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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 juillet 2022

7 et 8 septembre 1916

Hippolyte Journoud front de la Somme septembre 1916

 

7 septembre 1916

 

Le 149e R.I. et les bataillons de chasseurs de la 85e brigade occupent la ligne suivante : ferme sans Nom, moulin détruit, 651 g, 616 s, 616 t (en passant entre le bois Siegfried et le chemin bois Ritter-Déniécourt), tranchée Siegfried, tranchée en bordure du parc de Déniécourt, 616 a, 3809, boyau 3809-3510 jusqu’à 150 m à l’est du point 3510, 84 a, 3613 a, 3614 et 3514.

 

Le moral des hommes reste bon selon les officiers. La troupe est cependant fatiguée par les efforts fournis durant les jours précédents.

 

L’état des pertes de la 85e brigade est communiqué au Général de Boissoudy.

 

 

La nouvelle position doit être maintenue à tout prix. Les éléments de la 85e brigade consolident et agencent le terrain conquis.

 

Le secteur de la ferme sans Nom s’organise, un boyau est prolongé. Il faut relier les 1ère lignes dans les quartiers du 149e R.I. et du 10e B.C.P.. Suite à des bombardements répétés, le boyau du Dauphin est réparé plusieurs fois dans la journée.

 

L’organisation des lignes défensives reste une préoccupation majeure tout comme les problèmes de communication et de liaison.

 

Les mitrailleuses sont positionnées pour assurer les tirs de flanquement.

 

En un mot, le 3e B.C.P., le 10e B.C.P. et le 149e R.I. se tiennent prêts à stopper toutes attaques ennemies éventuelles sur sa ligne de front et sur son flanc gauche.

 

La ligne de front de la 85e brigade est maintenant stabilisée.

 

                                  Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 7 septembre 1916

 

8 septembre 1916

 

Le 149e R.I. occupe toujours les mêmes positions. Le boyau du Dauphin et le bois Siegfried subissent de violents bombardements tout au long de la journée.

 

Carte 1 journee du 8 septembre 1916

 

Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 8 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Le dessin a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud propriété de la famille Aupetit.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

22 juillet 2022

Louis Henri Chevillard (1893-1916)

Louis Henri Chevillard

 

Louis Henri Chevillard est né le 8 novembre 1893, au 2 rue Ambroise Paré, dans le 10e arrondissement de Paris. Son père, Henri Jean, ancien employé de commerce devenu lampiste, est âgé de 37 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Louise Léonie Payer, 18 ans, exerce le métier de couturière.

 

La fiche signalétique et des services du jeune Chevillard mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire,écrire et compter à la fin de sa scolarité obligatoire. Devenu électricien, il travaille pour la compagnie électro-mécanique à l’usine du Bourget.

 

Louis Chevillard commet divers délits au cours de sa jeunesse. Il est condamné à plusieurs reprises par le tribunal de la Seine. La première condamnation tombe le 13 mars 1911, avec 3 mois de prison avec sursis pour vol.

 

Le 15 janvier 1912, il écope d’un mois de prison pour complicité de vol.

 

Cinq jours plus tard, la sanction s’alourdit. Cumulée avec le sursis, il doit effectuer une peine de 4 mois de prison ferme, payer une amende de 100 francs et respecter une interdiction de séjour durant 5 ans.

 

Le 20 septembre 1912, il se retrouve à nouveau face à la justice. Cette fois-ci, c’est le tribunal de Paris qui le sanctionne. Louis Chevillard doit purger une nouvelle peine de 3 mois de prison pour ne pas avoir respecté son interdiction de séjour.

 

Toujours domicilié chez ses parents, au numéro 107 de la rue du temple à Paris, il est inscrit sous le numéro 91 de la liste de l’année 1913 du canton du 3arrondissement. Il est déclaré apte aux obligations militaires par le conseil de révision réuni à la mairie de la rue de Lisbonne.

 

Ses nombreux déboires avec la justice lui valent une incorporation directe dans un bataillon disciplinaire.

 

Le 2 décembre 1913, Louis Chevillard est convoqué au 4e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Il traverse la Méditerranée pour rejoindre son unité d’affectation stationnée à Gabès, en Tunisie. Le nouveau conscrit arrive au corps le 8 décembre.

