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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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25 novembre 2022

Jean Pierre Hippolyte Lerouge (1870-1939)

Jean Pierre Lerouge

 

Jean Pierre Hippolyte Lerouge est né le 5 avril 1870 à Saint-Menges, dans le département des Ardennes.

 

Son père, Alfred, 31 ans, travaille comme tisseur. Sa mère, Antoinette Rosalie Roux, mère au foyer, est âgée de 22 ans.

 

Jean Pierre est l’aîné d’une fratrie de 5 enfants composée d’une fille et de quatre garçons.

 

Genealogie famille Lerouge

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait parfaitement lireécrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Jean Pierre a également appris la musique.

 

Il exerce, durant une courte période de sa vie, la profession de clerc d’avoué, avant de se lancer dans une carrière militaire. Âgé de 18 ans, il est obligé d’obtenir l’accord de son père pour signer son premier engagement. Il n’y a pas d’opposition de la part du père.

 

Muni de son autorisation paternelle, le jeune homme se rend à la mairie de Charleville pour souscrire un contrat de 5 ans.

 

Le 25 octobre 1888, il intègre une compagnie du 14e R.I., une unité qui tient garnison à Brive, dans le département de la Corrèze. La raison pour laquelle il a choisi un régiment aussi éloigné de son village natal reste inconnue.

 

Le 29 décembre, Jean Pierre fait partie intégrante du groupe de musiciens de la section hors rang.

 

Le 21 novembre 1889, le chef de musique du régiment lui donne 4 jours de consigne pour une inattention au cours de la répétition.

 

Jean Pierre Lerouge est envoyé en congé le 23 septembre 1891. Il se retire à Saint-Mendes. Le 25 octobre, il se retrouve rattaché à la réserve du régiment stationné à Mézières.

 

Suite à une décision prise par le général commandant le 12e C.A., il réintègre le 14e R.I. le 9 décembre 1891 avec le statut de commissionné.

 

Le 3 mai 1893, Jean Pierre Lerouge se marie avec Marie Coste, une jeune femme originaire de Brive, âgée de 20 ans. Un fils naît de cette union en 1894.

 

Le 10 juillet, il est nommé sous-chef de musique. Ce changement de grade entraîne une mutation au 139e R.I. cantonné à Aurillac.

 

L’adjudant Lerouge signe un nouveau contrat de 5 ans avec prime, le 12 mai 1897. Il retourne dans son ancienne unité pour y seconder le chef de musique.

 

Le 14e R.I. est transféré à Toulouse en 1907. Il remplace le 126e R.I. qui vient occuper la caserne Brune de Brive.

 

Le 13 février 1912, son capitaine inflige à Jean Pierre Lerouge 1 mois de salle de police avec sursis pour avoir présenté un revolver insuffisamment dégraissé. Il est averti, il doit prendre soin de son arme aussi bien que des instruments de musique !

 

L’adjudant Lerouge occupe toujours les fonctions de sous-chef de la musique du 14e R.I., lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. À cette époque, il est sous l’autorité du chef de musique Reynaud.

 

Son unité quitte la caserne Niel, le 6 août. Le régiment participe à des combats en Belgique et sur la Marne. En 1915, il se bat en Champagne, en Artois et en Argonne. En 1916, le 14e R.I. est à Verdun. Quelles que soient les conditions, le sous-chef de musique Lerouge relève les blessés sur le champ de bataille à la tête de ses brancardiers.

 

Il est promu chef de musique de 3e classe par décret du 17 janvier 1917 sur une proposition datant du 31 décembre 1916.

 

Suite à cette promotion, le général commandant en chef décide de le faire affecter au 149e R.I. le 10 février 1917. Le poste de chef de musique de cette unité est resté vacant depuis le départ du capitaine Porte en septembre 1916, l’intérim étant assuré par le sous-chef de musique Drouot.

 

Le lieutenant-colonel Boigues évalue son subordonné peu de temps après son arrivée dans le régiment :

 

« Maintient la musique du 149e R.I. dans une excellente voie tant au point de vue technique qu’au point de vue tenue et discipline. En a fait une unité d’élite aussi bien au cantonnement qu’au travail et au combat. »

 

La photographie suivante a été réalisée à Chézy-sur-Marne, place de la mairie, le 16 avril 1917. L’homme vu de dos au centre des musiciens est peut-être le sous-lieutenant Lerouge.

 

Chezy-sur-Marne - musique du 149e R

 

Le 3 novembre 1917, le successeur du lieutenant-colonel Boigues, le lieutenant-colonel Vivier, ajoute ceci dans le relevé des notes de Jean Pierre Lerouge :

 

« Notes antérieures confirmées, Monsieur Lerouge est un digne serviteur et un excellent chef de musique qui a su faire de la musique du 149e R.I. une unité parfaitement tenue et très disciplinée. »

 

Le 31 décembre 1917,  Jean Pierre Lerouge est nommé chef de musique de 2e classe (J.O. du 26 janvier 1918).

 

Ce changement de grade n’a aucune conséquence concernant sa position au sein du régiment. N’ayant pas de mutation en vue, il préserve son poste de chef de musique au 149e R.I..

 

Le cliché suivant représente probablement une séance de théâtre aux armées. La photographie montre un petit ensemble instrumental dévolu à un accompagnement musical "léger" ou d'appoint. Un homme assis derrière le chef de musique Lerouge tient un violoncelle artisanal fabriqué à partir de caisses (style violoncelle des tranchées). Les personnes montées sur la scène ressemblent plus à des choristes, à des acteurs ou à des intervenants pour sketches qu’à des musiciens.

