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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 novembre 2019

Gustave Henri Colazet (1882-1915)

Gustave_Henri_Colazet

 

Gustave Henri Colazet voit le jour le 14 août 1882 à Romeyer dans le département de la Drôme. Son père, qui se prénomme Jean Marie, exerce le métier de garde forestier. Sa mère, Marie Adélaïde Tholozan complète le revenu du couple avec son salaire de ménagère tout en élevant un premier enfant, né en 1878. Les parents sont respectivement âgés de 41 et de 28 ans à la naissance de Gustave.

 

 

La fiche signalétique et des services de Gustave Colazet, accessible sur le site des archives départementales de la Drôme, nous informe qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 et qu’il fut employé comme garçon pharmacien.

 

Il a probablement peu de considération pour cette profession qui ne lui offre pas un avenir intéressant. L’année de ses 19 ans, il va à la mairie de Die pour y signer un engagement volontaire de 4 ans, après avoir obtenu l’accord paternel.

 

Le jeune Romeyais choisit l’infanterie. Une fois descendu l’escalier de la gare de Bourgoin, il se rend directement à la caserne du 22e R.I. pour y prendre ses quartiers. Nous sommes le 30 septembre 1901. C’est dans ce régiment qu’il a souhaité être formé au métier des armes.

 

Camp_de_Sathonay

 

Indépendamment de son installation dans la petite ville de l’Isère, le 22e R.I. possède également des bâtiments qui hébergent deux de ses bataillons au camp de Sathonay, à quelque 53 kilomètres, au nord de Lyon.

 

Le capitaine responsable de la compagnie du soldat Colazet inscrit ce dernier au peloton des élèves caporaux l’année suivante. Gustave est autorisé à porter les galons de laine rouge à compter du 23 août 1902.

 

Le 24 février 1903, il est nommé sergent.

 

Ses conditions de vie de sous-officier lui conviennent parfaitement. Ne souhaitant pas retourner à la vie civile, il prend, quelques mois avant la fin de son contrat, la décision de poursuivre sa carrière militaire. Le 17 mars 1905, Gustave Colazet signe un nouvel engagement de trois ans qui doit prendre effet à compter du 28 septembre.

 

Un deuxième rengagement de durée équivalente est enregistré à la date du 18 août 1908. Un troisième contrat de 5 ans est ratifié le 4 août 1911.

 

Gustave fait la connaissance de Marie Augustine Jeanne Mercier, une jeune femme originaire de Mâcon. Le 20 janvier 1912, les futurs mariés célèbrent leur union dans la petite commune de Domarin, après avoir obtenu l’autorisation du conseil d’administration du 22e R.I..

 

Gustave Colazet est promu adjudant cinq mois plus tard. Cela fait maintenant presque douze ans qu’il a revêtu sa tenue de soldat pour la première fois.

 

Les Colazet donnent vie à un premier enfant. Paul Maurice naît le 16 mars 1913.

 

Les menaces de guerre contre l’Allemagne ne sont pas encore d’actualité et personne ne s’imagine qu’un évènement mondial, catastrophique pour l’humanité, va débuter l’année suivante.

 

Juillet 1914 : il faut se rendre à l’évidence, le conflit armé contre l’ancien ennemi de 1870 ne peut plus être évité. La France décrète la mobilisation générale le 1er août 1914. Les premiers réservistes du 22e R.I. affluent à la caserne dès le lendemain.

 

Les portions principales du régiment, installées au camp de Sathonay, prennent le train pour rejoindre Bourgoin le 2 août.

 

Six jours plus tard, le 22e R.I. est au complet. Il lui faut maintenant gagner ses cantonnements de concentration dans la vallée de la Moselle. Les hommes s’installent dans les villages de Jarménil et d’Eloyes en attendant de rejoindre la frontière alsacienne.

 

Gustave Colazet survit à toutes les épreuves subies par sa compagnie durant les semaines suivantes.

 

Septembre 1914 : son régiment est dans la Somme. Le 22e R.I. reçoit l’ordre de prendre le village de Foucaucourt. Les combats sont violents. Les pertes en officiers sont importantes. Gustave Colazet est nommé adjudant-chef le 30 septembre 1914. Il est maintenant responsable d’une section de compagnie.

 

Quelques semaines auparavant, l’adjudant Colazet est devenu père pour la seconde fois. Combien de temps cette nouvelle mit-elle pour lui parvenir dans cette période chaotique ?

 

Le 28 novembre, le 1er bataillon du régiment, commandé par le chef de bataillon Quinat, participe à une offensive qui doit permettre la prise des villages de Fay et de Dompierre. Gustave est blessé au cours de cette attaque.

 

Une double plaie par balle à la fesse gauche le fait évacuer vers l’arrière.

 

Une fois remis de ses blessures, il rejoint le dépôt du 22e R.I. où ses qualités furent reconnues suffisantes pour être nommé officier. Il est impossible de savoir à quel moment il passa l’examen de chef de section, avant-guerre ou pendant ce passage au dépôt. Gustave, nommé sous-lieutenant le 11 mai 1915, attend son affectation. Il finit par rejoindre le 149e R.I. le 26 juin 1915.

