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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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26 mars 2021

28 septembre 1918

28 septembre 1918

 

Le 149e R.I. combat dans le secteur de Somme-Py-Tahure depuis le 26 septembre 1918. Le 1er jour d’attaque, les bataillons du régiment ont progressé avec facilité. L’ennemi opposa très peu de résistance. La situation se complique le second jour. Les Allemands réussissent à freiner l’avancée des Français en envoyant sur le terrain des troupes fraîches plus aguerries.

 

Dans la soirée du 27, le 1er bataillon et deux compagnies du 2e bataillon prennent position en bordure du chemin de Manre. Face à eux, des éléments de la 3e division de la garde prussienne se tiennent prêts à en découdre.

 

Carte 1 journee du 28 septembre 1918

 

Le lieutenant-colonel Vivier réceptionne l’ordre d’attaque de la 43e D.I. pour la journée du 28 à 1 h 30. Les instructions du responsable du régiment parviennent au commandant Fontaine à 3 h 00. Son bataillon devra dépasser les 1er et 2e bataillons pour s’emparer de la tranchée de Nassau, du fond et de la bretelle d’Aure.

 

L’obscurité et l’intervalle de temps restreint entre l’heure de réception de l’ordre d’attaque de la 43e D.I. et le déclenchement de l’offensive qui doit débuter à 5 h 40 sont des éléments qui empêchent toute reconnaissance préalable du terrain.

 

À l’heure prévue, le bataillon Fontaine se porte à l’attaque de la tranchée de Nassau. Deux de ses compagnies sont en 1ère ligne, une en soutien. Une section de mitrailleuses accompagne chaque compagnie.

 

 

Les hommes avancent sous un violent bombardement ennemi qui riposte à la très courte préparation de l’artillerie française.

 

L’attaque est appuyée par les chars Renault F.T. et Schneider de la 307e compagnie du 3e B.C.L..

 

Malgré les tirs violents des mitrailleuses ennemies, le 3e bataillon progresse assez rapidement.

 

Le bataillon Fontaine s’empare de la tranchée de Nassau après une lutte acharnée.

 

Les éléments du 170e R.I. à droite et les chasseurs à gauche ne suivent pas le rythme. Rapidement, ils sont en retrait.

 

Malgré cette position en flèche, le 3e bataillon du 149e R.I. continue sa poussée vers l’avant. La situation pourrait vite devenir dangereuse.

 

La compagnie de droite du bataillon Fontaine atteint le bois V 90. La compagnie de gauche s’avance vers le Brunnenem-Grund.

 

Cette compagnie fait face à un groupe ennemi d’environ 150 soldats qui manifeste l’intention de se rendre. Mais ces Allemands finissent par livrer combat sous l’impulsion d’un officier. Un corps à corps acharné a lieu sur la position.

 

L’officier allemand est tué. Plusieurs de ses hommes sont rapidement mis hors de combat. L’ennemi résiste à plusieurs tentatives d’enfoncement et de débordement de la part des Français. Les compagnies du commandant Fontaine essayent de faire tomber la résistance avec l’aide des chars, mais les blindés éprouvent de sérieuses difficultés en tentant de pénétrer dans le bois de l’Araignée. La lutte est âpre. L’ennemi a utilisé la forêt pour masquer un grand nombre de fusils et de canons antichars.

 

À 11 h 00, la situation est la suivante pour le 3e bataillon : une de ses compagnies a pris place devant le Brunne Grund, une autre se trouve plus à droite à la même hauteur. La dernière est en soutien à 200 m en arrière.

 

Une nouvelle attaque a lieu dans l’après-midi. Elle est appuyée par l’artillerie lourde, par l’artillerie de campagne et par les chars de combat.

 

Le poste de commandement du lieutenant-colonel Vivier est venu s’installer à 2470.

 

À 15 h 30, le bataillon de tête du 149e R.I. se porte en avant, soutenu par les chars. Il subit un feu très violent de mitrailleuses qui l’empêche de progresser.

 

Les 1er et 2e bataillons suivent. Ils serrent à 500 m environ de distance, prêts à intervenir.

 

Les chars sont inefficaces. Les bataillons voisins de droite et de gauche ne progressent pas. L’attaque est un échec.

 

Les bataillons finissent par reprendre leurs emplacements dans la tranchée de Nassau.

 

Le soir arrive. Les deux compagnies de 1ère ligne s’établissent en avant-postes de fin de combat sur leurs positions. Les mitrailleuses ennemies crépitent, invisibles sous les bois. Les deux compagnies gardent un contact étroit en envoyant régulièrement des patrouilles.

 

La nuit est agitée. Officiers et hommes de troupe font bonne garde.

 

Le bataillon Fontaine est toujours positionné en flèche. Sa compagnie de soutien prend un dispositif de couverture de flancs, dispositif plus prononcé sur la gauche.

