Un maillon essentiel du 149e R.I. : son dépôt.
Le dépôt régimentaire a un rôle essentiel à jouer dans la vie des unités dès le début du conflit. La guerre, gourmande en vies humaines, entraîne une logistique claire et ordonnée qui a été pérennisée bien en amont des hostilités.
Dès le début du conflit, des soldats disparaissent sur le terrain des combats, plusieurs sont tués, d’autres, blessés, qui sont soignés à l’arrière pour y subir des soins plus ou moins longs, pendant que certains partent en captivité. On comprend tout de suite l'importance de l'envoi de renfort par le dépôt. Mais ce n'est pas le seul rôle qu’il exerce. Ses missions sont souvent bien plus nombreuses et variées qu'on ne l'imagine.
Le dépôt est tenu, à la fois, de former les jeunes recrues, de gérer les effectifs, d’assurer l’intendance et de punir. Il lui faut également prendre en charge le courrier, administrer les soldats qui sont partis au front, envoyer des renforts, armés et équipés, aux régiments d’active et de réserve en fonction des demandes (donc pas toujours vers les 149e et 349e R.I.).
Il doit également enregistrer et officialiser les décès, ce qui permettra aux familles de toucher les secours accordés. La bonne tenue des livrets matricules est également une charge qui lui incombe.
L’organisation des dépôts est si réussie qu’il n’y aura pas de crise majeure mettant véritablement la France en péril au début du conflit. En effet, c’est grâce à ses réserves que la bataille de la Marne ne tournera pas à une cuisante défaite. Les réserves stratégiques et celles des dépôts ont permis d’alimenter le front en troupe, y compris les unités décimées par les premiers combats, et ceci quitte à piocher dans les territoriaux du dépôt et des régiments.
Intéressons-nous maintenant plus particulièrement au dépôt du 149e R.I..
Celui-ci est en pleine effervescence dès le 31 juillet 1914. En effet, ce régiment, qui fait partie des troupes de couvertures, doit se tenir prêt à intervenir avant même que l’ordre de mobilisation générale ne soit prononcé. La 2e compagnie a quitté la caserne, peu après le lever du soleil. À pied, elle a pris la direction de Docelles pour y assurer la garde d’un tronçon de voie ferrée qui s’étend entre le village d’Arches et le tunnel de Bruyères.
Dans la nuit du 31 au 1er août, c’est au tour du reste du 1er et du 3e bataillon de quitter le dépôt. Le premier train s’éloigne de la gare spinalienne à 4 h 30.
Dans la matinée, le 2e bataillon laisse Épinal aux alentours de 10 h 00. Une fois les derniers hommes embarqués, la locomotive quitte la ville, entraînant ses wagons en direction de Bruyère.
En même temps, les premiers réservistes du 43e R.I.T. commencent à affluer à la caserne Courcy. La mobilisation générale n’est pas encore annoncée. Celle-ci ne sera officialisée qu’en fin d’après-midi, l’heure initiale étant fixée à minuit une minute dans la nuit du 1er au 2 août.
Les réservistes du 149e R.I. qui vont servir à la construction du 2e échelon du régiment, ainsi que les soldats et sous-officiers du 349e R.I.,rejoignent le dépôt à partir du 2 août.
Premier déménagement du dépôt
Trop d’hommes sont à prendre en charge. Les futurs soldats qui vont composer les 17e, 18e, 19e, 20e, 21e, 22e, 23e et 24e compagnies du 349e R.I. sont aussitôt dirigés sur la caserne Haxo qui se trouve à Golbey.
Quelques jours suffisent pour équiper et former le 2e échelon du 149e R.I. qui rejoint le 1er échelon dès le 4 août 1914.
Pour éviter une saturation des bâtiments de la caserne Courcy, les 25e, 26e, 27e et 28e compagnies du 149e R.I. sont envoyées au dépôt de Langres dès le 4 août 1914. Ces compagnies prennent leurs quartiers dans le petit village haut-marnais de Jorquenay. Ainsi, seul le dépôt du 43e R.I.T. est maintenu à la caserne Courcy ; il sera rejoint plus tard par le 349e R.I.. Les premiers réservistes, rappelés le 2 août, du 349e R.I. rejoignent le front le 11 août 1914.
Envoi des premiers renforts :
Le mois d’août 1914, fut particulièrement éprouvant pour le 149e R.I., engagé dans les attaques qui eurent lieu dans les Vosges. Au cours des trois principales confrontations avec l’ennemi, les pertes sont très importantes. Mille six cent quarante-trois hommes ont été mis hors de combats.
Cela conduit logiquement à l’envoi de renforts parmi les réservistes restés au dépôt après chaque confrontation.
