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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 janvier 2015

Albert Dargent (1886-1914).

Albert_Dargent

Albert Dargent est né le 20 février 1886 dans la petite commune vosgienne de Bulgnéville. À sa naissance, son père Nicolas, un ancien militaire, est  âgé de 48 ans qui exerce la profession de percepteur ; sa mère, Angéline Bourgeois, est âgée de 29 ans.

La fratrie est composée d’Albert, d’un frère qui deviendra pharmacien et d’une sœur qui épousera un officier de réserve.

À 18 ans, il signe un contrat de 3 ans avec l’armée à la mairie d’Épinal. Ce jeune homme doit se rendre à la caserne Courcy pour intégrer le 149e R.I. après avoir apposé sa signature sur son acte d’engagement. Nous sommes au tout début du mois de mars de l’année 1904.

Le soldat Dargent devient caporal le 22 septembre de la même année. Il est, à ce moment-là, dans la 11e compagnie. Un an plus tard, il obtient ses galons de sergent. Le 17 avril 1906, il doit renouveler son contrat. Cette fois-ci c’est pour une durée de deux ans. Cet engagement prend effet à compter du 29 février 1907. Par la suite, il signe systématiquement pour des périodes beaucoup plus courtes, périodes qui correspondent à une année et où il se doit d’assumer son rôle de sous-officier.

Albert Dargent exerce les fonctions de sergent-fourrier à deux reprises. Une première fois du 1er février au 1er juin 1907, une seconde fois du 10 mai 1912 au 2 janvier 1913.

Tout au long de sa carrière de soldat, ce jeune homme est confronté régulièrement à l’autorité de ses supérieurs, par des manquements à la discipline. Souvent consigné au quartier, il se retrouve parfois aux arrêts simples, parfois à faire des séjours en salle de police. Et oui, la discipline c’est vraiment du sérieux !

1904 

1er Octobre 

15 jours de salle de police donnés par le colonel :

Motif : Malgré les ordres donnés et renouvelés, s’est désintéressé de l’état de son poste à l’arrivée et y a laissé faire des dégradations.

1905

9 Avril

4 jours de consigne au quartier donnés par le sergent de garde :

« Étant de semaine, est venu en retard répondre à l’appel des punis et sans savoir qu’il avait des punis à présenter.

15 mai

4 jours de consigne au quartier donnés par un sergent :

« N’a pas désigné d’homme de corvée, pour aller chercher le café des hommes de son escouade et par suite de retard apporté par ce fait, n’a pas fait préparer ses hommes pour le rassemblement de la compagnie. »

Le capitaine  transforme cette punition en 2 jours de salle de police.

16 décembre 

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« Malgré trois sonneries successives, n’a pas rassemblé à l’heure prescrite, une corvée qui lui avait été commandée la veille. Cette corvée est partie avec un retard de 25 minutes. »

1906

6 septembre

4 jours de salle de police donnés par un capitaine :

« S’est présenté à l’inspection de cet officier avec des vêtements qui n’avaient pas été brossés depuis le tir et s’est complètement désintéressé de sa section pendant tout l’après-midi. »

22 septembre

3 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant :

« Malgré une consigne écrite et affichée au poste, a  remis à un caporal, un homme puni de prison, sans l’autorisation de ses sous-officiers. Cet homme puni a manqué pendant une heure au peloton des punitions.»

Le lieutenant-colonel du régiment transforme cette punition en 4 jours de salle de police.

13 octobre

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« S’est désintéressé du rassemblement des réservistes devant partir à 11 h 20 et a obligé ce sous-officier à l’envoyer chercher. »

Le lieutenant-colonel du régiment transforme cette punition en 4 jours de salle de police.

1907

7 mai

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« N’étant pas venu à la sonnerie de son grade, a obligé ce sous-officier à l’envoyer chercher et a répondu sur un ton élevé à l’observation qui lui était adressée à ce sujet. »

24 juin

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Il n’a pas assuré la communication des ordres à cet officier. »

1er août

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant-vaguemestre :

« Étant de jour, s’est complètement désintéressé du courrier de sa compagnie.»

3 septembre

4 jours de salle de police donnés par le sergent :

« Ne s’est pas assuré si les hommes de sa section avaient de l’eau dans leurs bidons, au départ du cantonnement. »

Même jour, 4 jours de salle de police supplémentaires donnés par le chef de bataillon.

