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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 avril 2022

Camille Albert Poirot (1889-1916)

Camille Albert Poirot

 

Camille Poirot naît le 25 juin 1889, à Basse-sur-le-Rupt, dans le département des Vosges.

 

Son père, Jean, âgé de 44 ans, est absent du domicile le jour de sa naissance. Sa mère, Marie Antoinette Aubert, est âgée de 40 ans lorsqu'elle accouche. Les parents exercent le métier de tisserand.

 

Camille est le dernier-né d’une fratrie composée de 5 garçons et de 7 filles. Une de ses sœurs est mort-née. Une autre est décédée prématurément.

 

Camille Poirot sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Le niveau scolaire de niveau 3 est confirmé par sa fiche matricule.

 

Futur soldat de la classe 1910, il est inscrit sous le n° 108 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision de Saulxures-sur-Moselotte. Camille peut bénéficier d’une dispense familiale qui retarde momentanément son départ pour la caserne.

 

Une petite notice avec portrait trouvée dans un livre d’or nous apprend qu’il a travaillé à la blanchisserie et teinturerie de Thaon-les-Vosges durant plus de cinq ans.

 

Le 7 avril 1913, Camille Poirot épouse Marie Euphémie Fay à Thaon-les-Vosges. La descendance de ce couple n’est pas connue.

 

L’absence d’informations sur la fiche matricule de ce jeune vosgien empêche toute reconstruction de son parcours de conscrit et de mobilisé. Seule l’indication « service auxiliaire » est mentionnée sur le document.

 

De nombreuses questions restent donc en suspens. À partir de quelle date Camille Poirot a-t-il effectué ses obligations militaires ? Étant affecté au service auxiliaire, a-t-il seulement été appelé à faire son service actif ? Dans ce cas, était-il au 149e R.I. durant sa période de conscription ?

 

Au moment de la mobilisation générale, en août 1914, il est très probablement resté dans un dépôt en attendant la révision de son statut de service auxiliaire qui sera modifié en « bon pour le service armé ».

 

A-t-il suivi alors une instruction de fantassin ? Quand est-il parti en renfort ? Le soldat Poirot a-t-il été blessé au cours d’un combat ? A-t-il été évacué vers l’arrière pour une hospitalisation ? Il est impossible de répondre avec certitude à toutes ces questions sans tomber dans l’arbitraire.

 

Nous pouvons simplement dire que ce soldat servait comme clairon à la 9e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il a été tué le 4 septembre 1916.

 

Ce jour-là, son régiment est engagé dans le département de la Somme. Cette unité avait l’ordre de reprendre le village de Soyécourt.

 

Mortellement blessé par des éclats de grenade au cours de l’attaque, Camille Poirot décède à l’âge de 27 ans,à proximité de la ferme sans nom.    

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le plan suivant.

 

Secteur du 149e R

 

Camille Poirot est enregistré au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume en 1920 (J.O. du 28 décembre).

 

« Excellent soldat, ayant toujours fait preuve des plus belles qualités.Tombé glorieusement pour la France le 4 septembre 1916 à Soyécourt. »

 

Cette inscription lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Decorations Albert Camille Poirot

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

 

Pour avoir accès à la généalogie de la famille Poirot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du soldat Poirot ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

« Livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. »  Imprimerie Berger-Levrault, Nancy-Paris-Strasbourg.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, et aux archives départementales des Vosges.

22 avril 2022

4 septembre 1916, il faut prendre le village de Soyécourt…

Soyecourt 4 septembre 1916 dessin hippolyte Journoud

 

Le lieutenant-colonel Gothié, responsable du régiment 149e R.I., dispose de ses 1er et 3e bataillons pour mener à bien l’attaque du 4 septembre 1916. Le 3e B.C.P. est  positionné à sa gauche, le 31e B.C.P. à sa droite.

 

Les jours précédents, un avion de reconnaissance appartenant à l’escadrille C 28 survole le village de Soyécourt à plusieurs occasions. Plusieurs clichés ont été réalisés.

 

Pour mieux se rendre compte de l’aspect du terrain, une de ces vues aériennes est présentée ici.

