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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 novembre 2018

La Malmaison, octobre 1917, les officiers du 2e bataillon du 149e R.I..

Officiers_du_2e_bataillon_du_149e_R

Trouver une photographie en parfait état de conservation avec tous les noms des hommes inscrits au dos, plus de cent ans après sa réalisation, est un fait assez exceptionnel. C’est le cas du tirage présenté ici.

Ce « noir et blanc » a été réalisé le 30 septembre 1917 à Troësnes, un petit village situé dans le département de l’Aisne. Ce cliché nous montre l’intégralité du groupe d’officiers qui commande les différentes unités du 2e bataillon du 149e R.I..

Depuis la veille, les responsables du bataillon sont au repos, logés chez l’habitant.

Les 5e, 6e, 7e compagnies et la 2e compagnie de mitrailleuses arrivent de Septmont, après y avoir fait une halte de 24 heures. Elles reviennent d’un séjour passé en 2e ligne du côté du Vervins et de la ferme Volvreux.

La représentation « silhouette » suivante permet une identification aisée de tous ces hommes.

Silhouettes_des_officiers_du_2e_bataillon_du_149e_R

1 : Capitaine Joseph Delung

2 : Commandant Louis Schalk

3 : Lieutenant Marie Joseph Chauffenne

4 : Sous-lieutenant Césaire Ernest Alexis Bourriot

5 : Sous-lieutenant Escudier

6 : Sous-lieutenant Clément Huc

7 : Sous-lieutenant André

8 : Médecin Joseph Antoine Laurent Chabriat

9 : Sous-lieutenant Daniel Charles Armand Widemann

10 : Sous-lieutenant Maurice Blot

11 : Lieutenant Paul Benoit

12 : Lieutenant Paul Kolb

13 : Lieutenant René Jacques Lobstein

14 : Sous-lieutenant Edmond Édouard Grégoire

15 : Lieutenant Charles Auvert

16 : Sous-lieutenant Maginot

Le tableau ci-dessous montre les affectations connues des officiers dans les différentes compagnies du bataillon. Elles pourront être complétées au fur et à mesure des découvertes.

Composition_du_2e_bataillon_du_149e_R

La quasi-totalité de ces officiers participera dans quelques semaines à la bataille de la Malmaison. Le cliché nous donne donc un instantané de l'encadrement du bataillon juste avant l'attaque.

Le 2e bataillon a été désigné comme bataillon de réserve durant la 1ère phase de l'offensive, avant de devenir bataillon de soutien durant la 2e phase. C’est en fait l’unité du régiment qui fut la moins exposée durant les combats. Seule sa 5e compagnie a été réellement engagée en tant qu’unité de nettoyeurs de tranchées. Son chef, le lieutenant Auvert, est tué le 23 octobre 1917. Le sous-lieutenant Blot, qui commande une section de cette compagnie, est grièvement blessé. Il décède dans la nuit du 23 à l'hôpital d’évacuation n° 18 de Couvrelles.

Le lieutenant Benoit et le sous-lieutenant Huc trouvent la mort deux jours plus tard au cours d’une mission de reconnaissance offensive.

Les_officiers_du_2e_bataillons_du_149e_R

Le commandant Schalck, le capitaine Delung et le sous-lieutenant Kolb, ce dernier ayant été promu capitaine, ne survivront pas à la guerre. Le capitaine Delung sert au 1er régiment Somalis lorsqu’il trouve la mort.

Les_officiers_ayant_appartenu_au_2e_bataillon_du_149e_R

Un grand merci à M. Bordes et à A. Carobbi et à la famille descendante du capitaine Delung. 

23 novembre 2018

Louis Joseph Auguste Lesprit (1888-1914).

Louis_Lesprit

Louis Joseph Auguste Lesprit est né le 4 juin 1888 dans la petite commune d’Odival située dans le département de la Haute-Marne. Son père, Marcel Émile, travaille comme coutelier dans une des nombreuses petites entreprises locales. Cet homme est âgé de 29 ans, lorsque son épouse, Marie Florentine Célestine Jacob donne vie à Louis, leur 1er enfant. Cette femme qui a 27 ans, s’épuise à la tâche dans le dur métier de lingère. Le couple donne également naissance à trois filles au cours des huit années suivantes.

Élève à l’école communale du village, Louis quitte son instituteur en sachant lire, écrire et compter.

