fois-ci, le déclare « bon pour le service armé ». 

Le jeune homme quitte sa région d’origine (certainement pour la première fois de son existence) pour effectuer ses obligations militaires dans un régiment d’infanterie vosgien. C’est par voie de chemin de fer qu’il gagne la ville d’Épinal le 15 novembre 1904. En franchissant le seuil de la caserne Courcy du 149e R.I., il ne sait pas encore qu’il n’ira pas au bout de ses deux ans de service actif.

En effet, la commission spéciale d’Épinal le réforme temporairement le 6 novembre 1905 pour des problèmes de tuberculose et de bronchites à répétition.

De retour à Sourcieux-sur-l’Arbresle avec son certificat de bonne conduite dans son bagage, Antoine peut reprendre le travail au vignoble.

Le 5 octobre 1906, il passe de nouveau devant une commission spéciale qui décide de le rappeler à l’activité militaire. Cette fois-ci, ses soucis de santé ont été jugés insuffisants pour le maintenir dans son statut de réformé. Il réintègre donc la cohorte des réservistes mobilisables.

Comme tout réserviste, il est soumis à l’obligation de faire deux périodes d’exercices à la caserne de son régiment d’affectation.

Antoine effectue sa première période entre le 23 novembre et le 20 décembre 1908. La seconde est réalisée entre le 9 et le 25 mai 1911.

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, il est rappelé au régiment par ordre de mobilisation générale du 1er août. Son livret militaire lui rappelle qu’il a obligation de retrouver son dépôt quatre jours après la divulgation de cet ordre.

Antoine Allognet arrive à la caserne Courcy le 5 août. La veille, le 2e échelon du régiment, composé essentiellement de réservistes, a déjà rejoint le 1er échelon à Vanémont.

La date exacte d’arrivée sur le front du soldat Allognet n’est pas connue. Nous savons simplement qu’il fut affecté à la 12e compagnie lorsqu’il rejoignit, avec un groupe de renfort, le 149e R.I. dans la zone des armées.

Novembre 1914, le 149e R.I. est envoyé sur le front belge. Les conditions de vie sont rudes et la météo peu clémente. Le régiment est engagé dans plusieurs attaques importantes au sud d’Ypres.

Fin décembre 1914, les hommes du régiment spinalien laissent la Belgique derrière eux. Antoine Allognet sort indemne de cette épreuve.

Son régiment retrouve le sol français pour aller occuper une position dans un secteur d’Artois près d’Aix-Noulette.

Antoine trouve la mort le 30 mars 1915 au cours d’un combat qui a lieu du côté du bois de Bouvigny. Son acte de décès est transcrit à la mairie de Sourcieux-sur-l’Arbresle le 9 mai 1915.

Antoine Allognet repose actuellement dans le 8e rang du carré militaire n° 41 de la nécropole nationale de « Notre-Dame-de-Lorette » Cette dernière se trouve à Ablain-Saint-Nazaire. La sépulture porte le n° 9193.

Sepulture Antoine Allognet

Le soldat Allognet est décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 19 décembre 1919) :

«Très brave soldat. Tombé mortellement frappé le 30 mars 1915, au bois de Bouvigny (Notre-Dame-de-Lorette, Pas-de-Calais) »

Cette citation lui donne également droit à la Croix de guerre avec étoile de bronze.

Cet homme ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Son nom et celui de son frère sont gravés sur le monument aux morts de la Sourcieux-sur-L’Arbresle. Cette commune change de nom dans les années 30 ; elle devient Sourcieux-les-Mines.

Sources :

La fiche signalétique et des services d’Antoine Benoît Allognet a été consultée sur le site des archives départementales du Rhône.

La photographie de la sépulture de ce soldat a été réalisée par J.M. Laurent.

Le portrait figurant sur le montage apartient à la famille descendante de cet homme.

Un grand merci à M.C. Allognet, à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.M. Laurent et aux archives départementales du Rhône.

31 mai 2019

Ouest du bois en Hache, du 21 au 24 septembre 1915.

Lieutenant_colonel_Gothie

21 septembre 1915

Dans le plus grand secret, des reconnaissances sont effectuées dans la soirée du 21 et dans la matinée du 22 septembre 1915. Le responsable du régiment rédige un rapport détaillé qui tient compte des observations et des relevés effectués par ses subordonnés au cours de l'exploration de secteur. Il doit proposer les meilleurs déplacements et indiquer les emplacements les plus appropriés pour ses trois bataillons en vue d’une prochaine attaque en cours de préparation.

« Compte-rendu écrit depuis le P.C. du lieutenant-colonel Gothié le 22 septembre 1915 en exécution des prescriptions de la note secrète n 251/P.C du 20 septembre 1915.

Les reconnaissances prévues ont été effectuées dans la soirée du 21 et dans la matinée du 22.

3e bataillon (fossé aux Loups, tranchée en V, tranchée des Saules)           

Carte_1_rapport_du_lieutenant_colonel_Gothie_septembre_1915

Legende_carte_1_rapport_du_lieutenant_colonel_Gothie

 1) Emplacement des troupes

Au fossé aux Loups : une installation identique à l’installation actuelle du 1er bataillon conduirait à une trop grande dispersion. Le 3e bataillon fait, dès cet après-midi, améliorer ou créer des abris pour que deux compagnies (les 9e et 10e) puissent être installées au fossé aux Loups même et dans le raccord du boyau Cordonnier.

À la tranchée des Saules et à la tranchée en V : Les abris sont en nombre suffisant, mais tout à fait précaires. Une amélioration du dernier moment n’est pas possible. Les commandants de compagnies ont été invités à étudier, dans le détail, le placement de leur unité de façon à tirer,de l’organisation existante, le meilleur parti possible (11e et 12e compagnie).

2) Cheminements éventuels

Pour se porter en 1ère ligne, le boyau de la route d’Arras et le boyau Helmer constituent un bon cheminement, sauf peut-être vers e2 jusqu’après le garage n° 3.

Au-delà, le boyau Helmer est entièrement vu des positions ennemies et aucun aménagement pour y remédier n’y existe. Au débouché du garage n° 3, une troupe un peu importante éprouverait probablement de grosses pertes. Le boyau Helmer sera amélioré la nuit prochaine entre le garage n° 3 et f10.

Le boyau Madelin et la T.D.A. (Tranchée de Défense Auxiliaire), sur tout le parcours utilisé sont très bons. Entre f7 et f8, le boyau Madelin est très bouleversé. En f8, la 1ère ligne, très bombardée, est entièrement dégradée. La remise en état est prévue dans les travaux de la nuit.

