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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 décembre 2013

Avril-mai 1918, une période de formation dans la région de Compiègne.

Gare_de_Bethisy_Saint_Pierre

La première offensive allemande de 1918 oblige le commandement français à  puiser des troupes sur les fronts « passifs » du moment pour se constituer des réserves. La 43e D.I. fait partie du lot. Elle est retirée du secteur des Vosges pour rejoindre le département de l’Oise. Le 14 avril 1918, c’est le départ, le 149e R.I. se dirige sur la gare de Corcieux. Quatre trains seront nécessaires pour le transport du régiment. Celui-ci débarque le lendemain dans le secteur de Bethisy-Saint-Pierre. Durant deux nuits, le 149e R.I. stationne dans les petits villages isariens de Villeneuve-Verberie, de Roberval, d’Yviller, de Brasseuse, de Raray et à la ferme la Borde.

Lieux_de_stationnements_du_149e_R

Legende_carte_journees_du_15_au_17_avril_1918

Les hommes du lieutenant-colonel Vivier pensent être envoyés rapidement sur le front. Contre toute attente, le régiment et les autres unités de la 43e division vont pouvoir bénéficier d’une période de tranquillité relative qui va durer six semaines. Les éléments de la division s’établissent sur la rive gauche de l’Oise.

Le 17 avril, le 158e R.I. vient s’installer à la Croix-Saint-Ouen. Les 1er et 31e B.C.P. prennent leurs cantonnements dans la ville de Compiègne. Le 149e R.I. occupe les petits villages de Royallieu et de Mercière-au-Bois, situés au nord-ouest de la forêt de Compiègne. Le lieutenant-colonel Vivier et le commandant Regelsperger, son nouvel adjoint tout juste arrivé au régiment, s’installent dans un ravissant petit château.

Lieux_de_cantonnements_de_la_85e_Brigade___partir_du_17_avril_1918

Les cantonnements pour la troupe sont excellents et confortables. Ils sont à proximité immédiate de la forêt de Compiègne, ce qui rend le séjour encore plus agréable. Les unités en profitent pour se recompléter en hommes et en matériels.

Durant ce séjour dans la région de Compiègne, une vague d’épidémie grippale touche la 43e D.I.. Cette grippe est très contagieuse, mais elle reste peu virulente. Elle précède la grande pandémie meurtrière qui se déclenchera à l’automne. Plus de 300 soldats du 149e R.I. sont touchés par le virus entre le 14 et le 26 mai 1918.

Cette étape à l’arrière va permettre à la division de se perfectionner et de se mettre à la hauteur des nécessités nouvelles. En effet, les techniques de combat se modernisent. L’instruction est au rendez-vous. Le général Michel organise plusieurs exercices d’ensemble, le thème est établi à partir d’hypothèses d’opérations qui se déroulent en rase campagne, hors de la zone des fronts fortifiés. Il demande à ses officiers d’insister tout particulièrement sur le travail de liaison à tous les échelons.

La_revue_de_Compi_gne

Les régiments et les bataillons de la 43e D.I. vont faire connaissance avec les chars légers Renault du plus récent modèle,qui auront un rôle très important dans les combats à venir. Mais pour l’instant, les chars sont à « l’expérience » et leurs unités sont tout juste en voie de constitution dans le secteur d’Orrouy et de Champlieu.  Le camp de Champlieu est installé sur un ancien champ de bataille, il constitue une réplique exacte du terrain sur lequel l’artillerie d’assaut aura à se déplacer en situation de combat.

Carte_du_camp_des_chars_de_Champlieu

Une première série d’exercices avec les chars d’assaut est effectuée par les hommes des bataillons du 149e R.I. du 23 au 25 avril.

Le 23, c’est le 3e bataillon du 149e R.I. qui est le premier à effectuer cette tâche. Le lendemain, c’est au tour du 2e bataillon du régiment de faire connaissance avec les chars. Le 25,  le 1er bataillon du 149e R.I. clôture la formation.

Char_mitrailleuse_leger_Renault_

Quelques semaines plus tard, la division reçoit un nouvel ordre pour effectuer des manœuvres supplémentaires. Elle doit envoyer ses 2 B.C.P. ainsi qu’un bataillon par régiment à Champlieu. Ces bataillons iront à tour de rôle effectuer de nouveaux exercices avec les chars d’assaut. La durée de la formation est fixée à cinq jours pleins par groupe de deux bataillons (1 B.C.P. et 1 bataillon de régiment).

Le 2e bataillon du 149e R.I. doit assurer la défense des ponts de Compiègne. Les absences successives des 1er et 31e B.C.P., liées à leur formation entre le 15 et le 21 mai, laissent ces lieux sans défense.

Les 20 et 21 mai, le bataillon du commandant Hassler cantonne à Bethisy-Saint-Pierre. C’est lui qui vient d’être désigné pour effectuer les manœuvres avec les chars. Ce sont probablement les « Renault » du capitaine Wattel du 2e bataillon du 501e R.A.S. que les hommes du 149e R.I. vont côtoyer sur le terrain d’exercice.

