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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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5 juillet 2019

Augustin Pierre Chabanon (1892-1915).

Augustin_Pierre_Chabanon

Le 13 janvier 1882, le cultivateur Mathieu Chabanon se rend à la mairie de Vals-près-le-Puy pour faire inscrire le nom de son fils, Augustin Pierre, dans le registre d’état civil de la commune. Ce cultivateur est âgé de 36 ans. Le maréchal-ferrant Joseph Chaussende et le plâtrier Régis Gineys l’accompagnent en tant que témoins. La mère, Euphrasie Chabanon, a 31 ans lorsqu’elle donne vie à cet enfant.

Deux ans plus tôt, les Chabanon furent touchés par un terrible drame. Ils perdirent leur fille unique Amélie, décédée à l’âge de quatre ans.

Augustin est scolarisé au pensionnat de Notre-Dame-de-France, un établissement catholique implanté au Puy. La durée de ses études n’est pas connue. La lecture de sa fiche signalétique et des services, consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Loire, nous fait simplement savoir qu’Augustin possède un degré d’instruction générale de niveau 3. Il sait donc compter, écrire et lire.

En 1901, Augustin a 19 ans. Il demeure toujours chez ses parents, travaillant sur les parcelles de terres qui appartiennent à son père. Les registres de recensement de la commune de Vals-près-le-Puy correspondant aux années 1886 et 1901 ne font pas état d’autres enfants vivants sous ce toit.

Le temps des obligations militaires est proche pour le jeune Chabanon. En 1903, Augustin doit se présenter devant le conseil de révision qui l'ajourne pour une année.

Le 15 novembre 1904, il est à Lyon. Il s’apprête à rejoindre les effectifs d’une des compagnies du 157e R.I., un régiment qui a deux de ses bataillons cantonnant dans la « capitale des Gaules ». Les deux autres sont répartis dans les nombreux forts frontaliers de la vallée de l’Ubaye. Ils ont pour mission de surveiller et de protéger la frontière italienne en cas d’invasion. Ces deux bataillons tiennent garnison à Tournoux, Jausiers et Saint-Vincent. Il est impossible de savoir avec précision où Augustin effectue son temps d’armée parmi tous ces lieux.

Durant son passage sous l’uniforme, Augustin Chabanon a la possibilité de suivre les cours qui vont lui permettre de devenir caporal. Cette formation est pleinement réussie puisqu’il est confirmé dans ce grade le 24 septembre 1905.

Le jeune homme est envoyé en congé le 18 septembre 1906 en attendant son passage dans la réserve qui fut prononcé le 1er octobre.

Augustin peut retourner vivre au pays avec son certificat de bonne conduite en poche et renouer avec son métier de cultivateur.

Le 8 décembre 1909, il épouse une femme originaire de Saint-Vidal, Fanny Virginie Marie Louise Séjalon, âgée de 22 ans. Le couple donne naissance à deux garçons.

Les années passent, Augustin travaille au champ quotidiennement, à l’exception des périodes d’exercices militaires obligatoires. Il effectue celles-ci au 158e R.I. du 30 août au 21 septembre 1910 et du 8 au 24 novembre 1911.

Le 23 décembre 1912, il apprend son rattachement à la réserve de Montélimar.

Les périodes de labour, de semences et de récoltes rythment les cycles saisonniers. Le métier est rude, mais il permet de vivre à sa faim.

Juillet 1914 : le temps de paix est sérieusement mis en danger. Le premier conflit mondial est proche.

Comme des dizaines de milliers de réservistes, Augustin Chabanon est rappelé sous les drapeaux par ordre de mobilisation générale. Il faut tout laisser derrière soi pour rejoindre la caserne à la date précise notée sur le fascicule de mobilisation ; celui-ci se trouve à l’intérieur du livret militaire. Pour Augustin, la date est fixée au 5 août. Il retrouve ses responsabilités de chef d’escouade au sein d’une compagnie du 52e R.I..

Son parcours précis de mobilisé n'est connu que dans les grandes lignes sans qu'il ne soit possible de détailler. A-t-il été évacué, blessé ? Ces questions se posent, car il change plusieurs fois de corps.

Nommé sergent le 26 novembre 1914, il est affecté au 17e R.I. le 1er février 1915, une unité qui combat en Artois à cette période du conflit.

Le 1er mai 1915, le sous-officier Chabanon passe au 149e R.I.. Ce régiment est en Artois depuis plusieurs mois dans le secteur d’Aix-Noulette. Il rejoint les rangs de la 8e compagnie. Son inscription dans les effectifs de ce régiment est malheureusement de très courte durée. Nous pouvons même nous demander s’il a trouvé le temps de découdre les numéros de son ancien régiment pour les remplacer par les nouveaux avant de remonter en ligne.

Augustin Chabanon est mortellement blessé au cours d’une attaque qui permet la reprise d’une sape dans la nuit du 9 au 10 mai 1915.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Journee du 10 mai 1915

Le nom de ce sous-officier figure parmi les 78 hommes du 149e R.I. qui sont inscrits sur la liste des tués du régiment pour cette journée.

Le tribunal du Puy officialise la date de son décès le 29 novembre 1917.

Il n’y a pas de sépulture militaire individuelle qui porte son nom.

Le 10 juin 1915, le général d’Urbal, commandant de la 10e armée, le cite à l'ordre de l’armée (citation mentionnée dans le J.O. du 31 juillet 1915).

« Au cours du combat de Notre Dame de Lorette, a fait preuve d’une grande énergie et d’un véritable sang-froid, pendant la journée du 7 mai 1915, en entraînant brillamment les hommes. A été mortellement blessé au cours de la reprise d’une sape dans la nuit du 9 au 10 mai. »

Le nom d’Augustin est gravé sur le monument aux morts de la commune de Vals-près-le-Puy.

Ses deux fils, respectivement âgés de 9 et 6 ans sont adoptés par la nation à la suite du jugement prononcé par le tribunal du Puy du 23 août 1919.

Sources :

La fiche signalétique et des services du sergent Chabanon et les registres de recensements des années 1896,1901 et 1911 de la commune de Vals-près-le-Puy ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Loire.

Le portrait de ce Valladier est extrait du livre d’or du pensionnat de Notre Dame de France « Maitres et anciens élèves morts pour la patrie 1914-1918 »  Le Puy (Haute-Loire).

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet et aux archives départementales de la Haute-Loire.

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