Carnets de Raymond Bonnefous... Les combats dans le secteur d'Arcy-Sainte-Restitue.
Une fois de plus, un très grand merci à N. Bauer, pour son autorisation de publier ici un nouveau passage du carnet laissé par son grand-père Raymond Bonnefous.
27 mai 1918
Ordre subit et inattendu à 9 h 00 à la suite duquel, après une série d’ordres et contre-ordres, nous embarquons en camion à 20 h 00. Roulons toute la nuit.
28 mai 1918
Arrivons à 9 h 00 à Arcy-Sainte-Restitue, où nous apprenons que les Allemands sont à 4 kilomètres d’ici. Le bataillon se déplace aussitôt en direction de Cuiry-House et de Tannières et progresse jusqu’au chemin de Cuiry-House et de Branges où il se maintient jusqu’à la tombée de la nuit. Alors vive attaque allemande qui nous force à nous replier jusqu’en arrière du chemin de Branges à la route de Braine.
29 mai 1918
Nous passons la nuit dans des trous. À 4 h 00, vive attaque allemande. Nappes de balles, nombreux blessés, sommes obligés de reculer jusqu’en bas de la crête où nous tenons avec une trentaine d’hommes jusqu’à 10 h 00. Batterie. Rentrons à Arcy-Sainte-Restitue à 11 h 00. Déjeuner copieux. Nous replions à 1 h 00 sur Servenay ; bataillon éreinté. En tirailleurs jusqu’à 23 h 00 du côté de Servenay.
30 mai 1918
Rentrons fourbus par Beugneux et Oulchy-le-Château à la Croix, nous cherchons de 4 h 00 à 7 h 00 pour repartir rejoindre dans les bois le T.C. où nous passons une heure. À midi, on prend position dans le village « le Charme », où nous sommes en réserve du 158. Nous passons la soirée dans une immense ferme, où on égorge volailles et lapins, où on vide les caves et les poulaillers.
31 mai 1918
À 3 h 00, le bataillon se porte en position à quelques centaines de mètres en avant du village, en lisière du bois, et le commandant installe son P.C. dans un hangar au milieu d’un champ, et j’y reste avec lui. On y dort jusqu’à 10 h 00. À 11 h 00, alerte, nous sommes menacés d’encerclement et nous nous replions rapidement par les bois, descendons au Tartre pour remonter de l’autre côté en position. Sur la côte d’en face, on voit les Allemands avancer en colonne par quatre : nous ne tardons pas à nous replier jusqu’à Belleau, où nous faisons grand-halte. À 21 h 00, on mange et on se replie sur Bussiares, où on cantonne avec le régiment à 4 h 00.
1er juin 1918
On en repart à 13 h 00 pour se diriger sur Marigny-en-Orxois. On y passe une heure et on revient sur nos pas pour se mettre en position à l’est du calvaire de Bussiares. P.C. dans un petit bois où on se creuse des trous, dans lesquels on passe une nuit tranquille.
2 juin 1918
Journée calme et ensoleillée. Mais à 17 h 00, violent tir d’artillerie sur toute la ligne, qui se replie vers 18 h 00 à 300 m en arrière. Je quitte le P.C. le dernier avec mon équipe et nous ramassons un blessé de la 2e que nous transportons à Champillon, que M. Richard a déjà abandonné. Il meurt en arrivant. Nous le laissons là et revenons sur nos pas. Le P.C. est installé dans une large haie où nous passons la nuit.
3 juin 1918
Au petit jour, on le recule de quelques mètres dans la même haie ; à 10 h 00, marmitage de la ligne. Derrière nous, une forte ligne américaine. À 11 h 00, on se replie de nouveau sous un violent marmitage pour se placer sous bois en avant de Champillon. Le marmitage, de plus en plus violent, nous force à abandonner la position et on se replie dans les bois en arrière de la ligne américaine. À la tombée de la nuit, on prend des positions de repli à la lisière du bois. À minuit, on apprend, enfin, que c’est la relève bienheureuse.
4 juin 1918
À 3 h 00, le 4, on se replie par Marigny, qui vient d’être très marmité et au petit jour, on vient bivouaquer dans les bois au nord de la ferme Heurtebise. On y passe la journée et de nouveau la nuit.
5 juin 1918
Rassemblement du bataillon. Capitaine Pougny : Légion d’honneur. Sergent Cazin : médaille militaire. Pendant le reste de la journée, on contemple les feuilles à l’envers, et à la tombée de la nuit, on descend par Dhuisy pour cantonner à Ocquerre.
Sources :
Toutes les informations présentées dans cette petite notice m’ont été données par Nathalie Bauer, la petite-fille de Raymond Bonnefous.
Pour en savoir plus sur Raymond Bonnefous il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :
L’histoire de Raymond Bonnefous durant la Grande Guerre peut se lire dans le roman de N. Bauer « Des garçons d’avenir » publié en 2011 aux Éditions Philippe Rey.
Un grand merci à N. Bauer à M. Bordes et à A. Carobbi.