Le 25 mai 1918, le 1er bataillon du 149e R.I. regagne le secteur de Royallieu et de Saint-Germain-les-Compiègne après avoir fait sa formation de 5 jours.

La forêt de Compiègne sert également de cadre à de grandes fêtes qui sont organisées chaque dimanche.

Le 26 mai, c’est un gymkhana qui est à l’ordre du jour. La plupart des officiers du 149e R.I. y assistent, ils retrouvent ainsi leurs homologues des autres unités de la division. Une joyeuse ardeur anime les visages. Parmi les hennissements des chevaux et l’éclat des fanfares, les fantassins, les cavaliers, les artilleurs rivalisent d’entrain et de prouesses. La 43e D.I. est à « l’amusement ».

Mais cette période « festive » ne peut pas durer, elle va prendre fin dès le lendemain.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. du 1er  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

J.M.O. du 31e  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/29.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/14.

J.M.O. du 501e R.A.S.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 1244/21.

J.M.O. du service de santé de la 43e D.I... S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 345/2.

« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.

Historique du 149e Régiment Infanterie (version luxe).  Épinal. Imprimerie Klein. 1919.

La carte du camp des chars de Champlieu a entièrement  été réalisée par «Tanker»

La photographie du char-mitrailleuse léger Renault provient du livre du capitaine Dutil « les chars d’assaut, leur création et leur rôle pendant la guerre. 1915-1918. » Éditions Berger-Levrault. 1919. Ce livre est consultable sur Gallica .

Camps_de_Champlieu_2

 

Pour en savoir plus sur le camp de Champlieu, Il faut lire l’article réalisé par «Tanker» sur le site Forum « pages 14-18 » (Pour accéder à ce travail il suffit de cliquer une fois sur l’image de gauche).

 Sources complémentaires pour tout ce qui concerne l’artillerie spéciale :

Logo_Forum_pages_14_18

De nombreux écrits de « Tanker »  se trouvent également sur le forum du site «  Pages 14-18 ». Pour y accéder, il suffit de cliquer une fois sur l’image de droite.

 Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historique de Vincennes et pour tout ce qui concerne les chars d’assaut  à « Tanker » du site « pages 14-18 ».

23 décembre 2013

Quelques livres d'or (2).

                                        Livre d’or de l’Église réformée de Valence 

 

Livre_d_or_de_l_eglise_reforme_de_Valence

 

 Émile Bobichon : né le 23 septembre 1892 à Châteauneuf d’Isère dans la Drôme. Il exerce la profession de cultivateur. Caporal à la 2e compagnie du 149e R.I. au moment où il décède. Il est mort pour la France le 22 octobre 1915 des suites de ses blessures reçues le 27.09 1915 en Artois, à l’ambulance d’Hersin.

  

 

 

                              Au pays du Montsaugeonnnais, morts pour la France

 

Au_pays_du_Montsaugeonnais

Georges Bizingre : né le 4 octobre 1890 à Chassigny (Haute-Marne). Adjudant au 149e R.I., tué le 9 mai 1915 à Aix-Noulette (Pas-de-Calais).

Gabriel Guiardin : né le 14 novembre 1888 à Chatoillenot (Haute-Marne). Caporal au 149e R.I., décédé le 25 août 1914 à Nossoncourt (Vosges).

Pierre Joseph René Clerget : né le 17 avril 1890 à Courcelles Val d’Esnoms (Haute-Marne). Soldat au 149e R.I., tué le 21 août 1914 à Abreschviller (Moselle).

Louis Marie Adolphe Jardelle : né le 20 juillet 1890 dans le 20e arrondissement de Paris. Soldat tué le 29 septembre 1914 à Souain (Marne).

Antoine Émile Baglioni : né le 26 mai 1886 à Saint-Ciergues. (Haute-Marne). Caporal tué le 12 mai 1915 à  Aix-Noulette (Pas-de-Calais).

 

 République française, ville de Bordeaux, la guerre du droit, livre d’or des héros morts pour la patrie 1914-1915

 

Livre_d_or_la_guerre_du_droit_Bordeaux

 

 

Léon Louis Albert Baril : né le 25 octobre 1873 à Caudéran-Bordeaux. Capitaine au 149e R.I., tué le 3 mars 1915 à Aix-Noulette (Pas-de-Calais).

 

 

 

 

 

  Pour en savoir plus sur le capitaine Baril il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante :

 

Leon_Baril

Références bibliographiques :

« Livre d’or de l’Église réformée de Valence ».

« Au pays du Montsaugeonnnais, morts pour la France ». Benoist, libraire éditeur, place Saint-Jean, Dijon. 1920.

« République française, ville de Bordeaux, la guerre du droit, livre d’or des héros morts pour la patrie 1914-1915 ».

 Un grand merci à P. Baude.

16 décembre 2013

Les oiseaux ne chantent plus dans le bois des Hospices et dans le bois Fumin.

