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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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24 avril 2015

Les premiers mois de l'année 1918 sur le front des Vosges (2e partie)

Le_Violu_3

 

Depuis qu’ils sont arrivés dans les Vosges, les 158e et 149e R.I., ainsi que les bataillons de chasseurs de la 43e D.I., fournissent de gros efforts pour améliorer leurs positions, mais la situation reste très précaire. En réalité, le secteur se trouve toujours à la merci d’une offensive bien organisée que l’ennemi aurait tout loisir de préparer en secret, à la faveur des couverts boisés et des profonds défilements des vallées.

 

Sous_secteur_A

 

L’éventualité d’une telle attaque n’est pas si invraisemblable que cela. Au cours des premières semaines de l’année 1918, l’armée française reste plutôt sur la défensive sur l’ensemble de la zone des combats du front de l’ouest. La signature du traité de Brest-Litovsk approche et l’Allemagne aura bientôt la possibilité de réinjecter un très grand nombre de ses régiments sur le théâtre des opérations de l’ouest. De plus, les troupes américaines n’ont pas encore atteint leur plein développement sur le terrain des combats.

 

Il est inenvisageable, pour l’état-major français, de se lancer dans une offensive de grande envergure qui pourrait avoir des chances de succès immédiat. Même si les Vosges ne semblent pas être un secteur très tentant pour lancer une vaste opération militaire, les hommes du 149e R.I. doivent, plus que jamais, rester vigilants.

 

Dès la fin du mois de janvier, l’ennemi adopte une attitude beaucoup plus mordante en face des hommes du colonel Boigues.

 

La région de Saint-Dié, calme depuis si longtemps, devient un peu plus agitée.

 

Amélioration et organisation du secteur du 149e R.I. 

 

Le 149e R.I., secondé par des fractions du génie, travaille d’arrache-pied sur sa première position. Les défenses accessoires sont renforcées. Des nids de résistance sont créés, échelonnés en largeur et en profondeur et susceptibles de se flanquer réciproquement. La construction d’abris solide se poursuit. Tout est fait pour essayer d’économiser au maximum les services de garde. C’est la seule solution qui permettra de constituer, à chaque échelon du commandement, une petite réserve de soldats, qui pourra être fort utile en cas d’attaque ennemie.

 

 

Au fil des jours…

 

1er février 1918

 

Une patrouille de vérification de réseaux et de reconnaissances, composée d’hommes du  2e bataillon du 149e R.I., fait une sortie entre 7 h 00 et 10 h 00. Sur son parcours, elle découvre une longue ficelle posée à même le sol, qui suit la lisière du bois Ta 11 ter (40 - 62,5) en direction de la ferme Gretschy (42 – 64). Les hommes de la patrouille enlèvent un bon 150 m de cette cordelette, ce qui devrait fortement gêner l’ennemi pour retrouver son chemin.

 

Bois_Ta_11_ter

 

Des guetteurs allemands sont clairement repérés dans un P.O. de la tranchée de Constantinople. Quelques coups de feu sont échangés avec les fantassins du 149e R.I..

 

Des travaux de réfection de tranchées sont effectués tout au long de la journée. Des réseaux de fils de fer sont posés devant la tranchée de Constantinople, pour consolider les défenses.

 

Tranchee_de_Constantinople

 

2 février 1918

 

Une patrouille de surveillance de réseaux et de liaison est envoyée entre 36-65 et 38-63, près de la place Mandray.

 

Place_Mandray

 

Des éléments du 149e R.I. s’apprêtent à relever la section de gauche du 174e R.I.. Les limites entre la 167e D.I. et la 43e D.I. vont être légèrement modifiées. La séparation entre ces deux divisions doit être fixée officiellement dans les jours à venir.

 

La 1ère compagnie du bataillon du commandant de Chomereau de Saint-André doit relever la 3e compagnie qui occupe le secteur de la rotonde Regnault.

 

Rotonde_Regnault

 

Dans la nuit du 2 au 3, la C.M. 1 du 149e R.I. vient relever au C.R. la Cude la C.M. 2 du 1er B.C.P. qui doit rejoindre son bataillon.

 

3 février 1918

 

Une patrouille allemande, qui est un peu bruyante, est entendue à 0 h 45 par quelques sentinelles du 149e R.I. au moment même où elle longe les réseaux qui se trouvent devant le P.A. Grande Goutte.

 

Le commandant du sous-secteur A soupçonne une relève des troupes allemandes devant le Violu. Cette impression est confirmée par les hommes qui ont effectué les réglages d’artillerie au cours des jours précédents, et par la circulation importante remarquée autour des observatoires de la région du Chipiant.

 

Une section du 149e R.I. remplace les éléments du 174e R.I. suite à l’extension du front sur la droite du sous-secteur A.

 

Des mouvements de relèves intérieurs ont lieu dans le secteur occupé par le 149e R.I..

 

La 4e compagnie du 149e R.I. du C.I.D. quitte Taintrux pour venir s’installer à Saint-Dié. Elle a pour mission d’assurer le service de garde du Q.G.. Elle devra, dans les jours à venir, effectuer de nombreuses patrouilles avant de partager cette tâche avec les deux autres compagnies du C.I.D. qui les rejoindront plus tard. Cette compagnie reçoit également la charge du piquet d’incendie. Elle assume cette tâche pendant une semaine en alternance avec la 170e D.I..