Si nous comparons les différentes données, nous voyons que le nombre d’hommes envoyés par le dépôt ne correspond pas tout à fait à celui des pertes. Nous pouvons aisément imaginer que certains soldats considérés comme disparus ont pu regagner les rangs après les combats, comme pour la retraite d’Abrechviller, et que d’autres, légèrement blessés et rapidement remis sur pieds, ont rejoint, au plus vite, leurs compagnies.
La vie dans ce premier dépôt :
Fin août 1914, nouvelle mission pour le dépôt : instruire la classe 1914. Un témoignage, laissé par un Spinalien affecté au 149e R.I, nous donne quelques éclaircissements. La correspondance écrite par un soldat de cette classe nous permet d’en savoir un peu plus sur le village et sur le cantonnement. En voici quelques passages.
Fin août 1914, Marcel Tarte rejoint la ville de Langres.
« Ma feuille de route arrive les derniers jours d’août 1914. J’étais mobilisé « immédiatement et sans délai ». Je partis le soir même pour être à Langres le lendemain, après une bonne dizaine d’heures de trajet. On prit le funiculaire pour accéder à la ville haute entourée de remparts. J’atterris à Jorquenay par Humes, un maigre village de la banlieue de Langres où le 149e R.I. logeait ses soldats… »
Il écrit ceci dans une lettre datant du 24 août 1914 :
« Je commence à m’y faire, j’ai passé une excellente nuit, nous avons de la paille,ce serait parfait sans les mouches et sans les puces…
…Nous sommes tous ici des Vosgiens, fils de cultivateurs. On dort, on mange, on fume… »
Les hommes s’entraînent sur le plateau de manœuvres à proximité du village (visible sur le cliqué ci-dessus). La discipline est très dure et l’entraînement rude.
Très rapidement, les cantonnements s’avèrent être trop étroits. Un nouveau déplacement du dépôt est à envisager. À partir du 21 septembre 1914, les hommes s’installent à Rolampont, une commune située à six kilomètres de Jorquenay.
Cette arrivée est commentée dans une autre correspondance laissée par le soldat Marcel Tarte.
« Au soir, arrivée à Rolampont, là, couvre-feu et appel à 19 h 00, la soupe était prête à 19 h 30. Donc, jeûne et abstinence par cette journée de fatigue. Ce matin, réveil à 5 h 00, pour exercice, après une nuit totalement blanche. Pas de sac de couchage, pas de couverture, pas de paille… Il y a des choses qu’on n’avale pas, même par grande faim, les beaux discours dont sont nourris les soldats… »
Formation des jeunes classes
Entre la fin août et la première décade du mois de septembre 1914, tous les soldats de la classe 1914 sont appelés sous les drapeaux. Le soldat Jules Champion est du nombre.
Pour en savoir plus sur le soldat Jules Champion, il suffit de cliquer une fois sur le lien suivant :
Le soldat Marcel Tarte raconte à demi-mot ses conditions de vie dans une lettre adressée à sa famille, datant du 5 septembre 1914.
« Vous pouvez être tranquilles sur mon sort, je vis ma vie de soldat de 2e classe. Papa sait ce qu’elle est en temps de paix. En temps de guerre, c’est tout différent. Nous partirons bientôt au feu, mal préparé. L’exercice abrutit les hommes et n’en fait pas des soldats. Je ne demande qu’une chose ; avoir un peu plus d’entraînement et de tir pour quitter ce maudit patelin. Donc, rien de pratique, et nous partirons mauvais soldats, malgré le bon vouloir de tous… »
La formation de la classe 1914 touche à sa fin. Quelques jours après la Toussaint, un nombre important de soldats de cette classe quittent le dépôt pour rejoindre le 149e R.I. qui combat en Belgique. Le soldat Marcel Tarte fait partie de ce groupe.
Le soldat Jules Champion, quant à lui, ne partira qu’à la fin du mois de mai 1915.
Les premiers éléments de la classe 1915 arrivent en décembre 1914. Le 19, le soldat Lavocat est à Rolampont.
Pour en savoir plus sur le soldat Lavocat, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.
Un dépôt abondamment photographié
On le sait peu, mais une très large proportion des photos cartes de soldats prises pendant la guerre l'ont été au dépôt. À l'arrivée, au cours d'exercices, de manoeuvres, en groupe, individuellement, certains détails trahissent l'éloignement du front.
De très nombreux clichés ont été réalisés par un photographe ambulant qui se déplaçait régulièrement à Rolampont pour « immortaliser » sur le papier des groupes de soldats appartenant au 149e R.I..
Des prises de vue datant de la même période sont retrouvées rien qu'en observant les lieux photographiés. De même, les uniformes disparates, la jeunesse de certains visages, mais surtout le numéro de compagnie trahissent le cliché pris au dépôt.