 

Le lieutenant-colonel Gothié l’envoie aussitôt à la 12e compagnie de son régiment. 

 

Le sous-lieutenant Colazet participe à toutes les opérations menées par sa compagnie jusqu’à la date du 26 septembre 1915.

 

Ce jour-là, son régiment, qui était en réserve de division, se retrouve engagé dans une offensive qui a débuté la veille. Toutes les unités de la 43e D.I. sont impliquées dans cette mission. Il faut absolument prendre le bois en Hache. Le sous-lieutenant Colazet ne verra pas grandir ses enfants, il est tué en cours d’attaque.  

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 26 septembre 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_2_journ_e_du_26_au_27_septembre_1915

 

Le 28 octobre 1915, le plus haut gradé du régiment, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci : «Excellent officier sous tous les rapports, venu des adjudants-chefs du 22e R.I.. Sérieux, calme et énergique, intelligent et dévoué, très courageux, vient d’être tué au combat du 26 septembre 1915 où il s’est signalé par sa belle conduite. »

 

L’acte de décès officiel de cet officier est envoyé à la mairie de Domarin le 24 mars 1916.

 

Le sous-lieutenant Colazet a obtenu sa croix de guerre avec palme à titre posthume. Il fut cité à l’ordre n°121 de la 10e armée le 21 octobre 1915 avec la mention suivante :

 

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, a été tué en entraînant sa section à l’attaque d’une position ennemie, sous un feu violent de mitrailleuses. Officier d’une grande bravoure, blessé déjà grièvement au cours de la campagne.»

 

Gustave Colazet est actuellement inhumé dans le carré militaire du cimetière communal de Sains-en-Gohelle en Artois. Sa sépulture porte le n° 45.

 

 

Le nom de cet officier est gravé sur le monument aux morts de la commune de Domarin.

 

Le 25 septembre 1920, son épouse, Marie Augustine Jeanne Mercier, s’est remariée avec Louis Rigolet à Bourgoin. 

 

Dans l’état actuel des archives qui se trouvent en ligne, il est impossible de savoir ce que sont devenus les enfants nés du couple Colazet.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Historique du 22e R.I.. Texte rédigé par le capitaine M. Albert. Lyon, Imprimeries réunies. 1920. B.D.I.C. de Nanterre. 

 

La fiche signalétique et des services de cet officier a été lue sur le site des archives du département de la Drôme.

 

Le portrait du sous-lieutenant Colazet provient de la revue « illustration » de 1915-1919.

 

La photographie de sa sépulture a été réalisée par T. Cornet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

22 novembre 2019

De l’initiation au perfectionnement du tir au 149e R.I..

Le tir au 149e R

La lecture d’un petit carnet individuel qui appartenait à un soldat du 149e R.I. nous permet d’en apprendre davantage sur la pratique du tir durant les obligations militaires. Cette discipline était la plus importante de l’instruction du soldat dans un régiment d’infanterie.

Passer de l’initiation à la maîtrise parfaite du Lebel nécessitait souvent un travail de longue haleine.

La photographie suivante nous montre deux cibles et une silhouette qui ont été directement tracées sur le mur d’un des bâtiments de la caserne Courcy.

Cibles d'apprentissage au tir

Dans un premier temps, la jeune recrue devait apprendre à manipuler le fusil en utilisant des balles d’instruction en bois. Les cibles peintes permettaient de se familiariser avec les rudiments de la visée avant d’aller pratiquer sur le champ de tir.

La plupart du temps, les hommes devenaient des tireurs tout à fait honorables une fois leur passage sous les drapeaux terminé.

Au début, certains gauchers devaient probablement rencontrer quelques difficultés pour armer et tirer correctement avec une arme construite pour les droitiers. Ils étaient tenus de s’habituer au maniement de la culasse à droite et se mettre au diapason des camarades pour prendre la visée.

Des problèmes importants de myopie pouvaient également embarrasser quelques tireurs lorsque leur pathologie oculaire n’avait pas été signalée ou diagnostiquée lors du passage devant du conseil de révision. Le port de lunettes devenait plus que nécessaire !

Pour l’élite, plus rares encore étaient ceux qui perforaient le cœur de la cible en toute circonstance.

Le petit livret retrouvé date de l’année 1900. Il fut la propriété d’un certain soldat Emmonot. Cet homme faisait partie des effectifs de la 13e compagnie du 4e bataillon du 149e R.I., une unité rattachée au groupe de forteresse de la place d’Épinal.

Chaque appelé avait l’obligation d’apporter son carnet dès qu’il se rendait sur le champ de tir.

Champ de tir d'Epinal

Un supérieur marquait,sur le figuratif de la cible du carnet, la position du point d’impact après chaque coup effectué. De cette manière, chacun pouvait se rendre compte de la valeur de ses tirs, tout en suivant sa progression au fur et à mesure des difficultés techniques imposées par les objectifs fixés.

