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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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3 décembre 2021

Joseph Charles Froment (1871-1942)

Joseph Charles Froment 

Les années de jeunesse

 

Joseph Charles Froment naît le 2 mars 1871 à Saint-Mihiel, dans le département de la Meuse.

 

Son père, Adrien, substitut du procureur, est âgé de 33 ans. Sa mère, Julie Marie Deguerre, a 19 ans lorsqu’elle lui donne naissance. Charles est l’aîné d’une fratrie composée de quatre garçons et de six filles.

 

La fiche matricule de Joseph Froment indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui est une erreur. Un autre document figurant dans son dossier du S.H.D. de Vincennes nous fait savoir qu’il est détenteur du baccalauréat ès sciences et que son allemand est plutôt correct.

 

L’année de ses vingt ans, Charles souhaite se lancer dans une carrière militaire. N’ayant pas encore atteint l’âge de la majorité, il lui faut obtenir l’accord parental avant de pouvoir signer son contrat avec l’armée. Son père accepte ce choix.

 

Le 7 avril 1891, Joseph Charles Froment se rend à la mairie de Lille pour y contracter un engagement volontaire d’une durée de 5 ans.

 

En échange de sa signature, il a la possibilité de choisir l’unité dans laquelle il pourra commencer son métier de soldat. Il se décide pour le 43e R.I., un régiment qui tient garnison à Lille.

 

Les débuts sous l’uniforme

 

43e R

 

Cet engagement volontaire lui permet l’accès aux premiers grades de la hiérarchie militaire en peu de temps. Charles est nommé caporal le 7 octobre 1891 puis sergent le 8 avril 1892.

 

Le jeune homme exerce les fonctions de sergent fourrier entre le 10 juin 1893 et le 20 avril 1894. Redevenu sergent de compagnie, il prouve à ses supérieurs qu’il a toutes les qualités pour faire un bon officier. Il est autorisé à s’inscrire au concours d’entrée de l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent. Charles Froment est reçu à l’examen.

 

Les cours débutent le 1er avril 1895. Il termine sa formation un an plus tard avec le grade de sous-lieutenant en se classant 199e sur 362 élèves. Cet officier, après une période de congé, est affecté au 17e B.C.P., un bataillon qui tient garnison à Rambervillers.

 

17e B

 

Le sous-lieutenant Froment est nommé lieutenant le 1er avril 1898. Très compétent dans le domaine de la comptabilité, il devient le lieutenant trésorier du régiment à partir du 1er octobre 1898. Il occupe cette fonction pendant plusieurs années.

 

Le 22 novembre 1899, Charles Froment épouse Marie Louise Charlotte Gossin à Beauvais. Dix enfants naîtront de cette union.

 

Généalogie famille Froment

 

Le lieutenant Froment suit les cours de l’école de tir de la Valbonne entre le 20 février et le 28 mars 1909.

 

Un décret présidentiel du 24 décembre 1910 entraîne sa nomination au grade de capitaine (publication dans le J.O. du 25/12/1910). Cette promotion  impose un changement d’affectation. Le capitaine Froment est muté au 23e R.I. de Bourg-en-Bresse. 

 

23e R

 

Du 17 septembre 1911 au 3 septembre 1912, Charles Froment exerce son autorité d’officier au fort de Joux qui surplombe la cluse de Pontarlier.

 

Il encadre la 5e compagnie du 23e R.I. à la veille de la 1ère guerre mondiale.

 

Conflit 1914-1918

 

Le 2 août 1914, Charles Froment quitte sa compagnie pour prendre la tête de la 21e compagnie du 223e R.I., le régiment de réserve du 23e R.I.. Cette unité commence à se former à la caserne Aubry en rappelant ses premiers réservistes dès le début de la mobilisation.

 

Le capitaine Froment prend part aux opérations devant Mehoncourt, Gerbeviller et Rehainviller, entre le 20 août et le 2 septembre 1914.

 

Il travaille avec ses hommes à l’organisation défensive de Bienville-la-Petite du 12 au 25 septembre 1914.

 

Les jours suivants, il est aux avant-postes près de Crion.

 

Charles Froment œuvre à l’organisation défensive de Maixe entre le 28 septembre et le 13 octobre. Le 7 octobre, il exécute une reconnaissance offensive sur la ferme de Haute-Riouville, à l’est d’Arracourt.

 

Cet officier accompagne le lieutenant-colonel Bluzet dans les différentes opérations effectuées par tout ou partie du régiment. Il a effectué plusieurs reconnaissances au nord d’Arracourt et de Bures et participé à des opérations sur le Leintrey et à Reillon jusqu’au 13 septembre 1915, date à laquelle son supérieur est nommé à la tête d’une brigade.

 

Le capitaine Froment conserve ses fonctions d’adjoint au colonel après le départ du lieutenant-colonel Bluzet. Il est maintenant sous l’autorité directe du lieutenant-colonel Chenebre, le chef de corps qui dirigera le régiment du 14 septembre 1915 au 13 janvier 1916.

