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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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25 novembre 2022

Jean Pierre Hippolyte Lerouge (1870-1939)

Jean Pierre Lerouge

 

Jean Pierre Hippolyte Lerouge est né le 5 avril 1870 à Saint-Menges, dans le département des Ardennes.

 

Son père, Alfred, 31 ans, travaille comme tisseur. Sa mère, Antoinette Rosalie Roux, mère au foyer, est âgée de 22 ans.

 

Jean Pierre est l’aîné d’une fratrie de 5 enfants composée d’une fille et de quatre garçons.

 

Genealogie famille Lerouge

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait parfaitement lireécrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Jean Pierre a également appris la musique.

 

Il exerce, durant une courte période de sa vie, la profession de clerc d’avoué, avant de se lancer dans une carrière militaire. Âgé de 18 ans, il est obligé d’obtenir l’accord de son père pour signer son premier engagement. Il n’y a pas d’opposition de la part du père.

 

Muni de son autorisation paternelle, le jeune homme se rend à la mairie de Charleville pour souscrire un contrat de 5 ans.

 

Le 25 octobre 1888, il intègre une compagnie du 14e R.I., une unité qui tient garnison à Brive, dans le département de la Corrèze. La raison pour laquelle il a choisi un régiment aussi éloigné de son village natal reste inconnue.

 

Le 29 décembre, Jean Pierre fait partie intégrante du groupe de musiciens de la section hors rang.

 

Le 21 novembre 1889, le chef de musique du régiment lui donne 4 jours de consigne pour une inattention au cours de la répétition.

 

Jean Pierre Lerouge est envoyé en congé le 23 septembre 1891. Il se retire à Saint-Mendes. Le 25 octobre, il se retrouve rattaché à la réserve du régiment stationné à Mézières.

 

Suite à une décision prise par le général commandant le 12e C.A., il réintègre le 14e R.I. le 9 décembre 1891 avec le statut de commissionné.

 

Le 3 mai 1893, Jean Pierre Lerouge se marie avec Marie Coste, une jeune femme originaire de Brive, âgée de 20 ans. Un fils naît de cette union en 1894.

 

Le 10 juillet, il est nommé sous-chef de musique. Ce changement de grade entraîne une mutation au 139e R.I. cantonné à Aurillac.

 

L’adjudant Lerouge signe un nouveau contrat de 5 ans avec prime, le 12 mai 1897. Il retourne dans son ancienne unité pour y seconder le chef de musique.

 

Le 14e R.I. est transféré à Toulouse en 1907. Il remplace le 126e R.I. qui vient occuper la caserne Brune de Brive.

 

Le 13 février 1912, son capitaine inflige à Jean Pierre Lerouge 1 mois de salle de police avec sursis pour avoir présenté un revolver insuffisamment dégraissé. Il est averti, il doit prendre soin de son arme aussi bien que des instruments de musique !

 

L’adjudant Lerouge occupe toujours les fonctions de sous-chef de la musique du 14e R.I., lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. À cette époque, il est sous l’autorité du chef de musique Reynaud.

 

Son unité quitte la caserne Niel, le 6 août. Le régiment participe à des combats en Belgique et sur la Marne. En 1915, il se bat en Champagne, en Artois et en Argonne. En 1916, le 14e R.I. est à Verdun. Quelles que soient les conditions, le sous-chef de musique Lerouge relève les blessés sur le champ de bataille à la tête de ses brancardiers.

 

Il est promu chef de musique de 3e classe par décret du 17 janvier 1917 sur une proposition datant du 31 décembre 1916.

 

Suite à cette promotion, le général commandant en chef décide de le faire affecter au 149e R.I. le 10 février 1917. Le poste de chef de musique de cette unité est resté vacant depuis le départ du capitaine Porte en septembre 1916, l’intérim étant assuré par le sous-chef de musique Drouot.

 

Le lieutenant-colonel Boigues évalue son subordonné peu de temps après son arrivée dans le régiment :

 

« Maintient la musique du 149e R.I. dans une excellente voie tant au point de vue technique qu’au point de vue tenue et discipline. En a fait une unité d’élite aussi bien au cantonnement qu’au travail et au combat. »

 

La photographie suivante a été réalisée à Chézy-sur-Marne, place de la mairie, le 16 avril 1917. L’homme vu de dos au centre des musiciens est peut-être le sous-lieutenant Lerouge.

 

Chezy-sur-Marne - musique du 149e R

 

Le 3 novembre 1917, le successeur du lieutenant-colonel Boigues, le lieutenant-colonel Vivier, ajoute ceci dans le relevé des notes de Jean Pierre Lerouge :

 

« Notes antérieures confirmées, Monsieur Lerouge est un digne serviteur et un excellent chef de musique qui a su faire de la musique du 149e R.I. une unité parfaitement tenue et très disciplinée. »

 

Le 31 décembre 1917,  Jean Pierre Lerouge est nommé chef de musique de 2e classe (J.O. du 26 janvier 1918).

