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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 septembre 2022

18 septembre 1916

Journee du 18 septembre 1916

 

Une grosse partie de la 43e D.I. s’apprête à quitter la ligne de front après plusieurs jours de combat. Le 1er bataillon du 149e R.I. est envoyé à Framerville.

 

De nombreux Allemands se rendent au 10e B.C.P. et au bataillon du 17e R.I. dans le secteur de la 85e brigade. Plusieurs patrouilles des 21e et 109e R.I. (13e D.I.) fouillent le bois de Déniécourt. Ce dernier étant vidé de tout ennemi, elles poursuivent leur investigation jusqu’aux bois de Bovent, du Tremble et des Templiers. Des éléments de la 85e brigade ont reçu l’ordre de se joindre à ce mouvement.

 

Plusieurs soldats du 2e bataillon du 149e R.I. progressent par le boyau du Valet et la tranchée Colombine. Au point 92, ils se heurtent à un poste allemand de grenadiers et de mitrailleuses. Ils sont obligés de faire demi-tour.

 

Le 3e bataillon du 158e R.I., sous les ordres du commandant Fernagu, est mis à la disposition de la 85e brigade. Il relève le bataillon du 17e R.I.. Les deux autres bataillons de ce régiment sont relevés par le 409e R.I. (120e D.I.).

 

Le 10e B.C.P. et les trois compagnies du 3e B.C.P. se retirent de leur position sans être remplacés.

 

Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. sont maintenus sur  la ligne de front.

 

Carte journée du 18 septembre 1916

 

 

Le Lieutenant-colonel Pineau prend officiellement le commandement du 149e R.I. le 18 septembre. Un commandant de bataillon assurait les fonctions de chef de corps par intérim depuis le 6 septembre 1916, suite à la capture du lieutenant-colonel Gothié.

 

                                         Tableau des tués pour la journée du 18 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  419/3.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

 

J.M.O. du 409e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/11.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Témoignage inédit de l’aumônier Henry.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, J.L. Poisot, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

16 septembre 2022

17 septembre 1916

17 septembre 1916 - P

 

Dans la nuit du 16 au 17 septembre, le 1er B.C.P. quitte Framerville. Rattaché à la 85e brigade, il doit relever une partie du 10e B.C.P. en 1ère ligne.

 

Une fois sur place, il établit sa liaison avec des éléments de la 13e D.I. à sa gauche. À sa droite, il se relie à deux compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. qui occupent la zone reliant le point 651g aux abords de la ferme sans Nom.

 

La dernière compagnie de ce bataillon est installée au moulin détruit. Le 3e bataillon du 149e R.I. est positionné juste en arrière. Le 1er bataillon du régiment occupe le village de Soyécourt. Son départ pour Framerville a été retardé.

 

Le 10e B.C.P. a du légèrement modifier sa trajectoire de front juste après l’arrivée du 1er B.C.P.. Il gère toute la ligne de flanc faisant jonction avec la 13e D.I..

 

La 85e brigade est prête à repartir à l’attaque malgré l’épuisement de ses troupes.

 

Troupes engagées et objectifs

 

Deux compagnies et une compagnie de mitrailleuses du 3e B.C.P., les 1er et 10e B.C.P et les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. se tiennent prêts à franchir le parapet au moment venu.

 

Un bataillon du 17e R.I., trois compagnies et une compagnie de mitrailleuses du 3e B.C.P. constituent la réserve de la 85e brigade.

 

Ces unités doivent atteindre la ligne 90 au sud du parc de Déniecourt et rejoindre les points 616c et 651i, avant de se lancer à l’attaque de la tranchée Colombine et du bois Vasset. Le 149e R.I. a pour objectif la tranchée 651i - 4200.

 

Carte 1 journee du 17 septembre 1916

 

Offensive du 17 septembre 1916

 

L’attaque est déclenchée à 14 h 30. Elle progresse sans rencontrer de résistance. C’est un succès total sur toute la ligne de front. Les pertes sont minimes. Pour le 149e R.I., il n’y a qu’un tué à déplorer.

 

Vu la violence extrême des bombardements effectués par l’artillerie française durant les jours précédents l’attaque, il est tout à fait probable que l’infanterie ennemie ait choisi d’évacuer la plus grosse partie de ses troupes de la tranchée convoitée pour mieux se renforcer vers l’arrière.

 

En fin de journée, le 149e R.I. réussit à installer un barrage dans le boyau du Valet à 150 m à l’est de 651i. Il occupe également l’intégralité de la tranchée 651i -batterie 4200. Le 3e B.C.P. tient la tranchée à gauche de 4200 et le 1er B.C.P. s’organise sur le point 90. Le 10e B.C.P. s’est positionné à la lisière du parc. Il a pu établir un poste avancé dans la tranchée du Pierrot.

 

À droite, le village de Vermandovillers est occupé par les troupes françaises. À gauche, la 13e D.I. a atteint tous ses objectifs.

 

Durant la nuit, les Allemands restés encerclés dans le parc lancent plusieurs contre-attaques à la grenade sans succès.

 

Le bataillon du 17e R.I., réserve de brigade, relève 3 compagnies et 1 compagnie de mitrailleuses du 10e B.C.P..

 

                               Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 17 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

9 septembre 2022

La musique du 149e R.I..

Un tambour et un clairon du 149e R

 

Dans une célèbre citation dont on ne sait si elle est réelle ou apocryphe, Clemenceau aurait dit " la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique." Cette critique de la musique militaire est sans appel, mais elle n’est pas fondée.

 

En effet, présente dans tous les régiments, elle participa activement à la Première Guerre mondiale.

 

À travers la formation musicale du 149e R.I., découvrons son organisation et son rôle avant et pendant le conflit.

