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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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28 août 2020

Jean Marie Louis Archenoul (1884-1956).

Jean Archenoul

Originaire de la Bretagne, Jean Marie Louis Archenoul est né le 24 septembre 1884 à Lande-Chauve, un hameau dépendant de la commune de Pleine-Fougères dans le département de l’Ille-et-Vilaine.

Le père, Jean Marie, à 70 ans lorsque son fils voit le jour. La mère, Marie Jeanne Renault, est âgée de 38 ans. Elle a déjà donné vie à une fille en 1876. La sœur aînée de Jean se prénomme Joséphine. Les parents exercent le métier de cultivateur.

Le 26 septembre 1885, le père décède, deux jours après le 1er anniversaire de Jean. La mère, qui se retrouve veuve à presque 40 ans, éduque seule ses deux enfants, tout en continuant de travailler à la ferme pendant plusieurs mois.

Elle se remarie en 1887 avec Mathurin Beaupère, un voisin qui travaille comme laboureur. Cet homme est alors âgé de 58 ans. Sept ans plus tard, Marie Jeanne est de nouveau veuve.

À cette époque, Jean est âgé de 8 ans. Il fréquente l’école communale de Pleine-Fougères. L’instituteur et le curé du village remarquent vite les capacités de cet enfant pour les apprentissages scolaires.

Ecole des garçons de Pleine-Fougères

La fiche matricule de Jean indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter. Mais son niveau est bien supérieur à celui de la plupart des hommes qui possèdent ce degré 3 d’instruction. L’excellente maîtrise des trois matières que sont la lecture, l’écriture et l’arithmétique ainsi que l’ensemble de ses connaissances scolaires permettent à Jean de poursuivre des études qui le mèneront jusqu’à l’école normale de Rennes.

Au cours de sa formation d’enseignant, le jeune homme n’oublie pas la famille. Dès qu’il a des vacances, il retourne au pays aider sa mère et sa sœur aux travaux de la ferme.

Devenu instituteur public en 1903, Jean Archenoul enseigne à Sens-de-Bretagne. L’année suivante, il pratique devant le tableau de l’école communale de Betton.

En 1904, il obtient un diplôme de maître de gymnastique.

Le temps de la conscription approche. Après son recensement en décembre 1904, Jean Archenoul passe devant le conseil de révision qui le déclare « bon, service armé ». Il est appelé pour le devoir républicain, l’année de ses 21 ans. Jean Archenoul est incorporé au 47e R.I. de Saint-Malo en octobre 1905.

Son niveau d’études lui permet de suivre les cours de l’école des caporaux. Il est nommé dans ce grade le 21 février 1906. C’est un excellent tireur. Sa maîtrise du Lebel lui fait obtenir un rang de 1ère classe.

Le 18 septembre 1906, le caporal Archenoul est envoyé en disponibilité avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Jean est resté en tout et pour tout un peu plus de onze mois sous l’uniforme quand la majorité de ses camarades de classe firent deux ans. Aucun passe-droit, juste une application de sa dispense article 21 comme fils de veuve. Il existait toute une série de dispenses nécessitant une justification très codifiée, permettant de faire un service actif écourté.

Une fois la conscription terminée, Jean Archenoul réintègre ses fonctions d’instituteur. En 1906, il fait la classe aux élèves du village de Cancale puis à ceux de Janzé l’année suivante. Ce changement de domicile le fait automatiquement rattacher à la subdivision militaire de Rennes à partir du 8 septembre 1908.

C’est dans cette commune qu’il fait la connaissance de Julia Briand, une institutrice âgée de 24 ans. Il l’épouse le 1er août 1908. Une petite fille prénommée Jeanne naît de cette union en 1909.

L’année suivante, Jean Archenoul est de retour à Saint-Malo pour y accomplir sa 1ère période d’exercice. Il lui faut de nouveau revêtir l’uniforme pour quelques semaines. Ce retour à la vie militaire dure du 24 août au 20 septembre 1910.

Sa profession et les qualités montrées à cette occasion expliquent que Jean Archenoul fût ensuite nommé sergent fourrier à partir du 15 novembre suivant.

En novembre 1911, l’instruction publique impose une mutation à la famille Archenoul. Elle doit quitter la Bretagne pour aller s’installer dans les Vosges.

Jean Archenoul passe à la subdivision d’Épinal. Militairement, il dépend maintenant du 149e R.I..

En 1913, Jean Archenoul se présente devant un jury d’examen qui le juge digne d’obtenir le certificat d’aptitude au professorat commercial dans les écoles pratiques de commerce et d’industrie. Il devient alors professeur de français à l’école nationale professionnelle de commerce et d’industrie à Épinal.

Cette année-là, il doit également faire, au sein des effectifs du 149e R.I., sa 2e période d’exercice qui a lieu du 18 août au 3 septembre.