 

Fin juillet 1914, l’Europe s’apprête à entrer en guerre. Début octobre, les meilleurs éléments du 4e B.I.L.A. et du 5e B.I.L.A. sont rassemblés pour former le 3e bataillon de marche d’infanterie légère d’Afrique.

 

Le 27 octobre, le « Joyeux » Chevillard, rattaché à ce nouveau bataillon, embarque sur le paquebot « France ». Ce navire doit rejoindre le port de Marseille.

 

Le bataillon est à Dunkerque le 3 novembre 1914. Envoyé en Belgique, il est rapidement engagé sur le front de l’Yser.

 

Louis Chevillard est blessé le 10 novembre 1914 au sud du moulin de Noordschoote. Une balle lui a traversé la jambe gauche. Cette blessure nécessite une évacuation vers l’arrière.

 

La date de son retour en 1ère ligne reste inconnue. Nous savons simplement qu’il a réintégré les rangs de son ancien bataillon après sa guérison.

 

En février 1915, son unité est engagée sur le front d’Artois, près de Roclincourt.

 

Le 30 mars 1915, une balle lui perfore le bras gauche. Il est de nouveau envoyé vers l’arrière.

 

Une fois rétabli, l'administration militaire doit estimer que ses deux blessures ont démontré qu'il s'était racheté pour ses fautes passées. Il est affecté à un corps de troupe régulier, le 170e R.I. à compter du 7 août 1915.

 

Le soldat Chevillard est blessé pour la 3e fois le 2 octobre 1915 dans le secteur de Souain. Cette fois-ci, c’est une plaie à la main droite due à un éclat d’obus qui entraîne son retrait de la zone des armées.

 

Le 8 avril 1916, il est muté au 149e R.I.. Le régiment a subi des pertes importantes dans le secteur de Verdun au cours des semaines précédentes. Louis Chevillard est inscrit dans les effectifs de la 6e compagnie lorsqu’il intègre le régiment actif.

 

L’ancien soldat des « bat’ d’Af’ »  est nommé chef d’escouade le 29 avril.

 

Son régiment est envoyé dans la Somme en août 1916. Le 4 septembre, le 149e R.I. reprend le village de Soyécourt aux Allemands. Le caporal Chevillard est tué deux jours plus tard. Sa compagnie occupait une position de soutien pilonnée par l’artillerie ennemie.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 6 septembre 1916

 

Le 26 septembre 1916, les soldats Eugène Sagnès et Victor Boisson confirment le décès du caporal Chevillard auprès du sous-lieutenant Auguste Fourneret, l’officier responsable de l’état civil du régiment.

 

Louis Chevillard a été, dans un premier temps, inhumé à proximité d’un chemin traversant le bois de Soyécourt. Le lieu de sa sépulture actuelle n’a pas été retrouvé.

 

Décoration obtenue :

 

Croix de guerre avec une étoile de vermeil et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division n° 127 en date du 15 mai 1915 :

 

« Très bon et très brave soldat, belle attitude au feu, a toujours été un exemple de courage pour ses camarades. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 286 en date du 12 septembre 1916 :

 

« A été tué le 6 septembre 1916, dans un bois, alors qu’il occupait avec sa compagnie une position de soutien très violemment bombardée par l’ennemi. Gradé intelligent, dévoué et d’un grand courage. »

 

Le caporal Chevillard ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Fiche matricule consultée sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Historique du 3e bataillon de marche et du 4e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Éditions Paris Henri Charles-Lavauzelle. 1920.

 

J.M.O. du 3e bataillon de marche. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 860/3 et26 N 860/4.

 

« Livre d’or de la compagnie mécanique du bureau de Paris et du Bourget ». Imprimerie L. Hardy, 40 rue du chemin vert. (Une citation à l’ordre de la division inscrite dans ce livre d’or ne semble pas lui appartenir. Les dates évoquées ne font pas lien avec le J.M.O. du 170e R.I. et cette citation n’est pas inscrite sur sa fiche matricule).