 

Si la réglementation militaire impose un nombre de 38 instrumentistes, le chef de corps est libre d’augmenter les effectifs en fonction de l’intérêt qu’il  accorde à cette musique. Pour cela, il doit puiser sur la ressource de son régiment en supprimant proportionnellement des postes dans les autres unités.

 

Comme pour la plupart des unités militaires, le 149e R.I. possède une musique composée de deux entités : l’harmonie (cuivres et bois) et la batterie (tambours et clairons) communément appelée « la clique ».

 

Leur rôle n’étant pas identique, il faut impérativement les différencier l’une de l’autre.

 

La musique du 149e R.I.

 

Les années avant-guerre

 

Les musiciens de l’harmonie

 

En dehors des instruments de base, clarinettes, saxophones, trompettes, trombones, saxhorns et contrebasses, il existe de nombreuses variantes possibles concernant la composition de la formation musicale régimentaire.

 

Elles sont généralement liées à l’arrivée des nouveaux conscrits susceptibles de rejoindre le groupe. Un violoniste de la nouvelle classe peut remplacer un joueur de flûte traversière sur le départ. De la même manière, un saxophoniste peut prendre la place d’un hautboïste, etc.

 

Le niveau instrumental des musiciens n’est jamais identique. Il varie en fonction des arrivées liées aux années de conscription. Très vite, une musique jugée excellente peut devenir l’année suivante (au grand dam de son chef de musique et du chef de corps) moins performante. Heureusement, l’inverse peut se produire aussi.

 

En dehors des prises d’armes à l’intérieur et à l’extérieur de la caserne Courcy durant les commémorations telles que le 14 juillet, la musique du 149e R.I. participe largement à la vie publique de la cité spinalienne.

 

La musique au cours

 

Elle offre, à un rythme quasi hebdomadaire, des concerts au kiosque d’Épinal placé sur le cours longeant la rive droite de la Moselle. Les programmes joués à ces occasions sont largement diffusés dans la presse locale. À chaque fois, ils attirent un large public.

 

La musique au chateau

 

La musique peut également participer à des concours musicaux civils, animer des messes, prendre part à des retraites aux flambeaux, défiler dans la ville (avec ou sans le régiment), prêter son concours à des œuvres de bienveillance, animer des soirées régimentaires ou bien encore prendre part aux fêtes des écoles (comme le prouve la photographie suivante).

 

La fete de l'ecole

 

La clique

 

Sous l’autorité directe du tambour-major, la clique, composée de tambours et clairons, constitue la seconde formation musicale du régiment.

 

Tambours et clairons

 

Ne dépendant pas de la C.H.R., ses hommes sont à dissocier du groupe des musiciens. La plupart d’entre eux sont rattachés directement aux 12 compagnies du régiment. De manière générale, chaque compagnie possède un clairon et un tambour, parfois il peut y en avoir davantage.

 

Année 1908

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1908

 

En janvier 1908, la musique du 149e R.I. est placée sous la direction du chef de musique de 2e classe, Paul Porte, qui remplace son homologue le lieutenant Octave Guillon, affecté au 107e R.I..

 

Le lieutenant Paul Porte, secondé par son sous-chef de musique Émile Drouot, détient les mêmes droits qu’un commandant de compagnie.

 

Responsable de la musique, du personnel et du matériel, il est également chargé d’assurer la discipline, de veiller à l’éducation militaire, à la tenue irréprochable et de parfaire l’instruction technique de ses musiciens. Le chef de musique Paul Porte est aussi le garant de la direction technique et de l’instruction donnée aux tambours et clairons ; ceux-ci sont placés sous les ordres du tambour-major.

 

Le lieutenant Porte doit régulièrement soumettre au colonel Clause, par l’intermédiaire d’un des lieutenants-colonels du régiment, toutes les consignes relatives au service et à l’instruction de ses subordonnés.

 

La clique

 

Les tambours et les clairons - annee 1908

 

Le tambour-major, Armand Niderberger, est secondé par des adjoints (tambour-maître et clairon-maître), qui encadrent les tambours et clairons du 149e R.I. durant leur passage sous les drapeaux. Le tambour-major veille au bon entretien des instruments et signale, à qui de droit, les réparations à faire et les remplacements nécessaires. Il est rattaché à la musique pour l’exécution du service intérieur. En cas de détachement, il reste à proximité du colonel.

 

Le niveau musical des clairons et des tambours peut ne pas être tout à fait le même que celui des instrumentistes de l’harmonie régimentaire. Leurs connaissances en solfège sont parfois moindres et leur technique instrumentale plus basique. Deux différences marquantes : s’ils n’ont pas le droit de porter la lyre, l’insigne distinctif des musiciens, ils peuvent arborer le liseré spécifique à leur fonction cousu aux manches et au col de leur vareuse.

 

La lyre et le lisere

 

Plusieurs conscrits, issus de fanfares civiles, possèdent les bases nécessaires pour rejoindre la clique. Les futurs clairons peuvent être auditionnés et retenus préalablement par le chef de musique Porte et le tambour-major Niderberger afin de mesurer l’étendue de leurs connaissances instrumentales.

 

L'ecole des tambours et des clairons - image 1

 

Si certains peuvent être intégrés dans la formation sans pour autant posséder les prérequis dans ce domaine, leur apprentissage musical militaire s’effectuera à l’école des clairons et des tambours.

 

Les hommes doivent connaître de nombreuses sonneries et surtout bien les maîtriser. Une fois formés, les clairons et les tambours disposent d’un ensemble de sonneries suffisamment large pour donner les principales consignes journalières à l’ensemble du régiment.