 

Ce changement de grade n’a aucune conséquence concernant sa position au sein du régiment. N’ayant pas de mutation en vue, il préserve son poste de chef de musique au 149e R.I..

 

Le cliché suivant représente probablement une séance de théâtre aux armées. La photographie montre un petit ensemble instrumental dévolu à un accompagnement musical "léger" ou d'appoint. Un homme assis derrière le chef de musique Lerouge tient un violoncelle artisanal fabriqué à partir de caisses (style violoncelle des tranchées). Les personnes montées sur la scène ressemblent plus à des choristes, à des acteurs ou à des intervenants pour sketches qu’à des musiciens.

 

Le chef de musique Lerouge avec une partie de ses musiciens

 

Le 5 mars 1919, le lieutenant-colonel Bourgine écrit : «  Chef de musique d’un dévouement à toute épreuve ayant une très grande autorité sur la musique dont il a fait un élément de premier ordre tant pour l’exécution de la musique  que pour la tenue et la discipline. Modèle de conscience et légendaire dans le régiment à ce point de vue. Des plus méritants. »

 

Une décision ministérielle du 27 septembre 1919. (J.O. du 24 octobre 1919), le fait rester au 149e R.I. avec la mention «  service » au titre de la 1ère garnison. il s'agit là d'un maintien pour service dans une 1ère garnison "après-guerre" (les régiments sont en pleine restructuration, certains vont disparaître. Cette mesure est "transitoire".

 

Le 149e R.I. fait partie des troupes d’occupation de la Rhénanie après la signature du traité de Versailles. Jean Pierre Lerouge est envoyé dans les territoires Rhénans à deux occasions ; une première fois, du 8 avril 1920 au 14 mai 1920, une seconde fois, du 10 mai 1921 au 15 septembre 1921. Il a été photographié avec ses musiciens à Wermelskirchen.

 

La musique du 149e R

 

Le chef de musique Lerouge se retrouve également dans la Ruhr entre le 10 janvier et le 16 novembre 1923.

 

Le 149e R.I. est dissous le 10 novembre 1923. Tous les hommes sont versés dans les autres corps de l’armée française du Rhin.

 

Une décision ministérielle du 24 décembre 1923 (J.O. du 25 décembre 1923) affecte le lieutenant Lerouge au 126e R.I. de Brive à compter du 15 novembre 1923.  

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer sur l’image suivante.

 

 

Il occupe, dans un premier temps, le poste d’adjoint au C.M. (centre de mobilisation) avant de retrouver les fonctions de chef de musique.

 

Le 5 avril 1926, le chef de musique est atteint par la limite d’âge. Admis à faire valoir ses droits à la retraite d’ancienneté de services, il est rayé des contrôles de l’armée active le 5 avril 1926.

 

Le 1er décembre 1928, Jean Pierre Lerouge passe au centre de mobilisation d’infanterie n° 123 suite à la décision ministérielle du 28 novembre 1928 (J.O. du 2 décembre 1928).

 

Non pourvu d’emploi dans les réserves, il est rayé des contrôles à la date du 5 avril 1931 (article 102 de l’instruction du 10 février 1908). C’est le retour à la vie civile.

 

Decorations chef de musique Lerouge

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile de bronze

 

Citation à l’ordre du régiment n° 64 en date du 14 novembre 1918 :

 

« Lors des batailles de Belgique et de la Marne, de Champagne et d’Artois en 1915, a fait preuve d’un dévouement et d’un courage dignes d’éloges en allant à la tête de ses brancardiers, relever les blessés sous les bombardements les plus violents et jusqu’en avant des premières lignes.

 

Comme chef de musique du 149e R.I. s’est distingué par la haute conscience qu’il apporte dans la préparation morale et matérielle de ses brancardiers à leurs dures fonctions et par l’entrain qu’il a contribué à maintenir dans le régiment du fait de son sens musical très averti. »

 

Autres décorations :

 

Médaille militaire par décret du 30 décembre 1912.

 

Légion d’honneur attribuée par arrêté ministériel du 12 juillet 1918 (J.O. du 13 juillet 1918).

 

Jean Pierre Lerouge décède à Brive en 1939 à l’âge de 69 ans.

 

Pour en apprendre davantage sur les commissionnés, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

L’arbre généalogique de la famille Lerouge a été construit à partir de plusieurs arbres consultés sur le site « Généanet ». Il a été complété par différentes sources trouvées sur le site des archives départementales des Ardennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Ardennes.

 

J.M.O. du 149e R.I. (période allant du 24 octobre 1919 au 15 novembre 1923). S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/9.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F. Durand, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales des Ardennes, à  la mairie de Saint-Mendes et à  la mairie de Brive. 

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