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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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26 août 2016

Marcel Daufresne de la Chevalerie (1893-1916).

Marcel_Daufresne_de_la_Chevalerie

Marcel Daufresne de la Chevalerie voit le jour le 2 janvier 1893 dans la ville italienne de Naples. Son père se prénomme Auguste, sa mère Julia Ruchitti. C’est tout ce qui est connu pour l’instant de son histoire familiale et de sa jeunesse.

Nous savons simplement que les parents de Marcel vivent à Marseille peu de temps avant que le jeune homme ne signe un engagement volontaire, le 5 septembre 1914, pour la durée de la guerre.

Marcel possède certainement un très bon niveau d’équitation ; il débute sa carrière de soldat dans un régiment de cavalerie. Le futur cavalier doit rejoindre la ville de Vouziers pour intégrer le dépôt du 3e régiment de cuirassier. Marcel Daufresne de la Chevalerie est envoyé sur le front entre le 9 et 10 septembre sans véritable formation.

Le 12 janvier 1915, il est blessé. La nature et le lieu de sa blessure ne sont pas connus, mais celle-ci ne semble pas être très grave.

Marcel conquiert tous ses grades sur le champ de bataille. Il est nommé brigadier le 18 janvier 1915 puis maréchal de logis le 9 février 1915. Une semaine plus tard, le général commandant en chef signe sa promotion au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.

Cet avancement dans le rang des officiers l’oblige à changer d’affectation. Marcel rejoint un régiment d’infanterie qui se trouve en Artois, pour y prendre le commandement d’une section de la 1ère compagnie du 149e R.I.. Il arrive sur le front le 16 avril 1915.

Le 10 mai 1915, il est de nouveau blessé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cette fois-ci, la blessure est plus sérieuse, un éclat de bombe lui fait une plaie à l’épaule droite qui nécessite une évacuation vers l’arrière.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 10 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

journee_du_10_mai_1915

Pas tout à fait remis sur pieds, le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie demande à repartir dans son régiment. Le 18 juillet 1915, il est versé dans une compagnie du 9e bataillon d'instruction de la 43e D.I.. Sa blessure n’est toujours pas cicatrisée. Le jeune homme ne consent à prendre le repos nécessaire à son rétablissement que sur les fermes injonctions de son chef de bataillon. Il lui faut maintenant prendre son mal en patience en attendant de pouvoir reprendre à nouveau la tête d’une section du 149e R.I..

Le colonel Gauthié, responsable du régiment, note l’observation suivante dans son feuillet individuel :

 « Homme vigoureux, intelligent, débrouillard. Son éducation militaire reste très incomplète, il connaît peu l’infanterie, a donc besoin de perfectionner son instruction technique. Blessé en mai, revenu non guéri, plein de bonne volonté et d’entrain, mais peu militaire. Il paraît modifier peu à peu son attitude dans le sens qui lui est conseillé et fera plus tard un excellent officier.

Il vient d’être puni par le général commandant le 21e C.A. pour une intervention maladroite dans la discipline d’un corps voisin. »

En effet, le 15 décembre 1915 le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie écope de 4 jours d’arrêts simples pour avoir, au cours d’une ronde dans un cantonnement, outrepassé sa mission en s’engageant dans une discussion qui a dégénéré en altercation avec un commandant de compagnie d’un corps étranger au sien.

Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Verdun. Le 9 mars 1916, la section qui est sous les ordres du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie se fait tout particulièrement remarquer dans une l’attaque lancée sur le village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 9 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Ravin_des_Fontaines_2

Quelques semaines plus tard, il faut de nouveau attaquer. Cette fois-ci la chance ne sera pas au rendez-vous. L’action d’éclat du 9 mars n’est pas renouvelée. Marcel Daufresne de la Chevalerie disparaît au cours de l'attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le même secteur. Il a 23 ans.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Journee_du_2_avril_1916

Le 17 avril 1916, le commandant Magagnosc qui commande le 1er bataillon du 149e R.I. dit de lui :

« Très intelligent, plein d’initiative, d’une bravoure à toute épreuve, s’est particulièrement fait remarquer devant Verdun, notamment aux combats de Vaux-devant-Damloup les 9 et 10 mars 1916 et le 2 avril 1916. Disparu à cette dernière affaire. Sa section a été citée à l’ordre de l’armée pour sa vaillante conduite devant Vaux, le 9 mars 1916. »

Une enquête est menée pour tenter de connaître les circonstances exactes de la disparition du sous-lieutenant.

Un inspecteur du commissariat du quartier du 7e district de la ville de Paris rédige le courrier suivant à l’attention du procureur de la République.

« Madame Daufresne, 10 rue du faubourg Montmartre, mère adoptive du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, consultée, a déclaré qu’elle ne pouvait révéler aucune circonstance de nature à faire douter de la réalité de cette mort, ou, au contraire, à la confirmer.

Elle ajoute que des soldats du 149e R.I., prisonniers en Allemagne, lui ont fait connaître que le sous-lieutenant avait été mortellement blessé aux abords d’une ferme, près de l’étang de Vaux, mais qu’ils ne l’avaient pas vu inhumé.

D’autre part, la Croix Rouge lui a fait parvenir les mêmes renseignements, mais sans affirmer qu’il était décédé et qu’il n’était pas connu dans les camps de prisonniers en Allemagne. (au moins, sous son véritable état civil)

Le défunt était célibataire. La dame, veuve Merlin, 11 rue Debaq, à Calais, institutrice à l’école rue Delaroche et qui était la maîtresse du sous-lieutenant fournirait peut-être des renseignements utiles au sujet de cette affaire. »

Le jugement de décès de Marcel Daufresne de la Chevalerie est rendu le 4 mai 1917 par le tribunal de la Seine. Il est transcrit à la mairie du 9e arrondissement de Paris le 11 juin.

Décorations obtenues :

Cité à l’ordre du 3e régiment de cuirassiers en décembre 1914.

Citation à l'ordre de l'armée :

« Officier très jeune, dont la bravoure était légendaire au régiment, A toujours été un entraîneur d'hommes hors pair. Est tombé bravement pour la France, le 2 avril 1916 à Vaux-devant-Damloup. »

Marcel Daufresne de la Chevalerie à été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.

La section qu'il commandait à Verdun est citée à l’ordre de la 2e armée n° 83 du 3 avril 1916.

(Première section de la 1ère compagnie du 149e R.I.)

«  Brillamment enlevée par son chef de section (sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, est entrée le 9 mars 1916 dans un village occupé par les Allemands ; a chassé ces derniers des maisons qu’ils occupaient et à coopéré efficacement au rétablissement de la situation dans cette partie du secteur.

Par son attitude ultérieure, a interdit à l’ennemi toute progression. Est allée chercher sous le feu, et a rapporté dans nos lignes 52 caisses de grenades abandonnées en terrain découvert. A perdu le 1/5e  de son effectif. »

Le nom du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie est gravé sur le monument aux morts du 9e arrondissement de Paris.

Pas de sépulture connue. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Tableau d'honneur, morts pour la France : guerre 1914-1918. Paris 1921.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

19 août 2016

Michel Louis Laurent (1886-1916).

Sous_lieutenant_Laurent

Michel Louis Laurent voit le jour le 6 février 1886. Le lendemain, la sage femme, qui a aidé à l’accouchement, présente l’enfant à la mairie de Nantes pour y faire enregistrer son acte de naissance. Le père Henri Auguste, un négociant âgé de 45 ans, est éloigné du domicile familial durant cette période. Sa mère, Berthe Marie Mahaud, est une rentière âgée de 33 ans.

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision classe Michel Laurent dans la 1ère partie de la liste de l’année 1907. Il est bon pour le service armé en attente de sa convocation et de son affectation.