Gaston_de_Chomereau_de_Saint_Andre_22

Une nouvelle fois, je remercie de manière chaleureuse Tristan de Chomereau qui me donne son autorisation pour reproduire ici le témoignage laissé par son grand-père.

Témoignage du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André commandant la 1ère compagnie puis le 3e bataillon du 149e R.I.. 

À cette époque, le 149e R.I. est toujours au 21e C.A. (général Maistre). Il appartient à  la 43e division d’infanterie commandée par le général de Boissoudy, faisant brigade avec le 158e R.I (général Guillemot).

Le bataillon est à 4 compagnies, de 130 fusils environ. Je commande la 1ère compagnie (bataillon Magagnosc). 

Le 25 février 1916

Le 149e R.I. vient de quitter le camp de Saint-Riquier (Somme) après une préparation intense pour une offensive dans la Somme (armée de réserve Pétain). En janvier, il est parti du secteur de Lorette où, pendant un an, il a subi des pertes énormes. Le 25 février, nous apprenons la nouvelle de l’attaque sur Verdun. Le corps d’armée s’embarque vers Vitry-le-François. Le rassemblement se fait dans la région nord de Bar-le-Duc. Dernière mise au point. L’état physique et moral est parfait. Les hommes ont conscience qu’il faut arrêter l’ennemi. Il y a une exaltation et un esprit de sacrifice collectif que je n’ai vu que là. 

6 mars 1916

Départ en camions par ce qui deviendra la voie sacrée. À Souilly, le régiment passe devant Joffre, qui est salué par les acclamations des poilus. Le débarquement se fait à hauteur du Fort du Regret.

Le cantonnement a lieu à Haudainville. Le P.C. s’établit dans une péniche sur le canal. Pas de projectiles sur la ville, mais de nombreux entonnoirs de 320 ou 380. Les crêtes au Nord sont sans cesse enfumées. 

7 mars 1916

Nous montons en première ligne par 218-222, le Cabaret. De violents barrages d’artillerie au carrefour 325 nous obligeant à attendre, arrêt dans les bois. Le 1er bataillon se trouve à 200 m au sud-ouest, contre les dentelés du fort de Tavannes. La nuit est terrible, il fait moins 12 degrés. Harcèlement incessant de l’ennemi, il n’y a pas de tranchées et l’obscurité est absolue. Nous entendons les hurlements des blessés des autres unités. Par chance, il ne se passe rien à la 1ère compagnie, pour moi, une simple contusion par éclat, m’étourdissant une main pendant deux ou trois jours. 

8  mars 1916

Il faut creuser des tranchées. À 14 h 00, nous recevons l’ordre de contre-attaquer de suite entre le fort de Souville et Tavannes, au nord. Aucune autre précision ne nous est donnée. Nous ne savons rien sur l’ennemi, pas de soutien d’artillerie. Je n’ai, pour me repérer, qu’une carte au 80000e, il y a beaucoup de lacrymogènes. La chaleur est brusque et épuisante. Rafales ininterrompues de 150 et 210. Un Contrordre arrive à 15 h 00, le régiment est placé en réserve au sud de la batterie de l’Hôpital (bois), aucun abri pour nous protéger.

Pertes : plusieurs officiers et de nombreux hommes sont tués. 

9 mars 1916

À 4 h 00, l’ordre est donné de porter en toute hâte deux compagnies entre le fort de Douaumont et Vaux, en renfort de la 13e Division. Grâce à une accalmie, le détachement (1ère et 4e compagnies sous les ordres du commandant Magagnosc) dévale par les ravins qui s’appellent aussi ravin de la mort. Il atteint,sans perte, l’objectif à 6 h 30. À 8 h 00. La 1ère compagnie attaque Vaux qui vient d’être enlevé. Elle barrera le vallon à l’est de l’étang. Mouvement par petits paquets, je pars en tête à la course comme guide. Premier abri,  le  pont sous le chemin de fer à voie étroite et  le chemin creux au deuxième. J’enjambe sous le pont un commandant du 21e R.I., bon camarade, tué à l’instant.

La compagnie ralliée, je prescris l’attaque, trois sections sont déployées, une reste en réserve. Dès le débouché, il y a de violentes rafales de mitrailleuses. Un de mes officiers tombe (frappé de 2 balles) pendant que je lui donne des ordres. La section  de La Chevalerie, que je suis, progresse rapidement. Elle saute sur le village, bouscule les Allemands et les refoule jusqu’au moulin où elle s’est arrêtée. Je complète l’occupation. Il est impossible d’aller plus loin.

À ma droite le 409e R.I. (120e D.I.), qui se trouve aux lisières sud du village, à ma gauche (voie ferrée) le 21e R.I., la 4e a rejoint et reste en réserve. Il n’y a pas moyen de creuser des tranchées, l’eau arrive à 40 cm. Les caves étayées solidement sont inondées. Nous sommes au contact immédiat avec l’ennemi, à 20 ou 30 m, dans le village, collés aux Allemands pour essayer de faire diminuer les rigueurs des bombardements. Nous gîtons dans les maisons du gros du bourg, qui ont peu souffert. Pas un obus sur nous, mais des 210 et 320 tombent à 300 m sur les pentes. Tir de lapin sur les isolés qui circulent devant nous (3e C.A.). 