Le boyau Coquelet est en bon état. C’est le seul bon débouché de f7 vers l’avant. Il serait utile de prolonger le boyau Raimbold du boyau Moreau à e3.

1er bataillon (bois 5 et 6)

Vue_aerienne_secteur_Aix_Noulette_septembre_1915

1) Emplacement des troupes

La capacité d’occupation en hommes abrités a été déterminée comme suit :

Bois 5 : 160 à 180 places ; beaucoup des anciens abris qui ont été démolis ne sont plus utilisables.

Bois 6 (lisière est) : 100 places en utilisant les abris en mauvais état qui se trouvent sur le raccord Faury (boyau Bour).

Bois 6 (lisière ouest) : 350 places

Soit au total 650 places

2) Répartition

Après entente avec le capitaine du génie, l’occupation a été déterminée de la manière suivante :

deux compagnies d’infanterie en 1ère ligne

deux compagnies d’infanterie, la compagnie du génie et la compagnie de mitrailleuses en 2e ligne

La répartition envisagée place :

une compagnie au bois 5

une compagnie à la lisière est du bois 6

deux compagnies, la compagnie de mitrailleuses et la compagnie de génie, à la lisière ouest du bois 6.

Dans les conditions ci-dessus envisagées, un stationnement prolongé pourrait présenter quelques difficultés, en raison du calcul de la capacité évalué au maximum.

3) Mise en place

Deux cas ont été envisagés :

a) Le bataillon gagne ses emplacements de nuit : dans ce cas, l’itinéraire normal est : Boyeffles, Aix-Noulette, Noulette. Les deux compagnies de 1ère ligne s’engagent, celle de droite, par le boyau Bichat pour gagner la lisière est du bois 6 ; celle de gauche par le boyau Faury pour gagner le bois 5.

Temps nécessaire pour les deux compagnies de 1ère ligne : 2 h 00.

Temps nécessaire pour les compagnies de 2e ligne : 1 h 30.

b) Le bataillon doit gagner ses emplacements de jour : itinéraire Boyeffles, Vallon de Marqueffle, lisière sud du bois de Noulette, abris du ravin, bois 6.

Temps nécessaire pour les deux compagnies de 1ère ligne : 1 h 45.

Temps nécessaire pour les compagnies de 2e ligne : 1 h 30.

4) Cheminements éventuels

Carte_2_rapport_du_lieutenant_colonel_Gothie_septembre_1915

Legende_carte_2_rapport_du_lieutenant_colonel_Gothie__

 Vers l’avant :

a) par boyau : en utilisant le boyau Faury et le boyau Bichat, le bataillon pourrait se porter en 1ère ligne en deux colonnes de deux compagnies chacune. La colonne de droite serait composée de la compagnie de la lisière est du bois 6 et de la compagnie de la lisière sud-ouest du même bois. La colonne de gauche serait composée de la compagnie du bois 5 et de la compagnie de la lisière nord-ouest du bois 6.

La mise en mouvement dans ces conditions pourrait être simultanée pour toutes les unités dans chaque boyau. Les compagnies se suivraient sans se gêner, mais à distance suffisante pour pouvoir s’appuyer mutuellement.

b) à découvert : la compagnie du bois 5 gagne la 1ère ligne bis nouvelle et s’y déploie. La compagnie de la lisière est du bois 6 gagne, par la dépression entre le bois 6 et le bois 5, la nouvelle 1ère ligne bis et s’y déploie.

La marche se continue ensuite pour les deux compagnies, par bonds successifs, en marquant des temps d’arrêt dans les dépressions, à l’abri des vues d’Angres (ces dépressions ne sont pas nombreuses).

Les compagnies de 2e ligne se portent à la nouvelle 1ère ligne bis. La compagnie de droite utilise le couloir entre les bois 5 et 6. La compagnie de gauche utilise la lisière sud du bois 6 et la dépression séparant la haie 4 du bois 5.

Le mouvement en avant de la nouvelle 1ère ligne bis se fera ensuite comme pour les unités de 1ère ligne.

En cas de mouvement en avant à découvert, il y aura lieu de faire reconnaître et de dégager de leurs défenses accessoires les points de la 1ère ligne bis où les unités se porteront.

2e bataillon (Abris du ravin)

Carte_3_rapport_du_lieutenant_colonel_Gothie_septembre_1915

Legende_carte_3_rapport_du_lieutenant_colonel_Gothie

1) Emplacement des troupes

Trois compagnies pourront trouver place en se serrant dans les abris occupés actuellement par 2 compagnies du 3e bataillon. Une compagnie sera placée dans la partie nord du ravin, le long du talus et sur le prolongement des abris occupés actuellement par une compagnie territoriale.

2) Cheminements éventuels

Secteur au nord de la route d’Arras :

a) par les bois 5 et 6 et la nouvelle 1ère ligne bis par le boyau de la pelouse ou bien par la voie ferrée étroite, le bois 6, le bois 5, soit par les boyaux Bichat et Bour, soit en suivant la voie ferrée et le boyau Faury, la nouvelle 1ère ligne bis, le boyau de la route d’Arras.

b) par le bois 6 et le boyau Bichat (itinéraire  jusqu’au bois 6 comme ci-dessus)

c) par le bois 6 et le boyau Faury (itinéraire comme ci-dessus pour gagner le bois 6 et le boyau Faury, continuer ce boyau sur k5 et h’8.

Observations : Le boyau Faury, dans sa traversée du bois Carré, a besoin d’être débarrassé des branchages qui l’encombrent. Vers k5, il est à approfondir sur environ 50 m. Dans la dénivellation après h’8, il est à approfondir sur 150 m.

d) Par le boyau Zéfé, le boyau Madelin ou le boyau de la route d’Arras.

Ces quatre itinéraires sont très praticables en tenant compte des restrictions faites ci-dessus pour le 3e.

Compagnie de mitrailleuses régimentaire

1) Cheminement pour se rendre de la fosse 10 au bois 6

de jour : par Boyeffles, le petit boqueteau situé à l’ouest du village, le ravin d’Aix à Marqueffles, le bois de Noulette, le bois 6, soit par le boyau de la Porte, soit par le boyau de la Chapelle.

 de nuit : par le chemin de l’ambulance de la fosse 10, Aix-Noulette, les carrières, le ravin et le bois 6.