 

4 février 1918

 

Des tirs de harcèlement d’artillerie de petits calibres se déroulent sur les tranchées et sur la rotonde dans le secteur du C.R. la Cude.

 

Les Allemands travaillent activement en face des lignes occupées par les hommes du colonel Boigues.

 

Des fantassins du 3e bataillon du 149e R.I. sortent de leur tranchée pour aller poser du fil de fer dans le secteur de Violu centre. Au même moment, les Allemands lancent des fusées éclairantes. Soudain, ils se mettent à siffler et à rire très fortement, certainement par provocation, laissant supposer qu’ils sont parfaitement au courant de ce que font les Français. Mais aucun coup de feu n’est échangé.

 

Un exercice aux gaz est effectué dans le sous-secteur A. Les dispositions d’alerte ont été prises dans des conditions satisfaisantes.

 

Il y a quelques échanges de tir entre les deux artilleries dans le secteur du col du Bonhomme vers 22 h 00.

 

5 février 1918

 

La matinée reste calme. De 12 h 00 à 14 h 30, l’artillerie ennemie envoie 150 minen de moyens et gros calibres sur le Violu et sur le P.A. Regnault. Plusieurs patrouilles de vérification et de surveillance sont envoyées pour vérifier l’état des réseaux et les mouvements éventuels effectués par l’ennemi.

 

Des boyaux sont remis en état. L’organisation défensive de groupe s’effectue en même temps que la pose de fil de fer, le camouflage et l’aménagement des positions restent la priorité absolue.

 

Des exercices d’alerte aux gaz ont lieu dans le C.R. Violu.

 

Les 8e et 12e compagnies du 149e R.I. du C.I.D. sont sur le départ. Elles s’apprêtent à quitter Taintrux pour rejoindre la 4e compagnie qui se trouve à Saint-Dié.

 

Il y a deux blessés au 149e R.I. au cours de cette journée.

 

6 février 1918

 

L’artillerie de tranchée française effectue des tirs de destruction sur les organisations adverses de 1ère ligne. L’ennemi riposte vivement.

 

Dans l’après-midi, les Allemands envoient une cinquantaine de petits minen sur le secteur de Violu nord.

 

Plusieurs patrouilles de surveillance et de vérification sont envoyées tout au long de la journée.

 

7 février 1918

 

Contrairement à ce qui s’est passé la veille, l’activité des deux artilleries reste faible sur l’ensemble de la journée. Mais dans la soirée, il y a quelques tirs sur 907, le Violu et la place Mandray.

 

907

 

Au fil des heures, les hommes s’affairent à leurs tâches, ils posent des réseaux, entretiennent les tranchées et achèvent l’aménagement des G.C..

 

Des exercices d’alerte aux gaz se déroulent au G.C.3 (49-77) et au G.C.4 (48-79).

 

Les 8e et 12e compagnies du C.I.D. du 149e R.I., qui se sont mises en mouvement la veille, s’installent dans des bâtiments de la caserne Kellermann à Saint-Dié.   

 

8 février 1918

 

Les Allemands ripostent dans le sous-secteur A en réponse aux tirs de l’artillerie française. De 13 h 00 à 15 h 00, des minen de tous calibres (une centaine, dont 25 de 240) et une quarantaine d’obus de petit et moyen calibre tombent particulièrement sur les points 50-87, 51-88, 49,83,  sur l’abri 40-65, sur 40-83, sur la tranchée de résistance entre 48-85 et 48-86 et sur le boyau central, entre la tranchée de surveillance et la tranchée de résistance.

 

Les patrouilles habituelles sortent pour vérifier l’état des défenses.

 

Violu_5

 

Les hommes posent du fil de fer. Certaines tranchées sont approfondies.

 

Il y a une sérieuse remise en état des tranchées des P.A. qui se trouvent dans les secteurs de Violu centre et de Violu nord. Celles-ci ont été particulièrement bouleversées par les bombardements ennemis.

 

Des mouvements de relèves intérieures se déroulent dans le secteur du C.R. Grande Goutte.

 

9 février 1918

 

Un tir d’artillerie allemand de minen a lieu de 11 h 00 à 12 h 00 sur le Violu, en réponse à l’artillerie de tranchée française (environ 200 coups).

 

Des patrouilles de vérification de réseaux et de surveillance sont envoyées dans le no man’sland. L’une d’entre elles qui effectue sa sortie entre 14 h 00 et 16 h 30 trouve des traces de pas récentes, ainsi que des journaux allemands, sur son itinéraire au-devant du P.A. Grande Goutte.

 

Une relève intérieure s’effectue dans le secteur du C.R. Violu.

 

10 février 1918

 

La matinée est assez calme. Dans l’après-midi, l’activité des deux artilleries se fait plus violente que celle de la veille. De très nombreux avions survolent le secteur.

 

En riposte aux tirs de l’artillerie de tranchée française, les Allemands envoient des grenades à ailette, des minen de tous calibres et des rafales d’obus de petit et moyen calibre sur le C.R. Violu et sur celui de la Cude.

 

Comme à l’accoutumée, les patrouilles de surveillance et de vérification de réseaux effectuent leurs missions de contrôle.

 

Une relève intérieure  à lieu dans le C.R. la Cude.

