Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
4 février 2022

Verdun 1916, Maurice Henri Pichenet témoigne (2e partie)…

Au fort de Vaux

Avril 1916, le sergent Pichenet du 149e R.I. remonte en 1ère ligne pour la seconde fois depuis son arrivée dans le secteur de Verdun. Envoyé au fort de Vaux, il est mis sous l’autorité du capitaine Gérard, responsable de la 10e compagnie. Cet officier lui confie le commandement d’une escouade.

Per Angusta

Dans la nuit du 1er au 2 avril 1916, vers 8 h 00, le 2e bataillon du 149e R.I. est alerté et quitte les casernes d’Anthouard, situées en pleine ville de Verdun. Une visite opérée avant le départ dans quelques caves des environs, accompagnée de Gigel, nous a fait découvrir 30 litres de vin, des confitures, une bouteille d’arquebuse. Notre demi-section a reçu avec joie ce supplément inattendu.

Les abords du tunnel sont toujours fortement marmités, encore que bien souvent, quand l’aube est proche, une sorte d’accalmie se produise. L’heure n’est sans doute pas encore venue, car au moment où nous allons, en colonne par un et forçant l’allure, pénétrer sous la voûte, je reçois sur les reins quelques bonnes pelletées de terre qu’un gros percutant vient d’arracher du talus.

La journée qui va suivre sera l’une des plus pénibles de notre séjour ici. Nous ne quittons guère nos masques. Plusieurs sont intoxiqués et pris de vomissements.

Dans la soirée, nous apprenons qu’il nous faut relever le 158e R.I. aux abords de l’étang de Vaux. Nous partons à 21 h 00, gravissant en toute hâte, parmi des nuages de gaz, les pentes qui aboutissent au tunnel. Nous parvenons néanmoins sans perte à l’endroit où, peu de jours auparavant, nous avons été violemment marmités.

Le malheur est qu’à ce moment, plusieurs corvées de matériel nous coupent, en pleine obscurité. On jure, on s’invective, selon la coutume, et une fois dégagés, plus personne des nôtres !... Nous sommes ainsi, quelques-uns, à avoir été entourés par un groupe de sapeurs du génie, porteur de fascines. Pendant ce temps, la tête de la colonne a continué son chemin, nous laissant seuls.

Nous faisons quelques pas en arrière, escomptant encore trouver quelqu’un de chez nous, mais rien…

Pendant un moment, nous errons à 5 ou 6 parmi d’énormes trous et des souches à demi déracinées.  Les obus recommencent à tomber, très proches. Je reste seul. Je sais le fort à quelques centaines de mètres. Le mieux est d’y parvenir. Le trajet est pénible et surtout redoutable.

L’étreinte de fer et de feu qui enserre les défenseurs ne se relâche pas. C’est encore aux abords immédiats, comme il y a 8 jours, la cadence vertigineuse des projectiles de tous calibres. Je parviens enfin à cette petite poterne, où déjà je m’étais arrêté lors des corvées de torpilles. J’y trouve le lieutenant Monnoury et le caporal Christmann, tous deux de la 7e compagnie. Ils m’apprennent que le commandant Schalck est là également.

Nous causons quelques instants. Un véritable engourdissement me prend. Malgré le vacarme, je m’assoupis, tout harnaché.

À mon réveil, quelques heures plus tard, le lieutenant et le caporal sont partis sans rien me dire. Aussitôt, avant même que le jour paraisse, je me mets à la disposition de l’un des officiers présents au fort, le lieutenant commandant la 10e compagnie de notre régiment. Il m’affecte au commandement d’une escouade et je passe la journée du 3 avril à l’intérieur du fort.

Pour en apprendre davantage sur la journée du 3 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Fort de Vaux

Je le parcours à plusieurs reprises, me familiarisant avec ses multiples services : infirmerie, dortoirs, gaines, couloirs de toutes sortes, citernes. Je fais tout cela dans une atmosphère poussiéreuse, altérante, parmi de nombreux blessés ou commotionnés qui encombrent les couloirs. Plusieurs sont pris de tremblement à la pensée qu’on va tenter de les évacuer.

Au-dehors, les effectifs de surveillance sont réduits au minimum. Les pertes sont si lourdes !

L’ennemi s’acharne de plus en plus. La masse du fort vibre sans arrêt, sous les coups de bélier de monstrueux projectiles. À chaque fois que l’un d’eux éclate à proximité, c’est un souffle puissant qui parcourt l’entrée des galeries. Les lanternes dispensées dans des coins souvent très reculés sont chaque fois comme un sursaut. Elles émettent soudain une lumière plus vive.

À la nuit, je pars avec mon escouade occuper un emplacement situé un peu en avant du fort, face à la plaine de Woëvre.

Nous sommes longtemps sans pouvoir déboucher l’accès de notre position étant obstrué par des éboulis. Enfin, vers 20 h 00, nous sommes en place, à quelques pas d’une petite butte maçonnée qui nous protège un peu.

Notre nuit s’écoule sans pertes, les coups passant au-dessus de nos têtes pour atteindre le fort et surtout, en interdire l’accès aux relèves et au ravitaillement.

À l’aube, comme toujours, le rythme du bombardement s’apaise. Le soleil se lève, au loin, par delà la plaine qui s’étale à nos pieds. La journée s’annonce superbe.

Laissant deux des nôtres en position, nous rentrons au fort sans cependant nous éloigner beaucoup de notre emplacement de la nuit.

Nous allons passer dans l’inaction totale, cette journée du 4 avril, assis sur les marches d’un escalier qui donne accès aux couloirs supérieurs, munis de quelques bougies que le vent des explosions soufflera fréquemment.

Pour en apprendre davantage  sur la journée du 4 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Secteur du fort de Vaux

La journée est très pénible pour les défenseurs du fort dont les nerfs sont mis à l’épreuve par un marmitage encore inégalé jusque-là. Quand le soir, après avoir reçu chacun un peu de nourriture froide et une petite ration d’eau, nous reprenons notre emplacement, c’est à peine si nous pouvons reconnaître les lieux.

Le terrain a été dans la journée pilonné mètre par mètre et fouillé de ivante.partout comme par une charrue colossale. Une heure se passe. Le feu ennemi ne se ralentit point et maintenant, les obus tombent très proches, à l’inverse de la nuit précédente.

Une puissance rafale arrive de l’horizon. Nous entendons venir son souffle haletant et nous nous jetons à terre. Tout jaillit aux alentours de nous. Quelques secondes s’écoulent.

Je redresse la tête, puis le buste. À ce moment, venant de très haut sans doute, j’entends un faible sifflement. Un choc violent frappe le bord gauche de mon casque. J’éprouve aussitôt, à l’oreille et à l’épaule, une sensation de brûlure très vive. Je suis touché.

Le lobe de l’oreille est largement fendu à sa base. L’éclat qui m’a frappé a coupé ensuite le col de ma capote et celui de ma vareuse. Il a suivi le long du cou, frôlant la carotide, pour venir s’incruster légèrement vers la clavicule.

Je l’enlève sans difficulté, encore tout chaud, mais le choc a été violent.

J’éprouve l’impression qu’un autre éclat m’a frappé, sans pénétrer, le long du bras gauche. Celui-ci est tout engourdi.

Je saigne abondamment au cou. Ma vareuse commence à s’imbiber. Il faut partir.

