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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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25 novembre 2022

Paul Maurice Porte (1868-1943)

Paul Maurice Porte

 

Paul Maurice Porte voit le jour le 27 octobre 1868 aux Pennes-Mirabeau, une petite commune située dans le département des Bouches-du-Rhône.

 

Son père, Jean Baptiste Léon, 28 ans, travaille comme menuisier. Sa mère, Antoinette Rosalie Roux, mère au foyer, est âgée de 27 ans.

 

Paul est le 5e enfant d’une fratrie composée de 4 filles et de 5 garçons. Deux d’entre eux décèdent au cours de la petite enfance.

 

Paul Porte passe toute sa jeunesse aux Pennes-Mirabeau, rue de la Fontaine.

 

Les Pennes-Mirabeau

 

Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Pour gagner sa vie, l’adolescent apprend le métier de menuisier, probablement dans l’entreprise où son père est employé.

 

L’année de ses 20 ans, Paul Porte est inscrit sur la liste de recrutement de la subdivision d’Aix (n° 829 au registre matricule) avec le billet de tirage n° 47 du canton de Gardanne. Dans le cadre de la loi Cissey du 27 juillet 1872, ce petit numéro lui impose une période de cinq ans sous les drapeaux.

 

Le jeune homme ne souhaite pas passer sa vie à travailler le bois. En octobre 1888, il est en Bretagne dans la région de Vannes. La raison pour laquelle il se trouve dans un département aussi éloigné de son village natal, à l’approche de la conscription, n’est pas connue.

 

Le 27 octobre 1888, Paul se rend à la mairie de la préfecture du Morbihan, place de l’Hôtel de Ville, pour contracter un engagement volontaire. Il choisit de porter l’uniforme durant les cinq années suivantes. 

 

Le jour de ses vingt ans, Paul Porte rejoint la caserne La Bourdonnaye où cantonne le 116e R.I..

 

Le 6 avril 1889, il intègre l’harmonie du régiment. Paul a certainement appris la musique durant ses jeunes années. Malheureusement pour nous, il a été impossible d’identifier l’instrument maîtrisé par ce soldat. 

 

Son statut de musicien lui permet d’être commissionné à compter du 24 septembre 1891. Paul Porte peut rester dans l’armée sans avoir à signer de nouveau contrat durant la période où il se trouve sous ce régime.

 

Pour en apprendre davantage sur les commissionnés, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Paul Porte est nommé sous-chef de musique à compter du 19 août 1895. Cette promotion impose un changement d’affectation. Il est muté au 87e R.I. de Saint-Quentin.

 

Sa position de commissionné prend fin le 6 novembre 1895.  Pour rester dans l’armée, il signe un nouvel engagement de cinq ans avec prime. Celui-ci prend immédiatement effet.

 

Le 27 décembre 1897, Paul Porte épouse Francine Le Chevalier, une Bretonne âgée de 25 ans, originaire de l’Île aux Moines. Cette femme est déjà mère d’une fille et de deux garçons. Paul reconnaît les trois enfants.

 

Genealogie famille Porte

 

Une décision ministérielle du 5 mai 1899 entraîne son affectation à l’école d’artillerie du 2e C.A.. Paul Porte devient sous-chef de la musique du 17e R.A.C.. Il a dû passer un concours de niveau national pour obtenir ce grade.  

 

Le 12 octobre 1900, il signe à nouveau pour une durée de deux ans à compter du 6 novembre de la même année.

 

Le 23 novembre, il passe à l’école d’artillerie du 15e C.A. suite à une nouvelle décision ministérielle. Le sous-officier Porte est muté au 38e R.A.C., un régiment qui tient garnison à  Nîmes.

 

Son passage dans cette unité est marqué par plusieurs punitions.

 

 

 

 

Le contraste est net avec ses attitudes lorsqu'il change d'affectation . Son dossier ne comporte plus de sanctions jusqu’à la mobilisation en août 1914.

 

Le 27 septembre 1902, il est commissionné pour la seconde fois de sa carrière. Ce statut prend effet le jour où son dernier contrat prend fin.

 

Paul Porte est nommé chef de musique de 3e classe le 19 octobre 1903. Sa carrière se poursuit par un retour dans l’infanterie avec une affectation au  130e R.I. de Mayenne.

 

Deux ans plus tard, le sous-lieutenant Porte est promu chef de musique de 2e classe. La nomination dans ce grade est également faite après une admission à un concours de niveau national.