 

Dans la nuit, une patrouille ennemie aborde nos éléments avancés. Vite repérée, elle s’enfuit en laissant un prisonnier.

 

Malgré la pluie incessante, la boue et les grandes fatigues occasionnées par ces trois jours de luttes, les hommes redoublent de vigilance pendant toute la nuit. Il ne faut pas lâcher un pouce de ce terrain si chèrement conquis.

 

À 23 h 00, le lieutenant-colonel Vivier réceptionne un ordre de la 43e D.I. qui lui indique que son régiment va bientôt se faire dépasser par le 21e R.I.. Ses hommes vont pouvoir souffler.

 

                                            Tableau des tués pour la journée du 28 septembre 1918

 

Sources :

 

Historique du 501e Régiment d’Artillerie d’Assaut consulté sur le site « chars-français. Net ».

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 334/14.

 

« Tactique appliquée d’infanterie » article écrit par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

« Exemple d’emploi des chars dans la guerre 1914-1918 (volume III) - offensive de la IVe armée en Champagne - 26 septembre 1918 ». Centre d’études des chars de combat. Éditions Versailles. 1922.

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Concernant les deux cartes réalisées, elles ont toutes été créées à partir de plusieurs plans. Aucune échelle n’est indiquée sur ces plans. Ces cartes n’ont donc qu’une valeur indicative.

 

Le morceau de carte en noir et blanc est extrait de l’article « Tactique appliquée d’infanterie » rédigé par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, I. Holgado, à J. Huret, à M. Souquet et  au S.H.D. de Vincennes.

19 mars 2021

Paul Louis Émile Courtois (1897-1958)

Paul Louis Emile Courtois

 

Paul Louis Émile Courtois voit le jour le 9 avril 1897 à Varogne, une petite commune peuplée de moins de 200 habitants, située au nord-est de Vesoul, dans le département de la Haute-Saône. En 1894, son père, Émile Étienne, a épousé en secondes noces Marie Françoise Richard, la mère de Paul. Il est âgé de 36 ans à la naissance de son fils.

 

Sa première femme, Marie Augustine Lépagney, avec qui il a eu 6 enfants, est décédée l’année précédant l’arrivée de Paul. Seules deux filles ont survécu.

 

Marie Françoise Richard est âgée de 27 ans lorsqu’elle donne la vie à Paul. C’est son 3e accouchement. Elle a déjà perdu deux enfants morts-nés.

 

Les Courtois travaillent comme cultivateurs.

 

Marie Françoise meurt en couches en 1902 après avoir eu un garçon, né en 1898 et une fille née en 1900. Son dernier né ne survit pas à la naissance. Paul vient tout juste de fêter son cinquième anniversaire. Le père se retrouve seul avec une adolescente de 16 ans, une fille de 11 ans et trois enfants en bas âge.

 

Varogne

 

Émile Étienne se remarie une troisième fois, en 1904, avec Joséphine Émilie Aline Bretagne. Le couple aura une quinzaine d’enfants. L’année suivante, la famille Courtois déménage pour aller s’installer à la section des Rêpes, qui était, à ce moment-là, une zone agricole de la commune de Vesoul.

 

Paul Courtois quitte l’école communale en sachant correctement lire, écrire et compter, pour aller travailler aux champs.

 

Il a 17 ans lorsque l’ordre de mobilisation générale est affiché dans toutes les communes de France. Paul est bien trop jeune pour être concerné par ces évènements. Il sait qu’il a encore de longs mois devant lui avant d’être appelé sous les drapeaux. Peut-être même échappera-t-il à la guerre. Certains pensent sincèrement que les hostilités seront terminées en quelques semaines. La suite des évènements ne leur donnera pas raison. Le conflit finit par s’enliser dans une guerre de tranchées interminable.

 

La classe 1917, à laquelle Paul est rattaché, fut appelée bien avant l’heure de la conscription du temps de paix. Dès 1915, il doit se présenter devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Vesoul. Paul étant en bonne forme physique, ce conseil le déclare bon pour les obligations militaires.

 

Peu de temps après, le futur soldat reçoit sa feuille de route qui lui ordonne de gagner Épinal. Il doit être au dépôt du 149e R.I. pour le 8 janvier 1916. Affecté à la 25e compagnie, sa formation militaire commence immédiatement.

 

Le 19 juillet, son chef d’escouade, le caporal Joly, le consigne au quartier pour une durée de deux jours. Le capitaine Delmaz transforme cette sanction en 4 jours d’arrêt de rigueur. Celle-ci est encore majorée par le chef de bataillon qui la fait passer à 8 jours. Le motif de la punition infligée est le suivant : « Au cours de l’inspection des hommes de son escouade, ce caporal, sous-pesant un sac, fit, à son détenteur, observer que le chargement était incomplet. Le soldat Courtois, présent, répondit,  faisant un geste obscène : "Sous-pèse voir celui-là". » 

 

Pour une jeune recrue, l'insolence de la réplique est énorme ! Elle dénote un caractère bien trempé.