Je passe le commandement à un 1ère classe, je rentre au fort où un infirmier me fait un pansement rapide. « Tu es valide » me dit-il. «  Il faut partir dès que tu le pourras. Ici c’est déjà complet. »

Je ne demande pas mieux. Mais comment sortir pour l’instant ? Le fort est un cratère qui fume, tonne, rugit, flamboie sous une averse d’acier !

Avant de me risquer hors de l’enceinte, je séjourne pendant plus de deux heures tout près de l’entrée. La mort est partout ! On vient de porter à l’instant, sur un brancard, un pauvre diable de fantassin dont la jambe gauche, atteinte aux deux tiers par un gros éclat, a été littéralement retournée. Le malheureux hurle comme un damné et profère sans arrêt cette interjection du midi que j’entends encore : Ah macarelle ! macarelle ! ».

Il faut le maintenir de force sur le brancard et l’on oublie ses propres maux à voir cette infortune.

Enfin, vers minuit, le bombardement s’apaise un peu. Je pars aussitôt avec un chasseur à pied, blessé également à la tête.

Gagner Tavannes, c’est notre seul but ! Les relèves et les corvées qui viennent à nous utilisent aussi les moindres cheminements. Tout comme nous, elles veulent aussi profiter de l’accalmie.  Au bout d’un moment, je perds mon camarade.

La fièvre m’a pris depuis longtemps déjà, martelant mes tempes. Je n’ai plus rien à boire ! Enfin, vers 2 heures et après mille détours, j’arrive au tunnel. Ce sont des territoriaux, du 43e, je crois, qui l’occupent alors. Ils viennent d’arriver.

Ils ont de la lumière. Me voyant blessé, hâve, exténué, la capote ensanglantée, l’un d’eux prend son bidon et, généreusement, m’offre à boire !

Camaraderie, sainte amitié du front qui, si souvent et de façon si obscure, s’est manifestée pendant ces années de misère. Puissent ceux qui l’ont pleinement pratiquée, avoir reçu, avec large mesure, leur récompense dans la suite !

Un peu réconforté, je gagne le fort non sans avoir failli être « soufflé » au sommet du tunnel.

Je trouve un poste de secours bien aménagé. Mon pansement est refait. Je n’ai plus qu’à attendre.

Au petit jour, quelques camionnettes arrivent. Nous gagnerons, non sans risques, Bévaux où l’on nous évacuera. Puis ce sera Regret, Bar-le-Duc, Saint-Dizier, et Troyes. Quand l’heure sera venue de rejoindre, après une courte permission, ma compagnie, Verdun ne sera plus qu’un souvenir. Je retrouverai (combien, hélas, manquant à jamais) mes camarades de la 7e, à la butte du Mesnil face à Vouziers.

Signé : H. Pichenet

Caporal, 149e R.I., 7e compagnie

En 2018, Nicolas Bernard fait don aux archives départementales de la Somme du texte original écrit par le sergent Pichenet et de l’ensemble des témoignages d’anciens combattants utilisés par Jacques Péricard pour la rédaction de son « Verdun ».

 Sources :

Témoignage inédit rédigé par Henri Pichenet. Archives départementales de la Somme. Fonds Péricard. Cote 179 J 91.

Archives départementales de la Somme

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski  et aux archives départementales de la Somme.

30 avril 2021

Martial Jacob Crémieux (1894-1958)

 

Martial Jacob Cremieux

 

Martial Jacob Crémieux naît le 30 mars 1894 dans le 3e arrondissement de la ville de Paris, au n° 2 de la rue Notre-Dame-de-Nazareth. Sa mère, Clarisse Esther Naxara, originaire de Bordeaux, est âgée de 25 ans lorsqu’elle le met au monde. Son père, Georges Maurice Fernand, est un parisien né la même année que son épouse. Il travaille comme employé de commerce.

 

En 1896, les Crémieux vivent au n° 22 de la rue Héliopolis, dans le 17e arrondissement. Clarisse donne vie à un second garçon.

 

Genealogie famille Cremieux

 

Martial quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait bien lire, écrire et compter. L’adolescent se fait embaucher comme coupeur d’habits avant de devenir employé de commerce.

 

Début 1911, la famille Crémieux occupe un appartement situé au n° 137 boulevard Perère. Le père meurt dans sa 42e année, le 16 février. Martial approche de son 17e anniversaire. Son frère a quatorze ans.

 

Une année avant sa majorité, Martial doit se présenter devant le conseil de révision, réuni à la mairie du XVIIe arrondissement. Le médecin qui l’examine décide de le classer dans la 5e partie de la liste en raison de sa fragilité.

 

En temps normal, il aurait dû bénéficier d’une année supplémentaire avant de se présenter à nouveau devant le conseil de révision, mais les événements internationaux vont changer la donne. Un conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914.

 

Les premières semaines de combat sont particulièrement meurtrières. Le nombre de blessés est très élevé. Tous les exemptés sont à nouveau convoqués devant le conseil de révision. Cette fois-ci, la médecine militaire est moins bienveillante avec Martial. Elle le classe directement dans la 1ère partie de la liste, ce qui veut dire qu’il est déclaré « bon pour le service armé ».

 

L’employé de commerce est incorporé à compter du 19 décembre 1914. Le lendemain, il rejoint le dépôt du 29e R.I., une unité du 8e C.A. qui se trouve à Autun, dans le département de la Saône-et-Loire.

 

Martial est affecté au 9e bataillon du 85e R.I. le 25 juin 1915. Il quitte la caserne Changarnier doté de sa formation militaire de 6 mois. Le soldat Crémieux est rapidement muté dans un des bataillons du 61e Régiment territorial, une unité qui dépend du 85e R.I. ; il va y travailler comme manutentionnaire.

 

Une telle affectation, pour un jeune de la classe 1914, s’explique probablement par la prise en compte de sa faiblesse physique. Cette fragilité le conduit peut-être à une évacuation. Ce qui est certain, c’est qu’il est amené à se présenter devant la commission de réforme de Compiègne le 8 décembre 1915.

 

Martial Crémieux apprend qu’il ne rentre pas dans les critères pour passer dans le service auxiliaire. La commission décide de le maintenir au service armé. Il sait qu’il va bientôt être muté dans une unité combattante.

 

Le 31 décembre 1915, le soldat Crémieux est affecté au 149e R.I..

 

Son régiment est envoyé à Verdun en mars 1916. Les Allemands ont lancé une grande offensive dans ce secteur. Martial fait partie des effectifs de la 1ère compagnie, sous les ordres du capitaine de Chomereau de Saint-André. Sa section est commandée par le sous-lieutenant Gaston Brosse.

 

La 1ère compagnie est une des deux compagnies du 149e R.I. qui fut engagée à deux reprises en 1ère ligne durant cette période.

 

Après la guerre, Martial laisse une trace écrite particulièrement poignante sur ce qu’il a vécu durant son passage à Verdun.

 

Il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant pour lire ce témoignage.

 

Verdun Martial Crémieux

 

Le 149e R.I. quitte le département de la Meuse à la mi-avril 1916. Après une courte période de repos à Landrecourt, Martial Crémieux se rend en Champagne avec l’ensemble du régiment. Le 149e R.I. prend position dans un secteur beaucoup plus calme, situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.

 

Les hommes du lieutenant-colonel Gothié combattent dans la Somme à partir du mois de septembre 1916. Martial participe à la prise des villages de Soyécourt et de Déniécourt, il y apprend la mort de son frère. Des problèmes de santé finissent par l’éloigner de la ligne de front.