 

Le chef de musique Lerouge avec une partie de ses musiciens

 

Le 5 mars 1919, le lieutenant-colonel Bourgine écrit : «  Chef de musique d’un dévouement à toute épreuve ayant une très grande autorité sur la musique dont il a fait un élément de premier ordre tant pour l’exécution de la musique  que pour la tenue et la discipline. Modèle de conscience et légendaire dans le régiment à ce point de vue. Des plus méritants. »

 

Une décision ministérielle du 27 septembre 1919. (J.O. du 24 octobre 1919), le fait rester au 149e R.I. avec la mention «  service » au titre de la 1ère garnison. il s'agit là d'un maintien pour service dans une 1ère garnison "après-guerre" (les régiments sont en pleine restructuration, certains vont disparaître. Cette mesure est "transitoire".

 

Le 149e R.I. fait partie des troupes d’occupation de la Rhénanie après la signature du traité de Versailles. Jean Pierre Lerouge est envoyé dans les territoires Rhénans à deux occasions ; une première fois, du 8 avril 1920 au 14 mai 1920, une seconde fois, du 10 mai 1921 au 15 septembre 1921. Il a été photographié avec ses musiciens à Wermelskirchen.

 

La musique du 149e R

 

Le chef de musique Lerouge se retrouve également dans la Ruhr entre le 10 janvier et le 16 novembre 1923.

 

Le 149e R.I. est dissous le 10 novembre 1923. Tous les hommes sont versés dans les autres corps de l’armée française du Rhin.

 

Une décision ministérielle du 24 décembre 1923 (J.O. du 25 décembre 1923) affecte le lieutenant Lerouge au 126e R.I. de Brive à compter du 15 novembre 1923.  

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer sur l’image suivante.

 

 

Il occupe, dans un premier temps, le poste d’adjoint au C.M. (centre de mobilisation) avant de retrouver les fonctions de chef de musique.

 

Le 5 avril 1926, le chef de musique est atteint par la limite d’âge. Admis à faire valoir ses droits à la retraite d’ancienneté de services, il est rayé des contrôles de l’armée active le 5 avril 1926.

 

Le 1er décembre 1928, Jean Pierre Lerouge passe au centre de mobilisation d’infanterie n° 123 suite à la décision ministérielle du 28 novembre 1928 (J.O. du 2 décembre 1928).

 

Non pourvu d’emploi dans les réserves, il est rayé des contrôles à la date du 5 avril 1931 (article 102 de l’instruction du 10 février 1908). C’est le retour à la vie civile.

 

Decorations chef de musique Lerouge

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile de bronze

 

Citation à l’ordre du régiment n° 64 en date du 14 novembre 1918 :

 

« Lors des batailles de Belgique et de la Marne, de Champagne et d’Artois en 1915, a fait preuve d’un dévouement et d’un courage dignes d’éloges en allant à la tête de ses brancardiers, relever les blessés sous les bombardements les plus violents et jusqu’en avant des premières lignes.

 

Comme chef de musique du 149e R.I. s’est distingué par la haute conscience qu’il apporte dans la préparation morale et matérielle de ses brancardiers à leurs dures fonctions et par l’entrain qu’il a contribué à maintenir dans le régiment du fait de son sens musical très averti. »

 

Autres décorations :

 

Médaille militaire par décret du 30 décembre 1912.

 

Légion d’honneur attribuée par arrêté ministériel du 12 juillet 1918 (J.O. du 13 juillet 1918).

 

Jean Pierre Lerouge décède à Brive en 1939 à l’âge de 69 ans.

 

Pour en apprendre davantage sur les commissionnés, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

L’arbre généalogique de la famille Lerouge a été construit à partir de plusieurs arbres consultés sur le site « Généanet ». Il a été complété par différentes sources trouvées sur le site des archives départementales des Ardennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Ardennes.

 

J.M.O. du 149e R.I. (période allant du 24 octobre 1919 au 15 novembre 1923). S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/9.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F. Durand, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales des Ardennes, à  la mairie de Saint-Mendes et à  la mairie de Brive. 

25 novembre 2022

Paul Maurice Porte (1868-1943)

Paul Maurice Porte

 

Paul Maurice Porte voit le jour le 27 octobre 1868 aux Pennes-Mirabeau, une petite commune située dans le département des Bouches-du-Rhône.

 

Son père, Jean Baptiste Léon, 28 ans, travaille comme menuisier. Sa mère, Antoinette Rosalie Roux, mère au foyer, est âgée de 27 ans.

 

Paul est le 5e enfant d’une fratrie composée de 4 filles et de 5 garçons. Deux d’entre eux décèdent au cours de la petite enfance.

 

Paul Porte passe toute sa jeunesse aux Pennes-Mirabeau, rue de la Fontaine.

 

Les Pennes-Mirabeau

 

Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Pour gagner sa vie, l’adolescent apprend le métier de menuisier, probablement dans l’entreprise où son père est employé.

 

L’année de ses 20 ans, Paul Porte est inscrit sur la liste de recrutement de la subdivision d’Aix (n° 829 au registre matricule) avec le billet de tirage n° 47 du canton de Gardanne. Dans le cadre de la loi Cissey du 27 juillet 1872, ce petit numéro lui impose une période de cinq ans sous les drapeaux.

 

Le jeune homme ne souhaite pas passer sa vie à travailler le bois. En octobre 1888, il est en Bretagne dans la région de Vannes. La raison pour laquelle il se trouve dans un département aussi éloigné de son village natal, à l’approche de la conscription, n’est pas connue.

 

Le 27 octobre 1888, Paul se rend à la mairie de la préfecture du Morbihan, place de l’Hôtel de Ville, pour contracter un engagement volontaire. Il choisit de porter l’uniforme durant les cinq années suivantes. 

 

Le jour de ses vingt ans, Paul Porte rejoint la caserne La Bourdonnaye où cantonne le 116e R.I..