 

Leur mission reste de l’ordre du service général. Ces hommes effectuent les sonneries (service de garde, montée des couleurs). Ils rythment la vie de leur compagnie (sonneries de rassemblement, appels divers comme pour la distribution du courrier).

 

Voici quelques exemples de sonneries entendues à l’intérieur de la caserne Courcy (pour les écouter, il suffit de cliquer une fois sur chacune des partitions suivantes).

 

Le réveil

 

 

La Diane

 

 

Le réveil, souvent joué seul, est quelquefois précédé d’un morceau appelé la Diane. De la même façon, la Diane peut-être jouée séparément, soit par un clairon seul, soit accompagnée d’un tambour.

 

L’appel

 

 

Le rassemblement

 

 

Aux officiers

 

Au drapeau

 

 

La distribution des lettres

 

 

Aux malades

 

 

En avant

 

 

Marche de retraite (pour la retraite du soir et pour le champ de tir)

 

 

La soupe

 

L'extinction des feux

 

 

Les clairons et les tambours assurent également le rythme du pas cadencé au cours des sorties des compagnies en ordre serré.

 

Pour les mouvements propres au régiment, les clairons et les tambours sont rattachés à la musique. Ils font alors bloc avec l'harmonie. Le nombre d’instrumentistes étant plus important, leur appellation devient (pas toujours) la batterie-fanfare. Les clairons et les tambours sont placés devant l'harmonie, pendant les déplacements du 149e R.I..

 

La batterie fanfare

 

Année 1909

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1909

 

Le personnel de la musique comprend des élèves musiciens et des musiciens titulaires dont le nombre est fixé par des instructions ministérielles.

 

Les uns et les autres peuvent être nommés à la 1ère classe selon les conditions fixées à l’article 135. Article 135 : L’admission des soldats à la 1ère classe est prononcée par le colonel sur la proposition du capitaine et l’avis du chef de bataillon. Leur nombre ne peut dépasser deux par escouade.

 

Les soldats de 1ère classe sont choisis parmi les soldats de 2e classe ayant au moins quatre mois de service et qui méritent cette distinction par leur vigueur, leur conduite et leur instruction militaire.

 

Des nominations peuvent être faites, à titre exceptionnel, avant quatre mois de service, pour récompenser un acte de courage et de dévouement.

 

Les soldats de 1ère classe non punis sont exempts, sauf nécessité, des corvées intérieures de la compagnie. Le nombre des nominations ainsi faites ne doit pas dépasser huit pour l’ensemble de la musique.

 

Les élèves musiciens sont désignés par le colonel Clause suite à la proposition du chef de musique Porte. Ils sont choisis parmi les soldats possédant l’aptitude voulue, qui ont au moins quatre mois de service et ne sont pas élèves caporaux.

 

Les élèves musiciens ne peuvent être nommés titulaires que lorsqu’ils ont dix mois de services. Toutefois, des nominations avant ce délai peuvent être autorisées, à titre exceptionnel, par le général de brigade.

 

La musique forme généralement quatre escouades, commandées chacune par le plus ancien des musiciens de 1ère classe de l’escouade.

 

Les chefs d’escouades assurent, à tour de rôle, l’exécution du service de semaine, y compris les appels.

 

La surveillance de l’ensemble du service intérieur est répartie par le chef de musique entre le sous-chef de musique et le tambour-major.

 

 La clique

 

Les tambours et les clairons - annee 1909

 

Chaque régiment possède sa propre marche. C’est en quelque sorte son identité sonore. Pour le 149e R.I. seule une partie du refrain a pu être retrouvée.

 

 

Ce morceau de refrain a été retranscrit dans l'almanach du drapeau de l’année 1907 (selon un manuscrit rédigé par l'ancien tambour-major A. Raynaud du 31e R.I., datant de 1936, il était encore utilisé en 1914). Les paroles ne sont pas d’origine. Le responsable de cette édition les a probablement fait modifier. En effet, le caractère léger, pour ne pas dire grivois, des textes utilisés pour ces marches dans des temps plus anciens a probablement été censuré par l’auteur ou par l’éditeur dans cette publication à large diffusion.

 

En général, le refrain sert d'introduction à une marche régimentaire beaucoup plus complète.

 

À l'heure actuelle, il a été impossible de récupérer une partition de la marche du 149e R.I.. À l'époque, les musiciens reproduisaient eux-mêmes leurs partitions sur du papier à musique. Il en existe peut-être encore une copie dans les archives d'une harmonie civile où aurait pu jouer un ancien du 149e   R.I., qui sait ?

 

En exercice et en dehors des sonneries de « commencez le feu » ou « cessez le feu », les clairons peuvent sonner le refrain de leur régiment d'appartenance. De cette manière, les soldats de la même unité ont la possibilité de se repérer et de se retrouver. Sur le champ de bataille, le sifflet a fini par remplacer ce système.

 

Commencez le feu

 

 

Cessez le feu

 

 

La marche du régiment est jouée (en priorité par la musique au complet)  soit par un clairon seul, soit par un tambour seul, soit par un clairon et un tambour, soit par plusieurs clairons et tambours, soit par plusieurs clairons. En fait, tout dépend de l'effectif.

 

Année 1911

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1911

 

Les musiciens du 149e R.I. posent pour la photographie de l’album régimentaire de l’année 1911. Excepté les joueurs de saxhorn et de trombone à pistons, tous les hommes tiennent leur instrument dans les bras. Chose rare, il y a deux violonistes dans la formation.

 

Silhouettes des musiciens de l'harmonie- annee 1911

 

Les musiciens prennent part aux marches et aux manœuvres selon les conditions fixées par le chef de corps. Ils ne sont pas dispensés des séances de tirs. Ils assistent aux exercices importants, soit avec leur compagnie, soit avec la musique.