Extrait du règlement relatif à l’instruction sur le tir (ce texte figure dans le carnet de tir du soldat Emmonot)

Carnet individuel de tir du soldat Emonnot

1) Du tir d’instruction au tir d’application

Dans les tirs d’instruction, le point à viser est marqué sur une cible particulière par un cercle en papier noir. Avant de tirer, chaque soldat doit reporter à l’œil, sur la cible qui lui est affectée, et le plus exactement possible, la position du point marqué. C’est sur ce point, et non sur le centre de la cible, que le tireur doit diriger sa ligne de mire.

Carnet individuel de tir du soldat Emmonot 1

Les deux premiers tirs d’instruction sont des tirs préparatoires destinés à familiariser le soldat avec le tir à balles. Ces deux tirs ne comptent pas pour le classement des tireurs

Tout homme qui, dans les cinq tirs d’instruction, n’a pas obtenu au moins 25 points n’est pas admis aux tirs d’application. Il doit recommencer une série de tirs d’instruction fixée par le capitaine. Il ne passe aux tirs d’application qu’après constatation de ses progrès. Il prend la série des tirs d’application à la séance où il se trouve.

Carnet individuel de tir du soldat Emmonot 2

2) Classement des tireurs

Les sous-officiers, caporaux et soldats qui ont obtenu 36 points aux tirs d’application forment la 1ère classe ; ceux qui ont obtenu moins de 36 points forment la 2e classe ; ceux qui n’ont pas été admis aux tirs d’application forment la 3e classe.

3) Récompenses des tireurs

Par compagnie : une épinglette en argent, trois cors de chasse brodés en or et un cor de chasse en drap pour cinq hommes sont décernés aux meilleurs tireurs, caporaux et soldats.

Dans le régiment : 3 épinglettes et six cors de chasse brodés sont alloués aux sous-officiers armés du fusil, à la suite d’un concours réglé par le colonel.  

Recompenses de tir au 149e R

4) L’épingle et le cor de chasse sont la propriété de l’homme qui les porte pendant toute la durée de son service et dans la réserve.

Les militaires qui obtiennent,durant deux années consécutives, le cor de chasse brodé reçoivent en échange un cor de chasse surmonté d’une grenade brodée.

Les noms des tireurs qui ont été récompensés sont mis à l’ordre du régiment.

L’état nominatif de ces tireurs est également affiché à la salle des rapports et dans les chambres.

La mention des récompenses est portée au livret individuel. Les bons tireurs ont droit à des faveurs spéciales accordées par le colonel.

Il existait également une page consacrée au tir à la cible dans le livret militaire du fantassin. Voici celle, peu renseignée, qui est extraite de celui du soldat du 149e R.I., Joseph Ernst de la classe 1904.

Livret militaire du soldat Joseph Ernt

Fiers de leur réussite et de leur gratification, les hommes se rendaient assez régulièrement chez le photographe pour se faire « immortaliser » avec le cor de chasse cousu sur la manche gauche de leur uniforme.

Comme le laisse sous-entendre le montage suivant, les soldats représentés semblent avoir été photographiés avec la même vareuse, probablement prêtée par le professionnel.

Portraits de soldats du 149e R

Source :

Carnet individuel de tir du soldat Emmonot.

Pour en apprendre davantage sur l’instruction du tir dans l’infanterie, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Gallica

La fiche signalétique et des services du sergent Bazaine, gagnant de la montre offerte pour le 2e prix du concours de tir du 149e R.I. de 1895, visible sur les montages, ainsi que la fiche du soldat Emmonot, propriétaire du carnet individuel de tir, n’ont pas été retrouvées.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carrobi et à G. François. 

15 novembre 2019

Jean Charles Magne (1895-1915).

Jean Charles Magne

 

Natif de la ville de Paris, Jean Charles Magne voit le jour le 13 mai 1895. Son père, Charles Arthur, travaille comme ingénieur électricien. Il est âgé de cinquante ans. Sa mère, Pauline Virginie Pinault, n’exerce pas de profession. Elle a 23 ans. Le couple parental vit en union libre dans un appartement situé au numéro 46 de la rue Pigalle.

 

Deux jours après la naissance de Jean Charles, les négociants Albert Bertin et Nicolas Dondelinger accompagnent le père à la mairie du 9e arrondissement pour faire enregistrer le nom du nouveau-né sur le registre d’état civil.

 

Une mention rédigée en marge de l’acte de naissance de Jean Charles indique que la mère ne reconnaît officiellement son enfant qu’à la date du 18 août 1898.

 

Ce n’est que le 13 décembre 1900 que Charles Arthur et Pauline Virginie décident d’officialiser leur union en allant se présenter devant l’officier d’état civil de l’Hôtel de Ville du 1er arrondissement de la capitale.

 

À cette époque, la famille Magne est installée au n° 10 de la rue des Pyramides.