 

Le 6 avril 1889, il intègre l’harmonie du régiment. Paul a certainement appris la musique durant ses jeunes années. Malheureusement pour nous, il a été impossible d’identifier l’instrument maîtrisé par ce soldat. 

 

Son statut de musicien lui permet d’être commissionné à compter du 24 septembre 1891. Paul Porte peut rester dans l’armée sans avoir à signer de nouveau contrat durant la période où il se trouve sous ce régime.

 

Pour en apprendre davantage sur les commissionnés, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Paul Porte est nommé sous-chef de musique à compter du 19 août 1895. Cette promotion impose un changement d’affectation. Il est muté au 87e R.I. de Saint-Quentin.

 

Sa position de commissionné prend fin le 6 novembre 1895.  Pour rester dans l’armée, il signe un nouvel engagement de cinq ans avec prime. Celui-ci prend immédiatement effet.

 

Le 27 décembre 1897, Paul Porte épouse Francine Le Chevalier, une Bretonne âgée de 25 ans, originaire de l’Île aux Moines. Cette femme est déjà mère d’une fille et de deux garçons. Paul reconnaît les trois enfants.

 

Genealogie famille Porte

 

Une décision ministérielle du 5 mai 1899 entraîne son affectation à l’école d’artillerie du 2e C.A.. Paul Porte devient sous-chef de la musique du 17e R.A.C.. Il a dû passer un concours de niveau national pour obtenir ce grade.  

 

Le 12 octobre 1900, il signe à nouveau pour une durée de deux ans à compter du 6 novembre de la même année.

 

Le 23 novembre, il passe à l’école d’artillerie du 15e C.A. suite à une nouvelle décision ministérielle. Le sous-officier Porte est muté au 38e R.A.C., un régiment qui tient garnison à  Nîmes.

 

Son passage dans cette unité est marqué par plusieurs punitions.

 

 

 

 

Le contraste est net avec ses attitudes lorsqu'il change d'affectation . Son dossier ne comporte plus de sanctions jusqu’à la mobilisation en août 1914.

 

Le 27 septembre 1902, il est commissionné pour la seconde fois de sa carrière. Ce statut prend effet le jour où son dernier contrat prend fin.

 

Paul Porte est nommé chef de musique de 3e classe le 19 octobre 1903. Sa carrière se poursuit par un retour dans l’infanterie avec une affectation au  130e R.I. de Mayenne.

 

Deux ans plus tard, le sous-lieutenant Porte est promu chef de musique de 2e classe. La nomination dans ce grade est également faite après une admission à un concours de niveau national.

 

Le 14 novembre 1907, un article de presse publié à la une du quotidien  « Le Journal » évoque un fait divers impliquant le chef de musique Porte.

 

« Le lieutenant de réserve Biville qui refusa, il y a quelques semaines, à Caen, de porter le drapeau de son régiment, aurait eu une manière de précurseur, dans la personne du chef de musique du 130e R.I. en garnison à Mayenne.

 

Les faits remontent au mois de septembre dernier. Ceux qui en eurent connaissance gardèrent d’abord une discrétion prudente, puis la dénonciation d’un soldat ayant provoqué, ces jours-ci, une enquête de la part du colonel, ils durent finalement parler.

 

J’ai pu joindre un des témoins de ce nouveau scandale qui je le hâte de le dire, paraît bien plus le résultat d’un accès de mauvaise humeur passagère que la manifestation réfléchie d’un état d’esprit regrettable.

 

À la fin de septembre dernier, m’a déclaré mon interlocuteur, le 130e d’infanterie effectuait, avec le 124e, des manœuvres de brigade dans le département de la Sarthe. Un matin, après une longue étape, nous étions à Cheville, commune de l’arrondissement de La Flèche. Tandis que les hommes, harassés de fatigue, se hâtaient vers leurs cantonnements, l’ordre fut donné à la musique d’accompagner, comme de coutume, le piquet d’honneur, chargé de la garde du drapeau, jusqu’à l’endroit où l’emblème devait être déposé. C’était en l’espèce, la demeure d’un ancien officier du régiment, située à environ 1500 mètres du village.

 

La perspective de cette étape supplémentaire, après plusieurs heures de marche, fut-elle si désagréable au chef de musique, qu’il ne sut modérer l’expression de son mécontentement ? Toujours est-il que quelques-uns de ses musiciens l’entendirent proférer ces paroles : «  C’est embêtant d’avoir encore à reconduire ce chiffon ! » Nous nous regardâmes avec surprise. Personne, cependant, ne souffla mot et, au signal, on se mit en route.

 

Plus d’un mois se passa sans que les musiciens fissent, autrement qu’entre eux, allusion à l’incident de Cheville. Le 2 novembre, l’un d’eux, nommé Hourrière, originaire de la Mayenne, désirant se rendre chez ses parents, à Ernée, demanda une permission à M. Porte. Ce dernier la lui refusa, parce qu’il avait encouru une punition peu de temps auparavant.

 

Il s’ensuivit, entre le soldat et l’officier, un colloque assez vif :

 

Vous me refusez ma permission ; eh bien ! je verrai le colonel et je lui répéterai ce que vous avez dit du drapeau.

 

Vos menaces, riposta M. Porte, ne me feront pas céder, et puisque vous voulez voir le colonel, vous le verrez. J’exige que vous le voyiez !

 

 Le colonel Michel, du 130e, saisi de l’incident ouvrit aussitôt une enquête. Il entendit le sous-chef de musique, M. Lotterie, et quatre soldats musiciens qui confirmèrent que leur chef avait, en effet, à Cheville, dans un mouvement d’humeur, qualifié le drapeau de chiffon.

 

Il ne restait plus qu’à recueillir les explications de M. Porte.