L’adolescent est ensuite formé à l’art de la cisellerie nogentaise. L’apprentissage est censé être long. En effet, la coutellerie et la cisellerie régionale ont une réputation d’excellence. Louis sait qu’il va devoir s’armer de patience pour maîtriser tous les savoir-faire de cette profession.

L’année de ses vingt ans, il est déclaré bon pour le service armé par le conseil de révision qui vient de tenir réunion à la mairie de Nogent. Il est temps pour lui de penser à revêtir l’uniforme.

Louis est obligé de quitter la Haute-Marne pour se rendre dans la région vosgienne. Le 6 octobre 1909, il pose le pied sur les quais de la gare d’Épinal juste avant de franchir le portail de la caserne Courcy. Il intègre les effectifs d’une compagnie du 149e R.I. qui tient garnison dans cette ville. 

Moins de deux ans plus tard, le soldat Lesprit passe dans la disponibilité de l’armée active. Ayant répondu à la demande républicaine concernant « l’impôt de sang » il peut maintenant retourner vivre dans son village natal, avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

Le jeune homme retrouve sa forge et sa meule professionnelle qu’il ne quittera que pour aller faire une période d’exercice militaire entre le 29 août et le 20 septembre 1913. De retour à la maison, il ne sait pas encore qu’il ne lui reste plus que quelques mois de tranquillité.

Louis Lesprit doit de nouveau abandonner ses outils de travail en août 1914. Cette fois-ci, c’est pour cause de guerre. Le conflit contre l’Allemagne en est à ses tout débuts.

Il rejoint le dépôt du 149e R.I. le 1er août 1914.

En tant que réserviste, le soldat Lesprit fait partie des éléments du 2e échelon du régiment.

Le 4 août, l’ancien ciselier retrouve son unité qui cantonne dans le secteur de Vanémont.

Louis est affecté à la 4e compagnie, sous les ordres du capitaine Altairac.

Cette compagnie subit le baptême du feu dans une attaque qui a lieu autour du signal de Sainte-Marie, à la frontière allemande. Louis Lesprit sort indemne de cette première expérience de combat. 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

Renclos_des_Vaches_2

Louis n’aura pas la chance de devenir un soldat aguerri. Son nom est inscrit sur la liste des disparus du J.M.O. du 149e R.I. à la date du 21 août 1914. Cette journée-là, le régiment est en pleine déroute dans le secteur d’Abreschviller.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_2_journee_du_21_aout_1914

Comme le prouve l’existence d’une fiche réalisée par le Comité International de la Croix Rouge, une recherche fut entreprise par les proches du soldat Lesprit. Sa famille espérait un internement dans un camp de prisonniers en Allemagne.

Louis_Lesprit_Fiche_Comite_International_Croix_Rouge

Ce n’est que le 22 février 1922 que le décès de cet homme est officialisé de manière administrative. Sa mort est validée pour le 21 août 1914, date de sa disparition.

Le soldat Lesprit fut décoré de la Médaille militaire à titre posthume. (J.O. du 27 juin 1922) :

« Soldat courageux et méritant. A trouvé une mort glorieuse dans les combats de Val-et-Chatillon, le 22 août 1914. »

Cette citation lui donne aussi le droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Louis est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Le nom de ce soldat est inscrit sur le monument aux morts de la ville d’Odival.

Inhumé dans un premier temps à Val et Chatillon, son corps est restitué à la famille dans les années 20. Louis Lesprit repose actuellement dans une sépulture civile du cimetière communal d’Odival, comme l’atteste une plaque avec portrait gravée à son nom, déposée par les siens.

Louis_Lesprit

Sources :

L’acte de naissance et la fiche signalétique et des services de cet homme ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

La photographie de la plaque mortuaire a été réalisée par P. Baude.

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, à J. Horter, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département de la Haute-Marne. 

16 novembre 2018

Témoignage laissé par le sous-lieutenant Paul Douchez (7e partie). Le quotidien d’un officier dans un secteur instable.

Paul_Vincent_Constantin_Douchez

La compagnie du sous-lieutenant Douchez est en première ligne depuis le 15 août 1917. Le secteur qu’elle occupe est compris entre l’extrémité opposée de la tranchée Rousseau, la tranchée du Cuivre et le boyau des Bovettes. L’endroit n’est vraiment pas de tout repos. Paul Douchet doit tenir encore quelques jours avec la poignée d’hommes qui lui reste avant de pouvoir être relevé par des éléments de la 2e compagnie du 149e R.I..