« A déclaré à cet officier supérieur qu’il ne s’était pas occupé d’assurer que sa section avait réalisé l’exécution des ordres donnés pour la préparation du café. »

6 septembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine de la compagnie :

« N’a pas fait raser tous les hommes de sa section pour la revue du capitaine. »

9 novembre

4 jours de salle de police donnés par l’adjudant :

« Ayant reçu l’ordre pendant le défilé de suivre les sections correspondantes de la compagnie précédente, a  dit à haute voix et sur un ton arrogant, « On pourrait commander changement de direction, c’est épatant ça ! »

20 novembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine :

« Étant de semaine, n’a pas accompagné le sergent-major à l’appel du soir et s’est désintéressé du rassemblement de la compagnie le lendemain matin.

Punition réduite à trois jours par le même capitaine. »

1908

15 février

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Est arrivé en cours de mathématique avec 55 minutes de retard. »

2 septembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Commandait un détachement, est passé devant cet officier sans le saluer.»

1909

16 avril

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« A dépassé de 4 heures la rentrée des sous-officiers.»

1910

3 février

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

«  Étant malade à la chambre, est sorti en ville sans autorisation, pour se faire couper les cheveux. »

24 février

4 jours de salle de police donnés par l’adjudant :

« S’est complètement désintéressé de la propreté des chambres de sa section (effets en désordre sur les lits, locaux malpropres) et a manifesté de la mauvaise humeur. »

18 mars

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« Avant son départ pour Corcieux, a remis à son successeur un registre de tir mal tenu et non à jour. »

2 avril

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine de tir :

« N’a pas accompagné au champ de tir la voiture transportant les cartouches et n’a pas rendu compte que la caisse  les contenant avait été cassée. »

16 octobre

2 jours de salle de police donnés par le chef de bataillon :

« Est sorti en ville sans arme après deux heures de l’après-midi. »

1911

20 mars

 2 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« Ayant reçu l’ordre de prendre le sac pour exécuter un tir d’application dans la position couchée, avait mis sac au dos sans en boucler les bretelles. »

1912

30 septembre

2 jours de salle de police donnés par l’adjudant de bataillon, chef de groupe de service :

« Appelé à la salle de police comme agent de liaison de sa compagnie, a manqué de déférence à l’égard de l’adjudant de service pour une attitude négligée et des réponses faites avec une indifférence affectée. »

Cette punition est transformée en 6 jours de salle de police.

1913

26 février

2 jours de salle de police donnés par le chef de bataillon :

« N’a pas commandé le caporal faisant partie du cadre des exercices physiques des services auxiliaires malgré une note dictée à la compagnie. »

17 mai

1 jour de salle de police donnés par le par le chef de bataillon :

 « Négligence dans le port du sabre au défilé malgré des observations préalables.»

Début septembre 1913, il accède au grade d’aspirant. Il vient tout juste de réussir le concours d’entrée qui va lui permettre de suivre les cours de l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent. Il intègre la 34e  promotion de l’école qui porte le nom de promotion de la Mobilisation. 

Les punitions continuent de tomber….

4 décembre

4 jours de salle de police donnés par le capitaine : 

«Causait à très haute voix et sans nécessité aucune pendant la manœuvre.»

Le 30 décembre, cet officier reçoit une lettre du ministre de la guerre qui vient le féliciter pour le zèle et le dévouement dont il a fait preuve dans l’organisation et le fonctionnement des œuvres coopératives de la troupe.

1914

7 mars

12 jours de salle de police donnés par le capitaine : 

« Étant chef de chambrée, comme un de ses camarades lui faisait remarquer à haute voix qu’il manquait encore de la graisse d’armes dans la chambrée, a répondu à tue-tête et bien tu m’emm… !

Cette punition est augmentée de 3 jours par le lieutenant-colonel de l’école. »

3 juin

2 jours de salle de police donnés par le capitaine 

« A fait une réflexion déplacée à une question que lui posait le lieutenant instructeur au moment de la désignation de son cheval.»

Cette punition est augmentée de 4 jours par le lieutenant-colonel de l’école.»