 

Martial Crémieux entre à l’hôpital Rollin de Paris le 4 novembre 1916. Il en sort le 18 novembre. Souffrant de rhumatismes, il est envoyé au centre de réforme de Clignancourt. Il quitte cet établissement le 30 novembre. Martial bénéficie ensuite d’un mois de convalescence. Le 6 décembre 1916, il est de nouveau hospitalisé. Le soldat Crémieux se fait soigner à l’hôpital complémentaire de la Croix de Berny, à Fresnes, pendant une durée de 3 mois. Le 7 mars 1917, il rejoint le dépôt du 149e R.I.. La date exacte de son retour dans la zone des armées n’est pas connue.

 

Il est impossible de dire s’il a regagné les rangs de son ancienne compagnie après son long séjour dans les hôpitaux.

 

Son unique citation nous fait savoir qu’il a pris part à la bataille de la Malmaison et aux combats de septembre 1918.

 

Martial Crémieux est mis en congé illimité de démobilisation le 31 août 1919,  avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

De retour à la vie civile, il retrouve sa profession d’employé de commerce. Martial devient réserviste du 101e R.I. avant d’être rattaché au dépôt du 23e R.I.C.. Il fait ensuite partie des réservistes du C.M. colonial n° 17 puis de ceux du C.M. colonial n° 59. Martial Crémieux vit avec sa mère au 55 rue Laugier.

 

Le 5 février 1925, il épouse Germaine Mendel, une couturière parisienne âgée de 30 ans.

 

Le 1er mai 1930, sa situation militaire entraîne son rattachement à la 5e section de C.O.A..

 

Le 1er novembre 1934, l’ancien soldat du 149e R.I. devient réserviste du C.M. d’infanterie n° 212.

 

En 1938, il demeure avec son épouse au 253 rue Saint-Denis, dans un appartement anciennement occupé par sa belle-mère. La descendance du couple Crémieux n’est pas connue. Martial est devenu vendeur en confection.

 

Il est rappelé à l’activité militaire par ordre de mobilisation générale du 2 septembre 1939. Martial a 45 ans lorsqu’il rejoint le C.M. d’infanterie n° 212. L’ancien réserviste est muté au 3e B.D.R.. Le 1er octobre, il est envoyé à la 5e compagnie de travailleurs militaires, une unité dépendante du dépôt d’infanterie n° 131. 

 

La fiche matricule du soldat Crémieux n’est pas assez détaillée pour que nous puissions en dire davantage sur ce qu’il est advenu de lui durant et après le conflit 1939-1945. La date où il est définitivement libéré de l’impôt de sang n’est pas connue.

 

Martial Crémieux décède le 8 janvier 1958 dans le 10e arrondissement de Paris à l’âge de 64 ans.

 

Le soldat Crémieux a obtenu la citation suivante :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 64 du 14 novembre 1918 :

 

« Très bon soldat, a pris une part très active aux durs combats de Verdun en 1916, de l’Aisne en 1917. S’est particulièrement distingué au cours des opérations du 26 juillet 1918 en Champagne. »

 

Sources :

 

Les informations qui ont permis la réalisation de cette biographie sont extraites de sa fiche signalétique et des services et des différents actes d’état civil consultés sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Site « MémorialGenWeb »

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à I. Holgado, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives de la ville de Paris.  

23 avril 2021

Verdun 1916, Martial Crémieux témoigne…

Verdun Martial Crémieux

 

Dans le cadre d’un vaste projet d’écriture concernant un imposant volume de plus de 500 pages dédié aux batailles de Verdun, Martial Crémieux prend la plume pour évoquer ce qu’il a vécu durant son séjour dans la Meuse. Comme des centaines d’anciens combattants qui se sont attelés à la même tâche, il adresse le tout à Jacques Péricard, auteur du livre qui sera publié pour la première fois en 1933.

 

Jacques Péricard utilisera une partie du témoignage rédigé par Martial Crémieux. Ce passage se trouve à la page 353 de l’ouvrage.

 

Le soldat Crémieux est affecté au 149e R.I. le 31 décembre 1915. Il rejoint les rangs de la 1ère compagnie. Deux mois plus tard, il est à Verdun.

 

Son écrit est très précis. Il raconte des scènes de bombardement dignes de l’apocalypse. La mort rôde partout. La souffrance et la peur accompagnent chaque homme dans son quotidien. Lorsque c’est possible, l’entraide est de rigueur pour tenter de sauver la vie des camarades au péril de la sienne.

 

Martial Crémieux évoque la fin de son chef de section. Le sous-lieutenant Gaston Brosse meurt dans des conditions horribles malgré les risques pris par plusieurs de ses hommes pour l’emmener au poste de secours.

 

L’original de ce témoignage se trouve actuellement aux archives départementales de la Somme. Nicolas Bernard a fait don du fonds Péricard en 2018.

 

Bois des Hospices à l’entrée de la route qui descend du Faubourg Pavé 

 

Ce que j'ai vu le 7 mars au bois des Hospices. Le 1er bataillon du 149e R.I. se trouve en réserve à 17 h 00. Le bois est garni d’arbres de fortes dimensions. Le capitaine nous dit : « Creusez-vous des trous individuels, nous ignorons le temps que nous resterons ici ». Les obus tombent principalement vers la route. Défense de se déséquiper, simplement poser le sac à terre. Les uns mangent, les autres travaillent ou fument.

 

Le tir de l’artillerie boche change. Les obus commencent à tomber dans le secteur du bataillon. À chaque instant, on entend de grands fracas. Ce sont des arbres de grandes dimensions qui s’abattent et qui écrasent des escouades entières. On se précipite pour sauver les camarades ensevelis sous les branches.

 

La nuit est venue, ce ne sont que des appels au secours. Les arbres tombent sans arrêt. Coïncidence terrible, l’artillerie boche redouble son tir. Elle cherche la route pour empêcher le ravitaillement. Le fracas est infernal. Les blessés écrasés par les arbres sont nombreux. Mon trou est fini de creuser et je finis la nuit, côte à côte avec un camarade. Le lendemain après-midi, vers 17 h 00, nous quittons ce secteur.

 

La compagnie longe le bois des Hospices en colonne d’escouade par deux. Tout le long du chemin, nous rencontrons des petits bouts de tranchées. Vers 17 h 30, nous commençons à recevoir des obus toxiques. Nous ralentissons notre marche. Tout le monde a son mouchoir ou son masque sur la bouche.

 

Le lieutenant nous fait arrêter dans des petits bouts de tranchées. L’air devient irrespirable. À ce moment, une rafale de 210 (des percutants) éclate en plein dans la section. Le lieutenant s’abat, criblé d’éclats sur tout le corps. En compagnie de camarades, nous le mettons dans une toile de tente. Pendant que nous le transportons en courant au poste de secours, il a des soubresauts terribles.

 

Nous regagnons notre compagnie où nous attend un spectacle horrible. Un camarade est décapité. D’autres sont tués ou grièvement blessés. La section est durement éprouvée. Les obus tombent partout.

 

On nous donne l’ordre de traverser la route (côté gauche) pour prendre notre secteur (droite du tunnel de Tavannes). Je choisis un trou face à la route où un camarade me rejoint. Il fait presque nuit. Les autres sections se mettent dans des trous par trois ou quatre.

