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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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10 mars 2014

De bien tristes nouvelles...

Louise_Sabiron

 

De nouveau, un très chaleureux merci à C. Paulhan pour son autorisation de publier ici les deux lettres suivantes qui ont été rédigées par la sœur de Georges Sabiron à l’attention de Jean Paulhan.

 

Louise, la sœur de Georges Sabiron, a épousé Henri Georges Lemaire en 1902. En automne 1918, elle vit dans un appartement situé au numéro 7 de la rue de l’ancienne comédie à Paris.

 

Quatre mois après le décès de son frère, elle ne sait toujours pas ce qui s’est passé. Les recherches sont restées infructueuses et les rares informations obtenues restent contradictoires. Voici ce qu’elle écrit à Jean Paulhan…

 

Paris, le 27 septembre 1918

 

Cher Monsieur,

 

Nous n’avons toujours aucune nouvelle de Georges. La Croix-Rouge de Genève nous a écrit que jusqu’à ce jour, il ne figurait sur aucune liste de prisonniers blessés ou décédés en Allemagne.

 

Nous avons appris depuis peu que lors de sa disparition, des camarades de sa compagnie ont dit qu’il n’était pas blessé, d’autres au contraire qu’il était blessé grièvement. Nous ne savons quoi penser.

 

Je vous tiendrai au courant des nouvelles qui nous parviendront.

 

Je vous prie de croire à ma vive sympathie.

 

L. Lemaire

 

Un peu plus de quinze jours après la rédaction de son premier courrier adressé à Jean Paulhan, elle rédige une seconde lettre. Les mauvaises nouvelles arrivent… 

 

Paris, le 14 octobre 1918

 

Cher Monsieur,

 

Je vous ai écrit que Georges était grièvement blessé, mais malgré son silence, je conservais encore de l’espoir.

 

Aujourd’hui, cet espoir ne m’est plus permis. On est venu de la mairie me notifier le décès de mon pauvre frère.

 

Il a été identifié et inhumé le 7 août à l’endroit où il a été porté disparu, ce qui laisserait croire qu’il serait resté sur le champ de bataille depuis le 29 mai. Cette supposition rend plus pénible encore le deuil cruel qui nous frappe. Quelle triste fin pour ce malheureux, mourir seul loin des siens, lui, si bon, si courageux et qui, vous le savez comme moi, s’est volontairement exposé à des fatigues qui excédaient ses forces. Je pense aussi à sa grande intelligence, aux admirables promesses qu’il donnait.

 

Je connais l’endroit exact de sa sépulture, ce qui nous permettra de retrouver la tombe et le faire mettre dans un cercueil dès que nous pourrons nous y rendre.

 

Après la guerre, nous aurons au moins la consolation de pouvoir ramener son corps et le faire inhumer au cimetière de Montparnasse où reposent nos parents.

 

Connaissant l’affection cordiale que vous aviez l’un pour l’autre, je sais que cette nouvelle va vous causer, à vous aussi, une grande peine.

 

Mon frère me disait en parlant de ses ouvrages, qu’au cas où il succomberait, il se reposait sur vous pour réunir en volumes et publier, après la paix, ce qu’il a écrit.

 

Je m’en rapporte pour cela absolument à vous.

 

Veuillez croire, monsieur, à ma sympathie attristée.

 

L. Lemaire

 

Les deux lettres publiées ici proviennent du fonds Jean Paulhan, conservé à l’I.M.E.C. de Caen. Elles m’ont été envoyées par la petite fille de Jean Paulhan.

 

Un grand merci à M. Bordes et à C. Paulhan.

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