21 août 1917

L’ordre m’est donné de passer mon secteur à la section de Berteville, pour me porter dans la tranchée de soutien Peltier. Jamais je n’ai vécu une période de lignes aussi instable.

Chacune de ces mutations exige l’étude de la nouvelle position : appliquer les consignes qu’il faut souvent modifier ou qui, inexistantes, doivent être créées, telles que la répartition du service de jour et de nuit, l’adaptation aux nécessités de la défense de mon effectif, fortement diminué par les prélèvements continuels de toutes espèces (liaisons du bataillon et de la compagnie, hommes pigeons, hommes chiens, cuisiniers, bureaucrates, cours spéciaux, service des porteurs, blessés, intoxiqués, malades, permissionnaires, préventionnaires du conseil de guerre que l’on exempte du service des tranchées ! etc…)

Secteur_ou_se_trouve_la_tranchee_du_Cuivre

Il y a également les reconnaissances de liaison, l’étude de la position ennemie, les comptes-rendus d’installation et les événements de la journée et de la nuit. Il faut aussi faire les rapports, les topos, les demandes de matériel et les propositions de travaux.

Seul le sommeil n’est pas prévu pour l’officier en secteur agité.

Quant aux gradés et aux hommes, c’est, à chaque fois, le transfert du « barda », l’aménagement ou le creusement des cagnas, les travaux nouveaux, les consignes nouvelles, les cheminements à retenir.

Dès que le médecin-major Bernère connaît mon départ, il profite d’une de mes rondes pour faire porter, hors de mon P.C., la caisse de grenades, et hors du poste de secours, des fusées-signaux que j’ai dû y caser. À mon retour, je fais remettre le tout en place, en l’invitant à ne toucher à rien avant mon départ. Il montre son inquiétude avec ce que je laisse sur ma planchette concernant les consignes pour mon successeur !

Tranchee_Peltier_et_boyau_Lemire

Au cours de la nuit, je relève une section de la 10e compagnie à la tranchée Peltier, depuis le boyau Cibot jusqu’au boyau Lemire, nom donné en mémoire de notre jeune camarade tué avant-hier.

J’ai, pour ma section, deux bons abris qu’elle achève d’étayer. Près d’eux, j’ai un petit abri amorcé, un simple trou dans la terre. Je continue, avec mon ordonnance, de le creuser à la pelle-pic pour pouvoir m’y allonger. Des sacs de terre me servent de couchette.

La tranchée, bien repérée, est soumise à un bombardement intermittent par rafales rapides de quatre obus de 105, avec de temps à autre, des 88. Elle est presque rectiligne, peu pourvue de pare-éclats, ce qui accroît les dangers de son occupation.

Par contre, cette disposition permet de réduire le service de guet à deux postes de F.M. et un poste de grenadiers à effectifs restreints.

22 août 1917

Deux fois dans la journée, je parcours la tranchée en cours de bombardements prolongés. Je la trouve vide. Les guetteurs sont rentrés précipitamment dans les abris à l’exemple des caporaux et du sergent. Je leur inflige un tour de veille supplémentaire et quatre jours de prison avec menace de conseil de guerre en cas de récidive.

Je me ressens des gaz respirés le 19. Presque tous mes hommes éprouvent ces malaises. Je résiste pour ne pas provoquer de nouvelles évacuations. Mon dernier sergent se fait évacuer.

Privé de sommeil depuis plusieurs nuits, sans compensation diurne, je suis exténué.

Le sous-lieutenant David de la 2e compagnie vient reconnaître la position de relève. En lui passant les consignes, je m’affaisse dans la tranchée, pris d’un évanouissement. Il n’y a pas d’eau. Je reviens à moi assez vite, ce qui empêche qu’on me verse dans la bouche l’infecte « gnole » dont j’aurai refusé, durant toute la campagne, d’absorber la moindre goutte.

23 août 1917

Deux heures avant l’arrivée du bataillon de réserve, un brusque et vigoureux barrage, auquel répondent nos canons, s’établit sur toute la position, avec l'accompagnement ordinaire de la gamme des fusées. Tout le monde est alerté. Je reçois l’ordre, de me porter en contre-attaque au cas où la première ligne (ma position de l’avant-veille), que nous appuyons à une centaine de mètres, serait enlevée, afin de la reprendre ou en cas d’impossibilité, d'endiguer, coûte que coûte, la progression ennemie.