 

J’enlève mon sac. Par-dessus, je mets ma peau de mouton et de la terre et je m’allonge de tout mon long, ainsi que mon camarade. Au même instant, quatre 210 éclatent pour la deuxième fois en moins de vingt minutes, en plein dans la section. Un éclair, un feu brûlant, je suis happé par une déflagration formidable. Je retombe lourdement dans mon trou où une avalanche de branches et de terre s’abat sur moi. Je ne suis pas blessé, ni mon camarade, mais j’ai mal dans les reins. J’étouffe, je crie, on vient à mon secours, on nous délivre. La section est presque anéantie.

 

Devant mon trou individuel, l’emplacement des quatre obus éclatés. Mon sac et ma peau de mouton sont comme une passoire. Six camarades devant moi sont décapités. Un autre tient son œil pendant dans la main. Les autres, grièvement blessés, crient au secours.

 

Nous courons de l’un à l’autre pour les aider et chercher les brancardiers. Le sergent rassemble les rescapés et nous dit de descendre plus bas dans le bois.

 

En compagnie de mon camarade, je trouve un trou recouvert de branchage qui forme cagna. Nous nous installons pour terminer la nuit. Mais auparavant, nous voulons approfondir notre trou, pour mieux nous préserver des éclats possibles. Aux alentours, il y a des camarades. Nous leur demandons de nous prêter une pelle-bêche. Personne ne répond. Nous allons vers eux. Ils dorment sûrement. Nous les secouons, toujours rien. Je touche leurs mains, elles sont glacées. Ce sont des cadavres assis. Les uns tiennent la pipe à la bouche, les autres, un morceau de pain. Ils sont une dizaine.

 

Je regagne mon trou en compagnie de mon camarade sans dire un mot.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 7 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte du 7 mars 1916

 

Pour en savoir plus sur la journée du 8 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte du 8 mars 1916

 

Attaque du village de Vaux 1er avril 1916

 

Le 31 mars 1916, le 1er bataillon du 149e R.I. se trouve dans le fort de Souville où nous passons la nuit.

 

Bombardement effroyable par l’artillerie lourde. Des blocs de béton du fort sont projetés en l’air.

 

Le 1er avril 1916, vers 7 h 00, nous quittons le fort pour prendre le secteur du ravin de la Caillette. Nous longeons un boyau éventré. Le soleil brille, pas un coup de canon pendant notre marche. Au bout d’une demi-heure de marche, nous arrivons à destination. Tout le bataillon prend position dans le ravin, à flanc de coteau.

 

La matinée se passe sans coup de canon. L’après-midi, de nombreux avions boches volent dans tous les sens. Le capitaine fait passer l’ordre de se cacher sous les arbres et de ne pas bouger et l’après-midi se passe sans casse. Vers 17 h 00, les cuistots viennent apporter la soupe et les lettres. Le capitaine nous apprend que nous attaquerons le village de Vaux, le lendemain matin, au petit jour. Tout le monde est silencieux et la nuit se passe calme, auprès des arbres, que nous n’avons pas quittés depuis le matin.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 1er avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Journee du 1er avril 1916

 

Le 2 avril, à 5 h 00, le bataillon part. Nous serrons à bloc les autres compagnies. À l’entrée du village, face aux étangs de Vaux, se trouve le cabaret rouge. On nous donne le jus et la gnôle et l’on commence par nous donner le matériel. Un rouleau de barbelé pour deux hommes, une pelle et une pioche de parc. Nous sommes chargés comme des ânes. Le capitaine crie : «  En avant, baïonnette au canon. Nous nous élançons dans le village. Les boches sont surpris, on les voit fuir sur la crête. Notre bataillon attaque le village. Le 1er B.C.P. attaque les tranchées qui se trouvent sur la crête. Les mitrailleuses boches crachent dur. Ils nous lancent des grenades à plus de 60 m de distance. Je suis en nage. Je laisse tomber dans un trou mon rouleau de barbelé. Le village est en ruine. Le terrain couvert de trou d’obus. Nous faisons des bonds très courts, mais très vite.

 

Les chasseurs que nous voyons escalader la crête progressent lentement. Quelle heure est-t-il ? Je n’en sais rien ! Notre progression ralentit.

 

Des dizaines de mitrailleuses tirent sans arrêt. Les boches ont l’avantage, se trouvant sur une crête et nous dans un ravin. Nous devons nous trouver au milieu du village. À ce moment, j’ai l’impression que l’attaque échoue.

 

Nous rampons sur le ventre. Les balles continuent à nous suivre pas à pas. Nos casques servent de cible aux boches. Je le recouvre de boue. De mon trou où je suis, je lève la tête. Je ne vois plus personne. Je prends une cartouche, enlève ma baïonnette qui brille terriblement au soleil et je commence à tirer sur les boches qui sont sur le parapet. Les heures s’écoulent, nous sommes toujours au même endroit.

 

L’après-midi arrive. L’artillerie boche bombarde l’entrée du village pour empêcher les renforts de monter. Je change de place, les éclats arrivant jusqu’à moi.

 

Je tombe dans un trou où il y a quatre camarades, dont un caporal. Un des camarades est grièvement blessé au bras. J’aperçois un trou énorme au bras gauche, à la hauteur du biceps. Personne ne s’occupe de lui. Je coupe la manche de sa capote et de sa vareuse et lui fais un pansement. Le sang coule toujours à flot. Ayant peur qu’il meure d’épuisement, je lui fais un garrot avec deux fusils et je serre fortement avec son pansement pour arrêter l’hémorragie. Il reste étendu, attendant la nuit dans ce trou, parmi nous. Il est là depuis 8 h 00.

 

Vers 15 h 00, les boches contre-attaquent en masse. Nos mitrailleuses qui se trouvent à 100 m derrière nous entrent en action. De notre trou, nous tirons dans le tas. Je remets ma baïonnette au canon.

 

La moitié au moins de mon bataillon a été tuée ou blessée.

 

Nous sommes allongés de toute notre longueur dans un trou rempli de vase. Les boches arrivent au pas de gymnastique sur nous. Nous ne bougeons plus. Ils passent… Ils nous ont cru morts. Les derniers boches passés, je lève la tête. Je vois un grand gaillard qui se déséquipe avec rapidité et qui me crie « camarade franzouse prisonnière » ce qui signifie qu’il se rend à nous. Je lui fais signe de se coucher parmi nous. Il obéit. J’attends que les boches regagnent leurs tranchées amies ; ils ne remontent pas tous. Quelques-uns restent en sentinelles en bas de la crête. Notre boche prisonnier a peur d’être repris par les siens. Il veut partir. À ses risques et périls, je le laisse aller dans nos lignes. Nous le suivons des yeux. Nos mitrailleuses se sont tues, mais les leurs tirent toujours.

 

Nous attendons la nuit avec impatience, car maintenant, nous avons deux blessés parmi nous.

 

Enfin, nous voyons arriver, en rampant, un sergent d’une autre compagnie. Il rassemble dans un trou d’obus tous les rescapés. Nous sommes une dizaine. Nous commençons immédiatement à creuser un bout de tranchée.