 

-  Quand on nous commanda, déclara-t-il, d’aller accompagner le drapeau, j’entendis des murmures de mécontentement dans les rangs de mes hommes. Me tournant alors vers eux, je leur dis : «  Que voulez-vous, c’est embêtant, mais il faut pourtant bien reconduire le drapeau ! » Pour ce qui est du mot « chiffon », j’affirme ne pas l’avoir prononcé. Un tel langage serait en opposition avec les sentiments que j’ai professés pendant toute ma vie.

 

Le colonel jugea cependant la précision des témoignages contraires suffisamment accablante pour infliger, à la date du 4 novembre, quinze jours d’arrêt de rigueur au chef de musique et saisir de l’incident le général commandant le 4e corps d’armée au Mans. Quant à Hourrière, le dénonciateur, il fut cassé de son emploi de musicien et envoyé en disgrâce à la 4e compagnie du 130e régiment de ligne à Domfront.

 

La mesure prise contre M. Porte et les motifs qui l’ont provoquée ne sont encore connus à Mayenne que de rares initiés. Ceux-ci s’en montrèrent d’ailleurs fort étonnés.

 

Le chef de musique, qui compte vingt années de services et dont c’est la première punition, passait en effet pour un bon officier, doublé d’un excellent père de famille. Tout au plus, lui reproche-t-on, quelques accès de vivacité fantasque. Sa carrière, on l’a vu, pourrait fort bien s’en trouver compromise.

 

R. Sabatier envoyé spécial du quotidien « Le Journal ». »

 

Cet évènement est probablement à l’origine de sa mutation précipitée au 149e R.I.. En effet, une décision ministérielle datant du 25 janvier 1908 l’affecte d’office dans cette unité.

 

 Peu de temps après son arrivée à la caserne Courcy, le chef de corps rédige ceci sur le relevé de notes de son subordonné :

 

« Vient d’arriver au régiment. A pris la musique dans de bonnes conditions, la maintient dans ses traditions artistiques et de discipline. Paraît animé d’un bon esprit, très correct, artiste et militaire fera très bien.

 

Tient bien sa musique, et au point de vue artistique et au point de vue disciplinaire. Actif, énergique, bon chef de musique, le colonel peut compter absolument sur lui. Il n’a que des éloges à lui adresser. »

 

Deux ans plus tard, il écrit «Secondé parfaitement par son sous-chef de musique qui est infatigable, toujours présent, M. Porte, chef de musique, tient fort bien ses musiciens, les instruit et les éduque de façon à avoir une bonne troupe homogène constituant une bonne musique militaire. Bon administrateur, apte à faire campagne. »

 

Musique du 149e R

 

En 1913, le colonel Menvielle note ceci : «S’occupe toujours de la direction technique de la musique avec le plus grand dévouement et avec compétence, obtient de bons résultats. Déférent et discipliné, exécute consciencieusement les ordres de ses chefs. Brave homme et bon chef de musique. »

 

Le 10 octobre, il  ajoute :

 

« Le chef de musique Porte continue à mériter les bonnes notes qui lui ont toujours été données depuis son arrivée au 149e R.I.. Malgré qu’il ne possède comme personnel que des éléments très inférieurs, il arrive à avoir une musique jouant très convenablement dans les concerts et connaissant un choix assez grand de pas redoublés Travaille beaucoup et obtient des résultats satisfaisants. »

 

Paul Porte est promu chef de musique de 1ère classe le 21 mai 1914.

 

Chef de musique en campagne

 

Le capitaine Porte est toujours à la tête de la musique du 149e R.I. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Il quitte la caserne Courcy le 1er août en direction de la frontière.

 

Le chef de musique est responsable du relèvement des blessés sur le champ de bataille. Le capitaine Porte organise au mieux avec ses musiciens leur évacuation vers les postes de secours les plus proches.

 

Totalement éreinté, il tombe rapidement malade. Le 2 septembre 1914, Paul Porte est évacué vers l’arrière quelques jours avant les attaques de Souain où le 149e R.I. s’est illustré.

 

Le chef de musique du régiment spinalien est pris en charge à l’hôpital temporaire de Nevers n° 41 du 16 au 26 septembre 1914.

 

Une fois rétabli, cet officier retrouve son unité à la fin du mois d’octobre 1914. Il passe toute l’année 1915 en Artois.

 

Le chef de musique Porte est mis à la disposition de la brigade russe installée au camp de Mailly entre le 5 et le 28 juin 1916. Le mois suivant, il bénéficie d’une permission du 21 au 29 juillet inclus.

 

Paul Porte s’apprête à fêter ses 48 ans. Les années passées à proximité de la ligne de front l’ont beaucoup diminué. Sa condition physique ne lui permet plus de commander ses musiciens-brancardiers. Totalement épuisé, il est retiré du front.

 

Le 26 septembre 1916, il est au dépôt du 149e R.I.. Le 12 octobre, il entre à l’hôpital Saint-Maurice à Épinal qu’il quitte le 22 novembre.

 

Le 5 janvier 1917, le capitaine Porte est mis en non-activité pour retrait d’emploi. Il est impossible de savoir ce qu’il a fait à partir de cette date.

 

Le 20 avril 1919, il est mis d’office à la retraite au titre de l’ancienneté de services. Le 15 mai 1919, le chef de musique est définitivement rayé des contrôles de l’armée active.

 

Domicilié à Marseille, 1 rue de l’harmonie, l’ancien chef de musique du 149e R.I. décède à Nice, 4 rue Maraldi, le 18 mars 1943 à l’âge de 75 ans.

 

Les éventuelles décorations obtenues par cet officier n’ont pas été retrouvées.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Porte, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet - Copie

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1914 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F. Durand, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

25 novembre 2022

Jean Loubignac (1894-1957)

Jean Loubignac

 

Jean Loubignac voit le jour le 31 juillet 1894 à Montrouge, dans le département des Hauts-de-Seine.