Le 7 octobre 1907, le futur soldat arrive au 116e R.I., un régiment qui occupe la caserne de La Bourdonnaye et la caserne des trente dans la ville de Vannes.

Le soldat Laurent prend du galon très rapidement. Il est nommé caporal le 19 mars 1908, puis sergent le 21 novembre 1908. À peine 8 mois pour devenir sergent ! Ce qui n’est pas si courant. En toute logique, le certificat de bonne conduite lui est accordé lorsqu’il quitte le régiment à la fin de son service militaire. Michel Laurent est envoyé en disponibilité le 25 septembre 1909.

L’histoire de la jeunesse de Michel n’est pas connue. Nous savons simplement qu’il a vécu à La Roche-sur-Yon et qu’il a exercé le métier de linotypiste après son retour à la vie civile. Le 23 septembre 1911, il abandonne son clavier alphanumérique pour conduire sa future épouse à la mairie et à l’église de La Roche-sur-Yon. Il se marie avec Joséphine Henriette Constance Abellard, une libraire âgée de 27 ans originaire du Maine-et-Loire.

Le couple déménage à Poitiers. Ce changement de domicile le fait passer dans la subdivision de Poitiers le 19 décembre 1911. Désormais, il est affecté au régiment le plus proche de sa résidence, le 125e R.I..

C’est comme sergent de réserve qu’il commence la campagne contre l’Allemagne en août 1914. Rappelé à l’activité le 1er août 1914 au 325e R.I., il part avec le 125e R.I.. Michel Laurent est blessé le 8 février 1915 par une balle en séton à la partie postérieure du cou. Sa compagnie se trouve alors en Belgique, du côté de Zonnebeke. Il est évacué vers l’arrière.

Sa blessure est assez sérieuse. En septembre 1915, il est au dépôt du 125e R.I. à la 30e compagnie.

Le sergent Laurent a toujours été très bien noté par ses supérieurs. Le 28 du mois, il rédige une demande pour tenter d’obtenir le grade de sous-lieutenant. Son courrier est directement envoyé au ministère de la guerre.

« J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir accepter la présente demande formulée en vue de l’obtention du grade de sous-lieutenant (prescription de la circulaire ministérielle du 15 septembre 1915). Je suis marié depuis le 23 septembre 1911, et je n’ai pas d’enfant. Ma femme n’occupe pas un emploi de l’état, elle habite Poitiers. »

Cette requête est acceptée. Le sergent Laurent, alors âgé de 29 ans, est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire, par décision ministérielle en date du 20 octobre 1915. Cette promotion publiée au journal officiel l’oblige à changer de régiment. Il quitte Poitiers pour se rendre à Épinal où il doit se présenter au dépôt du 149e R.I. le 7 novembre 1915. Dès le lendemain, il part avec un renfort qui rejoint le régiment à Aix-Noulette en Artois. Une fois sur place, le sous-lieutenant Laurent est affecté au commandement d’une section de la 2e compagnie du régiment.

Quelques mois après son arrivée, il disparaît au cours d’une attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup. Cette attaque est un véritable échec. Dans la confusion, personne ne sait ce qu’il est advenu du sous-lieutenant Laurent. A-t-il a été tué ? A-t-il été fait prisonnier ? Personne n’est capable de donner une réponse.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_1_journ_e_du_2_avril_1916

Une enquête approfondie est lancée auprès de plusieurs soldats de la 2e compagnie du 149e R.I. qui ont été faits prisonniers après l’attaque du 2 avril 1916. Plusieurs demandes d’informations sont envoyées dans les camps de prisonniers où se trouvent certains de ces hommes.

Le capitaine Toussaint, l’adjudant Woinetin, les sergents Lazarus et Lemoine, les soldats Génin et Durand confirment le décès du Michel Laurent. L’ensemble de leurs déclarations a été recueilli par le Comité International de la Croix Rouge ou par des courriers directement adressés à la veuve du sous-lieutenant.