 

Deux hommes se mettent en sentinelle pour nous couvrir. Le mot de passe est « Y’à bon ». La nuit se passe assez calme. On entend de nombreux blessés crier : « Au secours les brancardiers». Nous ne pouvons nous déranger car il faut travailler dur. Je suis rompu de fatigue. J’aperçois des ombres qui rampent, ce sont les brancardiers boches qui ramassent les blessés. Nous ne tirons pas. Des fusées s’élèvent. J’aperçois de nombreux cadavres. Notre tranchée s’avance.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 2  avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte du 2 avril 1916

 

Vers 23 h 00, on vient nous chercher pour nous conduire à l’entrée du village où nous passerons toute la journée du lendemain, dans une tranchée à peine creusée. Les rescapés des autres compagnies sont là. La matinée et l’après-midi, nous recommençons à subir le bombardement. Vers 16 h 00,  nous sommes relevés définitivement pour descendre à Verdun.

 

Martial Crémieux

 

253 rue Saint-Denis Paris 2e arrondissement

 

Pour en savoir plus sur le sous-lieutenant Gaston Brosse il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Sous-lieutenant Gaston Brosse

 

Sources :

 

Témoignage inédit rédigé par Martial Crémieux. Archives départementales de la Somme. Fonds Péricard. Cote 179 J 78.

 

Archives departementales de la Somme

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier, à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski et aux archives départementales de la Somme.

21 avril 2017

Un musicien brancardier du 149e R.I. au cœur de la bataille de Verdun.

Louis_Cretin

Le soldat Louis Cretin, musicien brancardier à la C.H.R. du 149e R.I. depuis le début du conflit, évoque, dans son témoignage, ce qu’il a vécu lors de son passage à Verdun.

Pour lire ce qu’il a écrit sur le sujet, il suffit de cliquer une fois  sur l’image suivante.

La_bouffarde_de_M_sieur_Drouot_

Il raconte également l’après Verdun. Un certain relâchement avec la discipline laisse imaginer la dureté du vécu de ces hommes durant les jours passés en 1ère ligne.

Pour lire ce qu’il dit sur ces évènements, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

149e_R

Un grand merci à M. Bordes, D. Browarsky, A. Carobbi, A Chaupin et à T. Cornet., ainsi qu’à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

14 avril 2017

Albert Marquand… Souffrances à Verdun.

Albert_Marquand

Un chaleureux merci à F. Barbe qui nous offre ici la possibilité de lire un large extrait d’une des lettres rédigées par le caporal Albert Marquand de la 12e compagnie du 149e R.I..

Mars 1916, Albert Marquand s’apprête à rejoindre une compagnie du 149e R.I..

Il est à la 32e compagnie du 55e R.I. depuis janvier 1916, une unité qui cantonne dans la petite commune ardéchoise de Bourg-Saint-Andéol, lorsqu’il apprend qu’il va devoir repartir dans la zone des combats.

Le 17 mars, il quitte cette compagnie avec 4 sergents, 8 caporaux et 40 soldats.

Bourg_Saint_Andeol

Tous ces hommes ont reçu l’ordre de se rendre au dépôt régimentaire de Pont-Saint-Esprit pour y être « habillé de neuf ». Une fois équipés, ils devront rejoindre le dépôt du 58e R.I.. Ils arrivent à Avignon le 18 mars. Le départ pour le secteur du front est prévu quatre jours plus tard. Cinq cents hommes quittent la caserne Chabran, dans la soirée du 22 mars, pour se rendre à la gare de la préfecture vauclusienne, direction de Verdun…

Albert Marquand arrive à destination le 26 mars 1916. Il est aussitôt affecté à la 10e escouade de la 12e compagnie du 149e R.I..

12e_compagnie_du_149e_R

Il apprend que le régiment a été fortement éprouvé au cours d’un premier passage en première ligne. Les renforts en provenance d’Avignon servent à combler les pertes du régiment. Albert peut encore bénéficier de quelques jours de répit avant de subir de près les bombardements allemands.

Sa compagnie, sous les ordres du capitaine Chauffenne, quitte Dugny dans la nuit du 29 au 30 mars pour se rendre à Belrupt. Albert Marquand s'apprête à monter en 1ère ligne dans la nuit du 30 au 31 mars 1916.

Carte_1_albert_Marquand

Legende_carte_1_Albert_Marquand

Il passe plusieurs jours près du fort de Vaux dans une zone particulièrement exposée aux bombardements.

Le 2 avril 1916, le caporal Marquand est à l’abri, en « relative sécurité », sous le tunnel de Tavannes.

Voulant rassurer les siens, il écrit une petite carte-lettre dans « un style télégraphique ».

« Bien reçu votre lettre et vos journaux. Sommes sous un tunnel de chemin de fer depuis deux jours. Venons de passer 6 jours en première ligne. Nous avions souffrances effroyables, bombardement terrible. Pas mangé depuis 48 heures. Pour boire, nous sucions les gouttes qui filtraient au-dessus du fort. Compagnie bien réduite, sommes dégoûtants, éreintés. On ne trouve rien à acheter. Je suis encore sous l’effet du bombardement, abruti… »

Le 10 avril, le caporal Marquand est de nouveau à Dugny. Il dispose d’un peu plus de temps pour écrire. Il raconte ses journées de souffrances dans le secteur du fort de Vaux dans une lettre adressée à la famille.

« Mes biens chers,

… Je vais vous raconter à présent mes pérégrinations si ça peut vous intéresser ! Nous sommes montés en ligne le 30 mars à 21 h 00 et nous en sommes descendus le 9 avril au matin. Ce qui fait 10 jours et 11 nuits. Dans ce laps de temps, j’ai plus souffert que dans tout mon séjour sur le front. D’abord pour faire la relève, nous avons fait au moins 15 km, dont trois à proximité des Allemands. Nous sommes arrivés à 1 h 00 après avoir perdu quelques hommes, car ça crachait !!! Notre place se trouve à 20 mètres devant le fossé du fort de Vaux.

Nous nous sommes immédiatement couchés dans la tranchée qui était démolie par les obus. Les Allemands ont commencé un bombardement infernal qui a duré 2 jours et 2 nuits avec obus de 210 et 320. Nous sommes restés accrochés là 80 heures, attendant la mort à chaque instant. Mon escouade a été enterrée 2 fois. J’ai eu deux tués et cinq blessés. Moi-même, j’ai reçu un éclat à la cuisse qui me faisait souffrir, mais sans gravité. Les Allemands envoyaient des obus lacrymogènes qui faisaient bien souffrir. Inutile de parler de manger, ni de boire, les cuistots ne venaient pas avec ce train d’enfer, ce qui fait que nous avons eu cependant des pommes de terre en salade, un bout de bœuf froid et un quart de café froid dans la nuit du 3e jour. Et cela a été comme ça, jusqu’à la relève. On avait à manger et à boire une fois par 24 heures, à minuit. C’est de la soif que nous avons souffert, nous avons été jusqu’à sucer les gouttelettes qui suintaient au mur du fort, lorsqu’on était en réserve.

J’ai été faire 2 patrouilles en avant vers 2 h 00 et il n’est rien arrivé de fâcheux. Lorsque nous avons été relevés, il fallait faire 300 m au pas de course sur un terrain couvert de cadavres et battu par les obus. Au bout de 50 m, mes jambes ont fléchi, j’ai trébuché et je me suis allongé à côté d’un cadavre pour reprendre haleine. Si un obus était tombé à ce moment-là, j’étais fait ! Puis je suis reparti en trébuchant, comme ivre, la tête lourde !… »

Albert Marquand fait savoir, à la fin de sa lettre, qu’il reste une soixantaine d’hommes valides sur 120 à la 10e compagnie du 149e R.I. lorsque celle-ci a rejoint Dugny le 9 avril 1916.

