Marius Bonaventure Ferruit (1883-1917)
Marius Bonaventure Ferruit est né dans le 5e arrondissement lyonnais le 31 août 1883.
Son père, Joseph Jean, est âgé de 29 ans. Il travaille comme restaurateur au n° 8 de la rue de la Bombarde. Sa mère, Léopoldine Antoinette, a 27 ans. Elle n’exerce pas de profession lorsqu’elle met au monde Marius.
Joseph Jean et Léopoldine Antoinette ont donné vie à 4 garçons. En 1887, la famille vit à Villefranche-sur-Saône. Le père est devenu facteur. La mère a trouvé un travail de lingère après la naissance de son deuxième enfant. Les Ferruit s’installent ensuite à Arnas, une petite commune située à moins de cinq kilomètres de Villefranche-sur-Saône, au nord-ouest.
La fiche matricule de Marius Ferruit indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter.
En bonne condition physique, ce futur soldat de la classe 1903 a été déclaré « bon pour le service armé » par le médecin militaire du conseil de révision.
Marius est dirigé sur le 149e R.I. qui tient garnison à Épinal. Le jeune homme se présente à la caserne Courcy le 15 novembre 1904.
Remarqué pour sa qualité d’écriture et sa maîtrise parfaite de l’orthographe, il occupe, à partir du 19 septembre 1906, le poste de secrétaire auprès du major.
Marius Ferruit est envoyé en disponibilité le 12 juillet 1907 avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.
L’année suivante, il épouse Louise Crozier, une Caladoise, avec qui il aura une fille. Ce « chef de famille » travaille comme employé de commerce.
Des soucis de santé l’amènent devant la commission de réforme d’Épinal qui s’est réunie le 6 octobre 1910. Cette commission valide une atrophie de la jambe gauche. Les origines de cette pathologie ne sont pas connues. A-t-elle été constatée au cours d’une de ses périodes d’exercices obligatoires lorsqu’il est retourné au 149e R.I. ? Il est difficile de répondre à cette question.
Le 22 octobre 1910, le général commandant le département du Rhône prend la décision de le faire passer dans le service auxiliaire.
En septembre 1911, Marius, Louise et la petite Marie Josephe habitent un logement de la rue de Belleville à Villefranche-sur-Saône.
Août 1914, une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de débuter. Marius n’est pas directement concerné par la mobilisation du fait de son statut de « service auxiliaire ». Le 5 novembre 1914, il est tout de même contraint de se présenter devant la commission spéciale de réforme du Rhône qui le reconnaît « apte au service armé ».
Marius Ferruit gagne le dépôt du 149e R.I. le 9 novembre 1914.
Il est pratiquement impossible de savoir ce qu’a vécu cet homme durant son parcours de guerre. Le contenu de sa fiche signalétique et des services n’est pas assez explicite pour tenter de faire une reconstitution fiable de son histoire de combattant. Nous savons simplement qu’il a été nommé caporal le 29 octobre 1915, puis sergent le 16 mars 1916.
A-t-il participé à l’ensemble des combats impliquant le 149e R.I. entre la date de son arrivée au régiment actif et la date fatidique de sa mort survenue en octobre 1917 ? A-t-il toujours été inscrit dans les effectifs de la 10e compagnie, l’unité dans laquelle il servait le jour où il fut tué ? A-t-il été blessé ? Combien de fois ? A-t-il eu la possibilité de poursuivre des formations ? Combien de fois a-t-il pu partir en permission ? Toutes ces questions restent sans réponse.
Le cliché suivant a été réalisé le 10 avril 1917. L’identification du sergent Ferruit a été rendue possible grâce à l’ouvrage réalisé par Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ». La même photographie figure à la page 179 de ce livre. Tous les noms de ces sous-officiers qui appartiennent à la 10e compagnie du 149e R.I. sont inscrits à la droite du cliché.
La bataille de la Malmaison commence le 23 octobre 1917. Durant la 2e phase de l’opération, la 10e compagnie est engagée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon après avoir été en soutien durant la 1ère phase.
Ce jour-là, le sergent Ferruit trouve la mort en même temps que l’aumônier Galloudec, les sous-lieutenants Dupuy-Gardel et Monnoury et le caporal-fourrier Roux ; ils décèdent lors de l’explosion d’un obus qui a éclaté à proximité du groupe.
Le sergent Alfred Marquand raconte :
« En détournant mon regard horrifié du funeste tableau, mes yeux heurtent une large éclaboussure à mi-hauteur d’un énorme tronc en retrait ; des débris blanchâtres sont plaqués dans des interstices et quelques entrailles, encore reliées à un morceau de cuisse, retombent en guirlande du sommet du fût cassé. La salive remonte dans ma gorge et je reprends mon chemin pour ne plus voir… J’ai su depuis que le sergent Ferruit avait été littéralement écartelé là. »
Pour en apprendre davantage sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.
Ce qui restait du sergent Ferruit, fut mis en terre par le groupe de brancardiers de la 43e D.I.. Un relevé effectué par l’abbé Henry permet de savoir qu’il a été enterré au cimetière de la route de Maubeuge, à Bascule, au nord de la ferme de la Malmaison.
Actuellement, il n’existe pas de sépulture militaire individuelle qui porte son nom. Est-ce que le corps disloqué de cet homme a été rendu à la famille dans les années 20 ? Est-ce qu’il repose dans un des ossuaires de Vauxbuin ? Là encore, il est difficile de savoir.
Le sergent Ferruit a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent. Le contenu de la citation qui accompagne cette médaille ne figure pas sur sa fiche matricule.
L’acte de décès de Marius a été transcrit à la mairie de Villefranche-sur-Saône le 22 février 1922.
Le nom de cet homme est gravé en dessous de celui de son frère Léopold (1887-1918), sur le monument aux morts de la ville de Villefranche-sur-Saône.
Sources :
La Fiche signalétique et des services du sergent Ferruit, les actes d’états civils concernant sa famille, les registres de recensements des années 1901, 1906 et 1911 de la commune d’Arnas et celui de l’année 1911 de la ville de Villefranche-sur-Saône ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.
« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.
La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).
Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.