 

11 février 1918

 

D’importants travaux d’aménagement ont lieu dans les C.R. occupés par le 149e R.I. à partir de cette date.

Du côté du C.R. la Cude :

 

Le boyau Perrein est approfondi. L’abri 51-92 est amélioré. Une guérite blindée est installée au débouché nord-ouest du boyau Servant. Un important boyau est approfondi dans le secteur du nouveau P.C. de la Cude.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Le  boyau reliant l’abri du collet 907 aux emplacements de pièces d’artillerie est prolongé. Les hommes construisent un emplacement pour les mitrailleuses contre avions en 46-38.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Le boyau est de 1007 est décapé. Les travaux des abris en 41-68, au Clésio, en avant de 1022 et de l’abri C de 1022, se poursuivent. Les emplacements de mitrailleuses en 38-71, et ceux qui se trouvent vers la borne 2648 en 39-66 sont aménagés.

 

Une conférence sur le nouvel appareil respiratoire de sûreté contre les gaz toxiques a lieu à la caserne Kellermann de Saint-Dié.

Au cours de la journée, il y a un blessé léger non évacué au 149e R.I..

 

12 février 1918

 

Les mouvements nécessaires pour réaliser le dispositif prévu par la note n° 353/3 du 8 février (21e C.A.), fixant la nouvelle limite entre la 167e et la 43e D.I., ont été effectués dans la nuit du 11 au 12.

 

À 12 h 30, l’artillerie de tranchée allemande riposte à la nôtre sur les pentes du Violu et dans le secteur de 907 avec des tirs de minen de tous calibres. Les tirs sont tout de même moins violents que ceux qui ont eu lieu dans  les jours précédents.

 

Poursuite des chantiers commencés la veille dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Il y a une forte activité dans le secteur du boyau qui rejoint l’abri du collet 907. Les abris qui se trouvent en 32-30, 34-35, 38-36 sont consolidés.

 

Violu_6

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Le décapage du boyau 1007 (35x080x020)  est en cours. Il faut creuser un boyau à la borne 2644. Les travaux concernant les abris de la Roche du Diable, de l’abri placé en avant de 1022, de l’abri du Clésio et de l’abri du réduit 1022,se poursuivent.

 

L’abri 3871 et l’emplacement de mitrailleuses au point 1025 sont terminés.

 

Des mouvements de relève intérieure sont effectués.

 

Des exercices de port de masque et de vérification des appareils de protection contre les gaz sont réalisés pour les unités du 149e R.I. qui se trouvent dans le C.R. Grande Goutte.

 

Un soldat de la 10e compagnie du 149e R.I. est blessé accidentellement par une grenade.

 

13 février 1918

 

Des patrouilles de reconnaissances et d’embuscades sont envoyées dans le sous-secteur A.  Celles-ci n’empêchent pas les habituelles patrouilles de surveillance et de vérifications des réseaux d’accomplir leurs missions quotidiennes.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

Le boyau 50-93 reliant le boyau Servant est approfondi. Le boyau de la Cabane est déblayé. Le P.C. Violu nord est remis en état. L’abri à munitions du P.C. Masséna est aménagé. Les travaux concernant l’abri de bombardement de la Cude continuent.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Des réparations importantes sont nécessaires pour pallier aux dommages causés par les bombardements allemands.

 

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Le boyau est de 1007 continue d’être creusé. Un autre boyau reliant l’abri C à l’emplacement de mitrailleuses est en construction. L’abri  « Coq de Bruyère » est refait.  De nouveaux abris sont réalisés à la Roche du Diable, au Clésio et à 1022. L’emplacement de tir contre avions en 26-45 est en voie d’édification.

 

 L’emplacement de mitrailleuses prévu en 37-71 est terminé ainsi que le boyau qui donne accès à l’abri C en 1002.

 

Il y a deux blessés au 149e R.I..

 

14 février 1918

 

La journée reste calme. La visibilité est quasiment nulle suite à un brouillard très épais qui empêche l’artillerie de faire son travail.

 

L’ennemi s’active une bonne partie de la nuit dans le secteur de la tranchée de Constantinople, vers 51-81.

 

Les patrouilles habituelles de surveillances et de vérification de réseaux ne remarquent rien de particulier. Une d’entre elles a tout de même trouvé quelques grenades allemandes vers 46-67, à proximité du P.A. Grande Goutte, laissant supposer une visite inopinée de l’ennemi dans le secteur.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

Continuation des abris aux ouvrages à l’ouest de R.88  du  P.C. de combat de la Cude.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Les hommes creusent pour commencer un boyau qui doit relier la tranchée 21 bis (47-79) à l’emplacement de pièces d’artillerie 8 bis.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Les travaux de construction des abris qui se trouvent dans le secteur de Coq de Bruyère et de la Roche du Diable continuent d’avancer.

 

Le boyau situé vers 26-44 est allongé de 15 m.

 

Continuation d’un boyau vers l’emplacement  de pièces en avant de 1022. Il faut également aménager deux emplacements de pièces à la côte 1007.

 

15 février 1918

 

Quelques minen tombent sur le Violu peu avant 6 h 00.

 

Vers 8 h 00, des petits groupes de deux ou trois Allemands en casquette sont aperçus devant le C.R. la Cude. Quelques coups de fusil les font rapidement disparaître.