 

Quelques années plus tard, Jean Charles quitte l’école communale en sachant lire, écrire et compter. Il semble qu’il ait poursuivi ses études encore quelque temps comme il est stipulé sur sa fiche signalétique et des services qui lui donne le statut d’étudiant dans l’intitulé « profession ».

 

Cinq mois après avoir fêté ses 18 ans, Jean Charles Magne signe un engagement volontaire de trois ans avec l’armée.

 

Pour valider ce contrat, il a dû obtenir l’autorisation parentale, avant de se rendre à la mairie du 16e arrondissement le 14 octobre 1913.

 

Le fait de s’engager volontairement lui permet de choisir l’arme dans laquelle il souhaite servir.

 

Optant pour la cavalerie, il doit se rendre dans la ville de Melun pour intégrer les effectifs du 13e régiment de dragons, dès le lendemain de sa signature. Le jeune homme peut maintenant être formé à l’équitation militaire.

 

Jean Charles Magne est nommé brigadier le 16 mai 1914 puis maréchal des logis le 17 octobre de la même année.

 

C’est à cheval qu’il débute le conflit contre l’Allemagne en août 1914. Les missions de la cavalerie n’étant plus d’actualité, certains régiments furent transformés en unités pédestres. On y chercha, chez les sous-officiers, un vivier de volontaires pour devenir sous-lieutenants d’infanterie. Ce fut le cas du maréchal des logis Magne qui fut promu le 16 juin 1915.

 

Ce changement de statut le fait muter à la 2e compagnie du 149e R.I., un corps de troupe qui se bat en Artois. Le tout nouvel officier arrive sur la ligne de front occupée par le régiment, le 19 juin 1915.

 

L’unité spinalienne a perdu de nombreux cadres durant les attaques qui ont été menées au cours des jours précédant son arrivée.

 

À partir de cet instant, le sous-lieutenant Magne participe à toutes les opérations dans lesquelles sa compagnie est impliquée.

 

Le 25 septembre 1915, le 149e R.I. est concerné par une opération de grande envergure. L’engagement complet de la 43e D.I. doit permettre la prise du bois en Hache, situé au sud de la commune d’Angres. Les combats sont rudes.

 

Le lendemain, l’attaque reprend sous un puissant feu d'artillerie. C’est au cours de cette journée, aux alentours de midi, que Jean Charles Magne trouve la mort. Le jeune homme de vingt ans est tué en allant porter secours à un de ses hommes qui venait tout juste d’être grièvement blessé.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

En memoire de Merieux, impressions septembre 1915

 

Le sous-lieutenant Alexandre Mortemard de Boisse, officier d’état civil du 149e R.I., officialise le décès du sous-lieutenant Magne le 4 octobre 1915.

 

Le capitaine Toussaint, qui commande la 2e compagnie, et le sergent fourrier Louis Bergeron ont témoigné de l’évènement.

 

Le 28 octobre 1915, le lieutenant-colonel Gothié,  responsable du 149e R.I. écrit ceci dans le feuillet individuel de campagne : « Jeune officier provenant des sous-officiers de cavalerie, plein de vigueur et d’entrain, courageux et même téméraire, demandant toujours à remplir les missions les plus difficiles. Cité à l’ordre de son ancienne division pour sa belle conduite. Vient d’être tué à l’attaque du 26 septembre devant Angres, proposé pour une citation. »

 

L’acte de décès de cet officier est transcrit à la mairie du 16e arrondissement de Paris le 31 décembre 1915.

 

Jean Charles Magne ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Il n’y a pas de sépulture connue.

 

Le sous-lieutenant Jean Charles Magne a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la division n° 15 :

 

« Sous-officier d’un courage remarquable, d’un dévouement absolu. N’a pas hésité à aller rechercher et à rapporter le corps d’un officier tué et resté dans la zone dangereuse. »

 

Citation à l’ordre de la 10e armée n°121 en date du 21 octobre 1915 :

 

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, au cours d’un violent bombardement, s’est porté en dehors de son abri, pour aller secourir un de ses hommes grièvement blessé. A été tué pendant l’accomplissement de cet acte de dévouement ; a constamment fait preuve du plus grand courage, s’offrant à effectuer lui-même les reconnaissances les plus dangereuses. »

 

Le nom de cet officier est inscrit sur une des plaques commémoratives fixées sur le mur d’enceinte du cimetière parisien du Père Lachaise, côté du boulevard Ménilmontant.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le site des archives départementales de la ville de Paris a également été lu.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

8 novembre 2019

Gaston Eugène Émile Relu (1886-1915)

Gaston Eugene Emile Relu

 

Originaire de la Seine-et-Marne, Gaston Eugène Émile Relu naît le 1er juillet 1886 aux Courreaux, un hameau administrativement rattaché à la mairie de Forges.

 

Son père, Eugène Alexandre, travaille comme jardinier. Sa mère, Adèle Eulalie Marteaux, sans profession, a déjà donné vie à un garçon qui n’a pas survécu. Il décéde chez sa nourrice à l’âge de un mois.