 

Cet écart n'en fit pas un mauvais soldat : il n'y eut plus de punitions au dépôt et Paul se révéla être un excellent tireur.

 

À la mi-septembre, Paul quitte la caserne Courcy pour rejoindre le bataillon de marche du régiment qui cantonne à Fleury, dans le département de l’Oise. Il n’est pas encore tout à fait prêt pour être envoyé sur la ligne de front. Le soldat Courtois doit poursuivre son entraînement pour s’endurcir. Il doit devenir plus résistant à la marche en se déplaçant vite, sous n’importe quelle condition météorologique.

 

Le 20 novembre 1916, il est envoyé à Saint-Soupplets, en Seine-et-Marne, pour suivre une formation de signaleur-téléphoniste. Les cours dureront un mois. 

 

Paul poursuit ensuite ses apprentissages militaires au 1er groupe du bataillon d’instruction qui est installé à Rouvres.

 

Il obtient sa première permission à la fin du mois de janvier 1917. Traînant un peu trop pour revenir au bataillon, sa lenteur lui vaut 8 jours d’arrêt de rigueur.

 

Son lieutenant de compagnie lui a inscrit le motif suivant : « Titulaire d’une permission de détente de 7 jours pour Pusy-et-Épenoux (Haute-Saône), a mis 7 jours pour rejoindre la compagnie, alors qu’un de ses camarades, pour faire le même trajet, n’a mis que 4 jours. » Le chef de bataillon fait passer la punition à 15 jours. Sa formation militaire est sur le point de s’achever.

 

 

Le 16 février, le soldat Courtois part avec un renfort en direction du dépôt de la 43e D.I. qui est à Méziré, dans le département du Haut-Rhin. Ce dépôt divisionnaire change plusieurs fois d’emplacement avant que Paul ne soit envoyé dans la zone des combats.

 

Le 25 juillet 1917, il quitte la 4e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire pour rejoindre le régiment actif.

 

Depuis plusieurs semaines, le 149e R.I. occupe un secteur du Chemin des Dames, à l’ouest du fort de la Malmaison, où il alterne périodes de repos et passages en première ligne, sans participer à de véritables combats.

 

Paul a probablement été versé à la 2e compagnie de mitrailleuses. Le jeune homme qui tient un petit carnet depuis son arrivée à la caserne Courcy, note, à la date du 9 août 1918 qu’il laisse derrière lui la 2e C.M. pour être affecté dans une autre compagnie du régiment.

 

Ce petit carnet ne contient que des dates et des lieux. Très rarement, l’auteur y mentionne un détail important de sa vie de soldat. Ce petit carnet reste tout de même un document d’un grand intérêt. Il ne faut pas oublier que le J.M.O. du 149e R.I. n’existe plus à partir de la date du 29 août 1914. Cette absence rend donc impossible le suivi à la loupe du régiment jusqu’à la fin du conflit. Grâce à des carnets tels que celui de Paul Courtois, il est tout à fait réaliste de pouvoir reconstruire de longues séquences de déplacements du régiment durant les quatre années de guerre.

 

Le soldat Courtois participe à la bataille de la Malmaison qui a lieu le 23 octobre 1917. Pour lui, c’est le baptême du feu. Il sort indemne de cette première expérience du combat.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 149e R.I. est envoyé en cantonnement de repos, dans la région ouest de Montmirail, après les combats de la Malmaison. Il s’installe ensuite près de Montbéliard, avant de repartir dans les Vosges, occuper un secteur autour du Violu. Le 15 janvier 1918, Paul obtient une permission de 15 jours. Il est de retour à la compagnie le 6 février. 

 

En avril, le 149e R.I. s’établit au nord-ouest de la forêt de Compiègne.

 

Fin mai 1918, le régiment spinalien est envoyé en hâte dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue au sud-est de Soissons. Les Allemands viennent de faire une percée. Il faut vite stopper leur progression. Paul Courtois est blessé le 29.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

La plupart du temps, il est quasiment impossible de retracer le parcours de soins d’un soldat blessé à partir des seules informations fournies par la fiche matricule.

 

Cette fois-ci, ce n’est pas le cas. La lecture du carnet de Paul permet une reconstitution complète de son itinéraire à partir de sa blessure jusqu’au moment où il se retrouve confortablement installé dans un lit d’hôpital.

 

Touché par une balle reçue dans la région sous nasale, la plaie nécessite une évacuation vers l’arrière, mais Paul n’a pas le droit à une ambulance. Il doit se rendre à pied jusqu’au dépôt des éclopés qui se trouve à la Ferté-Milon. Une longue marche de plusieurs kilomètres l’attend.

 

Les 30 et 31 mai 1918, il est à la gare régulatrice du Bourget.