 

Photo aerienne Soyecourt

 

Les deux rues principales du village, coloriées en jaune sur le croquis ci-dessous, sont bien visibles sur la photographie. Elles délimitent la zone des combats attribuée au 149e R.I.. Une de ces rues mène directement au château de Soyécourt.

 

Secteur du 149e R

 

Le réglage des montres des officiers du 149e R.I. est vérifié la veille du jour J. Il est surveillé à plusieurs reprises, puis contrôlé une dernière fois, trois heures avant le déclenchement de l’offensive.

 

La troupe est en place à 4 h 00. Les chefs de section ont tous été munis de croquis au 1/5000e. Chacun sait ce qu’il a à faire.

 

Les fantassins ne portent pas de sacs à dos. La toile de tente et la couverture ont été roulées en sautoir autour du corps. Les hommes emportent deux jours de vivres de réserve. Les outils portatifs sont accrochés à la ceinture.

 

Les fusiliers transportent 200 cartouches et 2 grenades. Les grenadiers partent avec 8 grenades. Les travailleurs et les pionniers sont chargés de l’outil de parc, de 5 sacs à terre et d’un réseau Brun.

 

Plusieurs fanions sont emportés. Ils serviront au marquage des lignes les plus avancées atteintes au cours de l’attaque.

 

Ruines de l'église de Soyecourt

 

L’offensive débute à 14 h 00 sur toute la ligne de front. Pour mieux surprendre l’ennemi, il n’y a pas de signal, pas de sonnerie et pas de fusées.

 

Les différentes vagues, préalablement formées en avant du parapet, se succèdent sans interruption pour donner à l’attaque toute la soudaineté et toute la violence nécessaire.

 

La 1ère vague est devancée par un tir de barrage d’artillerie. Les obus tombent 200 m en avant.

 

La 2e vague marche à environ 50 m derrière la 1ère. La 3e vague remplace immédiatement la 2e dans la 2e parallèle. La 4e vague est derrière la 3e,  à 150 m environ.

 

Au même moment, les compagnies de soutien, sous les ordres des chefs de corps, se placent dans la tranchée de départ.

 

Ces compagnies suivent immédiatement et au plus près les 1ère et 2e vagues d’assauts. Elles ont pour mission d’occuper et d’organiser le terrain conquis tout en se tenant prêtes à exploiter le moindre fléchissement local de l’ennemi.

 

Les 2 bataillons du 149e R.I. enlèvent les 3/4 du village fortifié encore occupé par les Allemands. Les compagnies s’emparent de plusieurs mitrailleuses. Elles font de nombreux prisonniers. Plusieurs officiers sont capturés.

 

Une fois le 1er objectif atteint, les compagnies d’attaque envoient des reconnaissances sur le 2e objectif afin de vérifier l’état des destructions.

 

La progression du 149e R.I. est très rapide. Ce ne fut pas le cas pour les corps voisins.

 

Le parc de Déniécourt au nord-est, le village de Vermandovillers au sud restent toujours aux mains de l’ennemi. Les 3e et 10e B.C.P. ne sont pas parvenu à dépasser la route de Soyécourt-Déniécourt au nord-est. Le 31e B.C.P. et le 158e R.I. n’ont pas atteint leur 1er objectif.

 

Livré à sa propre force, le 149e R.I. se retrouve rapidement positionner en flèche. L’organisation du terrain conquis se fait sous un feu croisé d’infanterie, de mitrailleuses et d’artillerie.

 

Situation en fin de journée

 

Pour les bataillons de chasseurs 

 

Des éléments du 31e B.C.P. occupent le boyau du Valet. Une de ses sections de mitrailleuses est placée à proximité du moulin détruit.

 

Deux compagnies du 3e B.C.P. sont installées dans le boyau du Dauphin avec des mitrailleuses. Une compagnie se trouve dans le Strassenweg – Soyécourt, deux autres autour de 616.

 

La situation du 10e B.C.P. reste confuse. Ses unités sont mélangées. Il occupe 606 e, la tranchée des mitrailleuses et la tranchée 3510 – 3809.

 

Pour le 149e R.I. 

 

Positions des compagnies du 149e R

 

 

La 9e compagnie et une section de mitrailleuses de la 3e C.M. prennent pied dans le 2e objectif. Elles sont positionnées en avant de la ferme sans nom.