 

Son père, André, 29 ans, travaille comme doreur. Sa mère, Marie Amélie Gégout, 25 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Le couple Loubignac, marié à Paris en 1891, a déjà donné la vie à un garçon qui n’a pas survécu à sa première année. Il n’y aura pas de nouvelle naissance dans la famille.

 

Les Loubignac déménagent à Brive en 1899 avant de venir s’installer à Bègles en 1905.

 

En 1911, la mère de Jean travaille comme brodeuse. Elle vit avec son fils à Xertigny, le village vosgien qui l’a vu naître. Son époux ne vit pas au domicile familial. Trois femmes logent chez elle en tant que pensionnaires.

 

Genealogie famille Loubignac

 

L’année de ses vingt ans, Jean est étudiant en lettres. Il a reçu sa convocation pour se présenter devant le conseil de révision réuni à la mairie de Xertigny. Le médecin l’ajourne pour faiblesse.

 

La guerre contre l’Allemagne débute quelques mois plus tard. Cette situation impose aux ajournés un nouveau passage devant le conseil de révision. Cette fois-ci, le jeune Loubignac est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Il est incorporé au 149e R.I. le 19 décembre 1914 avec la classe 1915. Ce régiment frontalier qui, en temps de paix, tient garnison à Épinal a transféré son dépôt à Rolampont, après un bref passage à Jorquenay, quelque temps après le déclenchement des hostilités. C’est dans ce petit village haut-marnais que le conscrit Loubignac débute son instruction.

 

Affecté à la 26e compagnie du dépôt, il s'y fait remarquer rapidement et devient 1ère classe le 1er avril 1915. Suite à une décision du G.Q.G. il dut suivre l'école des caporaux sans pouvoir obtenir le grade au dépôt. L'obtention de la distinction de la 1ère classe est tout ce qui peut être octroyé à une jeune recrue.

 

Le 11 avril 1915, il est affecté à la 31e compagnie du dépôt.

 

Le 9 juin, Jean Loubignac part avec un renfort destiné au régiment actif. Cette unité occupe un secteur particulièrement exposé depuis la fin décembre 1914, à proximité d’Aix-Noulette, dans le Pas-de-Calais. Le groupe doit combler les pertes liées à l’attaque du 29 mai 1915.

 

Le régiment, à son arrivée, n'est pas au calme. Jean Loubignac participe aux combats du Fond de Buval et du chemin Creux.

 

Il est nommé caporal le 23 juillet.

 

Une offensive de grande envergure, menée par la 43e D.I., est déclenchée le 25 septembre 1915. Le 149e R.I. est chargé de prendre le bois en Hache au sud d’Angres. C’est une mission difficile.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Les joueurs d'echecs

 

Le caporal Loubignac est blessé au cours d’une des attaques de la journée. Touché par une balle à l’épaule droite, il est soigné à l’ambulance 16/9 du 21e C.A.. Sa blessure impose une évacuation vers l’arrière. Les médecins de l’hôpital de l’arsenal de Brest le prennent en charge.

 

Rétabli, il passe la journée du 17 octobre à l’hôpital-dépôt de Kervallon, avant de bénéficier d’une permission de 7 jours qu’il passe à Xertigny. Ses parents vivent à Bordeaux, 44 avenue Thiers, depuis le début de la guerre.

 

Jean Loubignac est de retour au dépôt du 149e R.I. le 27 octobre 1915. Il est, dans un premier temps, affecté à la 28e compagnie. Le 21 novembre, il passe à la 29e compagnie avant de rejoindre la 26e compagnie le 6 décembre.

 

Jean a le profil d’un futur bon officier. Son niveau d’études est élevé, mais il est bien trop jeune et sans expérience militaire solide pour être directement nommé sous-lieutenant.  Il doit donc se former.

 

Le caporal Loubignac est admis comme élève aspirant en exécution de la circulaire ministérielle du 20 décembre 1915 n° 8742. Il  est mis en subsistance au centre de Joinville-le-Pont à compter du 18 janvier 1916. Jean Loubignac est nommé sergent le 1er avril 1916. Il  termine sa formation le 5 mai avec cette note du commandant du centre d’instruction :

 

« Intelligent et travailleur, Loubignac a tiré grand profit de l’enseignement donné au centre. Très sérieux, il a fait preuve de ténacité, de volonté dans l’accomplissement de sa tâche. Il possède des qualités de sang-froid et de bon sens. Bonne constitution et grande endurance. Très apte au commandement d’une section. »

 

Parti en renfort le 21 mai 1916, il retrouve son ancienne unité en Champagne. Le régiment occupe un secteur situé entre les buttes de Tahure et de Mesnil.

 

 

En août 1916, le 149e R.I. est envoyé dans la Somme après une période d’entraînement effectuée du côté de Châlons-sur-Marne.

 

 

Le 4 septembre 1916, L’aspirant Loubignac participe à la prise du village de Soyécourt dans le département de la Somme. Il est cité à l’ordre de la division pour sa belle conduite au feu.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Barricade devant l'eglise de Soyecourt à la veille de l'attaque du 4 septembre 1916

 

Une décision ministérielle du 8 décembre 1916 entraîne sa nomination de sous-lieutenant à titre temporaire dans l’armée active à compter du 1er décembre 1916.

 

Le 13, le lieutenant-colonel Gothié lui confie le commandement d’une section de sa 1ère compagnie. Début janvier 1917, cette compagnie passe sous les ordres du lieutenant Illhé.

 

 

Jean Loubignac doit à nouveau se former. Il effectue un premier stage sur la manipulation et l’utilisation du fusil mitrailleur du 10 au 17 janvier 1917. Il effectue un second stage consacré au fusil R.S.C. (fusil automatique modèle 1917) du 1er au 8 mai, puis un dernier autour du F.M. du 12 au 21 juillet 1917.