 2) Stationnement au bois 6

Ce stationnement est assuré dans la partie ouest du bois.

3) Cheminement pour se porter en 1ère ligne

Ont été reconnus par tous les chefs de section

- le boyau Faury et le boyau Bour

- le boyau Bichat

- la nouvelle 1ère ligne bis

- le tracé du decauville du bois 6 au bois 5

Le boyau Bichat est en bon état, mais souvent étroit. Le boyau Faury, au contraire, est plus large et permet de se porter plus rapidement en avant avec le matériel.

Liaisons par postes de correspondance

Elles se font par le boyau du commandement f6-f5, tranchée en V, boyau de la route d’Arras, nouvelle ligne 1 bis, boyau Faury, voie ferrée, P.C. nord bois 6, boyau de la Porte, P.C. du ravin. Ces liaisons sont réparties de la manière suivante :

3e bataillon : du P.C. 2 jusqu’à la nouvelle1ère ligne bis excluse.

1er bataillon : de la 1ère ligne nouvelle incluse au P.C. nord du bois 6.

2e bataillon du .P.C. nord du bois 6 jusqu’au P.C. du Ravin.

22 septembre 1915

                                Tableau des blessés pour la journée du 22 septembre 1915

23 septembre 1915

Dans la nuit du 23 au 24 septembre, le 3e B.C.P. et les 6 compagnies du 149e R.I. sont relevés par le 158e R.I., par 2 compagnies du 1er B.C.P. et 2 compagnies du 31e B.C.P..

                                Tableau des blessés pour la journée du 23 septembre 1915

L’ensemble du 149e R.I. est maintenant réuni à la fosse 10. Les hommes ne sont pas tranquilles, ils savent qu’une vaste offensive va bientôt avoir lieu.

24 septembre 1915

Les premiers casques Adrian sont distribués au régiment. Il n’y en pas pour tout le monde. Les hommes apprennent qu’ils doivent quitter la fosse 10 pour remonter en ligne dans la soirée.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

La photographie du lieutenant-colonel Gothié appartient à sa famille descendante.

Fond de carte du secteur de Noulette construit par V. le Calvez.

Concernant les cartes, il n’a pas été possible de faire un travail de grande précision. Les échelles des calques utilisées pour leur réalisation sont différentes de la carte dessinée par V. le Calvez. Ceci peut expliquer les dissemblances importantes avec la réalité du terrain. Ces cartes n’ont donc qu’une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, à D. Gothié,  à M. Porcher, à J. Quintard, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ». 

24 mai 2019

Pierre Paul Joseph Meissert (1892-1971).

Paul_Meissert

Pierre Paul Joseph Meissert est né le 28 juin 1892 à Guebwiller, dans le département du Haut-Rhin. Ses parents, Louis Meissert et Marie Ackermann, se sont mariés dans cette commune le 3 septembre 1888. Quatre enfants sont nés de cette union. Paul est le troisième d’une fratrie composée de trois garçons et d’une fille.

Sa fiche signalétique et des services nous indique qu’il exerce la profession d'employé de banque et que son degré d’instruction est de niveau 4. Paul a fait ses études à l’école supérieure de Thaon- les-Vosges avant d’obtenir son brevet.

Inscrit sous le numéro 76 du canton de Xertigny, le jeune homme se présente devant le conseil de révision en excellente forme. L’année de ses 20 ans, il est classé dans la 1ère partie de la liste de 1912.

Incorporé au 149e R.I. à compter du 1er octobre 1913, Paul arrive au corps six jours plus tard.

Son niveau scolaire lui offre l'opportunité de suivre les cours de l’école des caporaux durant son passage sous les drapeaux. Le 11 février 1914, il peut arborer ses deux chevrons rouges qui matérialisent le premier grade proposé par l’armée.

La vie de caserne se poursuit au rythme des exercices et des marches jusqu’à ce que l’ordre de mobilisation générale soit placardé dans les rues d’Épinal et de la France entière.

À cette période de l’année, le caporal Meissert est inscrit dans les effectifs de la 12e compagnie du régiment spinalien dont la devise est « résiste et mord ». C’est sous les ordres du capitaine Cadeau qu’il quitte la caserne Coursy pour prendre la direction de la frontière franco-allemande.

Le caporal Meissert participe à tous les engagements qui eurent lieu durant le 1er mois du conflit. Il se bat au Renclos des Vaches près de Wisembach, au nord d’Abrechviller et dans la région de Ménil-sur-Belvitte.

Paul est nommé sergent le 18 août 1914. Il est ensuite nommé sergent fourrier. Son supérieur, lui confie la comptabilité de sa compagnie en toute confiance.

Fin août 1914, le 149e R.I. quitte la région des Vosges pour aller combattre dans le département de la Marne. C’est ici que le général Joffre choisit de lancer une vaste offensive après la retraite de son armée jusqu’aux limites de Paris. Le sergent fourrier Meissert est grièvement blessé à la jambe droite au cours d’une des attaques qui se déroulent dans le secteur du petit village de Souain. Cette commune a été prise, perdue et reprise plusieurs fois au cours de cette période.

Paul est interrogé plusieurs fois par des patrouilles allemandes, mais le jeune homme a réussi à cacher les documents qu’il a en charge.

Échappant de justesse à la captivité, il finit par rejoindre les lignes françaises au bout de cinq jours, en rampant, malgré les terribles souffrances engendrées par sa blessure.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de  cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_postale_Souain__1_

Le sous-officier Meissert est évacué vers le sud de la France pour être pris en charge dans un hôpital toulousain. Les soins sérieux et approfondis n’ont pas encore eu lieu, le voyage en train sanitaire est long. Toutes ces circonstances laissent présager des complications pour cette blessure par balle qui remonte maintenant à plusieurs jours.

Les médecins furent dans l’impossibilité de lui sauver sa jambe. Le 24 septembre 1914, c’est l’amputation.

Paul est proposé, le 15 juillet 1915, pour la réforme définitive avec gratification par la commission de réforme de Toulouse à 85 %. Le lendemain, il est renvoyé dans ses foyers, dégagé de toutes obligations militaires.

Le 20 novembre 1916, il épouse Jeanne Marie Élisabeth Grünfelder à Xertigny. Le couple a deux filles.

Son plus jeune frère, chasseur au 43e B.C.P., est moins chanceux que lui. Il décède des suites de ses blessures le 29 octobre 1918 en Belgique.