 

Entre le 12 janvier et le 26 mai 1916, Charles Froment est toujours à son poste sous le commandement du lieutenant-colonel Bourdon.

 

Le 30 janvier 1916, son supérieur inscrit ceci dans son relevé de notes :

 

« De tous les officiers du régiment, celui qui est le mieux connu du lieutenant-colonel récemment arrivé au 223e R.I. parce qu’il est chaque jour en rapport avec lui.

 

Le capitaine Froment a pour caractéristique une conscience scrupuleuse et un grand dévouement dans l’accomplissement de ses fonctions délicates et difficiles d’adjoint au chef de corps. D’excellent caractère, d’humeur toujours égale, cet officier est toujours prêt à marcher.

 

Il connaît l’administration de régiment, travaille avec méthode et intelligence. Il inspire confiance à ses subordonnés immédiats auxquels il donne l’exemple. Doit certainement faire un excellent officier de troupe. Il l’a d’ailleurs prouvé au début de la campagne. Officier très vigoureux qui fera très bonne figure à la tête d’un bataillon. »

 

Le 1er avril, il est nommé capitaine adjudant-major du 6e bataillon de son régiment.

 

Une décision du général commandant le 39e C.A. du 29 mai 1916 le fait affecter au 333e R.I.. Il devient capitaine adjudant-major dans sa nouvelle unité dès le lendemain.

 

Le capitaine Froment est nommé chef de bataillon à titre temporaire le 14 août 1916.

 

Le 23 août, il passe au 100e R.I. pour y prendre le commandement du 2e bataillon du régiment sous les ordres du lieutenant-colonel de Renty.

 

Le commandant Froment est nommé adjoint au chef de corps suite à une décision prise par le général commandant la Ve armée prise le 20 mars 1918.

 

Un décret datant du 19 avril 1918 (J.O. du 21 avril 1918) le valide dans son grade de manière définitive. 

 

Le 7 mai 1918, Charles Froment est affecté au groupement des bataillons d’instruction de la IVe armée. Une nouvelle mutation l’empêchera de prendre en charge les jeunes conscrits de la classe 1919.

 

Il prend le commandement du 9e bataillon du 130e R.I. le 16 mai 1918.

 

Au 149e R.I.

 

Une décision ministérielle du général commandant la IVe armée, en date du 28 juillet 1918, entraîne son transfert au 149e R.I.. Le commandant Froment rejoint son nouveau corps le 2 août 1918.

 

Le lieutenant-colonel Vivier lui confie la direction de son 2e bataillon qui a longtemps été commandé par le commandant Schalck, tué près d’Arcy-Sainte-Restitue, le 29 mai 1918.

 

Charles Froment n’est pas à la tête de ses compagnies durant la 1ère phase de la bataille de Champagne et d’Argonne qui se déroule à la fin du mois de septembre 1918. C’est le capitaine Chauffenne qui a autorité sur le bataillon durant son absence. Le commandant Froment reprend le commandement de son bataillon juste à temps pour participer aux combats qui vont se dérouler à proximité du village d’Orfeuil, dans le département des Ardennes les 4 et 5 octobre 1918.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Orfeuil depuis le bois la Croix

 

Les 25, 26 et 27 octobre 1918, le bataillon Froment se lance à l’attaque des positions allemandes fortement organisées dans le secteur de Banogne. La bataille de la Hunding Stellung est engagée. Pour le 149e R.I. c’est la dernière confrontation avec l’ennemi avant la fin du conflit.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Attaque de la Hunding Stellung

 

Le 3 novembre 1918, le lieutenant-colonel Vivier rédige ceci dans son relevé de notes : « Officier supérieur actif et vigoureux, d’un caractère toujours égal, d’une haute conscience, d’un calme et d’un sang froid qui ne se démentent jamais, possédant une grande expérience de la troupe. Le commandant Froment exerce depuis trois mois le commandement du 2e bataillon du 149e R.I. à mon entière satisfaction. Bon chef de bataillon. »

 

Le commandant Froment est toujours à la tête de son bataillon lorsque l’armistice est signé le 11 novembre 1918.

 

Les années d’après-guerre

 

Le 8 janvier 1919, Charles Froment quitte ses fonctions de chef de bataillon pour devenir adjoint au chef de corps du 149e R.I..

 

Il est toujours très bien noté par ses supérieurs ; le lieutenant-colonel Bourgine écrit le texte suivant dans le relevé de notes de son subordonné le 5 mars 1919.

 

« A été un très bon chef de bataillon, nommé depuis deux mois adjoint au chef de corps, a eu plusieurs fois l’occasion de commander le régiment et s’en est fort bien acquitté. Homme de devoir, d’un dévouement sans borne, d’une haute conscience, chef expérimenté et ayant payé d’exemple, a toutes les qualités voulues pour devenir chef de corps. Il le mérite. »

 

Charles Froment devient responsable du groupement des travailleurs russes des 7e et 21e régions entre le 9 août et le 1er janvier 1920. Il réussit à faire maintenir l’ordre et la discipline à l’intérieur de ces unités composées d’éléments particulièrement difficiles à commander.