 

Le 14 novembre 1907, un article de presse publié à la une du quotidien  « Le Journal » évoque un fait divers impliquant le chef de musique Porte.

 

« Le lieutenant de réserve Biville qui refusa, il y a quelques semaines, à Caen, de porter le drapeau de son régiment, aurait eu une manière de précurseur, dans la personne du chef de musique du 130e R.I. en garnison à Mayenne.

 

Les faits remontent au mois de septembre dernier. Ceux qui en eurent connaissance gardèrent d’abord une discrétion prudente, puis la dénonciation d’un soldat ayant provoqué, ces jours-ci, une enquête de la part du colonel, ils durent finalement parler.

 

J’ai pu joindre un des témoins de ce nouveau scandale qui je le hâte de le dire, paraît bien plus le résultat d’un accès de mauvaise humeur passagère que la manifestation réfléchie d’un état d’esprit regrettable.

 

À la fin de septembre dernier, m’a déclaré mon interlocuteur, le 130e d’infanterie effectuait, avec le 124e, des manœuvres de brigade dans le département de la Sarthe. Un matin, après une longue étape, nous étions à Cheville, commune de l’arrondissement de La Flèche. Tandis que les hommes, harassés de fatigue, se hâtaient vers leurs cantonnements, l’ordre fut donné à la musique d’accompagner, comme de coutume, le piquet d’honneur, chargé de la garde du drapeau, jusqu’à l’endroit où l’emblème devait être déposé. C’était en l’espèce, la demeure d’un ancien officier du régiment, située à environ 1500 mètres du village.

 

La perspective de cette étape supplémentaire, après plusieurs heures de marche, fut-elle si désagréable au chef de musique, qu’il ne sut modérer l’expression de son mécontentement ? Toujours est-il que quelques-uns de ses musiciens l’entendirent proférer ces paroles : «  C’est embêtant d’avoir encore à reconduire ce chiffon ! » Nous nous regardâmes avec surprise. Personne, cependant, ne souffla mot et, au signal, on se mit en route.

 

Plus d’un mois se passa sans que les musiciens fissent, autrement qu’entre eux, allusion à l’incident de Cheville. Le 2 novembre, l’un d’eux, nommé Hourrière, originaire de la Mayenne, désirant se rendre chez ses parents, à Ernée, demanda une permission à M. Porte. Ce dernier la lui refusa, parce qu’il avait encouru une punition peu de temps auparavant.

 

Il s’ensuivit, entre le soldat et l’officier, un colloque assez vif :

 

Vous me refusez ma permission ; eh bien ! je verrai le colonel et je lui répéterai ce que vous avez dit du drapeau.

 

Vos menaces, riposta M. Porte, ne me feront pas céder, et puisque vous voulez voir le colonel, vous le verrez. J’exige que vous le voyiez !

 

 Le colonel Michel, du 130e, saisi de l’incident ouvrit aussitôt une enquête. Il entendit le sous-chef de musique, M. Lotterie, et quatre soldats musiciens qui confirmèrent que leur chef avait, en effet, à Cheville, dans un mouvement d’humeur, qualifié le drapeau de chiffon.

 

Il ne restait plus qu’à recueillir les explications de M. Porte.

 

-  Quand on nous commanda, déclara-t-il, d’aller accompagner le drapeau, j’entendis des murmures de mécontentement dans les rangs de mes hommes. Me tournant alors vers eux, je leur dis : «  Que voulez-vous, c’est embêtant, mais il faut pourtant bien reconduire le drapeau ! » Pour ce qui est du mot « chiffon », j’affirme ne pas l’avoir prononcé. Un tel langage serait en opposition avec les sentiments que j’ai professés pendant toute ma vie.

 

Le colonel jugea cependant la précision des témoignages contraires suffisamment accablante pour infliger, à la date du 4 novembre, quinze jours d’arrêt de rigueur au chef de musique et saisir de l’incident le général commandant le 4e corps d’armée au Mans. Quant à Hourrière, le dénonciateur, il fut cassé de son emploi de musicien et envoyé en disgrâce à la 4e compagnie du 130e régiment de ligne à Domfront.

 

La mesure prise contre M. Porte et les motifs qui l’ont provoquée ne sont encore connus à Mayenne que de rares initiés. Ceux-ci s’en montrèrent d’ailleurs fort étonnés.