Pour en savoir plus sur Albert Marquand, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

Albert_Marquand

Pour lire l’analyse d’Arnaud Carobbi de l’ouvrage « Et le temps, à nous, est compté », il faut cliquer une fois sur l’image suivante.

Site_Arnaud_Carobbi

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

« Et le temps,à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

7 avril 2017

Une citation à l’ordre de l’armée pour la section du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie.

Section_Daufresne_de_la_Chevalerie

Le 149e R.I. n’obtient pas de citation à l’ordre de l’armée pour son engagement dans le secteur de Verdun. Seules les 4 compagnies du 1er bataillon du régiment ont été véritablement sollicitées durant les combats en 1ère ligne.

Les 1ère et 4e compagnies ont lancé une attaque le 9 mars 1916 sur la partie du village de Vaux-devant-Damloup occupée par les Allemands.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_journee_du_9_mars_1916_2

Le 1er bataillon du 149e R.I. a tenté, le 2 avril 1916, de reprendre ce village qui avait été perdu quelques jours auparavant.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_2_journee_du_2_avril_1916

Une section du régiment a été récompensée. Le général qui commande la 2e armée cite à l’ordre de l’armée la 1ère section de la 1ère compagnie du 149e R.I..

Le  9 mars 1916, la 1ère compagnie du 149e R.I. enlève aux Allemands une partie du village de Vaux-devant-Damloup qu’ils occupent. Cette compagnie parvient à conserver cette zone.

Le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André évoque l'événement dans son témoignage :

« La section de la Chevalerie que je suis progresse rapidement. Elle saute sur le village, bouscule les Allemands et les refoule jusqu’au moulin où elle s’est arrêtée. »

La 1ère section de cette compagnie, qui s’est distinguée d’une manière particulière, est citée à l’ordre de l’armée suite à ce fait d’armes, dans les termes suivants :

« Brillamment enlevée par son chef (sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie), est entrée, le 9 mars 1916, dans un village occupé par les Allemands, a chassé ces derniers des maisons qu’ils occupaient et a coopéré efficacement au rétablissement de la situation dans cette partie du secteur. Par son attitude ultérieure, a interdit à l’ennemi toute progression. Est allée chercher sous le feu et a rapporté, dans nos lignes, 52 caisses de grenades abandonnées en terrain découvert. A perdu le 5e de son effectif. »

Le capitaine de Chomereau de Saint-André, responsable de la 1ère compagnie durant l’attaque, certifie que les soldats de la 1ère section nommés dans le tableau suivant étaient bien tous présents ce jour-là.

Compostion_de_la_section_du_sous_lieutenant_Daufresne_de_la_Chevalerie

Le 19 mai 1916, le général Gouraud, qui commande la IVe armée, passe en revue de détachements les 6e et 21e C.A..

Le 10e B.C.P. et le 1er bataillon du 149e R.I. sont conviés à participer à cet évènement qui doit avoir lieu à 2,5 km au sud de la gare de Suippes. Le fanion de la 1ère section de la 1ère compagnie et le capitaine de Chomereau de Saint-André sont décorés pour leurs actions menées dans le secteur de Verdun. À cette occasion, plusieurs autres décorations sont remises par le général Gouraud.

Decoration du capitaine de Chomereau de Saint-Andre

Sources :

Historique du 149e R.I..

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

Témoignage du capitaine de Chomereau de Saint-André visible sur le blog du 149e R.I..

Informations qui proviennent des archives personnelles de T. de Chomereau.

Le site de la C.I.C.R. a été consulté pour confirmer la captivité des soldats qui sont inscrits dans le tableau et qui ont pu être retrouvés  

La photographie du fanion de la 1ère section de la 1ère compagnie du 149e R.I. qui se trouve sur le montage a été réalisée par T. de Chomereau.

Le cliché représentant le capitaine de Chomereau est la propriété de la famille.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi,  à T. de Chomereau, à M. Porcher, au C.I.C.R. et au S.H.D. de Vincennes.

24 mars 2017

Somme-Vesle, Poix (du 15 avril 1916 au 18 avril 1916).

                 Gare_de_Chalons_sur_Marne

Après un séjour éprouvant à Verdun, le 149e R.I. et toute la division sont envoyés dans un secteur calme, à l'arrière, pour être reconstitués. Mais avant d'atteindre la zone où les effectifs seront complétés et entraînés, il y aura une longue marche à effectuer pour rejoindre les nouveaux cantonnements. 

15 avril 1916 (suite)

Les bataillons du 149e R.I. ont embarqué dans des wagons à bestiaux à la gare de Nançois-Tronville, pour prendre la direction de Châlons-sur-Marne dans la matinée.

L’analyse d’une lettre rédigée par le caporal Marquand, ainsi que la lecture d’un court passage du témoignage laissé par le mitrailleur Paul Portier permettent de se faire une idée de ce qui s’est passé durant cette partie de la journée pour une partie des éléments du 149e R.I..

Le premier écrit :

« … Débarqués à Châlons, nous avons traversé toute la ville où les habitants nous regardaient avec des airs apitoyés et nous donnaient des oranges et des cigarettes. Châlons a l’air d’une ville très bien. Bref, ce soir-là, nous sommes allés cantonner à Sarry, à 9 km de là… »

Le second raconte :

« Le 15 avril, après quelques jours de repos à Savonnières, nous avons embarqué en chemin de fer à Nançois-Tronville. Nous venons ainsi de quitter le secteur de Verdun. Le même jour, nous débarquons à Châlons-sur-Marne et cantonnons la nuit à Sarry. »

Le J.M.O. de la 85e brigade nous fait savoir que l’état-major de la  brigade est installé, dans la soirée du 15 avril, à Somme-Vesle avec les 1er et 2e bataillons du 149e R.I..

16 avril 1916

Le 3e bataillon du 149e R.I. et la 1ère compagnie de mitrailleuses du capitaine Vial, qui ont pris la veille leurs quartiers dans le petit village de Sarry, s'apprêtent à partir en début de matinée. Ils prennent la direction de Somme-Vesle.

Les observations fournies par Paul Portier et par Albert Marquand permettent de suivre le parcours effectué par ces éléments du 149e R.I. durant cette journée.

Paul Portier écrit :

« Le 16, nous faisons mouvement sur Somme-Vesle par l’Épine, Courtisols, Saint-Julien… »

Albert Marquand relate la situation :

« Départ à 9 h 00, il fait beau temps. Étape pénible, beaucoup de boue. Bref, nous avons fait 24 km et nous sommes arrivés à 16 h 00 à Poix… C’est un patelin de 131 habitants où on ne trouve que de la bière et du vin… »

17 avril 1916

Les unités de la 85e brigade sont regroupées de la manière suivante dans la soirée du 17 avril :

Les 1er et 2e bataillons du 149e R.I. cantonnent à Somme-Vesle. Le 3e bataillon du régiment a installé ses compagnies dans le village de Poix.

Le 3e B.C.P. a pris ses quartiers dans le village de Moivre. Les chasseurs du 10e B.C.P. sont à Le Fresne.

Carte_1_journee_du_17_avril_1916

18 avril 1916

Le lieutenant-colonel Gothié reprend le commandement du 149e R.I. Cet officier connait bien le régiment puisqu'il l'a commandé durant toute l’année 1915. Il en avait été éloigné après avoir été blessé au début du mois de janvier 1916, au cours d’une mission de reconnaissance, en première ligne, dans le secteur du bois en Hache en Artois.