 

La clique

 

Les tambours et les clairons - annee 1911

 

Le tambour-major Niederberger dispose d’une douzaine de marches (identiques pour tous les régiments) pour accompagner les déplacements des compagnies du 149e R.I.. Ces marches sont par exemple utilisées pour aller au champ de tir ou pour effectuer un déplacement de manœuvres en petits groupes.

 

Elles peuvent également être jouées par un groupe d’instrumentistes plus conséquent. Dans ces conditions, le tambour-major, le tambour-maître ou le clairon-maître coordonnent l’ensemble musical pour rendre les interprétations plus faciles.

 

L'ecole des tambours et des clairons -image 2

 

Si vous souhaitez écouter les 2e, 3e, 5e et 8e marches, il suffit de cliquer une fois sur chacune des partitions suivantes (seules les versions à un clairon et à un tambour ont été enregistrées).

 

 

Les marches peuvent être interprétées soit par plusieurs clairons, soit par plusieurs tambours, soit par les deux instruments à la fois, soit par un ou deux instruments.

 

Les marches jouées par les tambours et clairons sont assez courtes. Lorsque l'on écoute attentivement ces extraits, nous constatons de fortes ressemblances entre les morceaux. Les hommes étaient sacrément doués pour ne pas se tromper ! En règle générale, le tambour-major donne le numéro de la marche, avec quelques enchaînements, mais pas trop d'un seul coup. Il faut éviter les erreurs !

 

Le tambour-major a donc la possibilité d’alterner les numéros de marches comme bon lui semble au cours des déplacements. Les clairons et les tambours peuvent également alterner, pour un même morceau, la version à deux instruments, entrecoupée si besoin, de la version « clairon seul ou tambour seul ». Toutes les variantes sont possibles.

 

Année 1913

 

Cette année-là, dans son avis sur le chef de musique Porte, le colonel Menvielle, commandant du 149e R.I., accorde peu de crédit à la musique de son corps. Il la considère comme un ensemble instrumental plutôt médiocre. Le général de brigade Rafffenel approuve ce jugement. Le chef de musique Paul Porte fait tout son possible pour relever le niveau de ses musiciens.

 

Les années de guerre

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Le chef de musique de 1ère classe (capitaine) Porte est toujours à la tête de la musique du 149e R.I. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Émile Drouot occupe encore les fonctions de sous-chef de la musique.

 

La photographie suivante, réalisée en 1913, montre les musiciens du 149e R.I.. La plupart d’entre eux ont probablement participé au secours des blessés durant les premiers mois du conflit.

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1913

 

En dehors du fait de jouer d’un instrument au sein de l’harmonie, les musiciens ont pour mission de relever les blessés sur le champ de bataille après chaque engagement du régiment. Pour mener à bien cette tâche, ils ont suivi la formation de brancardier durant leur temps de conscription. Certains d’entre eux ont même eu la possibilité de devenir infirmiers. Hélas, le cas échéant, ces hommes pouvaient aussi être utilisés comme fossoyeurs.

 

Decision du mardi 12 janvier 1915

 

Le 12 janvier 1915, le lieutenant-colonel Gothié remet de l’ordre dans sa musique et dans sa clique. Voici ce qu’il écrit dans un petit bulletin intitulé « décision du mardi 12 janvier 1915 » :

 

« Il est bien entendu que les musiciens ne sont à la disposition du médecin-chef de service qu’en cas d’engagement de tout le régiment. En dehors de ce cas spécial, il ne sera fait appel aux musiciens, pour le service des brancardiers, qu’à titre tout à fait exceptionnel et sur demande adressée au chef de corps. Lorsqu’il sera fait appel aux musiciens pour le service des brancardiers, leurs instruments seront confiés régulièrement au commandant du T.C. et repris régulièrement une fois le service de brancardier terminé.

 

Les chefs de bataillon rendront compte du nombre de tambours et de clairons munis d’instrument existant dans les unités sous leurs ordres.

 

Les tambours, clairons ou élèves seront réunis chaque jour, aux heures des exercices près du cantonnement de Villers-Brûlin, pour reprendre leur instruction spéciale sous la direction du sergent tambour-major, le matin de 8 h 00 à 10 h 00 et l’après-midi de 13 h 00 à 15 h 00. Des procès-verbaux de perte seront établis pour les instruments ayant disparu par cas de force majeure. »

 

Les musiciens du 149e R.I. sont censés être un peu moins exposés que leurs camarades fantassins durant les attaques. Pourtant, leur courage n’est pas à démontrer.

 

Les prises de risques permanentes sur les terrains particulièrement accidentés, les conditions climatiques pénibles pour récupérer les blessés sur le champ de bataille les exposent tout autant aux balles de mitrailleuses et aux tirs d’artillerie ennemis. L’obtention de la Médaille militaire doublée d’une citation à l’ordre de l’armée du sous-chef de musique Drouot obtenue en août 1915 ne laisse aucun doute sur la vaillance de ces hommes. « Très bon sous-officier, depuis le début de la campagne, a fait preuve d’un grand dévouement en soignant les blessés et en dirigeant les musiciens chargés de les relever sur le champ de bataille. »

 

Bien souvent, les musiciens sont restés des héros anonymes au comportement exemplaire et désintéressé. Ils peuvent relever le moral des troupes en organisant des aubades improvisées au cantonnement. Dès qu’ils en ont la possibilité, ils effectuent des concerts sur la place publique dans les villages situés à proximité de la ligne de front.