Paul Meissert obtient une pension permanente à 100 % lorsqu’il passe devant la commission de réforme de Nancy le 9 avril 1948.

En 1948, il s’installe au Maroc, à Casablanca-Beauséjour, pour y occuper un poste de direction à la banque nationale pour le commerce et l’industrie. Il est domicilié au n° 43 de la rue du capitaine Portalis.

Tous les étés, il revient passer quelques mois à Aillevillers dans la Haute-Saône.

Paul Meissert prend sa retraite en 1950 pour s’installer définitivement à Aillevillers. Il continue de faire des séjours réguliers au Maroc.

Il décède le 23 juin 1971 à Aix-en-Provence à l’âge de 78 ans.

Les_decorations_de_Paul_Meissert

Décorations obtenues :

Médaille militaire prenant rang du 6 juillet 1915.

Croix de guerre avec palme citation du G.Q.G. n° 1097 « D » du 6 juillet 1915 (J.O. du 1er août 1915) :

« Blessé grièvement à la cuisse le 14 septembre 1914 est resté cinq jours et six nuits sur un terrain battu par la mitraille. Porteur de la comptabilité de la compagnie, réussit à cacher ces documents aux patrouilles allemandes qui l’interrogèrent plusieurs fois. Rentra en rampant dans nos lignes, malgré son épuisement et ses souffrances. A été amputé de la jambe droite. »

Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 31 mars 1954 (J.O. du 6 avril 1954) prenant rang du 21 juillet 1952.

Sources :

La fiche signalétique et des services du sergent Meissert a été consultée sur le site des archives départementales d’Épinal.

Pour consulter la généalogie de Pierre Paul Joseph Meissert, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Geneanet

Cet homme possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter sur le lien suivant :

Site base Leonore

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à P. Locher et aux archives départementales du département des Vosges. 

17 mai 2019

Ouest du bois en Hache, du 14 au 20 septembre 1915.

Les_chefs_de_bataillons_du_149e_R

Le 13 septembre 1915, le 3e B.C.P. remplace le 2e bataillon du 149e R.I. en 1ère ligne.

Le bataillon Schalck ainsi que les 3e et 4e compagnies du 149e R.I. s’installent à la fosse 10. Tous ces éléments constituent la réserve de la 43e D.I..

Les 1ère et 2e compagnies du 149e R.I. et son 3e bataillon occupent le fossé aux loups, la tranchée des Saules, la tranchée en V et les abris du ravin.

Entre le 15 et le 16 septembre 1915, les 6 compagnies qui cantonnent à la fosse 10 viennent relever les 6 compagnies de la zone du front. Le commandant Schalck s’installe dans son P.C. aux abris du ravin.

Le secteur est infecté de rats, de souris et de poux.

                               Tableau des blessés pour la journée du 16 septembre 1915

C’est au tour du 3e bataillon et des 1ère et 2e compagnies du 149e R.I. de prendre leurs quartiers à la fosse 10.

Fosse_10_batiments_d_extraction

Le 16 septembre, les hommes de ces six compagnies nettoient le cantonnement, astiquent les armes, échangent leurs effets ; le soir, il faut faire l’exercice.

Les jours suivants ne sont pas de tout repos ; ils sont entremêlés d’exercices, de revues de cantonnements et d’armes.

                               Tableau des blessés pour la journée du 18 septembre 1915

Le 19 septembre le nouveau chef du 3e bataillon, le commandant Chevassu, passe en revue ses compagnies.

Le 20 septembre 1915, une nouvelle permutation a lieu entre les 6 compagnies qui sont au repos et celles qui sont sur le terrain.

                                 Tableau des tués pour la journée du 20 septembre 1915

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Fond de carte du secteur de Noulette construit par V. le Calvez.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

10 mai 2019

Paul Francis Marie Pineau (1874-1948).

Paul Francis Marie Pineau

Jeunesse

Les parents de Paul Francis Marie Pineau, François et Cézarine Caroline Goince se marient le 29 janvier 1873 à Sainte-Suzanne, une petite commune située dans le département de la Sarthe. Le père exerce le métier de ferblantier, il a 26 ans à la naissance de son fils. La mère, qui n’exerce pas de profession, a 29 ans lorsqu’elle donne vie à Paul le 13 janvier 1874 dans la maison familiale de Sablé-sur-Sarthe.

Après avoir suivi sa scolarité primaire obligatoire, Paul a la chance de pouvoir entreprendre des études supérieures. Il devient élève au lycée de Laval, un établissement qu’il quitte en 1890 après l’obtention de son baccalauréat ès lettres et ès sciences.

Souhaitant faire une carrière d’officier, le jeune homme doit préparer le concours d’entrée de l’école spéciale militaire.

Formations militaires

Reçu au concours saint-cyrien à la 30ème place sur 480 élèves, Paul Pineau se rend à la mairie du Mans le 27 octobre 1893 pour y signer un engagement volontaire d’une durée de trois ans. Trois jours plus tard, il commence sa formation en intégrant les effectifs de la promotion « Jeanne d’Arc ».

Nommé caporal le 25 août 1894, sergent le 3 novembre de la même année, il sort de l’école le 1er octobre 1895 avec le numéro 105 sur 465 élèves classés.

C’est comme sous-lieutenant qu’il est affecté au 129e R.I., une unité qui a ses casernes au Havre. Dans un premier temps, il est chargé de l’instruction des jeunes soldats. Paul prend ensuite le commandement d’un peloton de sa compagnie.

129e R

Durant cette période, le sous-lieutenant Pineau rend les meilleurs services dans chacun des emplois qui lui furent confiés, tout particulièrement dans l’aide qu’il apporta à son commandant de compagnie lors de la création du 4e bataillon du régiment. Très bien noté par son colonel, il est promu lieutenant le 31 octobre 1897. Son supérieur lui confie l’instruction des élèves caporaux.

Début 1898, il fait une demande pour intégrer la section des levés de précision de son régiment. Cette requête lui est accordée. Durant toute l’année, il prend part à tous les travaux de cette unité. Une fois de plus, il est très bien noté.

« Officier intelligent et actif, a des dispositions pour le service de topographie. Opère vite, avec soin, dessine très bien. A mérité la mention très bien »

Cette note est transmise par dépêche ministérielle du 7 décembre 1898 au service géographique de l’état-major de l’armée ; ce dernier le mandate pour effectuer une mission sur le continent africain.