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 juillet 2022

Louis Joseph Demengeon (1881-1916)

Louis Joseph Demengeon

 

Louis Joseph Demengeon voit le jour le 24 décembre 1881 dans le petit village vosgien de Dompierre. Son père, Jean Joseph Eucher, manœuvre, est âgé de 32 ans le jour sa naissance. Sa mère, Marie Marguerite Cuny, âgée de 37 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Louis est le premier enfant du couple.

 

La famille s’agrandit avec l’arrivée d’un nouveau garçon en 1888.

 

Dompierre

 

La fiche signalétique et des services de Louis Demengeon indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait correctement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Louis a ensuite exercé le métier de manœuvre, probablement en travaillant avec son père.

 

Comme pour la presque totalité des registres vosgiens, la rubrique « détail des services et mutations diverses » de sa fiche matricule ne fournit pas les informations nécessaires à la reconstitution de son parcours militaire. Si cet homme n’était pas devenu officier, il aurait été impossible d’écrire quoi que ce soit sur cette partie de sa vie.

 

Enregistré sous le n° 21 sur la liste du canton de Bruyère, Louis Demengeon est déclaré « bon pour le service armé » lorsqu’il se présente devant le conseil de révision. Il se retrouve inscrit dans la 1ère partie de la liste de la classe 1902.

 

Le 16 novembre 1902, le jeune homme rejoint le 21e R.I., un régiment en garnison à Langres. Ses connaissances scolaires lui permettent de suivre les cours du peloton des élèves caporaux, un grade qu’il obtient le 23 septembre 1903. Le caporal Demengeon est nommé sergent le 27 septembre 1904.

 

Libéré de ses obligations militaires après avoir passé deux années sous les drapeaux, il revient s’installer à Dompierre avec son certificat de bonne conduite en poche.

 

Ce retour à la vie civile est de courte durée. Très rapidement, il décide de reprendre du service en signant un engagement de 5 ans.

 

Le 27 mars 1906, il intègre les effectifs du 149e R.I., un des régiments qui tient garnison à Épinal. Le 13 juillet 1910, il signe de nouveau pour cinq ans.

 

Le 1er mai 1911, Louis Demengeon épouse Marie Claire Philippe à Le Tholy, une petite commune avoisinante de Dompierre. Le couple ne semble pas avoir eu d’enfant.

 

Le sergent Demengeon est nommé sergent-major à la fin de l’année 1913. Il devient secrétaire auprès du capitaine chargé du matériel.

 

Il occupe toujours ce poste lorsque le 1er conflit mondial du  XXe siècle débute en août 1914.

 

À sa demande, Louis Demengeon quitte ses fonctions administratives au dépôt du 149e R.I. le 30 avril 1915.

 

Le 2 mai, il intègre le bataillon de marche du régiment. Le 14, il rejoint le régiment actif. Le chef de corps, Frédéric Gothié, lui confie une section de sa 2e compagnie sous les ordres du capitaine Crépet. La plupart des responsables de cette compagnie manquent à l’appel après les attaques des jours précédents dans le secteur d’Aix-Noulette.

 

Le 22, le sergent-major Demongeon est nommé sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre.

 

Le 16 juin 1915, une nouvelle offensive a lieu sur le front d’Artois. Touché par une balle d’obus au mollet droit, il est évacué vers l’arrière. L’hôpital où il a été soigné n’a pas été identifié.

 

Le 9 juillet 1915, le lieutenant-colonel Gothié rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne de son subordonné :

 

« Sergent-major au dépôt depuis le début de la campagne, a demandé à venir sur le front. Nommé sous-lieutenant à titre temporaire en mai, s’est montré un chef de section très sérieux et très zélé. Blessé et évacué à l’attaque du 16 juin. »

 

Louis Demengeon ne reparaît pas sur le front du 149e R.I. au cours des six mois suivants. Peut-être est-ce à ce moment-là qu’il a été envoyé au groupe vosgien n° 4 (la date de son arrivée et celle de son départ dans cette unité ne figurent pas dans ses états de service).

 

Le sous-lieutenant Demengeon est de retour au 149e R.I. le 18 avril 1916. Il prend aussitôt le commandement de la 2e compagnie, en carence de cadres, depuis le passage du régiment à Verdun. Le 15 juin, il est de nouveau affecté à la tête d’une section de cette compagnie.