Le 1er conflit du XXe siècle contre l’Allemagne vient interrompre sa vie d’enseignant. Comme des milliers de Vosgiens, Jean Archenoul est rappelé à l’activité militaire par l’ordre de mobilisation générale du 2 août 1914. Ce jour là, il a obligation de se rendre à la caserne Courcy pour rejoindre, en tant que réserviste, les effectifs de la C.H.R. du 149e R.I. pour y occuper un poste administratif.

Le 1er septembre 1914, Jean Archenoul est nommé sergent-major. Il ne souhaitera pas aller plus haut dans la hiérarchie.

Jean fait l’intégralité du conflit au sein de la C.H.R. qu’il ne quitte que pour aller en permissions. Il fallait alors, avant les effusions des retrouvailles avec la famille, ôter les poux, se laver sérieusement. Ces débuts de permission étaient un moment particulièrement difficile à vivre pour sa fille.

Jean Archenoul (fonds Remy)

Durant les quatre années du conflit, la partie administrative de la C.H.R. à suivi le 149e R.I. en marge des zones de combats, dans les Vosges, dans la Marne, en Belgique, en Artois, à Verdun, dans la Somme, au chemin des Dames et dans les Ardennes pour ne citer que les principales régions où le régiment vosgien a été exposé. Le sergent-major Archenoul a toujours été présent.

En Artois en 1915

Jean Archenoul est un homme cultivé ; il aime dessiner. Dès qu’il en a la possibilité, il réalise des dessins au crayon noir et aux crayons de couleur sur un petit carnet de croquis. Il commence à faire des photographies en 1915.

Durant ces longues années de guerre, Jean a eu la chance de ne pas être blessé et de ne pas avoir été gazé.

Il est mis en congé de démobilisation le 18 mars 1919 en même temps que les autres hommes de sa classe.

Entouré de sa femme Julia, de sa fille Jeanne et de sa belle-mère, il retrouve son poste de professeur de lettres à l’école nationale professionnelle d’Épinal.

Ecole nationale industrielle et commerciale des Vosges

Politiquement, Jean Archenoul est un homme de gauche. Il fut membre et secrétaire de la section spinalienne de la ligue des droits de l’homme et adhérent à la S.F.I.O. d’Épinal où il a également exercé les fonctions de secrétaire.

Il est l’un des fondateurs de l’hebdomadaire socialiste Le Travailleur Vosgien, signant ses articles sous le pseudonyme de Luc Rohanne, une anagramme construite à partir de son prénom et de son nom de famille.

Jean Archenoul est également vice-président du Photo-Club spinalien.

Il se met à la peinture de façon régulière à partir de l’année 1921.

En 1922, Jean Archenoul participe, aux côtés de L. Renaux, à l’organisation d’une éphémère fédération socialiste unitaire des Vosges avant de retourner à la S.F.I.O..

Le 10 octobre 1924, il passe dans la réserve du 158e R.I..

Jean Archenoul fut également candidat aux élections sénatoriales de 1927 dans les Vosges, au conseil général dans le canton d’Épinal en 1931 et, à plusieurs reprises, au conseil municipal d’Épinal.

Il obtient sa carte d’ancien combattant en 1932.

Jean Archenoul prend sa retraite en 1937. Il s’installe dans le XIVe arrondissement de la capitale, au 3 rue Poiret de Narçay, près de la porte d’Orléans.

Il décède le 28 juin 1956, à l’âge de 70 ans, aux Riceys ; c’est un petit village situé dans le département de l’Aube.

Les Riceys

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Archenoul, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Marqué par le conflit, Jean Archenoul ne parla que très peu de ses cinq années passées sous l’uniforme et toujours de manière allusive et générale. Il a laissé de nombreuses photographies, des dessins et une correspondance qui permettent  de retrouver les grandes étapes de son parcours.

Sources :

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de l’Ille-et-Vilaine.

Dossier des instituteurs nés avant 1900 consultable aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

Une grande partie des informations concernant Jean Archenoul ont été fournies par sa petite-fille.

Un grand merci à M. Bordes, à J. Breugnot, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de l’Ille-et-Vilaine et de Vosges..

21 août 2020

Du 1er au 5 octobre 1915, les mouvements de relèves du 149e R.I..

Travaux a decouvert -confection d'un boyau (1915)

1er octobre 1915

Le bataillon Cochain est le seul des trois bataillons du 149e R.I. à être encore en 1ère ligne. Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, il envoie plusieurs patrouilles et de nombreuses reconnaissances sur toute la ligne de front. Prenant le temps d’observer les positions ennemies, plusieurs de ces patrouilles sont repérées par l’ennemi, ce qui déclenche de nombreux coups de fusils. Ces patrouilles et ces reconnaissances ne remarquent rien de particulier.

Les compagnies du 1er bataillon du 413e R.I., qui ne sont pas encore familiarisées avec le secteur, s’abstiennent d’envoyer du monde dans le no man’s land.