Pour en savoir plus sur le lieutenant-colonel Gothié, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

Lieutenant_Colonel__Frederic_Gothie

 « Ordre du régiment n° 79

 En reprenant le commandement du régiment, le lieutenant-colonel tient à exprimer à tous officiers, sous-officiers, caporaux et soldats, la joie et la fierté qu’il éprouve de se retrouver parmi eux après les évènements de Verdun, où le régiment s’est montré à la hauteur des belles traditions du passé.

Il continuera à les suivre à l’avenir et chacun aura à cœur de se dépenser sans compter pour arriver au triomphe final et définitif de la belle cause que nous défendons. Vive la France ! P.C. le 18 avril 1916 Lieutenant-colonel Gothié »

Le caporal Clovis Richardet de la 3e C.M. et le soldat Marius Lamberti de la 9e compagnie seront punis au cours de cette période.

Le premier avec le motif suivant « Est rentré ivre au cantonnement à 21 h 40 »

Le second avec celui-ci :« S’est enivré et a causé du scandale au moment du départ du cantonnement »

Ces deux punitions seront changées en 12 jours de prison par le lieutenant-colonel Gothié.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach ; c’est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Témoignage du mitrailleur Paul Portier, consultable sur le blog du 149e R.I..

Documents provenant de la collection personnelle du petit-fils du lieutenant-colonel Gothié.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Barbe, à A. Carobbi, à D. Gothié, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

10 mars 2017

Savonnières-devant-Bar (du 12 avril 1916 au 15 avril 1916).

Savonni_res_devant_Bar_du_12_au_15_avril_1916

12 avril 1916

Les hommes, éreintés par les évènements des semaines précédentes, peuvent enfin prétendre à un repos bien mérité. Ils sont maintenant loin de la zone des combats.

Le caporal Albert Marquand, dans une de ses lettres adressées à sa famille, écrit ceci :

« Nous sommes bien arrivés au repos ainsi que je vous l’avais écrit, après avoir fait 8 km à pieds et 60 en auto. Nous sommes à Savonnières près de Bar-le-Duc.

Et on parle de nous reporter plus loin. Ici, c’est la vie et on trouve de tout… »

Les tensions, les angoisses, les peurs, la fatigue générale marquent encore profondément les visages des soldats. Très rapidement, des débordements liés à l'alcool apparaissent.

Plusieurs hommes du 149e R.I. subissent des sanctions disciplinaires au cours de cette période : parmi eux, les soldats Rachel Brocher et André Louis Boban de la 4e compagnie.

Ces deux hommes sont punis de 8 jours de prison par ordre du lieutenant Canon.

Le premier avec le motif suivant « A quitté le cantonnement le 13 après-midi, s’est rendu à Bar-le-Duc sans autorisation et n’est rentré que le lendemain à 8 h 00. »

Le second avec celui-ci :« A quitté le cantonnement après l’appel du soir et a été rencontré dans les rues en état d’ivresse à 21 h 00. »

Ces deux punitions seront changées en 15 jours de prison par le lieutenant-colonel Gothié,qui reprendra le commandement du 149e R.I. quelques jours plus tard.

Le musicien-brancardier Louis Cretin évoque cette situation dans son témoignage.

« Pendant les premiers jours de notre repos à Savonnières, les hommes étaient comme fous. Ce fut la noce après le carnage. Les officiers eurent de la peine à reprendre de l’autorité et à faire régner de nouveau la discipline ».

Savonni_res_devant_Bar__Meuse_

Il ne faut donc pas laisser la troupe dans l’oisiveté !

Le général Antoine Baucheron de Boissoudy, responsable de la 43e D.I., rédige la note suivante :

« Au cours de la période de repos et de reconstitution qui commence actuellement, tous les efforts devront tendre à remettre les unités dans le bel état physique et moral que toutes possédaient au moment où nous avons quitté la région du nord.

Il y a là un effort sérieux à accomplir, qui ne peut-être obtenu que progressivement au fur et à mesure de l’arrivée de renforts, de l’arrivée ou de la nomination de nouveaux cadres.

Pour le moment, il s’agit surtout d’une sorte de détente à procurer à la troupe, après les journées passées dans le secteur de Vaux.

Cette détente ne doit pas consister à laisser les hommes dans l’inaction, dont les effets ne sauraient être que fâcheux. Il ne peut être question, d’autre part, de reprendre immédiatement les exercices. L’activité et l’ingéniosité de tous les officiers, en particulier les chefs de corps, devront être guidées par les directives suivantes : 

  1. Remettre de l’ordre dans les unités. Il faut les recompléter au point de vue matériel (habillement, équipement, vivres, mitrailleuses, spécialités, etc.)

  2. Faire prendre à tous les soins de propreté corporelle, négligés depuis plus d’un mois, faire couper les cheveux à la tondeuse.

  3. Faire laver le linge, les effets de toile, etc.

  4. Organiser des séances de jeux, des séances récréatives.

  5. Par les belles journées, organiser de petites marches, plutôt des promenades, sans sacs, au cours desquelles on s’arrête en des endroits ensoleillés pour permettre aux hommes de se reposer agréablement.

 Il importe, en outre, que les officiers, et surtout les commandants de compagnie, aient de fréquents entretiens, des causeries avec leurs hommes destinées à surexciter leur moral. Les journées de Verdun sont pleines d’enseignements et d’espoir. Il ne faut pas oublier que dans les durs combats que nous menons, l’énergie morale a encore plus d’importance que la force physique. Enfin, les ressources de la région doivent permettre une amélioration de l’alimentation que rendront plus facile les économies réalisées dans la région de Verdun. 

En résumé, il faut détendre les hommes, ne pas les laisser inactifs, les mettre dans les meilleures conditions d’hygiène physique et morale. C’est le premier but à poursuivre dès à présent.

 Le général compte sur le dévouement de chaque officier de sa belle division pour l’aider dans cette tâche. »

 D’après Louis Cretin, il est inutile de dire que toutes ces consignes auront bien du mal à se mettre en place et qu’elles ne seront pas toujours bien respectées pour quelques-uns !

 13 avril 1916

 Le commandant Schalck, responsable du 2e bataillon du 149e R.I.,  doit se rendre à Montplonne pour venir y présider un conseil de guerre concernant un chasseur du 10e B.C.P.. La sentence tombe très rapidement, Paul Tisserand est condamné à mort en début d’après-midi. Il sera fusillé le lendemain.

14 avril 1916

La 43e D.I. effectue une prise d’armes. Des renforts sont semble-t-il déjà arrivés et ont fait remonter les effectifs.

Prise_d_armes_43e_D

Un nouveau soldat du 149e R.I. est épinglé pour état d’ivresse.

Paul Vouriot de la 4e compagnie, conducteur détaché au T.R., est puni de 8 jours de prison par ordre de l’officier d’approvisionnement, le lieutenant Rouganne,  avec le motif suivant « S’est absenté du cantonnement pendant la soirée du 14 avril, s’est enivré et a manqué au départ du T.R., a rejoint le détachement le 15 au matin. ».

Cette sanction sera portée à 15 jours de prison par ordre du lieutenant-colonel, commandant le régiment, quelques jours plus tard. Ce soldat sera également relevé de son poste de conducteur.

15 avril 1916

Le 149e R.I. quitte les cantonnements de Savonnières-devant-Bar et des fermes Vadinsaux et Beauregard.

