Avril-mai 1918, une période de formation dans la région de Compiègne.
La première offensive allemande de 1918 oblige le commandement français à puiser des troupes sur les fronts « passifs » du moment pour se constituer des réserves. La 43e D.I. fait partie du lot. Elle est retirée du secteur des Vosges pour rejoindre le département de l’Oise. Le 14 avril 1918, c’est le départ, le 149e R.I. se dirige sur la gare de Corcieux. Quatre trains seront nécessaires pour le transport du régiment. Celui-ci débarque le lendemain dans le secteur de Bethisy-Saint-Pierre. Durant deux nuits, le 149e R.I. stationne dans les petits villages isariens de Villeneuve-Verberie, de Roberval, d’Yviller, de Brasseuse, de Raray et à la ferme la Borde.
Les hommes du lieutenant-colonel Vivier pensent être envoyés rapidement sur le front. Contre toute attente, le régiment et les autres unités de la 43e division vont pouvoir bénéficier d’une période de tranquillité relative qui va durer six semaines. Les éléments de la division s’établissent sur la rive gauche de l’Oise.
Le 17 avril, le 158e R.I. vient s’installer à la Croix-Saint-Ouen. Les 1er et 31e B.C.P. prennent leurs cantonnements dans la ville de Compiègne. Le 149e R.I. occupe les petits villages de Royallieu et de Mercière-au-Bois, situés au nord-ouest de la forêt de Compiègne. Le lieutenant-colonel Vivier et le commandant Regelsperger, son nouvel adjoint tout juste arrivé au régiment, s’installent dans un ravissant petit château.
Les cantonnements pour la troupe sont excellents et confortables. Ils sont à proximité immédiate de la forêt de Compiègne, ce qui rend le séjour encore plus agréable. Les unités en profitent pour se recompléter en hommes et en matériels.
Durant ce séjour dans la région de Compiègne, une vague d’épidémie grippale touche la 43e D.I.. Cette grippe est très contagieuse, mais elle reste peu virulente. Elle précède la grande pandémie meurtrière qui se déclenchera à l’automne. Plus de 300 soldats du 149e R.I. sont touchés par le virus entre le 14 et le 26 mai 1918.
Cette étape à l’arrière va permettre à la division de se perfectionner et de se mettre à la hauteur des nécessités nouvelles. En effet, les techniques de combat se modernisent. L’instruction est au rendez-vous. Le général Michel organise plusieurs exercices d’ensemble, le thème est établi à partir d’hypothèses d’opérations qui se déroulent en rase campagne, hors de la zone des fronts fortifiés. Il demande à ses officiers d’insister tout particulièrement sur le travail de liaison à tous les échelons.
Les régiments et les bataillons de la 43e D.I. vont faire connaissance avec les chars légers Renault du plus récent modèle,qui auront un rôle très important dans les combats à venir. Mais pour l’instant, les chars sont à « l’expérience » et leurs unités sont tout juste en voie de constitution dans le secteur d’Orrouy et de Champlieu. Le camp de Champlieu est installé sur un ancien champ de bataille, il constitue une réplique exacte du terrain sur lequel l’artillerie d’assaut aura à se déplacer en situation de combat.
Une première série d’exercices avec les chars d’assaut est effectuée par les hommes des bataillons du 149e R.I. du 23 au 25 avril.
Le 23, c’est le 3e bataillon du 149e R.I. qui est le premier à effectuer cette tâche. Le lendemain, c’est au tour du 2e bataillon du régiment de faire connaissance avec les chars. Le 25, le 1er bataillon du 149e R.I. clôture la formation.
Quelques semaines plus tard, la division reçoit un nouvel ordre pour effectuer des manœuvres supplémentaires. Elle doit envoyer ses 2 B.C.P. ainsi qu’un bataillon par régiment à Champlieu. Ces bataillons iront à tour de rôle effectuer de nouveaux exercices avec les chars d’assaut. La durée de la formation est fixée à cinq jours pleins par groupe de deux bataillons (1 B.C.P. et 1 bataillon de régiment).
Le 2e bataillon du 149e R.I. doit assurer la défense des ponts de Compiègne. Les absences successives des 1er et 31e B.C.P., liées à leur formation entre le 15 et le 21 mai, laissent ces lieux sans défense.
Les 20 et 21 mai, le bataillon du commandant Hassler cantonne à Bethisy-Saint-Pierre. C’est lui qui vient d’être désigné pour effectuer les manœuvres avec les chars. Ce sont probablement les « Renault » du capitaine Wattel du 2e bataillon du 501e R.A.S. que les hommes du 149e R.I. vont côtoyer sur le terrain d’exercice.
Le 25 mai 1918, le 1er bataillon du 149e R.I. regagne le secteur de Royallieu et de Saint-Germain-les-Compiègne après avoir fait sa formation de 5 jours.
La forêt de Compiègne sert également de cadre à de grandes fêtes qui sont organisées chaque dimanche.
Le 26 mai, c’est un gymkhana qui est à l’ordre du jour. La plupart des officiers du 149e R.I. y assistent, ils retrouvent ainsi leurs homologues des autres unités de la division. Une joyeuse ardeur anime les visages. Parmi les hennissements des chevaux et l’éclat des fanfares, les fantassins, les cavaliers, les artilleurs rivalisent d’entrain et de prouesses. La 43e D.I. est à « l’amusement ».
Mais cette période « festive » ne peut pas durer, elle va prendre fin dès le lendemain.
Sources :
J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.
J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.
J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/29.
J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/14.
J.M.O. du 501e R.A.S.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 1244/21.
J.M.O. du service de santé de la 43e D.I... S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 345/2.
« La 43e Division pendant la campagne de 1918 » Mayence grande imprimerie moderne. 1922.
Historique du 149e Régiment Infanterie (version luxe). Épinal. Imprimerie Klein. 1919.
La carte du camp des chars de Champlieu a entièrement été réalisée par «Tanker»
La photographie du char-mitrailleuse léger Renault provient du livre du capitaine Dutil « les chars d’assaut, leur création et leur rôle pendant la guerre. 1915-1918. » Éditions Berger-Levrault. 1919. Ce livre est consultable sur Gallica .
Pour en savoir plus sur le camp de Champlieu, Il faut lire l’article réalisé par «Tanker» sur le site Forum « pages 14-18 » (Pour accéder à ce travail il suffit de cliquer une fois sur l’image de gauche).
Sources complémentaires pour tout ce qui concerne l’artillerie spéciale :
De nombreux écrits de « Tanker » se trouvent également sur le forum du site « Pages 14-18 ». Pour y accéder, il suffit de cliquer une fois sur l’image de droite.
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historique de Vincennes et pour tout ce qui concerne les chars d’assaut à « Tanker » du site « pages 14-18 ».