Des territoriaux au dépôt
Depuis la loi du 4 août 1914, tout homme peut être envoyé indistinctement vers un R.I., un R.I. de réserve ou un R.I. territorial. Les pertes considérables du début du conflit obligèrent l’appel de territoriaux pour disposer rapidement de nouveaux renforts destinés au 149e R.I.. Un gros contingent d’hommes, provenant des 34e R.I.T. de Fontainebleau et du 115e R.I.T. de Marseille, est prélevé sur ces régiments. Il doit servir à combler les effectifs manquants du régiment ; il est mis à la disposition du dépôt à la fin du mois de septembre 1914. Eugène Coffinet est parmi eux.
Pour en savoir plus sur le soldat Coffinet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :
Dans son carnet de guerre, le soldat Coffinet évoque son passage à Rolampont. Il rédige le texte suivant :
« Jeudi 1er octobre 1914 : Départ pour Rolampont où nous arrivons à 10 h 00. Nous sommes versés au 149e R.I.. Je suis à la 5e section de la 27e compagnie.
Vendredi 2 octobre : Service en campagne
Samedi 3 octobre : Tir au champ de tir de Langres
Dimanche 4 octobre : Repos, pêche
Lundi 5 octobre : Exercices
Mardi 6 octobre : Service à la gare
Mercredi 7 octobre : Je reçois la lettre d’avis d’un colis reçu à la gare de Neuilly-l’Évêque.
Jeudi 8 octobre : Tir. Je reçois mon paquet
Vendredi 9 octobre : Exercice, causerie sur la guerre avec le commandant
Samedi 10 octobre : Services des places
Dimanche 11 octobre 1914 : Revue et remise de la Médaille militaire à un adjudant qui a le bras coupé, à un sergent de l’active blessé et qui a fait un fait d’armes.
Lundi 12 octobre : Exercice
Mardi 13 octobre : Tir et marche militaire
Mercredi 14 octobre : Exercice le matin et repos l’après-midi. On nous avertit de nous tenir prêts à partir.
Jeudi 15 octobre : Tir avec marche de 30 km
Vendredi 16 octobre : Exercice
Samedi 17 octobre : Exercice
Dimanche 18 octobre ; Revue
Lundi 19 octobre : Tir
Mardi 20 octobre : Exercice
Mercredi 21 octobre : Exercice et repos l'après-midi
Jeudi 22 octobre : Tir
Vendredi 23 octobre : Vaccination contre la fièvre typhoïde
Samedi 24 octobre : Repos pour la fièvre
Dimanche 25 octobre : Revue d’arme à 9 h 00
Lundi 26 octobre : Exercice
Mardi 27 octobre : Service en campagne
Mercredi 28 octobre : Exercices et repos
Jeudi 29 octobre : Tir
Vendredi 30 octobre : Vaccination
Samedi 1er novembre : Revue, promenade et visite à la cascade et à l’usine électrique
Dimanche 2 novembre : Exercice
Lundi 3 novembre : Service en campagne
Mardi 4 novembre : Marche militaire
Mercredi 5 novembre : Nous nous préparons à partir. Équipement
Jeudi 6 novembre : Équipement et préparatifs de départ...
Même si son écrit reste peu détaillé, grâce à lui, nous avons pu nous faire une idée plus précise sur le vécu quotidien d’un soldat au dépôt de Rolampont.
Le dépôt au 1er février 1915
Un rapport d’inspection, réalisé le 1er février 1915, permet de nous en apprendre encore plus sur le fonctionnement du dépôt du 149e R.I. (le 349e étant toujours à Épinal, il n’est pas inclus dans ce rapport).
On y trouve une organisation très stricte et précise des effectifs. Le dépôt est placé sous les ordres du commandant Joseph Baptiste Gaudérique Berjouan.
Les 25e, 26e 27e et 28e compagnies du 149e R.I. qui alimentent le régiment actif instruisent 1619 jeunes soldats, dont :
1195 recrues de la classe 1915
38 engagés volontaires
386 rappelés et ajournés
Formation d’un nouveau bataillon
Quarante bataillons sont formés par la circulaire ministérielle du 25 janvier 1915, n° 1056 1/11 qui donne naissance aux régiments de la série 400. Cinq des 20 officiers du dépôt du 149e R.I. sont affectés au nouveau bataillon mis en place par le dépôt du 170e R.I..
Les difficultés de la structure :
Au point de vue de l’encadrement, la situation reste précaire. Nous venons de voir que 5 officiers viennent d’être affectés à la création d’un nouveau bataillon. Parmi ceux qui restent, neuf sont des blessés, momentanément inaptes. Plusieurs d’entre eux doivent se rendre régulièrement à Lyon ou à Bourbonne-les-Bains, pour y suivre des traitements. Les autres sont des comptables ou des médecins inaptes à la campagne. Deux seulement sont mobilisables.