 

La 11e compagnie et une section de mitrailleuses de la 1ère C.M. s’établissent entre 3896 et 651.

 

Plus au nord, la 10e compagnie s’étend jusqu’au boyau du Dauphin, appuyée par deux sections de mitrailleuses de la 1ère C.M..

 

Les 1ère et 2e compagnies, renforcées par 4 sections de mitrailleuses, s’étendent entre le boyau du Dauphin et le château de Soyécourt. La 3e compagnie se trouve entre 3403 et 651 a.

 

Dans la nuit du 4 au 5 septembre 1916

 

Le 3e B.C.P. et le 149e R.I. organisent solidement leur position conquise en fin de soirée.

 

Le 10e B.C.P. reconstitue ses unités. Il construit une ligne de défense passant  par 606e, le boyau Kreutz, 3310, 846 et 3809. Il relie sa gauche au 3e B.C.P.. Sa compagnie de soutien aménage une tranchée de 606e à 3414.

 

Les autres compagnies de soutien agencent une 2e ligne à 150, 200 m de la 1ère.

 

Une compagnie de la réserve de brigade s’établit à la lisière est du bois de Soyécourt.

 

Les 1er et 3e bataillons du 149e R.I., sous les ordres du commandant Magagniosc et du capitaine Houël, subissent plusieurs contre-attaques allemandes au cours de la nuit. La position est maintenue.

 

                               Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 4 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

La photographie aérienne provient de la collection personnelle de Sébastien Robit.

 

Le dessin intitulé « prise de Soyécourt - 4 septembre 1916 » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud propriété de la famille Aupetit.

 

Certaines informations sont extraites d’un rapport rédigé par le lieutenant-colonel Gothié provenant de la collection privée de la famille.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à B. Étévé, à D. Gothié, à S. et D. Robit, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 avril 2022

Louis Roche (1883-1914)

Louis Roche

 

Louis Roche est né le 17 mai 1883, dans la petite commune de Gleizé située au cœur du Beaujolais, dans le département du Rhône.

 

Son père, François, travaille comme journalier. Il est âgé de 39 ans. Sa mère, Marie Champagnon, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle a 29 ans lorsqu’elle donne la vie à son 3e fils.

 

Marie et François se sont mariés en juin 1879. Pour le père, ce sont des secondes noces. Sa 1ère épouse, Marie Augustine Virginie Collin, est décédée en 1873, quelques jours après avoir accouché. François Roche a perdu tous les enfants nés de ce mariage (une fille et de deux garçons).

 

La famille Roche s’est installée à Chervinges,une ancienne commune rattachée à Gleizé depuis 1809.

 

Huit enfants naissent de cette nouvelle union. Trois d’entre eux ne survivront pas à leur 1er anniversaire. Louis est le 3e de la fratrie.

 

La fiche matricule de Louis Roche indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire,écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale.

 

Sa mère meurt lorsqu’il a 13 ans.

 

Tout comme son père et son frère Jean, Louis part travailler dans le milieu viticole après sa période de scolarité obligatoire.

 

En 1901, il est employé comme ouvrier agricole par le vigneron Claude Large au lieu-dit Chervinges.

 

À l’approche de sa majorité, Louis doit se présenter devant le conseil de révision qui le déclare « bon pour le service armé ». Il est cependant classé dans la 2e partie de la liste du recrutement cantonal. Louis vient de bénéficier d’une dispense pour raison familiale. Son frère Jean étant encore sous les drapeaux, ses obligations militaires ont été repoussées pour une durée d’un an.

 

Louis quitte sa commune natale pour effectuer son temps de conscription à compter du 14 novembre 1904. Il a été affecté au 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Sa période passée sous les drapeaux est assez brève. Louis Roche est envoyé dans la disponibilité le 23 septembre 1905.

 

Bon soldat, il obtient son certificat de bonne conduite sans aucune difficulté. Louis quitte la caserne Courcy sans être devenu caporal.

 

L’année suivante, il travaille chez le vigneron Étienne Remuet. Louis est employé comme viticulteur au lieu-dit Machon-Noilly.

 

Le 1er octobre 1907, il passe dans la réserve de l’armée active.