 

Le chef de musique, qui compte vingt années de services et dont c’est la première punition, passait en effet pour un bon officier, doublé d’un excellent père de famille. Tout au plus, lui reproche-t-on, quelques accès de vivacité fantasque. Sa carrière, on l’a vu, pourrait fort bien s’en trouver compromise.

 

R. Sabatier envoyé spécial du quotidien « Le Journal ». »

 

Cet évènement est probablement à l’origine de sa mutation précipitée au 149e R.I.. En effet, une décision ministérielle datant du 25 janvier 1908 l’affecte d’office dans cette unité.

 

 Peu de temps après son arrivée à la caserne Courcy, le chef de corps rédige ceci sur le relevé de notes de son subordonné :

 

« Vient d’arriver au régiment. A pris la musique dans de bonnes conditions, la maintient dans ses traditions artistiques et de discipline. Paraît animé d’un bon esprit, très correct, artiste et militaire fera très bien.

 

Tient bien sa musique, et au point de vue artistique et au point de vue disciplinaire. Actif, énergique, bon chef de musique, le colonel peut compter absolument sur lui. Il n’a que des éloges à lui adresser. »

 

Deux ans plus tard, il écrit «Secondé parfaitement par son sous-chef de musique qui est infatigable, toujours présent, M. Porte, chef de musique, tient fort bien ses musiciens, les instruit et les éduque de façon à avoir une bonne troupe homogène constituant une bonne musique militaire. Bon administrateur, apte à faire campagne. »

 

Musique du 149e R

 

En 1913, le colonel Menvielle note ceci : «S’occupe toujours de la direction technique de la musique avec le plus grand dévouement et avec compétence, obtient de bons résultats. Déférent et discipliné, exécute consciencieusement les ordres de ses chefs. Brave homme et bon chef de musique. »

 

Le 10 octobre, il  ajoute :

 

« Le chef de musique Porte continue à mériter les bonnes notes qui lui ont toujours été données depuis son arrivée au 149e R.I.. Malgré qu’il ne possède comme personnel que des éléments très inférieurs, il arrive à avoir une musique jouant très convenablement dans les concerts et connaissant un choix assez grand de pas redoublés Travaille beaucoup et obtient des résultats satisfaisants. »

 

Paul Porte est promu chef de musique de 1ère classe le 21 mai 1914.

 

Chef de musique en campagne

 

Le capitaine Porte est toujours à la tête de la musique du 149e R.I. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Il quitte la caserne Courcy le 1er août en direction de la frontière.

 

Le chef de musique est responsable du relèvement des blessés sur le champ de bataille. Le capitaine Porte organise au mieux avec ses musiciens leur évacuation vers les postes de secours les plus proches.

 

Totalement éreinté, il tombe rapidement malade. Le 2 septembre 1914, Paul Porte est évacué vers l’arrière quelques jours avant les attaques de Souain où le 149e R.I. s’est illustré.

 

Le chef de musique du régiment spinalien est pris en charge à l’hôpital temporaire de Nevers n° 41 du 16 au 26 septembre 1914.

 

Une fois rétabli, cet officier retrouve son unité à la fin du mois d’octobre 1914. Il passe toute l’année 1915 en Artois.

 

Le chef de musique Porte est mis à la disposition de la brigade russe installée au camp de Mailly entre le 5 et le 28 juin 1916. Le mois suivant, il bénéficie d’une permission du 21 au 29 juillet inclus.

 

Paul Porte s’apprête à fêter ses 48 ans. Les années passées à proximité de la ligne de front l’ont beaucoup diminué. Sa condition physique ne lui permet plus de commander ses musiciens-brancardiers. Totalement épuisé, il est retiré du front.

 

Le 26 septembre 1916, il est au dépôt du 149e R.I.. Le 12 octobre, il entre à l’hôpital Saint-Maurice à Épinal qu’il quitte le 22 novembre.

 

Le 5 janvier 1917, le capitaine Porte est mis en non-activité pour retrait d’emploi. Il est impossible de savoir ce qu’il a fait à partir de cette date.

 

Le 20 avril 1919, il est mis d’office à la retraite au titre de l’ancienneté de services. Le 15 mai 1919, le chef de musique est définitivement rayé des contrôles de l’armée active.

 

Domicilié à Marseille, 1 rue de l’harmonie, l’ancien chef de musique du 149e R.I. décède à Nice, 4 rue Maraldi, le 18 mars 1943 à l’âge de 75 ans.

 

Les éventuelles décorations obtenues par cet officier n’ont pas été retrouvées.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Porte, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet - Copie

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1914 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F. Durand, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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