Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

Archives
29 octobre 2021

François Auguste Adrien Jeudy (1883-1918)

François Auguste Adrien Jeudy

 

Enfant naturel, François Auguste Adrien Jeudy voit le jour le 2 juin 1883, dans la maison de son grand-père maternel, à Amage, dans le département de la Haute-Saône. Sa mère, Belzamine Jeudy, est âgée de 38 ans.

 

François est le dernier enfant d’une fratrie composée d’une fille et de trois garçons, tous nés de père inconnu sur l’état civil.

 

Belzamine se marie le 3 décembre 1884 à Raddon-et-Chapendu. Elle épouse François Alexandre Bernard, un maçon, veuf de Marie Josèphe Galmiche et père de 6 enfants. Ce couple donnera vie à deux garçons qui ne survivront pas à la petite enfance.

 

François Jeudy quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 2. Il sait lire et écrire, mais sa maîtrise de l’arithmétique et de la géométrie reste insuffisante.

 

Le livre d’or de la blanchisserie et de la teinturerie de Thaon-les-Vosges nous apprend qu’il a travaillé durant 7 ans dans cette entreprise.

 

Le 3 février 1904, François Jeudy se marie avec Marie Joséphine Honorine Offerlé à Fontaine-lès-Luxeuil. Deux filles et un garçon naîtront de cette union.

 

La photographie suivante, prise durant le conflit 1914-1918, le représente au côté de son épouse.

 

 

Comme pour la plupart des registres vosgiens, la fiche matricule de cet homme ne dévoile rien de sa vie de soldat. Seuls y figurent son état civil, son signalement et la décision prise par le conseil de révision lorsqu’il s’est présenté devant lui.

 

À partir de là, il nous est donc impossible de reconstituer son parcours militaire. Heureusement, son livret militaire et quelques photographies conservés par la famille permettent de remédier, en partie, à ce problème.

 

Sa fiche signalétique et des services indique un ajournement pour faiblesse en 1904. Son livret militaire mentionne un passage dans la réserve de l’armée active en 1907. Ces deux informations laissent supposer une arrivée au régiment en 1905.

 

Une photographie datant du début du 20e siècle confirme sa présence au sein du 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal. Le cliché qui suit le montre en uniforme de sergent.

 

Portrait de François Jeudy au service militaire

 

De retour à la vie civile, François Jeudy retrouve un emploi en blanchisserie et teinturerie.

 

En 1911, il travaille comme chauffeur à Thaon-les-Vosges.

 

Été 1914 : une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer.

 

La logique voudrait que le réserviste Jeudy ait rejoint la caserne Courcy dès le début des hostilités, c’est à dire au moment du rappel de sa classe. Comme nous l’avons signalé plus haut, la partie « détail des services et mutations diverses » de sa fiche matricule est vide. Il est donc impossible de valider cette hypothèse à 100 %.

 

Quelques éléments retrouvés dans plusieurs documents permettent de reconstituer de façon fragmentaire son parcours de soldat.

 

Son nom figure à deux reprises dans les contrôles nominatifs trimestriels du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations militaires.

 

Le 23 août 1915, François Jeudy entre à l’ambulance n° 6/21 installée à Bruay-en-Artois. L’identité de ce sous-officier apparaît une 1ère  fois dans le registre du contrôle nominatif du 3e trimestriel de l’année 1915. La colonne correspondant à la compagnie indique une présence au sein de la 1ère compagnie du régiment.

 

Nous retrouvons son nom inscrit quelques pages plus loin, mais cette fois-ci, avec un enregistrement à la 34e compagnie du 149e R.I.. Comment interpréter ce changement de numérotation ?

 

Il quitte le jour même l’ambulance n° 6/21 pour une destination inconnue. Est-il retourné au dépôt ? A-t-il été envoyé vers l’arrière pour y être soigné ? A-t-il rejoint le régiment actif ? Il est impossible de répondre à ces questions en l’état actuel des informations trouvées dans les différentes sources.

 

Le 10 avril 1916, François Jeudy entre à l’hôpital militaire de la ville d’Épinal. Il en sort 13 jours plus tard.

 

Un document signé par le commandant du dépôt du 149e R.I. datant du 13 février 1917 fait savoir que le sergent Jeudy a été blessé durant le conflit, mais il n’est fait aucune mention de la date de cette blessure.

 

Livret militaire

 

Deux permissions sont enregistrées dans son livret militaire. La première a été obtenue du 10 au 16 octobre 1916, la seconde du 7 au 18 mars 1917.

 

À la fin de l’année 1917, le sergent Jeudy est responsable des 15e et 16e escouades de la 35e compagnie du 9e bataillon du 149e R.I..

 

 

La date de son retour au front n’a pas pu être retrouvée. Nous savons simplement qu’il a intégré les effectifs de la 7e compagnie le jour où il a rejoint le régiment actif dans la zone des armées en 1918.

 

Le sergent Jeudy est tué au cours d’une attaque qui a lieu dans le secteur de Sommepy-Tahure le 28 septembre 1918, à la tête de sa demi-section. Il était âgé de 35 ans.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

28 septembre 1918

 

Même s’il reste encore de nombreuses zones d’ombre dans la reconstitution du parcours de combattant de ce sous-officier nous pouvons quasiment affirmer qu’il a toujours porté l’uniforme du 149e R.I..

 

La famille n’a pas réclamé le corps dans les années vingt. Le sergent Jeudy repose actuellement dans la nécropole nationale de Sommepy-Tahure. Sa sépulture porte le n° 796.

 

Sepulture de François Jeudy

 

François Jeudy a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume.

 

« Chef de demi-section plein de courage et d’entrain, possédant un grand ascendant sur ses hommes. Tombé glorieusement pour la France, le 28 septembre 1918, près de Somme-Py en conduisant sa fraction à l’assaut. » 

 

Cette distinction lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

 

Le nom de ce sous-officier a été gravé sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

 

Monument aux morts de Thaon-les-Vosges

 

Il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour prendre connaissance de la généalogie du sergent Jeudy.

 

Geneanet

 

Sources :

La fiche signalétique et des services de François Jeudy a été consultée sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Contrôles nominatifs du 3e trimestre 1915 et du 2e trimestre 1916 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenus par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Livre d’or de la blanchisserie et de la teinturerie de Thaon-les-Vosges.

 

Les documents et les photographies présentées ici proviennent tous de la collection de la famille descendant de ce sous-officier. Je remercie tout particulièrement madame A. Ehlinger pour son aide et son autorisation de publication.

 

La photographie de la sépulture du sergent Jeudy a été réalisée par N. Galichet.

 

Un grand merci à M. Bordes, A. Ehlinger  à N. Galichet, à I. Mazingand, à A. Carobbi, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et aux archives départementales des Vosges.

22 octobre 2021

5 octobre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

5 octobre 1918, l'abbé Henry temoigne

 

Les combats sont terminés pour la 43e D.I. depuis la veille au soir. Chaque élément de la division a rebroussé chemin après avoir cédé la place à la 124e D.I..

 

L’aumônier Henry est un des derniers à quitter le poste de secours du bois des Ronces. En solitaire, il rejoint la zone de rassemblement du 149e R.I. à la Forestière avant de gagner le camp Sapins.

 

Témoignage de l’abbé Henry :  P.S. du bois des Ronces - P.S. Bois Sapins

 

La relève s’est effectuée sans incident. Les blessés ont été rapportés. Il n’y a plus qu’à partir.

 

6 h 00. Tout le monde dort. Je m’en vais seul avec tous mes bagages sur le dos. Que de changements en 48 heures dans cette partie du champ de bataille. Batterie par batterie, les régiments d’artillerie ont peu à peu pris possession de ces croupes boisées. Les pistes ont été poussées vers l'avant. Piste n° 4, piste n° 3, il n'y a qu'à suivre. Route de Somme-Py à Aure. Vu là, le commandant Sancelme qui me demande des nouvelles du régiment qu'il sait avoir été fort éprouvé même par nos obus.

 

Bois de la Chèvre. On se croirait à l'arrière ; il y a du monde partout qui va, qui vient. Je quitte la piste 3 pour, de la Pince, gagner directement le P.S. voie ferrée. Bien m'en a pris. Les Boches ont tenu à montrer qu'ils étaient encore un peu là et qu'ils avaient des yeux pour voir. Pendant 10 minutes, ils marmitent entre la Pince et le chemin de fer. Je vois des types s'éloigner à toutes jambes de la zone marmitée.

 

P.S. voie ferrée. Nos amis de la 13e et du 21e sont toujours là. Grâce à eux, je peux dire la messe et prendre une tasse de café. Point de rassemblement du 149 : la Forestière et les environs. Il faut faire en sens inverse le chemin parcouru dans la première journée d'offensive.

 

Tout ce terrain si longtemps, si âprement disputé, commence à rentrer dans l'ordre, à devenir l'arrière. C’est maintenant que je puis le parcourir à pas tranquille que m'apparaît dans son magnifique ensemble le travail accompli dès le premier jour.

 

Du chemin de fer à la cote 193, trois km en ligne droite ; de la cote 193 à l'ouvrage 2, point de départ, trois km encore ; au total six km de réseaux de fils de fer, de tranchées, d'abris bétonnés pour mitrailleuses, d'abris aménagés pour les hommes. Il faut revoir tout cela posément par le menu et on reste effrayé de l'audace que nous avons eue, du peu de chances que nous avions de réussir.

 

Il y avait là de tels moyens de défense accumulés que c'est miracle que nous nous en soyons sortis à si peu de frais. Les pertes douloureuses de toute cette période, en particulier ces deux jours, nous les aurions eus le premier jour en enlevant ce gros morceau, que cela eut paru normal.

 

Vous n'avez pas voulu, mon Dieu, nous exposer à une tentation d'orgueil à laquelle nous aurions succombé sans doute et voilà pourquoi vous avez permis l'épreuve des derniers jours. L'attaque du premier jour a été une opération extrêmement brillante.