 

Paray-le-Monial

 

Le 1er juin, Paul occupe un des 350 lits de l’hôpital principal n° 34 du service santé militaire ; cet hôpital est installé à l’intérieur de l’école Saint-Hugue à Paray-le-Monial.

 

Le 28 juin, Paul se rend à Pusey. Le jeune homme vient de bénéficier d’une permission de 17 jours. La famille Courtois est installée dans cette commune depuis 1917. Elle y loue ferme et terre pour mener son train de culture et élever, vaches, cochons, et basse-cour.  

 

Complètement rétabli, Paul Courtois gagne la gare régulatrice du Bourget depuis Pusey.

 

Début août, il est au camp de la Noblette. Le 9, Paul est muté à la 6e compagnie du 149e R.I.. Cette compagnie a été sérieusement éprouvée par une attaque au gaz le 30 juillet. Il faut reconstituer une partie de ses effectifs.

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est de nouveau engagé dans une grande offensive au dessus de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne. Paul Courtois, devenu voltigeur, sert toujours à la 6e. Cette compagnie est sous les ordres du capitaine Kolb.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 11 novembre 1918, Paul Courtois entend la sonnerie du clairon qui annonce l’armistice, à Remaucourt dans les Ardennes.

 

Il est mis en congé illimité de démobilisation le 1er octobre 1919 depuis le dépôt du 35e R.I., à Belfort. Paul se retire quelque temps à Pusey avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Il se fait embaucher à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (future Alsthom), véritable aimant pour la main-d'œuvre de la région. Le livre n° 6 des entrées et des sorties du personnel de l’entreprise du 1er août 1914 au 10 décembre 1920 nous apprend que Paul Courtois s’est fait engager comme manœuvre, le 29 septembre 1920, à l'âge de 23 ans.

 

Paul s’installe à la cité du Salbert n°4 à Belfort. Il est affecté pour la mobilisation au 60e R.I.. Le 1er avril 1923, il dépend militairement du 146e R.I..

 

Paul Courtois épouse Marthe Marie Rosine Dravigney, à Chalonvillars, le 25 octobre 1923. Le couple vit dans cette commune jusqu’en avril 1928. Paul travaille toujours à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques. Formé à l’intérieur de l’entreprise, il finira par devenir fraiseur-outilleur.

 

Marthe et son époux déménagent à Belfort pour emménager au n° 62 faubourg de Lyon, avec leurs deux filles, Paulette et Andrée.

 

Le 9 octobre 1935, la famille Courtois s’installe au n° 18 faubourg de Lyon.

 

Paul décède le 7 avril 1958 à Belfort, deux jours avant de fêter son 61e anniversaire. 

 

Décoration Paul Courtois

 

Paul Courtois a été décoré de la croix de guerre avec la citation suivante :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 66 en date du 5 décembre 1918.

 

« Brave soldat qui a toujours eu une conduite parfaite en toutes circonstances et n’a cessé de faire son devoir pendant le long temps de service qu’il a accompli au front ».

 

La généalogie de Paul Louis Émile Courtois est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Carnet de route et de cantonnements rédigé par Paul Louis Émile Courtois.

 

Les photographies, les documents et le carnet qui ont servi de support à la rédaction de cette biographie proviennent tous de la collection Gerber, famille descendante de Paul Louis Émile Courtois.

 

La fiche signalétique et des services du soldat Courtois a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

Un grand merci à M. Bordes, à M. A. Mercerat, à  A. Carobbi, à J.L. Gerber, aux archives départementales de la Haute-Saône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

19 mars 2021

Les adjudants-chefs et les adjudants du 149e R.I. de 1911 au baptême du feu

Les adjudants du 149e R

 

Il est souvent difficile de distinguer sur une photographie en noir et blanc un sous-lieutenant d'un adjudant. L'adjudant fut le grade le plus élevé parmi les sous-officiers jusqu'à la création de celui d’adjudant-chef en 1912. Le sous-lieutenant est le premier grade des officiers. Les différences d’uniformes entre ces deux fonctions d’encadrement ne sont pas toujours évidentes à discerner.

 

Retrouver les adjudants sur les photographies du 149e R.I. d’avant-guerre

 

S'ils sont compliqués à reconnaître sur des images, il est toutefois possible d'en retrouver la trace dans les albums régimentaires d'avant-guerre et de suivre le parcours de certains à partir de la mobilisation. C’est l’album régimentaire du 149e R.I. de l’année 1911 qui va nous servir de base pour cette recherche.

 

En dehors des officiers supérieurs qui sont tout en haut de la pyramide hiérarchique, il n’est pas rare de voir des hommes bien plus âgés que d’autres sur les photographies qui figurent dans cet album. Certains ont même les bacchantes un peu grisonnantes ! Nous sommes en présence des  adjudants.