 

Le 24 octobre 1919, c’est au tour du lieutenant-colonel Lecoanet de l’évaluer.

 

« Officier supérieur des plus vigoureux, très actif, d’un dévouement absolu. Apte à diriger n’importe quel service et l’instruction dans un corps de troupe. Instruit, travailleur, ayant une grande expérience de la troupe et des connaissances militaires des plus sérieuses. Caractère très gai, toujours égal, ferme et bienveillant.

 

Esprit très militaire, payant continuellement de sa personne. Commande, depuis les débuts du mois d’août, les compagnies des travailleurs russes de la 21e région avec compétence et autorité.

 

Très apte, sous tous les rapports aux fonctions de chef de corps. Le commandant Froment se classe parmi les officiers de choix. »

 

Le chef de bataillon Froment est mis à la disposition du ministère des pensions pour être employé comme chef de la section de l’état civil à l’E.M. de la 21e région à partir du 1er septembre 1919.

 

Le 8 mai 1923, il est affecté au 158e R.I. pour devenir adjoint au chef de corps, un poste qu’il maîtrise à la perfection.

 

Atteint par la limite d’âge dans son grade, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite, au titre d’ancienneté de services à partir du 2 mars 1927. Ce jour-là, il est rayé des contrôles de l’armée active.

 

Le commandant Froment est nommé dans la réserve de l’infanterie le jour de cette radiation (décret du 26 avril 1927 publié dans le J.O. du 30 avril 1927).

 

Une décision ministérielle du 16 juillet 1927 (J.O. du  20 juillet 1927) le fait de nouveau dépendre du 158e R.I..

 

Le 14 juin 1928, il est nommé dans le grade supérieur suite à une décision ministérielle prise le même jour. Cette promotion le fait rattacher au 146e R.I..

 

Le 1er décembre 1928, il est muté au C.M. n° 203.

 

Le lieutenant-colonel Froment est rayé des cadres à partir du 3 mars 1934.

 

Cet ancien officier du 149e R.I. a exercé les fonctions de maire de Xermaménil, une petite commune située dans le département de la Meurthe-et-Moselle.

 

Joseph Charles Froment est décédé le 15 septembre 1942.

 

Décorations obtenues :

 

Chevalier de la Légion d’honneur 28 octobre 1915 :

 

« Officier des plus distingués, brillant au feu, lors des premiers combats de la campagne (25 août 1914, 5 septembre 1914). Depuis le mois d’octobre 1914, a rempli les fonctions d’adjoint au chef de corps avec un dévouement, un zèle et une activité inlassables dans toutes les circonstances. »

 

Cette nomination comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme.

 

Officier de la Légion d’honneur le 16 juin 1920. (J.O. du 4 octobre 1920).

 

Croix de guerre avec une palme, deux étoiles de vermeil et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la 134e D.I. n° 260 du mai 1918 :

 

« Sur le front depuis le début de la guerre, d’une activité et d’un dévouement inlassables, a fait preuve en maintes circonstances de remarquables qualités de bravoure et d’énergie. »

 

Citation  à l’ordre du 21e C.A. n° 232 du 4 novembre 1918 :

 

« A brillamment conduit son bataillon au cours des attaques des 3 et 4 octobre 1918, montrant les plus belles qualités de courage, de calme et de sang-froid, et réussissant, par son ascendant personnel, à maintenir intact l’esprit offensif de son bataillon éprouvé par plusieurs journées de rudes combats. » 

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 238 du 28 novembre 1918 :

 

« Officier supérieur doué des plus belles qualités militaires. Les 25, 26 et 27 octobre 1918, a superbement conduit son bataillon à l’attaque de positions fortement organisées, grâce à la méthode, au sang-froid et à la vigueur dont il a fait preuve au cours des attaques, a réussi à triompher de la résistance acharnée de l’ennemi, a réalisé une importante progression et à maintenir l’occupation du terrain conquis. »  

 

Autres décorations :

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre.

 

Médaille interalliée dite de la victoire.

 

La généalogie dela famille Froment peut se consulter sur le site « Généanet ». Il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour y avoir accès.

 

Geneanet

 

Le commandant Froment possède un dossier individuel sur le site la Base Léonore. Pour en prendre connaissance, il faut cliquer une fois sur l’image suivante puis inscrire son nom dans la case qui mènera à son dossier.

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services de Charles Froment et les différents actes d’état civil concernant sa famille ont été lus sur les sites des archives départementales de la Meuse et de l’Oise.

 

Le portrait de cet officier provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue «l’illustration».

 

J.M.O. du 223e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N. 720/1, 26 N. 720/2 et 26 N 720/3.

 

J.M.O. du 100e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N. 674/3.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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