 

Poursuite des travaux dans le secteur du 149e R.I. :

 

Du côté du C.R. la Cude :

 

Les travaux engagés dans le boyau Perrein et dans les boyaux reliant le camp de la Cude aux positions de combat sont toujours en cours. Un abri est construit sur les deux pentes nord-ouest de R 88 (45-98) du P.C. de bombardement de la Cude.

 

Du côté du C.R. Violu :

 

Les emplacements des mitrailleuses prévus au collet 907 sont toujours en cours de réalisation.

 

Du côté du C.R. Grande Goutte :

 

Les travaux concernant les abris en 50-96., au P.C. Grande Goutte, à Coq de Bruyère, à la Roche du Diable, au col Nima, au Clésio et en 1022,continuent.

 

De nouveaux aménagements d’emplacements de mitrailleuses sont prévus en 38-71, en 27-57 et 33-57.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes Réf : 26 N 344/7.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.

 

Le fond de carte utilisé pour toutes les illustrations provient du J.M.O. du 112e R.I.T.. Cette carte peut se consulter sur le site « Mémoire des Hommes ». Référence du J.M.O. du 112e R.I.T. : 26 N 796/15. 

 

Un grand merci à  M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

17 avril 2015

Une condamnation à mort au 149e R.I..

Michel_Franssen

Un très grand merci au petit fils du lieutenant-colonel Gothié, qui me donne à nouveau son autorisation de publier ici des documents familiaux.

Dans les archives de son grand-père, il a retrouvé une simple feuille sur laquelle est inscrite la terrible destinée d’un soldat du 149e R.I. nommé Michel Franssen. 

Une_condamnation_a_la_peine_de_mort

Une lettre très émouvante rédigée par la sœur de Michel Franssen est fixée derrière ce document avec une modeste épingle usée par le temps. En voici le contenu :

Vendredi 15 janvier 1915

Monsieur le commandant du 149e Régiment,

Encore toute bouleversée de la lettre qui me revient avec cette inscription : prévention conseil de guerre, lettre que j’avais adressée à mon frère, je viens étant l’ainée de tous, vous demander ce que ce garçon, un si bon fils, et un si bon père, a bien pu faire pour se mettre dans semblable cas, lui qui partait avec tant de courage.

Institutrice à Champigny, je tiens une association, une institution de jeunes filles, voyez d’ici Monsieur le commandant, l’effet produit par cette lettre ! Depuis, je suis nuit et jour en larmes, ne m’expliquant qu’une chose, c’est que ce garçon, grand travailleur, très aimé au « Matin » où il est  chef correcteur, habitué à commander, très surexcité par son métier, a dû se laisser aller à une de ses colères, comme parfois il en a chez lui. Lui qui écrivait de très belles lettres à notre mère, pleine de stoïcisme et d’espoir en leur retour. Pauvre mère, malade depuis trois mois, c’est la mort si une lettre à elle lui revient avec une mention comme celle que j’ai reçue. Aussi, Monsieur le commandant, si au milieu de vos grandes occupations, de vos nombreux soucis, il vous était possible de me faire répondre, je vous en serais infiniment reconnaissante.

Veuillez agréer, Monsieur le commandant, avec mes respects, mes bien sincères remerciements.

Institutrice, officier d’académie.

55-56 rue des Sapins

Plant Champigny

Mais que s’est-il vraiment passé avec Michel Franssen ?

Le 15 novembre 1915, la 12e compagnie du 149e R.I., sous les ordres du capitaine Gruneïssen, est chargée de défendre un terrain situé au sud du canal d’Ypres à environ 100 m à l’ouest du château d’Hollebeke. La 4e section dans laquelle est intégré le soldat Michel Franssen est positionnée à la gauche de la compagnie.

Ce jour-là, vers 16 h 00, au cours d’un violent bombardement sur les tranchées françaises, le soldat Franssen quitte son sac et son fusil pour s’enfuir vers l’arrière, malgré la demande ferme de son caporal d’escouade qui lui ordonne de reprendre sa place. Ce soldat se retrouve rapidement dans le secteur du 31e B.C.P.. Il fait savoir, à bon nombre de chasseurs, que l’ennemi a renversé le 3e bataillon de son régiment et qu’il ne reste personne dans les tranchées, les hommes s’étant enfuis ou ayant été faits prisonniers. Cette information est, bien sûr, totalement inexacte !

Une plainte est déposée par le lieutenant-colonel Jules Escallon qui commande le 149e R.I. depuis le 3 septembre 1914.

Le soldat Franssen est mis aux arrêts. Une enquête est menée avant qu’il ne soit traduit devant le conseil de guerre de la 43e D.I. qui siège à Bouvigny, dans le Pas-de-Calais.

Condamné à mort le 5 janvier 1915, il voit cette peine commuée en dix années d’emprisonnement à la suite d’une ampliation d’un décret datant du 4 février 1915.

Le document accordant sa « grâce » est signé par le président de la République Poincaré et par le ministre de la Guerre Millerand.  

Après avoir pris connaissance de ce nouveau verdict, Michel Franssen est envoyé au pénitencier militaire de Gaillon, pour y purger sa peine. En septembre 1915, il fait une demande écrite pour réintégrer une unité combattante. Celle-ci est transmise, avec l’avis favorable du commandant du fort, aux autorités compétentes. Il obtient une réponse positive à sa requête. La peine qu’il lui reste à effectuer est aussitôt suspendue jusqu’à la fin des hostilités.