Une fois sa formation d’officier achevée, Albert Dargent qui vient tout juste d’être promu sous-lieutenant doit retrouver son ancienne unité. Le 4 août 1914 au soir, il rejoint, avec plusieurs autres officiers, le cantonnement du 149e R.I. qui se trouve dans le secteur de Vanémont. Le lendemain, le colonel Menvielle lui donne l’ordre d’intégrer la 8e compagnie pour prendre le commandement d’une section. Cette compagnie se trouve à ce moment-là sous l’autorité du capitaine de Chomereau de Saint-André.

Le sous-lieutenant Dargent participe aux combats qui se déroulent près de Wisembach. Sa carrière d’officier sera très brève puisqu’il trouve la mort, le 21 août 1914 dans le secteur d’Abreschviller. Il est, dans un premier temps, inhumé près de Voyer à 600 m de la ferme de La Valette, dans une tombe collective, avec 21 soldats français et sept soldats allemands.

En octobre 1920, la famille est informée du transfert de son corps dans le cimetière militaire d’Abrechvillers. Sa sépulture individuelle porte le n° 293.

Le sous-lieutenant Dargent a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre n° 44 de la X e armée du 11 janvier 1915 :

« A été tué le 21 août  à la tête de sa section qu’il entraînait au-devant d’une forte attaque ennemie débouchant à courte distance. »

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Albert Dargent provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue illustration.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

23 janvier 2015

André Fèvre (1895-1914).

Andre_fevre

Natif de la Côte d'Or, André Charles Robert Benjamin Fèvre voit le jour le 27 mars 1895 dans la ville de Dijon. À sa naissance, son père, Alphonse Nicolas, lieutenant du 8e train des équipages est âgé de 37 ans. Sa mère, Marie Amélie Humbert, est âgée de 23 ans. André est élève au lycée de Buffon dans le XVe arrondissement de Paris.

Il est admis comme élève à l’école spéciale militaire par décision ministérielle du 23 septembre 1913.

À peine âgé de 18 ans, le jeune André signe un acte d’engagement spécial aux jeunes gens reçus à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, le 29 octobre 1913, pour une durée de 8 ans. Encore mineur, son père est obligé de venir donner son consentement pour officialiser cet acte.

André Fèvre intègre la promotion de la Croix du Drapeau. Il est nommé aspirant le 8 novembre 1913.

Cette promotion ne terminera pas sa formation complètement. Quelques jours après la déclaration de la guerre avec l’Allemagne il est promu sous-lieutenant le 6 août 1914. Le 15 août 1914, il est affecté au 149e R.I.. Il arrive sur le front le 16 août 1914 pour intégrer la 11e compagnie. La période durant laquelle le sous-lieutenant Fèvre est engagé contre l’ennemi sera très brève. Il décède à Strasbourg le 21 août 1914, cinq jours après son arrivée au régiment !

Dans un premier temps, il est considéré comme disparu. Les autorités allemandes feront parvenir, par l’intermédiaire de la croix rouge internationale, des informations détaillées qui confirmeront le décès du sous-lieutenant Fèvre.

Personne n’a assisté le défunt durant ses derniers moments. Les morts sont restés 2 jours étendus sur le terrain avant qu’il soit possible de les inhumer. L’inhumation a lieu le dimanche 23 août dans l’après-midi entre 16 h 00 et 15 h 00 par les soins des habitants. Le sous-lieutenant Fèvre est enterré dans la fosse commune n° 3 au Freiwald, qui se trouve sur le territoire de Biberkirch, avec 27 autres soldats. La somme de 366 francs en billets et en or et un petit carnet de notes sont trouvés dans ses effets.

Après de nombreuses procédures administratives,son décès est officialisé en 1920.

Jusqu’en 1925, André Fèvre est enterré dans le cimetière provisoire d’Abreschviller. Le 3 juin 1925, son corps est exhumé d’une tombe qui porte le n° 400 ; celui-ci est déposé dans le cimetière national mixte « La Valette » d’Abreschviller où il repose sous la sépulture n° 36.

Actuellement, le sous-lieutenant Fèvre repose toujours dans ce cimetière. Sa sépulture porte le n° 36.

Sepulture_Andre_Fevre

Il est décoré de la croix de guerre avec une palme.