Le 10 mars 1916

La situation reste inchangée. Alertes perpétuelles, des tentatives sont faites pour se reprendre réciproquement des maisons. Les combats à la grenade sont fréquents. Nous en avons heureusement trouvé et rapporté des caisses abandonnées. L’évacuation nocturne des blessés se fait péniblement. Absence de nouvelles. Un sergent à cran parvient à atteindre le fort de Vaux pour s’assurer que les Allemands n’y sont pas. Les vivres de réserve emportées pour plusieurs jours s’épuisent. Les morts sont enterrés sur place. Il neige.

Le commandant Magagnosc est rappelé d’urgence par le colonel, il me passe le commandement des deux compagnies. 

Bois_Fumin_1

Le 11 mars 1916

Au matin, relève par le 158e R.I.. Impossible de partir de jour. Nous nous empilons dans les dernières maisons à l’ouest du village. Un courrier apporte le courrier qui est le bienvenu et quelques boules de pain fraternellement partagées.

À la nuit, marmitage incessant vers l’étang,  l’attente est longue. L’arrosage ralentit, courte consultation avec le commandant de la 4e compagnie le lieutenant Canon (ancien adjudant colonial), calme et brave. « On y est ? Oui. » Les deux compagnies, derrière moi, partent, colonne par un, emmenant les nombreux blessés. Un seul projectile, un 77, tombe sur nous, m’éclabousse, mais n’éclate pas. Derrière nous, le marmitage recommence. Nous atteignons par la Chapelle Sainte-Fine, le chemin Fleury, le fort de Souville, le fort de Tavannes et le bois des Hospices où nous sommes en réserve. Calme, repas pantagruélique. Les hommes absorbent les jours de vivres en retard et s’endorment. Au jour, nous creusons, car il n’y a pas plus de tranchées que de plans directeurs à Verdun après 18 mois de guerre.

J’obtiens une citation à l’ordre de l’armée pour la section la Chevalerie et un nombre respectable de croix de guerre.

Du 12 au 28 mars 1916

Stationnement pendant quelques jours relativement paisible. L’ennemi s’acharne tout près de nous sur Souville-Tavannes et sur nos batteries à 400 m a l’ouest. Nous ne recevons que quelques 77 dont l’un, comme le 11 mars, s’enfonce à un mètre de moi, sans éclater.

Le régiment descend ensuite au repos et s’entasse dans les magasins à fourrages et dans les casernes ; empilement bien risqué.

À côté, un cimetière neuf où nous trouvons plusieurs camarades évacués pour blessures quelques jours auparavant et que nous croyions sauvés. Nous circulons dans la ville. Quelques harcèlements, puis remontée en réserve (bois au sud-ouest du fort de Moulainville). Pas de casse. Enfin, vers le 25 mars, repos complet au fort de Landrecourt. P.C. dans une maison civilisée devant le fort. 

29 mars 1916 

 

Du_c_t__de_Verdun

                                                                             Du côté de Verdun

Un message me prescrit de rallier d’urgence Dugny pour y prendre, par intérim, le commandement du 3e bataillon du 149e R.I. qui monte dans le secteur le 31 mars au fort de Vaux et dont le commandant est nommé au commandement du 21e  B.C.P.. Je connais déjà à fond les officiers, le 3e bataillon ayant eu l’occasion de travailler avec moi et ils me connaissent.

À 16 h 00, je reprends le commandement à Dugny. À 18 h 00, je pars en reconnaissance, en voiture, avec mes quatre commandants de compagnie. Il fait un froid très vif. Nous sommes frigorifiés lorsque nous débarquons au  Cabaret, où les projectiles tombent assez nombreux. Nous passons d’abord par le fort de Tavannes puis nous redescendons au Tunnel par une profonde tranchée neuve. C’est l’œuvre du 33e C.A. (ex-Pétain)  qui est habitué à travailler vite. Puis, nous allons par la sortie sud du tunnel et la Laufée. Nous atteignons la batterie de Damloup, pour arriver pendant une accalmie de marmitage,  dans un abri de bombardement à 400 m sud-est du fort de Vaux, qui sert de P.C. et d’abri pour un peloton. Le quartier s’étend de la batterie de Damloup exclue au fort de Vaux inclus, où j’aurai une compagnie (en partie de réserve). Le dispositif est presque linéaire. Devant le fort, une tranchée d’un mètre de profondeur qui est sans cesse marmitée. Pas de téléphone, il est continuellement coupé. Pas d’optique possible à cause du terrain. Pour avoir l’appui de l’artillerie, il faut envoyer un coureur au fort qui, lui, peut communiquer. Pas d’eau, une seule source connue et marmitée. Ces agréables constatations faites, la reconnaissance, très sommaire, est terminée. Retour par le fort de Tavannes à Dugny, sans accroc. À 16 h 00, je suis à Belrupt, où le détachement me rejoint. Je laisse à Dugny, un de mes capitaines, tué par bombe d’avion, au moment où nous arrivions. Le bataillon repart de Belrupt à la tombée de la nuit ; il passe par les casernes Chevert, le Cabaret, la voie ferrée et le tunnel, encombré et interminable, sous un marmitage intermittent.

