Martial Jacob Crémieux (1894-1958)
Martial Jacob Crémieux naît le 30 mars 1894 dans le 3e arrondissement de la ville de Paris, au n° 2 de la rue Notre-Dame-de-Nazareth. Sa mère, Clarisse Esther Naxara, originaire de Bordeaux, est âgée de 25 ans lorsqu’elle le met au monde. Son père, Georges Maurice Fernand, est un parisien né la même année que son épouse. Il travaille comme employé de commerce.
En 1896, les Crémieux vivent au n° 22 de la rue Héliopolis, dans le 17e arrondissement. Clarisse donne vie à un second garçon.
Martial quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait bien lire, écrire et compter. L’adolescent se fait embaucher comme coupeur d’habits avant de devenir employé de commerce.
Début 1911, la famille Crémieux occupe un appartement situé au n° 137 boulevard Perère. Le père meurt dans sa 42e année, le 16 février. Martial approche de son 17e anniversaire. Son frère a quatorze ans.
Une année avant sa majorité, Martial doit se présenter devant le conseil de révision, réuni à la mairie du XVIIe arrondissement. Le médecin qui l’examine décide de le classer dans la 5e partie de la liste en raison de sa fragilité.
En temps normal, il aurait dû bénéficier d’une année supplémentaire avant de se présenter à nouveau devant le conseil de révision, mais les événements internationaux vont changer la donne. Un conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914.
Les premières semaines de combat sont particulièrement meurtrières. Le nombre de blessés est très élevé. Tous les exemptés sont à nouveau convoqués devant le conseil de révision. Cette fois-ci, la médecine militaire est moins bienveillante avec Martial. Elle le classe directement dans la 1ère partie de la liste, ce qui veut dire qu’il est déclaré « bon pour le service armé ».
L’employé de commerce est incorporé à compter du 19 décembre 1914. Le lendemain, il rejoint le dépôt du 29e R.I., une unité du 8e C.A. qui se trouve à Autun, dans le département de la Saône-et-Loire.
Martial est affecté au 9e bataillon du 85e R.I. le 25 juin 1915. Il quitte la caserne Changarnier doté de sa formation militaire de 6 mois. Le soldat Crémieux est rapidement muté dans un des bataillons du 61e Régiment territorial, une unité qui dépend du 85e R.I. ; il va y travailler comme manutentionnaire.
Une telle affectation, pour un jeune de la classe 1914, s’explique probablement par la prise en compte de sa faiblesse physique. Cette fragilité le conduit peut-être à une évacuation. Ce qui est certain, c’est qu’il est amené à se présenter devant la commission de réforme de Compiègne le 8 décembre 1915.
Martial Crémieux apprend qu’il ne rentre pas dans les critères pour passer dans le service auxiliaire. La commission décide de le maintenir au service armé. Il sait qu’il va bientôt être muté dans une unité combattante.
Le 31 décembre 1915, le soldat Crémieux est affecté au 149e R.I..
Son régiment est envoyé à Verdun en mars 1916. Les Allemands ont lancé une grande offensive dans ce secteur. Martial fait partie des effectifs de la 1ère compagnie, sous les ordres du capitaine de Chomereau de Saint-André. Sa section est commandée par le sous-lieutenant Gaston Brosse.
La 1ère compagnie est une des deux compagnies du 149e R.I. qui fut engagée à deux reprises en 1ère ligne durant cette période.
Après la guerre, Martial laisse une trace écrite particulièrement poignante sur ce qu’il a vécu durant son passage à Verdun.
Il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant pour lire ce témoignage.
Le 149e R.I. quitte le département de la Meuse à la mi-avril 1916. Après une courte période de repos à Landrecourt, Martial Crémieux se rend en Champagne avec l’ensemble du régiment. Le 149e R.I. prend position dans un secteur beaucoup plus calme, situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.
Les hommes du lieutenant-colonel Gothié combattent dans la Somme à partir du mois de septembre 1916. Martial participe à la prise des villages de Soyécourt et de Déniécourt, il y apprend la mort de son frère. Des problèmes de santé finissent par l’éloigner de la ligne de front.
Martial Crémieux entre à l’hôpital Rollin de Paris le 4 novembre 1916. Il en sort le 18 novembre. Souffrant de rhumatismes, il est envoyé au centre de réforme de Clignancourt. Il quitte cet établissement le 30 novembre. Martial bénéficie ensuite d’un mois de convalescence. Le 6 décembre 1916, il est de nouveau hospitalisé. Le soldat Crémieux se fait soigner à l’hôpital complémentaire de la Croix de Berny, à Fresnes, pendant une durée de 3 mois. Le 7 mars 1917, il rejoint le dépôt du 149e R.I.. La date exacte de son retour dans la zone des armées n’est pas connue.
Il est impossible de dire s’il a regagné les rangs de son ancienne compagnie après son long séjour dans les hôpitaux.
Son unique citation nous fait savoir qu’il a pris part à la bataille de la Malmaison et aux combats de septembre 1918.
Martial Crémieux est mis en congé illimité de démobilisation le 31 août 1919, avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.
De retour à la vie civile, il retrouve sa profession d’employé de commerce. Martial devient réserviste du 101e R.I. avant d’être rattaché au dépôt du 23e R.I.C.. Il fait ensuite partie des réservistes du C.M. colonial n° 17 puis de ceux du C.M. colonial n° 59. Martial Crémieux vit avec sa mère au 55 rue Laugier.
Le 5 février 1925, il épouse Germaine Mendel, une couturière parisienne âgée de 30 ans.
Le 1er mai 1930, sa situation militaire entraîne son rattachement à la 5e section de C.O.A..
Le 1er novembre 1934, l’ancien soldat du 149e R.I. devient réserviste du C.M. d’infanterie n° 212.
En 1938, il demeure avec son épouse au 253 rue Saint-Denis, dans un appartement anciennement occupé par sa belle-mère. La descendance du couple Crémieux n’est pas connue. Martial est devenu vendeur en confection.
Il est rappelé à l’activité militaire par ordre de mobilisation générale du 2 septembre 1939. Martial a 45 ans lorsqu’il rejoint le C.M. d’infanterie n° 212. L’ancien réserviste est muté au 3e B.D.R.. Le 1er octobre, il est envoyé à la 5e compagnie de travailleurs militaires, une unité dépendante du dépôt d’infanterie n° 131.
La fiche matricule du soldat Crémieux n’est pas assez détaillée pour que nous puissions en dire davantage sur ce qu’il est advenu de lui durant et après le conflit 1939-1945. La date où il est définitivement libéré de l’impôt de sang n’est pas connue.
Martial Crémieux décède le 8 janvier 1958 dans le 10e arrondissement de Paris à l’âge de 64 ans.
Le soldat Crémieux a obtenu la citation suivante :
Citation à l’ordre du régiment n° 64 du 14 novembre 1918 :
« Très bon soldat, a pris une part très active aux durs combats de Verdun en 1916, de l’Aisne en 1917. S’est particulièrement distingué au cours des opérations du 26 juillet 1918 en Champagne. »
Sources :
Les informations qui ont permis la réalisation de cette biographie sont extraites de sa fiche signalétique et des services et des différents actes d’état civil consultés sur le site des archives de la ville de Paris.
Site « MémorialGenWeb »
Le dessin a été réalisé par I. Holgado.
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à I. Holgado, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives de la ville de Paris.