Ce sont les soldats Charles Genin et J. Durand qui donnent le plus de détails sur les circonstances de la mort du sous-lieutenant Laurent.

Le premier écrit ceci :

«  La compagnie venait de prendre une tranchée allemande. En arrivant dans la tranchée, je vis le sous-lieutenant étendu sur le dos, frappé d’une balle dans la poitrine du côté droit. Il mourut à peu près une heure après. On le recouvrit d’une toile de tente et la tranchée fur reprise par les Allemands »

Le second qui faisait partie de la 2e section de la 2e compagnie note ceci.

« Je connais le sous-lieutenant Michel Laurent qui a été tué au cours du combat du 2 avril 1916 d’une balle dans la poitrine, à 500 m environ du village de Vaux, près de la ligne de chemin de fer. Le sous-lieutenant doit être enterré dans la tranchée à cet endroit. »

Il existe une fiche au nom du sous-lieutenant Michel Laurent sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Fiche_C

Le jugement déclaratif du décès est prononcé le 3 avril 1917 par le tribunal civil de 1ère instance de Poitiers.

Le commandant Magagnosc, responsable du 1er bataillon du 149e R.I., écrit dans le dernier relevé des notes de Michel Laurent :

« Officier très distingué, très brave, plein d’entrain au feu, qui s’est particulièrement distingué aux combats devant Verdun du 8 mars au 2 avril 1916. Disparu le 2 avril 1916 au moment où il entraînait vigoureusement sa section à l’attaque des tranchées allemandes au nord de Vaux. »

Cité à l’ordre de la brigade n° 39 en date du 26 mars 1916 :

«  Excellent officier à tous points de vue, s’est fait tout spécialement remarquer du 8 au 16 mars 1916 par l’exemple de son courage et de son sang froid. Ayant perdu plus de la moitié des hommes de sa section, est parvenu par son énergie et son attitude à relever le moral du faible effectif qui lui restait »

Le sous-lieutenant Michel Laurent repose actuellement dans le cimetière national français de Douaumont. Sa sépulture porte le n° 128.

Sepulture_sous_lieutenant_Laurent

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Michel Louis Laurent a été réalisée par A. Cesarini.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et au Comité International de la Croix Rouge.

12 août 2016

Léon Paul Guérin (1877-1916).

Leon_Paul_Guerin

Léon Paul Guérin est né le 15 janvier 1877, dans la demeure parentale située dans le faubourg Montbernage de la ville de Poitiers. À sa naissance, son père, Louis, est un journalier qui est âgé de 46 ans. Sa mère, Modeste Beillard, est une femme âgée de 38 ans qui n’exerce pas de profession.

Léon Paul est confronté à un drame terrible alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Son père décède deux jours avant que Léon Paul n’ait fêté ses huit ans. La vie qui ne lui fait pas de cadeau devient très vite compliquée. Les petits salaires ramenés par le chef de famille qui permettaient de faire vivre les siens ne sont plus là ! L’histoire ne le dit pas, mais nous pouvons aisément imaginer que Léon Paul a dû, très vite, se mettre en quête d’un travail pour subvenir à ses besoins. Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir qu’il a exercé le métier de domestique.

Le 28 janvier 1898, Léon Paul Guérin a tout juste 21 ans. Il se rend à la mairie de Poitiers, pour contracter un engagement volontaire de quatre ans avec l’armée.

Le futur soldat n’a pas à aller bien loin pour revêtir son uniforme flambant neuf. Il lui suffit de traverser quelques rues pour se rendre à la caserne du 125e R.I. qui se trouve dans sa ville natale. Les apprentissages de la vie de fantassin peuvent commencer.

Léon Paul peut coudre ses galons rouges de caporal à partir du 17 septembre 1898.