Des trois compagnies d’instruction à 600 hommes, une seule est suffisamment bien commandée par un officier qui va bientôt prendre le commandement du dépôt. Il devra donc quitter son poste. Les deux autres compagnies sont aux mains, l’une d’un capitaine de l’armée territoriale, sans grande énergie, l’autre d’un lieutenant de réserve, non préparé à cette tâche écrasante.
Cette situation existe depuis le début du mois de janvier 1915. Le rapporteur n’est pas très optimiste quant au règlement de cette difficulté d’encadrement. Elle peut se prolonger. Il conviendrait d’attribuer quelques officiers de plus à ce dépôt.
L’instruction rencontre des difficultés matérielles. Comme dans tous les dépôts d’infanterie de Langres, le nombre de fusils modèle 86-93 est insatisfaisant. Il y a un fusil pour deux hommes à instruire. Le dépôt n’a pas encore reçu les fusils modèle 74 qui lui ont été annoncés en remplacement. On voit, sur le terrain de manœuvre, un mois et demi après l’incorporation, des compagnies équipées, sac au dos, mais manœuvrant sans armes.
La situation sanitaire du dépôt est passable. Le froid est vif à Langres et la plupart des jeunes soldats de ces dépôts, de même que les éclopés et les blessés guéris qui vont retourner sur le front, occupent les villages des environs, les mêmes cantonnements depuis le mois de septembre. Les responsables se sont efforcés de rendre plus confortables les lieux en surélevant les lits de campagne en paille, en bouchant les ouvertures, en tendant des toiles sous les toitures à jour et en donnant, à chaque homme, deux demi-couvertures.
La moyenne des hommes qui se présentent chaque matin à la visite est de 150 pour un effectif moyen de 2600. Quarante hommes par mois sont évacués sur l’hôpital de Langres. Quarante-six cas de scarlatine se sont déclarés depuis l’installation de ce dépôt dans le village de Rolampont. Deux cas de typhoïde et un cas de rougeole ont été observés. Cette situation ne présente, pour l’inspecteur, rien d’alarmant.
La vaccination antityphoïdique des jeunes soldats de la classe 1915 (4 piqûres) est terminée. Les blessés rentrant quotidiennement au dépôt sont vaccinés à leur arrivée.
Le dépôt possède, à la date du 2 février 1915 :
9 aspirants,
10 élèves officiers de réserve détachés au peloton spécial des 21e et 221e à Langres.
9 caporaux B.A.M. candidats sous-officiers, chefs de section.
Le dépôt a envoyé à la Valbonne, et envoie actuellement à Besançon, ses équipes de mitrailleurs.
Les ateliers du dépôt font ce qu’ils peuvent, mais leur rendement journalier, qui n’est pourtant pas négligeable, entraîne seulement la fabrication de 10 capotes, de 20 pantalons, de 13 paires de brodequins, de 30 cartouchières et de 30 quarts. Cette fabrication serait bien supérieure s’ils pouvaient se réinstaller dans les locaux d’Épinal.
L’auteur du rapport préconise le rapatriement du dépôt du 149e R.I. à Épinal. En effet, la place ne risque plus d’être investie par les Allemands et cela permettrait d’essayer de faire face aux difficultés d’encadrement et de matériel.
Des casernements sont devenus disponibles, les anciens bureaux, magasins et ateliers de la caserne Courcy se sont libérés et la main d’œuvre civile est prête à prêter main-forte à l’armée.
Si les effets de ce rapport au niveau local sont inconnus, il eut probablement un effet sur l’organisation générale du dépôt : les 25e, 26e, 27e et 28e compagnies du 149e R.I. réintégrèrent la caserne Courcy le 16 mars 1915.
Un rapport, réalisé en 1916, va permettre de savoir si les problèmes furent réglés par le retour du dépôt à Épinal et quelles furent les évaluations données à la structure.
Sources :
« Des tranchées à la médecine de campagne, Marcel Tarte, un Lorrain dans le XXe siècle tourmenté. » de Martine Huot-Marchand. Éditions Gérard Louis. 2015.
Témoignage inédit extrait d’un petit carnet rédigé par le soldat Eugène Coffinet retranscrit par son petit-fils G. Coffinet et sa famille.
Rapport d’inspection du dépôt du 149e R.I. datant du 1er février 1915. S.H.D. de Vincennes Cote 16 N 416.
J.M.O. du 149e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.
J.M.O. du 349e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 758/9.
J.M.O. du 43e R.IT.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 783/1.
Un grand merci à M. Bordes, à M. Huot-Marchand, à S. Agosto, à A. Carobbi à G. Coffinet et au Service Historique de la Défense de Vincennes.