 

Les parents sont tous deux âgés de 26 ans à la naissance de Gaston. Une petite sœur, prénommée Blanche Eugénie voit le jour le 30 août 1887.

 

 

Un drame familial marque à tout jamais Blanche et Gaston. Le 11 novembre 1891, sous l’emprise de l’alcool, le père abat leur mère d’un coup de fusil. Les enfants sont respectivement âgés de 4 et 5 ans.

 

Eugène Alexandre craignait que son épouse ne le dénonce comme incendiaire dans le cadre d’un sinistre allumé par ses soins en décembre 1890. En effet, il avait mis le feu à un édifice lui appartenant pour escroquer son assurance, la compagnie l’Aigle.

 

Cet homme violent et très gros buveur était craint de beaucoup au village. Tout au long de son procès, il n’a pas exprimé un seul regret concernant l’acte qu’il a commis. Après délibération, le jury, réuni à la cour d’assises de Melun, lui refuse toutes circonstances atténuantes.

 

Le 5 février 1892, le verdict tombe, il est condamné à mort. Le père de Gaston échappe de peu à « la veuve » de Deibler.

 

Eugène Alexandre Relu obtient la grâce présidentielle signée par Sadi Carnot le 26 mars. Il voit ainsi sa peine initiale commuée en celle de travaux forcés à perpétuité.

 

Ce changement de condamnation l’oblige à quitter la centrale de Melun pour rejoindre la Charente-Inférieure.

 

Le 28 avril 1892, Eugène Alexandre Relu est écroué au dépôt de Saint-Martin-de-Ré, dans l’attente de son départ pour la Guyane.

 

Le 8 octobre, il embarque sur le « ville de Saint-Nazaire », un paquebot spécialement affrété par l’état et qui a pour mission de transporter les forçats de l’autre côté de l’Atlantique. Eugène Alexandre Relu décède au bagne le 4 avril 1906.

 

La petite Blanche fut un temps recueillie par ses grands-parents paternels. Dans l’état actuel des recherches, Il est impossible de savoir ce qu’il est advenu des enfants Relu après l’assassinat de leur mère.

 

Nous retrouvons Gaston quelques années plus tard.

 

Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 ; ce qui veut dire qu’il a appris à lire, à écrire et à compter. Cette fiche nous indique également qu’il a travaillé comme épicier à Asnières.

 

Très rapidement il occupe un poste de chef du personnel dans une maison d’alimentation qui emploie une quarantaine de salariés.

 

L’année de ses vingt ans, Gaston doit penser à ses obligations militaires. Soldat de la classe 1906 de la subdivision de Fontainebleau, il se voit ajourné par le conseil de révision. Il devra se représenter devant les instances militaires dans un an. Cette fois-ci il est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Le 6 octobre 1907, il est incorporé au 4e R.I., une unité qui est en garnison à Auxerre.

 

Ayant l’habitude de diriger une équipe, le soldat Relu est proposé pour suivre les cours de l’école des caporaux à la caserne Vauban. Cette formation lui permet d’être nommé dans ce grade le 26 septembre 1909.

 

Son service militaire prend fin lorsqu’il est envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1910. Six jours plus tard, il est inscrit dans la réserve du régiment.

 

De retour à la vie civile avec son certificat de bonne conduite, il retrouve sa place de chef du personnel.

 

Gaston accomplit sa 1ère période d’exercice entre le 29 août et le 20 septembre 1912 dans son ancien régiment.

 

Il est par la suite rattaché à la réserve du 46e R.I. de Fontainebleau.

 

Gaston Relu trouve un nouvel emploi. Il devient gérant du magasin de vente Plouvier, une entreprise commerciale placée au n°15bis du boulevard Saint-Denis dans le 2e arrondissement de la ville de Paris.

 

Lorsque l’ordre de mobilisation générale est décrété le 1er août 1914 et après relecture de son livret militaire, l’ancien épicier sait qu’il dispose de quatre jours pour rejoindre son régiment, le 246e R.I..

 

Nommé sergent le 14 novembre 1914, il occupe les fonctions de ce grade jusqu’au 16 décembre 1914, date de sa blessure, dans le secteur de Crouy.

 

Touché par une balle au cuir chevelu, il est évacué vers l’arrière. Le 22 décembre, le sergent Relu entre à l’hôpital auxiliaire n°77, 145 avenue Parmentier à Paris, pour en sortir le 27 janvier 1915.

 

Il est fort probable qu'il a suivi les cours de chef de section lorsqu’il  s’est retrouvé, après son séjour à l’hôpital, au dépôt de Fontainebleau à la 27e compagnie du 46e R.I..

 

C’est au cours de cette période qu’il fait une demande écrite pour être nommé officier. Gaston n’a aucune difficulté pour obtenir l’avis favorable de ses supérieurs.