Le lieutenant Pineau est envoyé en Tunisie du 28 décembre 1898 au 9 juin 1899 pour travailler sur la carte de ce pays.

Il réintègre le 129e R.I. au mois d’août. Restant très imprégné par son expérience maghrébine, il met beaucoup moins d’ardeur à effectuer ses tâches d’officier de section.

De retour au service géographe de l’armée, rue de Grenelle à Paris, il est envoyé en Algérie du 16 décembre 1899 au 14 juin 1900. Paul Pineau revient au Havre pour une courte période avant de repartir pour un second séjour en Algérie du 28 novembre 1900 au 7 juin 1901. Le 16 mars 1901, il est affecté au 109e R.I. de garnison à Chaumont, une unité qu’il rejoint dès sa rentrée sur l’hexagone.

Paul Pineau est noté comme étant un officier intelligent, zélé, sérieux, bien élevé, avec un caractère ouvert et énergique tout en étant animé du meilleur esprit, ce qui lui permet de remplir tous ses devoirs militaires avec entrain.

Le 26 juin 1901, il épouse une jeune femme âgée de 19 ans du nom de Suzanne Aglaé Marie Boland à Paris. L’oncle de Suzanne, Pierre Guignabaudet, est commandant dans le régiment de Paul. Après le mariage, le couple séjourne plusieurs années à Chaumont-sur-Marne au 12 rue Hautefeuille. Le 25 mai 1902, Suzanne Pineau met au monde une petite fille, Odette Marie, qui meurt le lendemain.

En 1903, le lieutenant Pineau suit les cours de l’école de tir de la Valbonne. À la fin de sa formation, le commandant de l’école lui donne l’appréciation suivante : « Intelligent et laborieux, très bon instructeur, apprécie assez bien les distances, très bon tireur. »

Cette année-là, il reçoit une médaille de 2e classe de la société de topographie de France qui le remercie pour son travail de cartographie effectué en Afrique.

Le 14 octobre 1904 naît un garçon que le couple Pineau prénomme Christian. Paul souhaite retourner au 4e corps, mais cette demande lui est refusée. Il s’inscrit comme candidat à l’école de guerre, mais renonce à se présenter au concours pour cette année.

Le lieutenant Pineau travaille énormément pour être admissible à l’école de guerre durant le 1er trimestre de l’année 1905, mais il échoue à l’examen d’entrée à sa 1ère tentative

Il réussit le concours l’année suivante. Négligeant ses fonctions d’officier de compagnie, il n’est pas bien noté par son capitaine et son chef de bataillon qui lui reprochent « une certaine confiance abusive dans ses propres lumières. »

Carrière d’officier supérieur

Paul Pineau fait un stage au 12e régiment de hussards avant d’entrer à l’école supérieure de guerre le 23 octobre 1906 avec le numéro 30.

Le 8 décembre 1906, la famille Pineau s’agrandit. Une petite fille voit le jour à Paris.

Le lieutenant Pineau dépend administrativement du 4e R.I. à partir du 24 novembre 1906 puis du 144e R.I. à compter du 24 juillet 1907. Promu capitaine le 24 septembre 1908, il est rattaché au 22e B.C.P..

Cet officier quitte l’école de guerre le 21 octobre 1908 avec son brevet d’état-major en poche. La mention « très bien » y est inscrite. Paul Pineau fait partie des vingt premiers élèves de la promotion 32.

Il obtient du ministre de la guerre un congé de trois mois, avec salaire de présence, qui lui permet d’effectuer un long voyage en Italie. Rattaché au 98e R.I., c’est cette unité qui lui verse sa solde durant cette période.

À son retour d’Italie, le capitaine Pineau est placé comme stagiaire au 4e bureau de l’état-major du 3e C.A. du 20 janvier au 20 avril 1909. Il effectue ensuite, au sein du 22e R.A.C. au camp de Chalons, son 2e stage pratique obligatoire prévu dans sa formation de cadre supérieur (un stage dans la cavalerie, un second dans l’artillerie).

Affecté à la section de chancellerie durant le 2e semestre de l’année 1910, Paul est en train d’acquérir une pratique du service d’état-major qui va le rendre apte à toute mission.

Le capitaine Pineau continue de se montrer du point de vue tactique un officier très complet. Il accomplit un dernier stage au 6e dragons durant les manœuvres d’automne.

Sa formation pratique d’officier supérieur s’achève à la fin du mois de septembre 1910. Muté au 119e R.I., il prend le commandement d’une des compagnies du régiment.

Les relations entre Suzanne et Paul se détériorent. Elles se dégradent tellement que le couple finit par se séparer. Suzanne rencontre l’écrivain Jean Giraudoux ; elle aura avec lui une longue histoire amoureuse et un enfant né en 1919, avant de l’épouser après son divorce avec Paul. Ce divorce est prononcé par un jugement du tribunal civil de la Seine le 20 mai 1920.

En 1911, Paul Pineau prend part aux manœuvres de cadres de la 6e D.I..

En 1912 le colonel du 119e R.I. écrit ceci à son sujet : « Le capitaine Pineau instruit très bien ses recrues. Il exerce une heureuse influence sur le régiment par ses connaissances étendues et le dévouement avec lesquels il aide les lieutenants qui étudient. Il y a là une démonstration évidente des exercices que peuvent rendre dans un régiment les officiers brevetés. »

Affecté à l’état-major de l’armée par décision ministérielle du 23 mars 1914, le capitaine Pineau est rayé des contrôles du 119e R.I. le 9 août 1914.

1er conflit mondial

Paul Pineau est au service des chemins de fer des armées au début de la mobilisation générale ; cet évènement à la fin du mois de juillet 1914 est annonciateur du premier grand fléau du 20e siècle. Dès les premiers mois du conflit, Paul fait une demande écrite pour rejoindre une unité combattante.

Nommé commandant à titre temporaire le 15 novembre 1914, il prend la tête du 2e bataillon du 28e R.I..

Le commandant Pineau s’occupe successivement d’un secteur de bataillon à la Neuville puis d’un secteur de deux bataillons à Berry-au-Bac. Il se distingue dans ces deux lieux par son esprit d’organisation, son entrain et son activité, en communiquant toute son ardeur à ses subordonnés ; ces derniers concourent, avec lui, à faire du village de Berry-au-Bac et des tranchées avoisinantes un secteur modèle.

Paul Pineau passe le Noël 1914 à Berry-au-Bac, son bataillon tient des tranchées creusées dans le village même avec le soutien de territoriaux du 78e R.I.T.. Il rédige un courrier à Henri Bordeaux, célèbre écrivain qui a rendu visite au 28e R.I. en décembre 1914.