Gaston_de_Chomereau_1png

  À Vaux pendant l’accalmie, le 2 avril 1916

                                                                      Gaston de Chomereau de Saint-André

                                                                         est le premier à partir de la droite

 

31 mars, 1er, 2 et 3 avril 1916

Les journées sont identiques (sauf une heure de silence total au petit jour, et quelques accalmies) avec un arrosage constant, plus ou moins dense. Plusieurs tentatives ennemies sont arrêtées net par nos feux. Nous avons un combat particulièrement dur le 1er  avril, en liaison avec un effort cumulé sur le village de Vaux perdu puis reconquis. Visite journalière au fort, P.C. du lieutenant-colonel Randier, commandant le 109e R.I. et le sous-secteur où l’on accède par une brèche au nord-est.

L’eau fait défaut. Odeur de latrines défoncées. Mais l’infrastructure est intacte. Les communications, le ravitaillement et les évacuations sont très pénibles. La relève est annoncée pour la nuit du 3 au 4 avril. Arrivée des reconnaissances du 323e  R.I.. 

Croquis_de_Chomereau

4 avril 1916

Au petit jour, seulement des éléments de tête débouchent. Le reste du bataillon est encore très loin derrière, pour éviter un massacre. J’ai juste le temps de me faire bloquer dans le tunnel de Tavannes, ce qui nous vaut un cinquième jour en première ligne. 

5 avril 1916

Le 3e bataillon du 149e R.I. est à son tour à l’abri à Tavannes, ayant perdu près d’un tiers de son effectif en officiers et en hommes. Nous avons réussi à colmater de ce côté, interdisant à l'ennemi l’accès du fort de Vaux. Nous passons plusieurs jours mis en réserve dans ce tunnel avec une sensation de sécurité. Ce tunnel de Tavannes est un  abri incomparable, qui a largement contribué à conserver Verdun. En revanche, les communications souterraines manquaient. Celles-ci auraient pu sauver Vaux et des milliers de nos hommes.

J’ai admiré le calme courage des braves territoriaux du 144e R.I.T de Tarbes sous les ordres du commandant de Castillan, régiment affecté au 21e C.A. et qui, travailleurs de fortune, seront décimés. 

10 avril 1916

 Le 10 avril, je rejoins Dugny. Le 149e R.I. a perdu, dans les deux séjours en secteur, mille cinq cents hommes et une vingtaine d’officiers, dont le lieutenant-colonel Abbat (de Bourges), blessé. Étape pour embarquer et aller en arrière. Retour en réserve à Dugny (situation grave sur la rive gauche de la Meuse). Départ définitif le lendemain pour Bar-le-Duc, puis la Champagne, dans un secteur calme. 

Sources :

Témoignage inédit de Gaston de Chomereau de Saint-André. 

Un grand merci à M. Bordes et à T. de Chomereau. 

13 décembre 2013

Armand Henriot.

Nous pouvons lire ici une lettre rédigée par le soldat Armand Henriot dans le secteur de Verdun. Armand Henriot servait dans la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I..

                            Armand_Henriot

     

                                                                                                                          Le 19 mars 1916

                                                           Ma chère sœur, 

Je viens de recevoir  aujourd’hui  une lettre de toi du 13 mars,  je suis heureux d’avoir de tes nouvelles. Je vous  écris presque tous les jours, depuis quelques temps. Mais les lettres ne doivent pas aller assez vite en ce moment. Je suis toujours près de Verdun. On comptait embarquer aujourd’hui en autos et au lieu de cela, nous allons de nouveau en ligne ce soir. On ne va pas en première ligne, on va en réserve, probablement pas pour longtemps. Les troupes qui doivent nous remplacer ne sont pas toutes arrivées. Je n’ai toujours pas pris de nouvelles d’Henri. Je ne comprends pas car il doit le faire cependant. Le temps est toujours au beau, on se croirait au printemps.Je ne vois plus rien à te dire pour aujourd’hui. Dans l’espoir que toute la famille est en bonne santé. Je t’embrasse bien fort.

                Ton frère, Armand Henriot                                                       

 

9 décembre 2013

Du 17 au 30 mars 1916.