 

Le 149e R.I. est envoyé dans le département de la Somme en août 1916.

 

Le 1er septembre 1916, Louis Demongeon assure le commandement du peloton de discipline de la 43e D.I..

 

Cinq jours plus tard, il meurt frappé d’une balle dans la tête en entraînant ses hommes à l’assaut des positions ennemies.

 

Il est très difficile d’identifier de manière sûre la compagnie dans laquelle il servait le jour de sa mort. Plusieurs documents consultés dans son dossier individuel disponible au S.H.D. de Vincennes indiquent des unités différentes.

 

Servait-il à la 2e compagnie du 149e R.I. ? Était-il au peloton de discipline de la 43e D.I. où encore à la C.H.R. du 149e R.I. comme le laisse suggérer un compte-rendu d’exhumation datant du 15 février 1922 ? Il est impossible de se prononcer.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Hippolyte Journoud -soir d'attaque - septembre 1916

 

Le sous-lieutenant Demengeon a été inhumé, dans un premier temps, dans le cimetière militaire d’Harbonnières par le personnel de l’ambulance 7/21.

 

Il repose actuellement dans la Nécropole nationale de Lihons. Sa sépulture porte le n° 3491.

 

Sepulture Louis Demengeon

 

Sa veuve se remarie le 20 août 1921 avec Adrien Rosée, père d’une fille née en 1908. Cette famille recomposée vit à Laval-sur-Bologne. Le registre de recensement de l’année 1921 de cette commune n’indique pas d’enfants nés sous le nom de Demengeon vivant sous ce toit.

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 76 en date du 6 juin 1915 :

 

« Le 29 mai 1915, à Notre-Dame-de-Lorette, a entraîné brillamment sa section à l’attaque, blessé légèrement a conservé son commandement. »

 

Citation à l’ordre de la 10e Armée n° 228 en date du 25 septembre 1916 :

 

« Officier d’une grande valeur, a fait preuve des plus belles qualités morales et militaires et du plus parfait mépris de la mort, pendant les combats des 5 et 6 septembre 1916. Est tombé le 6 septembre frappé d’une balle à la tête en entraînant courageusement sa section à l’assaut de positions ennemies très solidement fortifiées à Soyécourt. »

 

Légion d’honneur à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 juin 1920).

 

Le nom de cet officier a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Dompierre.

 

La généalogie de la famille Demengeon peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche matricule, les actes d’état civil et les registres de recensements de la commune de Dompierre concernant le sous-lieutenant Demengeon et son épouse ont été lus sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Le dessin intitulé « soir d’attaque septembre 1916 » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud, propriété de la famille Aupetit.

 

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Louis Joseph Demengeon a été réalisée par B. Étévé.

 

Un grand merci à M. Bordes, à B. Étévé, à M. Porcher, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

8 juillet 2022

Jacob Vidal (1891-1916)

 

Jacob Vidal naît le 9 mars 1891 à Aïn Témouchent, une commune algérienne située à 72 km au sud-ouest d’Oran, dans une famille de confession juive. Son père, Eliaou, est âgé de 37 ans lorsque ce 3e fils vient au monde. Il travaille comme débitant de tabac.

 

Sa mère, Rachel Bedouk, est âgée de 36 ans. Elle exerce le métier de couturière. La naissance d’une petite fille agrandit la fratrie en 1894.

 

L’enfance de Jacob est jalonnée de drames familiaux. Il perd son père à l’âge de 5 ans, sa mère à l’âge de 12 ans et sa petite sœur à l’âge de 14 ans.

 

Genealogie famille Vidal

 

Les Vidal s’installent à Marseille après la mort du père. Ils restent dans la cité phocéenne jusqu’au décès de la mère en 1903. La fratrie retourne vivre en Algérie.

 

Le registre matricule et le dossier individuel du S.H.D. de Vincennes de Jacob Vidal ne donnent pas d’indications sur son niveau scolaire et aucun détail sur l’activité professionnelle qu’il exerçait avant les obligations militaires. Il est probable qu’il avait, tout comme ses deux frères, un degré d’instruction de niveau 3.