Pour lire cette petite correspondance, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Site_du_28e_R

Paul montre un esprit très ingénieux qui ne laisse rien au hasard dans les affaires du 20 au 23 janvier 1915. Cet officier connaît parfaitement son personnel qu’il emploie à bon escient en lui communiquant sa flamme et sa ténacité.

Le commandant Pineau est proposé pour une citation à l’ordre de la Ve armée à la suite de l’affaire du 23 qu’il a su mener à bien.

Le 5 mai 1915, il est confirmé à titre définitif dans ses fonctions de commandant.

Cette titularisation lui permet de prendre le commandement du 3e B.C.P. dix jours plus tard. 

Avec ses chasseurs, il fait preuve, dans les combats très durs des mois de mai et de juin, de beaucoup de perspicacité, d’une très bonne aptitude au commandement et d’un grand courage personnel.

Le 11 juin 1915, son abri est écrasé sous des obus de 210. Il sort indemne de la situation avec une contusion grave du ménisque interne du genou droit. Il n’est pas évacué vers l’arrière.

Le 22 juin 1915, il est cité à l’ordre de la Xe armée.

D’un bataillon complètement détruit, recomposé à partir de renforts venus de plusieurs dépôts, il parvient à faire un corps très homogène. Paul Pineau conduit ses hommes de manière brillante dans l’offensive de septembre 1915. Il est décrit par le général Guillemot, responsable de la 85ème brigade, comme étant un chef de corps de 1ère valeur ayant une très haute conception de tous ses devoirs. De plus, cet homme est considéré comme étant un instructeur remarquable et un administrateur averti ayant un fort ascendant sur ses subordonnés.

Le commandant Pineau réorganise une nouvelle fois son bataillon, après les lourdes pertes subies dans les attaques de septembre, pour en faire un corps de troupe des plus solides et des plus brillants.

Il quitte le 3e B.C.P. le 2 février 1916 pour rejoindre le 3e bureau de l’état-major de la 2e armée.

À la tête du 149e R.I.

Chateau_de_Deniecourt_18_octobre_1916

Nommé lieutenant-colonel à titre temporaire, Paul Pineau reçoit le commandement du 149e R.I. le 10 septembre 1916. Ce régiment a été durement éprouvé au cours des combats qui eurent lieu les jours précédents dans le secteur de Soyécourt dans la Somme. Le 149e R.I. vient de perdre son chef de corps. Le lieutenant-colonel Gothié a été blessé avant d’être capturé par l’ennemi.

Le lieutenant-colonel Pineau, à la tête du régiment spinalien, prend part à la bataille de la Somme jusqu’en décembre 1916.

Poste_de_commandement_du_lieutenant_colonel_Pineau_en_octobre_1916

Le 21 décembre 1916, le général Guillemot note ceci dans le feuillet du personnel de son subordonné :

« Affecté au commandement du 149e R.I., au cours des opérations de septembre dans des circonstances particulièrement délicates, le lieutenant-colonel Pineau a su donner immédiatement la mesure des brillantes qualités de chef de corps dont il avait déjà fait preuve à la tête du 3e B.C.P. au cours des offensives en Artois. Appelé récemment à engager son régiment (novembre 1916) dans un secteur où il venait d’effectuer une relève en fin de combat, a eu l’heureuse initiative de réaliser des approches qui lui ont donné la possession de position ennemie et de s’y maintenir malgré de violentes contre-attaques précédées de jets de flammes. Chef de corps qui joint à une exceptionnelle valeur morale les plus précieuses qualités de commandement. Le lieutenant-colonel Pineau mérite au plus haut degré d’être titularisé dans le grade de lieutenant-colonel. »

À partir du 26 décembre 1916, le 149e R.I. se repose et s’instruit mi-partie au camp de Villersexel, mi-partie en deuxième ligne du secteur Seppois-Largitzen en Haute-Alsace.

Le_lieutenant_colonel_Pineau_devant_la_frontiere_alsacienne_en_fevrier_1917

Le 25 janvier 1917, le lieutenant-colonel Pineau est cité à l’ordre du 21e C.A..

Le_lieutenant_colonel_Pineau_devant_le_chateau_Belleau_le_13_mai_1917

Le 14 avril 1917, le 149e R.I. débarque à Montmirail.

Un mois plus tard, le lieutenant-colonel Pineau quitte le 149e R.I. en donnant son commandement au lieutenant-colonel Boigues. Il laisse à regret un régiment en parfait état sous tous les rapports : discipline, état moral, ordre, tenue, instruction.

L’après 149e R.I.

Il prend ses nouvelles fonctions comme sous-chef d’état-major au 10e C.A. après son départ du 149e R.I..

Le 1er octobre 1917, Paul Pineau est nommé lieutenant-colonel à titre définitif avant d’être désigné pour servir à la direction de l’arrière du grand quartier général.

Le 20 octobre, il est au service des chemins de fer occupant un poste de commissaire régulateur.

Le 5 mars 1918, il est détaché à l’armée américaine, avec la même charge professionnelle, sur la ligne de communication sud aux armées durant plus de sept mois.

Le 26 octobre le lieutenant-colonel Pineau devient chef du 3e bureau à l’état-major de l’armée française en Belgique. Durant quinze jours il assume les fonctions de sous-chef d’état-major de la 6e armée. C’est à ce poste qu’il apprend que l’armistice vient d’être prononcé.

Après l’armistice

Le lieutenant-colonel Pineau travaille à l’état-major de l’armée, aux armées, du 12 novembre au 10 décembre 1918 avant de devenir l’administrateur supérieur du district de Wiesbaden dans Hesse.

 Cet officier est remis à la disposition de son arme le 15 octobre 1919, à la suite d’une réduction d’effectif dans l’administration des territoires rhénans. Il est affecté pour ordre au 103e R.I..

Une semaine plus tard, Paul Pineau est sous l’autorité directe du ministre de la reconstitution industrielle. Affecté à la direction du service à Bruxelles, il est chargé de préparer l’organisation de la restitution des œuvres d’art et du mobilier artistique en accord avec le traité de Paix de Versailles

Il est ensuite détaché comme secrétaire général à la direction du service du charbon, une fonction qu’il occupe jusqu’en avril 1920.