 

Le 27 juin 1915 il devient sous-lieutenant à titre temporaire avec une nouvelle affectation à la clé. Il vient de recevoir l’ordre de rejoindre le 149e R.I., une unité qui combat en Artois depuis plusieurs mois. Arrivé sur le front le 22 août 1915, il est affecté à la 7e compagnie du régiment, mis sous les ordres directs du capitaine Guilleminot.

 

Le sous-lieutenant Relu participe à toutes les missions qui sont demandées à sa compagnie jusqu’au 26 septembre 1915.

 

Ce jour-là, le 149e R.I. est engagé dans une vaste offensive commencée la veille.

 

Une série d’attaques menées par toutes les unités de la 43e D.I. doit permettre la prise du bois en Hache. Le sous-lieutenant Relu est tué au cours d’une sortie de sa section dans le no man’s land.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Carte 1 journee du 26 au 27 septembre 1915n(2e partie)

 

Le corps de Gaston ne fut pas retrouvé après les attaques de septembre. Le 6 octobre 1915, un acte de disparition officiel est signé par le sous-lieutenant Mortemard de Boisse, l’officier responsable de l’état civil. Il n’a pas été possible de trouver les deux témoins nécessaires à la validation du décès d’un homme abattu durant un combat. Seul l’aspirant Maginot affirme l’avoir vu tomber. Mais, ayant été blessé lui-même, il lui fut impossible d’en savoir davantage.

 

Quelques semaines après la mort du sous-lieutenant, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci dans le feuillet du personnel : « Ancien sous-officier dans la réserve, a gagné ses galons sur le champ de bataille. Excellent chef de section, énergique, et dévoué. A été tué le 26 septembre 1915 devant Angres en entraînant sa section à l’assaut. »

 

Le décès du sous-lieutenant Relu est validé le 4 avril 1918, suite à une décision prise par le tribunal civil de la Seine qui le déclare officiellement « mort pour la France » à la date du 26 septembre 1915, jour de sa disparition.

Gaston Relu a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 55e division n° 34 (texte non connu).

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 121 en date du 21 octobre 1915.

 

« Officier brave, énergique et plein d’entrain. Le 26 septembre 1915, devant Angres, a été tué en entraînant brillamment sa section à l’attaque des tranchées allemandes sous une fusillade et un bombardement des plus violents. »

 

Gaston Relu ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Monument aux morts et plaque commemorative de la commune de Forges

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative placée à l’intérieur de la petite église de Saint-Baudèle de la commune de Forges.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Registre matricule et registres de recensement lus sur le site des archives du département de la Seine-et-Marne.

 

Article de presse publié dans le journal « La Justice » du 6 février 1892.

 

Article de presse publié dans le journal «  La Liberté » du 7 février 1892.

 

Base de données des dossiers individuels de condamnés au bagne lisible sur le site des archives nationales d’outre-mer.

 

Les photographies du monument aux morts et de la plaque commémorative de l’église de Forges proviennent du site « MémorialGenWeb » »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à H. Dropsy, à M. Porcher, à S. Protois et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

1 novembre 2019

Charles Justin Damideau (1879-1915)

Charles Justin Damideau

 

Charles Justin Damideau voit le jour le 3 décembre 1879 à Trémonzey, une commune située au sud du département des Vosges, à la frontière de la Haute-Saône. Ce jour-là, sa mère, Marie Anne Catherine Royer, accouche de jumeaux, le second fut prénommé François Henri. Cette femme élève déjà trois enfants, deux garçons et une fille. Elle a également donné vie à un garçon qui n'a pas survécu à sa première année.

 

Le père, Charles Del Joseph, travaille comme manœuvre. Les parents sont tous deux âgés de 34 ans lorsque les actes de naissance sont enregistrés à la mairie de Trémonzey.

 

Le 31 janvier 1885, l’unique fille de la fratrie, Marie Berthe, décède à l’âge de 12 ans. Charles Justin et François Henri ont fêté leur 6e anniversaire quelques semaines auparavant.

 

Le frère aîné, Henri François, a plusieurs fois affaire à la justice. Celle-ci le condamne à trois reprises à des peines de prison pour des faits de violence. Le moment venu des obligations militaires, Henri François ne se présente pas devant le conseil de révision qui le déclare d’office bon pour le service armé. Envoyé au Tonkin, il y meurt à l’âge de 22 ans. Charles Justin et François Henri ont 9 ans.

 

Le second, Luc Joseph, est condamné à deux mois de prison pour filouterie d’aliments par le tribunal correctionnel de Versailles, en février 1896.

 

Charles Justin et François Henri quittent l’école communale en sachant lire, écrire et compter comme le confirment leurs fiches signalétiques et des services avec leur degré d’instruction de niveau 3. 

 

L’heure de porter l’uniforme approche pour les jumeaux en 1899. Le tirage au sort, qui définit le nombre d’années à passer sous les drapeaux, est moins favorable pour Charles. Avec sa boule n° 93, il en prend pour trois ans. Son frère est beaucoup plus « chanceux » avec son n° 38, il pourra retourner à la vie civile au bout d’une année de service actif.