 

Si on prend les attaques des neuf jours dans leur ensemble, elles constituent encore, et malgré tout, un fait d'armes brillant et, somme toute, avantageux pour nous.

 

Qui pourrait reconnaître la route de Souain Tahure, Albertini, Soury Lavergne, dans ce décor nouveau ? C'est à n'y pas croire. Au fur et à mesure que j'avance, les détails de l'attaque me reviennent en mémoire.

 

La route de Souain-Tahure

 

Est-il possible qu'en dix jours, un tel changement ait pu s'accomplir ? De-ci, de-là dans la plaine tourmentée, ravagée, des explosions ! On me dit que ce sont les mines innombrables posées par les Boches pour arrêter les tanks qu'on fait sauter.

 

Je me suis arrêté au cimetière fait par le G.B.D. au P.C. ancien Albertini. Adieu, pauvres et chers amis ! Les artilleurs des tanks creusent des fosses pour ceux de leurs camarades qui y sont restés. Il m'a semblé qu'il y en avait bien une douzaine.

 

Elberfeld, P.C. Grenay, trou Bricot. Ce sont maintenant des échelons d'artillerie qui occupent les abris.

 

P.C. Hamon. Le 31e B.C.P. est déjà au repos. Forestière. Ici une compagnie de mitrailleuses du 149. Un train du Tacot vient de dérailler ; ça amuse les curieux.

 

Le colonel s'installe au camp Sapins, c'est-à-dire à l'ouest de la route Marchand sur la cote 200. C'est un quartier près duquel je suis passé souvent sans le visiter ; et pourtant, il en valait la peine. Il y a une chapelle rustique construite jadis par des territoriaux et qui a quelque peu souffert le 15 juillet. À cette époque, il y avait ici des batteries d'artillerie et je ne m'étonne plus de toutes ces rafales d'obus que depuis le P.C. Hamon je voyais s'abattre sur ce point.

 

La route Marchand

 

Beaucoup de monde au P.C. Sapins, de la cavalerie qui attend toujours l'heure fatidique de son entrée en scène, une partie des services, sinon tous les services du corps d'armée. Il y a même un camp de prisonniers qui tout de suite attire l'attention. Il y a beaucoup de monde, tellement que ce n'est pas sans peine que nous arrivons à nous caser et plutôt mal que bien. J'ai un petit coin, un trou où il y a juste place pour s'étendre. Mais on est habitué à se contenter de peu. Et puis nous ne sommes ici qu'en passant.

 

Tout à l'heure, j'ai vu arriver un groupe de 13 prisonniers venant des lignes. En voici un autre groupe plus important. Ils sont près de 200 conduits par quatre cavaliers américains. Curieux détail ; ils sont du 149e R.I. boche. Amenés en toute hâte pour contre-attaquer, ils ont refusé de marcher. Et voilà comment on a pu entendre dire : « Le 149 est un mauvais régiment. Il a refusé d'attaquer ». Ah ! Ne confondons pas ! Il s'agit du 149 boche. Trois officiers se tiennent à l'écart et causent entre eux. Un petit groupe aussi a été séparé du reste. Ce sont, paraît-il, des Alsaciens Lorrains ; ils ont un traitement de faveur, rations doubles, etc.

 

Tuyau du docteur Rouquier toujours bien informé. Le Boche décolle devant le corps d'armée qui était à notre gauche, le contact est perdu ; le Boche se retire, on le poursuit ; la cavalerie elle-même entre en jeu.

 

Vu l'abbé**** attaché maintenant au corps d'armée. Le corps d'armée s'en va, paraît-il, demain matin ; il va s'installer au tunnel de Gratreuil !

 

Forte, très forte canonnade ce soir et qui se prolonge dans la nuit.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

Le morceau de carte  est extrait du J.M.O. du 3e B.C.P. : Réf 26 N 816/5.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot et au S.H.D. de Vincennes. 

15 octobre 2021

Du 5 au 17 octobre 1918

5 octobre 1918 au P

 

Les unités de la 43e D.I. ont quitté la zone des combats dans la nuit du 4 au 5 octobre 1918.

 

Après s’être rassemblés à la Forestière, le lieutenant-colonel Vivier et les restes de son régiment s’établissent au P.C. Sapins, situé à l’ouest de la route Marchand, à proximité de la cote 200. Le P.C. Sapins grouille de monde. Les survivants du 149e R.I. ont beaucoup de mal à trouver une place.

 

Le P.C. Sapins est occupé par de la cavalerie et la presque totalité des services du 21e C.A.. Le général Naulin commandant le 21e C.A. y est installé avec tout son état-major. De nombreux Allemands sont également rassemblés dans un camp de prisonniers.

 

Le lieutenant-colonel Vivier reçoit l’ordre de quitter ce lieu dès le lendemain. Son régiment doit se rendre à Mourmelon-le-Grand.

 

Au début de l’après-midi du 6, les 3 bataillons du 149e R.I. se rassemblent sur la route Marchand pour leur embarquement dans des camions. Le départ est prévu pour 15 h 00. Les véhicules suivent la route de Suippes.

 

Carte journee du 6 octobre 1918

 

Le régiment arrive à destination vers 17 h 00. Il doit cantonner dans les anciennes casernes d’artillerie du camp de Châlons. L’état-major du régiment s’installe au quartier Fleurus. La troupe occupe le quartier Loano. Au regard de ce qu’elle a vécu au cours des jours précédents, c’est le grand confort ! Chacun espère en profiter le plus longtemps possible.

 

 

Hélas, il n’est pas question de prendre ses aises ! Le 8 octobre, le 149e R.I. doit se préparer pour un nouveau départ. Cette fois-ci, le déplacement se fera à pied. Une marche d’environ 20 km attend les hommes du lieutenant-colonel Vivier ; destination Condé-sur-Marne. Le régiment quitte Mourmelon-le-Grand à 11 h 30. La pluie est de la partie. Les trois bataillons arrivent à Condé-sur-Marne aux alentours de 17 h 00.

 

 

Le 149e R.I. stationne en ce lieu jusqu’au 17 octobre 1918.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I. réf : 26 N 344/8

 

 Carnets inédits de l’aumônier Henry.

 

Les photographies proviennent de l’historique du 149e R.I. édité par les imprimeries Klein à Épinal.

 

Le portrait du lieutenant-colonel Vivier est extrait de son dossier individuel qui se trouve au S.H.D. de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à J.L. Poisot, à M. Porcher et au S.H.D. de Vincennes. 

8 octobre 2021

4 octobre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

4 octobre 1918 l'abbé Henry temoigne

 

Le 149e R.I., en 1ère ligne depuis la veille, se prépare à repartir à l’offensive. Cette fois-ci, c’est au tour du 3e bataillon de se lancer à l’attaque.

 

L’abbé Henry évoque à nouveau des problèmes avec l’artillerie française. Très critique avec l’état-major de l’Infanterie divisionnaire, il juge sévèrement son attitude concernant les attaques menées au cours de la matinée.  

 

Témoignage de l’abbé Henry :  P.S. du bois des Ronces - P.C. du commandant Fontaine - P.C. du colonel

 

P.S. bois des Ronces. Pas de messe.

 

Réveil matinal. Le froid descend jusqu’au fond des abris. Les blessés ont pu être rapportés pendant la nuit. J’appréhende pour aujourd’hui. Qu’est-ce qui nous attend encore ?

 

Le corps de Saintot est là. Les brancardiers ont pu le retrouver et le rapporter.

 

Cela n’a pas été sans peine. Saintot était avec trois ou quatre autres dans un bout de tranchée hâtivement creusée. À côté de lui, dans un autre élément de tranchée qu'on n'avait pas encore eu le temps de faire communiquer se tenait le capitaine Robinet. Un obus malheureux tomba juste sur le groupe Saintot, les blessant ou tuant tous, et les enterrant en même temps.

 

Il fallut littéralement les déterrer pour les avoir. Saintot était sous les camarades, tellement recouvert de terre que son casque seul dépassait. Quant à Robinet, il ne dut la vie qu'au barrage de 50 cm qui le séparait de Saintot, barrage qu’heureusement, on n'avait pas eu le temps d'abattre.

 

Pendant qu'une dernière fois, je contemple le corps de ce jeune ami, qui depuis quelques mois m'était devenu très cher, mêlant mes larmes et mes prières, un blessé à côté m’appelle que je ne reconnais pas d'abord ; c'est Rémy de Chaumont – jambe cassée par une balle – « Carrière est tué ! me dit-il, il a reçu trois balles de mitrailleuses dans le ventre. Il a beaucoup souffert avant de mourir ».

 

Ainsi donc ! Ils étaient cinq Chaumontais ; sur les cinq : Lepaux, tué - Saintot, tué - Carrière, tué - Rémy blessé. Il ne reste plus que Lévyson dont je n'ai pas de nouvelles. « Vox in Rama audita est, Rachel plorans filios suos... noluit consolari, qui non sunt ! » (Une voix s’est faite entendre en Rama, c'est Rachel pleurant ses enfants, qui ne veut pas se laisser consoler pour ses fils car ils ne sont plus -Paroles du prophète Jérémie, 31-15, Évangile de Mathieu).

 

Comment oserais-je jamais réapparaître à Chaumont. Il me semble qu'à chaque détour de rues, des voix me poursuivront : « Nos enfants ! Où sont nos enfants ? ».

 

Qui donc essaiera de consoler les mères ? Qui donc oserait leur dire des paroles impuissantes, pénibles à dire, pénibles à entendre ! Ah que je comprends ce fils de Jacob qui ne voyait plus le moyen de reparaître devant son père, du moment que Joseph, le jeune frère n'était plus !