Le lieutenant-colonel Pineau est mis en congé sans solde le 7 avril 1920 pour une durée d’un an. Ce congé est prolongé durant trois années.

Le 20 octobre 1921, il épouse, à la mairie du VIème arrondissement de Paris, Élisabeth Marie Machenschein, une femme âgée de 37 ans.

Le 15 novembre 1923, Paul Pineau est promu au grade de colonel de réserve. Ce jour-là, il est admis à la retraite et rayé des contrôles de l’armée active avant d’être affecté au gouvernement militaire de Paris.

Remis à la disposition de son arme par décision ministérielle 263-6/11 du 29 janvier 1930, il est adressé aux services militaires du territoire de la région de Paris par décision ministérielle du 10 février 1930.

Le colonel Pineau est rayé des cadres à partir du 14 janvier 1938. Il en a définitivement terminé avec sa carrière militaire.

Paul Pineau décède le 28 février 1948, chez lui, au 3 square Raynouard dans le XVIe de Paris.

Les_d_corations_du_lieutenant_colonel_Pineau

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec 3 palmes et une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre de la Ve armée du 5 février 1915 :

« Chargé de défendre un secteur délicat, l’a organisé avec une méthode remarquable et a préparé avec une grande habileté une contre-attaque qui a été couronnée de succès malgré un bombardement très violent. »

Citation à l’ordre de la Xe armée du 22 juin 1915 :

« A su par son ascendant personnel obtenir des débris de son bataillon dont il venait de prendre le commandement, un admirable effort, pour conquérir des tranchées énergiquement défendues et pour s’y maintenir malgré un violent bombardement et de nombreuses contre-attaques. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. du 25 janvier 1917 :

« A pris dans des circonstances difficiles le commandement d’un régiment déjà éprouvé par la lutte et qui, sous sa vivifiante impulsion s’est de nouveau porté brillamment le 17 septembre 1916 à l’assaut des positions adverses. A pressenti les intentions du commandement et, sans attendre l’ordre, a talonné l’ennemi. A ainsi conquis une tranchée de près de 900 mètres, en a assuré l’organisation et y a maintenu ses unités jusqu’à la relève. »

Citation à l’ordre de la Xe armée du 20 février 1919 :

« Appelé à engager son régiment, le 149e R.I. dans un secteur où il venait d’effectuer une relève en fin de combat, a eu l’heureuse initiative de réaliser des approches qui lui ont donné la possession de positions importantes (14 octobre 1916) constituant une nouvelle parallèle de départ et permettant d’éviter de nombreuses pertes dans l’occupation du secteur. A pu, grâce à cette avance, enlever brillamment la position ennemie (7 novembre 1916) et s’y maintenir malgré de nombreuses contre-attaques précédées de jets de flammes. »

Chevalier de la Légion d’honneur le 16 juin 1915.

Officier de la Légion d’honneur arrêté du 13 août 1920 prenant rang à partir du 16 juin 1920.

Autres décorations :

Officier de l’instruction publique

Officier de l’ordre du Nicham Iftikar de Tunisie

Chevalier de l’ordre du mérite agricole

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

Médaille interalliée de la victoire

Médaille japonaise : Officier de l’ordre du soleil levant

Médaille belge : Officier de l’ordre de Léopold

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de la Sarthe.

Cahier Jean Giraudoux n° 31. Éditions Grasset & Fasquelle 2003.

Pour consulter la généalogie de Paul Pineau il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Le colonel Pineau possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter sur le lien suivant.

Site_base_Leonore

Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à A. Carobbi, à M. Porcher, à B. Sonneck et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

3 mai 2019

Ouest du bois en Hache, du 10 au 13 septembre 1915.

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Du 10 au 11 septembre 1915

Le 2e bataillon du 149e R.I. est toujours positionné en 1ère ligne. Les 1ère et 2e compagnies du régiment sont au fossé aux loups, la 3e à la tranchée des Saules et la 4e à la tranchée en V. Le 3e bataillon occupe des emplacements de 3e ligne.

Le secteur ennemi est plutôt calme, aucun mouvement de troupe n’est à signaler.

Une canonnade peu intense a lieu entre 12 h 00 et 16 h 00 sur la partie gauche du sous-secteur, du côté d’e5 et de f8. L’artillerie allemande reprend ses tirs de 21 h 00 à 22 h 00 sur e7 et f11. 

Deux torpilles tombent dans le voisinage de m2 et de la sape 9.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre, le sous-lieutenant Didier, de la 6e compagnie, reçoit l’ordre d’aller fouiller le terrain en avant des lignes françaises. Cet officier doit chercher des éléments nouveaux concernant la disparition du sous-lieutenant Bozonnat. Il regagne la tranchée sans rien avoir trouvé.

Deux mitrailleuses ennemies semblent avoir été positionnées dans la tranchée o5 m5, à son intersection avec la parallèle circulaire contournant o5. Une observation fine à la jumelle a révélé 2 embrasures aux créneaux, mais aucune pièce n’a été distinguée pour l’instant.

De nombreux obus ennemis sont tombés sur toute cette zone de front entre 8 h 00 et 11 h 00.  

Les Allemands tentent de placer des réseaux de fil de fer devant leurs tranchées, en avant de la sape 7. Des feux de salve français partis de cet endroit les obligent à stopper net leur labeur.

Plusieurs patrouilles sont envoyées en avant des sapes 3, 4, 5, 6, 6’, 7, 8 et 9.

Le corps du sergent Landsmann est retrouvé dans un trou d’obus. Cet homme faisait partie des trois grenadiers portés disparus depuis la nuit du 9 au 10 septembre.

Les Français continuent d’améliorer leur secteur en aménageant les banquettes de tir et d’abris de leurs tranchées. Les travaux se poursuivent concernant la parallèle entre f11 et e7 et son point de jonction avec la parallèle intermédiaire. La sape 7’ est enfin terminée. Il faut également renforcer les défenses accessoires entre f11 et e7 et la limite nord du sous-secteur.

                                    Tableau des tués pour la journée du 10 septembre 1915

                                 Tableau des blessés pour la journée du 10 septembre  1915

Du 11 au 12 septembre 1915

Bois_en_Hache_juin_2017

Il n’y a aucune manifestation du côté de l’ennemi. La nuit est plutôt tranquille, il n’y a que quelques coups de feu. 

Une canonnade intermittente et peu intense a lieu sur tout le front du sous-secteur principalement entre 14 h 00 et 16 h 00.