Citation  à l’ordre n° 70 de la Xe  armée en date du 31 mai 1915 :

« A été blessé mortellement au combat du 21 août 1914 à Abreschviller en se tenant debout au milieu de sa section pour inspirer confiance à ses hommes tandis qu’une très violente attaque ennemie tendait à ébranler leur moral. »

Son nom est inscrit sur une plaque commémorative qui se trouve à l’intérieur de l’église Saint-Pierre de Montrouge. Une église qui est située dans le 14e arrondissement de Paris.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Fèvre provient du tableau d’honneur de la guerre 1914-1918 publié par la revue « l’illustration ».

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Fèvre a été réalisée par J. C. Balla.

Un grand merci à M. Bordes, à J.C. Balla, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

16 janvier 2015

Paul le Brigant (1891-1914).

Paul_le_Brigant

Paul Marie Eugène le Brigant voit le jour le 9 septembre 1891 dans la ville bretonne de Saint-Malo.  Ce petit Malouin est le fils d’Yves et d’Anne Marie le Chevalier. Son père, un homme âgé de 30 ans, originaire de Trébeurden, exerce la profession d’officier d’administration. Il est absent le jour de la naissance de son garçon. C’est la sage femme qui vient déclarer l’enfant à la mairie de Saint-Malo.

Très vite séparé de sa famille, Paul passe une grande partie de son jeune âge comme enfant de troupe, à l’école préparatoire militaire des Andelys, une école qui se trouve dans le département de l’Eure. L’obéissance et la rigueur deviennent le lot quotidien de son éducation.

Habitué à la vie militaire, il souhaite faire une carrière de soldat. Devenu adulte, il se rend à la mairie des Andelys pour signer un engagement volontaire d’une durée de cinq ans.

Une fois son affectation connue, le jeune homme apprend qu’il va devoir retrouver sa Bretagne natale. Il doit rejoindre la caserne Saint-Georges du 41e R.I. dans la deuxième décade du mois de septembre 1909. Ce régiment est installé dans la ville de Rennes. Le soldat le Brigant est nommé caporal le 10 janvier 1910, puis sergent le 20 novembre de la même année.

Le 8 juin 1911, son capitaine de compagnie lui inflige 8 jours de punition. Il lui porte le motif suivant :

« A revêtu, au cours d’une permission, une tenue de fantaisie, avec insigne de rengagé auquel il n’a pas encore le droit de prétendre. »

Ce petit manquement à la discipline ne l’empêchera pas d’être admis à suivre les cours du 2e degré, durant le second semestre de l’année 1911. Le sergent le Brigant a de l’ambition, il souhaite devenir officier. Pour cela, il va devoir se préparer à passer le concours d’entrée de l’école de Saint-Maixent dans les meilleures conditions possibles. Mais il va falloir travailler dur !

Le 19 septembre 1911, il écope à nouveau d’une punition de trois jours donnés par un lieutenant. Celui-ci écrit dans son rapport : « Ne s’est pas assuré que le havresac d’un homme absent était au convoi.»

Le capitaine Le Guern, son chef de compagnie, dit de lui que c’est une personne sympathique, douée d’un excellent esprit militaire. Il décrit son subordonné comme étant un homme très consciencieux, à l’intelligence vive.

Paul le Brigant est également un sportif qui excelle dans l’art de l’escrime.

Au début de l’année 1912, il effectue un stage de fourrier ; cette formation lui offre la possibilité d’assumer cette fonction au sein de son régiment, du 2 mars au 4 juillet 1912.

Ce sous-officier passe également le brevet de chef de section en août 1912. Brevet qu’il obtient avec d’excellentes notes.

Paul le Brigant s’apprête à quitter la 11e compagnie du 41e R.I.. Le jeune homme va devoir laisser la Bretagne derrière lui pour venir s’installer dans le département des Deux-Sèvres. Il est nommé aspirant le 1er octobre 1913, au moment où il est admis à l’école de Saint-Maixent. Le travail fourni à son ancien régiment vient de porter ses fruits. Celui-ci intègre la 34e promotion, celle qu’on nommera plus tard « promotion de la mobilisation ».

À la fin de sa formation, il peut revêtir l’uniforme de sous-lieutenant et rejoindre le 149e R.I. le 2 août 1914.