L’homme sait qu’il va devoir retourner au front, l'idée étant qu'il se rachète de sa faute par son action.

En octobre 1915, le soldat Franssen est affecté au 158e R.I., le régiment frère de brigade du 149e R.I.. Il quitte le département de l’Eure certainement « bien encadré » pour éviter tout risque de fuite… Une fois intégré dans sa nouvelle unité, il ne pourra, en aucun cas, faire valoir son statut de territorial pour essayer d’obtenir une autre mutation ailleurs.

Il est tué au combat le 31 mars 1916 à Verdun.

Le nom de ce soldat est gravé dans la pierre du monument aux morts de la ville d’Aulnay-sous-Bois.

Qui était Michel Franssen ?

Né de l’union de Gustave Nicolas Auguste Franssen et de Clémence Jatot, Michel voit le jour le 10 septembre 1878 au Pré Saint-Gervais, une commune située au sud du département de la Seine-Saint-Denis.

Son père exerce, dans un premier temps, la profession de correcteur, avant de devenir libraire. C’est un militant proche des libertaires.

Dictionnaire_des_militants_anarchistes

Durant son jeune âge, Michel Franssen a certainement côtoyé Sébastien Faure, Émile Pouget et Albin Villeval.

Michel Franssen épouse Marie Marguerite Jeanne Mathis. De cette union naîtront deux enfants.

Chef correcteur d’imprimerie à Paris, il est fait officier d’académie en même temps que sa sœur. Publication dans le J.O. du 10 février 1914.

Gallica

Soldat de la classe 1900 de tirage de la subdivision de la Seine avec le numéro 133, il appartient à la classe 1898 par son âge. En vertu d’une convention passée entre la France et la Belgique, pays d’origine de son père, il effectue une année de service militaire dans l’armée française. C’est avec le statut de territorial qu’il est intégré au 149e R.I. au début du conflit. Il arrive à Dickebuch le 9 décembre 1914, sans aucune expérience du front. Dès le lendemain, à la tombée de la nuit, il est envoyé avec sa compagnie, dans une tranchée de première ligne. Il y reste jusqu'au moment où il est pris d'une crise de panique.

Sources :

Documents et informations communiquées par la famille descendante du lieutenant-colonel Gothié.

Archives et dossier de condamnation consultés aux Services Historique de la Défense de Vincennes.

Le journal officiel du 10 février 1914 a été consulté sur le site de la bibliothèque numérique « Gallica ».

Dossier des recours en grâce de condamnés à mort 1900-1916 :

Dossiers_de_recours_en_gr_ce

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à D. Gothié, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 avril 2015

Deux lettres rédigées par le colonel Boigues en juin 1918.

Colonel_Boigues_2

Le colonel Boigues vient d’être informé de l’état de santé du capitaine Gérard par un courrier envoyé par le capitaine Alexandre de Parseval. L’officier, qui commandait le 149e R.I. il y a encore quelques mois, n’est pas vraiment au courant de la gravité de la blessure infligée à son ancien subordonné. Une lettre rédigée par le capitaine Gérard et sa mère lui parvient quelques jours plus tard… Malgré sa charge de travail, il s’empresse de répondre le jour même.

24 juin 1918

Cher ami,

Votre lettre m’arrive ce matin et je veux m’arracher au monceau de papiers qui encombre ma table, pour vous dire combien je suis désolé de vous savoir si douloureusement atteint.

Je vous félicite bien vivement, et de votre belle conduite qui ne m’étonne pas connaissant votre ardeur et votre dévouement sans borne et aussi, de la distinction dont vous venez d’être l’objet et que vous avez si bien méritée.

Très bon courage, confiance et patience, les beaux jours reviendront après la souffrance. C’est un mérite de plus à ajouter aux vôtres que de la supporter par amour pour notre belle France.

J’ai des moments de tristesse quand je me vois confiné à une besogne de bureau alors que je pourrais, dans la vie active, rendre de meilleurs services. J’en arrive à comprendre le sentiment des gens qui considèrent les E.M. comme une caste à part. À citer ces officiers qui y sont, parce qu’indispensables, il y en a aussi d’autres, j’en suis certain, qui y trouvent le filon. C’est une réalité qu’il faudrait faire disparaître, qui est d’autant plus fâcheuse qu’elle prédispose les corps de troupe à juger indistinctement tous les états-majors en bloc.

J’ai eu des nouvelles du 149e R.I. par de Parseval. Il m’avait annoncé votre blessure sans rien préciser. Il me dit aussi que son frère André a été blessé à la jambe et il ajoutait que le régiment s’était couvert de gloire.

J’ai écrit à Husson, pour avoir des nouvelles de tous mes vieux camarades.

Ne vous fatiguez pas à m’écrire. Priez simplement un de vos voisins de m’envoyer de vos nouvelles, car je serais désolé que vous preniez quelque peine à mon sujet.

Vous voudrez bien présenter à Madame votre mère, qui a bien voulu ajouter quelques mots à votre lettre, mes remerciements et respectueux hommages.

Sa présence doit être pour vous un rayon de soleil et un puissant réconfort.