En février 1899, le jeune sous-officier part de Rosny en détachement,pour se rendre en Algérie. Le caporal Guérin embarque à Marseille dans la soirée du 18 février. Le lendemain, son navire accoste à Philippeville après une traversée sans histoire. Le 20 février, il est à Sétif. Il y reste plusieurs mois.

Le 6 août 1899, son séjour militaire algérien touche à sa fin, Léon Paul Guérin quitte Sétif après la soupe du matin. Il se rend pour la seconde fois à Philippeville. Le 7 août, il traverse la mer Méditerranée. Le lendemain, les clous de ses godillots martèlent le débarcadère du port de la cité phocéenne. Le caporal Guérin doit se rendre au mont Valérien le 10 août 1899.

Toujours au 125e R.I., il est nommé dans le grade supérieur le 20 septembre 1899.

Durant les années suivantes, le sergent Guérin va apposer sa signature plusieurs fois sur une multitude de petits contrats qui s'étalent sur des périodes allant d’une à trois années.

 Le 8 juillet 1901, il valide un contrat d’un an qui prend effet vingt jours plus tard. Le suivant, qui devient applicable à partir du 28 janvier 1902, est ratifié le 15 février 1902. Le sergent Guérin signe un nouveau contrat le 26 mars 1904 qui rentre en vigueur le 26 janvier 1905.

Le jeune sous-officier exerce les fonctions de sergent-fourrier dans une des compagnies du régiment, entre le 11 juin et le 1er septembre 1904, avant d’être nommé sergent-major.

Réengagé pour une durée de trois ans le 28 septembre 1906 à compter du 28 janvier 1907, puis pour deux ans, le 12 janvier 1910 à compter du 28 janvier 1910, il devient adjudant le 12 décembre 1911.

Léon Paul Guérin est commissionné à compter du 28 janvier 1912, suite à une décision prise par le général commandant la 34e brigade en date du 25 janvier 1912.

1912, 1913, la vie de caserne suit son cours au rythme des manœuvres et des nouvelles classes à prendre en charge jusqu’au moment fatidique où le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914.

Il ne quitte pas seulement cette caserne à laquelle il vient de consacrer 15 ans de sa vie. En effet, le 17 avril 1903, il a épousé à Poitiers, Amadis Éléonore Eulalie Girault, une employée de commerce alors âgée de 24 ans, native de la petite commune de Vouneuil-sous-Biard. Pour cela, Il avait dû obtenir l’autorisation du conseil d’administration du 125e R.I., une étape obligatoire pour les militaires à cette époque. Il laisse également son fils, Maurice Léon, né le 1er janvier 1905.

L’adjudant Guérin est blessé le 20 août 1914 à Nomény. Une balle s’est logée dans un de ses mollets. Le 10 novembre 1914, il est de nouveau blessé. Sa compagnie combat dans le secteur de Saint-Julien. Cette fois-ci, c’est une balle qui lui fait une plaie entre les deux épaules.

Le 17 mars 1915, il quitte le statut de sous-officier. Il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Cette promotion l’oblige à quitter son régiment. Il rejoint le 140e R.I. le jour même. Le 28 septembre 1915, il est muté au 149e R.I.. Cette unité vient de subir de lourdes pertes en Artois dans les jours précédents. Il faut reconstituer le régiment en hommes et en officiers.

C’est à la tête de la 1ère compagnie que le sous-lieutenant Guérin trouve la mort le 2 avril 1916. Sa compagnie est engagée dans une attaque qui doit permettre la reprise du village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_3_journ_e_du_2_avril_1916

Il est, dans un premier temps, considéré comme disparu. Une enquête est menée auprès de plusieurs soldats de la 1ère compagnie du 149e R.I. qui ont été envoyés en captivité en Allemagne. Ces recherches sont menées par l’intermédiaire de la Croix Rouge, par l’union des femmes de France et par le bureau de renseignements sur les prisonniers de guerre du ministère de la guerre.