 

Le 14 novembre 1900, François Henri est incorporé au 109e R.I., une unité qui possède son dépôt dans la ville de Chaumont. Deux jours plus tard, c’est au tour de Charles de se présenter devant le portail de la caserne. Il s’est rendu à Belfort pour rejoindre les effectifs du 35e R.I.. C’est probablement la première grande séparation pour les deux frères.

 

Charles Damideau a l’opportunité de suivre les cours de l’école des caporaux durant sa longue période de service. Il est nommé dans ce grade le 4 juin 1901. Le 8 décembre, il obtient l’autorisation de coudre ses sardines de sergent sur sa tenue militaire.

 

Est-ce à cette période qu’un tatoueur lui a encré un lion entouré de laurier sur l’avant-bras droit ?

 

Le 16 septembre 1903, le jeune homme est envoyé dans la disponibilité. Il repart aussitôt vivre dans son village natal. Mais l’ancien sergent ne s’adapte pas à cette nouvelle existence. Moins d’un an après avoir clôturé ses trois années de service, il se présente devant le sous-intendant militaire d’Épinal avec un formulaire de rengagement dûment rempli. Cet acte, signé pour une durée d’un an, prend effet à compter du 8 août 1904.

 

Cette fois-ci, il a la possibilité de choisir son unité d’affectation. Charles Damideau intègre une des compagnies du 4e bataillon du 149e R.I.. Il retrouve ainsi son quotidien de sous-officier qui semblait tant lui manquer. Les contrats vont se succéder.

 

Le 8 août 1904, Charles est envoyé à la 12e compagnie du régiment.

 

Un second rengagement de deux ans, prenant effet à la date anniversaire d’échéance du premier, est enregistré dès le 28 octobre 1904.

 

Le 10 novembre, Charles apprend qu’il est affecté  à la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Le sergent Damideau entre dans la catégorie des sous-officiers rengagés avec prime à partir du 12 avril 1905. En février 1907, il reçoit l’ordre de rejoindre la 4e compagnie du régiment.

 

Un troisième contrat de quatre ans est validé le 5 juin 1907.

 

Charles Damideau exerce les tâches de sergent-fourrier entre le 30 septembre 1907 et le 27 janvier 1909. Il quitte les écritures et les chiffres pour retrouver son rôle de chef d’escouades aussitôt après cette date.

 

Le 11 décembre 1910, il retrouve les fonctions de « plume et d’encrier » en étant sergent-major.

 

Un quatrième rengagement de trois ans voit le jour le 4 août 1911. Le 19 juin 1914, Charles signe de nouveau pour deux années et deux semaines.

 

Le sergent-major Damideau est promu adjudant le 1er juillet 1913.

 

Le 10 février de l’année suivante, il épouse Marie Jeanne Louise Hayotte à Trémonzey, une brodeuse âgée de 33 ans qui est originaire du Val-d’Ajol. La vie paisible du temps de paix est sur le point de s’arrêter.

 

Tremonzey

 

Les relations avec l’Allemagne s’enveniment de plus en plus. L’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 sert de prétexte pour déclencher un conflit armé. Le jeu des alliances entre nations conduit l’Europe au bord d’une catastrophe humaine sans précédent.

 

Le 149e R.I. qui est un régiment de couverture doit envoyer son 1er échelon vers la l’Allemagne dès le 1er août 1914. La guerre n’est pas encore déclarée officiellement. Le 2e échelon suit 3 jours plus tard. Beaucoup se préparent à gagner la frontière franco-allemande en s’imaginant que la guerre ne va pas durer trop longtemps. Chimère !

 

Après plusieurs jours de marche, le régiment spinalien engage son premier combat. Celui-ci a lieu du côté du village de Wisembach, au Renclos-des-vaches, le 9 août 1914.

 

Ce jour-là, l’adjudant Damideau encadre sa section de la 4e compagnie. Cette compagnie, qui se trouve sous les ordres du capitaine Altairac, est engagée dans l’attaque. Charles sort indemne de cette expérience du feu. 

 

Pour en savoir plus sur les événements vécus par les hommes de la 4e compagnie au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

La Chaume de Lusse

 

Le 21 août 1914, Charles Damideau est blessé d’un éclat d’obus à la tête durant les combats qui eurent lieu au nord d’Abrechviller. Touché dans la région occipitale, il souffre également de fortes contusions à la jambe gauche et au poignet gauche.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Carte 1 journee du 21 aout 1914

 

Évacué en dehors de la zone des armées, il est pris en charge par les médecins de l’hôpital de Moulins.

 

Le 2 septembre 1914, il apprend qu’il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire.

 

Charles quitte la préfecture de l’Allier le 26 septembre pour rejoindre le dépôt du 149e R.I. tout juste installé à Rolampont.