Pr_s_de_Verdun

17 mars 1916

Le premier séjour en première ligne effectué par les soldats du 149e R.I. touche à sa fin. Les compagnies qui se trouvent en première ligne sont relevées au cours de la nuit du 16 au 17 mars dans des conditions très défavorables. Le temps est excessivement clair et la lune reste très voyante tout au long de la nuit. Aucune dissimulation n’est possible pour les troupes en mouvement. Les 2e, 3e et 9e compagnies du 149e R.I., les 2e, 3e et 6e compagnies du 10e B.C.P. du groupement Randier, ainsi que 2 bataillons du 158e R.I., sont relevés par le 97e R.I.. Les 10e, 11e et 12e compagnies du 149e R.I. et les 1ère et 5e compagnies du 10e B.C.P., sont remplacées par le 109e R.I.. 

Carte_journee_du_17_mars_1916__1_

Legende_carte_du_17_aout_1916__1_

Un bataillon du 97e R.I. arrive à 23 h 00 au P.C. du commandant du 158e R.I.. Il doit aussitôt prendre la direction de Vaux-devant-Damloup. La prudence est de rigueur, les compagnies de ce bataillon se séparent et mettent de larges distances entre elles, pour monter en 1ère ligne. À peine arrivé au ravin, le bataillon est pris sous le feu de l’artillerie allemande qui vient de déclencher un tir extrêmement violent sur le secteur. Les hommes sont obligés d’effectuer une marche rampante et la compagnie de tête doit se mettre aussitôt au  pas gymnastique. Les autres compagnies arrivent sur les positions demi-heure par demi-heure. Il y a de très nombreux blessés durant cette relève. Le commandant Larroque remplace le commandant Allègre, celui-ci déclare ne jamais avoir subi un bombardement aussi virulent. Les isolés rejoignent peu à peu, il est environ 2 h 00. 

Un autre bataillon du 97e R.I. doit venir remplacer les éléments du capitaine Loreillard du 158e R.I.. Les Allemands ont attaqué, sur le coup d’une heure du matin, juste avant que la relève ne soit exécutée. Cette attaque est restée infructueuse et leur a valu 17 prisonniers et quelques morts. Les changements d’effectifs se font dans les mêmes conditions que la relève du commandant Larroque. Il se passe beaucoup de temps pour que les compagnies du 97e R.I. remplacent celles du 158e R.I.. De plus, les tranchées qui sont assez étroites gênent les hommes qui sont chargés de tout leur matériel. Les derniers éléments du 158e R.I. ne sont pas relevés avant 4 h 30. Le jour commence à se lever. La canonnade redouble de fureur sur les éléments qui quittent le front. 

Six compagnies du 97e R.I. viennent remplacer les dernières unités du groupement Randier qui sont encore en 1ère ligne.

Les 2e et 3e compagnies du 149e R.I. qui sont, sous les ordres du commandant Magagnosc, prennent la direction de l’arrière, mais l’étroitesse des tranchées ralentit considérablement la relève. Là aussi, il y a de nombreux blessés. Les derniers éléments du 149e R.I. ne rentrent que vers 5 h 00. 

Carte_journee_du_17_mars_1916__2_

Legende_carte_du_17_mars_1916__2_

La fatigue est très grande. Depuis plusieurs jours, de gros efforts ont été demandés aux hommes. Chacun attend le réconfort mérité en arrivant au cantonnement. Mais une bien désagréable surprise les attend. Les lieux de repos qui ont été répartis la veille au soir par un officier de la 85e Brigade sont médiocres et particulièrement sales. 

Les hommes du 149e R.I., tout comme les autres unités de la 85e brigade, viennent d’être soumis à d’importants bombardements particulièrement violents, dans leurs bivouacs et dans leurs nombreux déplacements. Les pertes ont été sévères, le plus souvent dans des conditions les plus difficiles. Recevoir des coups sans pouvoir les rendre, C'est ce qu’ont vécu la plupart de ces hommes durant cette période dans le secteur de la première ligne. 

18 mars 1916 

Le 149e R.I. et les  3e et 10e B.C.P. occupent le parc à fourrage de la caserne Bevaux.

Dans le courant de l’après-midi, le commandant de Marcillac fait une demande écrite au général pour être relevé de ses fonctions de commandant du fort de Vaux et réintégrer le 149e R.I., étant donné que les derniers éléments de la 43e D.I. viennent d’être relevés et que l’état-major de la division est sur le point de quitter le secteur. 

19 mars 1916

Carte_journees_du_19_au_23_mars_1916

Legende_carte_journees_du_19_au_23_mars_1916

Le 149e R.I. occupe toujours le parc à fourrage de la caserne Bevaux. Dans la soirée, les 1er et  2e bataillons du 149e R.I. sont désignés pour aller au Tillat, et former la réserve du 33e C.A.. 

20 mars 1916

Les hommes sont au repos. 

21 mars 1916

La brigade doit mettre à disposition du personnel pour effectuer des travaux de 4e position, vers le fort de Regret et à la citadelle de Verdun. Ils recevront directement leurs instructions du colonel commandant le génie du 21e C.A.. 