Plusieurs hommes se souviennent…

Les soldats Marc Cagnon et Marcel Vermande qui sont prisonniers à Münster font savoir que le sous-lieutenant Guérin est présumé tué. D’autres témoignages seront moins précis.

C’est le sergent fourrier André Devineau, en captivité à Heisberg, qui fournit les renseignements les plus détaillés.

« En ma qualité de fourrier de la compagnie, j’ai suivi le sous-lieutenant Guérin partout, nous nous sommes arrêtés dans un trou d’obus, en arrière de la 1ère section, où nous avons passé la journée. Le soir, vers 5 h 00, au moment où la contre-attaque des Allemands se déclenchait, il a voulu fuir, mais il ne fît qu’une dizaine de pas environ. Je le vis tomber, la tête en avant, dans un trou d’obus. Son casque fut projeté 5 à 6 mètres en avant, ce qui me fait croire que l’infortuné sous-lieutenant a été touché à la tête par une balle de mitrailleuse. Il ne fît plus aucun mouvement. Je n’ai pu aller le voir de près et ne puis dire s’il avait été tué sur le coup. »

Le 17 avril 1916, Léon Paul Guérin est confirmé à titre définitif dans ses fonctions de sous-lieutenant.

Quelques mois plus tard, le journal officiel du 20 décembre 1917 valide sa nomination dans le grade de lieutenant.

Plusieurs témoins ont bien vu le sous-lieutenant Guérin tomber. Le sergent fourrier André Devineau narre, avec précision, les circonstances de l’évènement. Mais aucun d’entre eux n’a pu véritablement constater le décès de l’officier. De ce fait, son statut va rester celui de disparu. Son épouse, ayant entendu parler d’une blessure suivie d’une capture, fait des démarches pour tenter de savoir s’il n’est pas décédé en captivité.

Le 17 février 1919, elle écrit la lettre suivante au ministère de la guerre :

Monsieur,

J’ai appris qu’il s’était formé un bureau chargé de la recherche des disparus et qu’il se tenait en relations constantes avec la commission française envoyée en Allemagne, il y a environ un mois, pour procéder à l’identification civile des prisonniers décédés durant leur captivité.

Je n’ai pu obtenir de nouvelles officielles concernant le sort de mon mari, le sous-lieutenant Guérin Léon Paul du 149e R.I. disparu depuis le 2 avril 1916 à Vaux.

Une note émanant des nouvelles de soldats, mentionne qu’il été blessé et prisonnier. Je vous adresse un duplicata de cette note en vous priant de vouloir bien attirer la bienveillante attention de la commission qui siège à Berlin, à seule fin que de nouvelles recherches soient poursuivies dans les hôpitaux, camps de prisonniers, centres neurologiques qui me permettent de savoir ce qu’il est devenu de mon malheureux mari.

Je vous prie d’agréer Monsieur, avec tous mes remerciements, l’assurance de ma haute considération.

E. Guérin, 2 rue du Souci, Poitiers, Vienne.

Ce n’est que le 17 juillet 1919 que le tribunal de Poitiers officialise le décès du sous-lieutenant Léon Paul Guérin.

Le lieu de sépulture de cet officier n’est pas connu.

Le nom de Léon Paul Guérin ne semble pas figurer sur les monuments aux morts de la ville de Poitiers et des communes de Biard et de Vouneuil-sous-Biard.

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec palme et étoile d’argent.

Citation à l’ordre de l’armée publiée dans le J.O. du 21 janvier 1915 :

« S’est fait remarquer par son entrain, son sang froid et sa bravoure. Deux blessures très graves »

 Citation à l’ordre de la division n° 46 du 20 juin 1915 :

« Blessé très grièvement en entraînant sa section. N’a quitté le champ de bataille qu’à la nuit tombante. »

Médaille militaire  par décret du 30 décembre 1914.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultés sur le site des archives départementales de la Vienne.

La photographie de l’étang de Vaux a été réalisée en 2012.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Vienne.