 

Ces réflexions s'emparent de mon esprit et l'obsèdent. J'essaie en vain de les chasser, car je sens qu’elles m’enlèvent le peu de forces qui me reste. Je les chasse, elles reviennent à l'assaut de ma pensée ; mon cœur est brisé ; ma tête ne marche plus, ne m'appartient plus. Et pourtant, ce n'est pas le moment de s'abandonner, l'action va reprendre, il faut être à la minute présente ; il faut réagir. Arrière le passé ! Demain, chers morts, je vous pleurerai ; aujourd'hui, laissez-moi ; il faut que je sois pour l'instant à vos camarades qui, comme vous, vont combattre et mourir !

 

À notre gauche, la 167e Division a été relevée cette nuit – on relève tout le monde, on ne nous relaie pas – ce n'est plus le 170e, c’est le 356e qui est à nos côtés.

 

Attaque ce matin par le 356… et par la 43e Division. L’heure H : 10 h 50. Préparation de 10 h 20 à 10 h 50.

 

10 h 00. Je me hâte de repartir au P.C. du commandant Fontaine. La préparation d'artillerie bat son plein. Fuchs Grund - Fuchs Busch - Fond d'Aure.

 

Bois des Ronces

 

Je retraverse tout cela aussi rapidement que possible, avec de l'angoisse plein le cœur. Jamais le devoir ne m’a paru si pénible.

 

Tranchée d'Aure. Le 356 est là, prêt à l'attaque. Mais, au fait, vont-ils attaquer ? Ils ne savent pas bien, il paraît, on le dit, mais les ordres partis de haut au dernier moment sont-ils bien arrivés aux derniers échelons ? Ces troupes ne semblent pas bien fixées sur ce qu'elles ont à faire.

 

Et d'abord, comment connaîtraient-elles le terrain ? Arrivées dans la nuit sur un terrain nouveau pour elles, comment ne seraient-elles pas désorientées ? Savent-elles bien où elles sont ? Savent-elles bien où est l’ennemi ?

 

Décidément, je suis dans le noir et je vois tout en noir. Mon jugement cesse d'être lucide et perd le peu de clarté qui lui restait. Abstenons-nous de juger !

 

Le large plateau traversé, j'arrive sur la pente du petit vallon qui me sépare du P.C. Fontaine. À ce moment, un sifflement brusque et court, comme un souffle de vent sur ma tête. Est-ce que je rêve ? D'où vient-il cet obus qui vient de me passer sur la tête ? Ce ne peut être qu'un Boche, puisque le voilà qui éclate en plein sur le P.C. Fontaine et sur ses soldats.

 

En voici d'autres ; ils se succèdent sans interruption… mais non ! Ce ne sont pas des obus boches ! Ce sont bel et bien des obus français et qui tombent sur des Français ! Tout, mon Dieu, mais pas ça ! Oh non, c'est trop terrible ! Je n'y puis croire, et pourtant il faut se rendre à l'évidence, nos artilleurs tirent sur nous !

 

Le lieutenant Gauthier accourt en levant les bras au ciel, en criant du plus loin qu'il me voit : « C'est malheureux ! Ils tirent sur nous ! Faudrait faire allonger le tir ». Oui ! Pas de paroles inutiles ! Vite des fusées pour faire rectifier le tir.

 

Au pas de gymnastique, je remonte le coteau aux 3/4 descendu et de loin je crie aux soldats du 356 : « De grâce, avez-vous des fusées pour faire allonger le tir ? Vite, vite, envoyez tout ce que vous avez ! Regardez ! Regardez ! ». Implacables, précis, nos obus continuent d'arriver, comme s'ils avaient peur de manquer une si belle occasion ! « Oh les cochons ! Oh les cochons ! ».

 

L'émotion excuse ces épithètes un peu vives. Après bien des paroles et des gestes, une fusée enfin s'élève. Enfin nous artilleurs corrigent leur tir. Il n'est pas trop tôt. Leur erreur est inexplicable vraiment. On peut se tromper un peu ; mais faire un écart de plus d'un kilomètre, c'est impardonnable.

 

Cette erreur est jugée sévèrement : « Il y a sûrement un traître chez des artilleurs ; on devrait le fusiller ! » Cette erreur est d'autant plus regrettable qu'elle se produit juste à l'heure de l'attaque et sur les troupes qui doivent attaquer. Comme s'il ne suffisait pas que l'attaque soit compromise déjà par le manque de préparation et d’études nécessaires, par le retard des ordres arrivés à la dernière minute, il faut encore que nos obus jettent le désordre et la pagaille dans les rangs de nos soldats, et cela, juste au moment de faire le bon en avant !

 

En arrivant au P.C. Fontaine, je constate avec joie que ce contretemps fâcheux n'a pas produit d'affolement. Nos obus nous ont tué un soldat de la 2e et en ont blessé plusieurs du 356.

 

Le capitaine Prenez s'est employé de sa personne à rétablir l'ordre dans le 356 et d'une voix qui n'admet pas la réplique, il les lance en avant. Il leur montre la crête d’Orfeuil, le 149 qui fait son mouvement, qui avance, toujours héroïque et sans souci des balles de mitrailleuses.

 

Bois R42 et R43

 

On le voit en effet s'approcher du Pylône, du petit bois voisin marqué R 42, R 43. On suit les différentes fluctuations de leur avance. Ils sont obligés d'appuyer à gauche, les mitrailleuses d'Orfeuil les prenant de flanc. De leur côté, les Boches réagissent… bientôt, il n'y a plus d'illusions à se faire, le coup est encore manqué.

 

Il est manqué pour les mêmes raisons qu'hier. À droite et à gauche, ça n'a pas bougé ! Le 356 est mal parti, il est resté en route. Quant aux chasseurs, on nous soutient qu’ils sont à Orfeuil. L'I.D. l’affirme. Quand Foch lui-même l’affirmerait, nous serions bien forcés de ne pas le croire. Toujours des données fausses, inexactes ! Les chasseurs sont à Orfeuil. Le 149 doit aller au Pylône. On ne comprend vraiment pas qu'il n'y soit pas encore.

 

Le 149 obéissant va au Pylône, il sait bien que les chasseurs ne sont pas à Orfeuil ! Mais quoi, l'I.D. affirme le contraire ; l'I.D., ou quelqu'un d'autre commande d'aller au Pylône ! On va au Pylône. On sait qu'on va se faire écharper par les mitrailleuses boches qui, plus que jamais, sont à Orfeuil ; on va au Pylône, on se fera tuer.

 

On a rendu compte : « Nous voyons de nos yeux les Boches dans Orfeuil – taisez-vous ! C'est faux, vous parlez comme des froussards qui cherchent de mauvais prétextes, de pitoyables excuses ! ».

 

Soit ! Pour la troisième fois, en avant ! Après le 1er bataillon, après le 2e bataillon, le 3e n'a plus qu'à se faire démolir ! Sans un murmure, sans un mot, ils sont partis !

 

La lande est vaste, les bois sont nombreux, il y a de la place pour aligner les capotes bleues allongées sur le sol, figées dans la même immobilité de la mort !

 

Ils sont partis, la 9e en avant, puis la 10e, la 2e. Ils sont partis comme leurs camarades hier et comme leurs camarades hier, ils ont dû revenir au point de départ ! Ils sont revenus ! Pas tous, cependant.

 

Le lieutenant de la 9e, Ferry, n’est pas revenu du Pylône, il est resté avec sa section. Prisonnier, tué, vivant, on ne sait pas et on ne peut pas y aller voir ; les communications sont rendues impossibles par le feu des mitrailleuses.

 

12 h 00. Le capitaine Prenez a voulu se rendre compte. Il a vu Bessac. Sa première parole est un glas de mort : « Charnotet, tué ! – Adam, tué ! ». Stupeur générale !

 

Le sergent Charnotet ! L’as du régiment ! Celui qui n’avait peur de rien, celui qui entraînait sa section partout, celui que la légende disait invulnérable, tué. Il a reçu en plein un obus !

 

Adam tué ; le courageux Adam, celui qui en trois mois avait conquis les galons de caporal, de sergent ; celui qui était déjà noté par tous comme un futur officier à son tour disparaît. Il épaulait son fusil pour tirer sur un mitrailleur boche et venait de dire : « Je vais descendre celui-là ! », quand il fut touché d’une balle en pleine tête. Plus rapide, le boche l’avait devancé. Adam était un esprit cultivé, artiste, une belle âme qui gagnait du coup toutes les sympathies. C’était un bon chrétien, plein de foi et pratiquant sa foi. Il ne se faisait guère d’illusions sur le sort qui l’attendait et dernièrement, il me disait encore : « Nous y passerons probablement ; nous n’avons pas beaucoup de chance d’en revenir. Alors puisqu’il faut y passer, pour mieux mourir chiquement. J’aimerais à devenir officier. J’essaierai du moins. ». Et il aurait fait un bel officier, un superbe entraîneur d’hommes. C’est une perte, une grosse perte pour le régiment, qui, hélas, n’en est plus à les compter !

 

Un blessé appelle au secours non loin d’ici ; le capitaine Prenez qui l’a vu le signale. C’est une occasion pour Bonnefous et l’équipe qui l’accompagne de se faire sonner de belle façon par les mitrailleuses ennemies.

 

 

12 h 45. Pour la deuxième fois aujourd'hui, ordre d'attaquer. Les chasseurs vont essayer de tourner Orfeuil qu'ils reconnaissent enfin n'avoir pu enlever de front. Ils vont se glisser dans le bois La Croix et le 149 les appuiera.

 

14 h 00. Un pli du lieutenant Ferry. Un homme de liaison a pu passer. Le lieutenant Ferry fait savoir qu'il est au Pylône, à 50 m en avant avec sa section.

 

Il faut se hâter de communiquer le renseignement, car on parle de faire une préparation d'artillerie sur le Pylône. Pourvu que le renseignement arrive à temps !