 

Le sous-lieutenant Damideau laisse le dépôt derrière lui le 31 octobre 1914 pour rejoindre son ancien régiment qui combat maintenant en Belgique.

 

Le 5 novembre 1914, il prend de manière provisoire le commandement de la 4e compagnie.

 

Le 2 février 1915, le lieutenant-colonel Gothié rédige à son sujet la note suivante dans le feuillet du personnel : « Ancien adjudant de compagnie énergique et très brave. A fait campagne depuis le début jusqu’à Abreschviller où il a été blessé et évacué. A rejoint le régiment en Belgique où il a commandé sa compagnie comme sous-lieutenant à titre temporaire dans des conditions difficiles. Excellent officier qui mérite d’être maintenu. »

 

Le 14 février 1915, Charles Damideau est de nouveau blessé. Cette fois-ci c’est l’éboulement d’une partie du château de Noulette, qui en est la cause.  Ce jour-là, l’artillerie allemande fait s’écrouler une partie des ruines de cet édifice qui perfore le plafond d’une des caves abritant deux sections de la 4e compagnie. Les hommes sont ensevelis. Le lieutenant-colonel Gothié envoie de suite deux équipes de travailleurs avec pelles et pioches pour les dégager. Il demande également le concours de l’artillerie pour arrêter le feu ennemi. Le sous-lieutenant Damideau a de la chance, il fait partie des premiers à revoir le jour.

 

Il est touché à la tête. Son poignet gauche est foulé. Il est victime d’une forte commotion et le diagnostic est réservé.

 

Le sergent Paul Monne évoque l’évènement dans son témoignage qui peut se lire en cliquant sur l’image suivante.

 

Sergent Paul Monne

 

« … Au château, il ne restait plus que des pans de mur, il avait été incendié au cours des premiers combats. Les sous-sols et les caves voûtées étaient restés intacts. Ils servaient d’abris aux soldats qui quittaient la 1ère ligne pour venir se reposer en 2e ligne.

 

Nous restions 48 heures en 1ère ligne et 48 heures en 2eligne. (Bois 6 et sous-sols du château) et enfin 48 heures de grand repos à Aix-Noulette, Noeux-les-Mines.

 

Je signale en passant qu’il n’y avait pas de fontaines, pas de W.C., tout se faisait dans la mare. C’est même là que les cuisiniers venaient chercher l’eau pour faire le café.

 

Les soldats français toujours imprudents sortaient de leur abri pour venir s’ébattre à l’extérieur du château, sans se préoccuper s’ils étaient vus par les Allemands qui étaient sur la crête.

 

Les observateurs allemands les ont aperçus. Aussi, le 14 février 1915, l’artillerie a bombardé violemment le château avec de gros obus.

 

Malheureusement, sous le poids des hautes murailles et les obus de gros calibre, quelques voûtes se sont effondrées et ont enseveli une partie des soldats de notre 4e compagnie.

 

Les survivants des caves épargnées ont voulu aussitôt dégager leurs camarades qui étaient sous les décombres. Douze ont été trouvés morts. »

 

Charles est envoyé à Paris pour y être soigné. Il quitte l’hôpital le 30 mars 1915, bénéficiant d’une convalescence d’un mois. Il est au dépôt du 149e R.I. le 1er mai, dépôt qu’il quitte le 24 juin pour rejoindre deux jours plus tard la ligne de front.

 

Le lieutenant-colonel Gothié lui donne le commandement de la 6e compagnie de son régiment dès son arrivée.

 

Suite à une décision prise par le général commandant en chef, le 3 septembre 1915, le sous-lieutenant Damideau est nommé lieutenant à titre temporaire. Cette promotion ne lui fut pas favorable bien longtemps.

 

Le 26 septembre 1915, le 149e R.I. poursuit une offensive commencée la veille qui doit lui permettre la prise du bois en Hache. Le lieutenant Damideau est mortellement blessé au cours d'une attaque.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante. 

 

Carte 1 journee du 26 au 27 septembre 1915n(2e partie)

 

Quelques semaines après le décès du lieutenant Damideau, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci : «  Revenu sur le front à peine guéri, a pris le commandement de la 6e compagnie qu’il a assuré avec beaucoup d’énergie et d’autorité. Blessé mortellement au combat du 26 septembre devant Angres, a été proposé pour une citation. »

 

Citation à l’ordre de la 10e armée n° 121 en date du 21 octobre 1915.

 

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, a été tué à la tête de sa compagnie en l’entraînant à l’attaque des tranchées allemandes après un bombardement des plus violents. Excellent commandant de compagnie, très courageux, avait déjà été blessé au cours de la campagne. »

 

Le nom de cet officier est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative posée à l’intérieur de la petite église de la commune vosgienne de Trémonzey.

 

Il n’y a pas de descendance connue pour le couple Damideau. Le frère jumeau de Charles est sorti indemne du conflit.

 

Pour connaître la généalogie du lieutenant Damideau, il suffit de cliquer une fois sur le logo suivant.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  É. Jeannel, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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