Deux jours plus tard, il se présente au colonel Menvielle, l’officier qui commande le régiment spinalien,qui se trouve à ce moment-là dans la région de Vanémont. Le sous-lieutenant le Brigant doit attendre le lendemain pour connaître son affectation. Muté à la 10e compagnie, il se met sous les ordres du capitaine Laure. La guerre ne lui laisse pas beaucoup de temps pour s’intégrer dans son nouveau régiment !  Dix-sept jours plus tard, il trouve la mort au cours des combats qui se déroulent à proximité d’Abreschviller.

Considéré comme disparu dans un premier temps, il faudra attendre le 8 juin 1920 pour qu’il soit reconnu « mort pour la France » par le tribunal civil d’Andelys. Celui-ci valide officiellement son décès à la date du 21 août 1914.

Pas de citations et de décorations connues pour cet officier. Est-ce en lien avec son mauvais classement obtenu à l’école de Saint-Maixent ? Est-ce le fait qu’il n’ait pas eu le temps de montrer beaucoup des compétences attendues au cours des quelques jours qu’il a passé au 149e R.I ? Est -ce tout simplement que sa mort est été si rapide qu’il n’a pas été possible à ses supérieurs d’évaluer ses qualités d’officier au cours d’une attaque ?

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Archives municipales de Saint-Malo.

Le classement de la 34e promotion de l’école de Saint-Maixent peut se consulter sur le site de la bibliothèque virtuelle « Gallica ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante :

Gallica

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives municipales de Saint-Malo.

9 janvier 2015

Flambeau, Papillon, Blako... "les poilus à quatre pattes" du 149e R.I..

Chien_1

Tout au long de la guerre, de nombreux chiens ont accompagné les régiments. Ils ont souvent été adoptés comme « mascottes » par un petit groupe d’hommes au sein d’une compagnie. Leur rôle ? Peut-être, tout simplement, aider les soldats de tout grade à mieux supporter les moments difficiles de la vie quotidienne, surtout lorsque ceux-ci se trouvent dans les lieux de cantonnement à l’arrière.

Ce fidèle compagnon de l’homme a également été utilisé à des fins plus militaires. Qu’ils soient de noble race ou modestes bâtards, courts sur pattes ou de grande taille, à poil long où à poil ras, ils ont été utilisés pour leur intelligence, leur odorat ou pour leur ouïe, comme sentinelles, comme transporteurs de message ou encore, comme ravitailleurs en apportant armes, munitions et ravitaillement aux fantassins qui se trouvent en premières lignes.

Voici une petite poignée de photographies montrant quelques-uns d’entre eux qui ont « servi » au 149e R.I.. Les missions exercées par les « chiens soldats » décrites précédemment sont difficilement visibles sur ces photos, puisqu’elles ont toutes été réalisées durant des temps de repos.

Ce sont des rôles qui n’ont, à une exception, laissé aucune trace dans les documents concernant le 149e R.I..

Chien_2

Le nom de l’animal visible sur les deux précédentes photographies demeure inconnu. Ces clichés ont été réalisés le 4 juin 1917 dans le petit village picard de Vailly-sur-Aisne, à proximité du chemin des Dames.

Les deux photographies suivantes proviennent de la collection personnelle de J. Huret. Un grand merci à lui pour son autorisation de les publier ici.

Flambeau_1

En juin 1917, un essai de casque peu conventionnel est effectué par le chien Flambeau sous le regard attentif du capitaine Guilleminot dans la carrière du Sourd !

Flambeau_2

Le temps de déclencher l’obturateur de l’appareil photo, il est demandé à Flambeau du 1er bataillon du 149e R.I. de rester bien tranquillement sur une « petite reine ».  Une tâche bien difficile ! Ce cliché a été réalisé en décembre 1917 à Vaudoncourt, une petite commune vosgienne.

Chien_et_brancardier

Encore un canidé dont le nom est resté anonyme. Celui-ci pause fièrement à côté du brancardier Mathieu du 1er bataillon du 149e R.I.. Cette photographie a été prise au cours d’une grand’halte près d’Armentières-sur-Ourcq dans l’Aisne.

Papillon_1

Papillon, le chien de la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. en équilibre sur une échelle puis à l’entraînement !

Papillon_2

Paul Megnin dans son livre « Les chiens de France, soldats de la Grande Guerre », évoque une situation concernant un des chiens du 149e R.I..