 

Les adjudants du 149e R

 

Les douze portraits représentés sur les deux montages précédents sont extraits de la photographie de groupe des sous-officiers de cet album.

 

Photographie des sous-officiers du 149e R

 

En dehors de la silhouette caractéristique du sous-chef de musique Drouot, il n’a pas toujours été simple de retrouver la compagnie d’appartenance pour plusieurs de ces sous-officiers, d’autant plus que certains d’entre eux sont des adjudants de bataillon.

 

Les liens « portraits/compagnies » ont également été compliqués à faire en raison du flou lié à un agrandissement important, d’un changement de posture, d’une modification dans la tenue vestimentaire, ou encore d’une tête tournée, tantôt à droite, tantôt à gauche.

 

Les adjudants du 149e R

 

Les portraits suivants proviennent tous des clichés des compagnies du 149e R.I. réalisés la même année. Ces visages complètent en grande partie le nombre d’adjudants qui se trouvaient au sein du régiment moins de trois ans avant le début des hostilités contre l’Allemagne en août 1914.

 

Les adjudants du 149e R

 

Mis à part les nominations au grade d’adjudant-chef (grade qui fut créé en 1912), l’avancement de quelques sergents rengagés à la fonction d’adjudants et la fin d’un contrat non renouvelé pour certains, il y a fort à parier qu’il n’y a pas eu beaucoup de changement dans l’équipe des adjudants depuis leur passage devant l’objectif en 1911 jusqu'à l’orée du conflit. Ce ne fut pas le cas pour les officiers.

 

Les mutations à ce niveau de grade étaient fort rares, voire inexistantes. Ces hommes devaient connaître tous les rouages de la caserne pour mener à bien leur tâche. Ce qui était chose facile lorsqu’ils avaient fait la presque totalité de leur carrière dans le même régiment.

 

Les adjudants s’occupaient essentiellement de l’administratif, du matériel et de la surveillance des hommes. Malgré le nombre d’années conséquent à porter l’uniforme, ces « vieux » soldats n’eurent jamais la possibilité d’être promus officiers. Leur niveau scolaire ne leur permettait pas de tenter le concours d’entrée de l’école de Saint-Maixent.

 

Si ces sous-officiers s’étaient à nouveau fait photographier dans le but de figurer dans les albums des années 1912 et 1913, à quelques exceptions près, la configuration du cliché aurait été à peu près identique à celle de l’année 1911.

 

Les tableaux suivants indiquent les noms de quelques sous-officiers rattachés à leurs compagnies, juste avant l’ordre de mobilisation générale en août 1914.

 

 

La place des adjudants-chefs et des adjudants dans l'encadrement en 1914

Les effectifs du régiment à la mobilisation

 

Les compagnies ont un effectif de temps de paix lorsque le 149e R.I. reçoit l’ordre de se diriger vers la frontière le 1er août 1914. Ce jour-là, ce 1er échelon composé de soldats de la classe 1911, 1912 et 1913 quitte la caserne Courcy. Le 149e R.I. fait partie des troupes de couverture. Trois sous-lieutenants de réserve sont arrivés à temps pour être incorporés à l’équipe des cadres. À cette date, un grand nombre de sections reste toujours sous l’autorité des sous-officiers. 

 

 

Les effectifs sur pied de mobilisation

 

Les réservistes commencent à affluer au dépôt d’Épinal pour être équipés. Ces hommes, qui constituent le 2e échelon, rejoignent le 1er échelon le 4 août à Vanémont. Celui-ci est encadré par une quinzaine d’officiers. 

 

 

Les effectifs de guerre

 

Le régiment est maintenant au complet. Les officiers réservistes et ceux qui étaient restés au dépôt prennent le commandement d’une section. Ils se substituent ainsi aux sous-officiers qui passent maintenant sous leurs ordres. Trois Saint-Cyriens et deux Saint-Maixantais, arrivés dans la soirée, viennent compléter l’équipe des cadres.

 

Treize sections, voire quatorze, sont toujours sous l’autorité de sous-officiers. Elles le resteront jusqu’au 1er engagement du régiment qui aura lieu au Renclos des vaches, près de Wisembach, le 9 août 1914.

 

 

Il y a de fortes probabilités pour que les noms inscrits dans les cases grises soient bien ceux des sous-officiers qui ont commandé une section à la veille du baptême du feu reçu le 9 août 1914, mais ce n’est pas une certitude. Les fiches matricules et les citations obtenues par ces hommes, qui ont été pour la plupart retrouvées, ne sont pas assez précises pour l’affirmer complètement.

 

Destin de quelques adjudants

 

Adjudant Jean Cerclier

 

Une lettre rédigée le 13 août 1915 par le sous-lieutenant Louis Joseph Demangeon nous éclaire un peu plus sur le devenir de certains d’entre eux.