 

Le téléphone l'a transmis. Conclusion : la 10e  et la 2e  doivent se porter à la hauteur du lieutenant Ferry ! Je laisse le commandant Fontaine expliquer la situation qu'on n'arrive pas à comprendre en haut lieu. Bonnefous m'invite à partager son déjeuner. Sans fausse honte, j'accepte.

 

Au cours de nos pérégrinations au travers des baraquements, j'ai remarqué un Boche qui semble dormir dans son lit. La mort l'a surpris en plein sommeil ; l'obus qui l'a tué est tombé dans le baraquement. Il est probable qu'il n'a pas été le seul à être touché.

 

Il y avait ici un petit camp qui a dû être abandonné assez vite ; les occupants n'ont pas eu le temps d'incendier, ni de tout déménager.

 

15 h 00. Nous nous installons pour déjeuner, Bonnefous, Robinet et moi dans un abri où se trouvent entassées une centaine de boîtes de mitrailleuses vides. Robinet, Lesserteur sont ici en effet avec les débris de leurs troupes, en réserve.

 

Robinet a la mine d'un homme qui revient de loin. Il a failli être pris avec Cazain le 27, et hier, il a failli être tué avec Saintot. On a beau être énergique, vient un moment où le ressort semble cassé ! Il me dit la misère de ces terribles journées. Son âme comme la mienne plie sous le poids des deuils accumulés. Ces trois sous-lieutenants tués, disparus ! Quel coup !

 

Les Boches n’envoient pas d’obus sur la partie du bois où nous sommes. Leurs obus ne tombent pas très loin, sans doute, mais ils se tiennent dans la zone qui est à notre droite. Et pourtant, ils connaissent bien le camp où nous sommes. J’en conclurais volontiers que les mitrailleuses boches qui nous empoisonnent à gauche ne doivent pas être très éloignées et que les Boches ne veulent pas s’exposer à les atteindre en tirant sur nous. En sorte que tout en nous empoisonnant, ces mitrailleuses seraient, notre palladium contre les obus.

 

Mais, par exemple, elles nous empoisonnent bien. Elles se taisent un moment, attendant que la confiance renaisse et fasse sortir les hommes de leurs cachettes. Puis, dès que le groupe en vaut la peine, allez-y. Brusquement, tel un essaim de guêpes, les balles se mettent à siffler ! Et tout le monde, d'un seul geste, de s'aplatir sans fausse honte. Rappel à la prudence un peu brutal, mais qui finit par porter ses fruits. Que puis-je faire de mieux en ce moment ? Prier le Bon Dieu. Je dis mon bréviaire.

 

17 h 00. Nous sommes relevés par la 124e Division. Cette nuit,  le 130e  R.I. relève le 149. Trop tard ! Hélas, cette relève vient trop tard !

 

Ces deux derniers jours auront été des jours de mort ! Et pour quel profit a-t-on cassé ce beau et malheureux régiment ? Mais à quoi bon écrire des paroles amères ? Ce qui est fait est fait. Le plus pénible pour nous, c'est de partir en laissant tant d'amis sans sépulture, abandonnés sur le terrain. Hélas ! La nuit suffira à peine à rapporter les blessés.

 

17 h 00. Je ne veux pas attendre à la nuit pour revenir au P.C. du colonel. Là-bas, j'attendrai les blessés.

 

Je suivais la tranchée d'Aure sur la partie dénudée du plateau, où je sais qu'est installé le P.S. de M. Ruffin, quand j'entends qu'on m'appelle ; c'est un blessé qu'accompagne un brancardier, c'est l'adjudant **** de la 5e compagnie ; il a les deux bras traversés par des balles. Il me raconte son aventure. Il a été blessé hier matin près de la garde Orfeuil en même temps que le lieutenant Vincent.

 

Une première balle lui fracasse l'épaule gauche ; il veut s'en aller. Une autre balle lui casse le bras droit ; le voilà à terre avec ses deux bras qui refusent tout usage : « J'étais malheureusement tombé sur le ventre ; avec mes deux bras cassés, impossible de me remettre debout. Si seulement j'étais tombé sur le dos, j'aurais pu me relever ! Je suis resté là toute la journée d'hier et toute la nuit et toute la journée d'aujourd'hui. Les Boches sont venus, je leur ai demandé à boire ; ils n'ont jamais voulu rien me donner ; je les ai suppliés, je les ai ensuite insultés, rien n'y a fait. Ah j'ai souffert ! J'ai bien cru que je mourrais là ! – Les Boches avaient-ils beaucoup de blessés ? – Oui !  M. l'aumônier, j'ai beaucoup réfléchi hier, en attendant la mort… j'ai pris une résolution… Il faut que je vous parle – Et bien oui, tout de suite ». Je l'ai quitté les larmes aux yeux. J'aurais voulu l'interroger sur ce qu'il avait vu et entendu ; ce n'est pas le moment.

 

P.C. du colonel. L'état-major du 130e est déjà là ; on passe les consignes. Le 130e se déclare régiment de secteur ; il est tout surpris de l'honneur qu'on lui fait de devenir régiment d'attaque. Il avoue n'être point du tout préparé à ce rôle.

 

Le lieutenant Ferry est rentré avec cinq hommes ; sa situation au Pylône a été tragique. Il a bien cru qu'ils n'en reviendraient jamais. Le moment le plus pénible a été ce soir à 16 h 00. La division voisine a dû attaquer ; l'attaque d'infanterie a été précédée d'une préparation intense d'artillerie par 155 avec comme objectif : le Pylône ! Je ne puis en croire mes yeux, ni mes oreilles ! Et quoi ! À midi le lieutenant Ferry prévient qu'il est au Pylône ; quatre heures après, la division voisine ne sait pas que le Pylône est tenu par des Français ! Ceci me paraît formidable, inouï ! J'aime mieux ne rien dire, parce que je ne trouverais pas d'expression assez forte pour exprimer ce que j'en pense. Résultat : la section Ferry a été broyée par notre artillerie. Le lieutenant Ferry et cinq hommes rescapés par miracle sont seuls rentrés dans nos lignes !

 

P.S. Je suis resté debout pour voir les blessés. Un ou deux graves ; les autres s'en tireront. Tous, ils ont l'impression de sortir de l'enfer.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

La photographie a été réalisée par J.L. Arnould.

 

Le morceau de carte  est extrait du J.M.O. du 3e B.C.P. : Réf 26 N 816/5.

 

Un grand merci à M. Bordes, à J.L. Arnould,  à A. Carobbi, à J.L. Poisot et au S.H.D. de Vincennes. 

1 octobre 2021

Jules Auguste Charnotet (1889-1918)

Jules Auguste Charnotet

 

Jules Auguste Charnotet naît le 19 octobre 1889 au domicile de ses parents, à Bussières-lès-Belmont, dans le département de la Haute-Marne.

 

Son père, Victor Henry, a 38 ans lorsque son fils voit le jour. Sa mère, Rosalie Amélie Charnotet, prénommée Marie sur la plupart des actes de naissance de ses enfants, a 34 ans lorsqu’elle lui donne vie. Jules est le dernier enfant du couple.

 

Les témoins, Alexandre Debellemanière et Louis Charnotet accompagnent Victor Charnotet à la mairie pour signer le registre d’état civil. Les trois hommes, qui exercent la profession de vannier, sont reçus par le maire Jean-Baptiste Robinet.

 

Les parents de Jules, mariés depuis 1872, ont eu 8 enfants. Deux de leurs filles n’ont pas survécu.

 

Pour nourrir les siens, Victor Charnotet doit effectuer plusieurs déplacements dans des fermes situées en Haute-Marne et en Haute-Saône ; il fait ces déplacements entre 1872 et le début des années 1880. Victor Charnotet, dans ces fermes, vend ses services comme manouvrier. Sa famille le suit. Celle-ci s’agrandit au fur et à mesure des changements de lieu de travail. Devenu vannier, il finit par se fixer à Bussières-lès-Belmont avec son épouse et sa descendance.

 

Genealogie famille Charnotet

 

La fiche signalétique et des services de Jules indique un degré d’instruction de niveau 3. Jules sait lire, écrire et compter correctement lorsqu’il quitte son instituteur. L’adolescent devient vannier, probablement après avoir été formé par son père.

 

Conscrit de la classe 1909, Jules Charnotet est classé dans la 1ère partie de la liste du canton de Longeau. Le conseil de révision vient de le déclarer « bon pour le service armé ».

 

À compter du 5 octobre 1910, le jeune homme se retrouve incorporé au 149e R.I. un régiment qui tient garnison à Épinal. Il passe deux années à se former au métier de soldat. Il quitte la caserne Courcy le 25 septembre 1912. Jules Charnotet est versé dans la disponibilité de l’armée active après avoir obtenu son certificat de bonne conduite.

 

De retour à la vie civile, il reprend son emploi de vannier.

 

Le 25 juillet 1912, Jules épouse Clémentine Joséphine Charnotet, une femme originaire de Bussières-lès-Belmont.

 

Le 16 mars 1914, le couple s’installe à Saint-Broingt-le-Bois. C’est dans cette commune qu’il lit l’affiche annonçant l’ordre de mobilisation générale. La France s’apprête à rappeler ses réservistes. Une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Jules est rappelé à l’activité militaire dès le 1er août 1914. Le jour même, il doit être à la caserne Courcy.

 

Une fois équipé, il s’attend à partir avec le 2e échelon du régiment qui se prépare à rejoindre le 1er échelon déjà en route pour la frontière. Ces supérieurs en décident autrement. Le 4 août, le dépôt du 149e R.I. est déplacé à Jorquenay.

 

Jules Charnotet suit la troupe transférée dans ce nouveau lieu. Les réservistes qui ne sont pas partis avec le 2e échelon et les nouveaux arrivants des classes plus anciennes s’installent dans ce petit village haut-marnais, situé au nord-ouest de Langres. Ils sont logés, pour beaucoup d’entre eux, chez l’habitant.