 

Quelque part sur la ligne de front

 

Ils réalisent parfois des animations musicales de manière impromptue, de façon individuelle ou en petit groupe autour du feu, à la popote ou à la chambrée. Ils rendent aussi les honneurs aux compagnons d’infortune tombés au combat.

 

Un bon nombre d’entre eux n’est pas rentré au foyer après la démobilisation de 1919. Pour le 149e R.I., il a été impossible de les quantifier. Les fonctions de brancardier et de musicien ne sont pas mentionnées sur leurs fiches matricules et encore moins sur leurs fiches « mémoire des hommes ».

 

Le chef de musique Paul Porte quitte le 149e R.I. le 12 octobre 1916 pour des raisons de santé.

 

Jean Pierre Lerouge prend ses fonctions de chef de musique au 149e R.I. le 10 février 1917.

 

La fiche matricule du sous-chef de musique Émile Drouot ne fournit pas les informations nécessaires pour reconstruire son parcours militaire durant le conflit 1914-1918. Il est donc impossible d’affirmer si ce sous-officier a fait l’intégralité du conflit au sein du 149e R.I..

 

La clique

 

L’adjudant tambour-major Armand Niderberger est tué le 14 septembre 1914 au cours de la bataille de la Marne, près du petit village de Souain. 

 

Le liseré spécifique cousu sur l’uniforme des clairons et des tambours a tendance à disparaître au fil du temps. Le cliché suivant, probablement réalisé en automne 1915, marque ce changement. La plupart des hommes photographiés ici ne le portent plus à l’exception de quatre d’entre eux.

 

1915

 

Sur le champ de bataille, les clairons et les tambours du 149e R.I. se relayent en permanence pour donner les ordres.

 

Affectés aux compagnies, ces hommes participent aux coups de feu en prenant part aux combats.

 

Une vingtaine d’entre eux ont été tués durant le conflit 1914-1918.

 

                    Tableau des clairons et des tambours du 149e R.I. tués durant le conflit 1914-1918

 

Le cahier de chansons

 

Cahier de chansons

 

Les hommes ont appris plusieurs chansons durant leur passage sous les drapeaux. Cette activité moins visible mérite d’être évoquée ici.

 

En règle générale, tous les soldats sont susceptibles de posséder un cahier de chansons. Il suffisait que l'un d'entre eux commence à pousser la première mélodie, pour que les autres enchaînent sans trop de difficultés.

 

Cette manière de faire a pu être un bon moyen de reconnaissance sur le champ de bataille. Ce système très pratique, qui ne demande aucun support matériel si ce n’est d’avoir un peu de souffle, de la mémoire et de la conviction, a probablement permis a plusieurs d’entre eux de ne pas se perdre dans le no man’s land au retour d’une patrouille de nuit, voire de leur sauver la vie.

 

Gloire au 149e R

 

Pour finir, voici une chanson intitulée « Gloire au 149e R.I. » composé par Ernest Jaubert.

 

1.

 

Partout, quand sous la Barbarie

Le droit fléchit, nous sommes là,

Enfants d’une libre patrie,

Contre les brutes d’Attila.

La Malmaison, Artois, Champagne,

Verdun, la Somme et cætera,

Partout où l’honneur fait campagne,

L’on y fut et l’on y sera.

 

Refrain

 

C’est nous, le plus fier bataillon

Y a bon !

Le plus fier régiment de ligne !

Aussi bon pour subir que pour donner la mort,

Quand le colonel nous fait signe,

Le régiment « résiste et mord ! »

 

2.

 

Le chaud, le froid, le vent, la glace,

La boue épaisse aux pieds de plomb,

Le jour, la nuit, rien ne nous lasse,

Du simple soldat au colon.

Nous ne craignons pas plus les hommes

Que la fureur des éléments :

Des Sans-Peur, voilà qui nous sommes.

En avant ! Sus aux Allemands !

 

3.

 

Dans l’attaque et dans la défense,

On n’a le cœur ni les doigts gourds ;

À l’assaut nul ne nous devance,

À la tranchée, on tient toujours.

Pour la bravoure accoutumée

L’entrain et la ténacité,

On fut, à l’ordre de l’armée,

Le premier régiment cité !

 

4.

 

Sous les obus, sous la mitraille,

Soldats et chefs, le bataillon

Demeure comme une muraille,

Où vole comme un tourbillon.

Qu’un seul désir, une seule âme

Animent nos milliers de corps :

Jurons par le feu et la flamme,

De bouter l’Allemand dehors !

 

5.

 

Par le divin peuple de France,

Qui ne doit pas être vaincu.

Par la beauté, l’art, l’espérance,

Tout ce qui vaut d’être vécu.

Nous crèverons saillants et poches,

On les aura, nous le jurons :

Ils ne passeront pas, les Boches,

C’est nous, Poilus, qui passerons !

 

6.

 

Vosgiens, Comtois, gars de Lorraine

De Paris, du Nord, du Midi,

Qu’un même enthousiasme entraîne,

Fils de France, en avant, hardi !

Hardi pour la lutte suprême.

Sus au Boche, il faut en finir !

Hardi ! Cent-quarante-neuvième,

Pour la France et pour l’Avenir.

 

Sources :

 

Extrait du livre « Service intérieur des corps de troupe d’infanterie » volume arrêté à la date du 25 août 1913. Éditions Henri Charles Lavauzelle.1913.

 

Almanach du drapeau de l’année 1907

 

Dossier individuel du chef de musique Porte consulté au S.H.D. de Vincennes.

 

Les photographies de groupes représentant les musiciens et la clique du 149e  R.I. sont extraites des albums régimentaires des années 1908, 1909 et 1911.

 

Tous les autres clichés sont issus de ma collection personnelle.

 

Le dessin représentant un tambour et un clairon du 149e R.I. au repos a été réalisé par I. Holgado.