Bien affectueusement à vous,

Mes meilleurs souhaits de rétablissement,

Quelques jours plus tard, le colonel Boigues apprend le décès du capitaine Gérard, il rédige une lettre à la mère du jeune homme.

4 juillet 1918

 Madame,

La poste m’apporte aujourd’hui votre lettre et je veux sans tarder, en vous exprimant la part très vive que je prends à votre douleur, vous apporter le témoignage de ma profonde et respectueuse sympathie.

J’avais, pour le capitaine Gérard, une véritable affection, basée sur les grandes qualités morales qu’il possédait, sur son absolu dévouement, sur la conception si nette et si élevée qu’il se faisait du devoir.

Très instruit, très doué, très intelligent, la vie semblait lui sourire et lui permettre de belles destinées.

Que, du moins, la pensée qu’il meure en héros, pour notre chère France, soit un adoucissement à votre chagrin, ainsi que la certitude que tous ceux qu’il a connus éprouvent aujourd’hui les mêmes amers regrets.

Dieu lui a donné sûrement la récompense de ses mérites.

Veuillez agréer, Madame, l’expression de mes respectueux hommages.

Croyez à mon plus fidèle souvenir.

Colonel Boigues Chef d’E.M. du 16e C.A. secteur postal 138.

Un grand merci à M. Bordes et à A. Carobbi.

3 avril 2015

Paul Marie Gustave Boigues (1864-1950).

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Paul Marie Gustave Boigues voit le jour le 27 mai 1864 dans la ville portuaire du Havre. Il naît dans une chambre du domicile de son aïeul maternel, qui est situé au n° 65 de la rue de la Côte. À sa naissance, son père Pierre Gabriel est un jeune propriétaire qui est âgé de 28 ans et sa mère, Esther Marie Quesnel, une femme âgée de vingt ans. Ses parents vivent au n° 12 de la rue Roquepine dans le 8e arrondissement parisien. Pierre Gabriel et Esther auront également deux filles, Claire et Édith.

Après avoir obtenu son baccalauréat ès lettres complet, le jeune homme poursuit ses études. Élève au collège Stanislas de l’université de France, il tente et réussit le concours d’entrée de l’école spéciale militaire. Le 27 octobre 1883, Paul Marie Gustave Boigues se rend à la mairie de Nevers pour venir signer un engagement volontaire, d’une durée de cinq ans, avec l’armée.

Saint-Cyrien de la promotion Madagascar, l’élève Boigues débute sa formation d’officier au début du mois de novembre 1883. Nommé caporal le 1er avril 1885, il sort de l’école avec le n° 62 sur 411. Une fois son diplôme obtenu, le sous-lieutenant doit rejoindre la Haute-Normandie où il est attendu au 74e R.I. en octobre 1885.

Une carrière militaire bien remplie

Le 7 mars 1889, Paul Marie Gustave Boigues est nommé lieutenant. Il doit passer au 5e R.I. qu’il ne rejoint pas, ayant été maintenu au 74e R.I. quelques jours plus tard. En 1887, il suit les cours de l’école de tir de Châlons, obtenant à la sortie le n° 9 sur 63 élèves et la 6e mention honorable, avec citation au bulletin officiel.

Très bien noté dans son régiment, il est admis à suivre les cours de l’école supérieure de guerre ; il s’apprête à quitter la ville de Rouen, où il est resté 9 ans, pour rejoindre Paris où il débute sa nouvelle formation le 1er novembre 1892.

Le 31 octobre 1894, les cours théoriques s’achèvent. Élève brillant de la 18e promotion, il obtient son brevet d’état-major avec la mention « très bien ».

Le lieutenant Boigues va devoir maintenant effectuer son stage pratique. La veille de Noël 1894, il est promu au grade de capitaine. Après ses trois mois de congé de fin de cours, il se retrouve comme stagiaire à l’état-major du gouvernement militaire de Paris, pour une durée de deux ans.

Au cours de cette période, il doit effectuer deux stages de trois mois. Le premier, du 1er juillet au 30 septembre 1895 à la 1ère batterie du 13e R.A.C, le second en 1896 dans un régiment de cavalerie.

Pendant ces deux années, il est rattaché successivement aux 93e, 65e et 101e régiments d’infanterie (des unités où il n’a très vraisemblablement jamais mis les pieds, car ce type de rattachement s’apparentait plutôt à une organisation administrative).

Une fois son stage terminé, il est muté au 24e R.I. de Bernay à partir du 3 novembre 1896. Le capitaine Boigues prend le commandement d’une compagnie pendant une durée de deux ans.

Le 13 janvier 1898, il épouse Louise Adrienne Laure Jonquoy qu’il conduit à la mairie parisienne du 8e arrondissement. De cette union naîtront 7 descendants et descendantes, André, René, Simone, Gérard, Pierre, Jacqueline et Monique. André et Simone ne survivront pas à la petite enfance.

Le 26 décembre 1898, le capitaine Boigues est rattaché au 8e R.I. à Saint-Omer. Il y a de fortes probabilités pour que cet officier ne soit pas passé réellement par ce régiment ; il y a été probablement affecté pour libérer une place au 24e R.I. et pour en combler une au 8e R.I. en attendant qu’un poste soit disponible au 6e C.A..