5 août 2016

Louis Nicolier (1894-1916).

Louis Nicolier

Louis Nicolier est né le 4 mai 1894 au numéro 19 de la rue Part Dieu, à Lyon. Son père, qui exerce la profession de chauffeur, se prénomme Jean Louis. Sa mère, Marie Philiberte Joulier, travaille comme ménagère.

Le niveau de vie peu élevé de ses parents n’empêche pas le jeune Louis de faire des études supérieures. Peut-être a-t-il été boursier ? Le jeune homme part étudier la chimie à l’école française de tannerie lyonnaise, après avoir obtenu son baccalauréat. Louis fait partie de la promotion 1911.

Trois ans plus tard, la déclaration de  guerre contre l’Allemagne vient mettre fin à sa vie d’étudiant.  A-t-il obtenu son diplôme d'ingénieur ? Les éléments biographiques trouvés jusqu’à maintenant ne permettent pas  de le certifier. Mais le fait qu’il ait été incorporé plus de deux mois après les autres de sa classe le laisse imaginer.

Inscrit sous le numéro 311 du 7e arrondissement de Lyon, il est classé dans la 1ère partie de la liste en 1914. Il est donc en excellente santé pour devenir soldat.

Louis est incorporé le 5 novembre 1914. Le futur combattant apprend qu’il doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. qui se trouve à Épinal,et qu’il va devoir prendre le train pour se rendre dans la cité spinalienne. Il arrive au régiment deux jours plus tard. Après avoir fait une rapide formation, le soldat Nicolier s’apprête à rejoindre le régiment qui se trouve en Artois.

Dès le 13 janvier 1915, Louis Nicolier devient soldat de 1ère classe avant d’être nommé caporal le 22 février 1915. Son parcours au sein du 149e R.I. au front est plus difficile à établir : quand y arrive-t-il en renfort ? On sait juste qu’il se trouve à la 10e compagnie du régiment lorsqu’il est blessé le 31 mai 1915 à Aix-Noulette. La gravité de sa blessure n’est pas connue, ainsi que la durée de son éloignement du front, tout comme la date de son retour au régiment. Seule certitude, une photographie le montrant bras en écharpe, nous apprend que c’est le bras droit qui a été touché.

Le caporal Nicolier occupe les fonctions d’agent de liaison à la 2e compagnie,lorsque le 149e R.I. est engagé dans le secteur de Verdun en mars 1916. Cette fonction, qui est déjà en soi particulièrement dangereuse, est encore plus difficile dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup régulièrement bombardé par les Allemands. Envoyé en mission, sa compagnie n’a plus aucune nouvelle de lui entre le 1er et le 2 avril 1916.

Dans un premier temps, le caporal Nicolier est considéré comme disparu. Il existe une fiche attestant les recherches effectuées par la famille auprès du C.I.C.R..

Louis_Nicolier_fiche_C

La réponse négative de l’organisme le 16 janvier 1917 dut éteindre un dernier espoir : Il n’était pas prisonnier.

Ce n’est que le 30 juin 1921 que son décès est officiellement prononcé, à la suite d’un jugement rendu sur requête de la chambre du conseil du tribunal civil de Lyon.

Le caporal Nicolier a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume.

« Soldat courageux et dévoué. Tombé glorieusement pour la France le 2 avril 1916 à Vaux. Croix de guerre avec étoile de bronze. »

Louis Nicolier est décédé à l’âge de 22 ans ; il est resté célibataire.

Compte tenu des circonstances de sa disparition et le contexte des évènements dans ce secteur de la bataille de Verdun, il repose certainement anonymement dans la crypte consacrée à ce secteur dans l’ossuaire de Douaumont.

Sources :

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales du Rhône.

Fiche lue sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Livre d’or « association des anciens élèves de l’école de chimie industrielle de Lyon et de l’école française de tannerie ».

Journal officiel de la République française du 1er août 1922 lu sur le site « Gallica ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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