 

Cette correspondance est adressée à son camarade de régiment, l’adjudant Cerclier. Ce sous-officier d’active est en captivité depuis bientôt un an. Il  n’a pas eu de nouvelles du régiment depuis qu’il a été fait prisonnier.

 

Épinal, 13 août 1915

 

Mon cher Jean,

 

Je viens de rencontrer ta belle sœur qui m’a fait part de ton désir et je m’empresse de le satisfaire.

 

Je savais que tu avais été changé de camp et ne connaissant pas ta nouvelle adresse, je ne pouvais correspondre avec toi.

 

Je suis revenu au dépôt depuis un mois et je m’attends tous les jours à retourner au front. J’ai été blessé deux fois déjà, mais il n’y paraît plus guère.

 

De l’ancienne 6e, Populus seul est mort, on a retrouvé son cadavre à Ménil. Le fils est au régiment de réserve avec Rigolley. Galliot blessé en octobre au pied gauche, revenu au dépôt en juillet, est de nouveau hospitalisé à Montpellier. J’ai revu « le Pott », il est dans un régiment de territoriaux. Il est devenu très vieux et comme toi, ne savait plus rien du régiment.

 

Les vieux ne sont plus guère en vie. Brayet disparu, Hardy, Poirine, Veuchey, Dodin aussi. Guillaume amputé du bras droit est réformé. Damideau, Georgy, Prenez, Chauffenne sont sous-lieutenants et toujours là. Christ tué, Delhotal, Fix, prisonniers, Marchand encore à l’hôpital ainsi que Sibille.

 

Guenot, aspirant, toujours là et toujours le même. Doridant aspirant, Pelletier sous-lieutenant, Maire au dépôt. Richard et Kolb, sous-lieutenants.

 

Dudillieu tué, ainsi que Pasquier, Rémy et Léandri. Romaire, Marey, Thomas, Bruley sont toujours au régiment de réserve. Chapuis, de ta compagnie, est sous-lieutenant. Ferrand est sous-lieutenant et Lebeau adjudant-chef. Le vieil adjudant-chef Noël, blessé le 18 août, est décoré de la Légion d’honneur et présent ici, mais incapable de faire campagne.

 

Rouganne, officier d’approvisionnement. Baranger, Bienfait, tués tous les deux.

 

Ledrappier au dépôt momentanément et Motel au 170e R.I., sous-lieutenants tous les deux. Prétet, Gérardin, Guilleminot n’ont encore pas été touchés et sont les seuls qui restent du début sans une blessure. Schalk, chef de bataillon ainsi que Roman et Reithinger. Des quantités de jeunes sous-officiers ont été promues sous-lieutenants. Je ne les connais pas tous, tellement cela change vite.

 

Ici, tout est calme et la vie aussi régulière qu’avant la guerre.

 

Fourneret, que j’oubliais, est au front pour remplacer l’officier payeur.

 

Je pense que ta blessure est complètement guérie et que tu es en bonne santé, que tu ne t’ennuies pas trop à attendre ta délivrance, garde l’espérance de nous revoir, comme nous avons l’espoir de vaincre.

 

Dans cette espérance, mon cher vieux camarade, encore une fois patience et courage.

 

Je t’embrasse fraternellement,

 

Je joins à cette lettre ma binette.

 

La consultation des listes des pertes du 149e R.I., pour les premiers mois du conflit, a permis de retrouver quelques prénoms d'hommes nommés dans cette correspondance. Beaucoup n’ont pas pu être identifiés complètement. Leurs fiches signalétiques et des services sont restées introuvables. Plusieurs portaient les galons de sergent-major en août 1914.

 

Il est bien évident qu’il était irréaliste d’associer une identité à chaque visage pour chaque adjudant-chef et pour chaque adjudant figurant sur l’album régimentaire de l’année 1911 simplement à partir de cette lettre.

 

En combinant toutes les sources possibles (lettre du sous-lieutenant Demengeon, registres matricules, citations publiées dans les J.O., dossiers individuels du S.H.D. de Vincennes, fiches des prisonniers du C.I.C.R., J.M.O. du 149e R.I. et album régimentaire de l'année 1911), cette association n'a pu se faire que pour 9 d'entre eux.

 

Les adjudants-chefs et les adjudants connus à la veille de la mobilisation générale

 

N’oublions pas les « vieux de la vieille » du 149e R.I. qui sont directement passés au 349e R.I. lorsque celui-ci s’est constitué le jour de la mobilisation générale.

 

Voici ceux qui ont été mentionnés dans le courrier du sous-lieutenant Demengeon pour qui l’identité complète a été retrouvée.

 

 

L’identification de l’auteur de la lettre a été rendue possible en comparant la signature avec celle qui se trouve sur son acte de mariage.

 

L’espoir du sous-lieutenant Demangeon de revoir son camarade après la guerre est resté vain. Cet officier est mort des suites de ses blessures le 6 septembre 1916, à Soyécourt.