 

Le 14 août, le soldat Charnotet quitte le dépôt du 149e R.I. avec un renfort de 531 hommes pour rejoindre le régiment actif. Le régiment vient de subir ses premières pertes. Elles sont sévères. Le 16 août 1914, le renfort, séparé en deux groupes, arrive dans la région de Saint-Blaise-la-Roche. L’ancien réserviste est affecté à la 11e compagnie.

 

Jules Charnotet participe aux attaques d’Abreschviller, de Ménil, Thiaville et Saint-Benoît, de Souain, du bois de Bouvigny, de Wyschaete, en Belgique, de Notre-Dame-de-Lorette et du Fond de Buval.

 

Il est nommé caporal le 25 juin 1915.

 

Le 25 septembre, le 149e R.I. participe à une attaque de grande ampleur visant la prise du bois en H en Artois. L’ensemble des unités de la 43e D.I. est engagé dans cette opération. Jules Charnotet est blessé le 26 septembre. Transporté par les brancardiers, depuis le bois en H, à travers un dédale de boyaux très encombrés, il est soigné à l’ambulance 4/13 avant d’être évacué vers l’arrière par voie de chemin de fer. 

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur dessin suivant.

 

En memoire de Merieux, impressions septembre 1915

 

Si la nature de sa blessure n’est pas connue, celle-ci fut certainement grave. Sa fiche matricule mentionne un retour dans la zone des armées à la date du  26 septembre 1916, c’est à dire un an après avoir bénéficié des premiers soins à l’ambulance 4/13 !

 

Sa deuxième citation, à l’ordre de la division, obtenue le 27 juillet 1917,  pourrait contredire cette information. Le texte qui accompagne son étoile d’argent nous dit que celle-ci a été gagnée suite à sa participation à une attaque qui a eu lieu un 4 septembre. Cette date pourrait correspondre à la prise du village de Soyécourt.

 

Le numéro de la compagnie dans laquelle le caporal Charnotet a été versé à son retour au régiment n’a pas été retrouvé.

 

Le 23 octobre 1917, Jules Charnotet prend part à la bataille de la Malmaison. Au cours de cette offensive, il est de nouveau blessé après avoir tué plusieurs Allemands en contact rapproché.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur dessin suivant.

 

La Malmaison

 

Guéri, Jules réintègre la zone des armées le 29 janvier 1918. La date de son retour au régiment actif n’est pas connue.

 

Il participe à la bataille d’Arcy-Sainte-Restitue à la fin du mois de mai 1918 avec la 9e compagnie.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant ces journées, il suffit de cliquer une fois sur le cliché suivant.

 

Arcy-Sainte-Restitue 1

 

Le caporal Charnotet est nommé sergent quelques jours avant l’offensive allemande de juillet 1918.

 

Fin septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Champagne et d’Argonne. Le 4 octobre 1918, le sergent Charnotet est tué par un obus à proximité du village d’Orfeuil.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image ci-dessous.

 

4 octobre 1918

 

L’aumônier Henry évoque la mort de ce sous-officier dans un de ses carnets. Voici ce qu’il a écrit :

 

« Le capitaine Prenez a voulu se rendre compte. Il a vu Bessac. Sa première parole est un glas de mort : « Charnotet, tué ! – Adam, tué ! ». Stupeur générale !

 

Le sergent Charnotet ! L’as du régiment ! Celui qui n’avait peur de rien, celui qui entraînait sa section partout, celui que la légende disait invulnérable, tué. Il a reçu en plein un obus ! »

 

La famille n’a pas réclamé le corps après la guerre. Le sergent Charnotet repose actuellement dans la nécropole nationale d’Orfeuil. Sa tombe porte le n° 494.

 

 

Jules Charnotet n’a pas eu de descendance. Son épouse, qui ne s’est pas remariée, est retournée vivre chez ses parents.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 1 étoile de bronze, 3 étoiles d’argent et deux palmes

 

Citation à l’ordre du régiment n° 200 en date du 17 octobre 1915 :

 

« Brillante conduite au cours de l’attaque des 25 et 26 septembre 1915, devant Angres. Blessé grièvement à l’assaut du 26 septembre. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. en date du 27 juillet 1917 :

 

« Caporal très brave et très courageux. Le 4 septembre s’est porté brillamment à l’assaut d’un village fortement organisé par l’ennemi. Arrêté par de violentes rafales de mitrailleuses, a rallié ses hommes et les a reporté à l’attaque de la 2e ligne allemande. A repoussé de fortes contre-attaques ennemies dans lesquelles il s’est particulièrement distingué en tuant de sa main des ennemis et en ramenant des prisonniers. »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 527 en date du 30 novembre 1917 :

 

Caporal d’une bravoure frisant la témérité. Au cours du combat du 23 octobre 1917 a tué plusieurs Allemands qui opposaient une résistance acharnée. Blessé au cours de l’action, s’est laissé évacuer que sur ordre formel de ses chefs. »

Médaille militaire et croix de guerre avec palme en date du 11 octobre 1918 pour prendre rang le 11 juin 1918 :

 

« Gradé d’une bravoure à toute épreuve et un allant incomparable, a pris part à toutes les actions du régiment depuis 1914. Deux blessures, titulaire de trois citations très élogieuses. S’est fait au bataillon une réputation de vaillance qui grandit avec chaque engagement. Pendant les opérations du 28 mai et du 4 juin, s’est conduit très brillamment dans toutes les circonstances, se défendant sans compter aux points particulièrement dangereux, donnant à ses hommes, l’exemple du plus beau courage et une confiance illimitée. »

 

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 344 en date du 19 juillet 1918 :

 

« Sous-officier d’un courage et d’un dévouement remarquable. S’est particulièrement distingué pendant les journées des 15 et 16 juillet 1918, a mené brillamment une contre-attaque permettant de reprendre un emplacement perdu. »

 

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 377 en date du 7 septembre 1918 :

 

« Excellent sous-officier, chargé de conduire un détachement d’attaque au cours d’un coup de main le 28 août 1918. S’est acquitté de sa mission en faisant preuve d’un esprit méthodique et clairvoyant, d’une maîtrise de lui-même au dessus de tout éloge. Au cours de l’opération a repoussé une forte contre-attaque ennemie. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur pour prendre rang du 23 juillet 1918 (J.O. du 21 novembre 1918) :

 

« Sous-officier d’un dévouement et d’un courage à toute épreuve. Le 15 juillet 1918, tenant un poste avancé, a maintenu courageusement la position malgré des conditions difficiles. Le 16 juillet, à la tête de son détachement, s’est porté à l’assaut d’un emplacement de groupe de combat dont l’ennemi venait de s’emparer et a reconquis la position de haute lutte. »

 

Le nom de ce sous-officier est inscrit sur les monuments aux morts des communes de Bussières-lès-Belmont et de Saint-Broingt-le-Bois, sur le calvaire du cimetière de Bussières-lès-Belmont et sur le monument commémoratif placé dans l’église de Saint-Broingt-le-Bois.

 

Monument aux morts de Bussières-les-Belmont

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services du sergent Charnotet, les registres d’état civil et de recensement des communes de Saint-Brouing-le-Bois, de Bussières-lès-Belmont, de Pierrecourt et de Fouvent-le-Haut ont été consultés sur les sites des archives départementales de la Haute-Marne et de la Haute-Saône.

 

La photographie de la sépulture de Jules Charnotet a été réalisée par J.F. Pierron.

 

Son portrait a été trouvé sur le site « Généanet ».

 

La composition de la famille Charnotet a pu être reconstituée grâce au registre de recensement de la commune de Saint-Broingt-le-Bois de l’année 1896. Plusieurs arbres généalogiques incomplets ont été vus sur le site « Généanet ». 

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à G. Chaillaud, à M. Lozano, à J.F. Pierron, aux archives départementales de la Haute-Marne et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

24 septembre 2021

4 octobre 1918

4 octobre 1918

 

Les unités de la 43e D.I. ont repris l’offensive depuis la veille.

 

Les pertes ont été sévères et la progression fort mince comparée à celle réalisée durant la première partie de la bataille de Champagne et d’Argonne.

 

Les Allemands se cramponnent sur leur position. Ils doivent se maintenir coûte que coûte sur la crête d’Orfeuil pour couvrir leur repli de la région des Monts.

 

Les hauteurs sont protégées par un rempart de mitrailleuses servies par des combattants d’élite. Elles sont nichées dans quelques bouts de tranchées et battent tout le terrain des attaques. Une artillerie bien placée, ainsi que quelques réserves locales prêtes à effectuer de vigoureuses contre-attaques à tout moment, complètent le tout.

 

La crete d'Orfeuil

 

Entre 8 h 00 et 9 h 00, l’ennemi exécute un violent bombardement sur les positions françaises avec une forte proportion d’obus toxiques.

 

C’est au tour du 3e bataillon du 149e R.I., sous les ordres du commandant Fontaine, de passer à l’offensive. Les débris des 1er et 2e bataillons sont en soutien.

 

Carte 1 journee du 4 octobre 1918

 

À 9 h 50, le bataillon Poupart du 158e R.I., les 2e et 3e compagnies du 31e B.C.P. et les compagnies du bataillon Fontaine du 149e R.I. se lancent à l’attaque, sous la protection d’un tir de barrage roulant, après une préparation d’artillerie d’une demi-heure.

 

À droite, les compagnies du bataillon Poupart sont stoppées net par des tirs de mitrailleuses très agressifs venant du nord et de l’est. Elles s’arrêtent devant la tranchée au sud du signal détruit.

 

Au centre, les deux compagnies du 31e B.C.P. réussissent à pénétrer dans Orfeuil. Malheureusement, elles ne pourront pas se maintenir bien longtemps sur leur nouvelle position.