 

Le 29 septembre 1917, le lieutenant-colonel Boigues évalue son subordonné :

 

« Jeune officier qui a de l’allant, de la bonne volonté et paraît susceptible de très bien faire. »

 

Une décision ministérielle en date du 13 novembre 1917 le fait passer dans la catégorie des officiers de réserve à titre temporaire à compter du 1er septembre 1917.

 

Le 23 octobre, c’est la bataille de la Malmaison ; Jean Loubignac assure, avec sa section, la liaison avec la division voisine. Il est cité à l’ordre du C.A. pour ses actions. Son chef de compagnie, le lieutenant Illhé, a trouvé la mort au cours des combats.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la bataille de La Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Bataille de la Malmaison

 

Le sous-lieutenant Loubignac est noté par son chef de corps de la manière suivante : « S’est très bien montré, le 23 octobre et a beaucoup gagné en jugement et en maturité d’esprit. Fait, en résumé, un très bon chef de section donnant toute satisfaction. »

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe des tranchées autour du Violu, dans le département des Vosges. La 1ère compagnie est sous l’autorité du capitaine Quinot. Jean Loubignac obtient une seconde étoile d’argent sur sa croix de guerre pour avoir tué, au corps à corps, un officier allemand au cours d’une embuscade le 19 février.

 

Le 28 mai 1918, le 149e R.I. est appelé de toute urgence dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive dans le département de l’Aisne. Les combats sont violents, l’ennemi réussit sa percée, il faut à tout prix la stopper.

 

Jean Loubignac est blessé au cours d’une action menée près de Cuiry-Housse. Une balle lui a traversé la cuisse à proximité du genou.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 28 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Cuiry Housse 2013

 

D’abord soigné à l’hôpital auxiliaire n° 5 d’Orléans, Jean Loubignac est ensuite envoyé à l’hôpital complémentaire n° 95 de Chamalières, dans le Puy-de-Dôme (au regard des informations disponibles, il est impossible d’en dire plus sur cette période de sa vie).

 

Jean Loubignac est promu sous-lieutenant à titre définitif par décret présidentiel du 18 août 1918 (J.O. du 22 octobre 1918).

 

Début novembre 1918, le lieutenant-colonel Vivier écrit ceci : « Bon chef de section, beaucoup d’entrain et de commandement. Blessé le 28 mai, n’a pas reparu. »

 

Le sous-lieutenant Loubignac est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire par décision ministérielle du 5 décembre 1918 et par application de la loi du 10 août 1918 à compter du 1er décembre 1918 (J.O. du 19 décembre 1918).

 

Le lieutenant Loubignac est détaché à la légion d’Orient. Il est chargé de l’encadrement des nouvelles unités arméniennes. Embarqué à Marseille, il rejoint la base française de Beyrouth. En mars 1919, il est au 415e R.I. à Beyrouth.

 

Arrivee du 415e R

 

En juin 1919, il est affecté à la compagnie de dépôt du 4e arménien, provisoirement chargé du détachement des résiliés arméniens internés au "fondouk de la marine" par mesure de discipline. Il s’embarque avec eux pour Port-Saïd.

 

La date de son retour en France n’est pas connue. Le lieutenant Loubignac est envoyé en congé illimité de démobilisation le 14 octobre 1919 (9e échelon). Il se retire à Xertigny.

 

Fin février 1920, il vit à Paris, rue Albert de Lapparent. Ce changement d’adresse le rattache au dépôt divisionnaire du 23e R.I.C..

 

La commission de réforme de Boulogne-sur-Seine du 26 mars 1920 lui propose une pension temporaire de 20 % pour les séquelles de ses blessures de guerre.

 

Un avis du gouverneur de Paris en date du 4 septembre 1920 le fait réaffecter au 149e R.I..

 

Le 9 septembre, le lieutenant Loubignac est évalué par le chef de corps du régiment, le lieutenant-colonel Lecoanet : «  A montré au cours de la campagne des qualités d’initiative et de courage qui se sont spécialement affirmées lors d’une embuscade d’où, par son sang-froid, il est sorti vainqueur. A ramené le corps d’un officier ennemi dans nos lignes, ce qui a permis une précieuse identification. »

 

Jean Loubignac est nommé lieutenant à titre définitif par décret en date du 6 décembre 1918 à compter du 1er décembre 1918.

 

Il est proposé pour une pension temporaire d’invalidité à 50 % pour séquelles de séton épaule droite, rudesse respiratoire des deux côtés, séquelle de balle en séton à la cuisse droite (décision de la commission spéciale de réforme d’Épinal en date du 29 juillet 1921).

 

Le lieutenant Loubignac est temporairement inapte au service. Il vit a Paris 29 rue Palonceau en décembre 1922.

 

Le 149e R.I. est dissous le 10 novembre 1923. Jean Loubignac est rattaché au 27e régiment de Tirailleurs (décision ministérielle du 7 décembre 1923 -J.O. du 9 décembre 1923) avant d’être muté au 17e régiment de Tirailleurs (décision ministérielle du 21 décembre 1923 -J.O. du 22 décembre 1923).

 

Il est mis hors cadres fin octobre 1924 (décision ministérielle du 28 octobre 1924 et application de l’article 2 § 2 du décret du 31 août 1878).

 

Le 4 mars 1926, Jean Loubignac épouse Marguerite Marie Magné de Lalonde à Saint-Mandé, dans le département du Val-de-Marne. Le couple ne semble pas avoir eu de descendance.

 

Les anciennes blessures de guerre de Jean Loubignac sont de nouveau examinées par la commission de réforme. Un procès verbal très détaillé de la commission de Paris, datant du 7 mai 1926, valide une pension d’invalidité permanente à 50 % pour les raisons suivantes :

 

Séquelles de blessure de l’épaule droite par balle avec atteinte de l’hémithorax correspondant. Entrée du projectile au niveau de la partie moyenne du deltoïde, cicatrice de sortie partie moyenne du bord externe de l’omoplate. Craquements articulaires ; limitation à 90° des mouvements d’abduction et d’élévation de l’épaule. Légère amyotrophie des muscles de l’épaule.