 

Pour en savoir plus sur le sous-lieutenant Demangeon, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Louis Joseph Demengeon

 

Les adjudants-chefs et les adjudants payèrent un lourd tribut durant tout le conflit. Un gros pourcentage des hommes évoqués ici n’est pas rentré au pays.

 

Beaucoup sont devenus officiers avant de trouver la mort. Quelques-uns sont allés jusqu’au grade de capitaine. En raison des pertes en cadres (il y a eu plus d’une centaine de tués pour le 149e R.I.), la guerre fut l’occasion d’une accélération inouïe de l’avancement pour les sous-officiers de carrière, ce qui aurait été inenvisageable avant août 1914.

 

Sources :

 

« Distinguer et soumettre, une histoire sociale de l’armée française (1872-1914) de Mathieu Marly » Éditions Presses Universitaires de Rennes. 2019

 

Album régimentaire du 149R.I. de l’année 1911

 

Lettre du sous-lieutenant Demengeon. Fonds Cerclier (collection personnelle)

 

Copie de l’acte de mariage du sous-lieutenant Demengeon envoyée par la mairie du Tholy

 

Registres matricules trouvés sur différents sites des archives départementales. 

 

Site du Comité International de la Croix Rouge

 

Jounal officiel lu sur "Gallica"

 

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8

 

Dossiers individuels de sous-officiers devenus officiers consultés au S.H.D. de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carrobi, à J. Huret, à M. Lozano, à M. Porcher, à la mairie du Tholy et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

12 mars 2021

27 septembre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

27 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

 

Tout comme pour la journée précédente, l’aumônier Henry évoque longuement ce qu’il a vécu durant le 27 septembre 1918. Cette fois-ci, il nous apprend que l’ennemi oppose une sévère résistance au 149e R.I.. Le 1er bataillon du régiment mêne toujours l'attaque. Face à lui, il a maintenant des éléments de la 3e division de la garde prussienne fraîchement arrivés dans le secteur.

 

La bataille est rude, l’ennemi est plus mordant, plus solide que les troupes affrontées la veille. Il finit par lancer une contre-attaque qui stoppe net l’avance du bataillon Hassler.

 

Dans son témoignage, l’abbé Henry évoque également l’épisode irrespectueux des droits de la Haye signalé par le commandant Fontaine, dans son article « Tactique appliquée d’infanterie » ; cet épisode concerne l’exécution de prisonniers du 149e R.I. par les Allemands.

 

Témoignage de l’abbé Henry : de la Tranchée de Postdam à la tranchée de Gratreuil

 

Pas de messe.

 

Ordre au 3e bataillon de se porter en avant. Je reste bientôt seul à la tranchée de Postdam avec la capitaine Bourgeois du 21e. La pluie commence à tomber. J’attends que le temps s’éclaircisse pour me porter en avant, moi aussi, dans la direction de la tranchée de Gratreuil.

 

On se bat en avant ; je voudrais savoir ce qui se passe. Les tanks semblent vouloir aller de l’avant ; ils passent à proximité de la tranchée, toujours accompagnés par le 21e R.I. dont un bataillon doit faire une escorte.

 

Des prisonniers ! Il en passe une soixantaine. Ils sont de la 3e division de la garde.

 

Tranchee de Posdam

 

Peu à peu, la solitude se fait au P.C. Postdam. On voit de-ci, de-là des isolés, des égarés à la recherche de leur compagnie. Ils ont de bonnes raisons ; ils ont accompagné des prisonniers, ils se sont perdus au retour…N’approfondissons pas !

 

Vers la tranchée de Gratreuil

 

9 h 00 : Il n’y a qu’à traverser la route et à s’en aller droit sur la rangée d’arbres qui est en face.

 

À gauche, Somme-Py est toujours aux mains des Boches qui ont l’air de se défendre là avec la dernière énergie. Les obus tombent un peu partout, les balles de mitrailleuses balaient la plaine.

 

Bois de la Fouine

 

Il est désert en ce moment. Pourtant, M. Richard y a son P.S.. M. Rouquier a dû s’y transporter également. Je ne les trouve pas et à vrai dire, je ne m’attarde pas bien longuement à les chercher. Un grand cimetière boche ; je passe rapidement. En face de moi, déployés en tirailleurs, couchés à même sur le sol, à peine masqués à gauche par une plantation de sapins, j’aperçois des nôtres.

 

De la tranchee de Posdam à la tranche de Grateuil

 

D’un trou, on m’appelle, c’est le lieutenant Ferry avec sa liaison. Je descends avec eux. Le lieutenant m’explique : les 1er et 2e bataillons sont en avant, le 3e a fait placer la 10e et la 11e Cie dans la tranchée de Gratreuil. La 9e est disposée en flanc-garde et surveille du côté de Somme-Py. Nous continuons en effet à être très en pointe et la situation pourrait devenir tragique si jamais les Boches étaient en mesure de contre-attaquer.