 

Louis Roche effectue sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. entre le 25 octobre et le 23 novembre 1908.

 

En 1911, il est salarié chez le maître de vins Claude Gandoger. Louis vit maintenant à Arnas, une petite commune située au nord-est de Gleizé.

 

Le jeune homme retourne à la caserne Courcy du 4 au 20 décembre 1913 pour accomplir sa 2e période d’exercice.

 

Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. Louis Roche est rappelé à l’activité militaire par décret du 1er août. Trois jours plus tard, il retrouve la caserne Courcy.

 

Le magasin d’habillement lui fournit un uniforme portant  le n° 349. Louis vient d’être affecté à la 31e compagnie du régiment de réserve en même temps que son frère Jean.

 

La caserne Courcy est bien trop petite pour accueillir la totalité des réservistes. Dès le lendemain, le 349e R.I. est envoyé à la caserne Haxo. Le régiment de réserve est mis à l’entraînement et à l’instruction jusqu’au 11 août 1914. Les frères Roche ne partiront pas avec cette unité lorsqu’il sera l’heure du départ pour la ligne de front.

 

Si la date exacte de leur arrivée en 1ère ligne n’est pas notée sur leurs fiches signalétiques et des services, une autre source, trouvée sur le site du Comité international de la Croix Rouge, permet la reconstruction du parcours combattant de ces deux hommes.

 

Louis Roche a probablement quitté le dépôt de son régiment le 23 août 1914. Ce jour-là, un renfort de 250 hommes fourni par le 349e R.I. quitte la ville d’Épinal pour rejoindre le 149e R.I. dans la zone des combats. Son frère Jean fait également partie de ce groupe.

 

Dès leur arrivée, les deux hommes sont affectés à la 7e compagnie, sous les ordres du capitaine Coussaud de Massignac.

 

Le 149e R.I. est rapidement engagé dans le secteur du petit village de Souain, situé au nord de Suippes, dans le département de la Marne. Les combats sont violents, les attaques et les contre-attaques nombreuses. Le village est pris, perdu et repris à plusieurs occasions. Louis ne survit pas à ces évènements. Son nom, tout comme celui de son frère, est inscrit sur la liste des disparus de l’état des pertes du 149e R.I. à la date du 14 septembre 1914.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Sans nouvelles, sa sœur Amélie entreprend une recherche auprès du Comité International de la Croix  Rouge. Tout comme pour son frère Jean, elle ne semble pas connaître le numéro du régiment dans lequel servait Louis.

 

Fiches C

 

L’acte de décès du soldat Roche est officialisé le 28 avril 1920. Une décision prise par le tribunal de Villefranche valide la date de sa mort au 14 septembre 1914.

 

Louis Roche a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaireà titre posthume (J.O. du 10 mai 1922) :

 

« Soldat brave et dévoué. Est mort au champ d’honneur le 14 septembre 1914 à Souain en faisant vaillamment son devoir. »

 

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Decorations Louis Roche

 

Son nom et celui de son frère Jean ont été inscrits sur le monument aux morts de commune de Gleizé et d’Arnas ainsi que sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Gleizé.

 

Deux plaques émaillées avec portraits ont été fixées sur une tombe familiale du cimetière de Gleizé. Il est difficile de dire si les corps de ces deux soldats, longtemps considérés comme disparus, reposent actuellement dans cette sépulture.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Roche, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet - Copie

 

Louis Roche ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. 

  

Pour prendre connaissance de la biographie de son frère Jean, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Jean Oscar Roche

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Louis Roche, les registres d’état civil, les registres de recensement des années 1901, 1906 et 1911 de la commune de Gleizé et le registre de l’année 1911 de la commune d’Arnas ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

J.M.O. du 349e R.I.. S.H.D. de Vincennes : Réf : 26 N 758/9.

 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Roche Gaget à A. Carrobi, et aux archives départementales du Rhône. 

8 avril 2022

2 et 3 septembre 1916 : préparatifs d’attaque

Barricade devant l'eglise de Soyecourt à la veille de l'attaque du 4 septembre 1916

 

Jeudi 2 septembre 1916 

 

Les tirs de préparations d'artillerie se poursuivent tout au long de la journée. Plusieurs patrouilles sont envoyées en reconnaissance au cours de la nuit.