 

Au point de vue pulmonaire : signes de sclérose du sommet droit, respiration rude et légère.

 

Au membre inférieur droit : cicatrice de blessure par balle au 1/3 inférieure de la cuisse, face interne, mesurant 5 centimètres sur 4, avec petite perte de substance musculaire. Hyperesthésie au dessous de la cicatrice. Fatigabilité.

 

Reliquats d’entérocolite, accuse des alternatives de diarrhée prédominantes et de constipations. 

 

Sa carrière militaire prend fin le 18 octobre 1926. Il a 32 ans.

 

Decorations Jean Loubignac

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 155 en date du 7 septembre 1916 :

 

« Au cours de l’attaque d’un village, le 4 septembre 1916, a fait preuve des plus belles qualités de chef. A entraîné brillamment sa section à l’assaut et a puissamment contribué à l’organisation des positions conquises. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 175 en date du 8 novembre 1917 :

 

« Jeune officier d’un allant superbe, le 23 octobre 1917, chargé d’une mission des plus délicates, s’en est acquitté avec une énergie et une intelligence, au-dessus de tout éloge, contribuant largement à assurer la liaison avec sa division et de la division voisine, déjà blessé et cité. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 287 en date du 23 février 1918 :

 

« Le 19 février 1918, à la faveur d’une embuscade audacieuse et habilement préparée en plein jour et à 20 mètres de l’ennemi, a tué un Allemand en corps à corps et a permis une précieuse identification. »

 

Citation à l’ordre de la VIe  Armée n° 587 en date du 10 juin 1918 :

 

« Officier d’un calme et d’un sang-froid étonnant. S’est tout particulièrement distingué le 28 mai 1918, au cours de l’attaque d’un point d’appui ennemi, en progressant sous un feu violent et capturant des prisonniers et des mitrailleuses. A gagné son objectif sur lequel il fut blessé. »

Chevalier de la Légion d’honneur du 16 juin 1920 :

 

« A montré au cours de la campagne des qualités d’initiatives et de courage. S’est particulièrement distingué le 28 mai 1918, au cours de l’attaque d’une position ennemie, deux blessures, plusieurs citations. »

 

Jean Loubignac et Marguerite Marie Magné de Lalonde divorcent le 1er mai 1939.

 

Il meurt le 2 décembre 1957 dans son appartement parisien, situé 84 avenue de Versailles, à l’âge de 63 ans.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule du père lue sur le site des archives départementales de la Corrèze.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Carte de la Syrie « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France »

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à V. Quevaine, à A. Carobbi, à I. Holgado, à M. Porcher, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

18 novembre 2022

Du 15 au 16 octobre 1916

P

 

Le 149e R.I. a quitté la région de Beauvais le 12 octobre en camions automobiles. Deux bataillons du régiment se sont installés à Démuin. Un bataillon est parti cantonner à Harbonnières, dans le sud du département de la Somme.

 

15 octobre 1916

 

Dans la nuit du 14 au 15, deux bataillons du 149e R.I. se mettent en route pour en remplacer deux autres du 158e R.I. montés en 1ère ligne. Un bataillon prend position au Bram Satyre, l’autre au bois des Fermes.

 

Secteur bois des Fermes et bois du Satyre

 

Itinéraire : Marcelcave, Wiencour-l’équipée, Guillaucourt, Harbonnières, Framerville, Foucaucourt.

 

Communes traversees par le 149e R

 

La troupe quitte Démuin à 15 h 00 et Harbonnières à 18 h 00.

 

Le 149e R.I. est sur le point de remplacer le 17e R.I. (25e brigade) dans la zone des combats.

 

16 octobre 1916

 

Le 31e B.C.P. (86e brigade) et le 149e R.I. (85e brigade)  se préparent à relever la 25e brigade. Ils ont reçu l’ordre de venir occuper un secteur divisé en quatre sous-secteurs. Le sous-secteur A est déjà tenu, depuis la veille, par un bataillon du  158e R.I..

 

Le croquis suivant, réalisé quelques jours avant les mouvements de relèves, est extrait du J.M.O. de la 25e brigade. Il indique les emplacements des sous-secteurs et le positionnement des unités de cette brigade.

 

 

Mouvements de relèves dans la nuit du 15 au 16 octobre 1916

Au 31e B.C.P.

 

Le 31e B.C.P. relève le 21e B.C.P. (25e brigade) dans le sous-secteur B (3 compagnies en 1ère ligne et 2 compagnies en soutien). Les chasseurs s’installent dans la tranchée Pèle Mèle entre les points 916c et 916e face à l’est.

 

Le 20e B.C.P. (25e brigade) reste sur place. Il occupe le talus organisé jusqu’au point 6694.

 

Au 149e R.I.

 

Le 1er bataillon du 149e R.I. relève le bataillon de 1ère ligne du 17e R.I..

 

Le 3e bataillon du 149e R.I. relève le bataillon de soutien du 17e R.I..

 

Le 2e bataillon du 149e R.I est à Bram Satyre en réserve de division.

 

La relève des compagnies de mitrailleuses a lieu en même temps que les bataillons auxquelles elles sont rattachées.

 

Le commandement du sous-secteur est confié au lieutenant-colonel Pineau, responsable du 149e R.I.. Il s’installe au P.C. du château de Deniécourt.

 

Secteurs occupés par le 149e R.I.

 

Positions approximatives des 20e, 31e B

 

Au 1er bataillon du 149e R.I.