 

Soldat de la classe 1911 de la subdivision de Marseille, Jacob Vidal ne se présente pas devant le conseil de révision le jour de sa convocation. Cette situation, certainement à mettre en lien avec sa domiciliation en Algérie, entraîne automatiquement son inscription sur la liste des « bons absents ».

 

Le nouveau conscrit est incorporé au 163e R.I. à compter du 19 octobre 1912. Ce régiment est installé en Corse depuis la dernière décennie du XIXe siècle. Il envoie son 1er bataillon en Algérie en août 1912.

 

Jacob Vidal n’a probablement pas eu à traverser la méditerranée pour rejoindre l’île de beauté. En effet, son dossier individuel d’officier mentionne une campagne en Algérie pour la période allant du 19 octobre 1912 au 13 avril 1913.

 

De retour en France, Jacob Vidal rejoint le dépôt de son régiment installé à Nice depuis le 23 décembre 1912.

 

Son expérience militaire en Algérie et l’estime de ses supérieurs lui permettent de suivre la formation des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 22 avril 1913. Jacob est nommé sergent le 18 octobre 1913.

 

Le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand, héritier de l’empire austro-hongrois est assassiné à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Personne ne sait encore que cet évènement va servir de prétexte pour déclencher une guerre mondiale. La vie continue…

 

La compagnie du sergent Vidal occupe un des forts de la place forte de Nice. Jacob est un conscrit exemplaire.Il gagne du galon et n'est jamais puni avant le 4 juillet 1914. Ce jour-là, son chef de section lui inflige 15 jours d’arrêt simple pour le motif suivant : « N’étant pas présent à l’appel du soir, est rentré au fort à 2 h 45. A passé la nuit aux environs du fort en compagnie d’une femme. A pénétré, accompagné de cette femme, dans la caserne extérieure du fort, s’est fait porter malade à la visite du lendemain et a obtenu la mention « exempt de service » et a manqué de ce fait l’exercice de la journée. »

 

La situation politique européenne se dégrade de plus en plus, à tel point que la France rappelle ses réservistes à partir du 2 août 1914.

 

Les compagnies détachées à la surveillance des forts réintègrent le dépôt du 163e R.I. les 12 et 13 août.L’Italie, alliée de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, décide de ne pas prendre part au conflit.

 

La France n'a plus besoin de protéger sa frontière avec ce pays. Les premiers éléments du 163e R.I. quittent la caserne Riquier à partir du 15 août.

 

Le 19, le sergent Vidal subit le baptême du feu à Tagolsheim, une petite commune située au sud-ouest de Mulhouse. Une balle allemande lui traverse le cou. Grièvement blessé, il est évacué vers l’intérieur. Jacob Vidal occupe un des 200 lits de l’hôpital auxiliaire n° 8 ; ce dernier est installé à l’intérieur du lycée de jeunes filles de Grenoble.

 

La plaie du sergent Vidal cicatrise vite. Après quelques jours de convalescence, il retourne au dépôt du 163e R.I. instruire les élèves caporaux. Bientôt gagné par l’envie de retourner se battre, Jacob Vidal fait une demande pour partir avec le prochain renfort. À deux reprises, il essuie un refus de la part de ses chefs.

 

Sa blessure, pas tout à fait guérie, le fait beaucoup souffrir. le sergent Vidal doit prendre sur lui pour espérer un retour rapide en 1ère ligne. Une compensation tout de même, il est nommé adjudant le 23 septembre 1914.

 

Le 3 novembre, un renfort quitte le dépôt pour rejoindre le régiment actif. Jacob Vidal fait partie des effectifs. Il retrouve son ancienne unité installée dans le département de la Meuse. Le 163e R.I. occupe un secteur près des communes de Raulecourt et de Gironville-sous-les-Côtes. Le 12 novembre, deux bataillons du régiment sont envoyés en Belgique. La compagnie de l’adjudant Vidal combat dans le secteur d’Ypres jusqu’à la fin de l’année 1914.

 

Le 1er janvier 1915, le régiment est reconstitué à 4 bataillons. Le 12, l’adjudant Vidal occupe une tranchée d’avant-garde près de Flirey. Une pluie d’obus s’abat sur sa section. Plusieurs hommes sont blessés. L’adjudant Vidal, fortement commotionné, est de nouveau évacué vers l’arrière. Cette fois-ci, il est pris en charge par le personnel médical de l’hôpital bénévole n° 117bis placé dans le lycée de jeunes filles de Tournon-sur-Rhône.