 

L’ennemi semble avoir évacué ses tranchées durant les bombardements de jour. Il revient s’installer dans l’obscurité, pour réparer ce qui a été détruit, sous la protection de nombreux tirailleurs et grenadiers.

 

Une nouvelle tranchée remplace le lendemain, au petit jour, celle qui a été détruite la veille au soir.

 

Le travail de démolition et de bouleversement du terrain de l’artillerie française, si difficile à mener à bien, est en partie réduit à néant.

 

Des ordres sont donnés pour gêner au maximum les Allemands dans cette entreprise de réparation.

 

L’infanterie française se montre plus mordante. Si elle est à bonne distance, elle fait usage de ses grenades .

Au moindre bruit, les hommes tirent au fusil ou à la mitrailleuse.

 

Vendredi 3 septembre 1916

 

Du côté des chasseurs

 

Dans la nuit du 2 au 3, le 3e B.C.P. relève 2 compagnies et 1 compagnie de mitrailleuses du 10e B.C.P. positionnées en 1ère ligne.

 

Il remplace également par 3 compagnies et 1 compagnie de mitrailleuses, les 2 compagnies et la compagnie de mitrailleuses du 10e B.C.P. placées en réserve dans les anciennes tranchées françaises.

 

Carte 1 journee du 3 septembre 1916

 

La limite entre les deux bataillons de chasseurs est formée par la ligne suivante : chemin nord-sud rejoignant la route Amiens-Péronne au  carrefour des cinq chemins, et le chemin allant du carrefour précité à l’intersection des tranchées Kreuz et des mitrailleuses ; cette ligne appartenant au 3e B.C.P..

 

Le P.C. du commandant du 3e B.C.P. se trouve dans la tranchée du Seigneur. Celui du commandant du 10e B.C.P. est établi dans la tranchée du Chariot.

 

Le 10e B.C.P. s’organise de la manière suivante : une compagnie en 1ère ligne, une autre compagnie en soutien dans le boyau Bram Sud. 

 

Du côté du 149e R.I..

 

Les 1er et 3e bataillons du régiment, accompagnés d’une demi-section de la compagnie 21/2 du génie, se tiennent prêts à participer à l’offensive prévue pour le lendemain.

 

Encadrement du 149e R

 

 

Le dispositif d’attaque de ce régiment s’organise de la manière suivante : 4 de ses  compagnies, sous les ordres d’un des commandants de bataillon, fourniront quatre vagues d’attaque de deux demi-compagnies chacune. La 2e vague sera accompagnée d’une section de mitrailleuses.

 

Les sections de mitrailleuses restantes complèteront les 3e et 4e vagues.

 

 

Une petite fraction d’hommes sera prélevée sur l’effectif de chaque vague d’attaque. Elle assurera le nettoyage des tranchées. Les équipes des 1ère et 2e vagues marcheront derrière la 2e vague. Les équipes des 3e et 4e vagues derrière les vagues auxquelles elles seront rattachées.

 

Le responsable du 149e R.I., repartit les missions de nettoyage assignées aux quatre équipes, pour tout le terrain compris entre la parallèle de départ et le 1er objectif à atteindre.

 

Deux compagnies, sous les ordres du second commandant de bataillon, seront stationnées dans la tranchée du Seigneur et l’ancienne tranchée de 1ère ligne allemande. Elles resteront à la disposition du lieutenant-colonel Gothié en cas de besoin.

 

Carte 2 Les 1er et 2e objectifs du 4 septembre 1916

 

Le régiment spinalien devra atteindre les objectifs suivants :

 

1er objectif : Village de Soyécourt, château de Soyécourt, de manière à atteindre le front jalonné par la Batterie 3402 (incluse), la Batterie 3403, la Batterie 3504 (au 149e R.I.).

 

2e objectif : Front compris entre la maison au nord de 658 incluse et l’intersection du boyau du Valet avec le chemin Bois Ritter - Déniécourt (cette intersection est laissée au 3e B.C.P.).