J’ai instruit ma poignée d’hommes, 8 ou 9 sur 42, si j’ai bonne mémoire, sur ce que j’attendais d’eux et de leur rôle respectif. Nous nous préparons à la seule solution qui est d’aller se faire tuer dans la tranchée Rousseau en le faisant payer le plus cher possible.

Deux hommes se coulent sur le parapet pour chercher un cheminement dans les réseaux. L’obscurité, l’enchevêtrement des « bruns », la nécessité que tous « se serrent les coudes », me décident, si nous devons exécuter cette contre-attaque, à suivre simplement les boyaux. Mes hommes et caporaux ont une attitude parfaite.

Par bonheur, l’attaque échoue, ce qui nous épargne un sacrifice inutile. En raison de la crânerie générale dans la tranchée bombardée, je lève les deux punitions de la veille.

La relève s’effectue dans d’excellentes conditions. Un calme inespéré, ce qui arrive souvent dans les secteurs mouvementés, succède au grand « raffut ». Nous retournons à Billy-sur-Aisne.

Le fait de donner le nom d’une personne à une tranchée ou un boyau n’est jamais le fruit du hasard. Loin d’être un simple surnom validé temporairement par une compagnie et qui pourrait être facilement débaptisé, ce surnom est inscrit sur les cartes officielles afin d’être conservé par les régiments qui assurent les relèves suivantes dans le secteur. À titre d’exemple, le boyau Lemire est nommé ainsi en mémoire d’un sous-lieutenant du 149e R.I  qui a été tué à proximité.

Pour en savoir plus sur cet officier, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

Sous_Lieutenant_Lemire_

Sources 

Fonds Douchez composé de 3 volumes. Déposé au S.H.D. de Vincennes en 1983. Réf : 1 K 338.

La photographie et le portrait peint du sous-lieutenant Douché utilisés sur les montages proviennent du même fond.

Le plan qui localise la tranchée Peltier et le boyau Lemire a été réalisé à partir d’une carte trouvée dans le J.M.O. du R.I.C.M. Réf : 26 N 868/2. Une partie de celle-ci est employée sur le dernier montage. La fiche du sous-lieutenant Lemire est extraite du site « mémoire des hommes ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

9 novembre 2018

Georges Julien Champagneur (1890-1918).

Georges_Julien_Champagneur

Louis Julien Marius Champagneur et Louise Célina Authier vivent à Sévérac-le-Château, une commune située dans le département de l’Aveyron, lorsque leur fils Georges Julien voit le jour le 17 octobre 1890.

Le père travaille comme chauffeur. Responsable du feu de locomotives à vapeur, il exerce probablement son métier dans le grand dépôt de Séverac-gare, dans un quartier peuplé de cheminots, construit à la fin du XIXe siècle. La mère, Louise Célina, n’exerce pas de travail rémunéré.

Severac_gare

Tout comme sa sœur Éleonore, Georges est bercé par le son des sifflets vapeur durant toute son enfance, mais cette musique émise par les « monstres d’acier » n’aura aucune influence sur ses futurs choix professionnels.

Jeune adulte, arrive pour lui l’âge des obligations militaires ; il est classé dans la 1ère partie de la classe 1911 par le conseil de révision de sa commune natale.

Georges quitte Sévérac-le-Château le 6 octobre 1911. Le lendemain, il arrive à la gare de Montpellier, franchit le porche de  la caserne des Minimes, avant d’intégrer les effectifs d’une compagnie du 81e R.I..

Ses connaissances scolaires lui permettent de suivre les cours de l’école des caporaux. Le 26 septembre 1912, il est fier de coudre, sur son uniforme, les deux chevrons rouges symbolisant le premier grade de la hiérarchie militaire.

Maintenu sous les drapeaux en vertu de l'application de l’article n° 33 de la loi du 21 mars 1905, il passe dans la réserve du régiment de Montpellier, le 8 septembre 1913, avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Georges Champagneur se retire ensuite à Sévérac-le-Château.

Quelque temps plus tard, le jeune homme part s’installer à Valence, la préfecture de la Drôme, pour y exercer le métier de commis des contributions indirectes.