 

Les partitions des sonneries sont extraites de l’ouvrage « l'Instruction du 18 juin 1912 sur les batteries et sonneries communes à toutes les armes », mise à jour au 10 juin 1922, éditions Paris imprimerie nationale 1922.

 

L’ensemble sonore des sonneries présentées ici a été réalisé avec le logiciel  « Finale ».

 

Le texte « décision du mardi 12 janvier 1915 » provient du fonds Gothié propriété de la famille Gothié.

 

Le texte de la chanson « Gloire au 149e R.I. » fait partie du fonds Bonnefous, propriété de N. Bauer.

 

Un grand merci à N. Bauer à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F.Durand, à D. Gothié et à I. Holgado.

9 septembre 2022

Marcel Morand (1892-1983)

Marcel Morand

 

Marcel Morand naît le 29 mai 1892 à Vierzon-ville, dans le département du Cher. Son père, Joseph Frédéric, est garçon meunier. Il a 41 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Mélanie Alexandrine Thomas a 27 ans. Les Morand auront au total 9 enfants. Trois décéderont en bas âge.

 

Le registre matricule de Marcel indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui veut dire qu’il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte son instituteur. Cette fiche nous apprend également qu’il fut employé de commerce.

 

Son père décède en 1908, Marcel a seize ans, sa plus jeune sœur, trois ans.

 

L’année de ses vingt ans, le jeune Morand se rend à la mairie de Vierzon pour passer devant le conseil de révision. Au vu de son excellent état de santé, le conseil le déclare « bon pour le service armé ». Il est classé dans la 1ère partie de la liste.

 

Le 10 octobre 1913, Marcel arrive en gare d’Épinal en même temps qu’un nombre important de conscrits de sa classe qui l’accompagnent depuis Vierzon.

 

Les régions de l'intérieur envoyaient une petite partie de leur contingent vers les unités aux frontières, car le réservoir humain des dites frontières était insuffisant pour garnir les rangs.

 

Le soir même, tous ces hommes dorment à la caserne Courcy, bâtiment militaire qui abrite le 149e R.I.. Marcel débute sa formation de soldat à la compagnie hors rang.

 

L’année suivante, l’armée lui accorde le statut de soutien de famille.

 

Marcel est toujours à la C.H.R. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Ses fonctions au sein de cette compagnie, qui n’est pas une unité combattante, ne sont pas connues. Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure il participa aux différents combats, sachant qu'il fut de toutes les opérations depuis le début des hostilités.

 

Cette situation change le 11 avril 1915. Ce jour-là, Marcel est affecté à la 10e compagnie du 149e R.I.. À partir de cette date, nous savons qu’il est vraiment engagé dans toutes les attaques impliquant sa compagnie dans le secteur d’Aix-Noulette, en Artois.

 

Le 25 juin 1915, le soldat Morand est nommé caporal. Le 1er avril 1916, il peut coudre ses galons de sergent. Le 149e R.I. est engagé à Verdun depuis le mois de mars.

 

Le régiment spinalien occupe ensuite un secteur en Champagne entre les buttes de Tahure et de Mesnil.

 

En septembre 1916, le 149e R.I. est dans la Somme. Il participe à plusieurs attaques dans les secteurs de Soyécourt et d’Ablaincourt. Le régiment reste quatre mois dans ce secteur. En novembre, le sergent Morand gagne sa croix de guerre avec une citation à l‘ordre de la brigade.

 

Le 10 avril 1917, Marcel Morand se fait photographier avec l’ensemble des sous-officiers de sa compagnie, dans le Haut-Rhin, près de Belfort.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Son identification a été rendue possible à partir du livre écrit par Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ». Un cliché similaire figure à la page 179 de l’ouvrage. Chaque homme est nommé en marge de la photographie.

 

Fin mai, le 149e R.I. est envoyé dans un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison, près du chemin des Dames. Le 7 juin 1917, la 10e compagnie est à la ferme le Toty. Le sergent Morand est violemment commotionné suite à l’explosion d’un obus qui lui rompt un tympan.

 

Ferme le Toty

 

Marcel est, dans un premier temps, soigné à l’ambulance 5/52 avant d’être envoyé vers l’arrière.

 

Le 19 juin, il est à l’hôpital n° 47 de Mont-Saint-Aignan. Le 4 juillet, le sergent Morand est cité à l’ordre de la division. Le 11 juillet, il occupe un lit de l’hôpital complémentaire n° 48 de Rouen. Le 14 juillet, Marcel est pris en charge par les médecins de l’hôpital Bel air 3 à Nantes. Une fois rétabli, le sergent Morand bénéficie d’une semaine de convalescence.

 

Le 13 août, il est de retour au dépôt du 149e R.I.. Sa dernière citation nous apprend qu'il demande instamment son retour au front, dans son régiment, alors qu'il est affecté à une compagnie d'inaptes.

 

Le 19 octobre, Marcel retrouve la 10e compagnie qui va bientôt être engagée dans la bataille de la Malmaison. 

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant la bataille dite de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 30 novembre, Marcel peut ajouter une palme à sa croix de guerre.

 

Le 149e R.I. est en formation du côté de Compiègne en avril 1918. Fin mai, avec l’ensemble de la 43e D.I., il repousse une offensive allemande dans le secteur d’Arcy-Sainte-restitue.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue

 

Marcel est décoré de la Médaille militaire sur le champ de bataille le 4 juin 1918.

 

Le mois suivant, le sergent Morand est fait prisonnier dans le secteur de Tahure. Inquiète, sa sœur entreprend des recherches auprès du Comité International de la Croix Rouge pour tenter d’en savoir plus.