Chaque corps doit fournir une cinquantaine d’hommes par compagnie avec l’encadrement nécessaire. Un officier, 2 sous-officiers, 4 caporaux par compagnie (en plus des 50 hommes) un commandant de compagnie par bataillon. Les corps trouveront leurs outils sur place. 

Les hommes du 158e R.I. se rendent  au ravin situé à 1500 m au sud-ouest du château de Billemont.

Les chasseurs des 1er et 31e B.C.P. se dirigent vers le ravin nord du bois du champ la Gaille. 

Les soldats du 3e bataillon du 149e R.I. vont au ravin qui se trouve à 1500 m est-sud-est du fort du Regret.

Les chasseurs des 3e et 10e B.C.P. sont au ravin à 500 m est-nord-est du fort de Regret. 

22 mars 1916

Mêmes dispositions. 

 23 mars 1916

Dans la nuit du 22 au 23, les 1er et 2e  bataillons du 149e R.I. qui étaient en réserve du 33e C.A., rejoignent la caserne Bevaux. 

24 mars 1916

La 85e Brigade doit pouvoir fournir en permanence 8 compagnies prêtes à être alertées pour constituer la réserve du 33e C.A..

Pour cette journée, le 10e B.C.P., deux compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. et la C.M.B.R. sont désignés pour constituer, si besoin, la réserve de C.A.. Le reste de la brigade construit  autour de Bevaux des abris en cas de bombardement. 

25 mars 1916

Le 3e B.C.P. et deux compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. sont  désignés pour constituer la réserve de C.A.. Mêmes travaux pour les autres hommes disponibles. 

26 mars 1916

Les 1er et 2e bataillons et les 1ère et 2e compagnies de mitrailleuses du 149e R.I. constituent la réserve du 33e C.A.. Les hommes disponibles effectuent les mêmes travaux. À 19 h 00, les éléments de la brigade doivent se mettre en route pour aller occuper de nouveaux cantonnements.

Le 3e B.C.P. ainsi que 2 compagnies du 10e B.C.P. se rendent  à Belleray. Deux autres compagnies du 10e B.C.P. se dirigent sur Regret. Les deux dernières compagnies du 10e B.C.P. occupent le fort de la Chaume. Le 149e R.I. va à Dugny. 

27, 28 et 29 mars 1916

 Les hommes se reposent dans les cantonnements durant ces trois journées. 

30 mars 1916

Carte_journee_du_30_mars_1916

Legende_carte_journee_du_30_mars_1916

Dans la nuit du 29 au 30 mars, les 1er et 3e bataillons du 149e R.I. et les 2 compagnies de mitrailleuses du régiment viennent stationner à Belrupt. Le 2e bataillon du régiment et la compagnie de mitrailleuses de la brigade restent à Dugny. Un nouveau passage par le secteur de Verdun s’annonce… 

Sources : 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 53e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 511/2

J.M.O. de la 88e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 521/4.

J.M.O. du 75e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 661/5.

J.M.O. du 97e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 672/12.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 159e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 701/1. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte,qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 27e et 77e Brigades provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments des 27e et 77e Brigades risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par ces unités durant la journée du 17 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 décembre 2013

16 mars 1916.

Etang_de_Vaux__2012_

Le secteur compris entre le fort de Douaumont et le village de Vaux-devant-Damloup est, depuis la veille, occupé de la manière suivante : La 53e Brigade avec ses 75e et 140e R.I. est toujours positionnée à l’ouest et au sud-est du fort de Douaumont. Le groupement Randier, qui est maintenant constitué d’éléments du 149e R.I. et du 10e B.C.P., est relié à sa gauche par le 140e R.I. et à sa droite par le 158e R.I..

Carte_journee_du_16_mars_1916

Legende_carte_journee_du_16_aout_1916

La situation dans le secteur du groupement Randier reste particulièrement fragile et dangereuse.

Le capitaine Laffaille du 10e B.C.P. qui seconde le commandant Magagnosc,est grièvement blessé.

 Au cours de la journée, plusieurs rapports écrits la veille sont envoyés aux responsables des deux divisions du 21e C.A.. Le premier a été rédigé par le capitaine commandant la 3e compagnie du 149e R.I.. 

 « On aperçoit des troupes occupant les pentes nord-est du fort de Vaux ainsi que la route coudée passant au sud de l’église de Vaux et se dirigeant vers Dieppe. Ces troupes ont tranquillement fait du feu ce matin et se sont promenées en groupes. Ils sont encore debout en ce moment. La jumelle ne permet pas de distinguer, du point où je me trouve, la nationalité. Distance environ 2500 m. J’ai signalé le fait au commandant de compagnie de droite. Si ces groupes sont ennemis, il semble qu’ils peuvent être battus par les troupes occupant la pente sud-est de la croupe au nord de Vaux et ne devraient passe promener en liberté. »

 Un rapport du  lieutenant Stehlin du 149e R.I. vient compléter les observations du précédent message :