« … Il arrive que des chiens, qui ont été faits prisonniers, s’évadent ! Témoin celui-ci du 149e R.I., qui en sentinelle au P.C. Albertini, cerné avec son maître par l’ennemi, profite du moment où les Allemands lui enlèvent son collier pour leur fausser compagnie. Il traverse les lignes allemandes et françaises, les barrages amis et ennemis pour rejoindre les lignes. Essoufflé, il rejoint le poste de commandement du sous-secteur qui était son point d’attache. (Rapport d’un chef de bataillon du 149e R.I.) »

Une autre anecdote se trouve dans l’ouvrage « La 43e Division pendant la campagne de 1918 ». Il y a de fortes probabilités pour que ce soit le même événement raconté différemment.

« La prouesse du chien de liaison Blako du 149e R.I., un affreux sang mêlé qui est tombé aux mains d’un groupe d’ennemis, profite du moment où ceux-ci détachent son collier pour prendre ses dépêches, pour leur fausser compagnie et regagner le régiment. »

Sources :

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 ». Éditions Mayence, grande imprimerie moderne. 1922

Pour en savoir plus sur le sujet :

« Les chiens de France, soldats de la Grande Guerre ». Ouvrage de Paul Megnin. Éditions Paris Albin Michel.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à J. Huret.

2 janvier 2015

Une petite note qui laisse présager le pire...

                 Marcel_Michelin_4

Une courte note, rédigée à la va-vite, est retrouvée sur le corps du lieutenant Michelin. Celle-ci indique les consignes à suivre en cas de décès… Le texte est écrit en grosses lettres sur deux modestes pages d’un petit carnet, qui sont remises en main propre au capitaine Laure. 

En voici le contenu :

Je serai reconnaissant à celui qui trouvera mes affaires.

1) De prévenir mon frère à la gare de Sens (P.L.M.).

2) De lui remettre ma chaîne de montre comme souvenir

3) De prendre l’argent qui se trouve sur moi. De cet argent, il y a 200 francs à la compagnie. Que l’on envoie le reste à ma famille qui paiera les quelques dettes courantes laissées à Épinal.

Cependant, je désire que l’on laisse 100 francs pour améliorer l’ordinaire de la compagnie.

Jusqu’à ce jour, 13 août, je n’ai pas touché mon indemnité d’entrée en campagne.

Deux lettres sont également retrouvées. La première est adressée à son frère, la seconde à sa mère.

Pour mon frère,

Tu resteras probablement seul avec maman pour la consoler. Dis-lui bien que dans ces crises où se jouent les vies du peuple, il faut que chaque famille soit représentée devant l’ennemi.

Je ferai mon devoir en bon français. Je te quitte, mon cher Maurice, et je t’embrasse de tout mon cœur, avec ta bonne compagne. Chérissez bien maman tous les deux.

Je ne puis pas t’exprimer tout ce que mon cœur contient, mais tu le comprendras facilement sans phrases. Je suis prêt à faire mon devoir jusqu’au dernier sacrifice, comme tu me le conseillerais si tu étais là. J’aurais tout de même bien voulu pouvoir t’embrasser avant de partir. Néanmoins, je le fais maintenant sur cet éperon boisé en face de Sainte-Marie où je viens de passer deux nuits glacées. Je t’embrasse donc de tout cœur dans une suprême et dernière étreinte.

Marcel

Pour ma mère,

Ma bonne maman,

Par ces journées ou par l’instabilité de l’existence, on pense aux êtres qui vous aiment. Mon esprit, dès qu’il est un peu libre, se reporte sans cesse vers toi. Tu ne reçois pas de nouvelles, mais cela n’a rien d’étonnant par ces temps troublés. Néanmoins, chaque jour, je songe à toi.

Marcel

 Dès le lendemain, Auguste Laure prend le temps de rédiger une lettre annonçant la mauvaise nouvelle, au frère de Marcel Michelin.

22 août 1914

Cher Monsieur,

La seule vue d’une écriture inconnue va vous donner des inquiétudes…

Aussi bien, je n’oublierai pas que j’écris à un homme, et pour lui parler d’un homme ! Vous voudrez bien m’excuser de le faire aussi carrément, en soldat, mais en ces temps douloureux, combien de nouvelles comme celle-ci frapperont au cœur des foyers aussi soudainement que les balles sur le champ de bataille !