Comme des centaines de milliers de réservistes, Georges Champagneur est rappelé à l’activité le jour de la mobilisation générale en août 1914. Mais il ne rejoint pas de suite son régiment. En effet, pour des raisons professionnelles il s’est retrouvé classé en « non-disponibilité » depuis le 7 juillet 1914.

Cette situation « privilégiée » ne dure pas. Dès le 5 septembre 1914, Georges doit se rendre au dépôt du 149e R.I., l’unité dont il dépend militairement, pour y retrouver ses anciennes fonctions de caporal.

Rapidement envoyé dans la zone des armées, il participe vraisemblablement à tous les combats dans lesquels le 149e R.I. est engagé, jusqu'à la date de sa première blessure.

Pour l’instant, avec les documents en ma possession, il est impossible de retrouver les numéros des compagnies dans lesquelles il a servi durant ses différents passages au 149e R.I.. Mais nous pouvons tout de même reconstruire une partie de son parcours dans cette unité grâce aux informations inscrites sur sa fiche signalétique et des services.

Le caporal Champagneur est nommé sergent le 6 juin 1915, peu de temps avant les attaques qui eurent lieu dans le secteur de Noulette, dans le Pas-de-Calais.

Toujours en Artois, il participe à la grande offensive qui débute le 25 septembre 1915 dans le secteur d’Angres. Le sergent est blessé le lendemain. Pour cette première blessure, la gravité des lésions n’est pas connue, pas plus que la date de son retour dans la zone des armées.

Le 30 octobre 1916, Georges échappe de peu à la mort dans le secteur de Gomiécourt. Blessé par un éclat d’obus, il est évacué vers l’arrière. Il quitte le département de la Somme avec une plaie à la cuisse gauche.

Une troisième blessure par éclat d’obus, reçu à l’autre jambe durant la bataille de la Malmaison du 23 octobre 1917, l’emmène, de nouveau, vers l’arrière  pour y subir les soins nécessaires.

Il est de retour « aux armées » le 2 janvier 1918. Le sous-officier retrouve son ancien régiment qui stationne à Hérimoncourt, près de Montbéliard et qui doit bientôt se rendre dans les Vosges, pour occuper un secteur autour du Violu.

À la mi-avril 1918, son régiment est installé dans les petites communes de Marcière-au-Bois et de Royaullieu, situées au nord-ouest de la forêt de Compiègne, dans une zone plutôt calme.

Le 27 mai 1918, Georges Champagneur grimpe, avec les hommes de sa section, dans un des camions alloués au régiment, pour prendre la direction de l’Aisne. La situation est critique, les Allemands viennent de lancer une vaste offensive dans le secteur du chemin des Dames, offensive qui semble être en passe de réussir.

Les véhicules laissent à Cuiry-House les hommes qui prennent la direction d’Arcy-Sainte-Restitue avant d’être engagés dans le secteur de Branges.

Branges_2013

Georges Julien disparaît au cours de la journée du 29 mai 1918. C’est l’avis A.D.3530, datant du 2 septembre 1918, qui valide officiellement cette situation. Plus personne ne pourra donner des nouvelles de ce sous-officier.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_journee_du_29_mai_1918

Son nom est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de l’église de la commune aveyronnaise de Sévérac-le-Château.

Citations obtenues :

Citation à l’ordre de la brigade n° 69 en date du 13 novembre 1916 :

« Depuis novembre 1914 a pris part à tous les combats livrés par le régiment, s’est particulièrement dépensé durant les attaques de septembre 1916, a été assez grièvement blessé le 30 octobre 1916. »

Citation à l’ordre de la division : 

« Sous-officier de valeur, apris le commandement de la section à un moment très difficile, s’est très bien acquitté de sa tâche, blessé au cours de l’action. »

Le sergent Champagneur a également été décoré de la Médaille militaire à titre posthume avec la citation suivante (J.O. du 4 janvier 1923) :

« Sous-officier d’une bravoure réputée. Est tombé glorieusement pour la France, le 29 mai 1918, à Branges, en faisant vaillamment son devoir ».

Cette citation lui donne aussi droit à une deuxième étoile d’argent sur sa croix de guerre.

Il n’y a pas de sépulture connue pour ce sous-officier.

Georges Lucien Champagneur ne semble pas s’être marié et avoir eu de descendance.