Toutes les unités de la 43e D.I. doivent se rendre à la gare de Nançois-Tronville pour embarquer dans les trains qui les mèneront à Châlons-sur-Marne.

Le caporal Marquand évoque cette journée dans un de ses courriers :

« … Partis à 1 h 00, nous avons fait 16 km en suivant le canal de la Marne au Rhin et nous avons embarqué en chemin de fer à 7 h 00… »

Carte_1_journee_du_15_avril_1916

Legende__carte_1_journee_du_15_avril_1916

Un soldat du 149e R.I. ratera l’horaire ! Marie Émile Bégard, de la 4e compagnie, est puni de 8 jours de prison par ordre du capitaine commandant la compagnie, avec le motif suivant « À Savonnières, étant pris de boisson, a  manqué à l'embarquement du bataillon et n’est rentré que le surlendemain à 18 h 00. »

Cette sanction sera également portée, quelques jours plus tard, à 15 jours de prison par ordre du lieutenant-colonel commandant le régiment.

Ainsi s'achève le seul passage du 149e R.I. dans la fournaise de Verdun. La nouvelle page qui s'ouvre pour le régiment va lui permettre de tenir un secteur plus calme avant une nouvelle participation à une grande bataille.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N ….

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Témoignage du musicien brancardier Louis Cretin, consultable sur le blog du 149e R.I..

Le bonnet de police qui se trouve sur le montage est du modèle 1915, le numéro du régiment n’est pas réglementaire, mais il reste crédible pour un sous-officier (chiffres métalliques).

Excepté le bonnet de police, l’équipement de fantassin fait partie de la collection d’O. Gérardin.

Documents provenant de la collection personnelle du petit-fils du lieutenant-colonel Gothié.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Barbe, à A. Carobbi, à O. Gérardin, à D. Gothié, à J. Huret, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

24 février 2017

11 avril 1916.

11_avril_1916

Le 149e R.I. et les autres unités de la division se préparent à quitter définitivement le secteur de Verdun.

Le 5e bataillon du 306e R.I. relève le 3e B.C.P. dans la matinée. Il n’y a plus aucune unité de la 43e D.I. en 1ère ligne.

Les chasseurs de la 85e brigade et les trois bataillons du 149e R.I. se rendent à la Queue de Mala pour embarquer dans les camions. Un peu tiraillés par l’angoisse, les hommes espèrent ne pas renouveler l’expérience de la veille. Revenir une seconde fois en arrière, serait vraiment difficile à supporter. Mais, cette fois-ci tout se passe comme prévu, ils montent dans les véhicules pour prendre la direction de Bar-le-Duc.

Le mitrailleur Paul Portier raconte cette journée dans son témoignage :

« Enfin, le 11, nous quittons de nouveau Dugny pour aller embarquer sur la route de Verdun à Bar-le-Duc. Cette fois-ci, le régiment ne fait  pas demi-tour. »

Le caporal Albert Marquand l’évoque également dans une de ses lettres datant du 17 avril 1916.

« … Partis à 13 h 00 de Landrecourt, nous nous sommes appuyés 8 km par pluie battante pour aller nous embarquer dans les autos camions (22 par voiture) qui nous ont amenés à Savonnières où nous sommes restés 2 jours »

Deux bataillons et les compagnies de mitrailleuses du 149e R.I. s'installent à Savonnières-devant-Bar au sud-est de Bar-le-Duc avec l’E.M. de la brigade. Le bataillon restant du régiment envoie deux de ses compagnies à la ferme Vadinsaux et les deux autres à la ferme Beauregard.

Le 3e B.C.P. prend ses quartiers dans le village de Montplonne tandis que le 10e B.C.P. cantonne à Bazincourt.

Carte_1_journee_du_11_avril_1916

Legende_carte_1_journee_du_11_avril_1916

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 306e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 745/17.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

« Et le temps à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011

Le témoignage inédit du soldat du 149e R.I. provient de ma collection personnelle.

La photographie de la Queue de Mala a été réalisée par F. Radet.

L’équipement de fantassin fait partie de la collection d’O. Gérardin.

Le véhicule figurant sur  le montage, et toujours en état de fonctionnement, appartient à D. Bleunven.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Barbe,  à A. Carobbi, à D. Bleunven, à O. Gérardin, à A. Orrière, à M. Porcher, à F. Radet, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

10 février 2017

10 avril 1916.

10_avril_1916

Les derniers éléments du 149e R.I. ont quitté la 1ère ligne dans la soirée du 9 avril. Des retardataires arrivent encore à Dugny au petit jour.

Le 6e bataillon du 323e R.I. est remplacé par le 1er bataillon du 28e R.I. dans la nuit du 9 aux 10 avril 1916.

Le 3e B.C.P., qui est la dernière des unités de la 43e D.I. à rester dans un secteur exposé, ne sera relevé que le 11 avril.

Carte_1_journee_du_10_avril_1916

Legende_carte_1_journee_du_10_avril_1916

Les soldats du 149e R.I. cantonnent une partie à Landrecourt, une partie à Dugny. Ces hommes ne savent absolument pas ce qui les attend dans les heures à venir.

Ils sont censés quitter définitivement le secteur de Verdun, mais la situation sur le front est telle qu’ils peuvent, à tout moment, retourner en 1ère ligne.

Le mitrailleur Paul Portier raconte cette situation inconfortable dans ses écrits :

« Le régiment dont les rangs sont clairsemés se rend sur la route entre Lempire et Nixeville pour embarquer. Mais au dernier moment, nous recevons l’ordre verbal de rejoindre nos cantonnements de Dugny-Landrecourt. Sur tout le front s’est déchaîné un bombardement d’une extrême violence et il ne faut pas chercher plus loin la cause de notre non-embarquement aujourd’hui. »

Le commandant Magagnosc assure toujours l'intérim à la tête du 149e R.I..

Carte_2_journee_du_10_avril_1916

Le 3e bataillon, qui était commandé par le capitaine de Chomereau de Saint-André lorsqu’il était dans le secteur du fort de Vaux, se trouve maintenant sous les ordres du commandant Fernagu (la date exacte de la prise de commandement de ce bataillon par cet officier n’est pas connue). 

Sources :

J.M.O. de la 5e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 268/9.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 11e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N498/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le fond de carte,qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs de la 5e D.I., de la 11e brigade, du 3e B.C.P et du 332e R.I., provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Plan_Gaston_de_Chomereau_de_Saint_Andre

Les portraits des hommes présents sur le montage représentent les officiers qui ont commandé les 4 compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. en avril 1916. Les noms de ces responsables de compagnie ont pu être identifiés, grâce à un plan dessiné par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André. De gauche à droite se trouvent le capitaine Joseph Delung (9e compagnie), le capitaine Joseph Chauffenne (12e compagnie) le lieutenant Gabriel Gérard (10e compagnie) et le lieutenant Louis Foucher (11e compagnie).

 Une liste nominative des officiers de corps du 149e R.I. datant du 18 avril 1916, dont la copie m’a été envoyée par le petit-fils du lieutenant-colonel Gothié, confirme ces noms.

 Le portrait du capitaine Delung a été envoyé par la famille descendante de cet officier.

Le portrait du capitaine Louis Foucher provient d’une photographie de groupe, qui fait partie du fond Paul Douchez consultable au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Les portraits du capitaine Gérard et du capitaine Chauffenne font partie de ma collection personnelle.

Un grand merci à M. Bordes, J. Étienne, à A. Carobbi, à D. Gothié,à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 828 705
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.