 

Les compagnies, sous les ordres du capitaine de Chomereau, sont dans la tranchée Poypoy et dans les vergers de la sucrerie, face au sud-est. Trois demi-sections (une par compagnie) poussent jusqu’à la voie ferrée. Une forte patrouille, envoyée à la corne nord-ouest du bois Bauer, fait reculer un groupe d’Allemands.

 

Le dispositif est fragile. Les postes occupés par les trois demi-sections de la voie ferrée ne sont pas reliés entre eux. La véritable ligne de résistance va se situer entre le point 916c et le talus organisé en passant par 6192 et les vergers de la sucrerie.

 

Le contact avec l’ennemi n’a pas été établi. Les Allemands occupent le boyau 6187 – 915. Leurs patrouilles restent à la lisière sud du bois Bauer.

 

La région comprise entre la sucrerie et le boyau 6187 – 915 forme une zone neutre où les patrouilles circulent timidement.

 

De gros efforts physiques sont demandés aux hommes. La tranchée Poypoy doit être consolidée. Il faut creuser un boyau de 80 m pour relier la compagnie du centre à la compagnie de droite. Ce boyau est aménagé en tranchée sur une distance de 25 m.

 

La tranchée des Germains, à la droite du bataillon, est aménagée.

 

La mise en état défensif du secteur est difficile et pénible. Les hommes activent les pelles et les pioches pour creuser un boyau de communication allant jusqu’à la sucrerie. Les deux itinéraires possibles pour rejoindre la sucrerie, en attendant la réalisation de ce boyau, sont particulièrement exposés aux tirs de l’artillerie ennemie. Seuls quelques isolés ont l’autorisation de les pratiquer. Le marmitage est presque continu sur la sucrerie entre 16 h 00 et 20 h 00.

 

Tous ces travaux nécessitent une main-d'œuvre supplémentaire. La 11e compagnie du bataillon de soutien est envoyée pour aider aux travaux.

 

Le bois Bauer, occupé par un simple petit poste, n’est plus qu’une expression géographique. Il n’existe plus que sur la carte.

 

Au 3e bataillon du 149e R.I.

 

 

Le 3e bataillon du 149e R.I., commandé par le capitaine Beaugier, relève le 3e bataillon du 17e R.I.. Il  est en soutien.

 

Aucun mouvement suspect n’est constaté du côté de l’ennemi. Le secteur est calme. L’artillerie reste silencieuse. Le chef de bataillon s’installe dans son P.C. à 6104.

 

La 9e compagnie occupe la tranchée des Tilleuls, la 10e compagnie la tranchée Sans-Gène et la 11e compagnie la tranchée du Valet.

 

La 3e compagnie de mitrailleuses s’installe dans la tranchée du Biniou.

 

La photographie suivante nous fait découvrir les restes d’un avion français à proximité de la tranchée des Tilleuls. Les soldats du 149e R.I. ont-ils assisté à un combat aérien aboutissant à un atterrissage en catastrophe de l’appareil ? Cet avion était-il déjà sur place avant leur arrivée ? Les réponses à ces questions ne sont pas connues.

 

Avion français abattu devant la tranchée Tilleul-16 octobre 1916

 

La tranchée du valet doit être aménagée. Un éboulement est relevé dans la tranchée des Tilleuls. La tranchée Sans-Gène est nettoyée et réparée. Il faut également construire des feuillés et de nouveaux abris.

 

Dans la soirée, la 11e compagnie est envoyée en 1ère ligne. Elle apporte son aide au 1er bataillon pour les travaux défensifs.

 

Au 2e bataillon du 149e R.I.

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. s’installe à Bram Satyre en réserve de division.

 

Les abris de Bram-Satyre sont nettoyés et aménagés.

 

Une vingtaine de musiciens brancardiers rejoignent le P.S. à 15 h 00.

 

Un sergent et 8 hommes de la 5e compagnie, de service au conseil de guerre de la 43e D.I., s’égarent en voulant rejoindre leur unité. Ils  arrivent dans le secteur vers 18 h 00.

 

Le 3e B.C.P. se prépare à relever le 20e B.C.P..     

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5

 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  292/4

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12

 

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3

 

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/7

 

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2

 

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 826/27

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

La photographie représentant le P.C. du lieutenant-colonel Pineau provient du fonds Valois consultable sur le site de la Contemporaine.  

 

Le croquis et les fonds des deux dernières cartes sont extraits du J.M.O. de la 25e brigade.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

4 novembre 2022

Du 12 au 14 octobre 1916

du 12 au 14 octobre 1916

 

Les éléments de la 43e D.I., à l’arrière depuis le 23 septembre dans la région de Beauvais, se préparent à faire mouvement pour gagner la zone des combats de la 13e D.I., division sœur du 21e C.A., dans le département de la Somme.

 

12 octobre 1916

 

Le 149e R.I. quitte ses lieux de repos pour prendre la direction de Noirémont après avoir été ravitaillé par le T.R..

 

13 octobre 1916

 

Les hommes du lieutenant-colonel Pineau quittent Noirémont à 7 h 00 pour aller cantonner à Sauvillers-Mongival.

 

Carte 1 - journee du 13 octobre 1916- de Noiremont à Quiry-le-sec

 

Ils suivent l’itinéraire : Froissy, Caply, Beauvoir, Tartigny, Quiry-le-Sec, Esclainvillers, Aihval, Septroupe.

 

Carte 2 - journee du 13 octobre 1916 - de Quiry-le-Sec à Sauvillers-Mongival

 

14 octobre 1916

 

Le régiment vosgien laisse derrière lui Sauvillers-Mongival. Il passe par Moreuil pour gagner Démuin. Un bataillon du 149e R.I. va cantonner à Harbonnières.

 

14 octobre 1916 - de Sauvillers-Mongival à Moreuil et Harbonnières

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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