Votre frère, votre pauvre frère, que j’aimais d’une affection profonde, est tombé hier, frappé d’une balle en pleine poitrine, alors qu’il accomplissait, avec un courage faisant l’admiration de tous ses hommes, une mission difficile confiée à la 10e compagnie, sous ses ordres.

Il était chargé d’assurer un repli du bataillon à un moment où celui-ci,  attaqué avec une impétuosité foudroyante, était menacé d’une véritable débâcle.

Grâce à lui, grâce à la froide et merveilleuse énergie avec laquelle il a su clouer au sol tous ses hommes pour couvrir notre mouvement de retraite, grâce au sacrifice qu’il a fait de sa vie en donnant ses ordres debout pour qu’ils soient mieux entendus, le bataillon a été sauvé.

À sa mémoire, je dois donc d’abord un remerciement ému. À son souvenir, j’attacherai celui d’un exemple qui restera toujours fixé devant mes yeux, nous ses chefs ou ses soldats. La profonde affection qu’il inspirait à sa troupe a permis qu’il ne fût pas abandonné sur le champ de bataille.  Sage, son ancien ordonnance l’a relevé, l’a transporté à l’ambulance. Il l’a remis entre les mains des médecins avec un dévouement et une fidélité que je ne saurais trop vous dire.

Je ne puis encore vous faire savoir où sa dépouille a été d’abord transportée, mais vous en serez avisé et vous recevrez, par les soins de l’autorité militaire, tous les renseignements qui vous sont indispensables, ainsi que les papiers ou l’argent qui auront été trouvés sur votre frère.

Veuillez bien, mon cher et pauvre Monsieur, exprimer à Madame votre mère, en lui apprenant la terrible nouvelle, l’hommage de mes condoléances les plus profondément respectueuses. Dites-lui que son fils est tombé magnifiquement en homme et en soldat, en lui adressant sa dernière pensée,  remerciez-la pour l’armée et pour le pays, du courage avec lequel elle acceptera ce sacrifice. Agréez, je vous prie, Monsieur, l’assurance de ma plus profonde sympathie.

Auguste Laure

Dans l’impossibilité de poster son courrier, le capitaine Laure en écrit une seconde quelques jours plus tard.

Paray-le-Monial le 27 août 1914

Monsieur,

Je vous envoie d’ici, où je viens d’arriver blessé, la lettre que je vous ai écrite il y a quelques jours déjà, pour vous annoncer la douloureuse nouvelle relative à votre frère. Nous avons été tellement bousculés depuis lors que nous n’avons pu envoyer aucune correspondance ! Ne m’en veuillez pas de ce retard, croyez que les horreurs de la guerre se sont, hélas ! abattues encore sur bien d’autres familles depuis que je vous écrivais. Veuillez bien trouver en moi, le meilleur ami, l’affection la plus sûre et la plus dévouée qu’ait pu s’assurer votre cher et si regretté frère.

Je vous parle dans ma lettre du soldat Sage, qui a retiré du feu le corps de son officier. Votre frère l’aimait beaucoup et lui avait promis un souvenir. Je lui ai remis provisoirement,et jusqu’à votre approbation, la montre de votre frère, détachée de la chaîne, que votre frère a spécifié dans ses notes, vous être destinée.

En me répondant, vous voudrez bien me faire connaître si vous approuvez. Je suis pour une huitaine de jours à Paray-le-Monial, puis je rejoindrai le 149e R.I.

Je vous reste redevable de la somme de 350 francs. Je pense qu’il est préférable d’attendre pour vous l’envoyer. Les papiers que je porte sur moi spécifient nettement qu’elle vous appartient.

Auguste Laure

Après inventaire, la cantine contenant les effets personnels du lieutenant Michelin est expédiée à la gare de Sens, pour être restituée à la famille.

Inventaire_de_la_cantine_du_lieutenant_Marcel_Michelin

Sources :

Les lettres rédigées par le capitaine Laure et par lieutenant Michelin ainsi que l’inventaire de la cantine ont été communiqués les descendants de la famille de Marcel Michelin.

Pour en savoir plus sur le capitaine Laure, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Auguste_Laure_1

Un grand merci à M. Bordes, à A.M. et G Lalau, à A. Carobbi et  à M. Porcher.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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