 

À gauche, les compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. parviennent à pénétrer dans le bois R 43 et à occuper la région du Pylône. Mais, comme la veille, des tirs de mitrailleuses, partant des bois R 39, R 40 et R 41, empêchent toute circulation entre les éléments avancés et les éléments de soutien du 149e R.I..

 

Une attaque de flanc, exécutée par la 4e compagnie du 1er B.C.P., est lancée en début d’après-midi sur Orfeuil. Elle passe par le secteur est du 149e R.I.. Cette compagnie pénètre dans le village, mais elle ne peut pas s’y maintenir.

 

De vigoureuses contre-attaques allemandes obligent la gauche du 149e R.I. à se replier vers le bois la Croix.

 

L’après-midi se passe en efforts pour établir la liaison entre le P.C. du commandant Fontaine et la section de la 9e compagnie ; celle-ci, sous les ordres du lieutenant Ferry,  s’est maintenue dans le bois R 43. Les 10e et 2e compagnies du 149e R.I. se tiennent prêtes à contre-attaquer. Le lieutenant Ferry réussit à rejoindre son bataillon avec une poignée de ses hommes.

 

L’aumônier Henry témoigne : « Le lieutenant Ferry est rentré avec cinq hommes ; sa situation au Pylône a été tragique. Il a bien cru qu'ils n'en reviendraient jamais. Le moment le plus pénible a été ce soir à 16 h 00. La division voisine a dû attaquer ; l'attaque d'infanterie a été précédée d'une préparation intense d'artillerie par 155 avec comme objectif : le Pylône ! Je ne puis en croire mes yeux, ni mes oreilles ! Et quoi ! À midi le lieutenant Ferry prévient qu'il est au Pylône ; quatre heures après, la division voisine ne sait pas que le Pylône est tenu par des Français ! Ceci me paraît formidable, inouï ! J'aime mieux ne rien dire, parce que je ne trouverais pas d'expression assez forte pour exprimer ce que j'en pense. Résultat : la section Ferry a été broyée par notre artillerie. Le lieutenant Ferry et cinq hommes rescapés par miracle, sont seuls rentrés dans ans nos lignes ! »

 

Carte 2 journée du 4 octobre 1918

 

Le temps de la relève arrive enfin ! Dans la nuit du 4 au 5 octobre, la 124e D.I. dépasse la 13e D.I. pour venir remplacer la 43e D.I.. Elle doit être en mesure de reprendre l’offensive à son compte dès le 5 au matin.

 

Le 101e R.I. vient occuper les positions tenues par le 158e R.I.. Le 124e R.I. relaie le groupement de chasseurs et le 130e R.I. prend la place du  149e R.I..

 

carte 3 journee du 4 octobre 1918

 

Le 1er bataillon du 130e R.I. s’installe dans la région sud du Pylône et la lisière nord du bois la Croix. Il relève le 3e bataillon du 149e R.I..

 

Carte 4 journee du 4 octobre 1918

 

Le 3e bataillon du 130e R.I. est en soutien dans la région du bois V12 et le 2e bataillon du 130e R.I. est à la disposition de la 124e D.I. dans le Grand Bois du Carrefour en remplacement des 1er et 2e bataillons du 149e R.I..

 

Les troupes épuisées gagnent définitivement l’arrière après avoir passé 9 jours en 1ère ligne ou dans son secteur immédiat.

 

Le fichier des « morts pour la France » du site « mémoire des hommes » a enregistré 14 tués pour cette journée.

 

                                              Tableau des tués pour la journée du 4 octobre 1918

 

Seize autres noms ont été inscrits à des dates ultérieures, comprises entre le 5 et le 15 octobre 1918. Il y a de fortes chances pour que ces hommes aient été tués entre le 3 et 4 octobre comme le laisse sous-entendre l’aumônier Henry dans son témoignage. Voici ce qu’il écrit :

 

« Le plus pénible pour nous, c'est de partir en laissant tant d'amis sans sépulture, abandonnés sur le terrain. Hélas ! La nuit suffira à peine à rapporter les blessés. »

 

Excepté pour un adjudant, les numéros de compagnies retrouvées pour une partie d’entre eux correspondent au 3e bataillon du 149e R.I. ce qui laisse supposer que la plupart de ces 16 soldats auraient été tués le 4 octobre.

 

                  Tableau des tués pour la journée du 4 octobre 1918 enregistrés à une date ultérieure

 

Le G.B.D. 43 évacue 38 hommes du régiment vers l’arrière.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I. réf : 26 N 344/8.

 

J.M.O. de la 124e D.I. réf : 26 N 425/6.

 

J.M.O. du 130e R.I. réf : 26 N 687/7.

 

J.M.O. du 158e R.I. réf : 26 N 700/14.

 

J.M.O. du 1er B.C.P. réf : 26 N 815/6.

 

J.M.O. du 31er B.C.P. réf : 26 N 826/30.

 

Carnets inédits de l’aumônier Henry

 

La 43e D.I. pendant la campagne de 1918. Éditions Mayence Grande Imprimerie Moderne. 1922.

 

Le dessin est une création d’I. Holgado

 

La photographie a été réalisée par J.L. Arnould

 

Un grand merci à M. Bordes, à J.L. Arnould, à A. Carrobi, à I. Holgado, à J.L. Poisot, à M. Porcher et au S.H.D. de Vincennes.

17 septembre 2021

Jean Marie Alphonse Adelin Guéraud (1894-1918)

Jean Marie Gueraud

 

Jean Marie Alphonse Adelin Guéraud est né le 19 août 1894 à Villard-Reculas, dans le département de l‘Isère.

 

Son père, Marius, âgé de 31 ans, est agriculteur. Sa mère, Joséphine Micoud, exerce le métier de femme de ménage. Elle a 29 ans. Jean est le 4e enfant d’une fratrie composée de deux filles et de trois garçons.

 

En 1901, Les Guéraud sont installés à Rioupéroux, un lieu-dit dépendant de la commune de Livet-et-Gavet. Marius est devenu papetier.

 

En 1906, le père de Jean Marie est inscrit dans le registre de recensement de la commune de Saint-Saturnin-lès-Avignon, dans le Vaucluse. Employé comme journalier, il est pensionnaire chez les Dubled. Sa famille ne l’a pas suivi.

 

Saint-Saturnin-les-Avignon

 

Le registre matricule de Jean Marie Guéraud indique un degré d’instruction de niveau 2. Jean sait lire et écrire, mais l’arithmétique reste sa bête noire.

 

L’année de ses vingt ans, il se présente devant le conseil de révision qui l’ajourne pour faiblesse. Jean Marie Guéraud se retrouve inscrit dans la 5e partie de la liste de la classe 1914, une situation qui aurait dû le laisser tranquille pendant un an avec les obligations militaires. Ce ne sera pas le cas. En attendant, le jeune homme retrouve son poste d’ouvrier papetier à Saint-Saturnin-lès-Avignon.

 

Jean Marie Guéraud se marie le 20 mai 1914 avec Marie Ada Anna Impériali, une Italienne originaire de la province de l’Ombrie. Son acte de mariage nous apprend que son père vit à Saint-Saturnin-lès-Avignon et que sa mère est restée à Rioupéroux.

 

Un conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. Le 29 octobre, Jean Marie Guéraud est convoqué au conseil de révision de la classe 1915. Comme pour tous les exemptés des deux précédentes classes, il doit repasser la visite médicale qui décidera de son sort. Cette fois-ci, il est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Le jeune homme est incorporé au 58e R.I. d’Avignon le 17 décembre 1914 avec la classe 1915. Sa formation à la caserne durera six mois.

 

Le 17 juin 1915, il est affecté au 149e R.I.. Le soldat Guéraud est envoyé au 9e bataillon du régiment pour achever son instruction militaire.

 

La date de son arrivée dans le régiment actif n’est pas connue. Il n’y a aucune indication sur sa fiche matricule pour nous orienter. Il est donc impossible d’affirmer quoi que ce soit sur sa présence ou non aux combats de septembre 1915 en d’Artois, à ceux de Verdun et de la Somme en 1916 et à la bataille de la Malmaison en 1917.

 

Jean Marie Guéraud est nommé caporal le 1er mars 1918 puis sergent le 11 juin 1918.

 

La première de ses citations confirme sa participation aux combats de juillet 1918.

 

Fin septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Champagne et d’Argonne. Le sergent Guéraud commande une demi-section de la 6e compagnie du régiment. Il trouve la mort sur le champ de bataille le 3 octobre 1918, à 50 m environ au sud de la voie ferrée devant Orfeuil ; il a les deux jambes sectionnées par des éclats d’obus. Jean Marie Guéraud était âgé de 24 ans.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 211 en date du 11 juillet 1918 :

 

« Par son énergie et son exemple, a maintenu son équipe de F.M. sous le feu violent de mitrailleuses préparant l’assaut et à enrayé ensuite la progression ennemie. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 232 en date du 4 novembre 1918 :

 

« Sous-officier, chef de demi-section très énergique ; entraîneur d’hommes, à l’attaque du 3 octobre 1918, en conduisant sa section, a eu les deux jambes coupées par des éclats d’obus au moment où il arrivait sur sa position. Mort de la suite de ses blessures. »

 

Le sergent Guéraud a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 29 octobre 1920) :

 

« Excellent sous-officier, consciencieux et dévoué. S’est fait remarquer par sa belle conduite au feu. Mortellement frappé le 3 octobre 1918 à l’attaque d’Orfeuil. »

 

Cette citation lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile d’argent.

 

Le soldat Guéraud est enterré dans la nécropole nationale d’Orfeuil installée dans la commune de Semide. Sa tombe porte le n° 410.

 

 

Le nom de cet homme est gravé sur le monument aux morts de la commune de Saint-Saturnin-lès-Avignon.