Fort de son expérience et de sa formation d’officier supérieur, il  intègre l’état-major du 6e C.A qui se trouve à Châlons-sur-Marne, le 25 janvier 1899. Il est aussitôt mis hors cadre. Le 16 octobre 1900, l'homme gagne la ville d’Amiens pour devenir l’officier d’ordonnance des généraux de Torcy puis Gillet, qui commandent successivement la 3e division d’infanterie. Le 24 juin 1906, le capitaine Boigues est mis hors cadre à l’état-major de cette division.

Le 24 décembre 1907, il peut fixer un quatrième galon sur sa vareuse d’officier. Cette promotion l’amène à Béthune, une commune du Pas-de-Calais qui approche les 14 000 habitants. Il pose sa cantine de soldat au 73e R.I où il va devoir accomplir son temps de troupe à la tête d’un bataillon durant trois années complètes. Le 24 décembre 1910, le commandant Boigues, qui vient d’être mis hors cadre à l’état-major du 1er C.A. qui se trouve à Lille, prend la direction de la section territoriale.

Promu au grade de lieutenant-colonel le 23 juin 1914, il est d’abord affecté au 44e R.I., qu’il ne rejoint pas, puis le 9 juillet, au 60e R.I. où il exerce les fonctions de commandant en second.

Au 260e R.I.

Le lieutenant-colonel Boigues est à peine installé à Besançon lorsque débute le conflit contre l’Allemagne. Le 2 août 1914, cet officier prend le commandement du 260e R.I., un régiment constitué à partir des classes de la réserve.  

Avec ses 5e et 6e bataillons, il occupe un secteur à l’est de Belfort de la fin août 1914 au début du mois d’octobre 1915.

Le commandant du régiment apprend qu’il va devoir se préparer à quitter le territoire français. Le 260e R.I. prend la direction de Toulon pour être embarqué sur le Lutetia, un paquebot de la compagnie sud-atlantique, converti en croiseur auxiliaire et transport de troupes pour circonstance de guerre.

Le navire quitte le port de Toulon le 16 octobre 1915 en fin d’après-midi. Après une traversée sans histoire, le Lutétia jette l’ancre dans le port de Salonique le 20 octobre dans la soirée. Le régiment débarque le lendemain. Il est transporté à Demir-Kapou où il est chargé d’organiser la défense d’un secteur. Devant la poussée bulgare, il se replie au début du mois de décembre sur Salonique où il prend part, avec son régiment, à l’organisation et à la défense du camp retranché sur la rive gauche du Galiko.

Le 5 mai, il change de secteur pour se porter dans le Krusabalkan. Paul Marie Gustave Boigues participe à la prise de Florina en septembre 1916 et aux combats qui se déroulent devant Monastir en septembre et octobre 1916.

Épuisé, atteint de paludisme il est évacué une première fois sur l’hôpital français de Salonique du 26 août au 2 septembre 1916.

Le 2 novembre, le lieutenant-colonel Boigues est à nouveau soigné à l’ambulance alpine n° 7. Il y reste jusqu’au 14 novembre 1916. Pour lui, la campagne d’Orient est terminée. Avant de retourner en France par voie de mer, il est pris en charge par les médecins de l’hôpital temporaire de Salonique n° 6 du 15 au 21 novembre 1916.

Arrive le temps d’une longue convalescence. Celle-ci va durer jusqu’à la fin du mois de mars 1917. De nouveau en état de travailler, Paul Marie Gustave Boigues dirige les dépôts divisionnaires du 7e C.A. du 20 avril 1917 au début du mois de mai 1917, cela en attendant d’être totalement rétabli et de pouvoir prétendre à un nouveau commandement de régiment.

Au 149e R.I.

Nommé au commandement du 149e R.I. par décision du général en chef numéro 5589 en date du 6 mai 1917, il se met en route le 10 mai pour rejoindre son nouveau régiment, qui se trouve dans le secteur de Villersexel. Le 12 mai, il remplace le lieutenant-colonel Paul Francis Pineau.

Pendant plusieurs mois, il occupe, avec son régiment, un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison situé à l’extrême gauche du chemin des Dames, du côté de Billy-sur-Aisne, Jouy, Aizy et des les fermes Hameret et du Toty, pour ne citer que ces noms.

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Le lieutenant-colonel Boigues sur le mont des Roches en 1917

Paul Marie Gustave Boigues suit le cours spécial d’emploi militaire des gaz, qui se déroule à Paris du 12 au 14 juillet 1917.

Cet officier est promu colonel, à titre temporaire, le 25 août 1917 par décision du général commandant en chef en date du 11 août 1917.

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Il mène ses 3 bataillons à  la bataille de la Malmaison le 23 octobre 1917, avec succès. C’est la seule grande attaque qu’il conduit avec ce régiment.

Une fois les combats terminés, le 149e R.I. gagne une zone de repos à l’ouest de Montmirail. Début décembre, le colonel Boigues est informé que son régiment doit être transporté par voie ferrée dans la région de Vesoul, avant d’être dirigé vers la frontière suisse pour y effectuer des travaux de secondes lignes

Le 19 décembre 1917, le colonel Guy qui commande l’ I.D. 43 écrit ceci : « Chef de corps d’une réelle valeur personnelle, commande avec beaucoup de doigté et de fermeté grâce à son excellente éducation, actif, payant de sa personne sur le terrain du combat comme de l’instruction. A un jugement militaire très avisé et très sûr. A conduit brillamment son régiment à la bataille de la Malmaison (23 octobre) et a été cité à sa tête. Par sa valeur personnelle et son savoir militaire, le colonel Boigues est apte à rendre d’excellents services dans des fonctions supérieures à celles qu’il exerce en ce moment. »

Les hommes du colonel Boigues quittent la Franche-Comté dans la seconde moitié du mois de janvier 1918,  pour venir s’installer dans les Vosges, du côté du mont Violu et de la Cude. Le commandant du 149e R.I. s’installe au P.C. Brial.