 

3e objectif : Front compris entre la Batterie 4291 incluse, le tronçon nord-sud du boyau du chêne à 150 m au nord-est de 4291 inclus, s’étendant jusqu’à la limite nord du 149e R.I., en s’alignant sur la maison au sud de Déniécourt.

 

4e objectif : Front compris entre le carrefour (exclu) à l’est de la Batterie 4487 et le point 95.

 

5e objectif : Lisière est du village d’Ablaincourt entre la Batterie 5080 (exclue) et la voie ferrée double d’Ablaincourt-Gomiécourt (incluse).

 

Le P.C. du colonel Gothié. se trouve dans l’ancienne tranchée de 1ère ligne allemande, vers le point 608 (P.C. actuel du quartier de Soyécourt).

 

Le 2e bataillon du régiment est en réserve de brigade avec des éléments du 10e B.C.P et du Génie.

 

Cette réserve de brigade est sous les ordres du commandant Schalck. Le 10e B.C.P. compose le 1er échelon, le 149e R.I. et le Génie le 2e échelon. Chaque compagnie comporte une section de travailleurs et une section de ravitailleurs en grenades.

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. stationne dans la tranchée de Liaison, dans la tranchée de Redan, dans le boyau de la Sapinière, dans la tranchée du Château et dans la tranchée de Jonction. Les sections du génie sont positionnées entre le boyau Kléber et le boyau Brière de l’Isle.

 

Chemin creux de Soyecourt - 3 septembre 1916

 

Le 2e échelon de cette réserve est tenu de suivre la progression des corps d’attaque.

 

Il devra occuper solidement les différentes lignes à chaque arrêt et se tenir prêt à renforcer partiellement ou en totalité les unités d’attaque momentanément arrêtées. C’est lui qui, en cas de contre-attaque,devra repousser l’ennemi.

 

L’attaque du 4 septembre sera conjointement menée avec le 3e B.C.P. et le 10e B.C.P..

 

Ces unités devront s’emparer du village de Soyécourt, des organisations ennemies à l’est du village et de celles qui se trouvent entre Soyécourt et Ablaincourt.

 

Le village d’Ablaincourt devra également être conquis.

 

                                 Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 3 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à B. Étévé, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.  

1 avril 2022

Jean Oscar Roche (1881-1914)

Jean Oscar Roche

 

Jean Oscar Roche voit le jour le 2 octobre 1881, dans la petite commune de Gleizé située au cœur du Beaujolais, dans le département du Rhône.

 

Son père, François, est un journalier âgé de 37 ans. Sa mère, Marie Champagnon, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle a 27 ans à la naissance de son fils.

 

Les parents de Jean se sont mariés en juin 1879. Ce sont des secondes noces pour le père. Sa 1ère épouse, Marie Augustine Virginie Collin, est décédée en 1873, quelques jours après avoir accouché. François Roche a perdu tous les enfants nés de ce mariage (une fille et de deux garçons).

 

Huit enfants naissent de cette nouvelle union. Trois d’entre eux ne fêteront pas leur 1er anniversaire.

 

La fiche matricule de Jean Roche indique un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise les bases de l’écriture, de la lecture et du calcul.

 

L‘adolescent a tout juste 15 ans lorsqu’il perd sa mère en 1896.

 

Cinq ans plus tard, Jean travaille comme ouvrier agricole chez Claude Desnoyer, vigneron, au lieu-dit Saint-Fonds.

 

À l’approche de sa majorité, il se présente devant le conseil de révision. Jean est ajourné pour faiblesse en 1902, avec obligation de se représenter l’année suivante. Cette fois-ci, il sera déclaré « bon pour le service armé ».

 

Jean Roche délaisse les vignes pour effectuer son temps de conscription à Belfort. Le 15 novembre 1903, il intègre les effectifs d’une compagnie du 35e R.I..

 

Il ne fait que deux ans sous les drapeaux, au lieu des trois imposés par son tirage au sort. À l'issue des manœuvres d'automne, le jeune conscrit termine sa formation militaire le 23 septembre 1905.

 

Il est envoyé dans la disponibilité après avoir obtenu son certificat de bonne conduite. Jean quitte la caserne Friederich sans avoir pris du galon.

 

Le soldat Roche passe dans la réserve de l’armée active à compter du 1er novembre.