  « Les groupements aperçus sur la pente nord-est du fort de Vaux continuent. Il y a là le bivouac d’une compagnie au moins. De A à B, il y a des abris garnis de troupes. De G à H, il semble exister de nombreux abris. Une troupe nombreuse circule constamment entre les points indiqués. À 10 h 00, j’ai vu un groupe d’hommes manger la soupe. Une mitrailleuse,établie en un point quelconque de la pente sud-ouest au nord de Vaux, pourrait exécuter des tirs sur l’entrée de ces abris, sur le bivouac et sur le chemin très fréquenté de Vaux à Damloup (depuis la bifurcation de ce chemin avec la route de Dieppe, jusqu’au changement de N.E. du fort) »

Croquis

 Une petite note manuscrite du commandant Randier vient confirmer les difficultés dans lesquelles se trouve son groupement.

« Des mitrailleuses ennemies installées sur les pentes nord du fort de Vaux prennent nos tranchées à revers, tirent sur tout ce qui passe dans le vallon de l’étang. La situation devient des plus dangereuses pour le groupement.

Ces mitrailleuses se trouvent approximativement sur les pentes nord du fort de Vaux, au sud du cimetière du village ».

  Il a été également signalé la construction d’un ouvrage allemand sur la pente nord du fort de Vaux.

Il y a tout lieu de penser que c’est un observatoire pour l’artillerie. Cela laisse supposer que la position de la 13e D.I. pourrait être canonnée de dos.

Dans la matinée, il a été vu un groupe d’officiers allemands, cartes en main, en train d’examiner la vallée de Vaux ainsi que les hauteurs de Douaumont. Les officiers français n’ont pas donné l’ordre de tirer à cause des bombardements, qui obligeraient les hommes à se terrer.

 L’activité de l’ennemi est des plus intenses, tous les calibres de son artillerie sont utilisés. La vallée de Vaux est un véritable enfer, son passage est presque impossible. Les canons allemands ont également fait feu sur les premières lignes françaises et sur le terrain plus en arrière. Il faut d’urgence remédier à cette situation, sans quoi, la première ligne française pourrait être complètement prise à revers. Le ravin de la route du fort de Souville à Vaux est constamment marmité.

 En fin de matinée, l’ordre pour le mouvement des relèves est donné. La 77e D.I. doit entrer dans le secteur occupé par la 43e D.I. dans la nuit du 16 au 17 pour la remplacer.

 Les éléments du groupement Randier seront relevés de la manière suivante :

 Le groupement de Witkowski est remplacé par cinq compagnies du 109e R.I. et 6 sections de mitrailleuses. Les compagnies du 109e R.I. viennent s’installer en A1, A2, A3, A4 et C6. Les unités du 109e R.I. doivent se présenter à 20 h 00, au P.C. de la 85e Brigade où le commandant de Witckowski les aura fait précéder, une demi-heure plus tôt, d’un guide par compagnie, d’un guide par section de mitrailleuses et d’un guide pour le commandement du groupement. La compagnie du 10e B.C.P. placée en C8sera relevée un peu plus tard.     

 Le groupement Magagnosc est relevé par des compagnies du 97e R.I. et des sections de mitrailleuses. Ces éléments du 97e R.I. prennent place en B1, B2, B3, C5, B4 et C7. Les unités du 97e R.I. doivent se présenter à 23 h 00 au P.C. de la 85e Brigade où le commandant Magagnosc les aura fait précéder, une heure plus tôt, d’un guide par compagnie, d’un guide par section de mitrailleuses et d’un guide pour le commandement du groupement.

 Les commandants de Witckowski et Magagnosc doivent laisser jusqu’au lendemain dans la matinée, le personnel dûment qualifié pour orienter les unités. Un officier est désigné pour le groupe B1, B et, B3, un autre pour C5, B4 et C7, et un dernier pour A1, A2, A3, A4, C6. Un sous-officier par compagnie et par section de mitrailleuses est nommé.

 La liaison du secteur du 10e B.C.P. reste à la 85e Brigade jusqu’à ce qu’elle soit relevée.

 Le général Guilleminot reste à son P.C. actuel. Il doit régler tous les détails concernant la délimitation des secteurs entre le groupement du général de Bouillon et la 77e D.I..

 Le 159e R.I., renforcé du 60e B.C.P., doit relever les 3e et 31e B.C.P. qui tiennent le front depuis la batterie de Damloup jusqu’au chemin Vaux-Souville.

 Au moment même où les premiers éléments du 109e R.I. arrivent pour la relève, un violent bombardement se déclenche autour des positions du groupement Randier, il est 22 h 00.

  Ce bombardement dure près de deux heures et gêne considérablement le mouvement de relève des unités montantes et descendantes.

 Sources :

 J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 53e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 511/2

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 75e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 661/5.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte,qui aservi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 53e et 86e Brigades et du groupement Randier provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments des 53e et 86e Brigades et du groupement Randier risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par ces unités durant la journée du 15 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

1 décembre 2013

Barrage avec grenades incendiaires (juin 1917)

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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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