C’est au cours de cette période que le colonel Boigues va devoir faire ses adieux au régiment spinalien. Le 19 mars 1918, il laisse le commandement du 149e R.I. entre les mains du lieutenant-colonel Pierre Vivier.

Au XVIe C.A., l’après-guerre et la fin de carrière

Nommé chef d’état-major du 16e C.A. par décision du général commandant en chef n° 17761, en date du 16 mars 1918. Il se met en route le 29 mars 1918 pour rejoindre le quartier général du 16e C.A. le lendemain.

Paul Marie Gustave Boigues devient colonel à titre définitif le 19 avril 1918.

Par décision ministérielle du 16 octobre 1919, le colonel Boigues est affecté comme premier poste d’après-guerre à l’état-major du 16e C.A., comme chef d’état-major, sous les ordres du général Deville.

Le 22 février 1921, il commande provisoirement la 22e brigade d’infanterie et les subdivisions de Toul et de Neufchâteau.

Nommé général de brigade le 21 mars 1922,  il cesse d’exercer son commandement le 15 mai 1922, à l’aube de ses 58 ans.

Paul Marie Gustave Boigues décède le 16 décembre 1950 à Paris.

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur le 30 décembre 1909.

Officier de la Légion d’honneur le 1er octobre 1917.

Commandeur de la Légion d’honneur le 9 novembre 1927.

Croix de guerre avec 3 palmes, une étoile de vermeil et une étoile d’argent.

Citations obtenues :

Citation à l’ordre de la place de Belfort n° 50 du 7 décembre 1914 :

« A fait preuve, au cours du combat d’Ammertzwiller, d’une énergie et d’une témérité au dessus de tout éloge, en amenant, à trois reprises différentes, sa troupe jusqu’aux réseaux de fil de fer d’un village puissamment organisé.»

Citation à l’ordre de la 57e D.I. n° 28 du 3 janvier 1916 :

« Pour le calme, le sang-froid et la méthode dont il a fait preuve dans le commandement de son régiment, arrière garde de la division battant en retraite sur le défilé de Demir Kapou et pour les bonnes dispositions qu’il a prises et exécutées jusqu’au bout, pour protéger les destructions qui ont été faites dans ce défilé et en avant, afin de retarder la marche de l’ennemi, et lui ôter tout moyen de se servir du chemin de fer après nous.»

Citation à l’ordre de l’armée n° 83 en date du 23 octobre 1916 :

« À la tête du 260e R.I. qu’il commande avec une haute autorité, a puissamment contribué à la prise de Florina et des hauteurs au nord-ouest de cette ville. A atteint tous les objectifs qui lui ont été assignés tout en réduisant ses pertes au strict minimum.»

Citation à l’ordre de la  VIe armée n° 529 en date du 13 novembre 1917 :

« Le 149e R.I., régiment d’avant-garde ayant un long passé de gloire : sous les ordres du colonel Boigues s’est distingué, une fois de plus, le 23 octobre 1917, en s’emparant, dans un élan irrésistible, de positions puissamment organisées sur plus de trois kilomètres de profondeur. Malgré de lourdes pertes en officiers, a mené le combat jusqu’au bout avec la même ardeur, la même cohésion, brisant toutes les résistances et atteignant tous les objectifs assignés, a fait sept cents prisonniers et capturé dix-neuf canons, dont dix lourds, cinquante-quatre mitrailleuses et une grande quantité de matériel.»

Citation à l’ordre de l’armée, ordre général n° 573 en date du 24 novembre 1918 :

« Chef d’état-major d’une activité inlassable et d’une belle crânerie qui a donné, en toutes circonstances, l’exemple d’abnégation, du courage et du mépris du danger ; a exécuté sur l’Ailette et dans la vallée de la Serre, au mois d’octobre 1918, dans des régions violemment bombardées et ypéritées, des reconnaissances très hardies qui ont procuré au commandement des renseignements précieux. »

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

J.M.O. de la 43e D.I. sous-séries 26 N 344/6, 26 N 344/7 et 26 N 344/8.

J.M.O. du 260e R.I. : sous-séries 26 N 730/7 et 26 N 730/8.

Historique du 149e R.I.. Épinal Klein 1919.

La photographie de la salle à manger du P.C. Caen est extraite de l’historique du 149e R.I. (version luxe).

Une grande partie des informations concernant la famille de Paul Marie Gustave Boigues ont été trouvées sur le site « Généanet ».

Pour en savoir plus :

Le lieutenant-colonel Boigues possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter en cliquant une fois sur l'image suivante :

Site_base_Leonore

J.M.O. du 16 e C.A. : sous-séries 26 N 160/5, 26 N 160/6, 26 N 160/7 et 26 N 160/8.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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