Marcel Daufresne de la Chevalerie (1893-1916).
Marcel Daufresne de la Chevalerie voit le jour le 2 janvier 1893 dans la ville italienne de Naples. Son père se prénomme Auguste, sa mère Julia Ruchitti. C’est tout ce qui est connu pour l’instant de son histoire familiale et de sa jeunesse.
Nous savons simplement que les parents de Marcel vivent à Marseille peu de temps avant que le jeune homme ne signe un engagement volontaire, le 5 septembre 1914, pour la durée de la guerre.
Marcel possède certainement un très bon niveau d’équitation ; il débute sa carrière de soldat dans un régiment de cavalerie. Le futur cavalier doit rejoindre la ville de Vouziers pour intégrer le dépôt du 3e régiment de cuirassier. Marcel Daufresne de la Chevalerie est envoyé sur le front entre le 9 et 10 septembre sans véritable formation.
Le 12 janvier 1915, il est blessé. La nature et le lieu de sa blessure ne sont pas connus, mais celle-ci ne semble pas être très grave.
Marcel conquiert tous ses grades sur le champ de bataille. Il est nommé brigadier le 18 janvier 1915 puis maréchal de logis le 9 février 1915. Une semaine plus tard, le général commandant en chef signe sa promotion au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.
Cet avancement dans le rang des officiers l’oblige à changer d’affectation. Marcel rejoint un régiment d’infanterie qui se trouve en Artois, pour y prendre le commandement d’une section de la 1ère compagnie du 149e R.I.. Il arrive sur le front le 16 avril 1915.
Le 10 mai 1915, il est de nouveau blessé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cette fois-ci, la blessure est plus sérieuse, un éclat de bombe lui fait une plaie à l’épaule droite qui nécessite une évacuation vers l’arrière.
Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 10 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.
Pas tout à fait remis sur pieds, le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie demande à repartir dans son régiment. Le 18 juillet 1915, il est versé dans une compagnie du 9e bataillon d'instruction de la 43e D.I.. Sa blessure n’est toujours pas cicatrisée. Le jeune homme ne consent à prendre le repos nécessaire à son rétablissement que sur les fermes injonctions de son chef de bataillon. Il lui faut maintenant prendre son mal en patience en attendant de pouvoir reprendre à nouveau la tête d’une section du 149e R.I..
Le colonel Gauthié, responsable du régiment, note l’observation suivante dans son feuillet individuel :
« Homme vigoureux, intelligent, débrouillard. Son éducation militaire reste très incomplète, il connaît peu l’infanterie, a donc besoin de perfectionner son instruction technique. Blessé en mai, revenu non guéri, plein de bonne volonté et d’entrain, mais peu militaire. Il paraît modifier peu à peu son attitude dans le sens qui lui est conseillé et fera plus tard un excellent officier.
Il vient d’être puni par le général commandant le 21e C.A. pour une intervention maladroite dans la discipline d’un corps voisin. »
En effet, le 15 décembre 1915 le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie écope de 4 jours d’arrêts simples pour avoir, au cours d’une ronde dans un cantonnement, outrepassé sa mission en s’engageant dans une discussion qui a dégénéré en altercation avec un commandant de compagnie d’un corps étranger au sien.
Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Verdun. Le 9 mars 1916, la section qui est sous les ordres du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie se fait tout particulièrement remarquer dans une l’attaque lancée sur le village de Vaux-devant-Damloup.
Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 9 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.
Quelques semaines plus tard, il faut de nouveau attaquer. Cette fois-ci la chance ne sera pas au rendez-vous. L’action d’éclat du 9 mars n’est pas renouvelée. Marcel Daufresne de la Chevalerie disparaît au cours de l'attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le même secteur. Il a 23 ans.
Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.
Le 17 avril 1916, le commandant Magagnosc qui commande le 1er bataillon du 149e R.I. dit de lui :
« Très intelligent, plein d’initiative, d’une bravoure à toute épreuve, s’est particulièrement fait remarquer devant Verdun, notamment aux combats de Vaux-devant-Damloup les 9 et 10 mars 1916 et le 2 avril 1916. Disparu à cette dernière affaire. Sa section a été citée à l’ordre de l’armée pour sa vaillante conduite devant Vaux, le 9 mars 1916. »
Une enquête est menée pour tenter de connaître les circonstances exactes de la disparition du sous-lieutenant.
Un inspecteur du commissariat du quartier du 7e district de la ville de Paris rédige le courrier suivant à l’attention du procureur de la République.
« Madame Daufresne, 10 rue du faubourg Montmartre, mère adoptive du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, consultée, a déclaré qu’elle ne pouvait révéler aucune circonstance de nature à faire douter de la réalité de cette mort, ou, au contraire, à la confirmer.
Elle ajoute que des soldats du 149e R.I., prisonniers en Allemagne, lui ont fait connaître que le sous-lieutenant avait été mortellement blessé aux abords d’une ferme, près de l’étang de Vaux, mais qu’ils ne l’avaient pas vu inhumé.
D’autre part, la Croix Rouge lui a fait parvenir les mêmes renseignements, mais sans affirmer qu’il était décédé et qu’il n’était pas connu dans les camps de prisonniers en Allemagne. (au moins, sous son véritable état civil)
Le défunt était célibataire. La dame, veuve Merlin, 11 rue Debaq, à Calais, institutrice à l’école rue Delaroche et qui était la maîtresse du sous-lieutenant fournirait peut-être des renseignements utiles au sujet de cette affaire. »
Le jugement de décès de Marcel Daufresne de la Chevalerie est rendu le 4 mai 1917 par le tribunal de la Seine. Il est transcrit à la mairie du 9e arrondissement de Paris le 11 juin.
Décorations obtenues :
Cité à l’ordre du 3e régiment de cuirassiers en décembre 1914.
Citation à l'ordre de l'armée :
« Officier très jeune, dont la bravoure était légendaire au régiment, A toujours été un entraîneur d'hommes hors pair. Est tombé bravement pour la France, le 2 avril 1916 à Vaux-devant-Damloup. »
Marcel Daufresne de la Chevalerie à été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.
La section qu'il commandait à Verdun est citée à l’ordre de la 2e armée n° 83 du 3 avril 1916.
(Première section de la 1ère compagnie du 149e R.I.)
« Brillamment enlevée par son chef de section (sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, est entrée le 9 mars 1916 dans un village occupé par les Allemands ; a chassé ces derniers des maisons qu’ils occupaient et à coopéré efficacement au rétablissement de la situation dans cette partie du secteur.
Par son attitude ultérieure, a interdit à l’ennemi toute progression. Est allée chercher sous le feu, et a rapporté dans nos lignes 52 caisses de grenades abandonnées en terrain découvert. A perdu le 1/5e de son effectif. »
Le nom du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie est gravé sur le monument aux morts du 9e arrondissement de Paris.
Pas de sépulture connue.
Sources :
Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.
Tableau d'honneur, morts pour la France : guerre 1914-1918. Paris 1921.
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.