Le 3e bataillon du 149e R.I. est relevé dans la nuit du 1er au 2 octobre 1915 par le 3e bataillon du 413e R.I.. Les 8e, 9e 10e et 11e compagnies, sous les ordres du commandant Chevassu, partent au repos à la fosse 9 à Barlin.

Le 2e bataillon est installé à Sains-en-Gohelle et à la fosse 10.

2 octobre 1915

Le 1er bataillon du 149e R.I. est toujours sur ses positions.

Les Allemands bombardent violemment le secteur tout au long de la journée.

Deux sections de la compagnie de mitrailleuses de la 309e brigade, mises à la disposition de la 85e brigade depuis la veille, relèvent dans la nuit du 2 au 3 octobre, les deux sections de mitrailleuses du 149e R.I. Ces dernières sont encore placées en g8 et au boyau Coquelet. Les reconnaissances sont faites au petit matin après entente des deux responsables qui commandent ces compagnies de mitrailleuses.

Le lieutenant-colonel Gothié commande toujours le secteur depuis son P.C. à proximité d’e6.

Carte journee du 2 octobre 1915

Legende de carte journee du 2 octobre 1915

Dans la nuit du 2 au 3 octobre, le 1er bataillon du 149e R.I. est relevé par le 3e bataillon du 413e R.I. qui était stationné au fossé aux loups, à la place d’armes des Corons et à la place d’armes C.D..

Les 1ère, 2e, 3e et 4e compagnies du commandant Cochain partent pour Coupigny et  Bracquencourt.

3 octobre 1915

Le lieutenant-colonel Gothié laisse le commandement du secteur au colonel du 413e R.I. après lui avoir donné les dernières consignes. Il quitte son P.C. à 7 h 00.

4 octobre 1915

Les dernières sections de mitrailleuses du 149e R.I. qui étaient encore en 1ère ligne quittent leurs emplacements.

Le régiment, très éprouvé par les combats des jours précédents, peut bénéficier de quelques jours de repos bien mérités. Les compagnies sont reconstituées.

5 octobre 1915

Le 149e R.I. occupe les villages suivants :

1er bataillon : Coupigny et Braquencourt

2e bataillon : Bouvigny- Boyeffles

3e bataillon : Fosse 9 de Barlin

Carte journee du 5 octobre 1915

Les survivants des attaques des jours précédents ne savent pas encore qu’ils devront retrouver leurs anciennes positions dans la nuit du 8 au 9 octobre.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

J.M.O. du 413e R.I..  S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 770/1

J.M.O. DE LA 85e brigade.  S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N

Le dessin intitulé « Artois 1915, départ pour la relève » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il est extrait du fascicule « Hippolyte Journoud, imprimerie de la maison des deux-collines, XXXII phototypies MCMXIX.

Les cartes réalisées l'ont été à l'aide des indications des documents trouvés. Elles sont approximatives et ont une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à M. Porcher, à la famille Aupetit, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

14 août 2020

Ouest du bois en Hache, 30 septembre 1915.

Rescapes du 149e R

Les premiers mouvements de relève du 149e R.I. ont commencé dans la nuit du 29 au 30 septembre 1915.

Les 1er et 2e bataillons du régiment occupent toujours leurs positions de 1ère ligne, suite au départ du 1er bataillon. Ils ont été dans l’obligation de rectifier les emplacements de plusieurs de leurs compagnies, .

Les 9e, 10e, 11e et 12e compagnies, sous les ordres du commandant Chevassu, se sont installées dans les places d’armes des corons et du fossé aux loups, en réserve de division.

Le 2e bataillon du 149e R.I. attend d’être remplacé par un bataillon du 413e R.I., entré la veille dans le secteur.

Carte journee du 30 septembre 1915

 Legende de carte journee du 30 septembre 1915

Dans l’après-midi, les commandants de compagnies du 413e R.I. commencent leurs mouvements de reconnaissance.

Les huit guides du 149e R.I. qui devront accompagner la troupe du 413e R.I. se rendent, à 19 h 00, au P.C. du lieutenant-colonel Gothié pour recevoir les ordres.

Un officier par compagnie relevée est dans l’obligation de rester sur place jusqu’au lendemain 5 h 00. Chaque officier a pour mission d’orienter les nouveaux occupants dans un secteur qu’ils ne connaissent pas.

Le 1er bataillon, les sections de mitrailleuses et les postes téléphoniques du 149e R.I. conservent leurs emplacements jusqu’à nouvel ordre.

Le 2e bataillon s’est installé à Sains-en-Gohelle et à la fosse 10.

                                Tableau des décédés pour la journée du 30 septembre 1915

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

Le cliché représentant les cinq hommes du 149e R.I. qui ne sont pas identifiés est légendé : « Quelques survivants de l’offensive du 25 septembre et la suite ».

La photographie du bois en Hache a été réalisée par T. Cornet. 

La carte a été réalisée à l'aide des indications des documents trouvés. Elles sont approximatives et ont une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

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