 

Je reste une heure avec la 9e, assez pour me rendre compte que les Boches ne sont pas loin à gauche ; car ils ont là une mitrailleuse qui tape sans arrêt et nous empoisonne.

 

Tranchée de Gratreuil - P.S. de M. Ruffin

 

L’installation n’est pas mauvaise ; les abris sont bons, quoique mal orientés ; on ne peut se garer efficacement d’un marmitage même soigné. Tout à l’heure, une cinquantaine de prisonniers sont passés, capturés sans doute par les chasseurs.

 

Au P.S. de M. Ruffin arrivent tous les blessés du 2e bataillon et du 1er. Je suis donc bien à ma place ici pour les voir au passage. Il en vient quelques-uns de 10 h 00 à 15 h 00. Faut-il prendre au sérieux les renseignements qu’ils donnent ? C’est plutôt vague.

 

M. Beloux a installé son P.S. sous la voie de chemin de fer qui est à 100 mètres devant nous. Il paraît qu’il y a là de bons abris. Décidément, les Boches en avaient partout. Sur le bord de la tranchée de Gratreuil, quatre pièces de 77 ont été abandonnées par les Boches qui n’ont pas eu le temps de les enlever.

 

C’est une bonne prise ; quel malheur que le coup de filet n’ait pas été plus fructueux ! Et dire qu’il aurait pu l’être ! Que Somme-Py lui-même semble avoir été abandonné un instant par les Boches dans la journée d’hier ! Ils n’ont pas été longs à y revenir et combien en force !

 

Le 1er bataillon est aux prises avec la tranchée de Nassau qui est à deux bons kilomètres en avant. Il y a, paraît-il, grande résistance.

 

15 h 00 : l’artillerie boche redouble d’intensité. Quelque chose se prépare. Le Boche n’est point du tout prêt à filer, il réagit et même violemment. Les obus doivent chercher notre artillerie qui elle aussi est obligée de se déplacer, d’avancer sans cesse. Et puis, il faut ravitailler les pièces ; cela doit offrir une grande difficulté.

 

Le colonel est blessé, mais légèrement. Voila la nouvelle apportée au P.S.. Le colonel à 15 h 00 se déplaçait pour s’établir tranchée de Gratreuil. On a vu des obus tomber dans son voisinage ; on l’a vu courir au P.S. de M. Rouquier. Mais non ! la nouvelle est inexacte, le colonel n’est pas blessé, il a reçu simplement une pierre sur la chaussure.

 

Que se passe-t-il en avant ? Le combat semble redoubler de violence. Voici des nouvelles ; elles sont mauvaises, très mauvaises. Le 1er bataillon a été cette fois vraiment contre-attaqué par la 3e division de la garde prussienne que j’ai signalée à tort dès hier. C’est aujourd’hui seulement qu’elle entre en scène.

 

La 1ère et la 2e compagnie, en flèche avancée, ont été enveloppées par les Boches. Le lieutenant Cazain de la 2e a été tué ou pris. On dit que les Boches furieux d’avoir été battus ont massacré leurs prisonniers. J’aime mieux croire que c’est faux.

 

La nouvelle de ce petit désastre produit une fâcheuse impression. Il semble que ce malheur aurait pu être évité et qu’on s’est trop pressé de nous pousser en avant, sous prétexte qu’il n’y a personne en face. Ce qui est vrai un moment cesse de l’être le moment suivant. Le sous-lieutenant Cazain, disparu, tué peut-être, c’est une très grosse perte. Voilà Robinet avec ses deux lieutenants tués ! Heureusement pour Saintot qu’il est en permission.

 

Je m’attendais à voir affluer les blessés de l’attaque. Il en vient peu ; donc les Boches ont réussi leur coup ; ils nous ont fait reculer et nos blessés sont restés entre leurs mains. Il n’y a pas à en douter, voilà le 1er bataillon bien abîmé. David, me dit-on, est malade à évacuer, sinon évacué.

 

Hélas ! Cela ne va plus ! Les heures dures commencent. Inutile de songer à la relève ; elle n’aura lieu que quand le régiment sera tout entier par terre !

 

Rocmort est rentré de permission et a rejoint son P.S. sous la voie ferrée. Tant mieux ! Je pourrai m’occuper plus spécialement du 3e bataillon.

 

La soirée s’achève tristement. Le médecin-major Ruffin me donne l’hospitalité pour la nuit. Le colonel n’est guère qu’à 300 mètres, mais la tranchée est pleine de boue.

 

Ce matin, j’ai salué au passage le corps de ce pauvre Lepaux rapporté à l’arrière et qui sera enterré à Somme-Suippe.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

Les deux morceaux de cartes utilisés sont extraits de l’article « Tactique appliquée d’infanterie » rédigé par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, et à J.L. Poisot.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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