Sources :

Le portrait de Georges Julien Champagneur est extrait du tome I volume 2 du livre d’or de l’Aveyron Rodez, imprimerie Georges Subervie, 1922-1926, en 6 volumes.

Les informations concernant ce sous-officier sont extraites de sa fiche signalétique et des services qui a été consultée sur le site des archives départementales de l’Aveyron, de sa fiche individuelle lue sur le site « Mémoire des Hommes » et du tome I volume 2 du livre d’or de l’Aveyron. Rodez, imprimerie Georges Subervie, 1922-1926, en 6 volumes.

Cet ouvrage a été publié sous les auspices du conseil général et sous la direction du comité aveyronnais de renseignements aux familles par Émile Vigarie, président du comité, juge de paix de Rodez.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département de l’Aveyron.

2 novembre 2018

Les cantinières et cantiniers du 149e R.I. de la fin du 19e siècle à la veille du 1er conflit mondial.

Cantinieres et cantiniers du 149e R

Les cantinières sont généralement épouses de sous-officiers du régiment dans lequel ces derniers exercent leur métier de soldat. Elles s’occupent de la « popote » des hommes de troupe en temps de paix, proposant ainsi aux soldats de tous grades un service complémentaire à la cuisine classique du bataillon. Pour cela, il faut, bien sûr, s’acquitter d’une petite partie de sa solde à chaque fois que l’on veut utiliser ce service. Si un homme veut améliorer son ordinaire, payer un complément à un camarade, offrir le coup à boire, moyennant finance, il sait à qui s’adresser.

Ce sont les seules femmes à avoir l’autorisation de se déplacer au sein d’une caserne. Certaines d’entre elles peuvent même bénéficier d’un logement de fonction à l’intérieur des bâtiments.

Anciennement appelées vivandières, elles ont eu, pendant des années, la possibilité de suivre les troupes en campagne ou en manœuvres pour leur vendre vivres et boissons selon leurs besoins.

Au cours du XIX e siècle, le substantif de vivandière fut progressivement remplacé par celui de cantinière.

Ces femmes suivent les soldats pour leur assurer le ravitaillement et pour répondre à diverses tâches de la vie quotidienne. Elles peuvent être amenées à faire la lessive, raser les hommes ou encore donner les premiers soins aux blessés.

Grand halte 149e R

En principe, elles sont toujours tenues à l’écart des zones de combats, ce qui ne les empêche pas de côtoyer le danger, souvent au péril de leurs vies.

Tout le monde ne peut pas exercer cette profession. La sélection est drastique et sujette à une règlementation extrêmement précise. Même si le passage suivant reste bien antérieur à la période 1914, les modalités pour obtenir les autorisations spécifiques devaient être assez similaires dans la première décennie du 20e siècle.

« La gendarmerie a dans ses attributions spéciales la police relative aux individus non-militaires, aux marchands, aux vivandiers qui suivent l’armée. En conséquence, ceux qui ont à leur suite ces personnes sont tenus d’en faire connaître les noms, prénoms, lieux de naissance et signalements, soit au grand prévôt, soit au prévôt, ou bien encore au commandant de la force publique de la division ou du détachement.

Ces officiers sont chargés de recevoir et d’examiner les demandes des gens qui désirent exercer une profession quelconque à la suite de l’armée. Ils accordent des permissions et délivrent des patentes à ceux qui justifient de leur bonne conduite et qui offrent toutes garanties pour ce genre d’industrie auquel ils veulent se livrer. Le grand prévôt et les prévôts n’accordent de patentes que pour les quartiers généraux auxquels ils sont attachés. Ces patentes sont soumises au visa des chefs d’état-major, qui les font inscrire sur un registre. Les commandants de la force publique des divisions ou détachements délivrent, sous l’approbation du chef d’état-major et avec visa, des patentes aux vivandiers, marchands et industriels des divisions ou des brigades. Ils font viser ces patentes par le prévôt du corps d’armée.

Ces permissions et patentes doivent être l’objet d’un examen sévère de la part de la gendarmerie. Celle-ci se les fait présenter fréquemment, et s’assure de l’identité des individus qui en sont détenteurs. Cette mesure est de la plus haute importance pour empêcher et réprimer l’espionnage.

Indépendamment de leurs patentes, les marchands autorisés et les vivandiers reçoivent une plaque portant l’exergue : « marchand » ou « vivandier » et le numéro de leur patente.