Les patrouilles françaises poussées en avant des sapes 8 et 8’ et 4 entendent les Allemands qui travaillent dans le labyrinthe en face de la sape 8. La situation est identique en face de f12, f11 et e7.

Tableaux des pertes du 149e R.I. du 11 septembre 1915

                                     Tableau des tués pour la journée du 11 septembre 1915

                                   Tableau des blessés pour la journée du 11 septembre 1915

Le 12, les tirs d’artillerie reprennent de minuit à 0 h 30 et de 8 h 00 à 10 h 00.

Plusieurs patrouilles sont envoyées en avant des sapes 4, 5, 6, 6’, 7,7’, 8, 8’ et 9.

                                    Tableau des tués pour la journée du 12 septembre 1915

                                  Tableau des blessés pour la journée du 12 septembre 1915

13 septembre 1915

Les compagnies du 3e B.C.P. viennent remplacer celles du 2e bataillon du 149e R.I..

Le bataillon Schalck est envoyé en réserve de division à la fosse 10 avec les 3e et 4e compagnies du 1er bataillon du régiment, s’éloignant ainsi de la 1ère ligne.

Bully_Grenay_fosse_n_10

Il ne reste, dans le sous-secteur de la ligne de front, que la 1ère et la 2e compagnie du régiment installées au fossé aux loups. Le 3e bataillon conserve ses emplacements.

La compagnie de mitrailleuses de brigade est maintenue sur sa position.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées

J.M.O. du 3e B.C.P. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Fond de carte du secteur de Noulette construit par V. le Calvez.

La vue "panoramique" du bois en Hache a été prise en juin 2017 par T. Cornet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, au dessinateur Marko,  à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

26 avril 2019

Henri Émile Jeannin (1895-1915)

Henri__mile_Jeannin

 

Originaire du petit village haut-marnais de Cirfontaines-en-Azois, Henri Émile Jeannin voit le jour le 17 mai 1895 au domicile familial. Il est le 3e enfant d’une fratrie composée de 8 frères et sœurs.

 

Sa mère, Marie Anastasie Legoux, est âgée de 26 ans. Elle travaille comme vigneronne dans une exploitation locale.

 

Son père, qui exerce la même profession, se prénomme Théophile René. Il a 34 ans.

 

Les rentrées d’argent apportées au foyer par le labeur parental ne sont pas suffisantes pour nourrir l’ensemble de cette grande famille. Très tôt, Henri est obligé d’aller travailler. Sa vie d’enfant et d’adolescent ne fut certainement pas facile tous les jours.

 

Genealogie_famille_Jeannin

 

La fiche signalétique et des services d’Henri Émile Jeannin nous fait savoir qu’il possède un degré d’instruction de niveau 0.

 

Henri n‘a donc pas suffisamment fréquenté l’école communale pour avoir appris à lire, écrire et compter.

 

Plus tard, le jeune homme s’installe dans la commune d’Orges. Les années de jeunesse s’écoulent jusqu’à l’arrivée d’un nouveau conflit armé contre l’Allemagne qui débute en août 1914.

 

Celui de 1870 est maintenant vieux de plus de quarante ans, mais il est encore très présent dans les esprits. Les premiers mois de guerre sont particulièrement meurtriers. Pour cette raison, la classe d’Henri Jeannin est vite appelée par la République, et cela, bien avant la date échéance d’incorporation du temps de paix.

 

La classe 1914 doit au plus tôt être formée au maniement du Lebel. Il va falloir aussi endurer les longues marches qui vont en grande partie conditionner la résistance physique des futurs combattants.

 

Robuste et en bonne santé, Henri est vite reconnu « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui vient de se réunir à Châteauvillain.

 

Il est obligé d’abandonner son activité professionnelle de domestique de culture qu’il pratique depuis plusieurs années. Henri Jeannin rejoint le dépôt du 149e R.I. qui est installé à Rolampont, une commune située à 42 km de son lieu d’habitation.

 

Les aléas de la guerre ont entraîné le dépôt de ce régiment à se retirer de la ville d’Épinal dès le début du conflit, pour aller prendre place dans cette petite commune de Rolampont, dans le département de la Haute-Marne.

 

Commencée le 19 décembre 1914, la formation militaire d’Henri est achevée à la fin du mois de juillet 1915. Il est temps pour lui de rejoindre la zone des armées.

 

Le 28 juillet 1915, Henri intègre une section de la 6e compagnie qui se trouve sous l’autorité du lieutenant Damineau. À partir de cet instant, il est impossible de détailler son quotidien.

 

Le 9 septembre 1915, sa compagnie est en 1ère ligne à l’ouest du bois en Hache à proximité d’Aix-Noulette. À 16 h 00, Henri Jeannin est abattu d’une balle au cours d’une attaque menée par un peloton allemand.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journees_des_9_et_10_septembre_1915

 

Quatre jours plus tard, le caporal-fourrier Gabriel Chaussin et le soldat Pierre Belleu, deux hommes qui l’ont vu tomber, signent son acte de décès en présence de l'officier d’état civil du régiment, le sous-lieutenant Alexandre Mortemard de Boisse.

 

La mairie d’Orges reçoit la transcription de cet acte le 1er novembre 1915.

 

Le corps du soldat Jeannin est restitué à la famille dans les années 1920. À l’heure présente, il repose toujours dans le petit cimetière communal d’Orges, partageant sa sépulture avec son frère Jules.

 

Sepulture_Henri_Jeannin

 

La Médaille militaire lui a été remise à titre posthume (Publication dans le J.O. du 16 décembre 1920).

 

« Soldat dévoué, courageux. A toujours été d’un entrain admirable. Mortellement frappé le 9 septembre 1915 à Aix-Noulette. »

 

Cette décoration lui donne également droit au port de la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Pour honorer ses « morts pour la France », la paroisse d’Orges se démena pour trouver les financements nécessaires à la création d’un vitrail. Lorsque nous rentrons à l’intérieur de ce lieu de culte, il est impossible de ne pas remarquer l’espace imposant tout spécialement créé à leur intention. Plusieurs plaques commémoratives avec portraits ont été fixées sur un des murs de l’église. Parmi elles, figure celle d’Henry Jeannin.

 

Eglise_d_Orges

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune d’Orges.

 

Henri Émile Jeannin ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de ce soldat a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Toutes les photographies ont été réalisées par J.N. Deprez.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.N. Deprez, à V. le Calvez, aux archives départementales de la Haute-Marne et à la mairie d’Orges. 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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