 

 

Marcel est en captivité en Allemagne. Sa fiche signalétique et des services indique un internement au camp de Langeltal, ce qui est une erreur. En fait, le sergent Morand est emprisonné à Langensalza.

 

Camp de prisonniers ou a ete interne Marcel Morand

 

Marcel Morand est rapatrié en France le 10 janvier 1919. Neuf jours plus tard, l’ancien captif est au dépôt du 95e R.I. à Bourges. Le 25 août, il est envoyé en congé illimité de démobilisation avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. C’est enfin le retour à la vie civile après plus de cinq années sous l’uniforme du 149e R.I.. Marcel n’en a pas pour autant complètement terminé avec l’armée. Il est affecté à la réserve du 95e R.I..

 

Le 29 juillet 1919, il épouse Marcelle Alice Vallée à Lury-sur-Arnon. Le couple aura deux enfants, Jacques et André.

 

Le 10 mai 1930, l’ancien combattant est classé sans affectation. Le 1er janvier 1921, il réside au 30 rue Clocheville à Tours.

 

Marcel est rattaché à la classe de mobilisation 1908 le 27 janvier 1931. Le 1er juillet 1932, il dépend, en tant que père de deux enfants, du centre de mobilisation d’artillerie n° 25 (encadrement d’unité d’ouvriers).

 

Le 18 janvier 1933, la famille Morand est domiciliée au 8 rue Littré. Cette année-là, le sergent de réserve est rattaché à la subdivision militaire de Tours.

 

La commission de réforme de Tours, qui s’est réunie le 5 mai 1936, lui accorde une invalidité temporaire de 10 % pour une otite moyenne post-traumatique de l’oreille gauche. Elle le fait passer dans le service auxiliaire. 

 

L’ex-sergent du 149e R.I. repasse devant cette commission le 22 mars 1938. Cette fois-ci, il obtient une pension de 15 %. Son tympan s’est bien cicatrisé, mais son audition a encore chuté. Son statut militaire n’est pas modifié.

 

De nouveau, il va falloir se préparer à affronter l’armée allemande, Marcel Morand est envoyé au dépôt 92 le 28 octobre 1939. Ses soucis de santé le font congédier le jour même, classé sans affectation à compter du 19 octobre 1939.

 

Le 15 octobre 1940, l’ancien sous-officier du 149e R.I. est dégagé de toute obligation militaire. Il est réintégré dans sa subdivision d’origine le 16 août 1948.

 

Le 12 mai 1959, Marcel vit au 7 rue Racine à Tours.

 

Il décède le 14 décembre 1983 à l’âge de 91 ans, quatre ans après son épouse.

 

Decorations Marcel Morand

 

Le sergent Morand a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 15 en date du 22 novembre 1916 :

 

« Jeune sous-officier très courageux, très tenace. A, dans la nuit du 8 novembre 1916, aidé d’une façon particulièrement active et malgré de violents bombardements au ravitaillement en munitions du bataillon d’attaque. »

 

Citation à l’ordre de l’infanterie divisionnaire n° 6  en date du 4 juillet 1917 :

 

« Sous-officier brave. Au front depuis le début de la campagne. Commotionné très fortement pendant un violent bombardement des 1ère lignes, a caché sa blessure, n’a quitté sa section que sur ordre de son commandant de compagnie. Déjà cité. »

 

Citation à l’ordre de la VI e armée n° 527 en date du 30 novembre 1917 :

 

« Sous-officier d’un courage remarquable, incomplètement guéri d’une blessure a, sachant que son régiment devait prendre part à des opérations importantes, demandé instamment à quitter le dépôt pour rejoindre la compagnie. S’est conduit, au cours de l’attaque d’une façon remarquable, montrant l’exemple du plus grand sang-froid. »

 

Médaille militaire avec citation à l’ordre de l’armée le 4 juin 1918 (ordre n° 8571 D pour prendre rang du 4 juin 1918) :

 

« Sous-officier d’une bravoure à toute épreuve qui a pris part à toutes les attaques du régiment. A affirmé une fois de plus sa bravoure pendant de récents combats en conduisant très brillamment sa section à l’assaut. Une blessure. Trois citations. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 15 juillet 1965)

 

La généalogie de la famille Morand peut se consulter sur le site « Généanet ».

 

log geneanet

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Morand a été consultée sur le site des archives départementales du Cher.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à C. Trumeau  à F. Barbe, à A. Carobbi, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 septembre 2022

François Auguste Aucagne (1880-1964)

François Auguste Aucagne

 

François Auguste Aucagne voit le jour le 17 avril 1880 à Vaux-en-Beaujolais, un petit village rural situé dans le département du Rhône.

 

Son père, Auguste Marie, 37 ans, travaille le bois en tant que menuisier à la Creuse, une commune avoisinante. Sa mère, Marie Philomène Durand, 36 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle élève déjà une fille âgée de 7 ans.

 

Vaux (Rhone)

 

François est le cadet d’une fratrie composée de trois enfants. Sa sœur, Marie Victorine, est décédée prématurément.

 

Genealogie famille Aucagne

 

François Aucagne termine sa scolarité obligatoire avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il entre en apprentissage pour devenir horloger.

 

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision le déclare apte aux obligations militaires.

 

Généralement, les conscrits de la même classe rejoignent leur dépôt à la même période. Ce ne fut pas le cas pour François. Il est arrivé isolément à la caserne du 149e R.I. le 15 novembre 1901. Un motif familial ou une maladie pourrait expliquer cette arrivée tardive au régiment.

 

François Aucagne est nommé soldat de 1ère classe la veille de Noël de l’année suivante. Ses supérieurs ne lui donnent pas l’occasion de suivre la formation de caporal au cours de son incorporation à la caserne Courcy.