 

Monuments aux morts de Saint-Saturnin-les-Avignon

 

La généalogie de la famille Guéraud peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour ce faire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Il a été relevé deux erreurs sur sa fiche matricule. La date de son décès est enregistrée au 13 octobre 1918 au lieu du 3 octobre et sa seconde citation indique qu’il a été tué au cours d’une attaque qui se serait déroulée le 5 octobre 1918. Ceci est impossible puisque le 149e R.I. n’était plus dans la zone des combats à cette période.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Jean Marie Guéraud a été consultée sur le site des  archives départementales du Vaucluse. Les actes d’état civil et les registres de recensements ont été visionnés sur les sites des archives départementales de l’Isère et du Vaucluse.

 

Les copies de l’acte de mariage et de l’acte de décès de Jean Marie Guéraud ont été envoyées par la mairie de Saint-Saturnin-lès-Avignon.

 

Les sites « Gallica » et « mémoire des hommes » ont été visités pour construire cette notice biographique.

 

La photographie de la sépulture a été réalisée par J.F Pierron.

 

Le cliché du monument aux morts de la commune de Saint-Saturnin-lès-Avignon a été trouvée sur le site suivant :

 

Site Saint-Saturnin-les-Avignon

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à J.F. Pierron, aux archives départementales du Vaucluse et à la mairie de Saint-Saturnin-lès-Avignon.

10 septembre 2021

Ligori Jean Louis Albinet (1894-1918)

Ligori Albinet

 

Issu d’une famille ancienne aveyronnaise, Ligori Jean Louis Albinet voit le jour le 10 avril 1894, au domicile de ses parents, au  Gargaros, un lieu-dit rattaché à la commune de Centrès.

 

Son père, Louis, 38 ans, exerce le métier de cultivateur. Sa mère, Émilie Vaysse, âgée de 37 ans, éduque trois filles. Le couple a perdu un fils décédé à l’âge de deux mois. Trois garçons naîtront après Ligori.

 

En 1911, la famille Albinet est installée au lieu-dit la Roque. Le père est patron de son exploitation agricole, Ligori travaille avec lui. 

 

La fiche signalétique et des services de ce jeune aveyronnais nous apprend qu’il est étudiant et que son niveau d’instruction est de niveau 2.

 

L’année de ses vingt ans, Ligori Albinet passe devant le conseil de révision réuni à la mairie de Naucelle. En bonne condition physique, il est déclaré « bon pour le service armé ». Ligori est loin de s’imaginer que sa classe sera incorporée par anticipation quelques mois plus tard pour cause de guerre.

 

Un conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. Il met fin à plus de quarante années de paix. Les consignes données par l’ordre de mobilisation générale ne le concernent pas.

 

Ligori Albinet est incorporé à compter du 8 septembre 1914. Le lendemain, il intègre une des compagnies de dépôt du 58e R.I., à Avignon, pour commencer sa formation militaire.

 

Le 17 juin 1915, il est affecté au 149e R.I..

 

Hormis ces deux informations, il est difficile de dire quoi que ce soit sur le parcours de ce soldat au vu des renseignements fournis par sa fiche matricule. De nombreuses interrogations resteront donc sans réponse.

 

A-t-il été versé dans une compagnie active du 58e R.I. ? Si oui, à quel moment ? Où a-t-il subi le baptême du feu ? A-t-il été blessé ? Est-il tombé malade ? Est-il retourné au dépôt du 58e R.I. avant d’être muté au 149e R.I. ? Quels sont les combats auxquels il a vraiment participé lorsqu’il servait au 149e R.I. ? Était-il présent sur le front d’Artois en septembre 1915 ? A-t-il combattu à Verdun et dans la Somme en 1916 ? A-t-il pris part à la bataille de la Malmaison en 1917, aux combats de mai et de juillet 1918 ? A-t-il bénéficié de plusieurs permissions ? Il est impossible de répondre à cette longue liste de questions sans informations complémentaires.

 

Pour couronner le tout, il n’y a pas la moindre trace de citation sur sa fiche matricule. Si cela avait été le cas, celle-ci nous aurait probablement donné quelques détails sur son vécu de combattant.

 

La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est que cet homme a été tué au cours d’une attaque qui s’est déroulée le 3 octobre 1918. Ligori Albinet a été inhumé à gauche de la grande route d’Orfeuil, à 1500 m du village.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

Son décès est enregistré à la date du 18 octobre 1918 sur sa fiche signalétique et des services, ce qui est une erreur.

 

Ligori Albinet est mort à l’âge de 24 ans. Le 28 décembre 1921, le tribunal civil de Rodez valide la date de son décès au 3 octobre 1918. Cet acte a été transcrit à la mairie de Centrès le 11 janvier 1922.

 

Cette officialisation tardive indique que cet homme fut considéré comme disparu. C'est la procédure, puisque personne n’a pu témoigner de sa mort. Son corps a été retrouvé après la guerre.

 

Le numéro de sa compagnie n’apparaît pas sur son acte de décès.

 

Le soldat Albinet repose actuellement dans la Nécropole nationale d’Orfeuil. Sa sépulture porte le n° 503.

 

 

Ligori Albinet a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 décembre 1919). 

 

« Soldat brave et courageux, tombé au champ d’honneur le 3 octobre 1918 à Orfeuil. »

 

Cette décoration lui permet d’obtenir la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Le soldat Albinet a son nom gravé sur le monument aux morts du village aveyronnais de Tayac.

 

Monument aux morts de Centres-Tayac

 

Ligori Albinet fait partie de ces nombreux soldats du 149e R.I. pour qui il est pratiquement impossible de reconstruire le parcours de guerre. Les fiches matricules d’un bon nombre de ces hommes restent insuffisamment nourries pour nous permettre de rentrer dans les détails.

 

La généalogie de la famille Albinet est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Ligori ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du soldat Albinet, les registres d’état civil et de recensement de la commune de Centrès ont été consultés sur le site des archives départementales de l’Aveyron.

 

Le portrait de Ligori Albinet est extrait du « Livre d’or » de l’Aveyron publié sous les auspices du conseil général et sous la direction du comité aveyronnais de renseignement aux familles, par Émile Vigarié, président du comité, juge de paix de Rodez ».

 

La photographie sa sépulture a été réalisée par J.F. Pierron.

 

Un grand merci à M. Bordes, à N. Vernhes, à A. Carrobi, à J.F. Pierron, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de l’Aveyron et à la mairie de Centrès. 

3 septembre 2021

Maurice Édouard Armand Pruvost (1895-1918)

Maurice Edouard Armand Pruvost

 

Maurice Édouard Armand Pruvost naît le 21 décembre 1895 au domicile de ses parents, rue des Fontaines, à Forges-Les-Eaux, dans le département de la Seine-Inférieure.

 

Son père, Édouard Armand Joseph, est clerc d’huissier,  il a 25 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Aminthe Féré, est âgée de 30 ans. Elle exerce le métier de commerçante. Le couple, qui s’est marié l’année précédente, n’aura pas d’autre enfant.

 

Les témoins, Léon Simon, huissier, et Louis François Auguste Marois, principal clerc d’huissier, accompagnent le père à la mairie ; ils y signent le registre d’état civil en présence du maire Antoine Désiré Gosset.

 

 

En 1901, Édouard Armand Joseph ne pratique plus le métier de clerc d’huissier. Il est devenu commerçant, travaillant probablement avec son épouse. La famille s’est installée dans la grande rue du village. Cinq ans plus tard, les Pruvost vivent rue des Eaux Minérales.

 

Forges-les-Eaux

 

Maurice perd son père peu de temps avant son 12e anniversaire. Sa mère ne se remariera pas. Elle vivra seule avec son fils jusqu’au départ de celui-ci pour le régiment.

 

La fiche signalétique et des services du jeune Pruvost mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Ses connaissances scolaires sont largement suffisantes pour qu’il puisse assumer les fonctions de clerc d’huissier, ancienne profession exercée par son père. Maurice peut ainsi ramener un salaire à la maison.

 

Le 1er août 1914, la France mobilise ses réservistes. Une guerre mondiale est sur le point d’être déclenchée. Maurice Pruvost, futur soldat de la classe 1915, n’est pas concerné par cet évènement. Il est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui s’est réuni en septembre 1914 à la mairie du village.

 

Maurice reçoit sa feuille de route juste avant la mobilisation de sa classe qui se fait par anticipation.

 

Il est incorporé à compter du 18 décembre 1914 au 28e R.I.. Maurice Pruvost intègre une des compagnies du dépôt d’Évreux le jour même. Son instruction militaire est brève en comparaison de la formation donnée aux conscrits du temps de paix. Il faut vite envoyer de nouvelles troupes sur le front. La demande est forte. Les pertes des premiers mois du conflit sont énormes.

 

Une lecture trop rapide du registre matricule du soldat Pruvost laisserait supposer un envoi au 28e R.I. actif après sa période de formation au dépôt. Ce ne fut pas le cas.

 

En effet, sa première citation à l’ordre de la division nous apprend que le soldat Pruvost servait à la 53e D.I. en octobre 1915 lorsqu’il a été décoré de la Croix de guerre en février 1916. Le 28e R.I. ne fait pas partie des effectifs de cette division. Par contre, le 228e R.I. qui est le régiment de réserve du 28e R.I., est intégré à cette unité. Maurice a probablement été envoyé avec un renfort dans ce régiment de réserve lorsque celui-ci a eu besoin de reconstituer ses effectifs.

 

Le 4 juillet 1916, le 228e R.I. attaque le village d’Estrée, dans la Somme. Le soldat Pruvost est blessé par éclats d’obus au bras et au côté gauche. Il est évacué vers l’arrière.

 

Une fois soigné, il réintègre la zone des armées dans une unité non mentionnée sur sa fiche matricule. Une citation à l’ordre de la brigade indique simplement sa présence en première ligne en juillet 1917.