 

De retour à la vie civile, il est employé par le vigneron Claude Remuet, en tant que viticulteur et domestique, au lieu-dit Machon-Noilly.

 

Rattaché militairement à la réserve du 149e R.I.., il effectue, à Épinal, une 1ère période d’exercice entre le 5 et le 29 octobre 1909.

 

Le 4 janvier 1910, Jean Roche épouse Antoinette Bibet à Villefranche. Une fille, prénommée Marcelle Françoise naît de cette union l’année suivante. Elle sera l’unique enfant du couple. Entretemps, Jean est devenu son propre patron. Il travaille comme métayer vigneron au lieu-dit Chervinges.

 

Il doit de nouveau porter l’uniforme du 1er au 17 décembre 1911 pour accomplir sa 2e période d’exercice.

 

Une guerre contre l’Allemagne est sur le point de débuter en été 1914. Jean Roche est rappelé à l’activité militaire par décret du 1er août. Trois jours plus tard, il retrouve la caserne Courcy.

 

Son statut de « vieux réserviste » entraîne son affectation à la 31e compagnie du 349e R.I..  Son frère, Louis, est versé dans la même compagnie.

 

Le dépôt est bien trop petit pour accueillir l’ensemble des hommes mobilisés. Dès le lendemain, le 349e R.I. part s’installer dans les bâtiments de la caserne Haxo.

 

Le régiment de réserve spinalien est mis à l’entraînement et à l’instruction jusqu’au 11 août 1914. Les frères Roche ne partiront pas avec cette unité lorsqu’il sera l’heure de rejoindre la ligne de front.

 

Si la date exacte de leur arrivée en 1ère ligne n’est pas indiquée sur leurs fiches matricules, une autre source, trouvée sur le site du Comité international de la Croix Rouge, permet la reconstruction du parcours combattant de ces deux hommes.

 

Jean Roche a probablement quitté le dépôt de son régiment le 23 août 1914. Ce jour-là, un renfort de 250 hommes du 349e R.I. quitte la ville d’Épinal pour rejoindre le 149e R.I. dans la zone des combats.

 

Son frère Louis fait également partie du voyage. Dès leur arrivée, les deux hommes sont affectés à la 7e compagnie sous les ordres du capitaine Coussaud de Massignac.

 

Le 149e R.I.est rapidement engagé dans le secteur du petit village de Souain, situé au nord de Suippes, dans le département de la Marne. Les attaques sont violentes, le village est pris, perdu et repris à plusieurs occasions. Jean ne survit pas à ces combats. Son nom et celui de son frère sont inscrits sur la liste des disparus de l’état des pertes du 149e R.I. à la date du 14 septembre 1914.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Sa sœur Amélie, très inquiète de ne pas recevoir de nouvelles, entreprend une recherche auprès du Comité International de la Croix Rouge. Elle ne semble pas connaître le numéro du régiment dans lequel se trouve son frère.

 

Fiche C

 

L’acte de décès du soldat Roche est officialisé le 28 avril 1920. Une décision prise par le tribunal de Villefranche valide la date de sa mort au 14 septembre 1914.

 

Decorations Jean Oscar Roche

 

Jean Oscar Roche a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaireà titre posthume (J.O. du 10 mai 1922) :

 

« Soldat brave et dévoué. Est tombé au champ d’honneur le 14 septembre 1914 à Souain en faisant vaillamment son devoir. »

 

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Son nom et celui de son frère Louis ont été gravés sur le monument aux morts de commune d’Arnas et de Gleizé ainsi que sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Gleizé.

 

Pour prendre connaissance de la biographie de son frère Louis, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Louis Roche

 

Deux plaques émaillées avec portraits ont été fixées sur une tombe familiale du cimetière de Gleizé. Il est difficile de dire si les corps de ces deux soldats, longtemps considérés comme disparus, reposent actuellement dans cette sépulture.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Roche, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet - Copie

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Jean Oscar Roche, les registres d’état civil et  les registres de recensement des années 1901, 1906 et 1911 de la commune de Gleizé ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

J.M.O. du 349e R.I.. S.H.D. de Vincennes : Réf : 26 N 758/9.

 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Roche Gaget à A. Carrobi, et aux archives départementales du Rhône.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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