 

Le 19 septembre 1904, le jeune homme est envoyé dans la disponibilité avec son certificat de bonne conduite validé. Il passe officiellement dans la réserve de l’armée active le 4 novembre.

 

De retour à la vie civile, François Aucagne quitte sa région natale pour aller vivre à Ambert, dans le Puy-de-Dôme.

 

Il est de retour à la caserne Courcy du 6 mai au 2 juin 1907 pour effectuer sa première période d’exercice.

 

François Aucagne s’installe ensuite à Lyon, 6 rue du président Carnot, chez l’horloger Honneger, son nouvel employeur.

 

Début janvier 1909, il s’établit à Beaujeu. Le 3 février 1910, il épouse Jeanne Marie Françoise Large à Odenas. Le couple donne la vie à une petite fille, prénommée Francine Augustine, en février 1915.

 

Obligé de revêtir l’uniforme une nouvelle fois, l’horloger Aucagne réalise sa seconde période d’exercice, du 9 au 25 mai 1911.

 

Comme des centaines de milliers de réservistes, il est rappelé à l’activité militaire, par ordre de mobilisation générale en 1914. L’affiche est placardée dans toutes les communes de France, à partir du 2 août. François Aucagne a 48 heures pour rejoindre son régiment à Épinal.

 

Sa fiche matricule n’est pas assez détaillée pour nous permettre de faire une reconstitution exacte de son parcours militaire au cours des premiers mois du conflit.

 

François Auguste Aucagne (carte-photo)

 

Début janvier 1915, le soldat Aucagne est au camp de Mailly. Il prend le temps d’envoyer à sa sœur une carte photo avec son portrait en pied. François a rédigé le petit mot suivant au dos du cliché :

 

« Chère Élisa et cher Jean,

 

Je vois envoie, par cette carte, un petit souvenir de cette maudite guerre. Vous reconnaîtrez peut-être difficilement votre frère, quoique, jusqu’à présent, je n’ai pas trop souffert. J’espère que la chance me favorisera jusqu’au bout. Recevez mes meilleurs bécots.

 

Francisque »

 

Le frère et la sœur sont respectivement surnommés Francisque et Élisa dans cette petite correspondance. Ces prénoms, utilisés comme diminutifs, ne sont pas ceux de l’état civil. Ils ont rendu leur identification difficile.

 

François Aucagne est inscrit dans le registre des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il arrive au sein du régiment actif.

 

Le 25 mai 1915, il échappe de peu à la mort. Une balle de shrapnel lui a perforé le thorax et le poumon droit. François est, dans un premier temps, soigné à l’hôpital temporaire de Bruay. Le 5 juin, il est évacué vers l’arrière.

 

Le soldat Aucagne ne retourne pas sur la ligne de front après sa convalescence.

 

Il a été détaché, au titre de l’éclairage électrique de Lyon, du 19 décembre 1915 au 26 février 1919, date de sa mise en congé illimité de démobilisation.

 

Sa fiche matricule indique pourtant une affectation au 158e R.I. à compter du 1er juillet 1917. Cette mutation pourrait laisser supposer un retour en 1ère ligne au sein de cette unité. En fait, il n’en fut rien.

 

François Aucagne n’a jamais mis les pieds au 158e R.I.. Son affectation dans cette unité est tout simplement à mettre en lien avec son statut de détaché. Il ne faut pas oublier que le soldat Aucagne reste un mobilisé. Il est donc obligatoirement rattaché à un dépôt ; celui du 158e R.I. gère tous les détachés du Rhône, ce qui est son cas.

 

Pour mieux comprendre le fonctionnement des détachés au cours du conflit 1914-1918, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Le parcours du combattant de la guerre 1914-1918

 

Après la guerre, François Aucagne passe plusieurs fois devant la commission de réforme du sud-Rhône de Lyon.

 

Le 28 octobre 1919, il est maintenu dans le service armé avec une invalidité temporaire de 10 % pour séquelles de plaie transfixiante de l’hémi-thorax droit ; ces séquelles sont en lien direct avec sa blessure reçue le 25 mai 1915.

 

Le 14 décembre 1920, la commission de réforme lui accorde le même taux d’invalidité. Elle le reconnaît inapte pour l’infanterie, mais bon pour le train service auto.

 

Le 23 mars 1923, la commission de réforme se rassemble une nouvelle fois sans modifier son statut.

 

Le 1er octobre 1923, François Aucagne est rattaché à la classe de mobilisation 1898 en tant que père d’un enfant vivant.

 

Le 18 août 1924, la commission de réforme lui propose une pension d’invalidité permanente de 10 %, tout en le maintenant au service armé. Réunie de nouveau le 25 novembre à Lyon, la commission maintient sa situation.

 

François Aucagne semble avoir délaissé son métier d’horloger pour aller vers celui de tourneur sur fer en avril 1925.

 

Il est classé sans affectation  à partir du 15 novembre 1926.

 

Un mois plus tard, la commission de réforme lui accorde les 10 % d’invalidité permanente pour son ancienne transfixion de l’hémi-thorax droit. L’année suivante, il reçoit une pension de 240 francs.

 

François Aucagne obtient son certificat de combattant le 15 janvier 1928. Il est libéré de toutes obligations militaires le 10 novembre 1929.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. meurt le 14 octobre 1964 à l'âge de 84 ans dans la commune de Beaujeu où il s'était installé en 1909.

 

Sources

 

La fiche matricule et les actes d’état civil concernant la famille Aucagne ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Contrôle nominatif du 2e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à L. Rico, à T. Vallé et aux archives départementales du Rhône. 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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