 

Jacob Vidal est décoré de la Médaille militaire à l’hôpital. Le journal local relate l’évènement : « On a remis la Médaille militaire au sergent Vidal du 163e R.I., cité à l’ordre de l’armée en présence du sous-préfet, du maire et des officiers en traitement à l’hôpital auxiliaire. Le commandant d’armes Baume a donné l’accolade au nouveau promu sous les applaudissements de l’assemblée et aux accents de la Marseillaise chantée par les camarades blessés. On a offert un punch d’honneur. »

 

La date de son retour au dépôt du 163e R.I. n’a pas été retrouvée. Nous pouvons simplement affirmer qu’il a été affecté au 170e R.I. à partir du 23 juin 1915.

 

Renvoyé sur la ligne de front, son nouveau chef de corps lui donne le commandement d’une section de sa 8e compagnie. L’adjudant Vidal est blessé le 4 octobre 1915. Cette fois-ci, la nature de sa blessure et le lieu de son hospitalisation ne sont pas connus.

 

Le 11 mars 1916, Jacob Vidal est inscrit dans le registre des effectifs de la 26e compagnie du dépôt du 170e R.I.. Il fait une demande écrite pour être nommé officier. Le capitaine Gay-Bellile, rédige une note élogieuse pour appuyer cette candidature :

 

« Brillant adjudant, intelligent, instruit, de très belle tenue, très consciencieux et dévoué dans son service quotidien, ayant un excellent esprit militaire et de moralité parfaite, ce sous-officier est tout a fait apte à faire un sous-lieutenant. Il ne peut faire qu’un très bon officier Avis très favorable. »

 

Le 15 avril 1916, l’adjudant Vidal apprend sa mutation au 109e R.I.. Il est promu sous-lieutenant à titre temporaire deux jours plus tard (J.O. du 21 avril 1916).

 

Une décision prise par le général commandant le 21e C.A. du 16 mai 1916 suivie de la décision ministérielle du 28 mai 1916 (J.O. du 30 mai 1916) implique son affectation au 21e R.I. à compter du 19 mai 1916.

 

Sa présence au sein de ce régiment est de courte durée. Il a tout juste le temps d’être évalué par le responsable du régiment.

 

« Officier, qui, n’étant resté qu’un mois au régiment, ne s’en est pas moins fait connaître comme officier consciencieux, énergique,  zélé, calme. Bon chef de section, animé d’un fort sentiment du devoir.  A occupé les tranchées avec le 21e R.I. dans le secteur du mont Muret entre les buttes de Tahure et Souain. »

 

Le 16 juin 1916, une nouvelle décision du général commandant le 21e C.A.  ratifiée par la décision ministérielle du 23 juin 1916 lui demande de rejoindre l’équipe des cadres du 149e R.I..

 

Le lieutenant-colonel Gothié lui confie la responsabilité d’une section de sa 9e compagnie sous les ordres directs du capitaine Delung.

 

Sous-lieutenant Vidal au bois Etoile

 

Le 149e R.I. est envoyé dans le département de la Somme en août 1916. Le 4 septembre, il attaque le village de Soyécourt. Le sous-lieutenant Vidal est tué le 6 septembre 1916 d’une balle dans la tête.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

carte 1 journee du 6 septembre 1916

 

Jacob Vidal est, dans un premier temps, inhumé au cimetière militaire d’Harbonnières. Sa sépulture portait le n° 1263.

 

Il repose dans le petit carré militaire israélite du cimetière marseillais « Saint-Pierre » depuis le 22 février 1922.

 

 

Le sous-lieutenant Vidal a obtenu les décorations suivantes :

 

Croix de guerre avec deux palmes

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. en date du 25 novembre 1914) :

 

« S’est fait remarquer par son courage et son énergie, a été blessé. »

 

Citation à l’ordre de la 10e Armée du 25 septembre 1916 :

 

« Officier d’une bravoure et d’un sang-froid à toute épreuve. Le 6 septembre 1916 a entraîné brillamment sa section dans une progression en terrain découvert, sous un feu violent de mousqueterie ennemi. A été tué au cours de cette action. »

 

Médaille militaire (21 novembre 1914)

 

Légion d’honneur à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 juin 1920)

 

decorations Jacob Vidal

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de la commune d’Aïn-Témouchent. Cet édifice a été détruit au début de l’indépendance algérienne.

