Capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André, début de campagne.
Je remercie très chaleureusement T. de Chomereau qui nous offre ici la possibilité de lire un témoignage inédit qui a été rédigé par son grand-père.
Le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André ouvre son récit à partir du moment où son régiment s’apprête à quitter la ville d’Épinal. C’est la mobilisation ! Le 149e R.I. doit se rendre près de la frontière, pour assurer sa mission de troupe de couverture, avec sa division d’appartenance.
La déclaration de guerre n’est pas encore officialisée…
Nuit du 30 au 31 juillet 1914
Mobilisation ; journée d’attente. Le soir, vers sept heures, réception du télégramme de couverture.
1er août 1914
Départ dans la matinée. Les réservistes affluent et nous acclament. Enthousiasme indescriptible. Arrivée par le train à Bruyères. Cantonnement. À quatre heures et demie, j’entends répéter au téléphone,par l’employée, l’ordre de mobilisation qui va être affiché ! Minute unique : je finissais une carte postale, j’en écris une autre : « Ça y est !… » et vais annoncer la nouvelle. Disposition de sûreté.
2 août 1914
Attente sur place.
3 août 1914
Départ par alerte vers neuf heures… et attente à l’entrée est du village. « L’ennemi paraît devoir attaquer sur notre droite ! » Étape vers La Houssière. Grand’halte au-delà. Puis cantonnement à La Houssière, arrivée assez tard.
4 août 1914
Revue très tôt (nuit noire). « L’ennemi, on le sait de source sûre (!), va attaquer en force sur toute la frontière. » Je suis détaché en soutien de batterie (deux groupes du 59e). Journée occupée à surveiller les bois.
Le deuxième échelon rejoint avec Gaillot (sergent-major), Laval (lieutenant de réserve), Dargent (Saint-Maixantais). Cantonnement à La Houssière.
5 août 1914
Même chose : dans l’après-midi je suis amené à modifier mes emplacements. On s’attend à un départ qui n’a pas lieu. Cantonnement à La Houssière : le même que depuis le 4 au matin, postes, sentinelles, patrouilles, nuit et jour. Service très pénible.
6 août 1914
Départ de grand matin (nuit noire). Interminable colonne d’artillerie que j’encadre. Pluie qui devient torrentielle, qui cesse vers midi. Ensuite j’ai rejoint le régiment. On marche vers la frontière ; il paraît que les 8e, 19e, 7e, 14e Corps sont avec nous. Arrivée à Saulcy-sur-Meurthe ; cantonnement près de la tannerie, au sud du village. L’état-major divisionnaire Lanquetot est au château. Service de garde aux issues pénible. Le 1er bataillon est aux avant-postes ; patrouilles ennemies signalées devant lui ; le 158e est au sud vers Mandray.
Stationnement. Prise de commandement de Joffre et de Dubail qui commande notre armée, la Ière. Vu l’équipement du premier Allemand tué par ici. Escarmouches de douaniers, chasseurs du 158e (simple patrouille). On n’a entendu encore (moi du moins) ni le canon, ni le fusil du 149e.
8 août 1914
Stationnement le matin. Brusque départ vers midi : le 158e au sud doit enlever le Bonhomme ; le 31e B.C.P., au nord, le col de Sainte-Marie. Le 149e en réserve entre les deux vers Béhouille. Sury commande l’avant-garde. Je suis près de lui, le 2e étant en tête.
Installation avec de l’artillerie derrière la crête de Béhouille. Canon et fusil vers Sainte-Marie et au Bonhomme. Canon lointain violent très au nord. À la nuit, devant Ban-de-Laveline, je précède aux allures vives pour faire le cantonnement. Arrivée du 149e à la nuit noire. Postes partout, contrordre, etc. Le Bonhomme est enlevé, Sainte-Marie doit l’être. À onze heures, je suis encore debout...
Sources :
Témoignage inédit du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André.
La photographie représentant un groupe de soldats est antérieure à août 1914.
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau de Saint-André et à É. Mansuy.