 

Le 7 novembre 1917, Maurice est affecté à la 5e compagnie du 149e R.I. juste après l’offensive de la Malmaison. Il est nommé caporal le 19 novembre 1917.

 

Le caporal Pruvost participe à la bataille d’Arcy-Sainte-Restitue à la fin du mois de mai 1918.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur le cliché ci-dessous.

 

Arcy-Sainte-Restitue 1

 

Le 15 août 1918, il coud ses galons de sergent sur son uniforme bleu horizon.

 

Maurice Pruvost participe à la bataille de Champagne et d’Argonne qui débute à la fin du mois de septembre. Le 3 octobre 1918, au cours d’une attaque, il est tué à l’ouest du village d’Orfeuil, à proximité de la voie ferrée. Son corps n'a été retrouvé sur le champ de bataille que le 19 octobre suivant.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

Le sous-lieutenant Paul Louis Lemoine et le soldat Auguste Vallée confirment sa mort auprès de l’officier d’état civil du régiment, le lieutenant Auguste Fourneret. L’acte de décès de ce sous-officier est transcrit à la mairie de Forges-les-Eaux le 17 juillet 1919.

 

Son corps a été rendu à sa mère dans les années 1920. Il repose actuellement dans le cimetière de Forges-les-Eaux.

 

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 3 étoiles de bronze et 3 étoiles d’argent

 

Citation à l’ordre de la 53e division en date du 23 février 1916 :

 

« Caporal très courageux au combat du 7 octobre 1915, a assuré, sous un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses, la liaison entre le bataillon et la compagnie. »

 

Citation à l’ordre de la brigade en date du 28 juillet 1917 :

 

« S’est dépensé sans compter du 14 au 28 juillet 1917 pour assurer le ravitaillement en munition des premières lignes, avec un absolu mépris du danger, sous les plus violents bombardements, à la tête de ses hommes. »

 

Citation à l’ordre du régiment en date du 29 mai 1918 :

 

« Excellent gradé, n’a cessé de se distinguer au cours des combats des 28 et 29 mai 1918. »

 

Citation à l’ordre de la 43e division en date du 5 août 1918 :

 

« Caporal très dévoué et d’une bravoure remarquable. A assuré la liaison d’une façon parfaite, dans des circonstances délicates, malgré un bombardement particulièrement violent. »

 

Citation n° 385 à l’ordre de la 43e division en date du 26 octobre 1918 :

 

« Jeune sergent, a fait preuve d’une bravoure remarquable pendant toutes les attaques du 26 septembre au 4 octobre 1918. Est tombé mortellement frappé à la tête de ses hommes. »

 

Le sergent Pruvost a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume avec le même énoncé que sa dernière citation à l’ordre de la division (J.O. du 1er août 1922).

 

Monument aux morts de Forges-les-Eaux

 

Maurice Pruvost a son nom gravé sur le monument aux morts de Forges-les-Eaux. Il est également inscrit sur la plaque commémorative 1914-1918 qui se trouve à l’intérieur de l’église de cette commune.

 

Maurice ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Le registre matricule du sergent Pruvost, les registres d’état civil et de recensement de la commune de Forges-les-Eaux ont été consultés sur le site des archives de la Seine-Maritime.

 

Le portrait de ce sous-officier, les photographies de sa sépulture et du monument aux morts de la ville de Forges-les-Eaux ont été trouvés sur le site « Héros de Forges-les-Eaux». Pour les visionner, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Un grand merci à M. Bordes, à L. Bonnafoux, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Seine-Maritime et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

27 août 2021

Simon Vivier (1879-1918)

Simon Vivier

 

Originaire du Puy-de-Dôme, Simon Vivier voit le jour le 18 mai 1879, aux Gabots, un lieu-dit dépendant de la commune de Saint-Quintin-sur-Sioule.

 

Son père, Jacques, est un travailleur de la terre. Il a 30 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Antoinette Lesbre, est âgée de 19 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Les témoins, Gervais Vérillon et Annet Thomas, accompagnent Jacques à la mairie du village pour officialiser l’arrivée du nouveau-né. Les trois cultivateurs signent le registre d’état civil en présence de l’adjoint au maire François Glomond.

 

Une sœur naît en 1883.

 

 

La fiche signalétique et des services de Simon Vivier indique un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise la lecture, l’écriture et l’arithmétique.

 

Devenu cultivateur à la fin de sa scolarité obligatoire, l’adolescent travaille dans l’exploitation agricole tenue par son père.

 

Simon Vivier est un homme robuste. Il ne montre pas de signe particulier de faiblesse lorsqu’il se présente devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie du canton de Merat. Il est automatiquement classé dans la 1ère partie de la liste par la médecine militaire.

 

Le futur conscrit est incorporé au 92e R.I. de Clermont-Ferrand. Simon doit se présenter à la caserne le 15 novembre 1900.

 

À l'instruction, ses supérieurs observent ses bonnes capacités militaires. Son capitaine le fait inscrire au peloton des élèves caporaux. Simon Vivier accède à ce grade le 6 octobre 1901. Il est nommé sergent le 23 mai 1903.

 

Simon Vivier est envoyé dans la disponibilité de l’armée active le 19 septembre 1903. Le temps de la conscription est maintenant terminé. Il vient de passer près de trois ans sous l’uniforme. Le jeune homme peut rentrer au pays avec son certificat de bonne conduite en poche.

 

Dès son retour, il retrouve sa vie de paysan à la ferme paternelle. 

 

Entre le 9 mars et le 8 avril 1906, Simon Vivier doit à nouveau endosser sa tenue de sous-officier pour accomplir sa première période d’exercice à la caserne d’Anterroche ; celle-ci abrite le 105e R.I.. Il n’est fait aucune mention de sa deuxième période d’exercice sur sa fiche matricule.

 

Le 12 janvier 1907, il épouse Angèle Thomas, une jeune femme âgée de 17 ans. Le couple aura deux enfants, Yvonne, née en 1908 et Roger, né en 1911.

 

Jacques, Antoinette, Simon, Angèle, Yvonne et Roger vivent sous le même toit jusqu’à l’arrivée de la 1ère guerre mondiale.

 

Le 1er août 1914, la France rappelle ses réservistes. Un nouveau conflit contre l’Allemagne ne peut plus être évité.

 

Simon Vivier se prépare à abandonner les travaux agricoles. Un coup d’œil sur le livret militaire pour s’apercevoir qu’il a encore quelques jours devant lui. Il doit être au dépôt du 105e R.I., à Clermont-Ferrand, pour le 10 août.

 

Le sergent Vivier est nommé adjudant le 15 septembre 1914. Trois jours plus tard, ce changement de grade entraîne son affectation au 138e R.I., à Magnac-Laval. Des signes de faiblesse apparaissent.

 

Le 27 novembre 1914, la commission spéciale de Magnac-Laval constate une hernie inguinale au côté droit.

 

Ce problème de santé empêche un envoi rapide au front, mais il reste insuffisant pour un motif de réforme. Le colonel commandant la subdivision de Magnac-Laval le fait classer dans le service auxiliaire à partir du 2 janvier 1915. l'adjudant Vivier reste donc au dépôt, à disposition de l’armée.

 

Les informations inscrites sur sa fiche matricule empêchent d’affirmer une présence au front entre son arrivée à la caserne et son passage dans le service auxiliaire.

 

Cette situation dure jusqu’au début du mois de mars 1916. Le 5, la commission spéciale de Magnac-Laval le reconnaît de nouveau « bon pour le service armé ».

 

À partir de cette date, sa fiche signalétique et des services indique plusieurs changements d’affectations sans donner plus de précision.

 

Le 21 septembre 1916, il est au 165e R.I.. C’est dans cette unité qu’il apprend  le décès de sa fille Yvonne. Le 29 décembre 1917, Simon Vivier est muté au 9e R.I..

 

Le 24 mars 1918, l’adjudant Vivier est affecté au 149e R.I.. Une fois de plus, les éléments fournis par sa fiche matricule ne permettent pas de confirmer sa présence au sein du régiment actif durant les offensives allemandes de mai et de juillet 1918. La date exacte de sa prise de commandement d’une des sections de la 7e compagnie reste donc inconnue.

 

Il participe à la bataille de Champagne et d’Argonne qui débute à la fin du mois de septembre. Le 3 octobre 1918, au cours d’une attaque, il est mortellement blessé dans le secteur du village d’Orfeuil. Le sous-officier Vivier meurt à l’âge de 39 ans. Son acte de décès est transcrit à la mairie de Saint-Quintin-sur-Sioule le 10 avril 1919.

 

Il laisse une veuve et un orphelin qui devient pupille de la nation le 22 octobre 1919.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

L’adjudant Vivier a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 11 août 1922) :

 

«Énergique et brave sous-officier, tombé glorieusement pour la France, le 3 octobre 1918, en accomplissant tout son devoir devant d’Orfeuil. »

 

Cette citation lui donne également droit à la Croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Il n’existe pas de sépulture individuelle militaire qui porte son identité.

 

Le nom de ce sous-officier est inscrit sur deux tombes différentes dans le cimetière de Saint-Quintin-sur-Sioule. La première est une sépulture familiale. La seconde ressemble à un lieu de mémoire.

 

Sépultures cimetière communal de Saint-Quintin-sur-Sioule

 

Sources :

 

Le registre matricule de l’adjudant Vivier, les registres d’états civils et de recensement ont été consultés sur le site des archives de l’Isère et du Vaucluse.

 

Le portrait de Simon Vivier et les photographies de sépultures ont été trouvés sur le site « Généanet ».

 

La généalogie de la famille Vivier a été reconstituée à partir de plusieurs arbres consultés sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, aux archives départementales de l’Isère et du Vaucluse et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 834 907
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.