 

Jacob Vidal est resté célibataire et n’a pas eu de descendance. Son frère Prosper et ses deux belles-sœurs ont été victimes de la barbarie nazie en 1943.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Bouches-du Rhône.

 

Journal « l ’Univers israélite » du 20 août 1915 consultable sur le site Gallica.

 

J.M.O. du 163e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 702/10.

 

J.M.O. du 170e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 707/14.

 

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Jacob Vidal a été réalisée par O. Gaget.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à O. Gaget, à J. Huret, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Bouches-du-Rhône. 

1 juillet 2022

6 septembre 1916

Hippolyte Journoud -soir d'attaque - septembre 1916

 

Les hommes du 149e R.I. entament leur 3e journée consécutive de combat en 1ère ligne et il n’est pas question qu’ils soient relevés !

 

Plusieurs obus allemands de gros calibres tombent sur le boyau du Dauphin dans la nuit du 5 au 6 septembre. Les grenadiers allemands ont lancé deux violentes contre-attaques. La première a lieu sur 651 h, la seconde près de la ferme sans Nom. Elles ont été brisées grâce à l’artillerie divisionnaire.

 

Le régiment reste sans nouvelles de son chef de corps. Le commandement du 149e R.I. est confié au commandant Magagnosc à partir de 6 h 00. Une nouvelle attaque est programmée dans l’après-midi.

 

Troupes engagées et objectifs

 

Les 3e et 10e B.C.P., les 1er et 3e bataillons du 149e R.I. et trois compagnies de son 2e bataillon accompagnés de 2 sections de la compagnie de génie 21/2 se préparent à entrer en action.

 

La réserve de brigade est constituée d’une compagnie du 149e R.I., d’un bataillon du 17e R.I. et de deux sections de la compagnie de génie 21/2.

 

Les éléments de la 85e brigade doivent rejoindre les parties du 2e objectif non conquises la veille (3896-batterie 4200-616 c-90).

 

carte 1 journee du 6 septembre 1916

 

Offensive du 6 septembre

 

Les fantassins et les chasseurs de la 85e brigade franchissent le parapet des tranchées à 16 h 00. Ils combattent sur une ligne de front allant de la ferme sans Nom au point 90. 

 

La liaison se fait à droite avec la 86e brigade, au boyau du Prunier, à gauche avec la 122e brigade (tranchée de soutien, tranchée du Merlan, 3614, 3715 et 3815).

 

L'artillerie lourde française envoie quelques rafales sur le boyau Valet. L'artillerie de campagne, chargée des tirs de barrage, met ses canons en action quelques minutes avant l'offensive. Des combats aériens se déroulent au-dessus des lignes.

 

L'attaque ne donne pas les résultats escomptés. La progression n'est possible qu'à l'est de la ferme sans Nom. Au nord, elle est stoppée par des feux très nourris de mitrailleuses et des tirs de barrage ennemis. 

 

L’infanterie allemande, restée très active tout au long de l’offensive, empêche la 85brigade d'atteindre les objectifs fixés.

 

Situation en fin de journée 

 

Le 149e R.I. a légèrement progressé à l’est et au nord de la ferme sans Nom.

 

Le 3e B.C.P. a poussé ses premières vagues au-delà de la tranchée Siegfried mais son attaque a été neutralisée par les feux de mitrailleuses ennemies en provenance de la tranchée 4200 – 616 c et du bois Vasset.

 

Le 10e B.C.P. n’a pas réussi à atteindre le point 90. Il occupe la tranchée 86 a - 3910 a.

 

Les Allemands restent fortement installés sur la position 651 i – 616 c – 90 et le boyau Valet.

 

                               Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 6 septembre 1916

 

Sources bibliographiques :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Le dessin intitulé « soir d’attaque septembre 1916 » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud, propriété de la famille Aupetit.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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