Ils sont tenus de porter cette plaque d’une manière ostensible, et d’en avoir dans leur voiture une autre portant leur nom, le numéro de leur patente et l’indication de la fraction qu’ils sont autorisés à suivre.

Les chefs d’état-major exigent que les comestibles et les liquides, dont les marchands et les vivandiers doivent être pourvus, soient toujours de bonne qualité et en quantité suffisante ; ils en fixent les prix.

La gendarmerie s’assure que ces prescriptions sont exécutées. Elle fait souvent des perquisitions dans les voitures des marchands et des vivandiers, et empêchent leur utilisation pour transports d’autres objets que ceux qu’elles doivent contenir.

Cantinières des corps de troupe :

Les cantinières des corps de troupes reçoivent leurs patentes du conseil d’administration et sont tenues de les faire viser par le commandant de la force publique de la division ou du détachement. La gendarmerie peut demander la présentation de  ces patentes. Les chefs de bataillon, les adjudants-major et les adjudants sont chargés, envers les cantiniers des corps, de la surveillance prescrite par l’article précédent à l’égard des marchands et vivandiers.

Dans chaque corps d’armée, un médecin et un pharmacien militaires sont chargés de faire inopinément des tournées générales ou partielles, pour apprécier la qualité des liquides et des comestibles débités par les marchands, les vivandiers et les cantiniers. Pour ces tournées, ils sont assistés d’un maréchal des logis ou d’un brigadier de gendarmerie avec deux gendarmes. »

Au début du 20e siècle la profession est progressivement mise à mal. Petit à petit, les textes de lois qui légifèrent cette fonction modifient en profondeur les usages du métier.

Pour en savoir plus, il suffit de cliquer une fois sur chacun des trois entêtes de la revue « Armée et démocratie » suivants.

Revue Armee et democratie du 20 mars 1910

Revue Armee et democratie du 3 avril 1910

Revue Armee et democratie du 17 avril 1910

Intéressons-nous maintenant plus particulièrement au 149e R.I..

Trois familles ont pu être identifiées grâce aux photographies suivantes. Deux d’entre elles étaient rattachées au 1er bataillon du 149e R.I., les Duchesne et les Leblan. L’histoire ne dit pas si elles se sont croisées ou si elles ont vendu leurs produits en même temps aux hommes de ce bataillon.

Famille Duchesne 1

Famille_Leblan

Famille Crevisy

Malheureusement pour nous,  le numéro de bataillon dans lequel  la famille Crévisy exerçait son commerce n’est pas connu. Caché par le visage d’un des hommes représentés sur le cliché, ce numéro est impossible à déchiffrer.

Ces photographies ont toutes été réalisées avant la création du 21e C.A.. En effet, lorsque nous nous arrêtons sur les inscriptions qui figurent sur les attelages des cantinières et cantiniers, nous pouvons lire : « Équipages régimentaires 7e corps, 41e D.I., 82e brigade, 149e R.I.. »

Le 21e C.A. est né à la séance du 21 novembre 1913 de la chambre des députés, qui adopte un projet de loi portant sur la création d’une nouvelle région de corps d’armée.

Famille_Duchesne_2

Bon nombre de « pantalons garance », ceux des classes 1911, 1912 et 1913, les rappelés du début du conflit, qui montèrent en premières lignes en août 1914, ont certainement croisé ces équipages et ces familles lors de leur passage à la caserne Courcy, durant leur période de service militaire.

Une dernière photographie montre le véhicule utilisé par la famille Duchesne, cliché probablement réalisé durant les tous premiers mois de l’année 1914. Cette fois-ci, le 149e R.I. appartient bien au 21e C.A..

Camion famille Duchesne

La fonction de cantinière est définitivement supprimée en 1914. C’est l’achèvement d’un long processus de retrait des femmes dans l’univers militaire. Cependant, la guerre amènera à utiliser de nouveau la main d’œuvre féminine dans les casernes dans d'autres corps de métiers.

Sources :

Décret du 26 octobre 1883 portant règlement sur le service des armées en campagne. Librairie militaire de L. Baudoin et Cie 1884.

« Les mots des soldats » d’Odile Roynette, Éditions Belin, 2004, ISBN 2-7011-3050-6.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à R. Neff et à J. Riotte.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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